LES

LOIS INTELLECTUELLES

DU LANGAGE

FRAGMENT DE SÉMANTIQUE(1)

Par Michel BRÉAL

MEMBRE DE L'INSTITUT

Pourquoi ne serait-il pas possible d'écrire sur le langage en une langue claire et intelligible? Les faits qu'on a à exposer ne sont pas d'une telle profondeur qu'il faille y appliquer les formules d'une haute et abstraite philosophie. Cet outil dont se sert l'humanité depuis les premiers Jours où elle est née à elle-même, ressemble à toutes les inventions de l'homme: si, partant de notre temps, nous remontons le cours des âges, nous voyons l'instrument s'expliquer de lui-même et se dépouiller de ce qu'il a de mystérieux. Sans doute nous n'atteindrons pas les premiers commencements : mais sur quel autre champ de l'activité pouvons-nous nous flatter de toucher aux origines? Il suffira que nous supposions dans le passé le plus lointain l'existence des mêmes lois dont nous aurons observé l'action durant la période qui est ouverte à nos regards. L'étude où nous invitons le lecteur à nous suivre est d'espèce si nouvelle qu'elle n'a même pas encore reçu de nom. En effet, c'est sur le corps et sur la forme des mots que la plupart des linguistes ont exercé leur sagacité: les lois qui président à la transformation des sens, au choix d'expressions nouvelles, à la naissance et à la mort des locutions, ont été laissées dans l'ombre ou n'ont été indiquées qu'en passant. Comme cette étude, aussi bien que la phonétique et la morphologie, mérite d'avoir son nom, nous l'appellerons la SÉMANTIQUE (du verbe [sêmainô]) c'est-à-dire la science des significations.

Il est difficile d'adopter un ordre rigoureux au milieu de faits de toute nature qui se croisent. Aussi nous paraît-il préférable de nous jeter au milieu de notre sujet: quand nous aurons fait une certaine partie du chemin, les grandes lignes se dessineront d'elles-mêmes.

La première loi que nous étudierons -- non qu'elle soit la plus importante, mais parce qu'elle est des plus faciles à observer -- c'est la contagion. On considère trop les mots isolément: il est si aisé de prendre un mot à part et d'en retracer l'histoire, comme s'il n'avait pas été comprimé, mis en relief, légèrement nuancé ou tout à fait transformé par les autres mots du vocabulaire, au milieu desquels il se trouve placé et dont il ressent l'influence voisine ou lointaine. Prendre un mot à part, c'est une méthode presque aussi artificielle que de donner, comme on est obligé de le faire en phonétique, l'histoire d'une voyelle ou d'une consonne. Les lettres n'ont d'existence que dans les mots, les mots n'ont d'existence que dans les phrases. On va s'en rendre compte par un exemple que nous prendrons aussi tangible, aussi élémentaire que nous pourrons.

Il y a en français une série de négations qui étaient, à l'origine, des mots affirmatifs: pas, point, rien, plus, aucun, personne, jamais. Ils servaient à renforcer la seule négation véritable que nous ayons, à savoir ne. Je n'avance pas (passum). -- Je ne vois point (punctum). -- Je ne sais rien (rem). -- Je n'en connais aucun (aliquem unum). -- Je n'en veux plus (plus). -- Il n'est personne (persona) qui l'ignore. -- Je ne l'oublierai jamais (jam magis). -- Ces mots, par la longue habitude qu'ils ont contractée avec la négation, sont devenus eux-mêmes négatifs: " Qui va là? -- Personne. " Ils le sont si bien devenus, que l'Académie française, dans son Dictionnaire, fait ordinairement passer le sens négatif avant tous les autres. AUCUN, dit l'édition de 1878, adj. Nul, pas un. " En quoi nous n'avons pas l'intention de blâmer l'Académie, car elle rend fidèlement l'impression que ces mots font aujourd'hui sur l'esprit, et qu'ils faisaient déjà au XVIIe siècle

Quoi, vous le soutenez? -- En aucune façon(2)

