Bien sûr, à grand renfort d’anecdotes, on pourra prouver que cette situation
n’est pas générale. Il y aura toujours un normalien des sciences humaines,
enseignant ou pas à l’ENS, dont la compétence informatique, la réflexion
sur les usages nouveaux de l’écrit sont exceptionnelles. Et on connaît la
propension du monde universitaire à refuser les analyses globales, à jouer sur la
singularité de ses chercheurs pour rejeter d’avance toute tentative de ce type. Il
n’empêche que se produisent à l’ENS comme ailleurs des effets d’institution,
indépendants des spécificités individuelles de ses membres, voire en pleine
contradiction avec ces dernières. Le fonctionnement de la bibliothèque littéraire de
l’ENS, qui repose sur une conviction tout à fait légitime —le fait qu’elle
constitue un outil de travail extraordinaire pour les chercheurs—, tend
paradoxalement à nier l’importance des méthodes de travail et de leur
évolution.