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La nature de l'échange sur Internet



Thomas 
Serval

Harvard University/ENS

serval@fas.harvard.edu

L'Internet fait coexister des services marchands et non marchands. Or si les premières contributions à l'Internet étaient largement non marchandes et coopératives via des réseaux de chercheurs, de plus en plus d'acteurs marchands entrent sur les réseaux et proposent des services marchands ou gratuits. Le but de cette présentation sera d'expliciter les logiques économiques du Net et de montrer notamment que le gratuit n'est pas forcément non marchand...

Quelques caractéristiques économiques du réseau

- Les effets de réseau - Les économistes parlent d'effet de réseau ou d'externalité de réseau lorsque l'utilité que chacun tire du réseau croît avec le nombre d'utilisateurs de ce même réseau. Si il n'y a aucune contrainte, la taille optimale du réseau est infinie. On peut citer plusieurs types de contraintes (congestion du réseau; coût de connexion; sécurité).

- Le coût marginal nul - Pour que les théorèmes classiques de l'économie de marché fonctionnent, il faut qu'à partir d'un certain point le coût de fabrication d'une unité supplémentaire d'un bien soit non-nul. Or sur le réseau, une fois le bien produit, son coût de réplication est nul. Ce résultat viole la plupart des intuitions économiques traditionnelles et est à la base de l'économie de l'Internet (comparaison entre uneentreprise industrielle et un fabricant de logiciel).

Le problème de la valeur des biens

- La nature des biens échangés - L'émergence du réseau a entraîné la normalisation des échanges d'information au format TCP/IP. Chaque information échangée sur le réseau peut se résumer à un échange de bits. Au vu des caractéristiques techniques des biens échangés, on peut en inférer les caractéristiques économiques. Les biens informationnels échangés sont homogènes et durables et leur valeur décroît exponentiellement avec le temps (exemple des informations d'un journal quotidien). L'absence de rareté des biens informationnels conduit en théorie à leur attribuer un prix nul; les économistes parlent de biens publics (exemple l'air).

- La privatisation des biens publics - Intuitivement on voit que ces prédictions ne sont pas réalistes; on est parfois prêt à payer très cher pour être le premier à avoir une information. La théorie prédit que la valeur est non nulle au moment de la délivrance et devient nulle juste après. De plus chaque information à une valeur différente suivant les utilisateurs; un turfiste sera intéressé par le résultat des courses tandis qu'un investisseur préférera payer pour connaître les cours de la Bourse.

Comment résoudre le problème de l'absence de valeur des informations?

Deux voies sont possibles, la régulation ou la quantité:

- L'analyse de la transaction - Toutes les opérations sur un réseau normalisé sont faites de 0 et de 1. Dès lors, leurs transfert, duplication, traitement, se font à un coût très faible. Une transaction électronique n'est donc pas équivalente à une transaction papier car le coût de son agrégation est nul (en théorie, ou tout du moins très faible), dans la mesure où les informations sont de nature homogène. On peut donc écrire un autre chapitre de l'analyse traditionnelle de la transaction après le troc et la vente; on entre dans l'ère de l'échange d'information.

La nature de la production et de la consommation d'information, qui était l'exception dans l'économie réelle devient la norme dans l'économie virtuelle. Il est donc temps de revoir les analyses économiques traditionnelles.
Ce document a été traduit de LATEX par HEVEA.

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