Le suivi bio-dé démographique des migrants italiens en Lorraine (1880-1960)  : 
l'apport des SIG dans l'analyse des espaces de migration.

Par Piero D. GALLORO, Ingénieur de recherche, université de Metz

L'étude des mouvements migratoires constitue un axe privilégié de la recherche contemporaine en sciences sociales. En histoire, les travaux consacrés à la main-d'oeuvre immigrée se multiplient dans une perspective à la fois interdisciplinaire et transfrontalière à l'instar de ceux qui ont été effectués dans d'autres pays de forte immigration. Parmi les sujets qui suscitent l'intérêt des chercheurs celui du comportement des migrants semble être le plus embarrassant. C'est en terme de projets migratoires et de ma"trise des parcours que d'aucuns ont choisi d'aborder cette question complexe [1] . Les travaux des démographes tels que Michel Poulain et Daniel Courgeau ont permis une clarification des phénomènes migratoires par l'utilisation d'outils quantitatifs précis. Les analyses proposées peuvent, en partie, être utilisées avec profit par les historiens des migrations dans la mesure où, si l'étude comportementale des populations nomades est tributaire du contexte et de l'espace d'étude, elle dépend également de l'adaptation des outils mis à la disposition des équipes de recherche. En fonction des sources dont on dispose plusieurs types d'approche ont été proposés qui tiennent compte du niveau d'agrégation des données. Jusqu'à peu, les modèles macroscopiques permettaient des interprétations dans des zones géographiques larges ou pour des catégories étendues d'individus. Lorsqu'il s'agit de travailler sur les populations issues de l'immigration ces modèles généralistes ont montré leurs limites et les approches les plus récentes s'orientent vers l'utilisation de données observées au niveau individuel qui seraient plus à même d'apporter des éléments de réponses aux comportements enregistrés. Le travail présenté ici se propose d'étudier le comportement bio-démographique des migrants Italiens en Lorraine de la fin du XIX e siècle au deuxième tiers du XX e siècle, à travers l'utilisation de systèmes dinformations géographiques (SIG). Notre ambition est de montrer d'abord comment ces nouvelles techniques sont promptes à s'adapter aux particularités des données utilisées en histoire des migrations. Ensuite, comment l'élaboration d'un SIG fait partie intégrante du processus prospectif de l'historien. Enfin les résultats partiels proposés ici donnent un bref aperçu des perspectives laissées à l'analyste.

II. Données utilisées

Notre recherche porte à la fois sur la Lorraine dite industrielle - entendue comme l'aire géographique comprenant les arrondissements de Thionville en Moselle, les arrondissements de Briey et Longwy en Meurthe-et-Moselle, l'extr'me sud du Luxembourg et la région d'Arlon en Belgique - et deux régions cisalpines du Nord (la Vénétie) et du Centre (les Abruzzes). Au départ nous ne disposions - pour la période concernée - que de sources tirées des recensements des villes industrielles de Joeuf (de 1911 à la Seconde Guerre mondiale) et Differdange (Grand-Duché de Luxembourg de 1899 à la Grande Guerre) et surtout des registres d'embauche des firmes sidérurgiques et minières établies dans ces localités jusqu'en 1973. 70 000 fiches ont été saisies sur support informatique et traitées sur la base d'une vingtaine de paramètres par fiche parmi lesquelles figuraient la localité de naissance des ouvriers, leur dernier lieu de séjour avant d'arriver dans les espaces d'accueil et le lieu ou s'était effectué leur dernier emploi. Dans un second temps, nous avons élargi les caractéristiques individuelles de 15 000 ouvriers cisalpins aux données trouvées dans les registres d'état civil locaux et italiens (mariages, naissances, décès), des registres militaires italiens et des registres des passeports en Italie [2] mais aussi aux informations fournies par les services du cadastre. Ce surcro"t d'informations devait nous permettre de poser les jalons principaux dans la biographie des ouvriers que nous cherchions à conna"tre à mesure qu'ils progressaient dans l'espace et le temps. Il s'agit de mettre en place des modèles d'analyse nouveaux qui tiennent compte de caractéristiques migratoires mesurées à trois niveaux  :  individuel, mésoscopique (la famille,le ménage, etc.) et macroscopique (un quartier, une ville, une région, etc.). L'objectif est de dégager les comportements développés par les migrants venus en Lorraine depuis la fin du XIX e siècle dans leurs relations entre espace de départ et société d'accueil. 

