Xénophobie, racisme et attitudes envers les immigrants en France au XIXème siècle /Inventaire des sources du Mouvement ouvrier
Lauren Dornel, agrégé d'histoire, docteur en histoire
Mars 2004
Ce guide est tiré de la thèse de Laurent Dornel qui a nourri l'ouvrage La France hostile, sociohistoire de la xénophobie 1870-1914, Hachette Littératures, Paris, 2004
Sommaire
I] F7 12764 à 12769. Enquêtes économiques et sociales (années 1901-1910).
II] F7 12769 à 12771. Congrès des mineurs
III] F7 13069. Conférences et congrès internationaux et socialistes.
IV] F713071. Congrès nationaux du POF.
V] F7 13581. Congrès corporatifs. Congrès de la CGT.
VI] Musée Social. Congrès ouvriers
1) F7 12764 à 12769. Enquêtes économiques et sociales (années 1901-1910).
1.1. Mineurs (12764)
Syndicat des ouvriers mineurs et similaires de Bézenet (février,
mars 1908). Chambre syndicale des Ouvriers mineurs et similaires du bassin
d'Aubin, Aveyron (avril 1906). Réunion publique à Cransac
(mai 1901). Réunion du syndicat métallurgiste de Decazeville
(mai 1909). Différents rapports sur " les mineurs " du
bassin de Commentry (octobre-décembre 1906). Rapports sur la situation
ouvrière aux houillères de La Machine (Nièvre, fév.1907,
déc.1906, sept.1903, fév.1901). Surveillance du bassin houiller
de Bédarieux (mines de Graissessac et de Bousquet d'Orb, 1901-début
1905) : plaintes contre la modicité des salaires et l’autorité
d'un maître mineur, et contre des mises à pied. On apprend
dans le rapport du 7 février 1901, que les mines de Graissessac emploient
59 étrangers (41 Espagnols., 17 Italiens, et 1 Allemand) qui se sont
tous conformés aux prescriptions de la loi du 8 août 1893.
Situation ouvrière dans le bassin d'Audun-le-Roman (juillet 1907)
: mines de Landres, de Pieuvre, de Tucquegnieux et de Sancy, fabrique de
charbons à lumière, manufacture de draps et papeterie de Mercy
le Bas emploient au total 2488 ouvriers dont 1278 étrangers (1057
Italiens, 68 allemands, 120 Belges, 32 Luxembourgeois, 1 Autrichien) tous
occupés dans les 4 mines (sauf 75 Belges et 25 Luxembourgeois dans
la manufacture). Aucun problème. Nombreuses rixes et bagarres à
Bézenet entre membres des deux syndicats miniers (mai 1902) : rivalités
entre le syndicat " rouge " et le syndicat " jaune "
. Pour l’ensemble de ces dossiers, rien à signaler.
A signaler en revanche :
- 23 juin 1907 : le Commissaire spécial de la police des chemins
de fer de Briey, signale, l'activité de " quelques meneurs italiens
[qui] poussent à la grève " à Landres (Aciéries).
- Avril-mai 1908 : série de rapports du commissaire spécial
de police de chemins de fer de Blanc-Misseron (commune frontière,
Nord) indique des liens étroits entre les mineurs français
et ceux du bassin de Charleroi et du Borinage. Ainsi le Congrès national
extraordinaire des mineurs belges qui a lieu à Charleroi en mai se
traduit-il par une agitation (rumeurs de grève) chez les mineurs
français. Ce risque est connu, ce qui explique la fréquence
et l'exhaustivité des rapports sur le mouvement ouvrier belge.
1.2. Métallurgistes et similaires
(12765)
Les chemises sont classées par département. Je n’ai
pas dépouillé l’ensemble des dossiers, mais choisi quelques
départements.
Bouches du Rhône. 5 juin 1902 : Commissariat spécial
de Marseille à propos de la création d'une Union internationale
des ouvriers métallurgistes de Port de Bouc. " A la suite des
grèves partielles survenues en 1901 et 1902 parmi les ouvriers en
fer de cette localité, des essais furent faits pour créer
un syndicat français de la corporation. Devant le peu de succès
de leur projet, les promoteurs ont décidé la création
de l'union internationale qui paraît avoir quelques chances de réussite,
en raison du nombre considérable d'ouvriers italiens travaillant
dans les " Chantiers Provençaux " . A la fin du mois, ce
syndicat ne compte apparemment guère plus de 80 membres.
Allier. Ouvriers syndiqués métallurgistes
de Montluçon, Ouvriers des forges de Châtillon, Commentry et
Neuves-Maisons (1901-1909). Rien à signaler y compris en période
chômage.
Ariège. 1907. Conflit entre Jaunes et Rouges
Aveyron, juillet 1906. Revendications ouvrières
à la Compagnie des Aciéries de France, à Aubin : journée
de 8 heures, augmentation de salaires.
Belfort. 1901 : rapport du commissaire spécial...
