MANUEL DE GRAMMAIRE.

DICTIONNAIRES DES SYNONYMES.

Les nuances et les différences entre les acceptions et définitions d’un grand nombre de mots sont fortement prononcées au Dictionnaire des Synonymes, dont, en y ajoutant beaucoup de nouveaux articles, l’Auteur a fait une rédaction nouvelle pour faire entrer dans quelques feuilles ce qui remplit aujourd’hui deux forts volumes in-8°. Cette rédaction offre toujours le trait distinctif des choses, et le fait mieux ressortir qu’une longue dissertation. Pour la commodité du LECTEUR, il a non seulement désigné chaque mot ayant un synonyme par ce signe (syn.), qui renvoie au Dictionnaire particulier, mais il en a donné une Table. (Voy : à la fin.)

 

DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DE LA LANGUE. – ABRÉGÉ DE GRAMMAIRE.

La concordance des mots ne suffisant pas pour offrir le système grammatical de la Langue française, l’Auteur a composé un DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS pour la rédaction duquel il a consulté les grammaires et les ouvrages les plus estimés, sans cependant multiplier indiscrètement ces difficultés, en adoptant les systèmes des novateurs. Il n’ignorait pas que cette dénomination était incorrecte, mais elle lui parut plus claire que toute autre, et probablement elle avait son mérite, puisqu’elle lui fut dérobée depuis avec la seule addition des mots plus qu’inutiles, raisonnées, grammaticales et littéraires. Il a de plus annexé à l’ouvrage un ABRÉGÉ DE GRAMMAIRE EN TABLEAU, recueilli dans le Cours public de M. BLONDIN, professeur très-estimé. Il a joint au Dictionnaire l’abrégé du TRAITÉ DES TROPES de DUMARSAIS, les TRAITÉS DES CONJUGAISONS de RESTAUT et de WAILLY, un autre de PONCTUATION ET DE L’USAGE DES LETTRES CAPITALES.

 

VERSIFICATION

La langue française ayant, comme toutes les autres langues, des règles particulières dans la poésie, pour laquelle les mots sont combinés ou modifiés, souvent même interprétées d’une manière particulière, ces interprétations ou acceptions ont d’abord été notées au DICTIONNAIRE avec l’indication du style poétique.

XXXVI. Exemples de style poétique.

ACCIDENTS, s. m… pl. circonstances, accidents. [Boileau.]

CÉRÈS, s. f… (poét.) le blé.

DÉCOCHER, v. a. -che, e, p… (fig. , poét.) — des traits de satire, de haine, de colère.

MARCHANDER, v. a. -dé, e, p… (fig. , au moral) vouloir acheter à prix d’argent, etc. [Corneille. Voltaire.]

PAPILLONNER, v. n. Volitare. voltiger d’un objet à l’autre sans s’arrêter à aucun. (famil.) [Deshoulières. Gresset.]

REGARD, s. m. Aspectus… pour mon —, pour ce qui me regarde [Corneille.] (vieux, très bon.) [Voltaire.]

Ensuite l’Auteur a donné un TRAITÉ déjà connu DE VERSIFICATION, avec de bons exemples, et suivi d’un DICTIONNAIRE DES RIMES, où l’on trouve figuré le système général des terminaisons des mots ou des rimes, système qui, combiné avec la Prononciation figurée au Dictionnaire, donne la Prononciation française, désirée par les étrangers.

 

MANUEL D’ORTHOGRAPHE.

Le rapprochement et la comparaison des nomenclatures des Dictionnaires ont donné leurs différents systèmes d’orthographe. Ce genre d’utilité, regardé comme très important par un grand nombre d’Écrivains, est indispensable pour les typographes, obligé non-seulement de suivre les divers systèmes adoptés par les auteurs dont ils impriment les ouvrages, mais très-souvent de les rectifier , ou du moins de leur donner un système uniforme : la science ou le génie, uniquement occupé des objets, des pensées, des images, ne s’arrête point aux minutieux détails, nécessaires cependant pour la publications de leurs œuvres. Ces divers systèmes se trouvent ici rapprochés et comparés : celui de l’Académie domine dans tout l’ouvrage dont il est la base; les variantes sont indiqués par les lettres initiales du nom des Dictionnaires : quelquefois ils sont tous opposés à l’Académie, qu’il faut alors rectifier.