A ce niveau la principale difficulté reste d'établir des plate-formes comparatives entre plusieurs espaces à des époques précises. L'utilisation des maillages administratifs actuels, produit d'une évolution historique - par l'anachronisme qu'elle induit - empêche d'établir des évaluations en ce qui concerne la résidence ou l'espace de vie entre deux pays n'ayant pas le même système de découpage territorial. Cette notion d'espace de vie couvre un ensemble de lieux par lequel chaque individu transite ou remplit des activités de base quantifiables comme l'ont montré les recherches depuis deux décennies [3] . L'élaboration d'un système d'information géographique permet de gommer un certain nombre d'obstacles.
Les SIG sont avant tout des Systèmes d'Informations construit selon un modèle de données structurées de façon à pouvoir en extraire commodément des informations utiles à l'interprétation des phénomènes étudiés. Les SIG ont la particularité d'être des systèmes d'informations à références spatiales, c'est-à-dire que les informations sont attribuées à des objets géographiquement localisés. Chacun d'entre eux se voit attribuer l'ensemble des caractéristiques d'un module de données variables et complémentaires. Pour élaborer un SIG il est nécessaire d'avoir une base de données et un ou plusieurs logiciels pour la gestion et le traitement de cette base de données et la cartographie des résultats. La base de données est formée de deux parties. D'un côté la base de données spatiale qui précise la localisation de l'information soit sous forme vectorielle (ponctuelle, linéaire ou surfacique) soit sous forme d'images raster (images satellitaires, cartes topographiques). D'autre part on dispose d'une base de données alphanumérique qui précise la nature et la description de l'information par l'intermédiaire d'attributs textuels ou numériques (noms, codes, statistiques, adresse).

Le logiciel est décomposé en sous-ensembles appelés "couches" - sortes de calques transparents qui peuvent venir se superposer les uns sur les autres. Chaque couche correspond le plus souvent à un thème d'information bien précis et assure l'inter-activité entre les données géométriques et leurs données descriptives (voir schéma 4). Cette structure en "mille-feuilles" est la base du système à partir de laquelle nous pouvons traiter, analyser et cartographier l'information recherchée et en générer de nouvelles grâce à la combinaison des différents thèmes et bien sûr archiver et mettre à jour la base de données.

On comprend donc qu'élaborer un SIG suppose l'utilisation de plusieurs logiciels complémentaires. Toutes les données alphanumériques - sous quelque format qu'elles soient au départ, doivent être informatisées avec un logiciel de saisie (par exemple un simple tableur) dans une base de données. Celle-ci est ensuite importée dans un logiciel de gestion de base de données (SGBDR) qui permet une meilleure gestion et traitement des données. Dans notre cas, les traitements statistiques ont été effectués avec les logiciels Sphinx TM et SPSS TM . Les fonds cartographiques sous format papier ont été numérisés avec le logiciel Autocad TM dont le format de fichier peut être lu par la plupart des logiciels de cartographie. Enfin, nous avons utilisé le logiciel Maplnfo TM pour géo-localiser l'information afin de cartographier les résultats des différents traitements et analyse de notre base de données.

L'essentiel de l'effort de construction d'un SIG doit être concentrer sur la base de données qui se traduit par un modèle conceptuel qui optimise la cohérence interne du SIG  :  comment répartir les différentes entités au niveau des couches, par quels éléments graphiques elles seront représentées, comment exprimer les relation entre les différentes entités, comment assurer la mise à jour de la base de données, etc. Cette modélisation constitue la première étape afin d'assurer le bon fonctionnement et la pérennité de n'importe quel SIG.
Dans notre étude les individus ont été géo-localisés en différents niveaux

Notre optique était d'alimenter notre banque de données en couplant des paramètres nominatifs pour identifier chaque personne afin de retrouver sa trace dans les différentes sources utilisées avec des paramètres géographiques pour procéder à son suivi en Italie et dans l'espace lorrain. L'instabilité reconnue de la main-d'oeuvre italienne et ses incessants mouvements de va-et-vient entre différents pôles avec des retours fréquents sur les mêmes lieux ont été démontrés [4] . Les études sur l'information nominative ont déjà fait l'objet d'un certain nombre de communications qui ont montré l'avantage et les difficultés de traiter les noms en tant que facteurs d'identification [5] . Il était primordial de pouvoir relier plusieurs tables de travail représentant différentes sources (lorraines et italiennes) à partir de clés élaborées sur plusieurs champs. Au-delà des difficultés rencontrées par les variations de retranscription des patronymes [6] nous nous sommes surtout heurtés à la francisation ou à la germanisation des prénoms pour les individus d'origine italienne. Ainsi "Guiseppe" devenant "Joseph" ou en Moselle annexée "Josef" voire même "Zepp". La difficulté a été tournée par la création d'une table d'équivalence des prénoms et un programme informatique s'est attaché à vérifier les dates de présence de chaque individu dans un espace donné pour éviter les erreurs d'ubiquité.