(8 août) : " le syndicat de la métallurgie de Belfort
ne fait plus partie de la Fédération de la Métallurgie
de France. Ce syndicat, qu'une partie de ses fondateurs voudrait nationaliser,
pour en exclure tous les éléments étrangers, a de moins
en moins d'activité ; ainsi, à la dernière réunion
générale, il n'y avait que trente ouvriers syndiqués
qui y assistaient. "
Meurthe-et-Moselle. L'Ouvrier métallurgiste, 1er
janvier 1906. A propos de la catastrophe d'Homécourt du 18 décembre
1905 (dégagement d'oxyde de carbone dans une aciérie) qui
fait 14 morts, dont 11 Italiens. " C'en est assez, à la fin
d'abuser des vies humaines, sous prétexte qu'étant nées
en dehors de France, on n'est pas tenu de faire bénéficier
leurs ayants droits des réparations prévues par la loi sur
les accidents du travail. "
Entre 1901 et 1908, différents rapports (septembre 1908, le Préfet
au Ministre de l'Intérieur, rapports du Commissaire Spécial
de Villerupt...), évoquent la crise qui sévit dans l'industrie
métallurgique, notamment dans le bassin de Longwy. La main-d'œuvre
étrangère est évoquée surtout en 1901 et 1903.
En 1903, le commissaire spécial estime que " les éléments
étrangers (60% à Villerupt et environs) qui figurent dans
l'effectif des travailleurs et leur peu de stabilité ne permettent
guère un groupement sérieux et durable ". Les étrangers
sont donc ici considérés comme une entrave au développement
de l'action syndicale.
En 1901, alors que la crise est extrêmement grave et que ferment un
certain nombre de hauts fourneaux, le problème de la main-d'œuvre
étrangère surgit. Le commissaire spécial de Longwy,
dans son rapport du 27 octobre 1901, motivé en grande partie par
une lettre anonyme demandant le renvoi des étrangers (voir ci-dessous)
évoque les dizaines d'ouvriers qui ont été renvoyés
: " C'est là une situation inquiétante pour le travailleur.
Néanmoins on renvoie de préférence les ouvriers étrangers
et, parmi les français, les nomades et les femmes, en s'attachant
à conserver les anciens serviteurs et particulièrement ceux
qui sont fixés dans le pays. Ce sont donc en dernière analyse
les moins bons éléments qui sont remerciés. "
. Il se passe la même chose en 1908, où la fermeture d'un certain
nombre de hauts fourneaux entraîne des licenciements :
" Pour le moment, écrit le commissaire
spécial, les renvois peu importants qui ont eu lieu ont porté
sur des travailleurs étrangers au pays et les maîtres de forges
se sont attachés à conserver leurs ouvriers spéciaux
ainsi que ceux qui sont fixés dans la région. Cette situation
a préoccupé M. Weber, Consul d'Italie à Luxembourg,
qui est venu se renseigner à Longwy sur l'importance de la réduction
de travail afin de prendre des mesures pour éviter l'émigration
des nombreux ouvriers italiens qui, tous les ans, quittent leur pays pour
venir chercher du travail dans nos usines et dans nos mines ou s'embaucher
sur les chantiers de construction." (16 janvier 1908)
Lettre anonyme adressée au Directeur Gérant du Comptoir métallurgique
de Longwy :
" Au nom de mes camarades je prends la liberté
de vous faire savoir si dans le plus bref délai tout étrangés
nest pas renvoyer pour faire place aux français nous ferons sauter
les ponts et les tunnels et les acqueducs de manière à coupé
toutes communications industrielles dans tous bassins et de mettre la populations
dans la plus noir misère. Agréez Monsieur las salutations
des quarante sept membres de la Société Lorraine. "
Situation identique dans la région de Thionville : " On a commencé
par renvoyer un grand nombre d'ouvriers italiens et belges. Il y a huit
jours un train complet, comprenant environ 600 ouvriers italiens est parti
de Thionville. Tous ces individus regagnent leur pays, faute de travail.
" (Commissaire spécial d'Andun le Roman, 5 octobre 1901)
Tensions entre ouvriers français et étrangers : pour ses travaux
de sondage (recherche de minerai de fer), la Société des Aciéries
de Saint-Chamond " emploiera une dizaine d'ouvriers, tous français,
attendu qu'elle a pour principe, afin d'éviter les difficultés
qui surgissent trop souvent entre ouvriers français et étrangers,
de n'employer que les premiers. " (Commissaire spécial d’Audun,
10 sept. 1901).
- Lunéville, 22 sept. 1905 (Commissaire de police à Préfet)
: " J'ai l'honneur de vous informer, à
toutes fins utiles, qu'en ce moment il se produit parmi les ouvriers français,
un mouvement hostile aux nombreux étrangers occupés à
l'usine de wagons et automobiles de Turkeim. Les ouvriers français,
qui travaillent dans cette usine, reprochent aux patrons d'accepter de préférence
des ouvriers étrangers venant d'Alsace ou d'Allemagne. Une grève
ne serait pas impossible dans quelque temps, grève qui aurait pour
but d'obliger les directeurs à réduire considérablement
le nombre des ouvriers étrangers employés. "
- Longwy, décembre 1906. Création d'un syndicat des ouvriers
de la Fonderie de Charency-Vezin (arrdt Briey), qui compte très rapidement
80 membres et qui est affilié à la Fédération
Nationale de la Métallurgie. Revendications : augmentation des salaires,
renvoi d'un contre-maître, suppression des machines à mouler,
exclusion des ouvriers belges.
