Xénophobie, racisme et attitudes envers les immigrants en France au XIXème siècle /Inventaire des sources du Mouvement ouvrier
Lauren Dornel, agrégé d'histoire, docteur en histoire
Mars 2004
Ce guide est tiré de la thèse de Laurent Dornel qui a nourri l'ouvrage La France hostile, sociohistoire de la xénophobie 1870-1914, Hachette Littératures, Paris, 2004
Sommaire
I] F7 12764 à 12769. Enquêtes économiques et sociales (années 1901-1910).
II] F7 12769 à 12771. Congrès des mineurs
III] F7 13069. Conférences et congrès internationaux et socialistes.
IV] F713071. Congrès nationaux du POF.
V] F7 13581. Congrès corporatifs. Congrès de la CGT.
VI] Musée Social. Congrès ouvriers
1) F7 12764 à 12769. Enquêtes économiques et sociales (années 1901-1910).
1.1. Mineurs (12764)
Syndicat des ouvriers mineurs et similaires de Bézenet (février, 
      mars 1908). Chambre syndicale des Ouvriers mineurs et similaires du bassin 
      d'Aubin, Aveyron (avril 1906). Réunion publique à Cransac 
      (mai 1901). Réunion du syndicat métallurgiste de Decazeville 
      (mai 1909). Différents rapports sur " les mineurs " du 
      bassin de Commentry (octobre-décembre 1906). Rapports sur la situation 
      ouvrière aux houillères de La Machine (Nièvre, fév.1907, 
      déc.1906, sept.1903, fév.1901). Surveillance du bassin houiller 
      de Bédarieux (mines de Graissessac et de Bousquet d'Orb, 1901-début 
      1905) : plaintes contre la modicité des salaires et l’autorité 
      d'un maître mineur, et contre des mises à pied. On apprend 
      dans le rapport du 7 février 1901, que les mines de Graissessac emploient 
      59 étrangers (41 Espagnols., 17 Italiens, et 1 Allemand) qui se sont 
      tous conformés aux prescriptions de la loi du 8 août 1893. 
      Situation ouvrière dans le bassin d'Audun-le-Roman (juillet 1907) 
      : mines de Landres, de Pieuvre, de Tucquegnieux et de Sancy, fabrique de 
      charbons à lumière, manufacture de draps et papeterie de Mercy 
      le Bas emploient au total 2488 ouvriers dont 1278 étrangers (1057 
      Italiens, 68 allemands, 120 Belges, 32 Luxembourgeois, 1 Autrichien) tous 
      occupés dans les 4 mines (sauf 75 Belges et 25 Luxembourgeois dans 
      la manufacture). Aucun problème. Nombreuses rixes et bagarres à 
      Bézenet entre membres des deux syndicats miniers (mai 1902) : rivalités 
      entre le syndicat " rouge " et le syndicat " jaune " 
      . Pour l’ensemble de ces dossiers, rien à signaler. 
      A signaler en revanche :
      - 23 juin 1907 : le Commissaire spécial de la police des chemins 
      de fer de Briey, signale, l'activité de " quelques meneurs italiens 
      [qui] poussent à la grève " à Landres (Aciéries).
      - Avril-mai 1908 : série de rapports du commissaire spécial 
      de police de chemins de fer de Blanc-Misseron (commune frontière, 
      Nord) indique des liens étroits entre les mineurs français 
      et ceux du bassin de Charleroi et du Borinage. Ainsi le Congrès national 
      extraordinaire des mineurs belges qui a lieu à Charleroi en mai se 
      traduit-il par une agitation (rumeurs de grève) chez les mineurs 
      français. Ce risque est connu, ce qui explique la fréquence 
      et l'exhaustivité des rapports sur le mouvement ouvrier belge.
1.2. Métallurgistes et similaires 
      (12765)
      
      Les chemises sont classées par département. Je n’ai 
      pas dépouillé l’ensemble des dossiers, mais choisi quelques 
      départements. 
      Bouches du Rhône. 5 juin 1902 : Commissariat spécial 
      de Marseille à propos de la création d'une Union internationale 
      des ouvriers métallurgistes de Port de Bouc. " A la suite des 
      grèves partielles survenues en 1901 et 1902 parmi les ouvriers en 
      fer de cette localité, des essais furent faits pour créer 
      un syndicat français de la corporation. Devant le peu de succès 
      de leur projet, les promoteurs ont décidé la création 
      de l'union internationale qui paraît avoir quelques chances de réussite, 
      en raison du nombre considérable d'ouvriers italiens travaillant 
      dans les " Chantiers Provençaux " . A la fin du mois, ce 
      syndicat ne compte apparemment guère plus de 80 membres.
       Allier. Ouvriers syndiqués métallurgistes 
      de Montluçon, Ouvriers des forges de Châtillon, Commentry et 
      Neuves-Maisons (1901-1909). Rien à signaler y compris en période 
      chômage.
       Ariège. 1907. Conflit entre Jaunes et Rouges
       Aveyron, juillet 1906. Revendications ouvrières 
      à la Compagnie des Aciéries de France, à Aubin : journée 
      de 8 heures, augmentation de salaires.
       Belfort. 1901 : rapport du commissaire spécial... 
      (8 août) : " le syndicat de la métallurgie de Belfort 
      ne fait plus partie de la Fédération de la Métallurgie 
      de France. Ce syndicat, qu'une partie de ses fondateurs voudrait nationaliser, 
      pour en exclure tous les éléments étrangers, a de moins 
      en moins d'activité ; ainsi, à la dernière réunion 
      générale, il n'y avait que trente ouvriers syndiqués 
      qui y assistaient. " 
       Meurthe-et-Moselle. L'Ouvrier métallurgiste, 1er 
      janvier 1906. A propos de la catastrophe d'Homécourt du 18 décembre 
      1905 (dégagement d'oxyde de carbone dans une aciérie) qui 
      fait 14 morts, dont 11 Italiens. " C'en est assez, à la fin 
      d'abuser des vies humaines, sous prétexte qu'étant nées 
      en dehors de France, on n'est pas tenu de faire bénéficier 
      leurs ayants droits des réparations prévues par la loi sur 
      les accidents du travail. " 
      Entre 1901 et 1908, différents rapports (septembre 1908, le Préfet 
      au Ministre de l'Intérieur, rapports du Commissaire Spécial 
      de Villerupt...), évoquent la crise qui sévit dans l'industrie 
      métallurgique, notamment dans le bassin de Longwy. La main-d'œuvre 
      étrangère est évoquée surtout en 1901 et 1903. 
      
