A la dernière mode parisienne: les fabricants de chapeaux de paille wallons aux Pays-Bas, 1750-1900

Annemarie Cottaar et Leo Lucassen

Avril 2003

Cet article est une traduction d'une version néerlandaise: "Naar de laatste Parijse mode. Strohoedenmakers uit het Jekerdal in Nederland 1750-1900", in: Studies over de sociaal-economische geschiedenis van Limburg/ Jaarboek van het Sociaal Historisch Centrum voor Limburg (2001) 45-82.

Sommaire

La saison de 1894
Historiographie et sources
Origines de l'industrie du chapeau de paille
Le début de la migration
Établissement dans les villes néerlandaises Du printemps à l'été Entreprises, entrepreneurs et clientèle Perspective comparative
Notes


Le saison de 1894

Au printemps 1894, R. Vivario, fabricant de chapeaux de paille à Amsterdam, fit faire une affiche pour vanter sa nouvelle collection.[2] L'affiche montre 91 modèles différents (répartis en "capotes"*[3][4] et "chapeaux ronds"*), suivant les tendances de la dernière mode parisienne. Pour les spécialistes de la migration et de l'entrepreneuriat immigrant, l'élément le plus intéressant de l'affiche n'est pas tant la diversité des chapeaux que le texte (français) qui figure en haut. Dans le coin supérieur gauche se trouvent en effet l'adresse des bureaux de Vivario sur l'imposant Damrak et celle de sa boutique dans Nieuwendijk, rue voisine dans le centre d'Amsterdam, tandis que sur la droite est mentionné le nom de son lieu de naissance, le village belge de Rocklenge, près de Liège.

Rocklenge est un village au bord du Geer, rivière qui trouve sa source dans la région de Hesbay (à l'ouest de Liège) et se jette dans la Meuse à proximité de Maastricht. À Rocklenge, comme dans un certain nombre d'autres villages, la production de chapeaux de paille s'est fortement développée à la fin du dix-huitième siècle. En un temps étonnamment court, un nombre croissant de personnes de cette contrée se sont spécialisées dans la fabrication et la vente de chapeaux de paille. Leur succès fut tel que les fabricants originaires de cette petite région rurale se mirent à ouvrir des boutiques et à monopoliser ce commerce non seulement dans les villes belges mais aussi à Paris et dans la plupart des villes hollandaises. Il ne nous a pas encore été possible de déterminer la part exacte des entrepreneurs de la vallée du Geer[5] dans la genèse de l'industrie hollandaise du chapeau de paille telle qu'elle se présentait vers 1820. Il ne fait cependant aucun doute qu'au milieu du siècle, ils possédaient des boutiques dans presque toutes les villes, grandes et moyennes, des Pays-Bas où ils n'avaient pratiquement aucun concurrent hollandais. Par ailleurs, l'activité de ces fabricants et commerçants de chapeaux de paille s'appuyait exclusivement sur des migrants saisonniers originaires de leur région natale qui quittaient leur village en février pour y revenir au début de l'été. Cette pratique annuelle qui concernait des centaines de personnes s'est poursuivie pendant près d'un siècle.

Tous les migrants en provenance de la vallée du Geer n'étaient pas des saisonniers. La plupart des producteurs s'installaient définitivement en Hollande. D'autres hommes adoptèrent des formes de résidence alternée, ce qui nous ramène au Vivario qui ouvre ce texte. Rocklenge demeura son foyer, malgré la réussite de son entreprise d'Amsterdam.

Ce texte abordera trois questions. Nous voulons d'abord décrire les parcours migratoires des fabricants de chapeau de paille vers la Hollande. Nous distinguerons ce faisant le cas des marchands-fabricants de celui des membres de leur main d'oeuvre saisonnière tout en prêtant attention aux effets du genre sur ces parcours. Nous nous intéresserons ensuite aux stratégies de ces entrepreneurs, à partir des exemple d'Amsterdam, la Haye et Rotterdam, nous demandant comment ces hommes parvinrent à pénétrer le marché hollandais des chapeaux de paille. Enfin prenant appui sur des études récentes consacrées aux entrepreneurs immigrés, nous comparerons ces fabricants de chapeaux à d'autres immigrants qui tentèrent de s'ouvrir un créneau commercial dans le contexte de la Hollande du dix-neuvième siècle.

Historiographie et sources

L'historiographie des fabricants de chapeaux de paille est étonnamment maigre.[6] Cette monographie, comme d'autres publications ultérieures du même genre, met fortement l'accent sur la vallée du Geer, explique comment la spécialisation du tressage s'est développée dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle et fournit de nombreux détails techniques sur la façon de travailler la paille et de faire les chapeaux. L'expansion des fabricants de chapeaux de paille en Europe de l'ouest est mentionnée mais en termes très généraux seulement.[7] À l'exception de l'étude de Jan Lucassen qui a utilisé l'enquête napoléonienne de 1811 sur la main d'oeuvre migrante,[8] aucune recherche n'a été entreprise sur le processus de migration de ce groupe et sur son établissement en dehors de sa propre région. Nous ne savons donc rien sur la façon dont ces Belges se sont emparés du marché et ont réussi à se créer une position dominante en très peu de temps.

Ce pauvre bilan ne s'explique pas par l'absence de sources. En effet, dans la région d'origine comme dans celle d'accueil, une multitude de données sont disponibles et ne demandent qu'à être exploitées. Pour la présente communication, nous nous sommes principalement appuyés sur les enregistrements des étrangers dans les trois plus grandes villes hollandaises (Rotterdam, La Haye et Amsterdam) ; ces enregistrements, disponibles à partir de 1850, comprennent tous les travailleurs migrants ayant fabriqué des chapeaux sur place, dans les ateliers de leurs compatriotes boutiquiers. Pour la période antérieure, nous avons systématiquement consulté les répertoires d'adresses de ces villes[9], qui (sauf pour La Haye) débutent un demi-siècle plus tôt. Pour la région d'origine, nous avons étudié les registres de passeports, conservés en grand nombre[10]. À l'inverse des enregistrements des étrangers qui répertorient les immigrants, les registres de passeports donnent un bon aperçu des personnes qui ont quitté la vallée du Geer. De plus, ces registres commencent dès la fin du XVIIIè siècle, peu après l'introduction du passeport (utilisé aussi pour les voyages intérieurs) par le régime révolutionnaire français.[11] Cette date est particulièrement importante car -comme nous le verrons- c'est à cette période qu'a commencé la migration des fabricants de chapeaux de paille. Enfin, nous avons également consulté des données et informations généalogiques provenant des archives notariales.

