Après avoir privilégié les études de cas au cours des années précédentes, le séminaire sera consacré, en 2000-2001, à une réflexion plus globale sur la question nationale. Au niveau méthodologique, nous verrons en quoi l'approche socio-historique peut permettre de renouveler un domaine de recherche qui a surtout été exploré, jusqu'ici, par l'histoire politique et, plus récemment, par l'histoire culturelle. Dans cette perspective, on s'intéressera plus particulièrement aux formes de mobilisation qui ont permis l'émergence des revendications nationales dans le monde en analysant plus notamment l'histoire du "principe des nationalités" dans l'Europe du XIXe siècle et les luttes contre la domination coloniale en Amérique, en Afrique et en Asie. Une autre grande préoccupation du séminaire sera de mieux comprendre le processus historique de "nationalisation" des sociétés, notamment à partir du moment où une nation se transforme en Etat-nation. C'est dans cette perspective qu'on abordera les phénomènes d'assimilation nationale. On accordera aussi une importance particulière aux facteurs juridiques et institutionnels (le rôle de l'histoire diplomatique dans le processus d'émergence des nations, le rôle du droit de la nationalité dans le processus social de séparation des nationaux et des étrangers). L'histoire de l'immigration, l'histoire coloniale et l'histoire des rapports région/nation seront particulièrement sollicitées. La perspective résolument comparatiste adoptée ici permettra de montrer, au-delà de l'extrême diversité des phénomènes nationaux, quels sont leurs points communs et leurs différences.

G. Noiriel