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RIPE "assure la coordination administrative et technique permettant le
bon fonctionnement d'un réseau pan-européen" (Cf.
http://www.ripe.net/ripe/about/index.html). En termes plus précis, RIPE et
ses délégations nationales (comme l'AFNIC en France) gèrent les noms de
domaines des pays (*.fr, *.de etc.).
Le RIPE Network Coordination Centre (RIPE NCC) est l'un des trois centres
mondiaux de distribution de noms de domaines associés à des pays, avec
l'ARIN (Amériques) et l'APNIC (Asie et Pacifique). De fait, les compétences
territoriales du RIPE NCC s'étendent à la moitié Nord de l'Afrique (au
dessus de l'Équateur), à la péninsule arabique et à l'Asie proche (l'Iran,
le Tadjikistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan, et la Russie constituent la
limite orientale de cette zone).
Les archives (quasi-)mensuelles donnent le nombre de noms de domaines enregistrés pour chaque pays, qui correspondent à autant de "sous-réseaux", et le nombre d'ordinateurs rattachés à ces réseaux (cette dernière valeur est donnée par sondage); uqam.ca et ens.fr sont deux tels sous-réseaux; barthes.ens.fr est une des nombreuses machines du domaine ens.fr.
Exemple: la France comportait en août 2000 75 188 noms de domaine pour 1 362 750 ordinateurs rattachés à ces domaines. La population de la France en 1996 était estimée à 58 333 000 habitants. Les premières archives permettant une étude comparative datent de juin 1992 et l'on peut alors suivre dans le temps les variables primaires. Mais j'ai préféré construire deux variables dérivées à partir de celles-ci, en supposant que la population des pays entre 1992 et 2000 était globalement constante.
Cependant, ces données donnent une bonne idée du développement d'Internet au fil du temps dans les pays considérés, et leur cartographie permet de visualiser des dynamiques spécifiques aux pays.
Les chiffres du PNUD (ONU/UNDP) ne peuvent pas être plus précis que ceux des agences de recensement des pays. D'après certains experts, la marge d'erreur dans certains pays africains peut attendre 30%.
En conclusion, on ne peut utiliser ces deux types de données sans précautions méthodologiques, comme c'est le cas pour tout travail statistique, à moins de réifier des catégories qui, le plus souvent, sont socialement construites.
Le seuil de 2000 machines est dépassé en Finlande en avril 1995, en Islande le mois suivant, en Norvège en février 1996, en Suède en mars 1996, au Danemark en avril 1996. La Suisse et les Pays-Bas accèdent à cette limite en mai 1997, la Grande-Bretagne exactement un an plus tard, la Belgique et Israël en décembre 1998 et la France en décembre 1999. L'Allemagne, présente dans ce groupe à partir de février 2000, est aussi le pays le plus peuplé (82 millions d'habitants), avec un territoire au développement industriel contrasté, suite à la réunification.
Mais ces statistiques témoignent aussi clairement de l'infranchissage frontière entre info-riches et info-pauvres: tout d'abord les pays subissant l'embargo américain sont exclus d'Internet: l'Irak et la Lybie, par exemple. Ensuite, des pays très pauvres comme la Mauritanie, le Soudan, la Somalie sont eux aussi inexistants. L'Égypte parvient à dépasser le seuil d'une machine pour 100 000 habitants en novembre 1995, mais rechute aussitôt, et se redresse trois mois plus tard, date à laquelle le Maroc arrive lui-aussi à ce seuil historique. Ces deux pays arrivent en août 2000 à 3,4 machines pour 100 000 habitants pour l'Égypte et à 6,4 pour le Maroc. Il est tout à fait possible que ces statistiques soient sous-estimées parce que les tables de DNS de tels pays en voie de développement ne sont pas toujours correctement remplies; il est aussi possible que des dictatures des pays du tiers-monde aient vu d'un mauvais oeil le développement d'un réseau considéré comme capable de déjouer la censure.
Mais le coût de l'infrastructure d'Internet, comme le coût de formation d'ingénieurs, souvent passés sous silence, semblent être malgré tout des facteurs essentiels de l'impossible accès à Internet pour la majorité des pays du Tiers-Monde: des pays comme le Sénégal et le Ghana, souvent cités en exemple pour leur développement économique, dépassent ce seuil d'une machine pour 100 000 habitants en décembre 1998 et en janvier 1999. Le Ghana suit lui aussi quelques aléas et arrive à deux machines pour 100 000 habitants en août 2000 quand le Sénégal partage avec le Kenya le record africain, avec 17 machines, soit 700 fois moins que le Liechtenstein.
La variable nombre de domaines pour 100 000 habitants a été introduite dans cette carte pour témoigner de cette logique économique: on remarque aisément que les lieux où cette variable est maximale ne sont pas à proprement parler des pays, mais des zones franches sous tutelle capitaliste: Gibraltar, Andorre, San Marino,le Liechtenstein, Monaco, les îles Faroe et Guernesey, l'île de Man sont de tels exemples, auxquels certains esprits humoristiques pourraient ajouter le Vatican.
L'écart entre le taux de domaines et celui des machines peut très bien s'expliquer par la multiplication de petites entreprises décidant de s'investir dans le commerce électronique et installées dans ces paradis fiscaux. La carte met en évidence l'implantation historique de cette net-économie en Europe, puisque les premières manifestations de taux conséquents n'apparaissent qu'en 1997: en janvier 1995, l'Islande et le Liechtenstein comptent respectivement 30 et 12 domaines pour 100 000 habitants, la France 2; en janvier 1997, les «pays» dotés de plus d'un nom de domaine pour 1000 habitants sont les suivants: Liechtenstein (3,19), Danemark (2,13), le Vatican (2), la Norvège (1,49), la Suède (1,38), l'Islande (1,28) et la Suisse (1,08); à titre de comparaison, la France dispose de 11 noms de domaine pour 100 000 habitants.
L'essor des paradis fiscaux apparaît clairement sur la carte en janvier 1999. En août 2000, les dix premiers pays pour ce taux de domaine sont, dans l'ordre, le Liechtenstein (10 635 domaines pour 100 000 hab), le Danemark (2840), l'Allemagne (1963), les Pays-Bas (1819), la Suisse (1716), l'Islande (1540), l'Autriche (1283), Gibraltar (1236), Guernesey (1017) et le Groënland (983). Suivent Monaco (928), les îles Faroe (902), San Marino (876), la Norvège (846) et la Grande-Bretagne (823). Pour mémo, la France arrive en 34e position (129).
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