Dès lors que chaque individu était repérable en fonction de ses origines géographiques et chronologiques son cheminement dans l'espace et le temps pouvait être visualisé. A ce stade, il convient de s'affranchir dans toute recherche sur les flux de main-d'oeuvre d'une certaine vision des espaces de migration ; que ce soit celle des contemporains de chaque époque étudiée ou des chercheurs eux-mêmes. Trop souvent, la représentation tient à une perception de l'espace basée sur le mode de la dualité [7] . A terme dans cette dichotomie, l'ancrage du foyer s'oppose à l'errance de la mobilité. Le territoire est senti comme circulaire avec un centre fort et une périphérie floue [8] . De là une interprétation fixiste du lieu et la métamorphose de l'individu en un "homme-lieu"  :    dans cette perspective l'homme ne peut se développer qu'en symbiose avec le territoire et avec la société dont il est issu, et auxquels il est assigné à résidence pour la vie sous peine de déchoir  [9].

La grande qualité des nouvelles techniques d'analyse concerne justement ces cadres territoriaux des études à condition de s'affranchir de leurs limites apparentes [10] . En effet, les logiciels informatiques de cartographie ne proposent que des éléments généraux actualisés en fonction des données cartographiques fournies par des organismes spécialisés comme l ' Istituto Geografico Militare de Florence pour le territoire italien, ou par les instituts géographiques nationaux en FRANCE, Belgique et Luxembourg. Malheureusement ces données cartographiques sont trop récentes pour être utilisées telles quelles par l'historien car elles ne tiennent pas compte de l'évolution des limites territoriales des espaces étudiés en Italie et en Lorraine. Il a donc fallu programmer les cartes sur lesquelles nous voulions travailler afin de reconstituer les territoires tels qu'ils étaient à l'époque qui concerne notre étude. En ce qui concerne l'Italie, si nous prenons la région des Abruzzes, la représentation cartographique actuelle ne correspond plus à celle qui existait avant 1927. Avant cette date, seules trois provinces existaient dans les Abruzzes (Chieti - Teramo et L'Aquila), ensuite une partie des communes de chaque province a été détachée à la création d'une quatrième, celle de Pescara, tandis que L'Aquila cédait des localités au Latium.

Le travail d'élaboration du système d'information se doit de tenir compte de cette évolution. En particulier au moment de la digitalisation des contours géographiques qui servira de support à la visualisation spatiale. Cette étape s'est effectuée à l'aide d'une table à numériser couplée à un logiciel de digitalisation (Autocad) qui permet de saisir les circonscriptions repérées sous forme numérique. Le système d'information géographique récupère ces données et les transforme en polygones capables d'être reliées à un système de gestion de base de données (SGBDR). Dans ce dernier nous avons saisi l'ensemble des données récupérées à l'Istat , dans les firmes de Lorraine et dans les localités des Abruzzes qui nous intéressaient. Le même type de réajustement a été opéré en Vénétie.
En ce qui concerne la Lorraine, des modifications territoriales sont également intervenues. Avant 1870 les départements de la Moselle et de la Meurthe étaient voisins et distincts. Le traité de Franfort de 1871 a procédé à une redistribution spatiale entre les deux départements français  :  la Moselle devenue allemande récupérait les anciennes circonscriptions meurthoises de Château-Salins tandis que Briey et sa région passaient sous contrôle français dans la nouvelle Meurthe-et-Moselle. La Moselle en devenant allemande sous la dénomination de Reichsland Lothringen allait figurer dans les statistiques italiennes comme une contrée germanique. Cela signifie que dans les annuaires, les départs Italiens vers la Moselle sont comptabilisés avec ceux de l'Allemagne alors que ceux vers la Meurthe-et-Moselle sont reliés aux départs vers la France. Ensuite dans les deux espaces, la cartographie actuelle ne connaît pas de standardisation qui autoriserait une géo-localisation simultanée des éléments. Les cartes françaises utilisent un calage à partir du méridien de Paris (le plus souvent en Lambert I nord) tandis qu'en Italie c'est le Monte Mario à Rome qui sert de référence. Entre les deux systèmes un écart de plusieurs degrés joue en défaveur de l'utilisateur qui se voit contraint de convertir ses données dans l'un ou l'autre système après des calculs contraignants.