      En 1903, le commissaire spécial estime que " les éléments 
      étrangers (60% à Villerupt et environs) qui figurent dans 
      l'effectif des travailleurs et leur peu de stabilité ne permettent 
      guère un groupement sérieux et durable ". Les étrangers 
      sont donc ici considérés comme une entrave au développement 
      de l'action syndicale.
      En 1901, alors que la crise est extrêmement grave et que ferment un 
      certain nombre de hauts fourneaux, le problème de la main-d'œuvre 
      étrangère surgit. Le commissaire spécial de Longwy, 
      dans son rapport du 27 octobre 1901, motivé en grande partie par 
      une lettre anonyme demandant le renvoi des étrangers (voir ci-dessous) 
      évoque les dizaines d'ouvriers qui ont été renvoyés 
      : " C'est là une situation inquiétante pour le travailleur. 
      Néanmoins on renvoie de préférence les ouvriers étrangers 
      et, parmi les français, les nomades et les femmes, en s'attachant 
      à conserver les anciens serviteurs et particulièrement ceux 
      qui sont fixés dans le pays. Ce sont donc en dernière analyse 
      les moins bons éléments qui sont remerciés. " 
      . Il se passe la même chose en 1908, où la fermeture d'un certain 
      nombre de hauts fourneaux entraîne des licenciements : 
      
      " Pour le moment, écrit le commissaire 
      spécial, les renvois peu importants qui ont eu lieu ont porté 
      sur des travailleurs étrangers au pays et les maîtres de forges 
      se sont attachés à conserver leurs ouvriers spéciaux 
      ainsi que ceux qui sont fixés dans la région. Cette situation 
      a préoccupé M. Weber, Consul d'Italie à Luxembourg, 
      qui est venu se renseigner à Longwy sur l'importance de la réduction 
      de travail afin de prendre des mesures pour éviter l'émigration 
      des nombreux ouvriers italiens qui, tous les ans, quittent leur pays pour 
      venir chercher du travail dans nos usines et dans nos mines ou s'embaucher 
      sur les chantiers de construction." (16 janvier 1908)
      
      Lettre anonyme adressée au Directeur Gérant du Comptoir métallurgique 
      de Longwy : 
      
      " Au nom de mes camarades je prends la liberté 
      de vous faire savoir si dans le plus bref délai tout étrangés 
      nest pas renvoyer pour faire place aux français nous ferons sauter 
      les ponts et les tunnels et les acqueducs de manière à coupé 
      toutes communications industrielles dans tous bassins et de mettre la populations 
      dans la plus noir misère. Agréez Monsieur las salutations 
      des quarante sept membres de la Société Lorraine. " 
      
      Situation identique dans la région de Thionville : " On a commencé 
      par renvoyer un grand nombre d'ouvriers italiens et belges. Il y a huit 
      jours un train complet, comprenant environ 600 ouvriers italiens est parti 
      de Thionville. Tous ces individus regagnent leur pays, faute de travail. 
      " (Commissaire spécial d'Andun le Roman, 5 octobre 1901)
      Tensions entre ouvriers français et étrangers : pour ses travaux 
      de sondage (recherche de minerai de fer), la Société des Aciéries 
      de Saint-Chamond " emploiera une dizaine d'ouvriers, tous français, 
      attendu qu'elle a pour principe, afin d'éviter les difficultés 
      qui surgissent trop souvent entre ouvriers français et étrangers, 
      de n'employer que les premiers. " (Commissaire spécial d’Audun, 
      10 sept. 1901).
      - Lunéville, 22 sept. 1905 (Commissaire de police à Préfet) 
      : " J'ai l'honneur de vous informer, à 
      toutes fins utiles, qu'en ce moment il se produit parmi les ouvriers français, 
      un mouvement hostile aux nombreux étrangers occupés à 
      l'usine de wagons et automobiles de Turkeim. Les ouvriers français, 
      qui travaillent dans cette usine, reprochent aux patrons d'accepter de préférence 
      des ouvriers étrangers venant d'Alsace ou d'Allemagne. Une grève 
      ne serait pas impossible dans quelque temps, grève qui aurait pour 
      but d'obliger les directeurs à réduire considérablement 
      le nombre des ouvriers étrangers employés. " 
      - Longwy, décembre 1906. Création d'un syndicat des ouvriers 
      de la Fonderie de Charency-Vezin (arrdt Briey), qui compte très rapidement 
      80 membres et qui est affilié à la Fédération 
      Nationale de la Métallurgie. Revendications : augmentation des salaires, 
      renvoi d'un contre-maître, suppression des machines à mouler, 
      exclusion des ouvriers belges.
      Nord. Situation catastrophique de l'industrie métallurgique, 
      par exemple dans le bassin de Maubeuge, (Rapport du Commissaire spécial 
      de Feignies, 6 mars 1901) mais pas d'incidence sur la main-d'œuvre 
      étrangère.
      1.3. Verriers (12766)
      Tarn. Albi, Carmaux... Problèmes tournent surtout 
      autour de la syndicalisation et des vexations patronales contre les ouvriers 
      syndiqués, de l'organisation du 1er mai...
      Rhône. Congrès National des Travailleurs du 
      Verre, Lyon, octobre 1903. La question de la MOE n'est pas abordée 
      (sujet principal : les retraites ouvrières)
      Nord. Aniche : 1901, conflits dus à problèmes 
      de salaires, respect du repos le dimanche. En 1901, construction d'une nouvelle 
      verrerie mais
      
