NOTES BIO-BIBLIOGRAPHIQUES ADDITIONNELLES

 

La riche personnalité de Joseph-Frédéric-Gustave Fallot n’a pas fait l’objet jusqu’à présent de beaucoup d’études approfondies. Toutefois l’ouvrage d’Eldon Kaye : Les Correspondants de Charles Weiss (1779-1866), Le Préambule, Longueil, Québec, 1987, auquel j’emprunte les renseignements suivants [pp. 193-198], fournit une base d’information intéressante qu’il serait judicieux d’élargir par des investigations plus poussées concernant la diaspora intellectuelle bisontine du début du XIXe siècle. Les détails et allusions exposés ci-dessous peuvent étayer en conséquence les remarques formulées dans le texte préliminaire des Recherches par P. Ackermann et B. Guérard

Né à Montbéliard, le 17 novembre 1807, d'une famille de négociants protestants, alliée à celle de Cuvier, Gustave Fallot, fils de Jacques-Frédéric Fallot et de Catherine Tueffard, fut placé par son père dès sa sortie du collège chez un maître de forges de Gray, Jean-Baptiste Jobard. Ce dernier reste connu pour avoir apporté plusieurs améliorations dans la métallurgie et mis en pratique l'un des premiers, au profit de ses employés, le système de la participation aux bénéfices. Le jeune Fallot n'éprouvait que du dégoût pour le commerce. Sa seule consolation était la lecture; isolé, sans guide, au fond d'une petite ville illettrée, il dévorait tous les volumes que le hasard plaçait sous sa main. Les premières lettres écrites de Gray en 1829 décrivent l'angoisse et le sentiment d'impuissance du jeune homme qui supplie Weiss de lui tendre une main secourable "pour sortir de l'abîme où à peine encore sorti de l'adolescence il se voit sur le point d'être englouti" (ms. 1904, f°. 337, Gray, 22 février 1829). "Le manque d'un levier qui me soulève hors du cloaque où je me noie, me retient seul dans cette fange commerciale" (f°. 351, Gray, 17 mai 1829). En avril de la même année, Weiss lui accorda une entrevue à Besançon et, jaugeant tout de suite les capacités intellectuelles et les promesses du jeune homme, offrit de le garder à Besançon et de surveiller son éducation. Grâce à cette influence, Fallot entra chez l'imprimeur Gauthier qui le chargea de réviser et de corriger les ouvrages à éditer.

C'est chez Gauthier qu'il se lia d'amitié avec Pierre-Joseph Proudhon dont les débuts eurent tant de ressemblance avec les siens. Pendant les deux ans qu'il passa à Besançon, il put se ménager le temps de lire tous les ouvrages importants des philosophes modernes, apprendre des langues classiques et modernes, étudier la philologie, fréquenter les cours de la Faculté des lettres et prendre le grade de bachelier. Doué d'une étonnante mémoire, il acquit bientôt des connaissances étendues. En juin 1831, il se rendit à Paris, muni de lettres de recommandation de Weiss.