XXXVII. Exemples d’orthographes opposés à l’Académie.

ANÉGYRAPHE, adj. 2 g. et s. m. sans titre. Anépygraphe. A. R. G. C. AL. Voy. Anépi-.

BELŒDER, mieux Belveder, s. m… Belvéder. R. G. C. CO. ou -védère. A. V.

EXEMPT, e, adj. Immunis… f. Exempte. A. AL. C. G. R. V. CO.

Les lexicographes qui ne sont pas d’accord avec l’Académie sont, comme on le voit, désignés par la lettre initiale de leur nom : tous ceux qui ne sont pas cités écrivent le nom comme elle.

Cette Orthographe comparée peut paraître indifférente à quelques Lecteurs ou Écrivains français qui oublient que l’Orthographe est comme la pierre de touche de l’éducation, et sert à connaître le degré d’instruction de celui qui l’emploi avec plus ou moins de correction; car celui qui écrit mal les termes d’une Science, ne la connaît probablement pas : mais l’Orthographe est indispensable pour les étrangers; ses variantes multiplient pour eux les difficultés déjà trop nombreuses de la Langue française. En effet, ils ont remarqué que très souvent le changement d’une seule lettre dans un mot lui donne un sens tout-à-fait différent (Voyez les Paronymes); et lorsqu’un mot qu’ils connaissent leur est présenté sous une Orthographe nouvelle, ils supposent qu’il signifie toute autre chose, et se trouvent arrêtés. Cette considération importante doit retenir les novateurs, même dans les améliorations qu’ils croient pouvoir faire. Ce Dictionnaire, par le rapprochement de toutes les manières d’écrire le même mot, lève les difficultés et fait éviter les méprises.

Lorsque les Dictionnaires sont partagés d’opinions, on peut prendre pour guide l’équivalent latin qui se trouve après le mot (Voyez ci-dessous) : ce qui autorise particulièrement le titre de Concordance des Dictionnaires.

XXXVIII. Exemples d’équivalents ou d’étymologies latines pour la concordance de l’orthographe.

AVOINE, s. f. Avena. sorte de grain pour les chevaux. —blanche. —noire : pl. avoines sur terre. Aveine. c. v. ou Avaine. R.

ERMITE, s. m. Eremus. solitaire qui vit dans un désert; beau coléoptère; papillon; crustacée; (abus.) Her-. (eremos, désert. gr.)

MYSTIQUEMENT, adv. -ticè. (expliquer, entendre —) selon le sens mystique. Mist-. G. CO.

XXXIX. Exemples d’étymologies grecques et autres.

BAÏONNETTE, s. f. Sica. espèce d’épée au bout du fusil. -onete. R. Bayonnette. C. (de Bayonne,)

COPTE ou Cophte, s. m. chrétien jacobite ou eutichéen, ancienne langue d’Egypte. et Cophte. G. R.

HYPÈTRE, s. m. Subdiale, s. f. -thrus. temple découvert; lieu en plein air, consacré aux dieux. -pÉtre. R. -pètres, pl. G. C. -pethre. RR. Hypèthre. (hupo, sous, aithra, air. gr.)

Les poètes, moins astreints à l’uniformité de l’Orthographe, peuvent trouver dans ces variantes la facilité de donner aux mots qu’ils emploient les dimensions et les terminaisons convenables.

XL. Exemples d’Orthographes pour les poètes.

CRUSTACÉE, adj. 2 g. et s. m. -cea. . . . -cé. R. A. G.

MARTRE, s. f. -tes. sorte de fouine à gorge jaune, à ongles fixes; sa peau en fourrure. et -te.

