DICTIONNAIRE

DE

L’ÉLOCUTION FRANÇOISE

CONTENANT

Les Principes de Grammaire, Logique, Rhétorique,
Versification, Syntaxe, Construction, Synthèse ou
Méthode de Composition, Analyse, Prosodie, Pro-
nonciation, Orthographe, et généralement les Règles
nécessaires pour écrire et parler correctement le
François, soit en Prose, soit en Vers ;

AVEC

L’exposition et la solution des difficultés qui peuvent
se présenter dans le Langage : le tout appuyé sur des
exemples tirés des meilleurs Auteurs
.

On y a joint

Une Table raisonnée des Matières, pour faciliter l’usage de ce
Dictionnaire, et indiquer au Lecteur les endroits où il peut
trouver des détails sur les objets de ses recherches.

Par DEMANDRE

Nouvelle Édition

Revue, corrigée et considérablement augmentée

Par L’A. FONTENAI

Ci-devant Rédacteur du Journal Général de la France

 

Tome Premier

A Paris

Chez Delalain fils, Libraire, quai des Augustins, n° 29.

An X. – 1802


AVERTISSEMENT

SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION

La première édition du Dictionnaire de l’Élocution française, publiée en 1769, manquoit depuis plusieurs années, et ne se trouvoit plus dans la Librairie. On ne cessoit pas cependant de demander cet Ouvrage ; et c’est pour satisfaire aux désirs du Public qu’on s’est déterminé à donner cette seconde Édition.

L’auteur n’est connu que par le nom de Demandre, qu’il a mis au bas d’une Épître dédicatoire à Mme *** ; Epître qu’on a cru devoir supprimer, parce qu’elle ne contient que des éloges qui intéressent fort peu sur une personne inconnue. On ne peut lui refuser le mérite d’avoir fait un Dictionnaire utile, et même nécessaire, dans lequel il a réuni tout ce qui concerne l’Élocution Françoise, c’est-à-dire le principes de Grammaire, Logique, Rhétorique, Versification, Syntaxe, Construction, Méthode de Composition, Prosodie, Prononciation, Orthographe, et généralement les Règles nécessaires pour écrire et parler correctement le François, soit en prose, soit en vers.

On ose dire que ce Dictionnaire, sans excepter même ceux d’une volumineuse compilation, est le seul qui présente le plus de détails sur les matières qu’on vient d’indiquer, mais renfermés dans de justes bornes, et présentés d’une manière nette et précise.

Nous conviendrons que plusieurs articles relatifs à la Grammaire paroîtront peut-être un peu longs, et même abstraits ; mais d’abord l’Auteur a cru devoir, avec raison, réunir dans ces articles bien des objets qu’il lui auroit été facile de diviser et de ranger par ordre alphabétique. Il a préféré d’en faire un tout dans des espèces de Traités particuliers qui donnent des éclaircissements suivis au Lecteur, qui fixent son attention, et qui l’empêchent de divaguer sans cesse en cherchant les mots classés selon la forme alphabétique ; et si de temps en temps il emploie des renvois, ce n’est que pour mieux approfondir la question qu’il traite.

Quelque soin qu’il ait mis dans ces articles pour se rendre clair et intelligible, on ne peut cependant disconvenir qu’il est quelquefois assez difficile de l’entendre ; mais ce n’est pas sa faute. La Grammaire est fondée sur la Métaphysique, où plus on veut aller en avant, plus on s’enfonce dans des subtilités qui exigent la plus grande contention d’esprit. Autant et même plus que d’autres Grammairiens, notre Auteur n’a pas craint d’aborder ces subtilités pour ne laisser rien à désirer sur cette matière, au risque même de ne pas être compris par d’autres sortes de personnes. Mais après tout, ses principes sont les mêmes que ceux des Auteurs de la Grammaire de Port-Royal, de du Marsais, de l’Abbé d’Olivet, de l’Abbé Girard, du Père Buffier, de Duclos, et de tous les célèbres Grammairiens qui l’avoient précédé, quoique, dans certaines occasions, d’assez bonnes raisons ne lui manquent pas pour les combattre.

Il les avoit lus avec soin ces Grammairiens ; il les avoit médités pendant longtemps ; et il se fait gloire d’avoir profité de ce qu’ils ont de meilleur dans leurs Ouvrages pour en faire le sien, comme il le dit quelque part dans son Dictionnaire. C’est ce qui nous a principalement déterminés à conserver son texte en entier dans ces articles sans y rien ajouter ; car il n’en est pas de la Grammaire comme des Arts et des Sciences, où l’on peut faire continuellement de nouvelles découvertes. Son domaine est borné ; ses données sont, pour le fonds, toujours les mêmes. Tout ce qu’il est possible d’exécuter à cet égard se réduit à des systèmes, à des explications, à des méthodes, qui prêtent à de longues discussions sans éclaircir davantage la matière. Nous avons lu la plupart des Ouvrages sur la Grammaire qui ont paru dans le Public après ce Dictionnaire, et nous avons reconnu que les uns ne la développoient pas mieux que lui, et les autres moins. Ainsi nous avons cru que nous pouvions nous dispenser de présenter aux Lecteurs des additions superflues.

Il n’en est pas de même des autres Articles qui composent ce Dictionnaire.

Nous nous sommes permis quelques changements dans les uns, quelques suppressions dans les autres ; mais surtout nous avons cru qu’il étoit essentiel d’ajouter des articles en très-grand nombre pour emplir beaucoup de vides ; en sorte que cette nouvelle Édition renferme plus de deux cents pages que la première, outre que le format in-8°. est beaucoup plus grand.

L’objet principal que nous nous sommes proposé en faisant ces additions, dont on trouvera la Table à la fin du second Volume, a été de jeter autant d’agrément qu’il étoit possible dans ce Dictionnaire : elles se rapportent toutes à la Littérature. Les articles de l’Auteur dans cette partie sont très-bien faits ; et il est aisé de voir qu’il étoit homme d’esprit et de goût ; mais il a glissé légèrement sur beaucoup d’objets ; et nous avons tâché d’y suppléer, en consultant les Auteurs qui ont le mieux écrit sur cette matière, et qu’on peut regarder comme des guides sûrs et des maîtres éclairés. Nous nous sommes principalement attachés aux Éléments de Littérature par Marmontel, à l’Art du Poëte et de l’Orateur par Papon, aux Ouvrages de l’Abbé Batteux, etc. Nous en avons fait des extraits, et nous avons conservé, autant que nous l’avons pu, les propres expressions de ces Auteurs, crainte de dénaturer, en les changeant, les principes qu’ils ont établis. Nous avons multiplié les citations tant en prose qu’en vers, que nous avons recueillies de tous côtés, parce que les exemples font encore plus d’impression que les préceptes, et qu’ils servent à leur donner plus de force et d’autorité. Enfin nous n’avons rien négligé pour rendre la nouvelle Édition de ce Dictionnaire aussi utile qu’agréable.

Le Discours préliminaire, qu’il est important de lire, en fait connoître l’objet, ainsi que le plan suivi par l’Auteur.


DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Ce discours préliminaire ne doit pas être regardé comme indifférent. Nous ne l’avons pas point fait pour relever le mérite de ce Dictionnaire, ni pour en faire l’éloge ; mais pour montrer l’enchaînement des objets principaux et des différents articles qui y sont traités. Il est donc nécessaire de le lire avec attention, si l’on veut prendre un juste idée de l’ouvrage, et le parcourir avec ordre.

Notre dessein avoit été d’abord de nous étendre sur les principes des langues en général, et sur les règles particulières et le génie de la langue françoise ; mais nous avons fait réflexion, que nous avions rapporté ces principes généraux, toutes les fois qu’il en avoit été question dans le cours de l’ouvrage, et que les règles propres à la langue françoise se trouvent approfondies et développées dans chaque article d’une manière beaucoup plus frappante qu’elles ne le seroient dans un discours général. Il faut donc nous borner ici à faire voir la marche de ce Dictionnaire, après que nous aurons rendu compte des raisons qui nous ont engagés à l’entreprendre.

Nous savions qu’il existe un grand nombre de Traités sur la langue, mais aucun ne forme un corps d’ouvrage si complet ; la plupart même n’ont pour objet que quelques-unes de ses parties. D’ailleurs les auteurs ne s’accordent point toujours. Plusieurs, oubliant que le but d’une bonne Grammaire n’est point de corriger la langue, mais d’examiner ses lois, son état actuel, et de quelle manière il faut l’écrire et la parler, ont fait des systèmes, en proposant une infinité de changements impraticables : ils ressemblent assez à un homme qui voudroit parler à quelqu’un une langue qu’il n’entend pas, sous prétexte qu’elle est plus parfaite que celle qu’il entend. Plusieurs voulant détruire, d’un seul coup, tout le travail de Girard, Duclos, d’Olivet, Voltaire, etc. ont prétendu réduire le langage à un art pratique, qui ne doit s’apprendre que par l’exercice, et non par le raisonnement, sans songer que la méthode est la clef de toutes les sciences et de tous les arts. Les uns n’ont fait que copier servilement leurs prédécesseurs : ils n’ont pas même examiné si leurs définitions étoient exactes ou défectueuses, et ils se sont égarés comme eux. D’autres enfin, auxquels on doit les premières découvertes, ont préparé la matière pour ceux qui viendroient après eux ; mais ils ont écrit d’une manière si abstraite, leurs vues sont si subtiles, leurs raisonnements sont si métaphysiques, qu’il faut déjà des connoissances fort étendues pour les entendre.

