Existe-il un modèle français du camp?
Marc Bernardot
Maître de conférences en Sociologie à
l'université de Lille I
Compte-rendu de la conférence du
25/1/2002
Si la période de la collaboration a
été la plus systématique en matière
d'internement, il s'avère que, tout au long du XX
e siècle, les pouvoirs publics français ont eu recours
à cette technique pour contrôler, sélectionner et
séparer des populations présentant, à leurs yeux, des
risques pour la sûreté nationale. La liste des camps et des peuples
concernés par cette
sollicitude est longue. Certains camps sont
devenus emblématiques de cette forme aiguë d'exclusion. Mais
l'exploration des archives, des monographies et des témoignages
fait apparaître la présence de plus d'un milliers de sites de
regroupement contraint installés dans la plupart des départements
français métropolitains avant ou après la Seconde Guerre
mondiale. Durant la Troisième République, d'abord entre 1914
et 1918, puis pour contrôler l'afflux de réfugiés
entre-deux-guerres, un réseau de camps d'hébergement avait
été mis en place par lesquels transitèrent des centaines de
milliers de personnes
[1]. La Quatrième
comme la Cinquième République ont eu aussi recours à ce
type de camps (camps d'internement, de transit, d'accueil
d'urgence). Pour autant le ' camp '
n'appartient pas au passé. Plusieurs modes de gestion et de
regroupement forcés de populations étrangères, zones
d'attente et centres de rétention ou d'hébergement,
existent en France de nos jours. Nous pensons que la récurrence des
dispositifs d'internement et la continuité des choix administratifs
de gestion des espaces d'internement ont conféré un temps
une spécificité à ces camps français si l'on
les compare à d'autres formes historiques et
nationales
[2]. Le modèle du camp
français se caractérise par son utilisation dans le but
d'isoler simultanément ou successivement, des
réfugiés, des ' coloniaux ' et des
sous-prolétaires
[3]. Néanmoins la
réapparition de ' camps ' dans l'Union
européenne et à sa périphérie témoigne
d'une homogénéisation des techniques de mise à
l'écart faisant disparaître les spécificités
françaises en la matière.
Comment appréhender la notion de
camp ?
Malgré une permanence dans l’emploi de certains
lieux, la “ piste ” des camps n’est pas facile
à suivre. Les multiples dénominations des espaces de
rétention qui euphémisent plus ou moins leur fonction principale
rendent complexe leur identification. Et lorsqu’un camp est
“ liquidé ” ou détruit il ne laisse pas plus
de traces qu’un bidonville rasé malgré quelques plaques
commémoratives qui existent ici ou
là
[4]. Certes les archives sont maintenant
plus accessibles mais elles concernent surtout l'internement
administratif. La présence de travailleurs coloniaux installés
dans des casernements séparés est évoquée
partiellement dans les recherches consacrées à des populations
spécifiques ou au détour d'une étude urbaine. Dans
les registres d'archives départementales, cette
particularité ' résidentielle '
n'apparaît qu'à l'occasion de troubles
liés à l'installation de ces casernements ou de leur
fonctionnement ou encore dans les dépôts d'archives
d'usines employant et logeant ainsi des ouvriers originaires des
colonies.
Qu'est-ce qu'un
camp
[5]? Il s'agit d'un regroupement
imposé et arbitraire de civils en dehors du système
pénitentiaire pour une durée indéterminée, visant
à les enfermer, les rééduquer ou les faire travailler. Il
est pratiqué sur un site
ad hoc ou existant, le plus souvent en
dehors des villes, à des fins militaires, policières,
économiques et sociales. Les qualifications des camps sont nombreuses.
Certaines donnent à entendre explicitement la nature répressive du
regroupement (surveillé, militaire, administratif, disciplinaire,
spécial, de détention, d'internement, de regroupement,
d'assignation). D'autres en euphémisent la destination
véritable (hébergement, accueil, résidence, séjour,
urgence, hôpital) sans en changer véritablement l'usage
effectif. Lorsqu'il s'agit d'un camp de travail, les
dénominations sont aussi diverses : hameaux, chantiers, groupements,
dépôts, cantonnements.