Origines de l'industrie du chapeau de paille

Pendant longtemps, la vallée du Geer, située entre Liège et Maastricht, a été une région agricole. Le sol calcaire produisait un type de paille particulièrement adapté au tressage : à la fois souple et blanchi. On raconte que c'est un pasteur, l'abbé Ramoux de Glons, qui introduisit le tressage en 1784 pour aider les habitants des villages du bord de la rivière à lutter contre la pauvreté. Ce fut le début d'un artisanat à domicile qui occupait en 1816 une importante partie de la population active.

La demande de chapeaux de paille augmenta considérablement au cours du dix-neuvième siècle, au point que l'économie de la vallée du Geer en vint à dépendre totalement de cette industrie. Le tableau ci-dessous, qui propose des données relative au pourcentage de la population active engagée dans cette industrie, et à la valeur de la production, permet de mesurer à la fois cette expansion et le déclin de la fin du siècle.

Tableau 1. Croissance et déclin de l'industrie du chapeau de paille dans la vallée du Geer au dix-neuvième siècle


Pourcentage de la population active

(%)

Volume des ventes

(en millions de Francs)

1800/1810

4

0,4

1830

pas de données

2

1860/1866

59

4,5

1870

pas de données

6,5

1896/1897

37

0,4

Source: Leboutte, Reconversions, 88-91; Henri Frenay, Mathieu Fréson en Jean Haust, Le tressage de la paille dans le vallée du Geer (Liège 1922) II-V.

Tout en exportant des chapeaux, vers la Scandinavie, la Russie et les États-Unis par exemple, un certain nombre de fabricants installèrent bientôt leur propre commerce dans les grandes villes d'Europe de l'ouest, faisant appel au travail des hommes de leurs villages d'origine. Le schéma classique était le suivant. De l'automne jusqu'en janvier, les hommes et les femmes de la vallée du Geer préparaient la paille et la tressaient. Au début de la nouvelle année, le tressage semi-manufacturé, composé le plus souvent de longues et fines cordes de paille, était envoyé dans les villes où les entrepreneurs avaient installé leurs ateliers. Les hommes suivaient alors et travaillaient pendant quatre à cinq mois à la fabrication de chapeaux à la dernière mode. Il s'agissait principalement d'opérations de couture (réalisées à la main jusque dans les années 1880) qui permettaient, par assemblage des tressages semi-manufacturés, de réaliser de nombreux modèles de chapeaux différents.

Le succès de l'industrie du chapeau de paille s'est poursuivi jusqu'à la fin du XIXè siècle, date à laquelle la concurrence, italienne ou chinoise, est devenue trop forte et les pays limitrophes comme les Pays-Bas ont commencé à taxer le tressage importé. C'est surtout vers la fin des années 1890 que le nombre des magasins a chuté et que l'industrie a connu un coup d'arrêt. Dans la vallée du Geer, l'industrie (regroupée après 1918 dans l'Association Belge des Fabricants de Chapeaux de Paille pour hommes) s'est poursuivie, mais à une échelle bien plus modeste. Avant 1914, la région comptait quelque 14 usines dont seulement onze subsistaient en 1950. Le nombre des ouvriers a baissé de façon bien plus spectaculaire : ils étaient 425 avant la deuxième guerre mondiale contre 107 seulement (37 hommes et 70 femmes) en 1949.[12]

Le début de la migration

Ce cadre général est composé d'informations disponibles, pour la plupart, depus la publication du livre d'Ansiaux en 1900. Depuis, peu de recherches empiriques ont été accomplies sur le sujet, si bien que nous disposons de peu d'éléments sur l'expansion du commerce du chapeau de paille, sur la nature de ce créneau et sur la migration saisonnière des ouvriers chapeliers.[13]

Les premières données susceptibles de nous apporter des informations sur ces schémas de migration sont celles issues des registres de passeports qui commencent en 1796 et sont conservés par les autorités régionales de Liège et de Maastricht, ces deux régions comprenant une partie de la vallée du Geer. Pour la partie sud-ouest, rattachée au département de l'Ourthe, les passeports étaient délivrés à Liège et un certain nombre de conclusions intéressantes peuvent être tirées du registre correspondant. Il apparaît tout d'abord que dans la partie de la vallée proche de Liège, seuls les villages de Houtain, Saint Siméon et Glons étaient d'une certaine importance dans les années 1796-1807. Aucune demande de passeport n'est enregistrée pour des ouvriers chapeliers venant d'autres villages du département, comme Heure le Romain, Haccourt, Slins et Boirs, qui ont joué un rôle important vers le milieu du dix-neuvième siècle. Quoi qu'il en soit, les chiffres sont loin d'être insignifiants et il apparaît notamment que l'ancienne République hollandaise (République batave entre 1795 et 1805) et la France figurent déjà dans les lieux de destination (tableau 2) :

Tableau 2 : Nombre de passeports délivrés à des ouvriers chapeliers originaires du département de l'Ourthe et destination d'émigration (1796-1807)


1796

1797

1798

1799

1800

1801

1802

1803

1804

1805

1806

1807

Total

Belgique

32

35

28

53

35

-

-

1

-

-

-

-

184

France

1

-

8

5

1

-

-

-

-

-

-

-

15

Pays-Bas

5

-

6

5

1

-

-

2

-

-

14

31

64

Allemagne

-

1

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

inconnue

1

-

-

-

1

-

-

-

-

-

-

4

6

Total

39

36

42

63

38

-

-

3

-

-

14

35

268

Source : Archive de l'État de Liège, FFP, Milmort, N° d'inv. 351.