Il y a, d’ailleurs, une infinité d’observations et de remarques précieuses, faites par nos plus célèbres écrivains, et éparses dans leurs ouvrages, dont on peut enrichir la Grammaire et les autres parties de l’Élocution. Ne peut-on pas, en rapprochant la plupart des meilleurs auteurs, tirer du choc de leurs diverses opinions de nouvelles lumières, détruire des erreurs accréditées ; et en n’admettant que de bonnes définitions, en s’attachant au caractère constitutif, au génie propre de la langue, lui donner des principes et des règles sûres, la simplifier, la venger enfin du reproche de bizzarerie, qu’on lui fait injustement, et qu’on prétend autoriser, en disant que les grammairiens mêmes ne peuvent s’accorder entr’eux, ni rien établir de certain ?

Nous savons aussi que bien des personnes, très-instruites d’ailleurs, et qui ont étudié plusieurs langues, excepté leur langue maternelle, se trouvent souvent embarrassées sur certaines règles de syntaxe ou de construction, et qu’il échappe quelquefois à leur plume éloquente des fautes sensibles contre la langue. La plupart de ces personnes n’ont pas le courage de revenir sur leurs pas, et de se livrer à ce pénible travail, et de faire, dans beaucoup d’occasions, des notes et des observations très-judicieuses, que nous avons recueillies avec le plus grand soin, et dont nous avons enrichi la plupart de nos articles.

Quant aux traités sur la rhétorique, nous trouvions qu’ils n’étoient pas assez appuyés par les principes de la logique. Chose si essentielle, que nous avons vu plusieurs hommes fort éclairés, faire faire à leurs enfants leur logique avant leur rhétorique

Pour ce qui regarde la poésie, on verra, par l’exposé sommaire que nous en faisons dans ce discours, combien cet article est étendu ; nous l’avons enrichi de mille observations, tirées des poëtes les plus célèbres, et qui ne se trouvent dans aucun des traités de versification, publiés jusqu’à présent.

Nous ne pouvions donc manquer de nous rendre utiles, en réunissant sous un seul point de vue tout ce qui a paru de solide sur l’Élocution françoise. Ceux qui voudront en faire une étude suivie, la pourront entreprendre avec succès, et ceux qui ne voudront que consulter au besoin, lorsqu’ils auront quelques doutes à éclaircir, ou quelques difficultés à lever, trouveront dans notre Dictionnaire une commodité, qu’aucun autre ouvrage ne peut leur présenter.

On sentira, au simple exposé de ce Traité d’Elocution, combien il est utile et instructif ; et la forme que nous lui avons donnée, fait déjà connoître combien il est agréable et commode, puisqu’elle présente sur-le-champ l’objet qu’on peut désirer, et qu’elle épargne l’ennui inséparable de la lecture suivie d’un ouvrage didactique. Nous avons eu soin, d’un autre côté, de semer le plus de fleurs qu’il nous a été possible sur les épines de la partie grammaticale, par l’agrément des exemples que nous avons tâché de rendre partout aussi intéressants que justes.

La Table étendue et raisonnée que nous avons placée à la fin, est un surcroît de commodité et de facilité. Elle indique l’article et la page où telle difficulté est levée. On ne sera pas surpris, si pour le même objet, on est renvoyé à différents articles ; on sait qu’un même mot a des acceptions différentes, suivant différentes fonctions dans le discours.

Mais il est temps d’entrer dans le détail de ce Dictionnaire. Nous nous arrêterons un peu sur les articles importants, et nous passerons rapidement sur le reste. Il y en a même une infinité que nous ne fesons qu’indiquer. Il suffit de tenir les branches principales.

Si le lecteur rencontre, en lisant ce discours préliminaire ou les articles du Dictionnaire, quelques termes qu'il n'entende pas, tels que subjectif, objectif, terminatif, etc. il les cherchera dans l'ouvrage ou à la table raisonnée à leur rang alphabétique, et il en trouvera l'explication.

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ÉLOCUTION

C’est par cet article qu’on doit commencer ; c’est lui qui présente le fil qui doit guider le lecteur ; c’est lui d’ailleurs qui donne sa dénomination à tout l’ouvrage. On y fait voir que l’Élocution ou la manière de s’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, a deux branches principales, l’Éloquence et la Poésie ; mais qu’elle sont fondées sur la Grammaire qui est le principe de toute Élocution ; En effet, pour bien parler et bien écrire, il faut, avant tout, le faire avec méthode, correction, élégance et pureté. Ainsi ce Dictionnaire embrasse plusieurs objets liés entre eux, la Grammaire, la Logique, l'Éloquence, et la Poésie.

DE LA GRAMMAIRE

Des observations sur les Langues en général, et en particulier sur la Langue Françoise, sur les différents objets de la Grammaire, sur l’importance de cette étude, sur l’utilité d’une bonne méthode, conduisent naturellement à l’article Mots, qui est l’objet unique et général des grammaires ; puisque tout s’y réduit aux mots prononcés, aux mots écrits, aux mots construits.

Mots.

Cet article, qui comprend les parties d’oraison, est le plus important ; c’est de lui que tout dérive : on sent combien il est essentiel de prendre d’abord une juste idée des mots qui composent une Langue, avant que d’entrer dans le détail de ce qui les concerne chacun en particulier.

Il y a deux choses à distinguer dans les mots en général ; les sons et le sens. Les premiers sont ou prononcés ou écrits ; on verra ce qui les regarde aux articles Prononciation et Orthographe. Le sens des mots est développé dans l’article qui porte ce nom. Les mots étant la représentation de nos idées, nous les divisons en plusieurs classes, dont la différence porte sur celle de nos idées. Nous les faisons naître de la nature même des idées, et paroître suivant le besoin que les hommes en ont eu à mesure que leurs idées se sont étendues.

La première classe comprend les Noms ; la seconde les Verbes ; la troisième les Participes ; la quatrième les Pronoms ; la cinquième les Articles ; la sixième les Prépositions ; la septième les Adverbes ; la huitième les Conjonctions ; et la neuvième les Interjections.

Voilà les différentes sortes de mots qui se trouvent dans la Langue Françoise. L’ordre dans lequel on les range dans le discours se verra à l’article Construction.

Plusieurs de ces mots souffrent des variations selon les occasions convenables : ces variations s’appellent accidents. C’est au mot Syntaxe qu’on traite ces objets ; mais on les trouvera développés d’une manière plus détaillée dans les articles respectifs des différentes parties d’oraison.

On pourroit encore diviser les mots en synonymes; mots extraordinaires  ; en homonymes ; en tropes ; en mots vieux ; mots bas ; mots grossiers ; mots poétiques ou mots consacrés, mots familiers ; mots naïfs, nobles, plaisants ; mots harmonieux.

Nous avons traité les articles synonymes, homonymes, tropes, mots poétiques au mot Licences poétiques. Quant aux autres, nous avons renvoyé à l’usage du monde, et à la lecture des bons Écrivains. Cependant n’ayant jamais perdu de vue, que le principal objet de cet ouvrage étoit l’Élocution, nous avons remarqué dans toutes les occasions ceux qui étoient du style noble, ceux qui étoient du style familier, etc.

Noms (première partie d’oraison).

On voit dans cet article combien d’autres mots pourroient être rangés dans la classe des noms ; quelles sont les différentes acceptions du mot nom, et enfin sa division en substantif et en adjectif. Mais avant que d’aller plus loin, nous croyons que c’est ici le lieu de parler des déclinaisons.

Déclinaisons.

Dans quelque Langue que ce soit, la déclinaison ne peut avoir lieu que pour les noms, soit substantifs, soit adjectifs. Bien plus, pour que ces noms aient une déclinaison, il ne suffit pas que chacun d’eux puisse se prêter à des terminaisons, à des chutes différentes ; il faut que ces chutes variées aient un autre objet, un autre but que le nombre et le genre ; il faut qu’elles servent à indiquer des rapports de dépendance et de régime entre les membres d’une phrase, entre un sujet et un verbe, entre un verbe et un objet, ou un terme entre une préposition et un nom, etc.

C’est d’après ces principes, que nous examinons si la Langue Françoise a des déclinaisons. Nous pesons les raisons des Grammairiens qui veulent en admettre, et les raisons de ceux qui s’élèvent contre ; le lecteur pourra prononcer. Cet article sert plus que tout autre à faire connoître le vrai caractère et le génie de notre Langue.

Quoique nous ayons traité des genres et des nombres, tant des substantifs que des adjectifs dans leur article, cependant nous conseillons à ceux qui voudront lire cet ouvrage méthodiquement, de jeter un coup d’œil sur les articles Genre et Nombre (Syntaxe), avant que de lire ce qui regarde les substantifs et les adjectifs. Ils verront dans le premier l’origine des genres ; leur division en genre masculin et en genre féminin ; et ce qu’on entend par genre douteux et genre épicène. Dans le second nous expliquons les noms de nombre, en les divisant en noms de nombre substantifs, et en noms de nombre adjectifs ; lesquels ont encore des subdivisions : nous examinons ensuite ce qu’on entend par nombre dans les mots, soit dans les noms, soit dans les verbes. Revenons à la division du nom.