Les lieux où ils sont installés sont très
hétérogènes. Il s'agit quelquefois de sites
militaires ou de prisons mais les espaces de rétention sont parfois plus
incongrus. Les premiers camps du XX
e siècle s'installent
dans des propriétés ecclésiastiques
réquisitionnées et des forts. On en trouve aussi plus tard dans
d'anciens sites industriels à l'abandon. De plus les sites
utilisés comme camp peuvent connaître des utilisations changeantes
en fonction des besoins. Sur plusieurs dizaines d'années il
n'est pas rare qu'un site ayant servi à la rétention
recouvre sa destination d'origine (par exemple lieu de stockage ou de
formation) avant de servir à nouveau de cadre répressif. Si
certains camps principaux se trouvent placés sur des axes
stratégiques, nombreux sont ceux qui sont installés dans
l'urgence et sans aucun moyen de communication, sur des terres
désertes : plages en plein vent, plateaux isolés, zones
inondables ou insalubres, à l'écart des hommes et des
villes. Ces espaces
logent à la même enseigne les
réfugiés, les coloniaux et les prolétaires. Les conditions
de vies y sont terribles pour tous et tout particulièrement pour les
familles.
Une routinisation du recours au
camp
D’abord solution d’exception dans un contexte
conflictuel, le camp est devenu la réponse routinière au
traitement résidentiel séparé de populations
déplacées : camps de réfugiés, de
“ politiques ”,
“ d’indésirables ”,” se sont
multipliés sur le sol français au XX
e siècle en
temps de guerre comme en temps de paix. Et si le camp est initialement un
savoir-faire militaire, son usage en matière d’accueil et
d’internement s’est développé sur un mode
essentiellement administratif.
L'origine militaire du camp
Le camp est d'abord une technique militaire. Dans cette
tradition, il est conçu comme un lieu provisoire de stationnement des
troupes qui doivent pouvoir rapidement s'y reposer tout en transportant
leur propre matériel d'hébergement et d'entretien.
Vers 1850, l'armée mène les premières
réflexions sur le déplacement de populations
' indésirables ' hors des théâtres des
opérations. C'est essentiellement en période de conflit que
les autorités militaires gèrent des lieux d'internement. Des
considérations proprement stratégiques prévalent alors pour
prendre la décision d'arrêter, d'acheminer et de
retenir arbitrairement des populations particulières. Les conflits
militaires donnent de multiples occasions de désigner tels ou tels
groupes comme des ' ennemis de l'intérieur '
(Nomades, Alsaciens-Lorrains). Pour éviter que certaines populations
puissent être en contact avec le reste des habitants, l'armée
opte aussi dès la Première guerre mondiale pour la mise en camps
spéciaux des troupes coloniales et des ouvriers
' requis ', affectés à des tâches
manuelles du complexe militaro-industriel. Les autorités militaires
préfèrent souvent laisser les civils assurer la gestion
concrète de ces espaces même s'ils leur arrivent d'y
prélever des troupes ' fraîches '.
Le développement de l'internement
administratif
Au cours du XX
e siècle l'internement
en camp relève, en matière de libertés publiques, de la
' théorie des circonstances exceptionnelles ' qui
permet aux autorités administratives de le pratiquer en dehors des
périodes de guerre. L'internement équivaut à une
domiciliation de force des individus. Elle permet de les identifier pour
leur appliquer des procédures de contrôle, de sélection et
de prises en charge diverses sans qu'ils puissent s'y opposer
légalement. Ainsi l'administration préfectorale
repère en les recensant les individus potentiellement menaçants
pour la sûreté nationale ou l'ordre public. Dans certains
cas, le recensement précède l'internement.
L'administration du camp classe les individus qui
composent tel ou tel groupe interné. Ce classement entraîne souvent
la séparation et la division des groupes en sous-groupes répartis
soit au sein du camp soit dans plusieurs camps. Les principes qui
président à cette distribution sont d'une grande
diversité. D'une manière schématique, les
internés sont qualifiés négativement soit comme
' bouches inutiles ' du fait du coût qu'ils
feraient peser sur la nation, soit comme ' suspects ' ou
' indésirables ' en raison de la menace à la
sécurité et à l'ordre public qu'ils
représenteraient.