      " étant donné que les ouvriers, 
      choisis par le syndicat pour travailler à la verrerie ouvrière, 
      sont tenus par des engagements signés, ils ne pourront pas venir 
      travailler immédiatement dans cette verrerie. Pour obvier à 
      cette impossibilité et pour ne pas retarder l'ouverture de la verrerie 
      ouvrière, il a été convenu entre les chef du syndicat 
      et le sieur Gilles, président du syndicat des verriers belges [Nouvelle 
      Union Verrière de Belgique], que ce dernier enverra à Aniche 
      des ouvriers belges, qui s'embaucheront sans signer d'engagements ; puis, 
      au fur et à mesure que les verriers d'Aniche auront terminé 
      leur engagement dans les usines, où ils se trouvent actuellement, 
      ils prendront la place des ouvriers belges " (rapport du Commissaire 
      spécial de Douai, 7 septembre 1901).
      —> les rapports semblent corrects, malgré des frictions 
      épisodiques, comme en février 1902, où le Réveil 
      du Nord traite les verriers belges de Jeumont de " très maniables 
      " . (rapport Com. spécial de Jeumont, 25 février). Ce 
      journal s'attire une vive réponse d'Edmond Gilles dans La Revanche 
      des Verriers (Organe officiel des Travailleurs du Verre de Belgique) du 
      10 mars : " Vouloir prétendre que nous travaillons à 
      meilleur compte à Jeumont que les français de la localité 
      ou que ceux d'Aniche c'est de la pure fantaisie. Nous allons le prouver. 
      " 
      La plupart des ouvriers verriers de Jeumont, dont bon nombre sont belges, 
      sont affiliés à la Nouvelle Union Verrière, syndicat 
      puissant, qui compte, dans le bassin de Charleroi, environ 15000 adhérents. 
      En 1903, cette ville est en crise : le 1er mars, sur une décision 
      des actionnaires, la verrerie est mise en cessation d'activité, ce 
      qui entraîne la mise au chômage d'environ 300 ouvriers, presque 
      tous belges. Mais cette mesure cache quelque chose, comme le précise 
      le commissaire spécial : " Des renseignements 
      recueillis, il résulte que cette mesure, principalement occasionnée 
      par la situation du marché verrier, a aussi pour but de recruter 
      un personnel nouveau, disposé à accepter des conditions de 
      travail moins onéreuses et de secouer ainsi le joug de la Nouvelle 
      Union Verrière belge " .
      — juillet 1903, Commissaire spécial de Valenciennes :
      " les ouvriers verriers de Fresnes actuellement 
      au chômage par suite de réparations aux usines se rendraient 
      en nombre à Blanc-Misseron, pour faire une manifestation afin d'intimider 
      les verriers belges travaillant à l'usine Belotte et les amener à 
      faire partie de leur syndicat. Au cas où cette manifestation resterait 
      sans effet, les verriers syndiqués de Fresnes auraient l'intention 
      d'empêcher par la suite les verriers belges de venir travailler à 
      Blanc-Misseron. Ces tentatives d'intimidation ont déjà eu 
      lieu à Blanc-Misseron le 25 janvier dernier " .
      — l'année suivante (sept. 1904) à Hénin-Liétard, 
      menaces d'ouvriers verriers syndiqués contre Belges récemment 
      embauchés. Des petits placards sont apposés un peu partout 
      sur les murs de la ville, ainsi libellés : " Attention !!! Verriers 
      belges attention !!! Réfléchissez avant d'agir !! " . 
      De plus, un appel aux travailleurs en général émanant 
      des ouvriers non réembauchés est affiché, dans lequel 
      ces derniers s'en prennent violemment, rapporte le commissaire spécial 
      de Lens, au " patron internationaliste " et à son " 
      amour pour les ouvriers belges " . Il n'y a pas d'incident, mais, par 
      exemple, certains aubergistes refusent de loger et nourrir les ouvriers 
      belges, par crainte de représailles. En outre, bon nombre de Belges, 
      " en présence des violences dont ils étaient menacés 
      " reprennent le chemin de la Belgique (rapport du 17). Le règlement 
      du conflit intervient 10 jours après, les ouvriers reconnaissant 
      le droit au patron de " pouvoir compléter son personnel à 
      défaut d'ouvriers français par des ouvriers étrangers 
      " . Le dénouement est dû d'une part, au retour des ouvriers 
      belges qui provoque une grave insuffisance de main-d'œuvre obligeant 
      le patron à reprendre les anciens ouvriers, et d'autre part, à 
      l'intervention des mineurs du Pas de Calais. Le 12 septembre, Casimir Beugnet, 
      trésorier des Syndicats des Mineurs du Pas-de-Calais ! 1861-1910. 
      Trésorier depuis 1898, conseiller municipal de Lens en 1900.), se 
      rend à Hénin-Liétard, où il " a laissé 
      entendre que des incidents pourraient bien se produire entre ouvriers belges 
      et français, ainsi que cela s'est déjà vu dans le bassin 
      houiller du Pas de Calais. " (Rapport du Commissaire Spécial 
      de Lens, 12 septembre 1904.) Le 17, Evrard (Florent Evrard (1851-1917), 
      ouvrier mineur, militant syndicaliste et socialiste. Un des pionniers du 
      mouvement corporatif des mineurs à l'époque héroïque 
      du syndicalisme. Secrétaire général du syndicat des 
      mineurs du Pas-de-Calais à partir de 1892. Proche d'abord de Basly 
      et de Lamendin, entre au PSF en 1902 puis adhère à la SFIO 
      en 1905 (notice du Maitron), secrétaire général du 
      même syndicat, préconise " la solidarité qui doit 
      tenir tous les travailleurs indistinctement " ; " s'adressant 
      tout particulièrement aux ouvriers belges nouvellement engagés, 
      il leur fait, sur ce point, un très chaleureux appel. Le sujet permet, 
      d'autre part, à M. Evrard, de rappeler sous des couleurs fort sombres 
      les incidents qui, autrefois, se sont produits dans les houillères 
      du Pas-de-Calais entre ouvriers belges et français. " 
      — 1908, août. Congrès International des Verriers, Paris, 
      Bourse du Travail : l’Internationalisme prévaut.
      