Ses débuts dans la capitale furent pénibles. Il fut confié à la tutelle morale de Joseph Droz qui le reçut avec bienveillance (f°. 353, Paris, 17 juin 1831), mais Cuvier, Quérard, Villemain, Flavien de Magnoncour qui promettaient leur appui, ne purent rien pour lui. Faute de ressources, il ne lui restait que la fainéantise et l'étude sans guide: "J'aime la métaphysique, je m'y exerçais volontiers, je ne m'y crois pas inapte, mais il me faudrait de la tranquillité, de la solitude, des livres, il me faudrait surtout savoir où dîner. J'aime aussi beaucoup l'histoire: ces deux sciences sont celles auxquelles je consacrerais mes veilles; mais je n'ai ni feu ni lieu, je suis campé au milieu d'une ville étrangère, dénué de ressources, doué pour mon malheur d'une antipathie insurmontable pour le charlatanisme ou la brocanterie, bien décidé à ne faire jamais de la littérature une ressource mercantile et n'employer jamais des moyens honteux de succès. […] Mes folles idées ont disparu, mes espérances sont renversées, mes projets nuls; je n'ai pas peur de l'avenir parce que dans la témérité de mon coeur, je n'attache aucun prix à la vie et me sens prêt à tout braver; mais si quelque chose me navre, c'est la nécessité de consumer ainsi mon temps en vains combats contre une nécessité de fer, contre les besoins les plus impérieux; c'est encore l'incertitude qui pèse sur ma vocation et, il faut bien le dire, sur ma capacité, puisque n'ayant rien fait qui vaille, je suis toujours en doute et en inquiétude de savoir si mes forces répondront à ma bonne volonté et si je n'en serai pas quitte pour mes frais et mes avances à la littérature. […] Ma situation est absolument la même que le lendemain de mon arrivée, à l'argent que j'ai dépensé près; toutes mes démarches ont échoué, toutes mes espérances sont détruites, mes illusions dissipées; mon activité s'est épuisée en vains efforts et je suis près de me laisser vaincre par l'apathie et le découragement" (f°. 357, Paris, 1er août 1831).

Pendant un certain temps, grâce à l'initiative de Weiss, Michaud l'associa à son travail de supplément de la Biographie universelle. Le 23 août 1832, l'Académie de Besançon le désigna pour être le premier titulaire (rappelons que Proudhon devait être le second) d'une pension de 1500 francs, payable pendant trois ans, fondée par la veuve de Jean-Baptiste Suard en faveur d'un Franc-Comtois sans fortune, plein de promesse et se destinant à une carrière libérale; il y eut onze candidats, dont Mauvais le futur astronome; au quatrième tour, Weiss fit triompher son protégé. Un peu plus tard, Weiss qui voyait en lui le futur conservateur des Archives de Besançon, lui fit accorder par le conseil municipal de la ville, un subside de 500 francs. Désormais, Fallot fut à l'abri de la gêne, du moins pour un certain temps. Le 28 janvier 1833, il entra à l'École des chartes comme élève pensionnaire et commença à écrire des mémoires sur les langues anciennes et sur l'histoire et les moeurs du Moyen Âge: "Je suis occupé avec acharnement d'achever un mémoire sur la langue des Volsques que je compte lire à l'Académie des Inscriptions d'ici six semaines, comme préliminaire à mes travaux sur la langue étrusque, et je suis d'autant plus pressé d'achever cette besogne que pour la faire, depuis un mois, j'ai laissé en suspens, j'ai laissé dormir ma collection de manuscrits des historiens des croisades que je fais pour l'Académie des inscriptions" (f°. 364, cachet postal: 31 mai 1834).

En juillet 1834, Guizot le nomma secrétaire du comité pour la recherche et la publication des documents inédits relatifs à l'histoire de France (f°. 360, 30 août [1834]). Un des premiers gestes de Fallot en tant que secrétaire de la commission fut de suggérer à Weiss le nom de Proudhon, "mon vieux camarade", pour assumer la direction de l'équipe chargée de publier les papiers du cardinal Granvelle: "Il était venu à Paris il y a deux ans, sa rudesse n'a su s'y plaire; pendant que j'avais le choléra, ennuyé d'être seul, il est parti pour Lyon; puis sa mère malade l'a fait revenir à Besançon; il y est resté dans son imprimerie où il languit encore. Je ne cesse de croire que vous en pourriez former un sujet distingué et fort attaché à notre pays. Si vous pouviez l'employer à ce travail sur les papiers de Granvelle, je crois que vous lui rendriez un signalé service dont il vous aurait grand gré, et que vous-même vous en trouveriez bien" (f°. 367, le mercredi 4). Weiss finit par offrir le poste à Duvernoy, choix que Fallot approuva (f°. 379, novembre 1834). En décembre 1834, ce dernier obtint le diplôme d'archiviste paléographe, et il fut nommé en même temps sous-bibliothécaire de l'Institut de France. Ainsi, en l'espace de quelques années, s'était-il acquis, grâce à ses connaissances, une réputation flatteuse et la position qu'il avait tant convoitée.

