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Allons-nous rentrer dans la "nouvelle économie"
?
Ce terme définit
aux Etats-Unis la croissance tirée par les nouvelles technologies et
se caractérise par une absence d'inflation, le plein-emploi et une
conquête du monde. Estimé à 4 milliards de dollars en 1994, le
chiffre d'affaires directement généré par internet aurait atteint
les 301 milliards de dollars (318 milliards d'euros) en 1998, ce qui
ramène le chiffre d'affaires de l'Internet au niveau des industries
phares de l'économie américaine, comme l'automobile (350 milliards
de dollars).
En France les NTIC auraient contribuées à 5 % du PIB, 3,5% de la
richesse nationale et 15% de la croissance économique en 1998. Si on
est encore loin des Etats-Unis(un tiers de la croissance), on ne
peut pas dire que l'on est épargné par cette (r)évolution. La France
va rentrer dans la nouvelle économie et va devoir rattraper son
retard en terme de population connectée, d'usage professionnel
d'internet et de création de contenus.
Un des éléments les plus encourageants de cette nouvelle économie
est la création de nouvelles sociétés qui se développent rapidement
et vendent au monde entier. On connaît Yahoo qui s'est développé en
moins de cinq ans, passant d'un service créé par deux étudiants à
une société plus importante que Boing en termes de capitaux.
Cependant la nouvelle-économie ne se limite pas à des entreprises du
secteur de la high-tech, c'est aussi une entreprise traditionnelle
de casse automobile qui double son chiffre à l'export grâce à son
site. C'est une entreprise d'assurance qui revoit son organisation
lors de la mise en place d'un intranet et qui donne à chaque salarié
plus d'autonomie et de responsabilité, diminuant ainsi les niveaux
hiérarchiques. C'est une entreprise familiale de porcelaines qui se
met sur internet et sauve des emplois en vendant au Japon.
Au coeur de la nouvelle économie se trouve l'humain et plus
particulièrement sa matière grise qui devient le premier facteur de
production. La révolution c'est la connexion de cette matière grise
en un réseau mondial grâce à la norme TCPIP qui permet de connecter
tous les ordinateurs de la planète. L'élément le plus important
n'est pas l'ordinateur, c'est le fait de le connecter à un autre et
par ce biais de relier les hommes entre eux.
La technologie vient alors bouleverser le processus de production
: acheter, vendre, produire, distribuer chaque fonction est
atteinte. A tout moment un nouveau concurrent peut bouleverser la
chaîne de valeur en se positionnant en tant que nouvel
intermédiaire. Le client devient le roi. On passe d'un marketing de
masse à un marketing personnalisé. La concurrence devient glocale, à
la fois globale et locale. Chaque entreprise peut s'adresser au
monde mais en s'adaptant localement à chaque marché. On peut
maintenant partager sa passion avec des passionnés du monde entier
et intégrer une communauté. Le rapprochement avec des partenaires et
clients passe par une communication active dans les news-groups.
Grâce à l'Email et aux nouvelles pratiques professionnelles du net,
les accords, partenariats et contrats peuvent se conclure à travers
le monde en une seule nuit. Le temps s'accélère au point de rendre
caduc un modèle économique en moins de six mois.
Au niveau structurel cette nouvelle-économie se caractérise par
:
- L'économie de l'immatériel. Chaque
information : données, textes, sons, images, programmes peuvent
être distribués par le réseau, réduisant le coût de production à
un coût de recherche. On entend actuellement parler de cette
mutation dans l'industrie du disque avec l'arrivée du MP3.
- Un capitalisme sans friction. Remplacement
des intermédiaires : Acheter en bourse, vendre un bien immobilier,
comparer les prix de différents frabiquants. La chaîne des
intermédiaires traditionnels est remplacée par un site qui permet
l'accès à toute l'information disponible.
- Les prix dynamiques. L'achat aux enchères se
développe sur le net dans tous les domaines : billets d'avion,
chambres d'hôtels, matériel, laissant au consommateur le soin de
fixer le prix du marché.
- Une réduction des stocks. Internet permet de
relier les intermédiaires à leurs distributeurs, la production est
lancée en temps réel à la demande du client supprimant les stocks.
- Personnalisation. Pouvoir créer sa page
d'accueil pour y voir sa sélection d'informations. Commander son
ordinateur personnalisé en sélectionnant les options de son choix
dans un menu. Se voir proposer une sélection d'ouvrages
sélectionnés en fonction de ses lectures précédentes.