Noms substantifs

Nous faisons voir dans cet article d’abord l’origine de la dénomination du terme substantif ; quelles notions la plupart des Grammairiens ont attachées à ce mot ; combien elles sont fausses : nous venons ensuite à sa vraie définition. Tout cela est développé par des exemples et des applications sensibles. Enfin après avoir distribué les substantifs en différentes classes, formées par les différences qui se trouvent entre les objets que ces substantifs représentent, nous examinons le genre que chacun des substantifs exige suivant leurs significations. Nous observons leurs variations grammaticales et orthographiques par rapport aux nombres ; nous avons rapporté plusieurs notes de Voltaire sur ce dernier objet.

Quant à la construction que les noms substantifs demandent dans une phrase, on la trouvera traitée à chacun des mots qui peuvent se construire avec eux ; comme adjectifs, articles, adverbes, etc. parce que le substantif étant la partie principale d’une phrase, tout le reste ne s’y trouvant que pour servir à développer et circonstancier l’idée qu’on y attache, ou les rapports qu’on y apperçoit avec d’autres idées, c’est plutôt aux autres mots à subir la loi de construction qu’aux substantifs. En parlant du nom substantif, il est à propos de dire un mot du verbe substantif.

Verbe substantif.

Après l’avoir défini, nous considérons ses véritables fonctions, sa différence d’avec les verbes adjectifs ; comment il n’est pas toujours verbe substantif ; quand est-ce qu’il est verbe auxiliaire.

Quelles sont ses règles particulières lorsqu’il est joint au pronom ce ; règles que nous examinons encore et d’une manière plus détaillée à l’article Pronoms ; enfin quels sont les autres verbes qu’on pourroit ranger dans la classe du verbe substantif. Passons à la seconde division des noms.

Adjectifs.

Nous commençons par définir le mot adjectif Qu’entend-on par verbes adjectifs ? En combien de classes les divise-t-on ? Quelle est leur différence d’avec le verbe substantif ? Après avoir satisfait à toutes ces questions, nous reprenons les noms adjectifs, et nous développons leurs rapports et leurs différences avec les substantifs et avec l’adverbe : nous cherchons ensuite combien il y a de sortes d’adjectifs, et nous en trouvons autant qu’il y a dans les choses de manière d’être, de qualités réelles ou possibles, et de rapports que notre esprit y peut apercevoir ou imaginer.

De là naît la division des adjectifs en adjectifs métaphysiques, physiques, nominaux, verbaux, numéraux, possessifs, et pronominaux.

Viennent ensuite les règles de l’adjectif avec le substantif, relativement au genre, au nombre et au rang que l’un doit avoir sur l’autre : on y fait voir quels sont les mots qui peuvent les séparer ; les rapports singuliers de l’adjectif avec l’article. Nous n’omettons pas non plus les raisons qui forcent souvent d’employer les adjectifs, de manière qu’ils semblent perdre leur caractère pour aller se confondre dans la foule ou des substantifs ou des adverbes ; ni comment les adjectifs exprimant des qualités qui peuvent se mesurer et se comparer, ont eu besoin des degrés de comparaison. Nous examinons aussi les adjectifs rapprochés les uns des autres ; et nous finissons par faire remarquer quels sont les adjectifs qui s’appliquent également aux personnes et aux choses, et quels sont ceux au contraire qui ne se disent que des choses. On trouvera là dessus des observations très-intéressantes de l’Abbé d’Olivet sur Racine, et de Voltaire sur Corneille.

Degrés de comparaison.

Nous faisons voir pourquoi non seulement les adjectifs, mais encore les adverbes admettent les degrés de comparaison ; combien il y a de degrés de comparaison ; et quels sont les adjectifs et les adverbes qui en sont susceptibles. Nous parcourons par ordre ces différents degrés, et nous n’omettons rien de ce qui les concerne. La plus grande difficulté, c’est lorsque le second terme de la comparaison n’est pas exprimé ; d’Olivet et Voltaire relèvent à ce sujet quelques fautes dans Racine et dans Corneille.

Verbes (seconde partie d’Oraison)

Les noms marquent l’objet de nos idées ; les verbes, les conjonctions, les adverbes et les interjections expriment la forme de ces mêmes idées ; ils servent à les peindre et à les unir. Nous analysons la nature du verbe, pour trouver sûrement quelle est la forme qu’il donne à nos idées.

Les différentes significations que les hommes, naturellement portés à abréger leurs expressions, ont renfermée dans le verbe, nous donnent lieu de faire une division des verbes en verbes adjectifs, en verbes neutres, en verbes actifs, passifs, réfléchis et réciproques.

Les différences dans les terminaisons des verbes, pour mieux désigner celui ou ceux qui sont le sujet de la proposition, ont exigé l’article Personnes.

Le rapport au temps, à l’égard duquel le verbe affirme, a amené l’article Temps des verbes.

L’article Modes expose les inflexions auxquelles on a assujetti le verbe, pour marquer si l’affirmation est absolue, indéterminée, conditionnelle et dépendante, désirée ou commandée ; de là les articles Indicatif, Impératif, Subjonctif et Infinitif.

Les verbes, considérés selon la formation de leur temps, nombre, personnes et modes, forment différentes classes ou différentes conjugaisons dont nous allons parler.

Tous ceux qui se prêtent exactement à toutes les variations d’une conjugaison s’appellent Réguliers.

Ceux qui s’écartent des règles communes se nomment Irréguliers.

Ceux qui ne prennent pas certaines personnes ou certains temps s’appellent Défectifs.

Ceux qu’on n’emploie jamais qu’à la troisième personne du singulier s’appellent Impersonnels.

Ceux enfin qui outre leur propre signification servent comme de secours aux autres verbes s’appellent Auxiliaires.

Toutes ces subdivisions forment autant d’articles auxquels nous renvoyons le lecteur ; mais nous dirons ici un mot de nos articles Conjugaison et Irréguliers.

Conjugaison.

On entend par conjugaison l’arrangement suivi de toutes les terminaisons d’un verbe, selon les voix, les modes, les temps, les nombres, et les personnes.

On entend aussi par le mot conjugaison un cadre, un modèle, sur lequel un grand nombre de verbes semblables se modifient. C’est dans ce dernier sens que nous formons quatre conjugaisons, ou quatre cadres principaux, sur lesquels les verbes se conjuguent ; et un modèle pour la conjugaison des verbes passifs.

Nous avons mis à la tête les verbes auxiliaires, parce qu’ils entrent dans tous les temps composés des autres verbes.

Cet article est très-important en général, mais surtout pour l’orthographe.

Nous avons donné, à la fin, des règles pour la formation des temps, en distinguant les temps simples d’avec les temps composés.

Verbes irréguliers.

On trouvera dans cet article une liste de tous les verbes irréguliers, où l’on renvoie à l’article de chacun d’eux pour la conjugaison.

Comme nous avons remarqué que les difficultés de notre Langue, soit pour la syntaxe des verbes avec leur régime, soit pour leur signification, regardent surtout les verbes irréguliers, qui sont plus sujets à varier, moins connus et d’un usage plus rare que les autres, nous avons cherché dans les sources de l’étymologie et de l’analogie la véritable origine de ces verbes ; ce qui nous a mis à portée de donner une idée juste de leur signification précise.

Participes (troisième partie d’oraison).

Après avoir montré les rapports des participes avec l’adjectif et avec le verbe, nous les avons divisés en participe présent et participe passé, en établissant les règles auxquelles ils sont astreints. Nous nous sommes étendus davantage sur le participe passé qui est sujet à beaucoup plus de difficultés que l’autre. Nous l’avons considéré sous deux points de vue, ou comme actif ou comme passif ; et nous avons établi les lois qu’il subit lorsqu’il est actif, et celles qui le concernent lorsqu’il est passif.

Il n’y a peut-être point de partie d’oraison qui offre tant de difficultés que le participe. On ne sait trop quand sa terminaison doit varier ou ne doit pas varier ; les personnes les plus instruites sur la Langue sont souvent embarrassées. Il y a plusieurs points sur lesquels les Grammairiens sont partagés ; nous en avons rapporté un entr’autre avec la décision de Voltaire. On verra à la fin de cet article comment sont terminés tous les participes des verbes, et de quelle manière ils forment leurs féminins.

Au reste ce qui regarde les participes n’est traité ici qu’en général ; on trouvera au mot construction beaucoup plus de détail. Comme on pourroit confondre le gérondif avec le participe présent, nous avertissons le lecteur de les rapprocher, et de s’assurer de leur différence.

Pronoms (quatrième partie d’oraison).

Nous avons remonté à l’origine des pronoms ; aux raisons qu’on a eues ou qu’on a dû avoir, de les introduire dans les Langues, et après avoir rendu leur définition plus sensible par des exemples, nous marquons l’emploi et le service du pronom ; comment il tient à la nature du substantif, à celle de l’adjectif, et comment il est toujours neutre quand il sert à rappeler l’idée d’un adjectif.

Nous divisons ensuite les pronoms en différentes classes, suivant les différentes manières dont il représentent.

Ceux qui rappellent à l’esprit l’idée des personnes seulement, se nomment Personnels.

Nous appelons Relatifs ceux qui servant également à rappeler les idées des choses ou des personnes, exigent pour expliquer et déterminer leur étendue, que les noms ou pronoms auxquels ils se rapportent les précèdent presque toujours.

Nous montrons comment ces relatifs servent encore à lier les phrases entre elles.

Ceux qui servent à désigner, à spécifier, à montrer, pour ainsi dire au doigt, et à mettre sous les yeux la chose à laquelle ils se rapportent, s’appellent Démonstratifs.

Ceux au contraire qui ne désignent rien de déterminé, qui indiquent simplement les choses, ou les personnes en général, s’appellent Indéfinis.