      1.4. Textile (12767)
      
      Rapports évoquent surtout l'action syndicale (création ou 
      projets de création de syndicats), les luttes (les 8 heures, repos 
      hebdo, hausses salaires, rivalités entre Jaunes et Rouges..), les 
      problèmes de chômage... Formes de luddisme (Menace de grève 
      des ouvriers tanneurs de Millau en janvier 1902 pour protester contre l'utilisation 
      de machines allemandes (F7 12768), en avril-mars 1909, contre les métiers 
      Northropp, dans le département du Nord. 
       Nord. Syndicalisme belge apparaît souvent comme 
      un modèle. Cf. en octobre 1901, en présence de Defrise, secrétaire 
      de la Fédération des syndicats textiles du Nord, le maire 
      d'Houplines, au cours d'une réunion publique, fait l'éloge 
      du mouvement corporatif belge, grâce auquel le suffrage universel 
      a été acquis...
      — août 1906 : Congrès National Textile de Tourcoing. 
      Rien à signaler sur la main-d'œuvre étrangère 
      (caisse de grève, tarifs douaniers...)
       Pas-de-Calais. Ouvriers tullistes (3000 à Calais 
      en 1904) —> crise due à la concurrence américaine. 
      Mais rien sur la main-d'œuvre étrangère.
      
      1.5. Terrassiers (12768)
      
      — Conflits violents de la région parisienne, en 1909 notamment 
      —> Sablières de Draveil-Essonnes, Brétigny-sur-Orge 
      (sabotages en juin). A cette occasion, protestations du Syndicat des Terrassiers 
      du Département de Seine-et-Oise contre l'emploi de Bretons (17 janvier 
      1910) : 
      " Tandis que la majeure partie des ouvriers 
      d'Étampes se voit réduite au chômage de par leur propre 
      volonté en cette saison, ces Messieurs [les frères Jardin, 
      adjudicataires des travaux], soit par l'un de leurs représentants, 
      soit par des rabatteurs, font racoler de pauvres diables en Bretagne, qui, 
      pour la plupart, n'ont jamais travaillé dans cette partie. C'est 
      leur droit et ce n'est certes pas à nous, républicains, défenseurs 
      de toutes les libertés, de le leur contester. (...) ces malheureux 
      Bretons qui s'entassent par demi-douzaines dans des taudis plus ou moins 
      exigus (et où c'est à ne pas pénétrer) n'y vivant 
      que d'une pâtée, d'un hareng-saur ou de deux sous de boudin. 
      Et la plupart de ceux qui se risquent à s'éloigner de chez 
      eux sont en partie les risque-tout, non les meilleurs sujets.
      Il ne faudrait cependant pas en conclure, Monsieur le Sous-Préfet, 
      par ce qui précède, que nous avons un parti pris contre eux 
      tous. Tous les prolétaires sont nos frères de misère. 
      Tous ont droit à la vie et ceux-là sont Français. " 
      