Nord. Situation catastrophique de l'industrie métallurgique,
par exemple dans le bassin de Maubeuge, (Rapport du Commissaire spécial
de Feignies, 6 mars 1901) mais pas d'incidence sur la main-d'œuvre
étrangère.
1.3. Verriers (12766)
Tarn. Albi, Carmaux... Problèmes tournent surtout
autour de la syndicalisation et des vexations patronales contre les ouvriers
syndiqués, de l'organisation du 1er mai...
Rhône. Congrès National des Travailleurs du
Verre, Lyon, octobre 1903. La question de la MOE n'est pas abordée
(sujet principal : les retraites ouvrières)
Nord. Aniche : 1901, conflits dus à problèmes
de salaires, respect du repos le dimanche. En 1901, construction d'une nouvelle
verrerie mais
" étant donné que les ouvriers,
choisis par le syndicat pour travailler à la verrerie ouvrière,
sont tenus par des engagements signés, ils ne pourront pas venir
travailler immédiatement dans cette verrerie. Pour obvier à
cette impossibilité et pour ne pas retarder l'ouverture de la verrerie
ouvrière, il a été convenu entre les chef du syndicat
et le sieur Gilles, président du syndicat des verriers belges [Nouvelle
Union Verrière de Belgique], que ce dernier enverra à Aniche
des ouvriers belges, qui s'embaucheront sans signer d'engagements ; puis,
au fur et à mesure que les verriers d'Aniche auront terminé
leur engagement dans les usines, où ils se trouvent actuellement,
ils prendront la place des ouvriers belges " (rapport du Commissaire
spécial de Douai, 7 septembre 1901).
—> les rapports semblent corrects, malgré des frictions
épisodiques, comme en février 1902, où le Réveil
du Nord traite les verriers belges de Jeumont de " très maniables
" . (rapport Com. spécial de Jeumont, 25 février). Ce
journal s'attire une vive réponse d'Edmond Gilles dans La Revanche
des Verriers (Organe officiel des Travailleurs du Verre de Belgique) du
10 mars : " Vouloir prétendre que nous travaillons à
meilleur compte à Jeumont que les français de la localité
ou que ceux d'Aniche c'est de la pure fantaisie. Nous allons le prouver.
"
La plupart des ouvriers verriers de Jeumont, dont bon nombre sont belges,
sont affiliés à la Nouvelle Union Verrière, syndicat
puissant, qui compte, dans le bassin de Charleroi, environ 15000 adhérents.
En 1903, cette ville est en crise : le 1er mars, sur une décision
des actionnaires, la verrerie est mise en cessation d'activité, ce
qui entraîne la mise au chômage d'environ 300 ouvriers, presque
tous belges. Mais cette mesure cache quelque chose, comme le précise
le commissaire spécial : " Des renseignements
recueillis, il résulte que cette mesure, principalement occasionnée
par la situation du marché verrier, a aussi pour but de recruter
un personnel nouveau, disposé à accepter des conditions de
travail moins onéreuses et de secouer ainsi le joug de la Nouvelle
Union Verrière belge " .
— juillet 1903, Commissaire spécial de Valenciennes :
" les ouvriers verriers de Fresnes actuellement
au chômage par suite de réparations aux usines se rendraient
en nombre à Blanc-Misseron, pour faire une manifestation afin d'intimider
les verriers belges travaillant à l'usine Belotte et les amener à
faire partie de leur syndicat. Au cas où cette manifestation resterait
sans effet, les verriers syndiqués de Fresnes auraient l'intention
d'empêcher par la suite les verriers belges de venir travailler à
Blanc-Misseron. Ces tentatives d'intimidation ont déjà eu
lieu à Blanc-Misseron le 25 janvier dernier " .
— l'année suivante (sept. 1904) à Hénin-Liétard,
menaces d'ouvriers verriers syndiqués contre Belges récemment
embauchés. Des petits placards sont apposés un peu partout
sur les murs de la ville, ainsi libellés : " Attention !!! Verriers
belges attention !!! Réfléchissez avant d'agir !! " .
De plus, un appel aux travailleurs en général émanant
des ouvriers non réembauchés est affiché, dans lequel
ces derniers s'en prennent violemment, rapporte le commissaire spécial
de Lens, au " patron internationaliste " et à son "
amour pour les ouvriers belges " . Il n'y a pas d'incident, mais, par
exemple, certains aubergistes refusent de loger et nourrir les ouvriers
belges, par crainte de représailles. En outre, bon nombre de Belges,
" en présence des violences dont ils étaient menacés
" reprennent le chemin de la Belgique (rapport du 17). Le règlement
du conflit intervient 10 jours après, les ouvriers reconnaissant
le droit au patron de " pouvoir compléter son personnel à
défaut d'ouvriers français par des ouvriers étrangers
" . Le dénouement est dû d'une part, au retour des ouvriers
belges qui provoque une grave insuffisance de main-d'œuvre obligeant
le patron à reprendre les anciens ouvriers, et d'autre part, à
l'intervention des mineurs du Pas de Calais. Le 12 septembre, Casimir Beugnet,
trésorier des Syndicats des Mineurs du Pas-de-Calais ! 1861-1910.