Même si dans les années 1796-1800, la plupart des ouvriers chapeliers se rendaient dans d'autres lieux de Belgique (qui faisait alors partie de la France), un petit nombre d'entre eux avaient déjà choisi d'aller plus au nord ou plus au sud. Malheureusement, les indications de destination manquent de précision. Les registres ne comportent souvent que des mentions assez vagues, comme "les départements réunis" ou "nouveaux départements français" (précédemment Pays-Bas méridionaux et actuellement Belgique), "départements voisins" ou "République batave". Des lieux plus précis sont indiqués de temps en temps seulement. L'année 1798 se distingue sur ce point : parmi les destinations choisies par les migrants dans ce qui allait ensuite devenir la Belgique figurent Achel (10),[14] Anvers (9), Gand (4), Hasselt (2) et Bruxelles (1) tandis que pour la France, Paris (7), Lille (2), Bordeaux (1) et Dunkerque (1) ont la préférence. Le tableau est moins net pour les Pays-Bas. Trois passeports seulement ont été délivrés pour la ville méridionale de Venlo et un autre est enregistré pour la province de Zélande, au sud-ouest. Il apparaît donc qu'à cette époque, les grandes villes de l'ouest du pays n'étaient pas encore des lieux d'immigration.

Après 1800, les registres des passeports de Liège nous font défaut pour reprendre brusquement en 1806-1807. Pour ces années, nous n'avons pu recueillir de renseignements que sur les personnes se rendant au "royaume de Hollande" (1805-1810). Un lieu précis (Amsterdam) n'est mentionné qu'une seule fois. À l'évidence, pour une raison ou pour une autre, les passeports intérieurs n'ont pas été délivrés pour l'empire français, y compris les "nouveaux" départements belges, ou ont fait l'objet d'un enregistrement séparé.[15]

Tableau 3 : Nombre de passeports délivrés à des ouvriers chapeliers originaires du département de la Meuse inférieure et destination d'émigration (1799-1808)[16]


1799

1800

1801

1802

1803

1804

1805

1806

1807

1808

1809

1810

Total

Pays-Bas

25

23

13

3

23

19

3

35

61

36

53

62

356

Hollande[17]

6

21

12

3

23

17

3

35

14

16

9

10

169

Amsterdam

10

2

-

-

-

2

-

-

33

16

32

39

134

Rotterdam

4

-

-

-

-

-

-

-

5

-

3

6

18

Groningen

-

-

-

-

-

-

-

-

2

3

4

-

9

Utrecht

2

-

-

-

-

-

-

-

-

1

2

2

7

Nimègue

-

-

-

-

-

-

-

-

3

-

2

1

6

La Haye

-

-

-

-

-

-

-

-

1

-

1

1

3

Gouda

2

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

3

Bois-le-Duc

-

-

1

-

-

-

-

-

1

-


-

2

Delft

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

1

Dordrecht

1

-

-

-

-

-

-

-

-

-


-

1

Breda

-

-

-

-

-

-

-

-

1

-


-

1

Leeuwarden

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1

1

Leiden

-

-

-

-

-

-

-

-

1

-


-

1

Allemagne[18]

2

-

-

-

-

-

-

-

1

1

-

-

4

Total

27

23

13

3

23

19

3

35

62

37

53

62

360

Source : Archive de l'état de Maastricht, FA (03.01), 824-826, 829-832.

La situation des villages du département de la Meuse inférieure est tout à fait différente de celle du département voisin de l'Ourthe. En supposant que la même logique administrative ait été appliquée, cela signifie qu'au contraire de ce qui s'est passé à Glons et Houtain, tous les migrants fabricants de chapeaux de paille se sont rendus aux Pays-Bas et aucun dans des villes belges ou françaises. En principe, il est bien sûr possible que cette différence s'explique non par une spécialisation différente des villages de la vallée du Geer mais par un biais de la source. Cependant, si nous considérons les résultats de l'enquête française de 1811, il semble que ces deux départements aient à l'époque développé des schémas de migration différents. Selon l'enquête, la plupart des chapeliers des villages de l'Ourthe partaient pour la Belgique tandis que ceux de Rocklenge, Bassenge et Wonck (département de la Meuse inférieure) se rendaient aux Pays-Bas.[19] Les données de la Meuse inférieure sont révélatrices : elles nous permettent de voir vers quelles villes des Pays-Bas se dirigeaient les fabricants de chapeaux de paille. Les données disponibles pour les années 1799, 1807 et 1808 donnent des informations particulièrement détaillées en la matière et Amsterdam apparaît comme la principale destination ; il faut cependant noter que déjà au début du dix-neuvième siècle, les fabricants de chapeaux de paille se rendaient dans un certain nombre d'autres villes du pays (carte2).

Cette source ne permet pas de savoir si ces hommes créaient alors leur propre entreprise. Il nous fallut donc exploiter les archives des lieux de d'arrivée.

Cette analyse des registres des passeports des régions d'origine est riche d'enseignements nouveaux. Elle nous permet d'abord de constater qu'aux alentours de 1800 les chapeliers du Geer avaient déjà établi un réseau qui comprenait un nombre de villes néerlandaises bien supérieur à celui indiqué dans les ouvrages existant sur le sujet qui ne mentionnent qu'Amsterdam, Rotterdam et Gouda. De plus, elle contredit complètement la thèse selon laquelle ces migrants auraient surtout été des maîtres et des servantes.[20] Les données des régions d'origine comme des régions d'accueil font rarement état de femmes parmi les migrants.

Établissement dans les villes néerlandaises

Retrouver trace en Hollande des fabricants de chapeau de paille du début du dix-neuvième siècle n'est pas simple. Nous ne retrouvons souvent ni registres de passeports intérieurs, ni registre des étrangers, ni registre de population. Cependant des annuaires peuvent se révéler de bons points de départ et permettre d'identifier des entreprises établies au dix-neuvième siècle (annexe 2). Quoique nos données soient lacunaires, nous pouvons conclure que dès le début du dix-neuvième siècle, des fabricants de la vallée du Geer sont installés un peu partout en Hollande. Nous avons aussi utilisé des 'annonces de famille' conservées au bureau central de généalogie de la Haye [21]. Cela nous permet d'établir que l'on trouvait des fabricants de chapeaux de paille non seulement dans les grandes villes mais aussi dans des centres secondaires. Ils étaient même particulièrement nombreux dans le nord du pays, particulièrement en Frise [22]. La faiblesse des guildes, qui facilitait l'installation de nouveaux venus, peut expliquer cette installation massive et précoce en Frise [23]. L'installation de tisseurs allemands et de commerçants venus du Munster dans la même région au cours de la même période corrobore cette explication [24].