      — Nîmes, Réunion des ouvriers terrassiers, mineurs et 
      similaires, 9 avril 1905, pour protester contre l'emploi des ouvriers étrangers. 
      Compte-rendu dans le Petit Républicain du Midi du 11 avril :
      " Considérant que les chantiers de la 
      ville de Nîmes, chantiers du chemin de fer, du département 
      et de la commune sont envahis par les ouvriers étrangers, que les 
      entrepreneurs même sont disposés à occuper au détriment 
      des ouvriers français dont le manque de travail entraîne de 
      plus en plus à la misère (...)
      Considérant que la loi est formelle à cet effet, que l'ouvrier 
      étranger ne doit rentrer dans les chantiers que par chiffre inférieur 
      à moins que les ouvriers français fassent défaut;
      Tous les ouvriers présents à la réunion décident 
      d'envoyer 3 délégués à la préfecture 
      et à la mairie et ensuite s'il y a lieu d'adresser une réclamation 
      au ministre des travaux publics;
      Ils décident en outre d'adresser cette réclamation à 
      M. Fournier, député du Gard, dont son devoir de représentant 
      des ouvriers dicte de s'occuper sérieusement de la question, afin 
      que suite favorable soit donnée à cette démarche dans 
      le plus bref délai. " (...)
      — Drôme, travaux près de la gare de 
      la Coucourde, mai 1907. 213 terrassiers dont 90 Italiens et 3 d'autres nationalités. 
      Une grosse cinquantaine d'ouvriers cessent le travail, en prévenant 
      " qu'ils reviendraient sur le chantier demain matin mais avec des fourches 
      et des fusils pour faire partir les italiens. " 
      En de nombreuses reprises, les terrassiers italiens, en position de force 
      puisque la main-d'œuvre est insuffisante, demandent des tarifs supérieurs 
      et obtiennent en général gain de cause. Ainsi, en juin 1902, 
      une soixantaine d'ouvriers italiens embauchés aux travaux de ballast 
      sur la voie PLM de Nuits-sous-Ravières (Côte d'Or) se voient 
      accorder 40 centimes de l'heure, contre les 0,37 ou 0,38 en vigueur.
      Terrassiers : une population difficile, essentiellement nomade, qui se livre 
      aux jeux, attire souvent les filles de joie (plaintes de maires)... Le Commissaire 
      spécial de Bourg-Madame, le 5 sept. 1906 : " J'ai visité 
      avant-hier les cantines de Fontpédrouse [Pyr Orient]. Un très 
      grand nombre d'ouvriers terrassiers quittent les chantiers pour aller faire 
      les vendanges dans le Roussillon, l'Aude ou l'Hérault. " Ces 
      cantines, dans lesquelles on joue avec des cartes de contrebande, où 
      convergent, les jours de paie (samedi et dimanche) les filles de joie, sont 
      tenues par des Espagnols (Rapport du Commissaire spécial de Bourg-Madame, 
      29 juillet 1906).
      - 1908 : environ 12.000 terrassiers pour Paris et le département 
      de la Seine, dont 8000 syndiqués à peu près. 
      - Fédération Nationales des travailleurs de l'industrie du 
      bâtiment - Syndicat général des Ouvriers Terrassiers, 
      Puisatiers-Mineurs, Tubistes, Poseurs de Rails et Parties similaires de 
      la Seine. Affilié à la CGT.
      - Dans les années 1906-1908, rien sur d'éventuels conflits 
      entre étrangers et français. Les conflits opposent plutôt 
      ouvriers et patrons, syndiqués et non syndiqués... Revendications 
      habituelles des autres corporations : hausse des salaires, journée 
      de 8 heures.
      —1912, Congrès du Bâtiment. Vote de la mention suivante 
      (Cité en post-scriptum (p. 427) par Pirou, qui tient l'information 
      de la Bataille Syndicaliste du 12 avril) :
      " La Commission est d'avis qu'il n'est pas 
      possible d'empêcher les ouvriers étrangers de venir en France. 
      Mais il faut qu'ils exigent les mêmes conditions de travail que les 
      Français. Elle propose de renouveler la motion d'Orléans tendant 
      à rendre plus fréquentes les relations avec les centrales 
      étrangères, et chargeant le Comité fédéral 
      d'organiser des réunions aussi nombreuses que possible, dans les 
      centres d'immigration afin d'annihiler les soi-disant frontières 
      qui sont la honte de la société bourgeoise. " 
      2. F7 12769 à 12771. 
      Congrès des mineurs
      De la lecture des comptes-rendus des congrès internationaux et nationaux 
      de mineurs au tournant du siècle, il ressort que les problèmes 
      les plus importants, aux yeux des mineurs, sont : la diminution du temps 
      de travail (les 8 heures), la grève générale, l'adhésion 
      à la CGT, et les revendications sociales habituelles (minimum de 
      salaire, accidents du travail, retraites...). En revanche, je n'ai rien 
      trouvé sur la main-d'œuvre étrangère. De plus, 
      on observe une affirmation constante de l'entente internationale des mineurs, 
      et plus généralement des travailleurs. De même la lecture 
      des Cahiers de doléances des mineurs français, de Georges 
      Stell, (" imprimés en vertu de la résolution de la Chambre 
      syndicale de St-Etienne du 25 décembre 1882 et adressée à 
      tous les ouvriers mineurs de France " , Paris, Bureaux du Capitaliste, 
      1883, 127 p.) n’apporte rien sur la main-d'œuvre étrangère.
      Cela dit, la pression sur les ouvriers étrangers, italiens en particulier, 
      a pu être telle, que les congrès inquiètent Rome, comme 
      en témoigne la lettre que le préfet de police de Paris envoie 
      au Président du Conseil le 6 août 1901 :
 " Vous avez bien voulu, le 23 juillet dernier, 
      me faire part des craintes exprimées par M. l'Ambassadeur d'Italie 
      que l'on n'eut arrêté, au congrès des mineurs tenu à 
      Paris, des résolutions préjudiciables aux ouvriers étrangers, 
      et vous m'avez fait connaître le désir de M. Delcassé 
      de recevoir des renseignements sur les délibérations de ce 
      congrès. […] Le congrès a voté la création 
      d'un journal mensuel et émis le vœu pour la réunion d'une 
      conférence internationale chargée d'établir un salaire 
      minimum pour chaque pays. Le congrès a enfin adopté le principe 
      de la grève générale pour le mois de novembre prochain. 
      A aucun moment il n'a été question, durant le congrès, 
      des ouvriers étrangers. " 
      