ZÉPHYR, s. m. -rus. -re. (sans article, ni pluriel, t. poétiq.) -phir. (Richelet.) (zoé, vie, phéro,je porte. gr.)

Il est essentiel de faire observer au Lecteur qu’il ne doit pas, en cherchant un mot dans ce Dictionnaire, s’arrêter exclusivement à l’Orthographe, souvent imaginaire et fausse, qu’il lui suppose; ce serait, ce qui n’arrive que trop souvent, s’exposer à ne pas trouver ce mot : il faut au contraire le chercher sous toutes les Orthographes imaginables, et n’accuser le Dictionnaire d’omission que lorsque ces recherches n’ont rien produit. Par exemple, un mot qui n’est pas au C, peut être au CH ou au K, etc. , etc. L’Auteur, pour rendre ces recherches plus faciles au lecteur impatient, a souvent mis le même mot à deux places, sous deux orthographes, avec le renvoi : plus souvent il a placé au bas des pages les renvois généraux, comme aux lettres C, K, S, etc.; mais il n’a pas cru devoir grossir le Dictionnaire en y admettant les ridicules produits d’un Néographisme bizarre qui méprise l’usage sans pouvoir s’appuyer de la prononciation, base imaginaire (Voyez ci-après à la prononciation), ou même de l’étymologie. Ce Néographisme, inventé par des écrivains du premier mérite (DUCLOS, PIRON, etc.), a été dédaigné : ces auteurs n’avaient pas réfléchi qu’ils rendaient la lecture de leurs ouvrages rebutante aux Français et même inintelligible aux étrangers. L’Auteur n’a pas cru devoir donner l’orthographe inusitée de MAROT, MONTAIGNE, etc. qui écrivaient estoyent pour étaient, etc. : elle ne constitue pas la naïveté ou la force de leur style; et si cette bizarrerie plaît à quelques personnes, elle fait tomber le livre des mains du plus grand nombre des lecteurs actuels, et ne peut que donner des habitudes vicieuses aux jeunes gens.

 

ÉTYMOLOGIE

 

Cette étymologie est de deux espèces; le plus souvent elle est dérivée de langues mortes ou étrangères, surtout du latin; et alors elle est certainement le guide le plus sûr, non seulement pour l’Orthographe, mais pour l’interprétation des mots, surtout de ceux employés par les Sciences, les Arts, etc. Chaque mot français est suivi, dans ce Dictionnaire, de son équivalent latin, lorsqu’il en a un; ce latin a été pris dans les meilleurs auteurs, et l’analogie servit presque toujours de guide dans le choix, ce qui a permis de ne donner très-souvent que la terminaison latine, pour économiser le terrain. Les Étymologies grecques, arabes, latines, hébraïques, etc. , etc. sont placées à la suite des mots qui en ont une, et entre deux parenthèses; elles sont écrites avec des caractères français, parce que le véritable caractère en aurait rendu la lecture et l’orthographe inutiles pour le plus grand nombre de lecteurs; mais, pour l’utilité des Savants ou de ceux qui veulent le devenir, l’Auteur a donné un alphabet français et grec, à l’aide duquel il sera facile de rétablir ce grec travesti.

Afin d’épargner le terrain, une racine grecque n’a été mise qu’une fois pour les mots qu’elle produit; elle a été remplacée par un tiret(—) aux mots suivants. L’Auteur a cru devoir ne citer que très-peu de prétendues étymologies empruntées aux langues étrangères, parce qu’il est difficile de savoir à quelle langue appartient réellement le mot primitif. Le français étant depuis long-temps la langue universelle, a prêté plus de mots qu’il n’en a reçu : l’emprunt ne vaut pas la peine le plus souvent de recourir aux titres de propriété : chaque étymologiste voit toute notre langue dans la langue étrangère qu’il sait le mieux. Les Gaulois sont depuis assez long-temps nation conquérante pour avoir répandu leur langue, qui se mêla même au latin lors de la prise de Rome; et pour la véritable étymologie primitive, il faudrait remonter dans l’Arche de Noé.

