Les ouvriers
textiles portugais de Roubaix, un contexte local et un groupe social d’origine
politisés
Miguel Da
Motta
Compte-rendu de la conférence du 4
février 2005
Plus de
30% des Portugais immigrés dans l'arrondissement de Lille vinrent des
deux plus grands pôles textiles portugais, Guimarães-val de l'Ave
et Covilhã. Ils avaient été ouvriers textiles et le restèrent
pour la plupart. D’autres le devinrent. Les traits-communs industriels
et sociologiques des milieux d’origine et d’arrivée étaient
propices à certaines formes de continuité et de réinvestissement.
Ces ouvriers souvent politisés étaient loin de correspondre
aux stéréotypes courants sur les immigrés portugais alors
qu'ils ont eux aussi contribué à les répandre. Certains
ont été des militants de grande envergure, beaucoup ont assisté
ou pris part à des luttes ouvrières avant leur départ
ou une fois dans l'agglomération lilloise. L’étude détaillée
de l’histoire ouvrière à Covilhã et Guimarães
sous la dictature met en évidence l’émergence d’un
prolétariat urbain de plus en plus frondeur et de meneurs communistes
ou sympathisants très organisés. C'est une histoire dont les
immigrants politisés étaient porteurs mais dont ils ont peu
transmis la mémoire. Pourtant, elle permet de porter un regard différent
sur la conscience ouvrière et les dynamiques communautaires portugaises
dont il s'avère qu'elles furent importées dans des proportions
parfois insoupçonnées. Au centre du groupe, une élite
militante a mis en place avec le soutien de la CGT et du PCF un réseau
et des modalités de luttes politiques et syndicales ancrées
aux lieux d’origine et d’accueil, à l’image de la
construction de leur propre identité. .