Trésorier depuis 1898, conseiller municipal de Lens en 1900.), se
rend à Hénin-Liétard, où il " a laissé
entendre que des incidents pourraient bien se produire entre ouvriers belges
et français, ainsi que cela s'est déjà vu dans le bassin
houiller du Pas de Calais. " (Rapport du Commissaire Spécial
de Lens, 12 septembre 1904.) Le 17, Evrard (Florent Evrard (1851-1917),
ouvrier mineur, militant syndicaliste et socialiste. Un des pionniers du
mouvement corporatif des mineurs à l'époque héroïque
du syndicalisme. Secrétaire général du syndicat des
mineurs du Pas-de-Calais à partir de 1892. Proche d'abord de Basly
et de Lamendin, entre au PSF en 1902 puis adhère à la SFIO
en 1905 (notice du Maitron), secrétaire général du
même syndicat, préconise " la solidarité qui doit
tenir tous les travailleurs indistinctement " ; " s'adressant
tout particulièrement aux ouvriers belges nouvellement engagés,
il leur fait, sur ce point, un très chaleureux appel. Le sujet permet,
d'autre part, à M. Evrard, de rappeler sous des couleurs fort sombres
les incidents qui, autrefois, se sont produits dans les houillères
du Pas-de-Calais entre ouvriers belges et français. "
— 1908, août. Congrès International des Verriers, Paris,
Bourse du Travail : l’Internationalisme prévaut.
1.4. Textile (12767)
Rapports évoquent surtout l'action syndicale (création ou
projets de création de syndicats), les luttes (les 8 heures, repos
hebdo, hausses salaires, rivalités entre Jaunes et Rouges..), les
problèmes de chômage... Formes de luddisme (Menace de grève
des ouvriers tanneurs de Millau en janvier 1902 pour protester contre l'utilisation
de machines allemandes (F7 12768), en avril-mars 1909, contre les métiers
Northropp, dans le département du Nord.
Nord. Syndicalisme belge apparaît souvent comme
un modèle. Cf. en octobre 1901, en présence de Defrise, secrétaire
de la Fédération des syndicats textiles du Nord, le maire
d'Houplines, au cours d'une réunion publique, fait l'éloge
du mouvement corporatif belge, grâce auquel le suffrage universel
a été acquis...
— août 1906 : Congrès National Textile de Tourcoing.
Rien à signaler sur la main-d'œuvre étrangère
(caisse de grève, tarifs douaniers...)
Pas-de-Calais. Ouvriers tullistes (3000 à Calais
en 1904) —> crise due à la concurrence américaine.
Mais rien sur la main-d'œuvre étrangère.
1.5. Terrassiers (12768)
— Conflits violents de la région parisienne, en 1909 notamment
—> Sablières de Draveil-Essonnes, Brétigny-sur-Orge
(sabotages en juin). A cette occasion, protestations du Syndicat des Terrassiers
du Département de Seine-et-Oise contre l'emploi de Bretons (17 janvier
1910) :
" Tandis que la majeure partie des ouvriers
d'Étampes se voit réduite au chômage de par leur propre
volonté en cette saison, ces Messieurs [les frères Jardin,
adjudicataires des travaux], soit par l'un de leurs représentants,
soit par des rabatteurs, font racoler de pauvres diables en Bretagne, qui,
pour la plupart, n'ont jamais travaillé dans cette partie. C'est
leur droit et ce n'est certes pas à nous, républicains, défenseurs
de toutes les libertés, de le leur contester. (...) ces malheureux
Bretons qui s'entassent par demi-douzaines dans des taudis plus ou moins
exigus (et où c'est à ne pas pénétrer) n'y vivant
que d'une pâtée, d'un hareng-saur ou de deux sous de boudin.
Et la plupart de ceux qui se risquent à s'éloigner de chez
eux sont en partie les risque-tout, non les meilleurs sujets.
Il ne faudrait cependant pas en conclure, Monsieur le Sous-Préfet,
par ce qui précède, que nous avons un parti pris contre eux
tous. Tous les prolétaires sont nos frères de misère.
Tous ont droit à la vie et ceux-là sont Français. "
— Nîmes, Réunion des ouvriers terrassiers, mineurs et
similaires, 9 avril 1905, pour protester contre l'emploi des ouvriers étrangers.
Compte-rendu dans le Petit Républicain du Midi du 11 avril :
" Considérant que les chantiers de la
ville de Nîmes, chantiers du chemin de fer, du département
et de la commune sont envahis par les ouvriers étrangers, que les
entrepreneurs même sont disposés à occuper au détriment
des ouvriers français dont le manque de travail entraîne de
plus en plus à la misère (...)