XLI. Exemples d’étymologies grecques, latines, etc.

RHISAGRE, s. f. instrument de dentiste pour avoir les chicots. G. C. -zag. RR. (rhisa, racine, agra, prise. gr.)

RHIZÉLITE, s. f. racine empreinte dans le marbre; v. racine pétrifiée. -the. (—, lithos, pierre. gr.)

RHIZOPHAGE, s. m. qui vit de racines. (—, phago, je mange, gr.)

RHIZOSTOME, s. m. -ma. radiaire mollasse; succur. (—, stoma, bouche, gr.)

L’étude de ces étymologies ne se borne pas, comme on vient de le dire, à fixer l’Orthographe; elle donne le véritable sens du mot, et rend souvent la pensée ou l’image qu’il rappelle, en un seul trait; elle rectifie et précise les définitions, et peut servir ainsi à terminer de longues discussions. L’Auteur a cité, entre autres exemples, le mot de Physionomie ou Physiognomonie. On conteste l’existence de cet Art ou plutôt de cet instinct donné à l’homme par le Créateur, et dont l’existence est prouvée, non seulement par des expériences journalières, mais par de nombreuses locutions, communes à toutes les langues.

XLII. Exemples de définitions fixées par les étymologies.

PHYSIONOMIE, s. f. l’air, les traits du visage; art, faculté de connaître le caractère, les inclinations, par l’inspection des traits du visage, A. et Physiognomonie. (Lavater.) R. (phusis, nature, gnomon, indice. gr.)

STRATOGRAPHIE, T. G. mieux description d’une armée, de tout ce qui la compose; des armes, des campements, etc.; description de tout ce qui compose une armée. A. R. CO. voy. stratocratie. (stratos, armée, grapho, je décris. gr.)

L’autre espèce d’étymologie vient d’anciennes locutions de la langue : elles ont été citées pour satisfaire la curiosité du lecteur.

XLIII. Exemples d’étymologies anciennes.

HARO, s. m. Queritatio. t. de prat. clameur pour arrêter quelqu’un ou quelque chose, et procéder sur-le-champ en justice; (famil.) crier—, se récrier contre. (Ha! Raoul ou Rol, Rollon, ancien duc de Normandie, très-équitable; haron, crier. gaul.)

TEMPLIER, s. m. chevalier d’un ancien ordre religieux et militaire comme celui de Malte, gardien du temple à Jérusalem : (famil, prov.) boire comme un —, excessivement; mieux comme un temprier (vi.) ou verrier. —s, pl. ordre du Christ.

 

PRONONCIATION

 

Enfin, pour ne négliger aucun genre d’utilité, même hypothétique, l’Auteur a donné un système de Prononciation parfaite, dans une langue quelconque, ne peut, en général, être acquise que dès l’enfance et donnée par une nourrice, des parents ou des maîtres qui prononcent bien; il est de fait qu’il est impossible de figurer toute la Prononciation d’une langue avec des lettres, pour celui qui ne la parle pas ou qui la parle avec un accent, parce que les voyelles, et beaucoup de consonnes, n’ont pas le même son dans toutes les langues, tous les jargons : et enfin, en supposant même que cette Prononciation pût être figurée, il faudrait des figures différentes, non-seulement pour les discours d’apparat, la conversation, mais pour les accents de chaque passion. L’expérience montre la vérité de cet axiome : le ton fait la musique : de plus, les diverses nations de l’Europe ont des habitudes de prononciation qui diffèrent essentiellement entre elles : par exemple, les Français, les Italiens, les Espagnols, appuient beaucoup sur les dernières syllabes; au contraire, les Anglais les prononcent à peine, appuyant, par une beaucoup plus forte aspiration, sur les premières, ce qui laisse en quelque sorte mourir la voix, comme dans Hobbes, que nous prononçons Hobé, et qu’ils prononcent Hobse. Les Allemands ont à peu près la même manière; et lorsque nous disons, pour thalweg, talevègue, ils disent talegue, ne faisant sentir que le g du reste du mot.

