Serge Slama,
La fin de l'étudiant étranger
Préface de Danièle Lochak, L'Harmattan, Novembre 1999.
Livre lu par Alexis Spire
Janvier 2000
Cet ouvrage dont le titre peut paraître provocateur, est le résultat d'un travail méticuleux qui se situe au confluent du droit administratif et de l'analyse des politiques publiques. Tout au long du livre, l'auteur entend démontrer, non pas la disparition totale de l'étudiant étranger, mais plutôt l'assujettissement de la politique d'accueil des étudiants à l'objectif de maîtrise des flux migratoires. Depuis une vingtaine d'années, la forme traditionnelle et massive de migration étudiante issue des anciennes colonies tend à disparaître au profit d'une population étudiante plus européenne, asiatique ou américaine.
Déjouant les pièges d'une statistique souvent trop globale des étudiants étrangers, Serge Slama en propose une lecture stimulante : si on distingue les étudiants étrangers issus d'une immigration ancienne et résidant en France depuis longtemps, des étudiants étrangers récemment arrivés, on constate un régime à double vitesse qui soumet les uns, venus de pays anciennement colonisés, à la logique du soupçon, tandis que les autres, plus mobiles, bénéficient davantage de bourses et sont mieux protégés car ils participent du rayonnement de l'influence française à l'étranger. L'auteur s'appuie également sur un corpus de références juridiques et sur des entretiens menés avec des responsables de différents ministère et sa démonstration n'en est que plus convaincante : ce passage d'une immigration étudiante de masse, venue individuellement, à une migration d'élites canalisées a fait perdre à l'Université sa mission d'accueil et son rôle d'ascenseur social.