Voilà les quatre sortes de pronoms que nous examinons successivement, en fixant, à l’égard de chacune, les règles qui leur conviennent pour les genres, les nombres, les fonctions et la syntaxe.

Nous n’avons point mis au nombre des pronoms, ce que la plupart des grammairiens appellent pronoms possessifs, nous les avons rangés dans la classe des adjectifs. On en trouvera les raisons dans l’ouvrage, et nous les répétons ici, parce que c’est un point essentiel. Ce n’est point par l’étymologie, ni par les périphrases qui peuvent remplacer un mot qu’il faut le considérer pour voir dans quelle classe il faut le ranger ; ce n’est pas non plus par la nature de l’objet qu’il nous fait apercevoir ; mais seulement par la manière dont il exprime cet objet, par les rapports qu’il nous y découvre, par le jour sous lequel il le présente, par les qualités dont il l’enrichit, et les couleurs, les traits qu’il lui prête, si j’ose m’exprimer ainsi.

Nous examinons les pronoms personnels en commun, nous posons les règles générales qui les concernent, et nous voyons ensuite quel est l’usage de chacun d’eux pris en particulier. Nous suivons la même méthode pour les autres classes de pronoms, et partout nous appuyons nos raisonnements des remarques de l’abbé d’Olivet, de Voltaire, etc. et des décisions de l’Académie, dans ses observations sur Vaugelas.

Dans la dernière classe des pronoms, on trouvera des remarques sur plusieurs expressions, qui ne nous ont point paru être de vrais pronoms, et que nous avons cependant laissées dans cette classe, parce que le lecteur, accoutumé à les trouver parmi les pronoms, dans la plupart des Grammaires, les cherchera peut être plutôt à cet article qu’ailleurs.

Articles (cinquième partie d’oraison).

Si l’on doit juger de l’importance d’un objet par les peines qu’un grand nombre de personnes capables, se sont données pour le définir et le développer, et par le peu de succès de la plupart de ceux qui l’ont entrepris, l’article est, sans contredit, la partie d’oraison la plus importante de la langue françoise.

Nous mettons sous les yeux du lecteur les définitions qu’en ont données les grammairiens les plus célèbres ; le père Buffier, Restaut, la grammaire générale et raisonnée de Port-Royal, Duclos, d’Olivet, Fromant, Richelet, Dumarsais, Girard, etc. Ils ne sont point d’accord. Nous avons discuté leurs définitions l’une après l’autre ; nous avons écarté celles qui nous ont paru défectueuses, et nous avons développé les plus exactes.

Nous nous sommes attachés, dans tout le cours de cet ouvrage, comme nous l’avons déjà observé, à donner une idée juste de la chose que nous avions à traiter ; persuadés que, dès qu’on est parvenu à établir une définition exacte, quelque difficiles que les détails paroissent être, il ne faut plus, pour s’en tirer heureusement, qu’une attention soutenue.

Après avoir établi la vraie définition de l’article, il nous a été facile de détruire cette foule innombrable d’articles, dont Restaut nous a accablés. Nous avons pourtant fait plusieurs observations préliminaires, pour ne laisser aucun doute au lecteur ; ensuite nous sommes revenus au seul article que nous ayons cru pouvoir admettre, et nous en avons développé la nature, et fixé l’usage.

On trouvera, à la fin, une liste de plusieurs verbes, qui exigent immédiatement après eux leur objectif, sans article et sans préposition.

Prépositions (sixième partie d’oraison).

Nous nous sommes attachés, non seulement à donner au lecteur une idée juste des mots qui composent la langue, mais encore à le préserver des fausses idées qu’il pourroit en prendre ; c’est pourquoi nous lui avons exposé les définitions de la plus saine partie des grammairiens, et nous l’avons mis à portée de prononcer. De tous les Grammairiens, nous ne voyons que Dumarsais, qui ait donné une idée juste, claire et précise des prépositions. Nous l’avons adopté, en nous permettant quelques réflexions sur d’autres pensées de Dumarsais, relatives aux prépositions. Nous sommes entrés ensuite dans le détail.

En considérant les prépositions, quant au matériel, nous en avons fait deux classes ; prépositions simples, et prépositions composées ; puis nous avons parcouru , avec l’abbé Girard, toutes les espèces de rapports que les prépositions peuvent exprimer.

On verra quelles ont celles qui, étant suivie de plusieurs compléments se répètent à chacun d’eux, et quelles sont celles qui ne se répètent pas.

Nous examinons enfin, 1° la place qu’exigent les prépositions ; 2° la propriété qu’elles ont d’admettre, d’exiger ou de rejeter l’article avant leur complément ; 3° le droit que quelques unes d’entr’elles ont de régir d’autres prépositions en certains cas ; et 4° comment plusieurs peuvent devenir des conjonctions composées.

Il y a sur ce dernier article, plusieurs observations très-intéressantes de l’abbé d’Olivet, et de Voltaire.

Adverbes (septième partie d’oraison).

Après quelques détails préliminaires, nous venons à la définition de l’adverbe. La matière est délicate et subtile. Cette définition n’est pas plus aisée à saisir que celle de l’article ; aussi, les grammairiens n’ont-ils pas été plus heureux. Presque tous l’ont manquée, excepté l’abbé Girard ; encore avons-nous été obligés, pour le faire entendre, de discuter sa définition avec un certain détail. La nature de l’adverbe étant bien examinée, nous avons passé à ses différentes divisions.

On pourrait diviser l’adverbe en considérant son origine étymologique et sa formation ; mais nous faisons voir les inconvénients qui s’y rencontrent, et la nécessité d’adopter une division qui ait rapport aux différentes manières dont il modifie, et qui donne lieu dans le détail de remarquer ce qu’il y a d’intéressant pour la construction et le régime.

Nous formons neuf classes d’adverbes, que nous parcourons l’une après l’autre, en faisant remarquer ceux qui sont susceptibles de degrés de comparaison ; ceux qui servent à en modifier d’autres, la place que chacun d’eux exige dans la construction, ceux qui prennent l’article, ceux qui prennent des prépositions, les nuances légères qui distinguent ceux qui semblent être analogues entre eux, et nous donnons une infinité d’observations relatives aux différents styles, au goût et à la justesse des expressions.

Il y a un grand nombre d’expressions adverbiales, quant à la signification, mais composées de différents mots, nous n’avons pas cru devoir les placer parmi les adverbes, mais nous avons donné une liste des plus usitées, dans l’ordre des espèces d’adverbes parmi lesquelles les grammairiens les comptent ordinairement.

On a dit un mot des adverbes réunis, et de ceux qui, avec leur régime, servent souvent d’objectifs ou de terminatifs aux verbes ; et l’on finit par cette question importante : à quels traits peut-on connoître quand ces expressions, qu’on trouve tantôt parmi les adverbes, tantôt parmi les prépositions, sont ou adverbes ou prépositions ? On tâche de résoudre la question.

Conjonctions (huitième partie d’oraison)

Dans un discours suivi, nous avons, non seulement à exprimer différents rapports entre les mots ; mais aussi entre les phrases ou les jugements. Les mots propres à marquer ces liaisons, ces rapports de phrases, sont les conjonctions.

Après avoir développé ce principe, et rapporté les autres mots, qui font l’office de conjonctions, nous venons à la division des conjonctions. Nous les distinguons en simples et en composées ; puis nous en faisons douze classes, que nous parcourons l’une après l’autre. Nous définissons chaque conjonction en particulier ; nous marquons celles qui sont de plusieurs classes, les places qu’elles occupent dans le discours, les modes qu’elles affectent, les différences presque imperceptibles qui se trouvent entre les conjonctions d’une même classe, et les cas où le même mot est tantôt conjonction, tantôt adverbe. L’union de plusieurs conjonctions les unes avec les autres se trouve traitée à la fin, ainsi que la construction du que, conjonctif avec la particule dé. Il y a sur ce que conjonctif une note de Voltaire, qui vient à l’appui. Nous avons multiplié partout les exemples, pour ne laisser aucun doute au lecteur.

Interjections ou particules interjectives (neuvième partie d’oraison).

Les interjections servant, comme on l’a remarqué à l’article Mots, à exprimer les mouvements particuliers de l’âme, on les considérera ici, suivant ces différents mouvements ; et d’abord on les divise en particules interjectives et en particules discursives. Ces deux branches principales donnent chacune plusieurs subdivisions, qui sont examinées chacune ne particulier, en marquant leurs différentes lois pour la construction.

Comme les particules assertives pas, point, plus, ne, et la particule précursive que, présentent plus de difficultés, et causent souvent plus d’embarras que les points les plus importants de la langue, on trouvera à leur égard plus de détails, et plusieurs observations de l’abbé d’Olivet et de Voltaire.

Voilà les neuf sortes de mots ou parties d’oraison, dont la langue est composée, et à l’examen desquels les grammairiens se bornent. Mais l’Élocution va plus loin : elle cherche à rendre le langage intelligible, à bannir les idées vagues, et à saisir le sens des expressions figurées. C’est pourquoi nous allons parler des synonymes, des homonymes et des tropes.

Synonymes.

Il n’y a peut-être pas deux mots dans la langue, qu’il soit indifférent d’employer l’un pour l’autre. La distinction des synonymes est donc bien essentielle pour la pureté du langage. On verra dans cet article, comment l’idée commune ou générale attachée aux mots a donné naissance aux synonymes ; mais comment l’idée particulière les différencie. Après avoir cité un exemple tiré de Voltaire, et quelques autres de l’abbé Girard, nous renvoyons à l’excellent livre de ce dernier, intitulé Synonimes François.