La première mention d'un fabricant de chapeaux de la vallée du Geer se trouve cependant à Utrecht, où était établi dès 1749 Arnoldus Gielson[25]. Nous trouvons aussi trace très tôt à Utrecht d'une famille d'entrepreneurs promise à la célébrité, les Mahot de Bessenge, dont la renommée dépassera les limites d'Utrecht. Le premier Mahot à s'installer en Hollande fut Bernard (1732-1817). Il quitta Bessenge pour Gouda en 1782 en compagnie de deux de ses fils, sa femme restant au village. Trois de ses fils s'installèrent en Hollande et prirent des épouses hollandaises. On retrouve leurs descendants partout en Hollande. Ils dirigèrent un commerce qui fut prospère jusqu'en 1870, avant de se livrer à d'autres activités. Tous épousèrent des hollandaises et s'assimilèrent rapidement, à l'inverse de Bernard, le pionnier. Il avait épousé Marie Bottie avant son départ, originaire du même village que lui et qui y demeura durant son séjour à l'étranger. Ce n'est qu'à la mort de celle-ci qu'il s'installât définitivement à Gouda. Les stratégies matrimoniales de Bernard et de ses fils se retrouvent chez les autres fabricants de la vallée du Geer. Nombre de fabricants épousèrent des femmes hollandaises, mais pas tous, ce qui nous conduit à vouloir rendre compte de la diversité de ces stratégies.

L'étude des fabricants de chapeaux de paille de La Haye va nous permettre d'aborder cette question. Nous trouvons là, entre 1853 et 1915, de nombreuses entreprises de ce type [26]. De plus les "registres des passeport intérieurs", antérieurs aux "répertoires des adresses", nous fournissent les noms des fabricants. Beaurieux, Duchateau et Raeskin, sont installés à La Haye. Les sources les concernant sont lacunaires, cependant nous disposons de données concernant 18 hommes nés dans la vallée du Geer, qui éclairent quelque peu les stratégies matrimoniales de ces familles. Nous leur demanderons qui parmi les membres de la première génération a épousé une femme néerlandaise et qui a épousé une femme de la vallée et nous interrogerons sur les liens entre stratégie entrepreneuriale et pratiques matrimoniales. Le tableau 4 indique que 11 des 18 fabricants de chapeaux de paille ont épousé une néerlandaise, la plupart venant de La Haye. Deux ont épousé une Belge, et cinq seulement une femme de la vallée du Geer. Nous avons ensuite examiné le devenir de ces couples, nous demandons si le fait d'avoir épousé une femme de la vallée conduisait à resserrer les liens avec l'origine et prévenait la poursuite d'un avenir hollandais.

Tableau 4: Époux du première génération des fabricants de paille à La Haye

Nom

Date de naissance et décès

Répertoire des adresses de la ville

Nom épouse

Lieu de naissance épouse

Pays de naissance

Alexandre, J.

1819-1885

1853-1885

Meer, C.J. vd

Den Haag

NL

Beaurieux, G.T.

1811-1849

1853-1865[27]

Malchior, M.C.H.

Maastricht

NL

Bertrand, A.

1823-1856

1853-1855

Rest, M.M. van

Den Haag

NL

Colson, F.J.

1808-1879

1875-1890

Somers J.M.F.

Antwerpen

B

Delissée, J.J.

1853-?

1895-1900

Bouille, J.

Heure-le-Romain

B/J

Duchateau, J.

1799-1871

--

Montfort, Ph.Th.

Paturages

B

Fraigne, H.de

1807-1863

1853-1860

Nottet, M.


B/J

Fraikin, J.J.

1848-1922

1895

Stassart, M.J.

Bassenge

B/J

Fraikin, J.H.

1808-1896

1865-1890

Coleye (Collée), E.

Bassenge

B/J

Frénay, J.J.

1848-1905

1875-1895

Jerphanion, C.L.W.

Den Haag

NL

Frison, P.F.

1834-1908

1860-1905

Bovelander, M.A.

Den Haag

NL

Lanen, L.

1837-1891

1860-1885

Thämer, C.C.

Den Haag

NL

Raeskin, H.

1774-1856[28]

--

Marie Becket

Bassenge

B/J

Raeskin, H.

1805-1850

--

Struijvenberg, E.M. [29]

Rotterdam

NL

Raeskin, D.

1823-1876

1853-1855

Struijvenberg, E.M.

Rotterdam

NL

Stassart, J.

1820-?

1855-1880[30]

Bauduin, H.

Zaltbommel

NL

Stassart, P.

1814-1891

1855-1890

Rest, A.H. van

Den Haag

NL

Vallée, J.J.

1856-1897

1870-1895

Vetschman, M.G.

Den Haag

NL

Source: Archives municipales de La Haye (AMLH), registre de population, registre de décès et répertoire des adresses Adresboeken

Treize de ces hommes moururent à La Haye, dont dix avaient épousé une femme néerlandaise. Seul l'un de ces dix hommes, Henri le Fraigne de Rocklenge, était marié à une femme de la vallée du Geer. Il retrouvait régulièrement son village natal mais demeura à La Haye jusqu'à sa mort. L'inventaire après décès de ses biens nous apprend que sa femme ne l'accompagnait jamais en Hollande et demeura à Rocklenge[31]. De Fraigne n'avait pas de propriété aux Pays Bas, mais était un important propriétaire de la vallée du Geer, où il détenait des terres, des immeubles, et des vergers à Roclenge, Bassenge et Houtain-Saint-Siméon. Son cas n'a rien d'exceptionnel, aucun des hommes de la première génération marié à une néerlandais n'a acquis de terres ou d'immeubles aux Pays-Bas à la date de sa mort.

Tableau 5: Propriété des fabricants de chapeaux de paille à La Haye au moment de leur décès

Nom

Prénom

Décés a La Haye

MdS

LNE

I/PB

I/B

Alexandre

Jean

1885

X

PB

X

--

Beaurieux

Guillaume

1849

X

PB

X

--

Bertrand

Arnold

1856

X

PB

--

--

Colson

Francois Joseph

1879

X

B

X

X

Delissée

Jacques Joseph

?


