Lucien Febvre est sûrement le premier à proposer en 1942 ce concept
d’outillage mental, encore qu’il soit très orienté vers le vocabulaire dont
disposaient les philosophes du XVIe siècle. Prenant l’écriture pour acquise, il se
demande quelles absences limitent ou contraignent la production intellectuelle de
l’époque: « quelle efficacité pouvait avoir la pensée d’hommes, de Français
qui, pour spéculer, ne disposaient encore dans leur langue d’aucun de
ces mots usuels qui reviennent d’eux-mêmes sous nos plumes dès lors
que nous commençons à philosopher —et dont l’absence n’implique pas
seulement de gêne, mais vraiment déficience ou lacune de pensée » ([Feb68], p.
328.)