Des travaux de toute sorte l'absorbaient, surtout l'étude comparée des langues qui était devenue pour lui un objet de prédilection; il avait dressé un plan et des bases nouvelles pour l'étude de l'ethnographie, et voulait réaliser une science qui pour lui n'existait que de nom. C'est à peine si, accablé de besogne, il eut le temps d'exécuter les commissions de Weiss ou de répondre aux lettres de son protecteur; mais la raison de sa négligence était, disait-il, évidente: "Mais de bonnes raisons, je n'en ai pas, pas une; ce ne sont pas des raisons que d'alléguer que la collection que je fais des mss de Guillaume de Tyr pour la collection des histoires des croisades que publie l'Académie des Inscriptions, les cours de l'École des chartes, ceux de Hase, de Boissonade que je suis forcé de suivre, les études qui me sont particulières et que je ne saurais abandonner, sur les langues anciennes de l'Europe, les gens que je suis forcé de voir et de cultiver pour mon avancement, m'absorbent et me consument au point que ma vie se passe comme un rêve; je suis englouti sous ma besogne et je ne parviens à joindre les deux bouts de mon temps qu'en prenant sur mon sommeil, sur mes relations incidentes, et en oubliant tout ce qui n'est pas incessamment sous mes yeux, […] ma jeunesse, ma vigueur, mon application entière à mes affaires n'y suffisent pas et je tomberai certainement malade si ce genre de vie ne cesse avant que je sois épuisé" (f°. 381, Paris, 26 février [1834]).

Il se proposait d'écrire une Histoire généalogique de l'espèce humaine par les langues, et une Étude sur la langue et la littérature slaves; et il venait de terminer un grand ouvrage sur les origines de la langue française, lorsqu'une congestion cérébrale, suite à une attaque de rougeole, l'emporta le 6 juillet 1836. Il n'avait que vingt-neuf ans. Sa disparition fut considérée comme une grande perte par le monde savant. Son ami et compatriote, Paul Ackermann, se fit son exécuteur testamentaire, et, ayant trouvé dans les papiers laissés par Fallot un manuscrit intitulé Recherches sur les formes grammaticales de la langue française et de ses dialectes au XIIIe siècle, il le publia en 1839 et le fit précéder d'une notice d'Alphonse Guérard et d'une dédicace à Messieurs de l'Académie de Besançon. La Bibliothèque de Montbéliard a hérité de ses nombreux manuscrits, parmi lesquels on peut signaler Recherches sur la langue étrusque, Recherches sur les origines de la langue latine, Dialectes latins de l'Europe occidentale, Mots primitifs de l'italien, Mémoire sur la langue et la littérature slaves. Outre la notice de Guérard et les deux publications de Pingaud: "Lettres de Gustave Fallot", dans Mémoires de l’Académie de Besançon, 1892, et "Nouvelles lettres de Gustave Fallot", dans Mémoires de l'Académie de Besançon, 1897, on peut consulter G. Goguel: Hommes célèbres dans le monde savant, nés ou élevés à Montbéliard, 1864, et l'article de Weiss paru dans la Biographie universelle de Michaud.

 

ms. 1904, f°. 371

lundi 23 juin [1834]

Mon excellent maître,

J'étais chez M. Nodier hier quand M. Wey y est entré, apportant dans son portefeuille une lettre pour le maître de la maison et une pour le plus humble de vos serviteurs. Le maître de la maison a lu votre lettre, puis il me l'a passée et m'a chargé d'y répondre. Or, j'y réponds, et j'y réponds en commençant par le plus simple énoncé d'une réflexion qui m'a frappé.