B/G



Duchateau

Jean (Jan)

1871

X

B

X

--

Fraigne

Henry, de

1863

X

B/G

--

X

Fraikin

Jacques Joseph

Glons


B/G



Fraikin

Jean Henri

Bassenge


B/G



Frénay

Jacques Joseph

1905

X

PB

--

--

Frison

Pierre Felix

1908


PB



Lanen

Louis

1891

X

PB

X

--

Raeskin

Henri

Bassenge


B/G



Raeskin

Henri

1850

X

PB

X

--

Raeskin

Dieudonne

1876

X

PB

X

--

Stassart

Jean

?


PB



Stassart

Pascal

1891

?

PB



Vallée

Jan Joseph

1897

X

PB

--

--


Source: Archive Nationale (AN), Zuid-Holland 1806-1927, Droits de Succession, 3.06.05.

Légende: B: Belgique; B/G; Belgique/vallée du Geer; LNE: lieu de naissance de l'épouse; MdS: Droits de succession; PB: Pays-Bas; I: immobilier.


Les femmes de la vallée du Geer ne s'installaient pas aux Pays-Bas, mais quid des travailleuses saisonnières? Nous trouvons trace de très peu de femme au sein de ce groupe. Les seules que nous rencontrons sont modistes, bonnes ou vendeuses (tableau 6), aucune ne provient de la vallée du Geer et seule une minorité vient de Belgique. La plupart restaient des années aux Pays-Bas et diffèrent sur ce point des travailleurs saisonniers de sexe masculin.

Tableau 6: Origine des employés domestiques des fabricants de chapeaux de paille à La Haye 1850-1913

Nom

Bonnes

Modistes

Vendeuses

Alexandre, J.

Doesburg, Nieuwediep, Zierikzee

-

-

Beaurieux, G. wed.

La Haye

-

Limburg, Maastricht

Lanaken

Bertrand, A.

-

-

-

Colson, F.J.

Gelderland, La Haye (2), Wassenaar

Freignes, Maastricht, La Haye

Anvers

Delissée, J.J.

-

-

-

Duchateau, J.

La Haye



Fraigne, H. de

Stompwijk

Reeuwijk, Rotterdam, Vlissingen, Tongeren (2)

Delft, Rotterdam

Fraikin, J.J.

-

-

-

Fraikin, J.H.

-

-

La Haye

Frénay, J.J.

Delft (2), La Haye, Gouda, Leur, Slochteren, Tiel (4), Vught, inconnu

Amsterdam, La Haye (3), Leeuwarden (2), Princenhage Bruxelles, St. Joost ten Node

Aix-la-Chapelle

Frison, P.F.

-

-

-

Lanen, L.

La Haye, Utrecht,

's-Gravenzande,

Delft, Bois-le-Duc, La Haye, Den Helder, Haarlem, Harlingen, Zutphen

Vlaardingen

Raeskin, H.

-

-

-

Raeskin, H.

Rijswijk



Raeskin, D.

Leiden, La Haye

-

-

Stassart, J.

La Haye

-

-

Stassart, P.

-

-

La Haye

Vallée, J.J.

-

Maastricht (2), Truiden

-


Source: AMLH, registre de population, 1850-1913


Du printemps à l'été

Au début de chaque année des travailleurs saisonniers en provenance de la vallée du Geer entrent aux Pays-Bas. La plupart arrivent entre janvier et le début de mars et regagnent leur village natal au début de l'été. Leurs âges et lieux de naissance sont très divers [32]. L'âge moyen est à Amsterdam de 33 ans en 1850. A la fin du dix-neuvième siècle, alors que l'industrie du chapeau de paille périclite, le nombre d'apprentis décline et l'âge moyen augmente. Seuls les plus vieux continuent à venir.

Tableau 7: Lieux de naissance des travailleurs saisonniers des fabricant de chapeaux de paille d'Amsterdam, Rotterdam et La Haye (1850-1875)


Amsterdam


Rotterdam


La Haye

Lieu de naissance

1850

1875


1850

1875


1840[33]

1875

Bassenge

17

11


14

23


19

3

Glons

30

9


11

3


14

12

Fall et Mheer

2

6


5

0


0

0

Haccourt

4

10


6

9


0

0

Heure-le-Romain

7

1


6

3


0

44

Houtain-St.-Simeon

10

10


7

18,0


5

18

Millen

0

3


3

8


0

0

Roclenge

15

16


11

7


36

3

Wonck

9

4


12

3


2

0

Reste Geer

5

10


9

13


24

3

Subtotal Geer

97



4





Maastricht .

1

13


-

3


-

12

Liège

2

4


-

3


-

3

Reste

0

3


3

6


-

3

Inconnu

0

-


14

1


-


Total

100

100


100

100


100


N=

227

70


81

89


159

34


Source: AMLH, AMA, AM Rotterdam (AMR), Archive du police, Registre des étrangers; AMLH, Registre de passeports intérieurs 1818-1847.


Le lieu de naissance des hommes ne permet pas de distinguer de schéma clair (tableau 7). Nous ne pouvons repérer de filières migratoires unissant un village et une ville. L'existence d'une corrélation entre le lieu de naissance des travailleurs et celui des principaux fabricants est plus plausible. A Rotterdam par exemple, Collee et Piron dominaient le marché (tableau 8). La plupart des 152 ouvriers qui arrivèrent à La Haye entre 1875 et 1896 s'embauchèrent chez F.J. Colson (34 %), J.H. Fraikin (18 %) et J.J. Vallee (16 %).

Tableau 8: Nombre de travailleurs saisonniers des principaux fabricants de chapeaux de paille à Rotterdam et La Haye (1850-1890)

Bottij, M.

Brouha, D.

Cleuren, G.*

Debrus, J.P

Defraigne, A.

Dothee, M.

Drunen, E. van*

Elkus, L.*

Filipet, B.

Fraikin, gebrs.

Fraikin, J.A.

Fracken (Fraikin), J.F.

Fraikin, J.J.

Fraikin, J.N.H.

Fraikin, P.

Fraikin, Ph.

Fraikin, R.

Fransz, H.A.J.*

Frenaij, Jean

Frenaij, Joseph

Furnelle, P.