- L'économie de l'attention. Le consommateur
devenant roi, ce qui compte c'est attirer son attention sur son
produit. Créer de l'audience devient le leitmotiv pour gagner de
l'argent en portant son attention sur les produits de ses
annonceurs ou sur ses propres produits.
La nouvelle économie peut être une rupture et une menace, mais
elle peut être aussi une continuité et une opportunité. Cela dépend
principalement de l'Etat dont le rôle est d'accompagner le
changement. Le développement du capital-risque et des stocks-options
devraient permettre d'endiguer la fuite des talents tout en
favorisant le dynamisme économique et l'innovation. Remettre
l'individu et son savoir au centre des préoccupations de l'Education
Nationale. Ne plus créer de futurs salariés mais des agents
autonomes dont le fond de commerce est leur matière grise permettra
de rendre à l'individu sa liberté tout en lui donnant les armes pour
s'adapter aux nouveaux paradigmes économiques.
Pour résumer ces principaux changements, voici un tableau
synthétique :
|
Ancienne économie |
Nouvelle économie |
Caractéristiques économiques
: |
Marchés |
Stables |
Dynamiques |
Compétition |
National |
Global et local |
Organisation |
Hiérarchisé, bureaucratique |
En réseau |
Industrie : |
Organisation de la production |
Production de masse |
Production flexible |
Facteurs de production |
Capital/Travail |
Innovation/Connaissance |
Facteurs de compétitivité |
Mécanisation |
Numérisation |
Sources d'avantages comparatifs |
Baisses des coûts et économies d'échelle |
Innovation, Qualité, Coût, |
Relations entre entreprises |
Solitaire |
Alliances et collaboration |
Masse salariale : |
Buts politiques |
Plein-emploi |
Adaptativité et plus hauts revenus |
Compétences |
Compétences spécifiques |
Compétences variées et
transdisciplinaires |
Education requise |
Une compétence ou un diplôme |
Un apprentissage à vie |
Management du personnel |
Adversité |
Collaboration |
Nature de l'emploi |
Stable |
Risque et opportunité |
Gouvernement : |
Relations aux affaires |
Régulariser |
Encourager la croissance |
Régulation |
Commande et contrôle |
Outils de mesure du marché,
flexibilité |
L'Europe devrait bientôt rattraper son retard en nombre
d'internautes grâce notamment à l'impulsion de l'internet gratuit.
Cela devrait permettre à nombre de PME d'entrevoir de nouveaux
débouchés vers le commerce électronique. Outre le marché local dont
elles seront les principaux acteurs grâce à leur petite taille et à
leur réactivité, Internet les débarrassera des barrières
géographiques les exposant ainsi à la concurrence mondiale. Elles
devront aller à la recherche de leurs clients sur internet et
adopter de nouveaux usages. Elles devront repenser leur organisation
interne, dégager de nouveaux avantages compétitifs grâce à internet,
revoir leur positionnement dans la nouvelle chaîne de valeur et se
créer une image auprès des internautes. De nouvelles entreprises
émergeront poussées par le capital-risque et viendront rivaliser
avec les acteurs traditionnels, captant des parts de marchés aux
acteurs traditionnels qui ne se seront pas adaptés à la nouvelle
donne. D'un côté le net va créer des opportunités pour de nouvelles
compagnies, de l'autre elle va permettre à des entreprises bien
implantées (en terme de marque, de capacité de distribution,...) de
créer un effet de levier pour accroître leur puissance.
Au niveau stratégique les changements concerneront
:
A l'intérieur d'une entreprise
Repenser son positionnement dans la nouvelle chaîne de
valeur.
Revoir son organisation autour du flux
d'information.
Entre une entreprise et une autre
Sélectionner les flux d'informations qui seront
partagés
Entre l'entreprise et le consommateur
Redéfinition de sa cible.
Au niveau organisationnel les changements concerneront
:
A l'intérieur d'une entreprise
Utilisation de l'Internet pour communiquer
Partage de la connaissance et de l'information
Travail en équipes multi-disciplinaires
Mettre des données d'une base à disposition (État des
commandes, État du stock, base de connaissance, rapports
d'étonnement)
Prendre des décisions en fonction de l'attente des
consommateurs, et consultation d'un tableau de
bord
Entre une entreprise et une autre
Automatiser les relations client fournisseur dans le cycle de
production
Suivi des commandes et des livraisons
Collaboration, partenariat
Entre l'entreprise et le consommateur
Catalogue et commandes en direct
Suivi des commandes et des livraisons
Marketing - création d'images et d'une audience,
personnalisation de la relation
Assistance pour des recherches de produits, prix et
services
Groupement de clients par centres d'intérêt
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