Présence et caractéristiques des étudiants étrangers en Italie dans le cadre international de référence 1945-1998.
Résumé.

Andrea Cammelli

L'étudiant étranger. Préactes dela journée d'études du 8 février 2002

L'Italie a représenté pendant longtemps, pour un grand nombre d'étudiants qui provenaient de l'étranger, la sixième destination par ordre d'importance; et pourtant l'étude de leur présence a été à peine effleurée.

Les manifestations pour le IXe Centenaire de la fondation de l'Université de Bologne ont joué, en fait, comme un déclic qui a permis d'entreprendre des études systématiques sur cette composante étrangère.

Le nombre d'étudiants étrangers en Italie durant les premières années de l'Unité italienne (1861) est difficile à déterminer. Le système d'instruction du nouvel Etat devait être globalement mis en place. Dans ce contexte on peut généralement imaginer l'étudiant étranger comme un " étranger italique ", c'est-à-dire un étudiant qui, issu du Piémont ou du Duché de Parme, traversait les frontières de son propre Etat et choisissait Bologne, ville pontificale, ou Milan ,ville austro-hongroise, pour effectuer ses études supérieures.

L'année 1923-24 constitue la première phase d'une hausse significative de la présence étrangère dans le système universitaire italien. Cette croissance et l'accélération successive qui ont caractérisé principalement la première moitié des années 30 doivent être attribuées à la politique étrangère que le régime fasciste mit alors en place et à l'accès aux universités italiennes de jeunes Juifs qui provenaient de ces Pays de l'Europe centrale/orientale où les jeunes israélites se heurtaient à l'existence - de droit ou de fait - d'un quota préfixé pour leur admission. L'alignement du régime fasciste sur l'Allemagne d'Hitler, les lois raciales, puis l'entrée en guerre entraînent un éloignement subit des étudiants juifs qui se trouvent en Italie.

On enregistre, entre 1945 et 1980, "l'âge d'or" des étudiants étrangers en Italie. Mise à part la présence, durant les années de l'après-guerre, des étudiants appartenant aux armées de libération alliées, la volonté de faciliter le rapprochement à l'égard des études des jeunes adolescents, même étrangers, qui en avaient été éloignés par la guerre et ses événements, caractérise l'activité des premiers gouvernements républicains.

Au cours de la période 1960 -1980 l'afflux des étudiants universitaires étrangers en Italie atteint son pic. En 1960-61 on enregistre 3589 inscriptions ; cinq ans plus tard 6.130 et à l'aube de la nouvelle décennie (1970-71) les inscriptions atteignent le chiffre de 14.357, tandis qu'onze ans plus tard (1981-82) le nombre des étudiants étrangers en Italie arrive à 30.493, soit 2,8% de l'ensemble des étudiants (un peu plus d'un million d'inscrits au total), un record qui ne sera jamais plus égalé.

La présence de certaines nationalités s'explique par des motivations diverses. Au lendemain du coup d'état des Colonels en Grèce en 1967, on compte en Italie 16.593 étudiants helléniques, soit 58% du total des étudiants étrangers. Intéressant également le cas des étudiants provenant des Etats Unis ; il s'agit, pour la plupart, d'Italiens appartenant à la deuxième ou à la troisième génération, presque tous inscrits à la Faculté de Médecine et de Chirurgie, en raison des difficultés d'accès aux Facultés de Médecine de leur Pays, mais également en raison des capacités d'absorption du marché local.

L'essor de la population universitaire et la contiguïté avec la phase la plus violente de la contestation des étudiants conduisent les Administrations à examiner la question des étudiants étrangers sous le profil  :  "problème des étudiants étrangers". La réponse politique à ce problème passe donc par l'approbation d'une série de mesures restrictives ; il en découle que les universités italiennes ont perdu, au cours des années 80, plus d'un tiers des inscrits étrangers  :  or il s'agit d'une contre-tendance par rapport aux choix effectués par les principaux Pays européens et mondiaux.

Au cours de la dernière décennie de nombreux changements ont modifié le panorama des étudiants étrangers en Italie et les caractéristiques de la mobilité estudiantine internationale. Un nombre croissant d'étudiants provenant des territoires de l'ex-Yougoslavie et d'Albanie s'est déversé en Italie. Les étudiants qui sont à présent en Italie semblent avoir modifié profondément leurs préférences  :  ils choisissent principalement les facultés scientifiques, mais aussi tous les autres cours universitaires, y compris ceux qui relèvent plus spécialement des disciplines humanistes.

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