Les pouvoirs publics considèrent le camp comme une
solution d'urgence, qui
doit permettre de faire face à une
prise en charge collective d'une population démunie. Mais il
s'avère en réalité d'un fonctionnement
problématique. L'impréparation est la règle et les
moyens matériels, humains et budgétaires manquent toujours. Et
cela d'autant plus que camp se présente comme un espace
d'application de
politique publique totale puisque prenant en
charge les individus internés de la vie à la mort. En effet le
regroupement dans le dénuement d'une population coupée de
tous moyens de subsistance, qu'il s'agisse d'individus
isolés ou de familles, génère un syndrome de
dépendance aigu. Le camp doit répondre
immédiatement
à des exigences alimentaires et d'hygiène minimales sous
peine de voir la sur-mortalité s'amplifier et entraîner des
conséquences, notamment sanitaires, dépassant le site. Mais si ces
mauvaises conditions de fonctionnement peuvent sembler fortuites, elles semblent
quelquefois constituer les termes d'un message volontairement
inhospitalier adressé aux individus hébergés et à
ceux qui seraient à l'avenir tenté de se réfugier sur
le territoire français.
Un camp pour tous
Cet espace du camp permet de saisir simultanément
différentes populations qui y sont placées simultanément ou
successivement, les réfugiés, les
“ coloniaux ”, les pauvres ou les déviants.
Plusieurs camps sont emblématiques de la continuité de ce mode de
prise en charge
comme Rivesaltes créé dans les
années 1930 et encore actuellement en fonctionnement comme centre de
rétention administratif. A ce titre, le camp peut être
considéré, à la suite de H. Arendt, comme une grille de
lecture de la manière dont un Etat-Nation traite, par la mise à
l’écart géographique et politique, des populations en
parias, en ennemis de l’intérieur, en étrangers
inassimilables et en déviants menaçants.
Le camp, Etat du réfugié
Le camp matérialise concrètement
' l'Etat des sans Etat ' car les
réfugiés représentent par leur nombre les premiers
utilisateurs des camps. Tout au long du XX
e siècle, des
réfugiés belges, alsaciens-lorrains, russes, arméniens,
sarrois, espagnols, allemands, autrichiens, hongrois, indochinois et harkis et
d'autres sont au mieux ' hébergés ',
au pire internés dans des camps. Suivant le raisonnement de H. Arendt
nous pouvons considérer que la question des réfugiés, des
' peuples sans Etat ', fait céder les principes de
respect des droits de l'homme sous la pression de considérations
stratégiques de protection de l'Etat-Nation. Une
caractéristique essentielle des camps de réfugiés est
d'accueillir des familles rendant la population internée plus
dépendante et plus dépourvue que toute autre. Les individus et les
groupes qui peuvent mobiliser des soutiens et des ressources, parviendront
à sortir rapidement du camp pour s'installer soit en France soit
dans un autre pays d'accueil à l'issue d'un nouveau
parcours complexe. Ainsi les réfugiés des pays européens
parce qu'ils sont urbains, qu'ils possèdent des savoir-faire
professionnels et peuvent compter sur des appuis extérieurs parviennent
plus rapidement à sortir du camp. Les autres, notamment les plus
démunis, s'installent dans le camp faute de mieux. Les populations
d'origine rurale, celles qui n'ont pas de ressources et qui doivent
leur déplacement aux pouvoirs publics (par exemple les Harkis ou les
Vietnamiens) ont tendance à y rester même quand elles n'y
sont plus retenues. Le camp se transforme au fil du temps en bidonville puis,
éventuellement en quartier périphérique.
Le camp, habitat du colonial en métropole
La pratique presque systématique au cours de la
première moitié du XX
e siècle de la mise
à l'écart des travailleurs coloniaux dans des
cantonnements surveillés apporte un autre éclairage sur les
usages du camp. Il permet d'opérer un lien original entre la
question des réfugiés et l'histoire coloniale. De 1890
à 1960 le camp colonial accueille indistinctement les ouvriers migrants
kabyles, les travailleurs forcés cochinchinois, les Spahis, les
prisonniers de guerre coloniaux, les militants indépendantistes, les
réfugiés d'Indochine.
Le camp apparaît alors comme
une technique habituelle
de logement des civils coloniaux et des travailleurs forcés,
amenés en métropole avant les années
1950
[6] (et même après si l'on
se réfère aux conditions de prise en charge des familles harkies).