Nous recommandons au philosophe aussi bien qu'au linguiste de lire successivement dans le Dictionnaire de l'Académie et dans celui de Littré quelques-uns de ces articles, pour observer la différence entre les explications que suggère le sentiment présent d'une langue et celles que fournit l'histoire. " Rien, dit l'Académie, néant, nulle chose. Dieu a créé le monde de rien. " Ecoutons maintenant Littré: " Rien, quelque chose. Je vous envoie des vers que je Os il y a trois ans... Faites-moi l'honneur. s'il vous plaît, de me mander si c'est rien qui vaille. Voiture, Lettres, 196. " Ainsi l'acception que l'Académie met en première ligne est la plus moderne: les sens qu'elle rejette au dernier plan sont les sens étymologiques et primitifs. En général, si l'on veut trouver dans les dictionnaires d'usage quelques données pouvant servir à l'histoire, c'est à la fin des articles, parmi les emplois dits rares ou exceptionnels qu'il les faut chercher. Pour revenir au mot rien, le sens négatif y a pénétré de bonne heure, car nous le trouvons dans le Roman de la Rose:

Car de rien fait-il tout saillir,
Lui qui a rien ne peut faillir.

Mais dans quel dessein la langue a-t-elle adjoint à la négation ne ces mots qui ont pris petit à petit en sa société la signification négative? Par un besoin naturel à l'esprit de renforcer la pensée et de la rendre sensible à l'aide de quelque image. Pour avoir une collection d'exemples il suffirait d'écouter autour de soi les gens au parler un peu vif. Il existe une thèse présentée à l'école des Chartes sur les synonymes du mot rien, chez les écrivains du moyen âge(3). On ne se contentait pas de dire, par exemple, qu'un homme n'a ni sou ni maille: quantité d'autres mots, tels que gant, botte, éperon, chiffon, clou, rave, châtaigne, prune, viennent à l'occasion prendre la place de rien. Seulement leur emploi n'a pas été assez constant pour donner lieu à la contagion. N'ont été atteints que les mots cités plus haut, auxquels l'usage moderne a joint la locution du tout.

Prenons maintenant un exemple de la contagion dans les langues anciennes. L'idée du conditionnel, que nous marquons par le mot si, n'était pas facile à exprimer : comment faire dire à un mot que telle chose sur l'existence de laquelle nous ne voulons rien affirmer, est un instant supposée par nous comme réelle? C'est pourtant ce qu'indiquent si, [ei], if, ces petits mots qui suffisent à changer le sens d'une phrase, et qu'un linguiste a ingénieusement comparés aux substances presque impalpables dont une pincée change le goût et l'arôme d'un mets(4). L'histoire de la langue peut seule nous faire comprendre ce problème.

Si, en vieux latin, est sei, plus anciennement encore " *svei (osque svai ou svae, ombrien sve), c'est-à-dire un locatif comme domei, humei. Il veut dire " de cette façon, en cette manière ". Cette signification est restée dans sei-c, si-c, qui n'est pas autre chose que le locatif sei, suivi de l'enclitique -ce, -c. Nous retrouvons encore cette signification dans la conjonction si-ve... si-ve.... qui veut dire: " Ou en cette manière... ou en cette manière... " Comment, dans un locatif ayant une signification purement démonstrative, la langue a-t-elle fait entrer l'idée de condition? Pour répondre à cette question, il est bon de laisser un instant le latin, dont les monuments littéraires sont d'époque trop récente, pour nous adresser au grec.