Cependant il est incontestable que l’on peut quelquefois, à l’aide de cette Prononciation figurée, donner aux habitants des départements qui ont un accent, ou aux Étrangers qui connaissent un peu la Langue, les moyens de se rectifier. Il est certain que, dans plusieurs cas, ces figures sont nécessaires pour les jeunes gens, et l’Académie elle-même indique souvent la Prononciation : l’Auteur en a donc donné une nouvelle, figurée à l’aide des accents, des brèves et des longues, ou de lettres redoublées. Ce système qu’il a refait en entier, est celui de la Prononciation de la capitale, dans laquelle il est né, où il a vécu dans le sein de la classe instruite. Il a soumis ces figures à l’oreille de personnes de la même classe et musiciennes, les labdacismes, les lallations, les platiasmes et les autres défauts dans lesquels peut faire tomber une Prononciation mal figurée. Ces figures sont ou à la fin des mots, ou au bas des pages, lorsque la difficulté se trouve dans le corps du mot, ou bien au DICTIONNAIRE DES RIMES, qui offre le système général de la Prononciation des finales : il rentre ainsi dans le plan général du Dictionnaire. (Voyez les OBSERVATIONS SUR LA PRONONCIATION, page 104, 2e partie.)

XLIV. Exemples de prononciation.

ENIVRANT,e, adj. qui enivre. . . . / an-ni-.

MÉCONNAISSABLE, adj, 2g. . . . /-koneçable.

TISANE, s. f. Ptisana. . . . /-zane.

X, s. m. . . . /es, dans extrême; gz, dans exercice; c ou k dans excepter; s ou c, dans Bruxelles; z, dans sixième; ks, dans Styx; x, dans baux à. . . .; nul dans dixme.

 

AUGMENTATIONS PRINCIPALES AUX PRÉCÉDENTS OBJETS D’UTILITÉ

 

Après avoir donné toute l’extension possible aux définitions des mots, aux acceptions dans lesquelles ils peuvent être pris, l’Auteur a pensé que les exemples d’emploi de ces mots par les meilleurs Écrivains, dans l’expression de leurs pensées les plus saillantes, aideraient le Lecteur à saisir les nuances de leur différence; en outre il a cru que ces modèles d’Élocution, choisis dans les Ouvrages des grands Maîtres de la Littérature, seconderaient merveilleusement les étrangers qui veulent apprendre notre Langue, en les mettant en rapport avec ces génies sublimes de qui elle tire tout son lustre, et qui lui ont mérité sa presque universalité : c’est le Choix des PENSÉES et MAXIMES annoncé précédemment, et qu’il a distribué suivant les mots de la Langue qui y figurent principalement.

XLV. Exemples de pensées et maximes.

DIEU, s. m. Deus. le premier, le souverain, être par qui les autres existent, qui a créé et qui gouverne tout; . . . . Le plus grand ennemi de l’humanité fut celui qui osa dire : il n’y a point de Dieu.

FAIRE, v. a. fait, e, p. Facere. . . . influer fortement sur le caractère. . . .; . . . . . . . . . . . . . se dit absolument; . . . etc. Le gouvernement fait les hommes. (Montesquieu). . . Faites le bien, et laissez Dieu faire le reste.

MIXTE, adj, gr, Mixtus. . . se dit fig. . . La Monarchie mixte ou tempérée est le chef-d’oeuvre de l’esprit humain.

Quelques Lexicographes ont négligé de donner les verbes pronominaux, personnels, réfléchis et réciproques; ils ont été placé aux verbes susceptibles d’être pris dans leurs acceptions.

XLVI. Exemples de verbes personnels, pronominaux et réciproques, etc.

ENTENDRE, v. a. -du, e, p. Audire. . . (s’—), v. pron. (avec), agir de concert. . . . être d’accord. . . . v. récipr. se comprendre (s’—), v. pers, (je m’entends bien, je sais ce que je veux dire). . .

