Les mouvements ouvriers et l'immigration en Allemagne et en Belgique :  quelques documents.

Documents rassemblés et présentés par C. Pierre, Docteur en Histoire.

Sommaire

  En Allemagne  : 
Briseurs de grèves italiens en Prusse, 1905
Les Italiens en Allemagne, 1914

  En Belgique  : 
A.Delattre, la main d'oeuvre des mines, 1914
A.Lombard, la main d'oeuvre des mines, 1914
Congrès de la commission syndicale, 1926
J. de Paternotre, les ouvriers italiens, 1950

ALLEMAGNE

Carl Sonnenschein (prêtre), " Briseurs de grève italiens et police prussienne ".

" Extrait de mon journal, 30 juillet 1905 ", in René del Fabbro, " L'immigration italienne dans le Reich impérial allemand (1870-1914) ", BECHELLONI (Antonio), DREYFUS (Michel) et MILZA (Pierre), L'intégration italienne en France. Un siècle de présence italienne dans trois régions françaises, Bruxelles, Complexe, 1995.

" J'entends parler du lock-out des pauvres travailleurs italiens, que l'on utilise comme briseurs de grève. Voilà une raison de plus pour examiner une bonne fois pour toutes la situation. Mon Dieu que d'histoire au sujet de ces grèves brisées! Ce sont des agents sans scrupules qui sont allés chercher ces gens-là, ils leur promettent de bons salaires et ne leur parlent ni de grève ni de lock-out. Lorsqu'ils sont sur les lieux, on cherche à les persuader que les travailleurs allemands leur en veulent, qu'ils ne doivent pas tenter de sortir vu le danger d'être la proie du lynchage, on les entoure très soigneusement de policiers et on les enferme hermétiquement dans leur ignorance à l'abri de toute explication. "

" Gli Italiani in Germania "

Giacomo Pertile, fonctionnaire italien chargé de l'émigration à Cologne, 1914. Bulletin de l'émigration , 12, Rome, 1914, p.23.

 Bien sûr le jour viendra où l'Allemagne sera contrainte de fermer ses portes à l'émigration étrangère. Le développement industriel semble être parvenu au sommet de la parabole, tandis que la population croît chaque année très rapidement... (...) Avec la croissance rapide de la population allemande augmente donc aussi la probabilité qu'elle puisse faire face d'elle-même aux besoins du marché du travail. Ce jour-là marquera naturellement la fin de l'émigration des ouvriers étrangers vers l'Allemagne, du moins dans les proportions actuelles puisque l'Allemagne sera alors contrainte d'empêcher cette émigration, dans le but de protéger son travail national. "

BELGIQUE

A. Delattre, " La main-d'oeuvre dans les mines "

dans L'ouvrier mineur, n°2, 30 janvier 1914.

 " Je pense que nous ne pouvons nous désintéresser de cette raréfaction de la main-d'oeuvre minière, car après avoir été un bien pour les ouvriers, elle peut devenir un mal par l'introduction de travailleurs étrangers. Peu éduqués, ayant des besoins moindres, ceux-ci sont disposés à accepter des salaires inférieurs. De ce fait, il se crée entre les travailleurs des antagonismes funestes à l'entente qui détruiront la solidarité nécessaire dans notre lutte permanente pour le mieux-être... "

A. Lombard, " Edifions les mineurs "

dans L'ouvrier mineur, n°6, 25 mars 1914.

 " Si l'on veut reconquérir à la mine, l'ancienne, le bonne et utile main-d'oeuvre qu'elle a besoin, non seulement, il faut appliquer loyalement et intégralement la loi des 9 heures, mais il faut préparer la journée des 8 heures, améliorer les pensions et les facilités de l'obtenir, démocratiser les lavoirs-douches, accentuer l'hygiène et la ventilation, mais il faut encore - et le plus tôt sera le mieux - réformer complètement la méthode de rémunération de ce tuant travail de mineur EN INSTITUANT UN MINIMUM DE SALAIRE GARANTI... "

Congrès extraordinaire de la Commission syndicale, 31 janvier 1926,

" Une résolution de la Commission Syndicale belge ", La Voix du Peuple , janvier-février 1926, n°69.

 " Le Congrès extraordinaire de la Commission syndicale, réuni le 31 janvier 1926, à la Maison du Peuple de Bruxelles;

 Délibérant sur le rapport relatif à la main-d'oeuvre étrangère en Belgique, déclare que  : 

 D'autre part, considérant la nécessité absolue, pour les immigrés, de faire partie de leur organisation syndicale, mais tenant compte des difficultés considérables qui ont, jusqu'à présent, empêché l'application de ce principe, le Congrès décide  : 

Lettre de J.de Paternotre, secrétaire fédéral de la Fédération chrétienne des ouvriers de la pierre, de la céramique et du verre du Centre à L. Dereau, secrétaire général de la C.S.C. (Confédération des syndicats chrétiens)

Soignies, 23 septembre 1950. (cité in Marie-Thérèse Coenen, Renée Dresse et Michèle Stessel, " Le mouvement syndical belge face à l'immigration ", dans Migrance 4-5 Belgique pp. 43-61.)

 " ... Après un certain apprentissage, les Italiens donneront, certainement à plusieurs points de vue, au patron plus de satisfaction que des Belges.

 En effet, les Italiens sont réfractaires, en général, à l'organisation syndicale. De plus, ils sont logés de façon à être complètement à la merci du patron...

 Je dois également vous signaler, que le nombre d'Italiens occupés aux Carrières de Quenast, est déjà important  :  300 à 350 Italiens sur un personnel de 850 ouvriers; qu'ils sont répartis, très ingénieusement, dans toutes les divisions, c'est vous dire qu'une cinquième colonne est à pied d'oeuvre pour saboter, éventuellement en cas de grève, la résistance ouvrière... "

[ Retour à l'index de la rubrique ]