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Atelier Internet
Programme 1998-1999
Réseaux, savoirs et territoires

L'atelier Internet de l'École normale supérieure rassemble des chercheurs de plusieurs disciplines qui évaluent les incidences de l'informatique, outil contemporain des mondes savants, sur les pratiques de ces derniers, en abordant notamment les questions des processus d'écriture, de la recherche d'information, des réseaux d'échange et de la transmission des savoirs.

Dans cette perspective, le réseau Internet est au centre de notre étude, en tant qu'il génère une sociabilité électronique et réorganise la sociabilité traditionnelle (par la transmission de la culture technique nécessaire à la pratique informatique), et qu'il devient en outre l'un des supports de la connaissance (pages Web, bases de données etc.). A ce titre, une telle étude du réseau nous ramène à celle des pratiques propres à la recherche dans une bibliothèque: extraction d'information, lecture, recoupement, commentaire... Mais le réseau génère aussi une autre fonction de la bibliothèque, le «laboratoire», c'est-à-dire un lieu de découvertes, de rencontres, d'échanges d'information.

Si les récentes évolutions techniques (et plus particulièrement Internet) transforment la relation à l'écrit et la présentation des savoirs (écriture hypertextuelle, indexeurs, insertion d'images et de sons), de telles dynamiques sont en cours depuis longtemps; par exemple, les standards de stockage et de formats d'écriture posent de graves problèmes de pérennité de l'information depuis plus de quinze ans. Plus simplement, l'apparition de possibilités de tri, de calcul, de représentations graphiques, qui ont complètement transformé le laboratoire du chercheur en sciences humaines, ne doivent rien, au départ, à l'invention du réseau. Ainsi, nous supposons que c'est l'informatique -et non seulement Internet- qui transforme les conditions de travail du chercheur.

Pour mieux évaluer ces rapports contemporains au savoir et à l'écriture, nous adoptons une démarche comparatiste, notamment en poursuivant nos collaborations avec des collègues historiens, anthropologues, philosophes (histoire des réseaux, conditions matérielles de la transmission du savoir, histoire de l'écriture...).

Nous poursuivrons aussi, à partir d'enquêtes quantitatives et qualitatives, nos mesures des usages d'Internet par les chercheurs, en cernant les raisons de leur variété; nous étudierons l'éventuelle transformation des pratiques (collaborations, dynamiques de recherche etc.) induite par les réseaux. Par souci de précision, nous complèterons ce travail en construisant des graphes d'inter-relations et des cartes qui permettent de visualiser la dynamique des échanges électroniques entre diverses institutions de recherche. Ce sera là l'occasion de mettre en évidence un nouveau territoire, avec ses pôles, ses frontières, ses autoroutes et ses chemins vicinaux, et de confronter les représentations collectives qu'il induit à celles produites avant l'expansion des réseaux (et toujours vivaces dans certains domaines de la recherche). Ce travail sera réalisé en compagnie des géographes et des sociologues.

Nous étudierons en outre quelques exemples concrets «d'intrusion» des réseaux dans la vie des chercheurs. Car le temps n'est plus où l'on pouvait encore éviter l'usage d'Internet; l'exemple des systèmes d'interrogation de la BNF en est la preuve. Nous évaluerons ainsi l'incidence de ces outils sur le fonctionnement intellectuel des chercheurs, les avantages et inconvénients de l'interface, les conditions de construction de cette interface (concertations etc.). Nous serons dès lors amenés à étendre cette étude aux logiciels courants, dont il apparaît qu'ils n'offrent pas toujours les économies de temps et la liberté intellectuelle escomptées. Par ailleurs, dans un cadre plus technique, les participants à l'atelier se verront expliquer les protocoles qui assurent le fonctionnement des réseaux, afin qu'ils puissent maîtriser les objets techniques sur lesquels ils s'interrogent.

Pour prolonger notre perspective comparatiste, nous réaliserons des enquêtes adressées à la communauté des «internautes» en général, qui permettront une mesure des proximités et distances entre cette population et le monde de la recherche.

Enfin, nous comptons évaluer l'influence des discours relatifs à Internet produits par un autre média, la presse, sur les représentations intelectuelles et territoriales des chercheurs, utilisateurs ou non du réseau. Nous nous limiterons aux journaux les plus lus de la communauté scientifiques (Le Monde etc.), en commençant par les articles des rubriques informatiques, puis en élargissant l'étude aux autres rubriques. En effet, Internet interfère avec un nombre croissant de sujets, comme on le voit avec les grands procès, les enjeux citoyens, les projets de législations etc. A ce titre, nous resterons, comme par le passé, à l'écoute de l'actualité.


Ce programme est soutenu par le CNRS.

Organisation: des conférences générales alterneront avec des séances techniques et des comptes rendus de la recherche en cours.

Périodicité: les séances de l'atelier auront lieu les second et quatrième vendredi de chaque mois, de 10 heures à midi, à partir du 13 novembre. Cf. le planning.

Éric Guichard, 20 octobre 1998


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