      Comptes rendus plus particulièrement analysés : 
      - Congrès International des Mineurs, Paris (avril 1891)
      - 10° Congrès International des Mineurs, Paris, juin 1895 (Dans 
      le " punch " de clôture Marcel Sembat développe de 
      mot de Marx “Prolétaires de tous pays, unissez-vous !”).
      Congrès International des Mineurs, Paris (juin 1900);
      - Congrès National de Montceau-les-Mines (sept. 1900) : fixation 
      de la journée de 8 heures, nationalisation des mines, projet de loi 
      sur l'organisation de la grève et de la grève générale, 
      création d'un journal corporatif, telles sont les principales questions 
      portées à l'ordre du jour;
      - Congrès de Saint Etienne (1901)
      - Congrès des mineurs du Gard, Alais (avril 1901).
      - Congrès des mineurs des Bouches du Rhône, Gardanne (avril 
      1901).
      - Congrès National d'Alais (mars 1902) : les débats tournent 
      essentiellement autour de la question de la grève générale
      -- Congrès national des mineurs de France, Carmaux, (mai 1903)
      - Congrès National des Mineurs de France, Montceau-les-Mines (mai 
      1908 ). Rien sur la main-d'œuvre étrangère. Ordre du 
      jour : 8 heures, salaires, prud'hommes, accidents travail, travail des enfants, 
      repos hebdomadaire, vacances...
      - Congrès de la Fédération des Mineurs, Lens (mai 1909) 
    
      3. F7 13069. Conférences et congrès 
      internationaux et socialistes. 
      8° Congrès International de Copenhague, 28 août-3 sept. 
      1910. Voir le texte des principales résolutions dans Le Socialisme, 
      n° 43 du 10 sept. 1910. Ce congrès met l'accent sur la solidarité 
      internationale (qui est une des questions à l'ordre du jour), réaffirmation 
      de la lutte des classes.
      Quatrième Commission : La question du Chômage. La Législation 
      protectrice du travail. Il faut avant tout insister sur la différence 
      de signification du thème de la protection du travail. Pour les socialistes, 
      il s'agit de la limitation de la journée de travail (8 heures), de 
      l'interdiction du travail des enfants de moins de 14 ans, de la suppression 
      du travail de nuit, du repos hebdomadaire (36 heures d'affilée), 
      de la suppression du paiement en nature, de la garantie du droit de coalition...
      " Le chômage est le résultat de 
      l'organisation capitaliste de la société, il est impossible 
      de l'en séparer […] Pour empêcher les ouvriers de tomber 
      dans le paupérisme, le Congrès d'Amsterdam a demandé 
      que sous l'administration autonome des travailleurs et avec un traitement 
      égal des étrangers et des nationaux, il soit créé, 
      dans tous les pays, des institutions garantissant des moyens suffisant de 
      subsistance […] "
      4. F713071. Congrès nationaux du POF.
      — 14° Congrès (Lille, 21-24 juillet 1896) : Sur la question 
      " immigration des ouvriers étrangers", le Congrès 
      vote la résolution suivante " Écartant toute mesure tendant 
      à restreindre ou à conditionner la liberté et la circulation 
      des travailleurs, le Congrès donne mandat aux délégués 
      du Parti Ouvrier, de reprendre pour en faire l'objet d'une proposition du 
      Congrès International de Londres, l'art. 4 de notre programme général 
      : Interdiction légale aux patrons d'employer les ouvriers étrangers 
      à un salaire inférieur à celui des ouvriers nationaux. 
      "
      
      — 15° Congrès national (Paris, 11-13 juillet 1897). 
      La 4° question de l'ordre du jour est consacrée au chômage 
      (causes et conséquences). Jules Guesde prend la parole et fait adopter 
      une résolution dont voici un extrait : " Une législation 
      véritablement protectrice du travail, comportant une réduction 
      proportionnelle des adultes, la suppression des travaux de nuit, l'interdiction 
      pour l'enfance, la limitation pour la femme, sera seule de nature à 
      réduire momentanément le fléau qui ne peut disparaître 
      qu'avec le capital et la société qu'il a engendrée. 
      " Rien de précis sur l'immigration.
      Lafargue, dans la 5° question de l'ordre du jour (" Le socialisme 
      et la politique extérieure ") fait adopter une résolution 
      dans quelle il prône " une étroite entente et une action 
      combinée des prolétaires européens de façon 
      à substituer aux actions divisées entre et contre elles, des 
      actions réconciliées dans une société sans exploitation. 
      "
      
