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Atelier Internet: premier bilan (juillet 1997)

1. Historique
2. Démarche et premiers résultats
3. Intervenants extérieurs
4. Une approche renouvelée
5. Année universitaire 1997-1998

1. Historique

Cet atelier résulte de l'heureuse conjonction entre la situation spécifique de l'École normale supérieure (interdisciplinarité) et une demande du Ministère de la Recherche, qui voulait prévoir l'influence des réseaux sur les pratiques des chercheurs; nous avons choisi l'ENS comme «terrain».

Cela fait deux années universitaires que l'atelier fonctionne, au rythme d'une réunion tous les 15 jours. A raison d'environ 20 participants par an, il aura réuni une trentaine de personnes depuis novembre 1995 (élèves et chercheurs de l'ENS, mais aussi de l'ENST, de l'ENSMP, de l'INRA, du CNRS... et responsables du secteur privé).

Outre le travail de recherche, l'atelier a permis une véritable transmission des connaissances techniques et théoriques sur les réseaux et a stimulé les échanges entre «scientifiques» et «littéraires» de l'École (ces deux faits grâce à la présence d'informaticiens).

2. Démarche et premiers résultats

Nous nous sommes tout d'abord attachés à démêler l'écheveau des questions mal posées au sujet d'Internet et des utopies bruyantes (autour des réseaux, de la démocratie, de la validation des savoirs...) et avons abordé la question de l'organisation des savoirs (documentation, publications...). Nous avons longuement interrogé les informaticiens, véritables (ou seuls?) pionniers des pratiques Internet (publications, stockage des données, pratiques de communication etc.).

Nous nous sommes aussi penchés sur les résistances politiques, industrielles et individuelles face à Internet et sur les sollicitations du national effectués en France pour légitimer ces résistances (Minitel rose gaulois versus Internet américain et pédophile), qui parfois se sont transformées en censure gouvernementale (groupes alt*).

Au niveau pratique, nous avons créé ce site Web qui archive les comptes rendus des séances de l'atelier, mais qui présente aussi le Département de sciences sociales de l'ENS et le DEA ENS-EHESS, détaille des programme de recherche, propose des logiciels, des interrogateurs et des documentations. Avec un tel serveur, «grandeur nature», nous obtenons une meilleure perception des enjeux: validité de l'information, mise à jour, datation, compétition académique, sollicitations extérieures... Ces mois-ci, ce serveur est interrogé en moyenne toutes les 4 minutes.

Nous avons réalisé une première enquête sur les pratiques du courrier électronique (messages de 130 personnes sur deux mois) en traitant les traces (syslogs) sur le serveur (sans rompre la confidentialité des échanges). Ce travail a mis en évidence des profils typiques de la diffusion d'une innovation (1/4 de non-usagers, 1/2 d'usagers minimalistes, 1/4 d'usagers monopolisant 90% des pratiques) et a permis de différencier les utilisateurs suivant leur rapport au courrier interne ou externe, leur abonnement à des listes de discussions, le volume de leurs échanges et le spectre de leurs relations (échanges intenses avec un petit nombre de personnes / passivité / envoi de circulaires à plusieurs destinataires). Les oppositions élève / senior, masculin / féminin, littéraire pur / quantitativiste ne sont pas pertinentes; en revanche, la perception d'un hébergement électronique se manifeste clairement quand on remarque que les personnes qui n'appartiennent pas ou plus à l'institution, minoritaires, utilisent plus le courrier électronique que les chercheurs, élèves, techniciens de l'ENS.

Les conclusions de cette enquête avaient toutes les raisons d'être fragiles, au vu du petit échantillon et de l'étiquette «littéraire» des sondés. Une enquête plus massive (1200 personnes, environ 50000 courriers en 15 jours), que nous avons réalisée l'année suivante auprès de serveurs des élèves (littéraires et scientifiques), aboutit néanmoins à des résultats analogues.

Nous avons complété ce premier travail par des entretiens avec une trentaine de chercheurs et d'ingénieurs qui ont depuis plusieurs années un rôle charnière entre leur discipline et l'informatique. Ces entretiens ont mis en évidence la diversité des méthodes de recherche suivant les disciplines, mais infirment le préjugé d'une avance (ou d'un retard) d'un groupe sur un autre (par exemple, «les» physiciens devant «les» biologistes, et ces derniers devant «les» littéraires). Ce qui importe avant tout, c'est la qualité des informations disponibles sur le réseau et l'aisance du chercheur face aux ordinateurs. Cette situation est à nuancer pour le serveur des élèves, fortement «robotisé» et entretenu par quelques élèves mathématiciens ou informaticiens. On remarque dans toutes les disciplines des pratiques militantes mais individuelles.

Nous avons continué à suivre l'innovation technique (apparition d'Alta Vista, puis de projections cartographiques du savoir avec LiveTopics, apparition d'indexeurs de news...), qui témoignent d'un réel bouleversement de l'organisation des savoirs.

3. Intervenants extérieurs

Tout au long de cet atelier, nous avons invité divers chercheurs qui pouvaient nous offrir un regard historique ou sociologique sur Internet (Jean-Claude Guédon, UQAM), sur la notion de réseau (Serge Benoît, CNRS/ENS), sur la logique des utopies américaines (Éric Fassin, ENS), sur la communication d'entreprise (Léo Scheer), sur la vulgarisation scientifique (Paul Caro, CNRS/CSI), sur l'écriture (Clarisse Herrenschmidt, CNRS).

4. Une approche renouvelée

Au fil du temps, nous avons élargi le champ de nos investigations initiales (réflexion sur les pratiques) pour:

Un rapport final détaillera nos recherches et conclusions au printemps 1998.

5. Année universitaire 1997-1998

L'an prochain, nous poursuivrons l'étude concrète de l'influence d'Internet sur les savoirs et leurs organisations tout en multipliant les regards historiques sur d'autres techniques, avec l'approche développée ci-dessus. La démarche restera d'autant plus interdisciplinaire que nous ne croyons pas à l'existence de frontières entre scientifiques et littéraires, tant au niveau de l'élaboration de la pensée et des raisonnements, qu'au niveau pratique, surtout si, pour ce dernier point, l'on sait être attentif à l'ensemble des outils qui servent de médiations aux uns comme aux autres.

Date: juillet 1997


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