Considérant que la loi est formelle à cet effet, que l'ouvrier
étranger ne doit rentrer dans les chantiers que par chiffre inférieur
à moins que les ouvriers français fassent défaut;
Tous les ouvriers présents à la réunion décident
d'envoyer 3 délégués à la préfecture
et à la mairie et ensuite s'il y a lieu d'adresser une réclamation
au ministre des travaux publics;
Ils décident en outre d'adresser cette réclamation à
M. Fournier, député du Gard, dont son devoir de représentant
des ouvriers dicte de s'occuper sérieusement de la question, afin
que suite favorable soit donnée à cette démarche dans
le plus bref délai. " (...)
— Drôme, travaux près de la gare de
la Coucourde, mai 1907. 213 terrassiers dont 90 Italiens et 3 d'autres nationalités.
Une grosse cinquantaine d'ouvriers cessent le travail, en prévenant
" qu'ils reviendraient sur le chantier demain matin mais avec des fourches
et des fusils pour faire partir les italiens. "
En de nombreuses reprises, les terrassiers italiens, en position de force
puisque la main-d'œuvre est insuffisante, demandent des tarifs supérieurs
et obtiennent en général gain de cause. Ainsi, en juin 1902,
une soixantaine d'ouvriers italiens embauchés aux travaux de ballast
sur la voie PLM de Nuits-sous-Ravières (Côte d'Or) se voient
accorder 40 centimes de l'heure, contre les 0,37 ou 0,38 en vigueur.
Terrassiers : une population difficile, essentiellement nomade, qui se livre
aux jeux, attire souvent les filles de joie (plaintes de maires)... Le Commissaire
spécial de Bourg-Madame, le 5 sept. 1906 : " J'ai visité
avant-hier les cantines de Fontpédrouse [Pyr Orient]. Un très
grand nombre d'ouvriers terrassiers quittent les chantiers pour aller faire
les vendanges dans le Roussillon, l'Aude ou l'Hérault. " Ces
cantines, dans lesquelles on joue avec des cartes de contrebande, où
convergent, les jours de paie (samedi et dimanche) les filles de joie, sont
tenues par des Espagnols (Rapport du Commissaire spécial de Bourg-Madame,
29 juillet 1906).
- 1908 : environ 12.000 terrassiers pour Paris et le département
de la Seine, dont 8000 syndiqués à peu près.
- Fédération Nationales des travailleurs de l'industrie du
bâtiment - Syndicat général des Ouvriers Terrassiers,
Puisatiers-Mineurs, Tubistes, Poseurs de Rails et Parties similaires de
la Seine. Affilié à la CGT.
- Dans les années 1906-1908, rien sur d'éventuels conflits
entre étrangers et français. Les conflits opposent plutôt
ouvriers et patrons, syndiqués et non syndiqués... Revendications
habituelles des autres corporations : hausse des salaires, journée
de 8 heures.
—1912, Congrès du Bâtiment. Vote de la mention suivante
(Cité en post-scriptum (p. 427) par Pirou, qui tient l'information
de la Bataille Syndicaliste du 12 avril) :
" La Commission est d'avis qu'il n'est pas
possible d'empêcher les ouvriers étrangers de venir en France.
Mais il faut qu'ils exigent les mêmes conditions de travail que les
Français. Elle propose de renouveler la motion d'Orléans tendant
à rendre plus fréquentes les relations avec les centrales
étrangères, et chargeant le Comité fédéral
d'organiser des réunions aussi nombreuses que possible, dans les
centres d'immigration afin d'annihiler les soi-disant frontières
qui sont la honte de la société bourgeoise. "
2. F7 12769 à 12771.
Congrès des mineurs
De la lecture des comptes-rendus des congrès internationaux et nationaux
de mineurs au tournant du siècle, il ressort que les problèmes
les plus importants, aux yeux des mineurs, sont : la diminution du temps
de travail (les 8 heures), la grève générale, l'adhésion
à la CGT, et les revendications sociales habituelles (minimum de
salaire, accidents du travail, retraites...). En revanche, je n'ai rien
trouvé sur la main-d'œuvre étrangère. De plus,
on observe une affirmation constante de l'entente internationale des mineurs,
et plus généralement des travailleurs. De même la lecture
des Cahiers de doléances des mineurs français, de Georges
Stell, (" imprimés en vertu de la résolution de la Chambre
syndicale de St-Etienne du 25 décembre 1882 et adressée à
tous les ouvriers mineurs de France " , Paris, Bureaux du Capitaliste,
1883, 127 p.) n’apporte rien sur la main-d'œuvre étrangère.