      — 16 ° Congrès, Montluçon (sept. 1898). Députés 
      présents : Guesde, Krauss, Zévaès, Bernard, Cadenat, 
      Pastre, Bénézech, Dufour. Anciens députés : 
      Paul Lafargue, René Chauvin. La 4° question de l'ordre du jour 
      est consacrée à : " Antisémitisme et nationalisme 
      ". Voir les photocopies de la résolution sur l'antisémitisme 
      proposée par Zévaes et celle de Guesde sur le nationalisme. 
      A la fin du rapport sur le Congrès, il y a, comme d'habitude, des 
      " considérations " du rédacteur. Sur le point ici 
      étudié, on peut lire : 
      " La décision du 16° Congrès du Parti Guesdiste franchement 
      hostile aux principes de l'antisémitisme et du nationalisme constitue 
      en réalité une attitude nouvelle sur laquelle il convient 
      de s'arrêter ici. Bien qu'au fond Guesde et ses amis aient toujours 
      été les ennemis irréductibles des patriotes qui venaient 
      ouvertement se mettre en travers des principes internationalistes dont les 
      membres du POF. sont les plus dévoués serviteurs en France, 
      jamais jusqu'à ce jour ni le Conseil National, ni aucun congrès 
      annuel ouvrier n'avaient osé prendre une décision ferme à 
      ce sujet. Actuellement, il n'en est plus de même, après la 
      violente campagne de presse menée autour de l'affaire Dreyfus et 
      au cours de laquelle Nationalistes et Antisémites se sont constitués 
      les défenseurs de l'armée, les socialistes longtemps hésitant, 
      en sont arrivés à se déclarer fermement hostiles aux 
      uns et aux autres. Dans l'esprit des Guesdistes, cette grave détermination 
      dans un avenir peut-être prochain, lors d'une période électorale, 
      serait destinée à créer une barrière de séparation 
      infranchissable pour les antisémites et les nationalistes qui n'hésitaient 
      pas autrefois suivant les nécessités à se recommander 
      des principes socialistes, si les suffrages de ceux-ci pouvaient assurer 
      un succès électoral. Plus rien de semblable à l'heure 
      actuelle, les Antisémites sont classés comme réactionnaires 
      par les socialistes qui maintenant paraissent décidés à 
      se séparer ouvertement de Drumont et de ceux qui suivent son étoile. 
      C'est là une des décisions les plus curieuses du Congrès 
      de Montluçon. "
      À la fin du rapport, est évoquée la position ambiguë 
      de Guesde au début de l'affaire Dreyfus. Lors du Congrès, 
      les députés Ferrero (Marseille) et Jean Bertrand (Corbeil) 
      critiquent l'attitude du Conseil National et son manifeste de juillet recommandant 
      l'abstention. Guesde, embarrassé, est contraint d'expliquer sa conduite 
      et se déclare révisionniste.
      
      5. F7 13581. Congrès 
      corporatifs. Congrès de la CGT.
      
      6. Musée Social. 
      Congrès ouvriers
      
      6.1. 2° Congrès National des syndicats 
      ouvriers de France, tenu à Montluçon en octobre 1887 
      (MS : 6778 C14 I)
      Le Maire et le Préfet veulent empêcher 
      l’exhibition du drapeau rouge. Le congrès passe outre. Le citoyen 
      Dormoy (Union similaire de la métallurgie de Montluçon) : 
      
      " le drapeau tricolore, dit-il, est nationaliste, c'est sous ce drapeau 
      que la bourgeoisie a commise [sic] toutes ses trahisons envers la patrie, 
      tous les crimes et les assassinats envers la classe ouvrière. Que 
      de grèves bien conduites et bravement soutenues ont été 
      malgré tout vaincues par l'importation d'ouvriers étrangers 
      ou l'exécution du travail hors de la localité en lutte ! ". 
      
      Dormoy dénonce " les sucriers et raffineurs [qui] remplacent 
      les ouvriers parisiens par des bras appelés d'Italie ou d'Allemagne. 
      " Il termine en disant : 
      " Pour remédier à tous ces mots, 
      pour empêcher les employeurs de faire battre entre eux, pour l'augmentation 
      de leurs profits, les travailleurs des différentes villes des différents 
      pays, les unions nationales et internationales de métiers s'imposent 
      ".
      " Des mesures immédiates protectrices des travailleurs " 
      : journée de 8 heures, socialisation de moyens de production, retrait 
      de la loi de 1872 sur l'Internationale (qui empêche l'entente internationale 
      des travailleurs), suppression des bureaux de placement...
      Dormoy : " les véritables patriotes se trouvent chez les socialistes 
      qui veulent, par l'abolition des frontières, supprimer les guerres 
      de peuples à peuples, dont nous sommes les seuls à payer les 
      criminelles aventures de nos dirigeants. "
      Dans les résolutions, rien de précis sur la main-d'œuvre 
      étrangère
      