Enfin, à la différence du reste de la France où la publicité foncière est assurée par les conservations des hypothèques, les départements de Lorraine ont conservé, dans le cadre du droit local d'Alsace-Moselle, le système du livre foncier, sorte d'état civil de la propriété immobilière hérité de la période d'Annexion. En Italie, il dépend en partie de la commune et des services financiers de l'Etat. Leur consultation sur ces trois espaces est mal aisé et fastidieux mais il fournit des renseignements extrêmement précieux sur l'accès à la propriété.

Nous nous sommes efforcés de corriger toutes ces distorsions en nous plaçant sur le plan des localités elles-mêmes, dans la mesure où leur distribution spatiale n'a pas bougé (sauf dans le cas des villages rayés de la carte lors de la Première Guerre mondiale). Cette stratégie autorise une approche plus souple de l'évolution spatiale de la mobilité sans que n'interviennent les modifications administratives successives.

Les premiers résultats dégagés sont de plusieurs ordres. Tout d'abord, l'élaboration du SIG nous permet une vision multiscalaire. Autrement dit il nous est possible de rendre une vision à la fois globale et détaillée des espaces de migration afin d'apprécier les comportements des individus tant au niveau local que leurs contextes régionaux et internationaux. Ainsi nous pouvons suivre précisément les régions, les provinces ou les circonscriptions de moyenne taille de départ d'Italie et d'arrivée en Lorraine année par année, mois par mois (et pourquoi pas lorsque nous disposerons de suffisamment d'informations à ce sujet, de manière hebdomadaire ou journalière). L'influence de tel événement (loi, phénomène naturel ou politique..) peut être relié à l'un ou l'autre des mouvements (ou absence de mouvement) enregistré et répercuté ensuite de manière cartographique sur une ou plusieurs zones.

Au niveau très local, en ce qui concerne les aires d'accueil, il est possible d'analyser la répartition spatiale d'une sous-population comme les Italiens à la fois par rapport à leur logement et en même temps sur leur lieu de travail. Ainsi la carte ci-dessous (schéma 1), montre le produit cartographié du recensement de Joeuf en 1911 couplé aux registres d'embauche de l'usine. Chaque Italien inscrit dans les fiches du recensement habitait dans un lieu précis repéré par le nom de la rue, et le numéro du logement. Il a suffit de numériser le plan de la localité telle qu'elle était en 1911, d'attribuer ensuite à chaque logement des références de localisation et de faire correspondre sur la carte et dans la base de données ces références pour qu'ensuite le programme informatique se charge de mettre en corrélation les deux logiciels. La même opération est répétée avec les services de l'usine. Chaque unité industrielle est codée et cette indication est reportée sur la fiche de chaque individu qui y travaille. La manipulation permet de visualiser la répartition des individus dans un espace restreint. On constate alors qu'il existe une relative discrimination. Avant 1914, il existe des rues à Italiens à côté des quartiers où dominent d'autres groupes nationaux. De même dans les forges, ce sont dans les services les plus difficiles (les Hauts Fourneaux) que l'on rencontre les Cisalpins.

Schéma 1
Répartition des Italiens à Joeuf 1911 - Ville et Usine

On peut ensuite décliner ces approches sous plusieurs formes. Il est possible d'effectuer, sur un espace donné, des calculs en fonction du sexe, de l'âge, de la situation familiale, de la qualification, des revenus, etc. Cette multitude d'approche peut être répétée dans le temps, en fonction de l'évolution de la cité ou des installations sidérurgiques et permet de dégager les ruptures ou la continuité éventuelle sur le moyen et long terme.

Sur le schéma 2 on voit ce que deviendra la situation des Italiens après la seconde guerre mondiale en 1960. Avec les traditionnels hauts fourneaux, aciérie et laminoirs seront leur nouveau domaine réservé. La réalité de cette évolution est que ce sont les Italiens du Sud venus massivement après 1945 qui occupent les postes difficiles (Hauts Fourneaux) tandis que leurs homologues du nord de l'Italie se répartissent vers les Laminoirs. Ce glissement est à mettre en relation avec l'ampleur du va-et-vient. Les cisalpins septentrionaux déjà présents avant la Drôle de Guerre ont eu le temps de se familiariser avec le travail d'usine et de se former sur le tas. Beaucoup sont entrés très jeunes à l'usine de Joeuf et ont pu profiter après 1945 des formations mises en place par la direction. Un tiers des Italiens présents aux Laminoirs après 1945 ont effectué au moins deux séjours dans l'usine dans les cinq années qui précèdent leur affectation dans ce service. Les Calabrais et Siciliens affectés aux Hauts Fourneaux en 1960 en étaient à leur première entrée dans les Forges de Joeuf.

