Gérard NOIRIEL
Les relations de pouvoir dans la société française
Les lundis de 10h à 12h, École des Hautes Études
en Sciences Sociales
(salle 2, 105 Bd Raspail)
L’histoire des relations de pouvoir est un domaine de recherches très différent
de l’histoire politique. Son but est d’étudier les activités sociales qui
permettent à certains individus d’orienter (gouverner) la conduite des autres,
les discours grâce auxquels ce pouvoir est justifié, les réactions des personnes
placées dans ces rapports de dépendance. Contrairement aux préjugés qui
ont longtemps sous-tendu les analyses sur ce sujet, il ne s’agit nullement
ici de dénoncer le pouvoir comme un phénomène négatif, un mal qu’il faudrait
combattre. Les relations de pouvoir peuvent être fondées sur la contrainte
et la force (exemple du pouvoir d’Etat en tant que pouvoir souverain), mais
aussi sur la solidarité et l’affection (exemple de la famille). Cette année,
le séminaire approfondira la question en privilégiant deux problèmes essentiels
dans l’histoire contemporaine de la France.
1. La lutte contre la maltraitance
2e et 4e lundis du mois, de 10h à 12h (salle 2, 105 Bd Raspail), à partir
du 8 novembre.
La loi de 1889 sur la déchéance paternelle constitue une rupture majeure
dans l’histoire des relations de pouvoir qui structurent la sphère familiale.
Désormais l’Etat peut en effet intervenir dans les affaires de famille pour
protéger les enfants victimes des mauvais traitements infligés par leurs
parents. Depuis cette date, les différents acteurs qui agissent au nom des
" droits de l’enfant " se sont immiscés de plus en plus dans la
vie privée des citoyens pour combattre la " maltraitance " (terme
apparu très récemment dans le vocabulaire français). Cette partie du séminaire
montrera comment, depuis le XIXe siècle, le pouvoir d’Etat et ses agents
ont agi pour défendre les intérêts des enfants maltraités, en s’attaquant
aux formes les plus arbitraires du pouvoir parental (et surtout paternel),
tout en soulignant les aspects contradictoires de cette politique sociale,
notamment le rôle qu’elle a joué dans l’" étatisation " de la
société française.
2. La construction des discriminations dans l’espace public
(1er et 3e lundis du mois, de 10h à 12h (salle 2, 105 Bd Raspail), à partir
du 15 novembre.
En 1889, la IIIe République a adopté une autre loi fondamentale pour l’histoire
contemporaine de la France : la loi sur la nationalité française qui codifie
rigoureusement la séparation entre les nationaux et les étrangers. L’analyse
des " affaires " qui ont abouti à l’adoption des mesures s’attaquant
aux nomades (1912), aux naturalisés (1927-38) et aux " signes religieux
ostensibles " à l’école (2004) permettra de mieux comprendre comment
se construisent et se reproduisent les discriminations entre " eux
" et " nous " dans l’espace public français depuis le XIXe
siècle.
Première séance le lundi 8 novembre 2004.
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