Cela dit, la pression sur les ouvriers étrangers, italiens en particulier,
a pu être telle, que les congrès inquiètent Rome, comme
en témoigne la lettre que le préfet de police de Paris envoie
au Président du Conseil le 6 août 1901 :
" Vous avez bien voulu, le 23 juillet dernier,
me faire part des craintes exprimées par M. l'Ambassadeur d'Italie
que l'on n'eut arrêté, au congrès des mineurs tenu à
Paris, des résolutions préjudiciables aux ouvriers étrangers,
et vous m'avez fait connaître le désir de M. Delcassé
de recevoir des renseignements sur les délibérations de ce
congrès. […] Le congrès a voté la création
d'un journal mensuel et émis le vœu pour la réunion d'une
conférence internationale chargée d'établir un salaire
minimum pour chaque pays. Le congrès a enfin adopté le principe
de la grève générale pour le mois de novembre prochain.
A aucun moment il n'a été question, durant le congrès,
des ouvriers étrangers. "
Comptes rendus plus particulièrement analysés :
- Congrès International des Mineurs, Paris (avril 1891)
- 10° Congrès International des Mineurs, Paris, juin 1895 (Dans
le " punch " de clôture Marcel Sembat développe de
mot de Marx “Prolétaires de tous pays, unissez-vous !”).
Congrès International des Mineurs, Paris (juin 1900);
- Congrès National de Montceau-les-Mines (sept. 1900) : fixation
de la journée de 8 heures, nationalisation des mines, projet de loi
sur l'organisation de la grève et de la grève générale,
création d'un journal corporatif, telles sont les principales questions
portées à l'ordre du jour;
- Congrès de Saint Etienne (1901)
- Congrès des mineurs du Gard, Alais (avril 1901).
- Congrès des mineurs des Bouches du Rhône, Gardanne (avril
1901).
- Congrès National d'Alais (mars 1902) : les débats tournent
essentiellement autour de la question de la grève générale
-- Congrès national des mineurs de France, Carmaux, (mai 1903)
- Congrès National des Mineurs de France, Montceau-les-Mines (mai
1908 ). Rien sur la main-d'œuvre étrangère. Ordre du
jour : 8 heures, salaires, prud'hommes, accidents travail, travail des enfants,
repos hebdomadaire, vacances...
- Congrès de la Fédération des Mineurs, Lens (mai 1909)
3. F7 13069. Conférences et congrès
internationaux et socialistes.
8° Congrès International de Copenhague, 28 août-3 sept.
1910. Voir le texte des principales résolutions dans Le Socialisme,
n° 43 du 10 sept. 1910. Ce congrès met l'accent sur la solidarité
internationale (qui est une des questions à l'ordre du jour), réaffirmation
de la lutte des classes.
Quatrième Commission : La question du Chômage. La Législation
protectrice du travail. Il faut avant tout insister sur la différence
de signification du thème de la protection du travail. Pour les socialistes,
il s'agit de la limitation de la journée de travail (8 heures), de
l'interdiction du travail des enfants de moins de 14 ans, de la suppression
du travail de nuit, du repos hebdomadaire (36 heures d'affilée),
de la suppression du paiement en nature, de la garantie du droit de coalition...
" Le chômage est le résultat de
l'organisation capitaliste de la société, il est impossible
de l'en séparer […] Pour empêcher les ouvriers de tomber
dans le paupérisme, le Congrès d'Amsterdam a demandé
que sous l'administration autonome des travailleurs et avec un traitement
égal des étrangers et des nationaux, il soit créé,
dans tous les pays, des institutions garantissant des moyens suffisant de
subsistance […] "
4. F713071. Congrès nationaux du POF.
— 14° Congrès (Lille, 21-24 juillet 1896) : Sur la question
" immigration des ouvriers étrangers", le Congrès
vote la résolution suivante " Écartant toute mesure tendant
à restreindre ou à conditionner la liberté et la circulation
des travailleurs, le Congrès donne mandat aux délégués
du Parti Ouvrier, de reprendre pour en faire l'objet d'une proposition du
Congrès International de Londres, l'art. 4 de notre programme général
: Interdiction légale aux patrons d'employer les ouvriers étrangers
à un salaire inférieur à celui des ouvriers nationaux.
"
— 15° Congrès national (Paris, 11-13 juillet 1897).
La 4° question de l'ordre du jour est consacrée au chômage
(causes et conséquences). Jules Guesde prend la parole et fait adopter
une résolution dont voici un extrait : " Une législation
véritablement protectrice du travail, comportant une réduction
proportionnelle des adultes, la suppression des travaux de nuit, l'interdiction
pour l'enfance, la limitation pour la femme, sera seule de nature à
réduire momentanément le fléau qui ne peut disparaître
qu'avec le capital et la société qu'il a engendrée.
" Rien de précis sur l'immigration.
Lafargue, dans la 5° question de l'ordre du jour (" Le socialisme
et la politique extérieure ") fait adopter une résolution
dans quelle il prône " une étroite entente et une action
combinée des prolétaires européens de façon
à substituer aux actions divisées entre et contre elles, des
actions réconciliées dans une société sans exploitation.
"
— 16 ° Congrès, Montluçon (sept. 1898). Députés
présents : Guesde, Krauss, Zévaès, Bernard, Cadenat,
Pastre, Bénézech, Dufour. Anciens députés :
Paul Lafargue, René Chauvin. La 4° question de l'ordre du jour
est consacrée à : " Antisémitisme et nationalisme
". Voir les photocopies de la résolution sur l'antisémitisme
proposée par Zévaes et celle de Guesde sur le nationalisme.