Le camp permet d'éviter ou de ralentir
la
dissémination de populations perçues comme non-assimilables
à la nation. Elles sont contrôlées et recensées,
leurs déplacements et leurs contacts avec l'extérieur
réduits. La logique de l'internement s'applique à eux
mais sans se présenter officiellement comme telle. Le plus souvent les
hommes valides sont employés à des travaux divers et sont pris en
main par l'encadrement de l'entreprise Schneider, de la
Société nationale des poudres et explosifs ou de l'Office
national des forêts. Cette dimension laborieuse ne concerne
d'ailleurs pas que les indigènes des colonies. Elle affecte plus
généralement tout
habitant du camp.
L'interné, un habitant laborieux
Le peuple des camps est le plus souvent composé de
membres d'un prolétariat international unifié dans la
circonstance. L'interné est un
travailleur[7]. Les pouvoirs publics le
considèrent comme ' en surnombre dans l'économie
nationale ' et le placement en camp est ainsi l'occasion de
faire rendre aux internés ce que la nation leur a offert. Mais, dans les
faits, le travail très peu qualifié s'apparente plus
à une
peine qu'à un emploi salarié et le camp
à une
salle de force qu'à une entreprise. C'est
que le camp est aussi le lieu de mise à l'écart du
Lumpen, groupe perçu comme déviant qu'il soit
constitué de ' Romanichels ', de Harkis, de
clochards ou de prostituées. La formule combine alors les qualités
du
dépôt de mendicité et de l'
hospice.
Mais cette contribution laborieuse inutile n'est pas la
règle. La main d''uvre du camp suscite quelquefois un
intérêt véritable. Les hommes valides sont recrutés
par les entreprises ou les administrations locales pour des tâches
très peu qualifiées de bûcherons, de cantonniers,
d'ouvriers agricoles, des travaux de pyrotechnie, de stockage de
matériel et de maçonnerie, d'extraction, les percements de
canaux et le creusement de tunnels ou la construction de ligne de chemin de fer.
Lorsque des compétences artisanales sont plus rares du fait du temps de
guerre, les autorités municipales, voisines du camp, réclament
l'affectation des internés dans leur commune. Enfin, dans de
nombreux cas, les premiers internés arrivés sur leur lieu de
détention sont amenés à construire eux-même leur
hébergement. Car bien souvent en effet, l'espace
désigné comme un camp n'est pas fait pour accueillir
d'autres hommes que
laborieux. Il s'agit d'anciennes
exploitations désaffectées d'avant la révolution
industrielle, gravière, four à chaux, site de charbonnage, forge,
briqueterie, mines diverses, poudrerie etc. Ces premières villes
prolétaires sont devenues
fantômes. Leurs bâtiments
sont en ruine, les puits et les carrières inondées, les routes
défoncées, le climat rendu insalubre par les poussières et
les boues industrielles.
Vers un nouveau paradigme : Du
' Grand enfermement ' au ' Grand
éloignement '
Le camp a longtemps été en France la nation
d'un citoyen improbable. Il constituait la transcription spatiale de la
mise à l'écart de certaines catégories de
populations, fondée sur des concepts sécuritaires, culturels et
humanitaires à la fois. C'est notamment la culture coloniale et
migratoire qui donnait à la France sa spécificité en la
matière. Mais devenu
scandaleux, le recours au camp a
été un temps moins fréquent et humanisé (moyens
matériels et humains pour l'accueil et l'insertion des
réfugiés hongrois en 1957, création des centres
d'hébergements de réfugiés en 1975 et des centres
d'accueils de demandeurs d'asile en 1991). Pourtant des centres
sécurisés aux statuts variés sont réapparus depuis
quelques années en France et plus généralement dans
l'Europe de Schengen ou à ses frontières. Les pouvoirs
publics semblent considérer à nouveau que le camp, en
l'occurrence de rétention ou d'éloignement, offre une
solution efficace et, qui plus est, légitime dans le cadre du
durcissement de la politique d'asile et d'immigration.
Entre la mise en place des premiers camps et
l'époque actuelle certaines évolutions sont remarquables.