Schéma 2
Répartition des Italiens aux Forges de Joeuf, 1960

Là encore, le SIG nous autorise à manipuler les paramètres divers les uns avec les autres et à préparer des synopsis et des scenarii qui nourriront la réflexion devant déboucher sur une interprétation de tous ces résultats. Ainsi en ce qui concerne la mobilité de la main-d'oeuvre italienne et sa place dans la société d'accueil, les données cadastrales constituent un élément supplémentaire d'analyse puisqu'il permet de déterminer la part des investissements effectués par un individu en terme de patrimoine foncier ou d'habitation

Schéma 3
Italiens propriétaires à Joeuf 1922 et 1950

A Joeuf, sur les quartiers dits "Italiens" de Franchepré et du S‰ dans les années 1920, seules 3 % des propriétés appartenaient à des Italiens. Un quart de siècle plus tard, 35 % des titres sont passés aux mains de propriétaires latins. A ce niveau d'investigation, il est encore malaisé d'en tirer une interprétation plausible avant d'avoir étudié les attitudes en Italie de ces mêmes investisseurs. La question qu'il reste à exploiter est de connaître, grâce à un complément d'information tiré du cadastre italien, quel part d'investissement est consacrée à la société de départ par rapport aux achats de patrimoine en Lorraine ou à quel moment de l'existence du migrant interviennent ces placements.

Ainsi, comme on l'a vu sommairement, le SIG est un outil particulièrement performant qui répond parfaitement à ce genre d'étude. Sa souplesse et sa capacité à s'adapter selon différentes approches méthodologiques font de lui un véritable levier pour l'étude et l'interprétation des phénomènes étudiés. Il pourra permettre aux historiens, à terme, une meilleure interprétation du phénomène migratoire en l'étudiant à travers les espaces et surtout les histoires de vie des migrants.

Schéma 4
Schéma Fonctionnel du S.I.G

Bibliographie et sources

Notes

[1] Y. Charbit et alii , Le va-et-vient identitaire - Migrants portugais et villages d'origine , INED, PUF, 1997.

[2] Archivio di Stato di Treviso, Ufficio di Leva di Treviso, Liste di Leva - Classi 1902-1928 et Ruoli Matricolari Classi 1874-1926 ; Archivio Stato L'Aquila, Ufficio amministrativo provinciale di L'Aquila, Busta 145, Cat . 1, Classe 4, Fasc. 21 & Busta 145, cat. 1, Classe 4, fasci. 21

[3] D. Courgeau, Analyse quantitative des migrations humaines , Masson, Coll. Anthropologie physique, Paris-New York-Barcelone-Milan, 1980, 225 p. ; D. Courgeau, Méthodes de mesure de la mobilité spatiale - Migrations internes, mobilité temporaire, navettes , Ed. de l'INED, 1988, 301 p.

[4] Piero-D. Galloro, "Le comportement migratoire des "Cafoni" dans les bassins industriels luxembourgeois et lorrains (1880-1914), Un siècle d'immigration au Luxembourg , Actes du Colloque de Luxembourg-Kirchberg, 24 nov. 2000, à paraître

[5] David-Sven Reher , " Introduction à l'étude de l'information nominative à partir de la mise sur ordinateur des archives paroissiales espagnoles ", Annales de Démographie Historique , 1984, pp. 137-145

[6] Charles Harvey - Jon Press, Databases in Historical Research - Theory , Methods and Applications , Basingstoke, Londres, 1996, XVI, 331 p. ; L. Henry, " Projet de transcription phonétique des noms de famille ", Annales de Démographie Historique , 1976, pp. 201-214 ; L. Henry, " Variations des noms de famille et changements de prénoms. Problèmes qui en résultent pour le couplage automatique des données. Introduction", Annales de Démographie Historique , 1972, pp. 201-214 ; pp. 245-250 ; G. Bouchard - C. Pouyez, " Name Variations and Computerized Record Linkage ", Historical Methods, Spring , 1980, pp. 119-125

[7] G. Bachelard, La poétique de l'espace , PUF, 1957

[8] A. Corbin, Les Cloches de la Terre - Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIX e siècle , A. Michel, 1994

[9] F. Péron, "Sortir d'une vision nostalgique", Knafou (Rémy) dir., La planète nomade - Les mobilités géographiques aujourd'hui , Belin, 1998, 250 p., p. 199

[10] Jean-Michel Decroly - Claude Grasland , Ç Organisation spatiale et organisation territoriale des comportements démographiques  :  une approche subjective, Ed. Bocquet-Appel et alii , Analyse spatiale de données biodémographiques , INED-John Libbey Eurotext, 1996, 367 p., pp. 131-156

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