ÔTER, v. a. Tollere. . . (s’—) v. pers. . . se retirer, se retrancher ce que l’on avait, propre et fig. . . v. pron. être, pouvoir être ôté. . . v. récipr. se ravir, s’enlever mutuellement.

XLVII. Exemples de Critiques des Dictionnaires.

ACQUÊT, s. m. . . . . . . . part v.

INDÉFENDU, e, adj. sans défense. R. G. (DIUS.)

TENTATIF, -ive, adj. R. G. C. barbar. popul.

 

DICTIONNAIRES PARTICULIERS.

 

PARONYMES. —HOMONYMES. —C’est encore pour les Étrangers ou pour les Nations qui possèdent imparfaitement la Langue française, que l’Auteur a donné un Dictionnaire déjà connu des Homonymes, suivi d’un Dictionnaire(publié pour la première fois) des Paronymes ou mots voisins l’un de l’autre par leur orthographe, mais très-éloignés par leur signification. Son utilité sera de faire éviter les nombreuses et ridicules méprises dans lesquelles font tomber chaque jour ces ressemblances de mots qui ne diffèrent souvent entre eux que par une lettre; et les personnes qui se croient instruites, reconnaîtront avec l’Auteur qu’il peut leur être utile, du moins pour quelques mots, par exemple : Apophyge, Apophyse. Il n’était pas possible de suivre l’ignorance dans ses écarts; elle a, pour créer des quiproquo, une sorte de génie que l’imagination ne peut atteindre.

Ce Dictionnaire peut servir surtout aux Étrangers : ils doivent avoir une attention toute particulière, lorsqu’ils parlent ou écrivent le français, pour ne pas tomber dans ces méprises : elles leur donneraient, aux yeux des personnes légères et malignes, une teinte, souvent ineffaçable, de ce ridicule toujours si redoutable. Les formes sont presque toute la personne pour le commun des hommes, et le langage, le style sont une des parties de ces formes.

Ce Dictionnaire doit être surtout très-utile aux Imprimeurs étrangers qui publient des livres français; il en existe où l’on trouve des Paronymes presque à chaque page : mais s’il a pu être fait pour ceux qui admirent le bonheur du général victorieux dans vingt batailles, où il ne reçut qu’une légère confusion, il n’a pu l’être pour ceux qui demandent : Quel est ce Socrit, qui s’empoisonna en buvant des cigales? (Voy. Mad. Du Deffant, tome I, p. 99.)

DICTIONNAIRE DE MYTHOLOGIE, etc. — La langue française a des mots particuliers à elle, et différents de ceux des autres langues, pour désigner les êtres qui composent les VOCABULAIRES DE MYTHOLOGIE, DE BIOGRAPHIE et DE GÉOGRAPHIE; elle n’est point obligée, comme le prétendent quelques savants novateurs, de recevoir la loi des autres langues qui ne suivent pas la sienne, même pour les noms d’hommes et de pays français, tels que Paris, etc. : elle peut et doit écrire Jupiter, Tartare, César, Londres, parce que l’usage des meilleurs écrivains l’y autorise, et non pas Joupiter, Tartar, Késar, London, etc. Ces différences, souvent très-grandes, peuvent causer beaucoup d’embarras pour les Étrangers qui ne reconnaissent pas le même être sous ces déguisements : d’ailleurs, les Français eux-mêmes peuvent souvent être embarrassés pour l’orthographe de ces mots : l’Auteur a donc cru devoir en donner les Nomenclatures, avec une courte indication de ce qui caractérise les êtres qu’elles désignent, c’est-à-dire la qualité et la partie pour la Mythologie; la localité territoriale, suivant la nouvelle division, pour la Géographie. La Mythologie est de plus accompagnée de l’Etymologie, conformément au plan de l’ouvrage, auquel, sous ces nouveaux rapports, il a cru pouvoir donner son exagération, le titre de Dictionnaire universel, titre usurpé par ceux qui ne donnent pas ces Nomenclatures.