Homonymes.

Les homonymes sont une source d’équivoques ; il est donc très-important de les éviter. Nous en distinguons de plusieurs sortes ; ceux qui regardent l’écriture ou l’orthographe ; ceux qui regardent le son ou la prononciation ; enfin ceux qui regardent tout-à-la-fois et la prononciation et l’orthographe.

Tropes.

On voit dans cet article l’origine des tropes, leur usage, l’agrément et la variété qu’ils jettent dans le discours. Nous y avons joint le sens déterminé, le sens indéterminé ; le sens absolu, le sens relatif ; le sens collectif, le sens distributif, etc., le sens propre, le sens figuré ; et enfin de sens par extension, observé par d’Alembert, parce que nous avons cru qu’il étoit de notre sujet d’expliquer tous les sens dans lesquels un même mot peut être pris. Bien plus, nous avons pensé qu’il seroit à propos de marquer les fautes qu’on doit éviter relativement au sens des mots ; c’est ce qui est traité au mot Barbarisme, où nous faisons voir qu’on peut pêcher contre la Langue, 1° en disant un mot qui n’est point du Dictionnaire de la Langue ; 2° en prenant un mot dans un sens différent de celui qu’il a dans l’usage.

Nous rapportons à la fin de l’article une note de Voltaire, dans laquelle il distingue deux sortes de barbarismes, celui des mots et celui des phrases.

Comme nous avons supposé, en parlant de l’orthographe et de la prononciation, que le Lecteur connoît déjà les principaux sons de la Langue, et l’usage ordinaire de nos caractères alphabétiques, il est nécessaire, avant que d’entamer ces matières, de faire précéder ce qui regarde l’alphabet.

Alphabet.

On trouve dans cet article tous les caractères qui entrent dans notre Langue, avec la nouvelle méthode de nommer les lettres ; méthode beaucoup plus analogue à leurs fonctions que l’ancienne, et qui abrègeroit beaucoup les peines et les difficultés des enfants pour apprendre à lire.

Nous divisons les lettres en voix simples et en articulations, en lettres majuscules et en lettres minuscules ; en caractères romains et en caractères italiques.

Nous parlons ensuite des différents systèmes des Auteurs pour rendre notre alphabet parfait ; et nous exposons les avantages et les inconvénients qu’ils présentent.

Orthographe.

Après avoir rapporté quelle a dû être l’origine de l’écriture, on fait des observations générales sur les caractères alphabétiques, sur le retranchement de certaines lettres, dont la prononciation s’éteint dans celles des lettres voisines ; sur la liaison des idées, sur les repos et les inflexions de la voix ; toutes choses qu’il a fallu marquer dans l’écriture, et qui font la matière des articles Élision, Cédille, Ponctuation, Apostille, Points d’omission, Guillemets, etc. De tous ces articles, nous ne parlerons ici que de la ponctuation et des accents, qui sont les deux principales branches ; les autres n’étant que des ramifications qui y tiennent.

Les observations générales sur les caractères alphabétiques renvoient aux articles Voyelles, Consonnes et Diphtongues, où l’orthographe est traitée en détail.

Nous prévenons le Lecteur que nous avons été obligés, en parlant de l’orthographe, de toucher souvent à ce qui regarde la prononciation, parce que ces deux traités, quoique différents, ont cependant bien des relations entr’eux, de manière qu’il est impossible de parler de l’un de ces objets sans dire bien des choses qui appartiennent nécessairement à l’autre.

Quelques réflexions sur les difficultés de l’orthographe en elle-même nous amènent à celles qui naissent des différents qui partagent les Auteurs sur cette matière : les uns suivent l’orthographe ancienne, les autres la moderne. Sans prétendre terminer leurs disputes, nous nous contentons de jeter un coup-d’œil sur les raisons qui les divisent, et nous établissons à cet égard les principes que nous suivons.

Voyelles.

On verra comment la Langue françoise, qui n’a que six voyelles, a cependant plus de dix-huit voix simples, dont nous donnons une table ; ensuite nous examinons de combien de façons différentes chacune de ces voix peut être indiquée dans l’écriture, et l’est en effet selon l’usage. Pour cela nous considérons chacune de ces voix en particulier ; nous marquons celles qui s’écrivent et ne se prononcent pas, celles au contraire qui se prononcent et ne s’écrivent pas ; les cas où elles exigent dans la composition le redoublement des consonnes, et les cas où elles ne l’exigent pas ; les accents qui leur conviennent selon les occasions ; les mots qui, semblables quant aux sons dont ils sont composés, s’écrivent cependant différemment, parce qu’ils ont différentes significations, ou qu’ils sont de différents nombres. Il seroit long et inutile d’indiquer ici toutes les observations que contient cet article. En réfutant les règles de plusieurs Grammairiens, qui nous ont paru fautives, nous avons tâché d’en établir de claires et de sûres. Dans bien des cas particuliers, nous nous sommes aidés de la connoissance que l’on a de la manière dont les mots se composent souvent les uns des autres. Nous avons consulté aussi l’étymologie et l’analogie ; mais l’usage ne domine nulle part avec tant d’empire que dans cette partie. Les exceptions sont considérables ; c’est pourquoi nous avons mis beaucoup de détails et d’exemples.

Diphtongues.

Nous avons eu grand soin de fixer le nombre des diphtongues, parce que c’est un point fort important pour la prononciation et pour la versification. On verra combien nous en avons distingué de sortes.

Consonnes.

Nous développons la manière dont se forment les sons, et comment ils se modifient ; ce qui fait voir l’usage et la différence des voyelles et des consonnes ; nous passons ensuite à leur division ; puis nous les reprennons l’une après l’autre, et nous exposons ce qui concerne leur orthographe ; détail tout aussi important que ceux que l’on trouve au mot Voyelles.

Ponctuation.

On verra dans cet article la nécessité de la ponctuation, pour les repos de la voix, et pour le sens du discours.

Les différents degrés d’union entre les parties du discours produisent, dans le parler, des pauses plus ou moins longues et à différentes distances les unes des autres. Ces diverses sortes de repos ont exigé autant de signes : de là sont venus la virgule et le point, ou la virgule ponctué, les deux points, le point, l’alinéa, etc.

Avant que de passer à chacun de ces articles, nous faisons sentir en général combien la ponctuation est essentielle. Sans elle, que de mots pourroient se rapporter à la phrase qui les précède ou à celles qui les suit ! Quelle différence alors pour le sens ! C’est par l’omission des points et des virgules nécessaires, qu’il s’est trouvé tant de difficultés insurmontables dans le texte de l’Écriture Sainte, dans l’énonciation des anciennes Lois, des Arrêts et des Contrats de la plus grande importance pour la vie civile.

Il est bien étonnant que la ponctuation, malgré tant d’utilité, ait été connue si tard, et qu’il n’y ait point encore de règles bien certaines sur ce point important. Nous finissons par avertir le Lecteur que cet objet est intimement lié avec l’article Construction, puisque la ponctuation sert à marquer les différents rapports des idées entr’elles, et ceux des mots construits.

Tels sont les principaux articles qui traitent des mots écrits : voyons maintenant ceux qui concernent les mots prononcés. Comme la prononciation et l’orthographe ont beaucoup de rapport l’une à l’autre, il y aura quelques objets qui leur seront communs.

Prosodie.

C’est la partie de la Grammaire qui enseigne la prononciation ; qui marque les accents, les syllabes longues et brèves. Les règles qui concernent ces différents objets sont traitées aux mot Prononciation, Accents, Quantité, dont nous allons dire quelque chose, et auxquels on est déjà préparé par les articles. Voyelles, Consonnes, etc.

Prononciation

Nous faisons d’abord quelques réflexions sur les rapports de la prononciation et de l’orthographe ; puis nous entrons en matière, et nous commençons par une table des sons que nous appelons propres à nos caractères alphabétiques. Nous les suivons selon l’ordre des lettres auxquelles il sont plus particulièrement affectés. Pour les indiquer, nous joignons à chacun de ces caractères un mot connu où le son dont il s’agit se trouve tel que nous l’entendons. Pour les consonnes nous les joignons à un e muet comme à la voyelle la plus foible, celle par conséquent qui laisse à l’oreille plus d’attention pour la consonne, puisque c’est celle qui en demande moins pour elle-même.

Nous ajoutons une table des sons composés que forment les diphtongues.

Nous entrons après cela dans le détail en suivant l’ordre des caractères alphabétiques, et non pas celui de ces deux tables ; parce qu’il paroît plus facile de retenir que telle lettre représente en telle occasion tel son et tel autre ailleurs, que de se rappeler en ordre et à propos, que tel son s’exprime ici par tel caractère, et là par tel autre.

On verra dans cet article les caractères, les sons qui y sont attachés, les règles d’orthographe et de prononciation, rapprochés les uns des autres, et réunis sous un seul point de vue, après les avoir étudiés séparément aux articles Alphabet, Voyelles, Consonnes, Diphtongues, et Orthographe

Accents.

Cet article comprend l’accent musical, l’accent imprimé, l’accent prosodique ou grammatical, et l’accent oratoire. Ce dernier regarde la déclamation qui appartient à l’Éloquence. Nous en parlerons plus bas, lorsque nous rendrons compte de cette partie de l’Élocution.