En grec, la conjonction correspondante est ei, dorien. ai. Hésychius nous a conservé la forme [baikan = ei ken], laquelle montre encore le [we] ou digamma qui se trouvait anciennement en tête du mot. La forme complète était [sFai], mais le [s] initial s'est perdu de bonne heure, comme il s'est perdu à la tête du pronom [i-dios = sFi-dios]. Si maintenant. nous examinons les plus anciens emplois de [ei] dans Homère, nous le trouvons. habituellement suivi de l'optatif(5). En voici quelques exemples: Hector (Il., VI, 9-84), exprimant son ressentiment contre Pâris, s'écrie que s'il le voyait descendre dans l'Hadès, il en oublierait ses propres chagrins

[Ei keinon ge idoimi katelthont'Aidos eisô
Phaièn ke phrên'aterpou oizuos eklelathesthai]

Quels sont ici les mots exprimant l'idée conditionnelle? Sans doute ce sont [ei] et [ke(n)], mais ils ne sont eux-mêmes que les jalons servant à mieux marquer la construction de la phrase et le mouvement de la pensée. La véritable expression du conditionnel se trouve dans le mode du verbe. Supprimons la conjonction [ei]; au fond, l'idée sera la même, car il restera l'expression d'un voeu. " Puisse-t-il descendre dans l'Hadès et mon coeur aura oublié ses propres chagrins !"

Voici un passage tout semblable, où la conjonction manque. Minerve, après avoir décrit à Télémaque comment était fait son père Ulysse, dit que s'il survenait au milieu des prétendants, ceux-ci verraient s'abréger leurs jours et se gâter leur fiançailles:

[Toios eon mnêstèrsin omilèseien Odusseus
Pantes k'ôkumoroi te genoiato pikrogamoi te]

L'optatif se montre ici dans son emploi primitif, qui est d'exprimer un fait regardé comme souhaitable, ou comme simplement possible. L'addition de [ei] ne ferait que souligner ce qui est déjà suffisamment indiqué par le mode du verbe. Or, c'est pour avoir figuré longtemps dans des phrases où le verbe se trouvait à un mode exprimant un souhait ou une supposition, que [ei] a paru gouverner ce mode, et a attiré à lui une partie de l'idée conditionnelle.

Voici un autre exemple, tiré de l'Iliade (XVI, 623)

Deux guerriers se provoquent, et l'un s'écrie que, s'il touchait son adversaire en pleine poitrine, la gloire serait pour lui et la vie de son ennemi pour Pluton

[Ei kai egô se baloimi tuchôn meson oxei chalkôi
Aipsa ke, kai trateros per eon kai chersi pepoithôs
Euchos emoi doiês, psuchên d'Aidi klutopôlôi]

C'est la même construction, toujours jalonnée par [ei] et par [kein]. Mais, au fond, nous avons ici moins l'expression d'une condition que celle d'une série de souhaits. " Puissé-je te percer de mon javelot... tu me donnerais la gloire, ta vie serait à Pluton ! "

Nous allons donner maintenant un exemple où [ei] se trouve dans le second membre de phrase. Ulysse, déguisé en mendiant, parle des prétendants (Od., XVI, 102)

[Autik'epeit'ap'emeio karê tamoi allotrios phôs
Ei mè égô keinoisi kakon pantessi genoimên.]

" Qu'un autre homme me tranchât aussitôt la tête, si je ne devenais pas pour eux tous (les prétendants) la cause de leur perte. " On sent encore dans cette phrase la valeur démonstrative de [ei]. La signification est qu'Ulysse consent à perdre sur le champ la tête, comme il est vrai qu'il ne tuera pas les prétendants.

Revenons à présent au latin. De l'optatif, le latin n'a gardé qu'un petit nombre de formes, telles que sim, velim, faxim. En général, il a remplacé l'optatif par le subjonctif. Mais, sauf cette différence, ce que nous avons dit de [ei] s'applique à si. On a d'ailleurs conservé des exemples de la construction avec l'optatif. Dans la vieille formule: si hæc ita faxitis, nous avons le pendant exact de la construction grecque. L'explication du sens conditionnel est la même. Il n'est pas plus nécessaire en latin qu'en grec de mettre la conjonction. Voici, par exemple, la formule d'un voeu emprunté aux Actes des frères Arvales: Jupiter optime maxime, quæ in verba tibi bove aurato vovi esse futurum, quod hoc die vovi, ast tu ea ita faxis, tunc tibi donum auri pondo XXV, argenti pondo IV ex pecunia fratrum Arvalium nomine eorum positum iri voveo(6). Le membre de phrase ast tu ea ita faxis exprime la condition par la seule force de l'optatif.