NOMENCLATURE D’HISTOIRE NATURELLE. — Entre toutes les sciences, l’histoire naturelle est celle dont les progrès sont les plus grands; l’inépuisable richesse de la nature et ses mystérieuses opérations dont nous ne pouvons avoir une idée, parce que, lorsque nous saurons bien avec quelle facilité la nature liquéfie, volatilise les solides, et solidifie les fluides, ces opérations augmentent chaque jour ses trésors, exigent des divisions et des dénominations nouvelles. De plus, à défaut de découvertes, quelques professeurs forment de nouvelles classifications : une plumule de plus ou de moins trouble toute une famille, ôte à Linné son sceptre et sa couronne; ces professeurs forgent des mots nouveaux, et recourent aux anciens, appelant le liseron, par exemple helsine, cyssampelos; de plus, c’était à une histoire naturelle que le critique bienveillant de la 5è édition s’était particulièrement arrêté, parce que Linné, Muller, etc, etc. , avaient été ses guides; l’Auteur n’a pas cru devoir retrancher du corps du Dictionnaire l’Extrait de leurs ouvrages à jamais précieux, mais, pour suivre la marche de cette science aimable autant qu’elle est utile, il donne séparément cette nouvelle Nomenclature qui, jointe à toutes les autres, donne à ce DICTIONNAIRE seul, le titre et la qualité d’UNIVERSEL, épithète attachée à des Dictionnaires, excellents en leur genres, notamment le Gattel, mais réellement incomplets, parce qu’ils ne donnent pas tous les mots représentants d ’une idée en français.

Tels sont les différents genres d’utilité générale ou particulière, que l’auteur a réunis dans ce Dictionnaire, pour les LECTEURS et les ÉCRIVAINS de toutes les classes. Il y en a beaucoup d’autres dont le détail serait trop long; tels que l’indication de propriétés des plantes, des contre-poisons pour chaque poison; etc.; des observations instructives, etc. Ces objets d’utilité n’ont pas été développés et appuyés d’exemples par un vain charlatanisme, mais pour mettre le LECTEUR à même de tirer tout l’avantage possible du livre; car ce Dictionnaire, attendu l’immense quantité de matériaux qu’il contient, le plan d’après lequel ils ont été disposés, et le style dans lequel ils ont été rédigés et réduits, ne peut pas, comme tous les autres, être consulté à livre ouvert, sans perdre beaucoup, non de l’utilité commune à tous, mais de son utilité particulière : son usage doit être l’objet d’une étude au moins de quelques instants; et l’on peut dire que le Lecteur n’en regrettera pas la perte : c’est pour la rendre moins grande, et pour que l’abondance des matières ne cause pas d’embarras dans les recherches, qu’il a été terminé par une TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES. Cette TABLE GÉNÉRALE serait un hors-d’oeuvre ridicule dans les autres Dictionnaires; elle est indispensable pour celui-ci, qui ne ressemble à aucun d’eux.

Il est facile de reconnaître que son plan l’attache essentiellement à la Langue française, dont il est comme le DEPÔT ou le TRÉSOR : il en offre les richesses à ses quatre âges les plus remarquables; il doit la suivre dans toutes ses périodes, s’enrichir sans cesse avec elle de toutes les expressions, locutions, concordances de mots créés par les Arts, les Sciences ou le Génie : loin de se laisser appauvrir, comme elle, par l’Usage, il doit, au contraire, conserver pour l’avenir, ainsi qu’il a recueilli du passé, toutes les richesses dont cet Usage, tyran des langues, la dépouille : il peut même survivre à cette Langue comme langue vivante : il doit également suivre l’Esprit humain dans sa démarche progressive; s’enrichir avec lui de toutes les créations partielles et successives des Arts, des Sciences, et surtout de la Métaphysique, en recueillant les expressions, les définitions créées par le Génie qui les cultivera; il doit épargner aux Savants futurs les amers regrets que cause à nos savants la privation de Dictionnaires faits sous le siècle de Périclès ou d’Auguste; et si, dans l’immense révolution des siècles à venir, des conquérants barbares pouvaient encore renverser l’édifice social, reconstruit par la Force et le Génie, s’ils brûlaient les bibliothèques, un seul exemplaire échappé aux flammes offrirait à ceux qui auraient la tradition orale de la Langue française, la table raisonnée des matières des connaissances humaines, telles qu’elles étaient dans le siècle où il a été publié.

