AVIS SUR LA SIXIEME ÉDITION

N. B. Sans doute ce Dictionnaire peut être consulté à livre ouvert; mais il sera bien plus utile au lecteur si, comme pour tous les livres remplis de beaucoup de choses en peu de mots, il fait une étude particulière de son système de rédaction, d’abréviation, qui fit dire à M. Geoffroi, en parlant de la première édition de cet ouvrage, qu’il offrait la solution de ce problème : donner en moins de mots le plus de choses possible. L’Auteur, en le portant successivement jusqu’à l’in-4o , ne s’est cependant point écarté de cette méthode; il a pensé que le laconisme est l’une des premières qualités de la rédaction du Dictionnaire de la langue d’une nation impatiente, douce d’une intelligence vive et prime-sautière, entendant à demi-mot. D’ailleurs ceux qui consultent un Dictionnaire ne le font que par une diversion nécessaire, dans un moment parfois d’ignorance, d’hésitation; et des détails inutiles, au lieu de les éclairer, rompent l’association de leurs idées et les impatientent.

Plusieurs circonstances dont le concours est rare facilitèrent à l’Auteur la rédaction de ce Dictionnaire : son éducation à Juilly, cette célèbre académie royale où plusieurs professeurs réunis lui donnèrent du moins une teinture de presque toutes les sciences, depuis les mathématiques transcendantes jusqu’au blason; puis la lecture, dans la solitude de sa jeunesse consacrée au barreau, de livres de lois, etc. , et par distraction, de l’Encyclopédie, de Buffon, Muller, partie de Voltaire ? L’Année littéraire, etc. , etc.; ensuite la fréquentation du barreau; puis, lors des bouleversements de toutes les conditions , la propriété d’une imprimerie qu’il posséda vingt ans et particulièrement employée par des savants, de la Lande, Vicq d’Azyr, Montucla, La Mettrie, Quatremère de Quincy, Millin, etc.; des liaisons intimes avec des médecins, MM. Bayle, Robert, etc. , etc.; ses travaux pour la composition de l’Univers délivré; la fréquentation long-temps journalière de la Bibliothèque royale, dont les conservateurs bienveillants MM. Capperonnier, Van Praët et de la Manne lui donnèrent toujours toutes les facilités pour ses recherches, lui indiquant même les bonnes sources; enfin sa retraite forcée à la campagne, où depuis plus de vingt-cinq années il ne s’occupa que des objets de ce travail : tels sont les avantages circonstanciels qui purent, avec une mémoire fidèle et la patience, lui donner une aptitude particulière pour la rédaction d’un Dictionnaire dont nul ne connaît l’excessive difficulté, s’il ne s’en occupe lui-même : les Lecteurs peuvent s’en faire du moins une idée qui doit les porter à l’indulgence, s’ils pensent que c’est la réunion d’un nombre presque incalculable d’articles pleins de choses, dans lesquels la moindre faute est saillante, et dont chacun doit être un petit chef - d’œuvre de rédaction analytique, sans omission comme sans addition inutile.

N. B En 1808, M. le comte FOURCROY ,Conseiller-d’État, Directeur général de l’Instruction publique, après avoir examiné cet ouvrage (3e édition), l’a jugé digne d’être admis dans les Bibliothèques des Lycées et l’a désigné pour être donné en prix aux distributions de la fin de l’année.

N. B. Toutes les phrases qui ne sont point accompagnées de noms propres, sont dues, sinon à la mémoire de l’Auteur parfois enrichi par la suppression typographique du nom des propriétaires; elles étaient nécessaires pour compléter les exemples d’emploi, d’acceptions de mots, et de plus leur faiblesse donne de l’éclat à celles qui les entourent.

L’Auteur ne peut quitter ses Lecteurs sans exprimer sa vive reconnaissance pour les personnes qui ont bien voulu se faire ses collaborateurs, en lui envoyant des mots nouveaux, des observations, etc. , etc.

Il recevra toujours, avec le même sentiment, tout ce qui peut contribuer à perfectionner et enrichir son Ouvrage et notre belle Langue, éternel monument de nos grandeurs.