On voit que l'étymologiste ferait fausse route s'il pensait devoir trouver dans la conjonction si une idée de condition explicitement énoncée. Elle signifie simplement " en cette manière "; mais une fois que par contagion elle fut devenue l'exposant de l'idée conditionnelle, elle put, en cette qualité, se faire suivre même de l'indicatif.

Une observation analogue pourrait être faite sur les mots qui signifient " mais ", en latin, en grec, en français. L'opposition que marquent ces particules tient à l'emploi, non à l'étymologie. Prenons le latin, qui possède plusieurs conjonctions de cette nature. Verum et vero veulent dire " à la vérité "; autem était un adverbe purement affirmatif; at (anciennement aut) est une particule de liaison qui, en osque, signifie " et " (cf. at-que). Celle qui a le plus de force par elle-même est la conjonction sed, laquelle signifie " à part cela, au demeurant "; ast est probablement pour at sed. Aucun de ces mots ne possède en lui la force adversative que nous croyons y percevoir: mais, comme ils se trouvaient habituellement en tête d'une seconde proposition qui, sans nier la vérité de la première, apportait une affirmation qui la limitait, l'antithèse est venue se condenser dans la conjonction.

Laissons à présent ces sortes de mots(7) pour montrer l'effet de la contagion dans une règle importante de la grammaire française.

La règle qui veut qu'on écrive avec accord: " Les auteurs classiques que j'ai lus " et sans accord: " J'ai lu les auteurs classiques ", n'est point aussi artificielle qu'on pourrait le croire. Il nous serait impossible d'entendre, sans être choqué: " Les lettres que j'ai écrit ", et nous ne serions pas moins blessés de: " J'ai écrites mes lettres. " La cause de cette anomalie apparente est un fait de contagion. La phrase que nous avons citée en dernier lieu eût été régulière, il y a quatre siècles. Mais, en français moderne, le participe, quand il est ainsi construit, prend part, dans notre esprit, à la force transitive qui vient de l'auxiliaire " avoir ". Cela est si vrai, que nous pouvons dire en langage télégraphique: " Reçu mauvaises nouvelles. Pris la ligne directe. " Tout le monde croira sentir en ces participes passifs des mots à force transitive.

D'où vient cependant que nous continuons de dire " La maison que j'ai construite. Les lettres que tu as écrites? " C'est que la construction de la phrase est un peu différente. Il a suffi de ce léger changement pour arrêter la force de la contagion. De même qu'à peu de distance des grandes routes, à quelques kilomètres des voies ferrées, on retrouve les vieux costumes et les anciens usages, de même il suffit d'un tour un peu différent pour que les principes de l'ancienne grammaire française reparaissent.

Au principe de contagion se rattache étroitement le principe de spécialité.

Nous appelons ainsi une loi du langage qui a pour effet de départir à un seul mot la fonction qui était plus anciennement remplie par tous les mots de même espèce; d'habitude, le mot privilégié paie le choix dont il a été l'objet par la perte de son indépendance personnelle: il n'est plus qu'un exposant grammatical.

Les adjectifs, autrefois, exprimaient la gradation au moyen du comparatif et du superlatif. Les suffixes qui servaient à cet usage étaient nombreux et variés: ainsi le comparatif pouvait s'exprimer par les suffixes ra, tara, jans, le superlatif par ma, tama, ista, istama. Ces suffixes deviennent peu à peu moins nombreux: d'abord; c'est ra qui s'éteint; puis, le latin perd le comparatif en tara, pour ne garder que la forme en jans (latin ios, ior). Au superlatif, le latin perd les suffixes ma, ista et tama, pour ne garder que istama (issimus). Le vieux français avait encore quelques comparatifs, héritage du latin: forçor, hauçor, juvenor, greignor, ancienor, gencior. Il avait aussi quelques superlatifs: bonisine, cherisme, grandisme, hautisme. Tout ce mécanisme a disparu du français, non pas, comme on l'a dit, par suite de l'altération phonétique, mais par l'action de la loi de spécialité. Un seul comparatif a assumé la fonction de tous les autres: en français, c'est le comparatif plus (= latin plus, ploius), comme en espagnol, c'est le comparatif mas (= latin magis). Le même mot a servi aussi pour le superlatif, au moyen de l'article dont il s'est fait précéder. Les seules exceptions sont quelques comparatifs si ancrés dans l'usage, comme meilleur, pire, moindre, qu'il a été impossible de les déraciner. Partout ailleurs, plus a fait le vide, et il nous tient lieu de tout un ancien et savant outillage.