Geverding, J.D.*

Hillebrand, J.H.*

Hoest, P.J. l'

Honhon, J.P.

Hoogewooning, F.J.*

Illendorff, C.M.*

Kesseler, A.*

Koning, J.*

Kopp, J.G.*

Kopp, J.G.C.*

Lacroix, J.H.*

Lacroix, L.*

Lier, M.D.*

Lohe & Co (van)*

Marchal en Bottij

Marchand, H. le

Marchand, Wed.H. le

Marchand, M. le

Marchand, N. le

Marchand, Wed. N. le

Marchand, P. le

Messemaker, A.*

Muller, J.F.*

Muller jr., J.F.*

Nijman, G.*

Nijs, S.G. de

Nottet, N.

Nottet, P.

Peeters, L.*

Peree (Percee), J.

Pieterse, J.J.*

Pisart, P.J.

Proes, G.*

Rabels, B.P.*

Reket, J.H.*

Richters, B.A.*

Richters, gebr.*

Rondaij, J.

Rondaij, N.

Rouhard, A.

Rouhard, J.F.

Rouma, J.J.

Sluijters, L.S. v.*

Stroeve, gezs.*

Thirij, H.A.

Thirij, J.H.

Thirij, M.A.

Thirij, N.

Tiessen, A.M.*

Tulle, A.E.L.*

Valcke Frères*

Veenendaal van der Kas, W.*

Vivario, N.

Vivario, R.

Vries, J.C. de*

Zeegers, I.*

Zeegers, J.*


Arnhem 1855-1890


Castermans, N.*

Delfontaine, J.H.*

Dordenne, J.

Fraikin, G.

Garot, J.J.

Philipkin, J.

Rossaij, Gebr.

Rossaij, J.

Smits, P.*

Smits, W.*


Bois-le-Duc 1865-1900


Camps, H.A.*

Ravinet, N.E.*

Ruette, P.J.


La Haye 1855-1940


Alexandre, J.

Alexandre, M.

Alexandre, M.C.

Beauriex, wed.

Buijtendorp,H.L.J.*

Bertrand, A.

M.L. Boin*

Firma E. Hase*

Colson, F.J.

Defraigne, H.

Deggeler, J.J.*

Delissé, J.J.

Diecman, Mej.*

Fraikin, J.H.

Fraikin, J.J. jr.

Francois, T.J.

Frénay, J.J.

Frénay, Mad.F.

Frison, P.F.

Gröver, J.R.J.*

Herwijnen, C. v.*

Hiel, M.*

Kiefmeijer Zalme*

Lanen, L.*

Lousberg, V.*

Pietersen, mej. F.A.D.*

Raskin, D.

Rijsloo-Winius, B.*

Spek, Th.A. vd*

Stassart, J.

Stassart, wed. J.

Stassart, P.

Stassart, G.

Stassart, W.N.

Vallée, H.

Vallée, J.J.

Vallée, M.C. fa.

Wolf-Boelhouwer, Mej. H.*


Groningen 1854-1891


Bakker, H.*

Boon, Wedw. O.*

Donnay, V. (Firma Collé & Comp.)

Donnay-Collé, V.

Gielissen, J.*

Goudschaal, G.F.P.*

Graaf, L. de*

Hardy, A.

Hardy, H.J.

Jongebloed, N.G. *

Macoit, H.

Onclin, J.G.

Paifve, P.P. de*

Pekelaer, Wedw. B.*

Pruidon, C.J.

Ridder, A.*

Sauveur, J.

Siebries, Th.*

Sobering, D.*

Spaanstraa, B.J.*

Tjalkens, vrouw van J.*

Werkman, G.*

Wijngaarden, Z. van*


Haarlem 1856


Frenay, M.

Gelder, mej. Van*


Leeuwarden 1857-1899


Bakker, G.H.*

Bakker-Plantenga*

Berg, A. van den*

Berssenbrugge, firma J.H.*

Bloemsma, D.*

Buys, gezusters*

Chateau, G. de

Chateau, G. de

Dorenbosch, B.*

Gehasse, J.I.

Gramsma*

Gramsma, H.*

Horst, E. ter*

Jolij, J.P.J.

Nivard, Fa. gebrs.

Nivard, G.

Nivard, gebrs.

Onclin, P.

Oostrum, J. van*

Raeskin, H.

Raeskin, J.

Sauveur, J.H.

Sauveur. P.J.J.

Smidt, A.B.*

Werf, Mr. E. van der*


Maastricht 1855-1890


Botty, J.

Fraikin, L.

Fraikin-Pisart, L.

Frenay

L.hoest-Halen

Pisart, V.

Riga, P.J.*

Riga, wed.*

Troquet, J.*


Rotterdam 1808-1920


Bebelman, J.N.*

Bonhomme, O.*

Chateau-Mennigman, F. de

Collee, F.

ColleeF. & Co.

Damave, J.

Donnay, H.J.

Frenay, Bouhy

Hermans, A.*

Hermans, N.*

Hermans, P.Th.*

Leurs, A.*

Leurs, H.G.*

Leurs, P.*

Leurs, J.A.*

Leurs, R.*

Matthot, J.D.

Mathot, J.

Pierik, A.G.*

Piron, J.

Piron, M.J. (wed.)

Raskin, D.

Rouhard, P. wed.

Rouhard, R.

Rouhardt, J.R.


Utrecht 1850-1906


Burgers-Kramer, J.M.C.

Burgers, T.J.

Cohu, P.*

Corbesier, J.G.

Corbesier, W.

Cornelissen, F.*

Deventer, wed. B. van*

Eijk, C.A. van*

Frenay, E.

Freson, H.

Heijer, A.H.*

Isaäc, A.

Jansen, P.M.*

Jansen-Ashoff, mej. P.M.*

Kleijn, F.H.*

Leroij, Gez.

Leroij, wed. A.C.

Mathot, A.

Mathot, B.J.V.

Mathot, Th.A.

Mathot, wed. A.M.

Roest, J.

Rossaij, H.

Rossaij, gebr.

Terlingen, J.P.*

Verheul, wed. A.J.*

Verkerk, J.A.

Watrin, P.

Wetter, mej. C.F.*



Zwolle 1867-1891


Berkeljon, gezusters

Goffen, J.H.

Kofflard, J.M.