L’accent imprimé se divise en accent grave, aigu et circonflexe ; nous marquons son usage et ses fonctions. Nous traitons ensuite de l’accent prosodique ou grammatical ; et après avoir établi en quoi il consiste, nous examinons sur quelle syllabe il faut élever ou baisser la voix ; et pour cela nous considérons les monosyllabes masculins et féminins ; les dissyllabes masculins et féminins ; enfin les trissyllabes masculins et féminins, etc.

Quantité.

Nous avons des voyelles dont le son est naturellement plus grave, et par conséquent plus long ; d’autres sont plus brèves, parce qu’elles dont plus aiguës. Il y a des consonnes dont l’articulation gêne moins la prononciation des voyelles qui les précèdent, et d’autres qui demandent plus d’efforts pour elles-mêmes, font qu’on est obligé de moins appuyer sur les voyelles précédentes. La même différence se trouve aussi lorsqu’il y a plusieurs consonnes de suite après une même voyelle.

Ces principes doivent être communs à toutes les Langues, parce qu’ils dépendent de sons primitifs et de la nature des organes. Il y a donc des syllabes qui doivent être prononcées plus lentement ou plus brièvement que les autres. Nous les avons divisées en syllabes longues et syllabes brèves. Nous savons qu’il y a encore des nuances entre les longues et les brèves ; mais nous nous contentons à cet égard de donner les principes et d’indiquer la voie : persuadés que ceux qui ont les organes délicats et justes, n’ont pas besoin qu’on leur anatomise tous les sons ; les autres trouveront encore que nous en disons trop.

On sent combien cet article est intéressant pour la bonne prononciation t pour la versification.

Syllabes.

Après avoir dit dans les articles précédents tout ce qui concerne les caractères et les sons de notre Langue, chacun en particulier, nous les rapprochons dans celui-ci, et nous les considérons combinés les uns avec les autres, et formant des syllabes.

Suivent des observations sur l’intervalle qui sépare une syllabe d’une autre dans le même mot ; sur ce qu’une syllabe peut être formée par une voyelle seule, par une voix seule, mais représentée par plusieurs lettres, par une diphtongue propre, par une consonne à la tête de ces voyelles ou à leur suite, ou même par plusieurs consonnes dont les articulations se réunissent sur la même voyelle ou diphtongue. D’où naît la distinction en syllabes articulées et non articulées ; en simples et composées ; enfin en syllabes d’usage et syllabes physiques. Cette distinction développée, nous entrons dans le détail, en remarquant que le plus souvent les Poëtes ne font attention qu’aux syllabes d’usage ; nous disons le plus souvent parce qu’il est une infinité de mots, qui selon l’usage ne devroient compter qu’une diphtongue, et par conséquent qu’une syllabe, et dans lesquels cependant les Poëtes en comptent deux. Par exemple, le mot passion est de deux syllabes selon l’usage pas-sion, et il est de trois en poésie, pa-si-on. On a soin de distinguer les principaux d’entre ces mots, parce que les jeunes Poëtes ont souvent à cet égard des doutes qu’il leur est difficile de lever.

Syntaxe.

Voilà les mots bien examinés quant au sens ; voyons la forme sous laquelle ils doivent paroître dans le discours. C’est ce que nous avons annoncé à la fin de l’article mot, en parlant des variations auxquelles les mots sont sujets dans le discours, et que nous avons nommées accidents.

Nous marquons d’abord la différence qu’il y a entre la syntaxe et la construction ; nous exposons ensuite quels sont les accidents, les variations des différentes sortes de mots qui y sont soumis ; mais nous ne parlons dans cet article que de ceux qui sont susceptibles des terminaisons propres à leur espèce ; ce seroit nous répéter inutilement que de rapporter les règles qui fixent les lettres ou les syllabes que chacune de ces espèces de mots perd ou acquiert ou change dans ses variations ; nous en avons parlé dans leurs articles respectifs.

Le mot Syntaxe rassemble sous les yeux du Lecteur les principales parties d’oraison, et montre les règles générales qu’elles subissent les unes relativement aux autres, quant à l’objet qu’il traite. On y voit comment le substantif assujettit à ses lois les adjectifs, les pronoms, l’article et les participes ; les règles et les exceptions y sont marquées. On y trouve les rapports du verbe avec le subjectif ou nominatif ; quel mode exige le tour de phrase, et l’usage des conjonctifs et des prépositions. On finit par développer les principes qui concernent les participes, et que nous avons annoncés plus haut.

Construction.

C’est ici le centre où se réunissent toutes les règles de la Grammaire ; c’est ici où chaque mot arrive avec le sens qui lui est attaché et l’extérieur qui lui convient, et se range à la place qui lui est assignée, pour représenter nos idées ou la forme de nos idées.

Nous distinguons deux sortes de constructions, la construction grammaticale et la construction figurée. L’objet de la Grammaire ne nous permet guère de parler que de la première dans cet article, la seconde étant plus du ressort de l’Eloquence.

Après quelques observations sur la manière de marquer les objets de nos idées, leurs rapports, leurs liaisons entr’elles, les résultats des comparaisons faites entre plusieurs termes, nous trouvons qu’il y avoit mille moyens pour y parvenir ; et nous en remarquons trois principaux, que les Langues emploient selon leur génie particulier et leur première institution.

Sans décider de la supériorité de l’un de ces trois moyens, nous passons à notre Langue, et nous développons sa construction grammaticale, en marquant l’ordre que l’usage primitif et général exige entre les mots pour faire saisir les différents rapports qui se trouvent entr’eux dans notre pensée.

Pour cela nous examinons d’abord quelle est la première chose nécessaire pour rendre une pensée ; ensuite nous étendons cette même pensée, en la considérant sous différents rapports, en la modifiant de diverses manières ; en sorte que nous y faisons entrer toutes les parties d’oraison l’une après l’autre et chacune à son rang. Nous expliquons les noms que nous donnons aux différents mots suivant leurs fonctions dans la phrase. On verra combien ces noms sont applicables au vrai sens des mots.

Nous expliquons ce que c’est que la phrase simple, la composée, l’explicite, l’implicite, la phrase détachée, la périodique, la phrase principale et la phrase subordonnée.

Nous distinguons encore les phrases en expositives, impératives, interrogatives ; et tous ces détails sont développés par des exemples. On ne sauroit croire combien il en résulte de netteté et de précision pour l’esprit, et combien cela peut contribuer à la justesse du raisonnement.

Les principes que nous avons établis dans la construction grammaticale, ne paroissent pas toujours exactement suivis dans le discours. L’ordre de l’analyse y est assez souvent interrompu ; les mots y occupent quelquefois une place, et y prennent un forme qui ne semblent pas leur convenir, suivant les lois primitives de la langue. Ces irrégularités apparentes sont traitées à l’article construction figurée, où l’on fait voir quels secours elles prêtent aux différents styles et à l’harmonie. Les articles Ellipse, Pléonasme, Syllepse, Hyperbate, Hellénisme et Inversion, en développent la nature et les droits, qui sont fondés sur l’usage et sur le bon goût.

Plusieurs de ces figures de diction nous ont servi à lever de grandes difficultés dans bien des occasions ; nous avons trouvé plus d’une fois, que ce qui avoit paru, même à des grammairiens célèbres, une faute considérable contre la langue, n’étoit autre chose qu’une figure de diction. Il est donc bien important de connoître en quoi consiste la construction figurée, son origine, les écarts que l’usage et le bon goût lui permettent, et les avantages qu’elle procure au style. On verra, en lisant les morceaux que nous venons de citer, et l’article Solécisme, quelle différence il y a entre des fautes réelles et ces irrégularités apparentes ; on trouvera aussi au mot Gallicisme, plusieurs constructions autorisées par l’usage, quoiqu’elles paroissent contraires aux règles communes de la Grammaire.

Mais le lecteur s’apperçoit déjà sans doute que nous allons quitter les épines de la Grammaire pour passer aux objets de l’Eloquence. La Grammaire nos a donné des règles pour parler correctement, la Rhétorique va nous en donner pour bien dire.

 

RHÉTORIQUE

Nous montrons d’abord l’utilité de la Rhétorique, ensuite nous la divisons en trois parties principales ; l’Invention, la Disposition et l’Élocution. Nous déterminons l’objet de chacune de ces parties, sur quelque sujet que l’orateur ait à s’exercer. Nous réduisons les différents genres de causes ou hypothèses, à trois sortes : la judiciaire, la délibérative et la démonstrative. Après avoir dit un mot de la thèse ou question générale, nous faisons voir son rapport avec les hypothèses ou questions parallèles.

En reprenant les trois parties principales de la Rhétorique, l’une après l’autre, nous les détaillons chacune à leur article. Ce traité est appuyé sur les principes de la Logique ; avantage qui manque à la plupart des autres Rhétoriques. En général, dans toutes les parties de ce Dictionnaire, on a toujours suivi cette méthode ; on n’a point fait un pas sans être guidé par les règles du raisonnement, et l’on s’est appliqué à jeter partout des notions philosophiques qui pussent porter dans l’esprit des connoissances utiles. On sait combien il est essentiel de s’accoutumer de bonne heure à penser, et combien cela influe sur la manière dont on verra et dont on jugera dans tout le reste de la vie. Nous invitons le lecteur de lire surtout avec attention l’article Méthode.

Invention.

L’invention nous donne les trois moyens de persuader ; les preuves, les mœurs et les passions.

Preuves.

Cet article présente la définition que les orateurs, et surtout Cicéron, ont donnée ; nous exposons, en même temps celle des logiciens, et nous les comparons l’une à l’autre, pour passer ensuite à la source des preuves.

