Cet article propose de questionner la référence nationale, voire "nationaliste", du monde psychiatrique de l’entre-deux-guerres à travers le traitement des aliénés étrangers. A partir d’une étude d’archives hospitalières relevant du département de la Seine et d’une revue de la littérature scientifique, l’auteur met en lumière quelques variantes d’une épistémologique prédominante teintée d’eugénisme. Les aliénistes furent réticents à envisager toute forme de dualisme entre le corps et l’esprit, ce qui ferme la voie à une meilleure prise en compte du vécu émotionnel et social des patients immigrants. Toutefois, l’étude des principes administratifs fondant la pratique du rapatriement des aliénés étrangers, ne permet pas de conclure à une politique ouvertement discriminatoire qui ira à l’encontre d’un humanisme toujours présent, mais de manière ambiguë dans le discours et dans la pratique médicale à l’égard de l’étranger.