Kofflard, T.

Richelme, J. & C.*

Visser, S.R.*

Notes

[1] Cet article est une traduction d'une version néerlandaise: 'Naar de laatste Parijse mode. Strohoedenmakers uit het Jekerdal in Nederland 1750-1900", in: Studies over de sociaal-economische geschiedenis van Limburg/ Jaarboek van het Sociaal Historisch Centrum voor Limburg (2001) 45-82.

[2] L'affiche était en Français et portait le titre suivant : "Fabrique de chapeaux de paille & feutre, saison 1894, R. Vivario". Elle fait partie du fonds permanent du Musée de la vie wallonne de Liège et est exposée dans la section consacrée à la fabrication des chapeaux de paille.

[3] * en français dans le texte.

[4] Chapeaux avec une petite visière et des rubans noués sous le menton.

[5] Selon des statistiques officielles, il y avait en 1819 au Royaume de Hollande (qui comprenait alors la Belgique) 115 fabricants de chapeaux de paille employant 263 personnes. 14 de ces fabricants se trouvaient dans la partie qui devint la Belgique indépendante en 1830. Même si ces chiffres diffèrent considérablement du nombre de 1 100 travailleurs employés au village de Glons en 1816, il est clair qu'au début du XIXè siècle, les Pays-Bas du Nord avait déjà une industrie (même restreinte) du chapeau de paille. I.J. BRUGMANS, Statistieken van de Nederlandse nijverheid uit de eerste helft der 19e eeuw, La Haye, 1956, 2 vol., vol. I, p. 378-379.

[6] L'une des rares publications récentes qui mentionne, rapidement, l'industie du chapeau de paille de la vallée est René Leboutte, Reconversions de la main-d'oeuvre et transition démographique. Les bassins industriels en aval de Liège XVIIe-XXe siècles (Parijs 1988) 88, 123. Beaucoup de travaux ont repris sur ce sujet des textes anciens (la plupat du temps sans mentionner précisément leurs sources, il est donc important de signaler les sources originales, Louis Francois Thomassin, Mémoire statistique du Département de l'Ourthe (Liège 1829); H.E. Olyff, sans titre (avril 1865), publié dans J.O[lyff], L'industrie de la vallée du Geer devant les chambres (Liège 1896) 15-17; Émile Laveleye, Essai sur l'économie rurale de la Belgique (Paris 18752) 171-175; M.D. [suivant Ansiaux (p. 15 note 2) madame M. Defrècheux], "Roclenge sur Geer et le fabrication des chapeaux de paille", Journal Franklin no. 30 (27 juillet 1884); Maurice Ansiaux, "L'industrie du tressage de la paille de la vallée du Geer", dans: Les industries à domicile en Belgique (Bruxelles 1900, publié par le ministère de l'iIndustrie et du Travail) partie II.

[7] E. DE LAVELEYE, , Essai sur l'Economie rurale de la Belgique..., op. cit., p. 170-177 ; M. ANSIAUX, L'industrie du tressage..., op. cit.,; H. FRENAY, M. FRESON, J. HAUST, Le tressage de la paille dans la vallée du Geer. Étude dialectale, Liège, 1922 et L'Industrie Chapelière dans la vallee du Geer, Institut d'étude économique et sociale des classes moyennes, Bruxelles, 1950.

[8] J. LUCASSEN, Migrant labour in Europe 1600-1900: the drift to the North Sea, Londres, 1987. Nous avons utilisé la version néerlandaise, J. LUCASSEN, Naar de kusten van de Noordzee trekarbeid in Europees perspektief, 1600- 1900, Gouda, 1984, p. 112, 302, 316. Les résultats qui nous intéressent sont ceux concernant deux départements : 1) la Meuse inférieure et 2) l'Ourthe. Pour ce dernier, les réponses correspondent aux années 1808-1810.

[9] En néerlandais : adresboeken.

[10] Aux archives de l'état de Liège comme de Maastricht.

[11] L. LUCASSEN, "A Many-Headed Monster: The Evolution of the Passport System in the Netherlands and Germany in the Long Nineteenth Century", in J. TORPEY, J. CAPLAN, ed., Documenting Individual Identity: the Development of State Practices in the Modern World, Princeton, Princeton University Press, 2001, 235-255.

[12] L'industrie Chapelière..., op. cit., p. 11.

[13] À l'exception des travaux menés en 1987 par Lucassen sur les résultats de l'enquête française de 1811 qui fait mention de la migration saisonnière des ouvriers chapeliers de la vallée du Geer vers les villes belges et néerlandaises.

[14] Cette destination nous surprend quelque peu dans la mesure où il s'agit d'un très petit village (au sud d'Eindhoven, sur le territoire de la Belgique actuelle) ne possédant pas d'industrie. La seule explication qui nous semble plausible est qu'il s'agit du dernier village du département de la Meuse inférieure, situé sur une ligne droite entre Liège et l'ouest des Pays-Bas et que de là, il était possible de se rendre dans les villes néerlandaises sans passeport.

[15] La baisse du nombre des passeports et l'absence de passeports pour la France ou la Belgique après 1800 sont certainement imputables à des changements administratifs. Jusqu'à présent nous n'avons cependant pas été en mesure d'établir ce qui s'était exactement passé.

[16] Principaux villages : Bassenge, Eben-Emael, Rocklenge, Wonck et Sluse.

[17] Aussi appelée "République batavie" et "Batavie".

[18] Généralement désignée sous le nom de Prusse ; de plus la ville de Wesel est mentionnée deux fois (1807 et 1808). De 1801 à 1803, respectivement 5, 3 et 1 passeports furent délivrés pour la République batave et Prusse.

[19] J. LUCASSEN, Naar de kusten van de Noordzee..., op. cit., p. 302 et 316.

[20] Comme le suppose Jan Lucassen. Cf. J. LUCASSEN, Naar de kusten van de Noordzee..., op. cit, p. 112, notes 120 et 114, 114, 302-303, 315-316. Cette constatation correspond à la typologie plus générale établie par Leslie Page Moch, qui souligne que les femmes sont moins susceptibles de s'extraire des conditions familiales tandis que les hommes "bien que voyageant et travaillant avec des compatriote"' vivaient dans un environnement moins contraignant. Cf. L.P. MOCH, Moving Europeans. Migration in Western Europe since 1650, Bloomington, 1992 , p. 15

[21] Entre autres de Beaurieux, Collee, Damave, Dothée, Fraikin, Frenay, Frison, Mathot, Piron, Raeskin et Vivario.