Source des preuves.

On les puise dans la nature du fait, et dans ses circonstances, qui sont le temps, le lieu, la personne, la cause, la fin, la manière, les titres, les témoins, etc. tout cela est rendu sensible par différents exemples. Nous finissons par indiquer ce qu’on appelle ordinairement lieux communs, dont on compte quatorze, la définition, l’énumération des parties, etc. objets qui sont tous discutés à leurs articles respectifs.

Mais on sent bien qu’il y a du choix dans ces preuves ; c’est ce que nous faisons voir dans l’article suivant.

Choix des preuves ou arguments.

Nous examinons, pour le choix des preuves, les caractères qu’elles doivent avoir ; nous considérons, dans un article à part, la forme sous laquelle il est plus important qu’elles paroissent : de là les différents raisonnements. Ils sont tous développés dans des exemples choisis, et les plus frappants que nous avons pu trouver. Les articles les plus importants, tels que Syllogisme, Antimêmes, Dilemme, etc., ont chacun un traité à part.

Mœurs.

Les mœurs sont la seconde division de l’invention, et on en distingue de deux sortes ; mœurs réelles et mœurs oratoires. Nous rapportons quelques endroits des discours des plus célèbres orateurs, où elles brillent le plus, et nous indiquons, pour ceux qui savent le latin, le fameux discours de Sinon, dans le 2ème Livre de l’Éneide. Nous examinons, en finissant, les mœurs qui conviennent aux différents âges.

Passions.

Qu’entend-on par passions ? Où prennent-elles leur source ? Quel est leur effet ? Quelle place occupent-elles dans le discours ? Voilà ce que nous considérons dans cet article, qui fait la troisième division de l’invention. Nous ne donnons point d’exemples des passions ; nous nous contentons de renvoyer aux écrits des Bourdaloue, des Bossuet, des Fléchier, des Massillon, etc. Le lecteur trouvera encore bien des choses qui regardent les passions, aux mots Figures de Rhétorique, Style, Amplification.

Il ne suffit pas d’avoir trouvé les moyens de persuader, d’avoir conçu les preuves et les raisons qui doivent entrer dans le sujet qu’on traite ; il faut encore les mettre dans l’ordre le plus propre à faire impression sur l’esprit des Auditeurs ou des Lecteurs ; c’est ce qui est expliqué à l’article où l’on traite de la disposition, qui est la seconde partie de la « Rhétorique.

Disposition.

Il suffit de distinguer dans cet article la distribution du discours pour l’Éloquence de la chaire, et la distribution pour l’Éloquence du Barreau ; et de renvoyer, pour les différentes parties du discours qui y sont énoncées, aux mots où elles sont traitées chacune en particulier.

Discours.

Après avoir expliqué ce qu’on entend par Discours ; ce que ce mot signifie dans le sens le plus strict, et ce qu’on comprend sous cette dénomination générique, nous montrons l’objet de chaque espèce de discours.

Ce qui concerne la division du sujet qu’on entreprend de traiter, se voit au mot Distribution ; mais comme cet article nous a paru très-important, nous avons eu recours à la Logique, qui seule connoît du raisonnement, et nous avons invoqué sa méthode.

Méthode.

La méthode est la clef des Sciences et des Arts. C’est elle qui met de l’ordre dans nos idées, et qui nous conduit comme par la main de connoissances en connoissances. Elle écarte les faux jugements, applanit les difficultés, décompose les propositions trop compliquées, et nous découvre ainsi le vérités les plus cachées. Sans la méthode on ne peut faire aucun progrès ; on marche au hasard, on s’égare, et l’on fait beaucoup de chemin sans faire un pas vers le but.

On distingue deux sortes de méthodes, l’analyse et la synthèse dont nous avons fait deux articles.

Non contents d’avoir montré dans l’article Analyse, l’usage et les avantages de cette méthode, nous avons appliqué ses règles à un discours de Massillon ; pour faire voir comment on peut développer la génération des idées ; comment on peut suivre un raisonnement dans toutes ses parties, etc. les articles Genre (Rhétorique) et Espèce sont aussi très-utiles pour cet objet. On expose l’ordre et l’enchaînement des idées ; commet on monte par degrés de l’idée la plus particulière à la plus générale, et comment on descend de la plus générale à la plus particulière.

Ayant indiqué les sources pour trouver les moyens de persuader, et l’ordre dans lequel on doit ranger ces moyens, il s’agit maintenant d’énoncer chaque chose selon sa nature, son importance ou sa dignité ; la Grammaire a donné des règles pour le faire correctement ; nous montrons à l’article Style comment on doit s’exprimer relativement à la qualité du sujet qu’on traite.

Style.

Le style est une façon de s’exprimer qui porte un caractère émané, tant de la qualité de l’ouvrage, que du goût personnel de l’Auteur. Nous examinons d’où résulte ce caractère ; combien on distingue de sortes de styles ; quels sont les Auteurs où l’on peut trouver de parfaits modèles pour les différents styles. Nous considérons ensuite cet objet sous un point de vue général ; nous nous arrêterons sur toutes les qualités qui peuvent ou doivent concourir à rendre le style parfait ; sans omettre les convenances qu’il faut garder par rapport à la personne qui parle, par rapport aux circonstances, par rapport à la manière de parler.

Nous marquons le lieu des passions, les tons et les nuances différentes qu’emploient la mémoire, l’esprit, la raison, le sentiment et l’imagination ; quand est-ce qu’il faut consulter le nombre et l’harmonie, ou avoir recours aux figures et aux images.

On distingue encore d’autres sortes de styles, l’attique, le laconique, l’oratoire, l’académique ; enfin le style prosaïque, et le style poétique.

C’est au goût à indiquer le style qui convient à tel ou tel sujet ; mais le goût se forme par les préceptes et par les exemples, et s’accoutume à discerner le bon d’avec le mauvais ; on voit par-là quelle est l’union intime et nécessaire de l’art et du goût.

Goût.

Nous n’avons pu le définir qu’en partie, parce qu’il est un objet mixte, composé d’une qualité de l’esprit, et d’un sentiment de cœur, et que ce qui tient au sentiment ne peut se définir. Nous faisons voir en quoi consiste cette qualité de l’esprit, et comment on put la perfectionner, de manière qu’elle saisisse du premier coup d’œil le point de beauté qui convient à chaque sujet. Ce qui nous a porté, (puisque la beauté est son objet) à examiner ce qu’on entend par beauté dans les ouvrages de littérature. Ce n’est qu’avec un goût exquis et fortifié par les principes de la Rhétorique, qu’on peut acquérir l’art de toucher et de persuader, et être vraiment éloquent.

Éloquence.

L’Éloquence seule connoît les ressorts qui peuvent nous ébranler, nous émouvoir ; toutes nos passions sont dans ses mains, elle les irrite et les appaise à son gré. Nous rapportons dans cet article un morceau de Racine dans Britannicus, qui fait mieux sentir ce que c’est que l’Éloquence, que tout ce que nous pourrions en dire. Les articles dont nous allons parler présentent ce qui appartient à ces expressions vives, à ces traits enflammés que l’Éloquence jette dans nos âmes, et à ce ton noble et élevé qui lui convient.

Figures de Rhétorique.

Nous faisons voir l’origine des figures ; nous les divisons ensuite en figures de mots et figures de pensées.

Les figures de pensées forment trois classes.

La première, des figures les plus convenables à la preuve.

La seconde, des figures propres aux passions

La troisième, des figures d’ornement. Chaque figure est renvoyée à son article.

L’amplification est aussi un des principaux moyens de l’Éloquence.

Amplification.

Nous montrons en quoi consiste l’Amplification ; comment elle sert à la preuve, à l’exposition du fait, à concilier la faveur de ceux qui nous écoutent, à exciter les passions, etc. enfin comment elle embrasse tous les lieux communs de la Rhétorique.

Déclamation.

On expose dans ce traité combien il y a de sortes de déclamations ; en quoi elles consistent, mais on y fait voir qu’il n’est guère possible d’établir des règles à cet égard : Les règles défendent, disoit le célèbre Baron, de porter les bras au-dessus de la tête ; mais si la passion les y porte, ils seront bien.

Cependant, au mot accent oratoire, nous avons analysé pour ainsi dire la déclamation d’un beau morceau tiré de l’Athalie de Racine, et nous avons marqué les tons de la prononciation familière, et les tons de la prononciation soutenue.

Nombre oratoire.

Après avoir défini en général le mot nombre, nous l’appliquons au discours ; ce qui nous donne lieu d’examiner, l’espace des phrases, leurs chutes, leur mouvement et le rithme.

Ces espaces sont terminés par des repos, dont on doit distinguer trois sortes ; les repos des objets, les repos de l’esprit et les repos de l’oreille.

Nous examinons l’étendue que le bon goût assigne à ces espaces ; et nous rapportons des exemples à imiter, et des exemples vicieux.

Nous traitons ensuite des qualités qui conviennent aux chutes, au mouvement et au rithme.

Nous avons puisé la plupart de nos observations dans le cours des Belles-Lettres, et dans l’ouvrage sur la construction oratoire de l’abbé Le Batteux ; nous ne pouvions suivre un guide plus estimé.

