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L'encadrement juridique d'Internet



Audrey 
Yayon-Dauvet

Avocat a la Cour

scamyn@clubinternet.fr

On ne peut ignorer les interactions propres à notre époque entre le droit et les apports des nouvelles technologies, qui semblent provoquer de profonds bouleversements dans l'ordre juridique établi, comme pour toute avancée technologique substantielle. Confrontés à des usages parfois déroutants, les théoriciens du droit ont une alternative, à défaut de «laisser faire»: s'adapter à Internet à partir d'un terreau existant ou créer des espèces inédites et voir naître de nouvelles racines, un droit sui generis plus adéquat à la technologie visée.

Diverses opinions s'opposent au sujet de l'appréhension d'Internet par le droit: les problématiques sont renouvelées à cause du caractère transnational d'Internet, de la variété des contenus et de l'évolution très rapide des techniques et de l'attitude des acteurs et utilisateurs.

Il est communément admis que les usages d'Internet ont une place prépondérante sur le réseau des réseaux, qui ne connaît pas de frontières, du moins matérielles. Dès lors, concevoir un encadrement juridique dans des contextes nationaux distincts pour maîtriser une activité internationale et immatérielle semble illusoire. Une telle absence de limites et de frontières pourrait avoir pour conséquence que les régimes juridiques nationaux, dépassés par cette technique, laissent le réseau «s'auto-réguler» et respecter ses propres usages.

En l'espèce, c'est une réalité, les usages précèdent toujours le droit sur Internet (cf. la «Netiquette»). Des règles naissent, mais leur unification au niveau international paraît lointaine, bien qu'une loi sur Internet sera débattue en France en l'an 2000. Mais risque-t-elle d'apporter de nouveaux concepts juridiques? Il est permis d'en douter, l'ensemble des textes à ce jour disponibles sur ce projet se raccrochant invariablement à un arsenal existant, remettant par ailleurs en cause la théorie selon laquelle Internet serait une zone de non-droit.

Ce propos peut être illustré par le régime juridique des noms de domaine: leur caractère universel s'oppose aux principes de territorialité et de spécialité du droit commun des signes distinctifs. Aucune transposition de ces principes ne semble pertinente, les noms de domaine n'étant finalement que des adresses ---certes, reprenant le plus fréquemment des signes distinctifs déjà existants---, des moyens d'identifier et de localiser un site Web.

Appliquer des solutions «rodées» ---adaptées à la spécificité d'Internet--- et émanant d'usages en apportant des éléments juridiques pertinents semble être le régime le plus pertinent en la matière: Internet ne crée pas de nouveaux problèmes juridiques, il ne fait que les amplifier et les révéler. Ainsi en est-il pour le piratage, problème connu mais qui donne une nouvelle dimension au phénomène de copie, ou encore pour les forums de discussion transmettant des informations mensongères ou constituant des atteintes à l'ordre public et aux bonnes moeurs.

La véritable régulation d'Internet sur laquelle il convient de méditer passe ainsi par une application cumulative de divers modes de régulation. Elle connaîtra cependant un réel essor si les acteurs d'Internet manifestent la volonté de les promouvoir. On ne saurait se contenter du droit, bien qu'il présente des «éléments de solution»; l'intégration des réponses issues de la pratique et des usages est simplement indiscutable.


Ce document a été traduit de LATEX par HEVEA.

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