Il faut donc voir dans ce comparatif le survivant d'une espèce perdue, qui, à lui seul, remplace tous ses frères. Mais il n'a plus, dans des constructions comme plus grand, plus fort, d'existence personnelle: il sert à l'expression d'une relation grammaticale. Il est l'équivalent de la désinence -ior, si bien que par lui-même il est simplement l'annonce d'un autre mot.

A mesure que les langues avancent en âge, la loi de spécialité prend plus d'importance. En voici un exemple tiré de la langue anglaise.

Le verbe do, suivi d'un infinitif, se charge d'exprimer les différentes idées de temps, de mode, de personne, que chaque verbe était autrefois obligé de marquer pour son propre compte. Il est devenu le verbe par excellence. Si on le laissait faire, tous les autres passeraient bientôt à l'état de mots invariables. Il est si prêt à tous les usages, qu'il se sert d'auxiliaire à lui. même: How do you do? Mais il paie l'universalité de ses aptitudes du prix de sa physionomie propre. Il n'est plus qu'un exposant grammatical. Dans un dialogue comme celui-ci : Does he come? does est l'équivalent d'une désinence de la troisième personne.

Ces faits, qui sont connus de tous, peuvent nous aider à comprendre une des parties les plus obscures de l'histoire de nos langues. La lutte qui s'est établie entre la déclinaison et les prépositions n'est peut-être qu'une application de la loi de spécialité. Si l'on compare le sanscrit apa, qui marque l'éloignement, avec api, qui exprime le mouvement vers un endroit, l'on entrevoit les restes d'une flexion plus archaïque et plus simple. Il en est de même pour [peri] et [para], [eini] et [ana]. Ce sont ces anciens mots fléchis qui ont fini par détruire toute déclinaison, après l'avoir d'abord rendue inutile. Mais ils doivent eux-mêmes leur signification à cette 'déclinaison dont on aperçoit encore sur eux la marque plus ou moins visible.

Nous arrêtons ici ces notes, heureux si nous avons réussi à montrer, par un petit nombre d'exemples, quelle sera un jour, pour la connaissance des lois psychologiques du langage, l'importance de la sémantique.


1. Dans la copie suivante du texte de Bréal, les formes grecques ont été translittérées en italiques et sont mises entre crochets droits. La distinction entre voyelles longues et brèves n'a pu être faite que pour l'opposition e (e bref) / ê (e long), o bref / ô (o long) ; les iotas souscrits sont mis en indice à droite de la lettre concernée.

2. Femmes savantes, II, 6.

3. Schweighæuser.

4. Qu'on songe seulement aux emplois si divers et si importants de la particule anglaise but, ou encore de la particule [an] en grec.

5. Il ne saurait être question de donner ici la théorie de la particule ci et de ses divers emplois. Nous voulons seulement faire comprendre comment, à l'origine, elle est arrivée à sa signification de conjonction exprimant un conditionnel.

6. Henzen, Act. Fratrum Arvalium, p. 101.

7. Des remarques analogues pourraient être faites sur les mots qui signifient " quoique ": à l'origine, ce sont des mots qui exagèrent la concession, pour faire d'autant plus ressortir l'affirmation ultérieure tenue en réserve. La force antithétique, qui a fini par entrer dans les mots signifiant " quoique ", vient donc du mouvement de la phrase.