J'ai lu votre lettre à Nodier, j'ai lu votre lettre à moi. J'ai vu que les élections vous préoccupent; vous espérez qu'elles se passeront bien; vous faites des châteaux en Espagne à propos de leur réussite; vous rêvez au bien que pourront faire les députés, aux services qu'ils pourront rendre; vous songez à moi, à Nodier, à son gendre, à ce pauvre et bon Pauthier, car il est bon et honnête autant que personne; vous pensez à tout le monde, vous donnerez à l'un ceci, à l'autre cela, vous ferez du bien à tous, hormis à quelqu'un, qui est vous, qui êtes père de trois enfants, qui ne songez pas que vous puissiez être rien dans ce monde, hors bibliothécaire à Besançon, avec dix-huit cents livres de traitement; il ne vous faudrait qu'un crédit d'un quart d'heure pour que Duvernoy, Pauthier, Nodier, moi, la Bibliothèque de Besançon, le gendre de Nodier n'allassions plus qu'en carrosse et eussions des livrées; et puis cela fait, vous reprendriez votre redingote bleue de l'an dernier, vous iriez faire un tour sur le quai vers les boîtes à six sols le volume et vous vous en retourneriez a Besançon travailler quinze heures par jour et vous faire des privations. Quel homme vous êtes, monsieur Weiss, quel homme vous êtes, et où je retrouverai votre pareil! Je vous salue ici, de mon fauteuil, devant cette table sur laquelle je n'écrirais pas si je n'avais pas eu par vous, qui n'en posséderez jamais une semblable, les moyens de l'acheter, je vous salue, je vous salue trois fois avec le plus profond mouvement de vénération que j'aie jamais senti en saluant un homme!

J'ai tourné le feuillet. Voici la réponse de ce bon monsieur Nodier. Il ne peut demander à M. de M. ce Juvenal variorum dont la possession le comblerait d'aise. C'est vous dire assez qu'il s'en repose à vous pour lui procurer le plaisir de voir ces deux volumes figurer un de ces jours sur les rayons restés libres de sa seconde armoire. Je puis vous assurer tout franchement parlant qu'il aurait déjà accompli sa promesse quant à la Revue de Paris et au supplément de la Biographie universelle si la Revue de Paris n'avait pour lui à peu près cessé d'exister. Son ami Pichot s'en est défait; elle a passé dans les mains de Buloz, plat et sot butor, intime ami de Magnin, et bousingot comme feu Chaumette. Selon la direction que prendra la Revue de Paris, Nodier y pourra travailler; mais depuis environ deux mois il est certain qu'il n'y travaille plus. Nodier m'a chargé de vous dire une dernière chose, je la rends comme je l'ai reçue, il s'agit de gens que je ne connais point. C'est à savoir que ce n'est point Rossigneux qui a fait faire banqueroute à Guichard, mais que ce Guichard a fait banqueroute à lui tout seul, sans que personne l'y ait aidé, n'étaient pourtant ses vis-à-vis au jeu d'écarté, qui paraissent l'avoir beaucoup aidé dans cette opération. Nodier vous fait dire cela parce qu'il me dit que Guichard, ne voulant pas avouer que les cartes sont ses seuls complices, publie à Paris que c'est son frère qui l'a ruiné et a fait répandre à Besançon le bruit que c'est Rossigneux. Pauthier s'est chargé de vous procurer le cahier de décembre de la Revue encyclopédique. Il est déjà allé deux ou trois fois le demander et s'il ne l'a pas eu encore, ce n'est pas faute de zèle. D'ailleurs, vous l'aurez et promptement, j'en suis garant. Vous aurez aussi, et aussi sans les payer, les tirés à part des articles de Nodier sur le livre de M. Brunet. Avez-vous son article sur le Romancero de Paulin Paris? Voilà une première réponse faite; passons à la suivante qui est celle de votre serviteur.

J'ai manqué les Script. Rev. Hungar. De désespoir j'ai couru chez Mme Porquet qui m'en a déterré un autre exemplaire, mais bien entendu à un prix double du premier. On en veut 36 fr. Si vous le voulez, vous le manderez à Mme Porquet ou à moi.

Je n'espère pas trouver M. Mignet chez lui où il n'est guère visible; mais je me ferai présenter à lui à la Bibliothèque de 1'Institut et je vous dirai le résultat de notre conférence.