A la fin du rapport sur le Congrès, il y a, comme d'habitude, des
" considérations " du rédacteur. Sur le point ici
étudié, on peut lire :
" La décision du 16° Congrès du Parti Guesdiste franchement
hostile aux principes de l'antisémitisme et du nationalisme constitue
en réalité une attitude nouvelle sur laquelle il convient
de s'arrêter ici. Bien qu'au fond Guesde et ses amis aient toujours
été les ennemis irréductibles des patriotes qui venaient
ouvertement se mettre en travers des principes internationalistes dont les
membres du POF. sont les plus dévoués serviteurs en France,
jamais jusqu'à ce jour ni le Conseil National, ni aucun congrès
annuel ouvrier n'avaient osé prendre une décision ferme à
ce sujet. Actuellement, il n'en est plus de même, après la
violente campagne de presse menée autour de l'affaire Dreyfus et
au cours de laquelle Nationalistes et Antisémites se sont constitués
les défenseurs de l'armée, les socialistes longtemps hésitant,
en sont arrivés à se déclarer fermement hostiles aux
uns et aux autres. Dans l'esprit des Guesdistes, cette grave détermination
dans un avenir peut-être prochain, lors d'une période électorale,
serait destinée à créer une barrière de séparation
infranchissable pour les antisémites et les nationalistes qui n'hésitaient
pas autrefois suivant les nécessités à se recommander
des principes socialistes, si les suffrages de ceux-ci pouvaient assurer
un succès électoral. Plus rien de semblable à l'heure
actuelle, les Antisémites sont classés comme réactionnaires
par les socialistes qui maintenant paraissent décidés à
se séparer ouvertement de Drumont et de ceux qui suivent son étoile.
C'est là une des décisions les plus curieuses du Congrès
de Montluçon. "
À la fin du rapport, est évoquée la position ambiguë
de Guesde au début de l'affaire Dreyfus. Lors du Congrès,
les députés Ferrero (Marseille) et Jean Bertrand (Corbeil)
critiquent l'attitude du Conseil National et son manifeste de juillet recommandant
l'abstention. Guesde, embarrassé, est contraint d'expliquer sa conduite
et se déclare révisionniste.
5. F7 13581. Congrès
corporatifs. Congrès de la CGT.
6. Musée Social.
Congrès ouvriers
6.1. 2° Congrès National des syndicats
ouvriers de France, tenu à Montluçon en octobre 1887
(MS : 6778 C14 I)
Le Maire et le Préfet veulent empêcher
l’exhibition du drapeau rouge. Le congrès passe outre. Le citoyen
Dormoy (Union similaire de la métallurgie de Montluçon) :
" le drapeau tricolore, dit-il, est nationaliste, c'est sous ce drapeau
que la bourgeoisie a commise [sic] toutes ses trahisons envers la patrie,
tous les crimes et les assassinats envers la classe ouvrière. Que
de grèves bien conduites et bravement soutenues ont été
malgré tout vaincues par l'importation d'ouvriers étrangers
ou l'exécution du travail hors de la localité en lutte ! ".
Dormoy dénonce " les sucriers et raffineurs [qui] remplacent
les ouvriers parisiens par des bras appelés d'Italie ou d'Allemagne.
" Il termine en disant :
" Pour remédier à tous ces mots,
pour empêcher les employeurs de faire battre entre eux, pour l'augmentation
de leurs profits, les travailleurs des différentes villes des différents
pays, les unions nationales et internationales de métiers s'imposent
".
" Des mesures immédiates protectrices des travailleurs "
: journée de 8 heures, socialisation de moyens de production, retrait
de la loi de 1872 sur l'Internationale (qui empêche l'entente internationale
des travailleurs), suppression des bureaux de placement...
Dormoy : " les véritables patriotes se trouvent chez les socialistes
qui veulent, par l'abolition des frontières, supprimer les guerres
de peuples à peuples, dont nous sommes les seuls à payer les
criminelles aventures de nos dirigeants. "
Dans les résolutions, rien de précis sur la main-d'œuvre
étrangère
6.2. III° Congrès National Corporatif,
Bordeaux, 1888.
A/ Fédération Nationale des syndicats et groupes corporatifs
ouvriers de France. Résolutions votées en séance publique
le 4 nov. Voir annexe 5.7.
Rapport de la délégation marseillaise au 3° Congrès....
Toujours à propos de la main-d'œuvre étrangère
:
" Le citoyen Boulé (Terrassier, puis bûcheron dans la
Nièvre) (Paris) déposa un rapport des Chambres syndicales
de Paris réglementant l'emploi des ouvriers étrangers et demandant
aussi leur limitation.
Le citoyen Begué (des marbriers) (Marseille) dit qu'il est injuste
que par le fait même de notre hospitalité, nous soyons remplacés
dans nos ateliers par des étrangers qui, le plus souvent, viennent
en France pour échapper aux charges militaires ou autres imposées
dans leurs pays.