Si le Lecteur, si le Critique même le plus sévère veut considérer que cet Ouvrage doit offrir la plus grande utilité dans le moindre espace possible en donnant l’Extrait comparatif, la Concordance et le Supplément des Dictionnaires, sans être la copie ni l’imitation d’aucun d’eux; qu’il est fait sur un plan entièrement neuf, selon un mode d’exécution également nouveau, avec une méthode toujours régulièrement suivie, à l’aide d’une diction particulière et analytique, dans une langue lexicographique créée pour l’Ouvrage et dont le mécanisme a permis de donner, dans un seul volume, le résultat de l’amalgame et de leur réduction à leur plus simple expression de matériaux immenses, auparavant épars et oubliés dans les bibliothèques, s’ils veulent penser à l’attention minutieuse et toujours soutenue, à la scrupuleuse régularité, au choix guidé par le Goût et la Critique, à la réflexion, à la méditation même nécessaires pour la rédaction de cet Ouvrage, ils auront quelque indulgence pour ces fautes. Qu’ils veulent bien observer que le corps du Dictionnaire seul se compose de près de soixante mille articles, dont aucun, pris isolément, formé de la réunion de choses éparses dans plusieurs livres, et donnant en substance pus qu’aucun autre Dictionnaire, devrait être un chef-d’oeuvre, pour que l’ensemble fut parfait : qu’ils considèrent que cet Ouvrage renferme non comme extrait, mais matériellement et dans son texte, autant que trente volumes in-8°, et qu’il a été écrit en entier de la main de l’Auteur qui en a fait, dans la retraite, sa principale occupation, comme il a fait son état, pour ainsi dire, de la Lexicographie, car le perfectionnement indéfini dont ce Dictionnaire est essentiellement susceptible par son plan et le mode particulier de son exécution, exige de son Auteur un travail continuel pour remplir son cadre illimité, en recueillant tout ce dont la Langue ou les Sciences peuvent l’enrichir : que ce Lecteur et ce Critique observent enfin que cet Ouvrage est de la nature de ceux qui furent exécutés par des associations de Religieux garantis par leur situation, leurs goûts et même leur caractère, de tout sujet de distraction, uniquement occupés de l’objet de leur travail, qui l’était aussi de leur goût particulier, et pourvus abondamment de tous les moyens de succès.

L’Éditeur ose donc espérer que le Public continuera d’accueillir favorablement ce Dictionnaire, et de le regarder non seulement comme le MANUEL DE LA LANGUE FRANÇAISE, dont il offre la substance modifiée par le temps et l’usage, par les Arts, les Sciences, etc. , mais encore comme une véritable ENCYCLOPÉDIE PORTATIVE, utile à tous les Français, nécessaire à tous les Étrangers que le goût de la Littérature et des Beaux-Arts, ou les relations sociales et politiques, déterminent à apprendre la Langue française qu’il contribue à rendre universelle, du moins en Europe.

C’est à ce but que l’Auteur aspirait et comme Européen et comme Français : il n’a pu être soutenu dans ses longs et fastidieux travaux que par la certitude d’être utile; il l’a voulu être non- seulement en facilitant l’étude de cette Langue, mais encore en contribuant à former l’esprit et même le cœur de ceux qui voudront faire une étude particulière de son Dictionnaire; car on peut assurer avec confiance que celui qui s’occupera de cette étude, acquerra non-seulement la connaissance de la langue, une grande facilité de s’exprimer, et des notions que des travaux plus suivis pourront développer, mais encore l’habitude si importante de définir avant de juger ou de raisonner; et, de plus, une juste idée des choses qu’il lui importe de connaître sous les rapports de ses besoins, de ses devoirs et de son bonheur.