Monsieur Guizot songe à établir près son ministère un comité composé d'un petit nombre de personnes dont les fonctions seront gratuites et qu'il chargera de surveiller et de diriger cette série de publications sur l'histoire de France que le gouvernement va mettre en train. Monsieur Guizot a besoin d'un secrétaire pour ce comité, et comme j'étais allé le voir peu de jours auparavant avec une lettre de M. Jouffroy, il a eu la bonté de penser à moi pour cet emploi. Il s'est renseigné sur mon compte à M. Fauriel avec qui j'ai causé celtique, qui est un excellent homme qui me veut du bien et qui s'est empressé de me le montrer. M. Fauriel a été chargé de m'offrir cette place, et en me l'offrant il m'a recommandé le secret et m'a dit qu'il croyait que je ferais une grande sottise de ne pas l'accepter, parce qu'à cause de relations journalières qu'elle me donnerait avec le ministre, elle me pourrait mener à tout. J'avoue que j'ai toutes les peines du monde à me décider à prendre une portion de temps quelconque à mes travaux sur les langues qui, j'en doute moins de jour en jour, me doivent conduire à des découvertes et à de beaux résultats scientifiques. Je n'ai point M. Jouffroy à Paris pour me diriger et je suis dans la perplexité. Cependant, je compte accepter, ne pouvant faire autrement. Ayez la bonté d'en parler à M. Jouffroy s'il est à Besançon et de me dire ce que vous et lui en pensez. Je serai présenté à M. Guizot pour savoir les conditions et y répondre, aussitôt que les grandes affaires d'élection, qui s'en vont finir, ne l'occupent plus. Je vous félicite sur l'élection de M. de Magnoncour, je vous félicite sur la réélection de M. Jouffroy, je me félicite moi-même sur l'une et sur l'autre. Pauthier vient de m'apporter le cahier de la Revue encyclopédique. Il sera demain chez M. Debure; ainsi tout est en règle.

Adieu, mon maître. La vente de Merlin m'a mis aux abois; les livres basques, les livres grecs, les livres islandais me font perdre la tête, mais j'aurai dans dix ans un bel amas de livres en toute langue, si d'ici là la faim ne m'a pas dégoûté des bouquins.

Je vous embrasse de tout coeur.

Gustave Fallot

passé le 8 juillet, rue Croix des Petits-champs, No 44.

 

La relation amicale et intellectuelle qui unit Gustave Fallot et Pierre-Joseph Proudhon avant 1830 a été notée par Jacques Bourquin dans son ouvrage : Écrits linguistiques et philologiques ; textes manuscrits inédits, Presses Universitaires Franc-Comtoises, Besançon, 1999, p. 27.

Cette relation justifie probablement l’intérêt des deux « linguistes » pour la recherche des règles du développement des langues, car c’est en ces principes qu’ils trouvent les arguments plaidant en faveur de la théorie anthropologique de la phylogénèse humaine et de l’histoire sociale des peuples, qu’ils soutiennent de manière plus générale.

Jacques Bourquin a lui-même développé cette hypothèse dans The Prix Volney : Its History and Significance for the Development of Linguistic Research, volume 1 b de Prix Volney Essay Series, Series Editor Joan Leopold, Kluwer Academic Publishers, Dordrecht, Boston, London, 1999, pp. 715-718 et 819-820. Il a également souligné l’importance de l’œuvre de Fallot, qu’il définit comme le carrefour même où se rencontrent les contradictions épistémologiques de la première moitié du XIXe siècle. Et de citer alors les paroles prononcées par Proudhon, peu de temps après la mort de son camarade : « La faculté dominante de Fallot était l’aptitude aux méditations philosophiques et la philologie ne fut jamais pour lui qu’un objet secondaire qui pouvait fournir quelques lumières sur les objets dont s’occupe la haute métaphysique. Une de ses croyances était que l’observation des phénomènes du langage et de la physiologie comparée, amènerait tôt ou tard des découvertes assez importantes pour résoudre définitivement, en oui ou en non, les problèmes les plus intéressants de la science » [Lettre de Proudhon à Charles Weiss, en date de 1836]…