      6.2. III° Congrès National Corporatif, 
      Bordeaux, 1888.
      
      A/ Fédération Nationale des syndicats et groupes corporatifs 
      ouvriers de France. Résolutions votées en séance publique 
      le 4 nov. Voir annexe 5.7.
      Rapport de la délégation marseillaise au 3° Congrès....
      Toujours à propos de la main-d'œuvre étrangère 
      :
      " Le citoyen Boulé (Terrassier, puis bûcheron dans la 
      Nièvre) (Paris) déposa un rapport des Chambres syndicales 
      de Paris réglementant l'emploi des ouvriers étrangers et demandant 
      aussi leur limitation. 
      Le citoyen Begué (des marbriers) (Marseille) dit qu'il est injuste 
      que par le fait même de notre hospitalité, nous soyons remplacés 
      dans nos ateliers par des étrangers qui, le plus souvent, viennent 
      en France pour échapper aux charges militaires ou autres imposées 
      dans leurs pays.
      Considérant de plus qu'ils sont cause de l'abaissement des salaires 
      il demande que les ouvriers étrangers ne soient employés que 
      dans la proportion d'un dixième dans l'industrie privée, et 
      qu'ils soient complètement éliminés des travaux communaux 
      et de l'État.
      Le citoyen Farjat [Gabriel Farjat (1857-1930), ouvrier tisseur originaire 
      d'une famille de canuts. Un des pionniers du mouvement socialiste lyonnais.Guesdiste, 
      il compte parmi les fondateurs du POF, dont il est secrétaire général 
      jusqu'en 1884. Essaie en vain de rapprocher blanquistes et guedistes] (Lyon) 
      dit que l'envahissement des étrangers est encouragé par les 
      patron en vue de réduire le prix de la journée ; il demande 
      qu'il soit établi un minimum de salaire égal, avec défense 
      pour les patrons d'employer des étrangers à un prix plus réduits 
      sous les peines les plus sévères.
      Le citoyen Reynaud (Paris) combat toutes les mesures qui pourraient être 
      prises contre les étrangers et s'étonne de ce que les délégués 
      qui se disent internationalistes proposent des mesures qui sont inefficaces, 
      car si l'on empêche les étrangers d'entrer en France on ne 
      pourra arrêter à la frontière les produits manufacturés 
      qui s'introduisent chez nous.
      Le citoyen Martino [Employé d'hôtel, militant ouvrier et socialiste, 
      appartient à l'union socialiste révolutionnaire de tendance 
      guesdiste créée en 1886.] (Marseille) constate que tous les 
      délégués des villes on l'on subit la concurrence des 
      étrangers sont unanimes à demander leur limitation au dixième, 
      ils restent en cela dans les limites de l'internationalisme, puisque sur 
      36 millions d'habitant, nous comptons 2 millions d'étrangers, soit 
      1/18 ; la limitation au dixième ferait donc place à un tiers 
      de plus d'étrangers plus également répartis, de sorte 
      que les corporations qui n'en souffrent pas actuellement feraient acte de 
      solidarité avec ceux qui ont à se plaindre de cette situation.
      Le citoyen Letang (Ouvrier cordonnier puis représentant de commerce, 
      né en 1859. Conseiller municipal de Montluçon.)(Montluçon) 
      dit que si les ouvriers des autres puissances sont malheureux, ils doivent 
      venir là où il y a du travail ; le remède est dans 
      la limitation des salaires ; il admet même que si les étrangers 
      espionnent quelque fois chez nous ils emportent notre progrès, nos 
      idées, nos machines et mûrissent l'idée révolutionnaire 
      à laquelle nous les avons invités de se rallier ; ce que l'ont 
      doit faire, c'est d'empêcher que les patrons paient les ouvriers étrangers 
      à un prix moindre.
      Le citoyen Bonnes ébéniste (Béziers) dit que l'ouvrier 
      français est fatigué de montrer l'exemple des bons sentiments 
      et qu'il est temps, pour lui, de prendre les mesures nécessaires 
      pour assurer l'existence de nos nationaux.
      Le citoyen Maystre (ouvrier ajusteur) (Marseille) dit que Marseille, qui 
      a une population de 400 mille âmes, compte 87.000 étrangers. 
      Parlant des ouvriers employés sur les quais, il dit que sur les 15.000 
      ouvriers il y a 10.000 étrangers ; que les contremaîtres les 
      occupent de préférence aux ouvriers français et qu'il 
      y a toute nécessité de limiter leur emploi pour ne pas entretenir 
      parmi nous une concurrence de bras qui ne profite qu'aux entrepreneurs. 
      "
      
      6.3. XI° Congrès national corporatif 
      (V° de la CGT), Bourse du Travail, Paris, 10-14 septembre 1900.
      Discussions sur " l'entente internationale ".
      De nombreux délégués insistent sur le manque de rapports 
      entre les syndicats français et étrangers. 
      Thomasini, Italien travaillant en France, admet que ses compatriotes travaillent 
      à bas prix : " je leur ai expliqué comment ils font baisser 
      les salaires et leur ai fait comprendre qu'ils ne doivent pas prendre pour 
      base les salaires payés en Italie, mais bien exiger un salaire en 
      rapport avec les prix payés en France. "
      Plusieurs délégués insistent sur le fait que les ouvriers 
      italiens ne parlent pas le français, ce qui les dissuade de se syndiquer 
      et ce qui est aussi à l'origine de leur malléabilité.
      
      6.4. Compte rendu officiel du Congrès 
      National des mineurs, tenu à Commentry du 5 au 9 mars 1891. 
      
      Rien à signaler sur la main-d'œuvre étrangère 
      : proclamations habituelles sur la nécessité d'une entente 
      internationale des travailleurs.
      
      6.5. Fédération des verriers 
      de France. Deuxième congrès tenu à Lyon du 1er 
      au 6 septembre 1891. 
      Rien à signaler sur la main-d'œuvre étrangère 
      dans les rapports et les vœux émis. 
      
      6.6. 3° Congrès de la Fédération des Bourses du 
      Travail , Lyon, 25-27 juin 1894. 
      Rien semble-t-il sur les événements d'Aigues-Mortes.
      
      6.7. Fédération nationale des 
      corporations ouvrières du bâtiment de France. Compte 
      rendu des travaux du V° Congrès, tenu à Tours, 11-13 septembre 
      1896.
      Rien sur la main-d'œuvre étrangère dans l'ordre du jour.