Colloque Formes, systèmes et milieux techniques
Université Jean Moulin - Lyon-III, Enssib et CIPh

Du lundi 24 au mercredi 26 octobre 2011

À l'Université Jean Moulin - Lyon-III (Lyon)
Coordinateur : Daniel Parrochia


La réflexion sur l'histoire et la philosophie des techniques en France est ancienne : elle prend probablement sa source dans la tradition cartésienne (la théorie des animaux-machines) et s'est développée, après l'intérêt porté à l'artisanat par les encyclopédistes du siècle des Lumières (notamment Diderot et d'Alembert), tout au long du XIXe siècle (Comte, Carnot, Taine, Le Chatelier...), en liaison évidente avec l'avènement des machines et de la grande industrie. Au XXe siècle, avec la complexité grandissante des problèmes posés par la technique, cette réflexion s'est beaucoup diversifiée, au point de faire apparaître différents courants de pensée, probablement plus complémentaires qu'antagonistes : par exemple, celui des ingénieurs et techniciens (Laffite, Couffignal, Daumas, Jacomy...), la perpective plus anthropologique (Leroi-Gourhan, Levi-Strauss, Salomon, Breton...), mais aussi la tradition issue de l'épistémologie bachelardienne (Canguilhem, Dagognet, Beaune, Séris...) ou encore des points de vue plus proches de l'éthique ou même de la métaphysique (Janicaud, Stiegler, Lévy...).

Les rapports de la science à la technique (Canguilhem), la compréhension du phénomène technique comme système (Gille), l'étude des automates (Beaune) ou des réseaux (Chazal), s'inscrivent aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, au sein d'une société qui, à la lumière des effets - positifs ou négatifs - engendrés par la technique ou, en tout cas, certains de ces usages, ne cesse de réfléchir, et parfois de mettre profondément en cause, les décisions et les choix qui ont engagé l'Occident dans la voie du développement technologique.

En une époque où, à tort ou à raison, le souci écologique devient omniprésent, alors que différentes menaces semblent, aux dires de beaucoup, peser sur l'avenir terrestre de l'humanité (raréfaction des ressources énergétiques, modification du climat, risque nucléaire...), il nous paraît intéressant de revenir sur les aspects philosophiques et scientifiques passés et actuels de la technologie, ainsi que sur les concepts et méthodes (formes, systèmes, milieux...) qui nous permettent aujourd'hui encore de décrire, théoriser et réfléchir sur cette composante fondamentale des sociétés modernes, dont la présence, désormais tellement immédiate et quasi « naturelle », fait souvent oublier à nos contemporains la lente et difficile conquête qu'elle présuppose, et les révolutions qui, sans doute, grâce à elle aussi, se préparent. Car sachant que peu de choses de notre environnement quotidien actuel existeraient sans le transistor (ni radio, ni télévision, ni micro-ordinateur, ni super-tanker, ni avion moderne à stabilité artificielle...), nous pouvons raisonnablement augurer que les avancées de la physique et de la technologie de pointe d'aujourd'hui (physique de l'information, nanotechnologies...) bouleverseront semblablement notre environnement de demain. C'est une raison supplémentaire pour ne pas différer davantage cette réflexion devenue très nécessaire sur la pensée technique.


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On 2 Jun 2011, 16:51.