Tous les objets dont nous venons de parler sont communs à l’Éloquence et à la poésie. Il n’est pas point de figures qu’on ne puisse employer dans l’un comme dans l’autre de ces deux styles. Les charmes du style élevé, le nombre, la cadence et l’harmonie leur appartiennent à tous deux ; seulement tout cela est d’un usage plus fréquent, et plus hardi dans la poésie que dans la prose. On a prétendu que l’inversion formoit le caractère distinctif du vers, et par conséquent du style poétique ; mais cette prétention a été bien détruite par plusieurs écrivains célèbres, et entr’autres par celui que nous venons de citer ; le lecteur en pourra juger par l’article Inversion, et par l’article Vers.

Inversion.

Il y a trois ordres auxquels il faut faire attention, quand on considère une langue ; l’ordre des pensées, l’ordre des expressions, et l’ordre de la langue, par opposition à d’autres langues auxquelles on la compare. D’après cette distinction, nous établissons entre les mots trois arrangements différents. 1° L’ordre Grammatical, relativement aux rapports réciproques que les mots ont entr’eux, quand on les considère comme régis ou régissants. 2° L’ordre Métaphysique, en le considérant relativement aux rapports réciproques des idées ou des objets à leur convenance, à leur génération. 3° L’ordre Oratoire, en les considérant relativement au but de celui qui parle.

Nous montrons ensuite pourquoi la langue françoise se prête difficilement à l’ordre oratoire ; en rapportant cependant plusieurs exemples, tirés des plus célèbres écrivains, entre les mains desquels elle s’est pliée sans s’écarter de l’ordre oratoire, sinon dans les phrases, du moins dans les périodes et dans la marche des raisonnements. Après avoir observé les avantages des inversions, nous finissons par marquer celles que l’une adopte, et celles que l’autre rejette.

Passons maintenant à la dernière branche de l’Élocution françoise, qui est la Poésie.

 

POÉSIE.

On distingue trois sortes de Poésie, celle des choses, celle des idées et des sentiments, et celle du style. Nous les examinons sommairement, en renvoyant, au surplus, aux articles « Style, Éloquence, Harmonie, pour passer à ce qui regarde la Poésie, quant à la versification, qui n’a pour objet quel le mécanisme des vers.

Versification.

Avant que de parler de la structure et de l’arrangement des vers, il étoit à propos d’examiner pourquoi les poëtes de tous les pays ne sont pas assujettis à des règles communes, quoiqu’ils peignent tous un même objet, qui est la belle nature, quoique cet objet se présente parfois avec les mêmes attributs, et que les couleurs des tableaux doivent toujours être conformes à celle de l’original. Après plusieurs observations à cet égard, nous montrons les principes généraux communs à toutes les langues, et les règles particulières à chacune ; par exemple, le nombre de syllabes, la césure et la rime sont propres aux vers françois.

Structure du vers.

Comme la structure du vers exige l’observation de toutes les lois imposés aux poëtes pour le nombre, la qualité et l’arrangement des syllabes dans un vers, de distinguer dans cet article combien de sortes de vers nous avons.

Les qualités requises dans les syllabes varient selon qu’elles sont à la fin, ou dans le corps des vers : on trouvera tout ce qui regarde le premier cas à l’article Rime, et tout ce qui regarde le second à l’article Hiatus.

Arrangement des vers.

L’arrangement des vers, ou l’ordre dans lequel ils se suivent, varient en autant de façons qu’on peut se proposer de différents mélanges de vers entr’eux ; soit relativement aux rimes, soit en ne considérant que le nombre des syllabes, soit par rapport à l’un et à l’autre de ces deux points de vue ; c’est ce que nous examinons.

Comme chaque espèce de poëmes a des règles particulières de versification et de style, nous n’avons pu nous dispenser de dire quelque chose de chacun de ces poëmes en particulier.

Nous nous étendons moins sur les grands poëmes que sur les petits ; ce qui pourra d’abord paroître singulier : mais ceux-ci n’ayant que peu de détails, nous pouvions entreprendre de les donner ; ceux-là, au contraire, ne pouvant être bien connus que par de longs ouvrages, nous avons dû nous contenter d’y renvoyer les lecteurs, et présenter seulement une notion générale, ou, si l’on veut, leur définition, avec les principales qualités que doit avoir leur style.

Ces différents poëmes, grands ou petits, sont l’Épopée, la Tragédie, la Comédie, l’Opéra, l’Églogue ; l’Élégie, la Satyre, le Poëme didactique, l’Épithalame, l’Épître, la Fable, l’Acrostiche et les pièces en vers libres ; on les trouvera tous à leurs articles particuliers.

Nous avons en françois plusieurs sortes de pièces de vers, composées de strophes ou stances, sur lesquelles nous avons jugé à-propos de donner quelques détails. Nous disons peu de choses de celles qui ne sont plus en usage. Nous n’en aurions pas même parlé, si nous n’avions pensé que l’on a toujours une sorte de satisfaction à prendre une connoissance générale de ce qui flattoit nos pères, lors même que notre goût ne s’accorde pas avec le leur. Nous nous étendons un peu plus sur les Poëmes qui sont encore à présent en quelque réputation. On peut voir tous ces différents Poëmes en stances aux articles Sonnets, Bouts rimés, Rondeau, Triolet, Chant royal, Balade, Lai et Vire-Lai, Madrigal, Épigramme, Ode, Chanson, Cantates.

Les stances dont ils sont composés ont fourni la matière d’un traité particulier ; où après avoir expliqué ce qu’on entend par stances, nous les avons divisées en stances régulières et stances irrégulières, et nous avons établi les règles que suivent les unes et les autres.

Rime.

Après avoir établi ce que c’est que la rime, on examine si c’est une source de beautés ou de défauts dans les vers. Nous rapportons les différentes opinions sur ce point, en renvoyant au surplus à la Poétique de Voltaire, où l’on a recueilli tout ce que le grand Maître a dit d’excellent sur cette matière.

Nous passons aux règles générales de la rime ; puis nous parlons de la rime masculine ; et de la rime féminine, qui peuvent être riches ou simplement suffisantes. On verra ce qui constitue la rime riche et la rime suffisante. Viennent après cela les règles pour la rime masculine, et pou la rime féminine.

Nous finissons cet article par dire un mot des rimes qui ne se trouvent plus que dans nos vieux Poëtes, et qu’on appelle pour cela rimes vieilles. Ce sont la Kirielle, la Batelée, la Fraternisée, la Senée, la Brisée, l’Emperière, l’Annexée, l’Enchaînée, l’Équivoque, la Couronnée.

Césure.

Nous commençons par faire sentir combien la césure, ou ce repos qui coupe le vers en deux parties dont chacune s’appelle hémistiche, contribue à la cadence et à l’harmonie des vers François. Nous disons ensuite dans quelles sortes de vers la césure a lieu. Nous observons sur quelle syllabe doit porter la césure, et quelles sont les règles et les exceptions à cet égard. Nous entrons dans le détail des différentes sortes de mots que le repos peut séparer, en marquant les fautes dans lesquelles plusieurs Poëtes sont tombés, et nous rapportons quelques observations de Voltaire.

Licences Poétiques.

Nous allons finir ce tableau général par l’article Licences Poétiques. On y trouve ce qu’on appelle communément mots Poétiques ; et nous y traitons de quelques autres licences relatives à l’orthographe ou à la construction, et dont on n’use qu’en Poésie. Nous ne parlons pas seulement des licences permises, nous rapportons aussi celles qui sont regardées comme vicieuses. Cela nous donne lieu de faire plusieurs observations utiles sur le style ; observations que nous appuyons des remarques de l’abbé d’Olivet et de Voltaire.

 

Tel est le plan simple, que nous avons cru devoir suivre dans ce Dictionnaire de l’élocution Françoise. Il nous a paru le plus propre à venger notre Langue des reproches injustes qu’on lui a faits souvent, faute d’en connoître assez les principes et les lois. La Langue Françoise n’est ni plus difficile, ni plus bizarre que les autres ; elle n’a ni plus de règles, ni plus d’exceptions. Il sembleroit même que c’est de toutes les Langues vivantes, celle qui s’accommoderoit davantage au caractère des différents peuples, comme le génie François semble être le plus propre à sympathiser avec toutes les autres Nations. L’empressement que la plupart des Étrangers témoignent à apprendre notre Langue ; les progrès rapides qu’ils y font avec un peu d’étude, me confirment dans mon opinion : ses tours sont aisés à saisir, ils n’ont rien aussi d’embarrassant, d’aussi confus que ceux de la plupart des autres Langues vivantes ; les mots qu’elle emploie ne sont ni durs ni barbares ; il n’y a point d’organe qui ne s’y prête sans peine.

C’est pour en faciliter encore plus l’étude que nous avons composé cet ouvrage. Nous avons tâché d’y résoudre toutes les difficultés qui peuvent s’y rencontrer ; et nous nous sommes appliqués en même temps à montrer tous les ornements, toute la richesse et la pompe dont elle peut être parée ; en sorte que si elle a quelques épines, ces épines sont cachées sous les fleurs. Nous l’avons prise depuis les premières phrases informes que bégaie l’enfant qui vient de naître ou l’Étranger qui commence à l’apprendre, nous l’avons suivie dans sa marche, jusqu’aux plus sublimes discours des Bossuet et des Racine.

Le Lecteur s’appercevra aisément, que la Langue Françoise qui paroît si belle, si noble, si élevée dans la bouche de ces hommes éloquents, n’en a pas plus d’art ni plus de difficultés ; c’est la même simplicité dans sa construction, le même enchaînement dans ses mots ; la différence ne vient que du choix heureux de ces derniers, de l’emploi sage qu’ils savoient en faire.

FIN DU DISCOURS PRÉLIMINAIRE