[22] Voir aussi, L'industrie chapelière dans la vallée du Geer, 9.

[23] R. MUD, "Het Leeuwarder metselaars- en steenhouwersgilde in de achttiende eeu"', De Vrije Fries 78 (1998) 77-98.

[24] HANNELORE OBERPENNING, Migration und Fernhandel im Tödden-System:Wanderhändler aus dem nördlichen Münsterland im mittleren und nördlichen Europa des 18. und 19. Jahrhunderts (Osnabrück 1996).

[25] Archive Municipale de la ville d'Utrecht (AMU), inv.nr. 2033, Liste alphabétique des nouveaux citoyens 1701-1828, part 2a.

[26] Nous avons analysés tous les répertoires des adresses de la ville pour les années 1855, 1860, 1865 etc. jusqu'´a 1900

[27] Après son déces sa veuve a continué l'entreprise.

[28] Grace a la recherche de madame Schrijer-Raeskin.

[29] Après le décès de Henri Raeskin elle a épousé son frère Dieudonné.

[30] Après son déces sa veuve a dirigé l'entreprise.

[31] Archives Nationales (AN), Droits de succession (DdS) Zuid Holland 1806-1927, 3.06.05, La Haye.

[32] Nous avons utilisés les registres des étrangers tenus par la police de Rotterdam, Amsterdam (dès 1850) et La Haye (dès 1875) et les registres des passeports intérieurs de La Haye (1818-1847).

[33] Pour le période antérieure à 1875 nous avons utilisés les registres des passeports intérieurs des années 1831-1839.

[34] AMA, Onderwerpencatologus, Handel en Nijverheid N XIII; AMLH, Advertenties 1710-1950 (numéro ?). Date inconnue, probablement début du siècle.

[35] Dagblad voor 's-Gravenhage, 29-4-1844.

[36] AMA, Handel en Nijverheid N XIII, N. 65.03.002. Date inconnue, probablement début du siècle.

[37] W. de KONING GANS, 'Dit is ons huis'. De mooiste fotokaarten van Den Haag en Scheveningen, La Haye, 1997, p. 21.

[38]M.R. van der KROGT, Hofleveranciers in Nederland. Als we zeiden:'dat heeft de Koningin ook gehad', dan vloog het de deur uit.", Amsterdam, 1985, p. 10.

[39] M.R. van der KROGT, Hofleveranciers in Nederland..., op. cit., p. 19.

[40] AN, Droits de succession (DdS), Zuid Holland, 3.06.05, inv. nr. 3657.

[41] AN, DdS Zuid-Holland, 3.06.05, Den Haag.

[42] Archive d'État Noord-Holland (AENH), Belastingkantoor Amsterdam, DdS, inv. nr. 388.

[43] AN, DdS Zuid-Holland, 3.06.05, La Haye.

[44] AENH, Droits de succession Amsterdam, inv. nr. 880.

[45] En 1880, le salaire annuel d'un ouvrier qualifié du textile se montait aux Pays-Bas à environ 400 florins. Cf. E.J. FISCHER, "Economische theorie en historisch onderzoek: de theorie der prijsvorming en de loonontwikkeling op de Twentse arbeidsmarkt 1865-1930", Economisch- en Sociaalhistorisch Jaarboek, 1984, Vol. 47, p. 45-66, p. 58.

[46] Staatscommissie over de werkloosheid, VI. Verslag van de vijfde subcommissie (Den Haag 1913) 129-130.

[47] I. LIGHT, C. ROSENSTEIN, Race, Ethnicity and Entrepreneurship in Urban America, New York, 1995, N. GREEN, Ready-To-Wear. Ready-To-Go: a Century of Industry and Immigrants in Paris and New York, Durham, 1997, D.R. GABACCIA, We Are What We Eat. Ethnic Food and the Making of Americans, Cambridge, Mass., 1998, p. 64-92 et J. RATH, ed., Immigrant Businesses. The Economic, Political and Social Environment, Houndmills, New York, 2000.

[48] T. JONES, G. BARRETT, D. McEVOY, "Market Potential as a Decisive Influence on the Performance of Ethnic Minority Business", in J. RATH, ed., Immigrant Businesses..., op. cit, p. 37-53.

[49] MARK GRANOVETTER, "The strength of weak ties", American Journal of Sociology 78 (1973) 1360-1380.

[50] Pour une utilisation intéressante de ces termes cf. H. FLAP, A. KUMCU, B. BULDER, "The Social Capital of Ethnic Entrepreneurs and Their Business Success", in J. RATH, ed., Immigrant Businesses..., op. cit., p. 142-161.

[51] D.R. GABACCIA, We Are What We Eat..., op. cit., p. 91.

[52] P. LOURENS, J. Lucassen, Arbeitswanderung und berufliche Spezialisierung : die Lippischen Ziegler im 18. und 19. Jahrhundert, Osnabrück, 1999.

[53] H. OBERPENNING, Migration und Fernhandel im Tödden-System : Wanderhändler aus dem nördlichen Münsterland im mittleren und nördlichen Europa des 18. und 19. Jahrhunderts, Osnabrück, 1996.

[54] Les corporations ne furent cependant définitivement abolies, en tant qu'organes publics, qu'en 1820, date à laquelle la loi française de 1808 prit pleinement effet. Cf. M. PRAK, Republikeinse veelheid, democratisch enkelvoud. Sociale verandering in het Revolutietijdvak 's-Hertogenbosch 1770-1820, Nijmegen, 1999, p. 294-295.

[55] Un comportement similaire a été constaté chez les colporteurs de poterie originaires du Westerwald en Allemagne. Cf. M. SCHROVER, "Groepsvorming onder Duitse aardewerkhandelaren in 19e-eeuws Holland en Utrecht", Holland, 30, 1998, p. 94-112.

[56] LOURENS et LUCASSEN, Arbeitswanderung und berufliche Spezialisierung..

[57] * indique pas de lien avec la vallée du Geer ou lien inconnu.

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