Dans la première moitié du XXe siècle, le modèle
français du camp s'est institutionnalisé. Depuis lors il a
peu à peu perdu ses spécificités, influencé par un
mouvement mondial de globalisation des techniques d'identification, de
sécurisation et de mise à l'écart. Ce changement
s'applique de deux manières. Quelques lieux de concentration
spécifiques et spectaculaires (Sangatte, Guantanamo, Nauru, etc.)
médiatisent l'inhospitalité occidentale à destination
notamment des pays des candidats au
voyage. Pour les autres, les plus
nombreux, ils se ' miniaturisent ' et
s'invisibilisent ou sont déplacés à la
périphérie des ' forteresses
continentales '. Ce faisant ils réduisent les contraintes et
les coûts de gestion des populations indésirables et minimisent les
risques de réaction des opinions publiques. Sur l'ensemble de la
période contemporaine il semble alors qu'on puisse parler de
l'apparition d'un nouveau modèle de contrôle social. Le
' Grand éloignement ' objective une figure moderne
de l'Etranger (migrant du Sud, réfugié économique non
désiré et déviant). Le camp prend la place de
l'Hôpital général dans un nouveau paradigme
ban-optique
[8].
Notes
[1] Parmi les principales références
nous pouvons citer les travaux de : FARCY Jean-Claude, Les Camps de
concentration français de la Première guerre mondiale, Paris,
Anthropos-Economica, 1995 ; COHEN Monique-Lise et MALO Eric, Les Camps
du Sud-ouest de la France. Exclusion, internement, déportation, 1939-1944,
Toulouse, Privat, 1994 ; GRANDJONC Jacques et GRUNDTNER Théresa,
Zones d'ombres : exil et internement d'Allemands et d'Autrichiens dans
le Sud-est de la France, Aix en Provence, Alinéa-Erca, 1990 ;
GRYNBERG Anne, Les Camps de la honte, les internés juifs des camps
français 1939-1944, Paris, la Découverte, 1999 ; PESCHANSKI
Denis, La France des camps, l'internement, 1938-1946, Paris, Gallimard,
2002
[2] Il existe des cultures nationales et
bureaucratiques propres (politiques sociales, de logement, de maintien de
l'ordre spécifiques) modelant et adaptant la forme du camp, abstraite
et pratique à la fois, en fonction d'interactions de circonstances
variées, de populations et d'acteurs créant des configurations
internementales différentes d'un pays à l'autre. Par exemple,
la République fédérale allemande est un cas particulier
car le nouveau régime hérite après la guerre d'un grand
nombre de camps de toutes sortes. Les réfugiés et les personnes
déplacées s'installent durablement dans les structures existantes.
Dans les pays anglo-saxons, plusieurs expériences d'internement sont
connues mais elles se sont limitées à des cas exceptionnels
(Ukrainiens au Canada entre 1914 et 1920, Japonais aux Etats-Unis, entre
1941 et 1945, Juifs en Grande-Bretagne en 1940 et en 1947). On pourrait
ainsi multiplier les exemples similaires (Australie, Espagne, Italie, etc.).
[3] Nous revoyons ici à notre article
BERNARDOT Marc, ' Au pays des mille et un camps : Approche socio-historique
des espaces d'internement en France au XXe siècle '
les Cahiers du Cériem, n° 10, décembre 2002, pp.
57-76
[4] Voir à ce sujet, CHAVANON Olivier,
' Où sont passés nos villages nègres ? ',
in Revue européenne des migrations internationales, 1997,
pp. 191 à 200
[5] On différencie habituellement
les camps d'internement des camps de concentration. Cf. WIEVORKA
Annette, ' L'expression camp de concentration au XXe siècle ',
Vingtième siècle. Revue d'histoire, 54, 1997.
[6] Voir par exemple FREY Jean-Pierre, La
Ville industrielle et ses urbanités, la distinction ouvriers/employés.
Le Creusot 1870-1930, Liège, Bruxelles, Mardaga, 1993.
[7] Les internés des camps d'Algériens
ne sont plus astreints au travail à la fin des années 1950.
[8] Selon le néologisme proposé
par D. Bigo. Cf. BIGO Didier, ' Globalisation of (in) security? '
in Traces, Londres, Taïwan, n°3, 2003.