Considérant de plus qu'ils sont cause de l'abaissement des salaires
il demande que les ouvriers étrangers ne soient employés que
dans la proportion d'un dixième dans l'industrie privée, et
qu'ils soient complètement éliminés des travaux communaux
et de l'État.
Le citoyen Farjat [Gabriel Farjat (1857-1930), ouvrier tisseur originaire
d'une famille de canuts. Un des pionniers du mouvement socialiste lyonnais.Guesdiste,
il compte parmi les fondateurs du POF, dont il est secrétaire général
jusqu'en 1884. Essaie en vain de rapprocher blanquistes et guedistes] (Lyon)
dit que l'envahissement des étrangers est encouragé par les
patron en vue de réduire le prix de la journée ; il demande
qu'il soit établi un minimum de salaire égal, avec défense
pour les patrons d'employer des étrangers à un prix plus réduits
sous les peines les plus sévères.
Le citoyen Reynaud (Paris) combat toutes les mesures qui pourraient être
prises contre les étrangers et s'étonne de ce que les délégués
qui se disent internationalistes proposent des mesures qui sont inefficaces,
car si l'on empêche les étrangers d'entrer en France on ne
pourra arrêter à la frontière les produits manufacturés
qui s'introduisent chez nous.
Le citoyen Martino [Employé d'hôtel, militant ouvrier et socialiste,
appartient à l'union socialiste révolutionnaire de tendance
guesdiste créée en 1886.] (Marseille) constate que tous les
délégués des villes on l'on subit la concurrence des
étrangers sont unanimes à demander leur limitation au dixième,
ils restent en cela dans les limites de l'internationalisme, puisque sur
36 millions d'habitant, nous comptons 2 millions d'étrangers, soit
1/18 ; la limitation au dixième ferait donc place à un tiers
de plus d'étrangers plus également répartis, de sorte
que les corporations qui n'en souffrent pas actuellement feraient acte de
solidarité avec ceux qui ont à se plaindre de cette situation.
Le citoyen Letang (Ouvrier cordonnier puis représentant de commerce,
né en 1859. Conseiller municipal de Montluçon.)(Montluçon)
dit que si les ouvriers des autres puissances sont malheureux, ils doivent
venir là où il y a du travail ; le remède est dans
la limitation des salaires ; il admet même que si les étrangers
espionnent quelque fois chez nous ils emportent notre progrès, nos
idées, nos machines et mûrissent l'idée révolutionnaire
à laquelle nous les avons invités de se rallier ; ce que l'ont
doit faire, c'est d'empêcher que les patrons paient les ouvriers étrangers
à un prix moindre.
Le citoyen Bonnes ébéniste (Béziers) dit que l'ouvrier
français est fatigué de montrer l'exemple des bons sentiments
et qu'il est temps, pour lui, de prendre les mesures nécessaires
pour assurer l'existence de nos nationaux.
Le citoyen Maystre (ouvrier ajusteur) (Marseille) dit que Marseille, qui
a une population de 400 mille âmes, compte 87.000 étrangers.
Parlant des ouvriers employés sur les quais, il dit que sur les 15.000
ouvriers il y a 10.000 étrangers ; que les contremaîtres les
occupent de préférence aux ouvriers français et qu'il
y a toute nécessité de limiter leur emploi pour ne pas entretenir
parmi nous une concurrence de bras qui ne profite qu'aux entrepreneurs.
"
6.3. XI° Congrès national corporatif
(V° de la CGT), Bourse du Travail, Paris, 10-14 septembre 1900.
Discussions sur " l'entente internationale ".
De nombreux délégués insistent sur le manque de rapports
entre les syndicats français et étrangers.
Thomasini, Italien travaillant en France, admet que ses compatriotes travaillent
à bas prix : " je leur ai expliqué comment ils font baisser
les salaires et leur ai fait comprendre qu'ils ne doivent pas prendre pour
base les salaires payés en Italie, mais bien exiger un salaire en
rapport avec les prix payés en France. "
Plusieurs délégués insistent sur le fait que les ouvriers
italiens ne parlent pas le français, ce qui les dissuade de se syndiquer
et ce qui est aussi à l'origine de leur malléabilité.
6.4. Compte rendu officiel du Congrès
National des mineurs, tenu à Commentry du 5 au 9 mars 1891.
Rien à signaler sur la main-d'œuvre étrangère
: proclamations habituelles sur la nécessité d'une entente
internationale des travailleurs.
6.5. Fédération des verriers
de France. Deuxième congrès tenu à Lyon du 1er
au 6 septembre 1891.
Rien à signaler sur la main-d'œuvre étrangère
dans les rapports et les vœux émis.
6.6. 3° Congrès de la Fédération des Bourses du
Travail , Lyon, 25-27 juin 1894.
Rien semble-t-il sur les événements d'Aigues-Mortes.
6.7. Fédération nationale des
corporations ouvrières du bâtiment de France. Compte
rendu des travaux du V° Congrès, tenu à Tours, 11-13 septembre
1896.
Rien sur la main-d'œuvre étrangère dans l'ordre du jour.