Génin (François), littérateur, philologue et musicien français, né à Amiens en 1803, mort à Paris en 1856. Élève de l’ancienne École normale, François Génin, d’abord professeur de quatrième au collège de Laon, devint, en 1839, professeur de seconde au collège de Strasbourg, où il ne tarda pas à prendre possession de la chaire des belles-lettres. Quelques années après, M. Littré, son ami, le fit entrer dans la rédaction du National, et le nouveau journaliste acquit promptement une réputation fort belle.
Son premier article était une critique des Origines de l’Église romaine de dom Guéranger. Pour qui aime la polémique ardente, passionnée, acerbe, en même temps et souvent spirituelle, la lutte de Génin contre les jésuites présente un spectacle digne d’intérêt. Dans ce tournoi d’où il sortit vainqueur et couvert d’applaudissements, le parti libéral reconnut un de ses plus fervents représentants, et le parti ultramontain et réactionnaire était l’objet de ses railleries inexorables et de ses vigoureuses colères. Lors de la révolution de 1848, Génin était encore attaché au National : mais comme la grande querelle pour la liberté de l’enseignement, dada chéri des cléricaux, commençait à languir, il abandonna le journalisme militant pour aborder la philologie. « Génin, dit M. B. Hauréau, a trop souvent provoqué la contradiction par la nouveauté de ses hypothèses, pour n’être pas quelquefois contredit ; mais personne n’a jamais pu lui refuser ces deux mérites : l’art d’inventer et l’art d’exposer. »
En 1845, parut le Lexique de la langue de Molière, couronné par l’Académie française. L’avènement de la République ne pouvait qu’être favorable à un homme dont les principes et les idées libérales étaient bien connues ; il fut donc nommé chef de la division des belles-lettres au ministère de l’instruction publique. Il resta en fonction jusqu’au mois de mai 1852, et, dans certaines circonstances assez difficiles, il fit preuve d’une grande dignité et d’un zèle empressé.
Le reste de sa vie n’offre aucune particularité, sinon qu’il travailla beaucoup et augmenta le nombre déjà considérable de ses ouvrages, dont voici la liste : Recueil de lettres choisies dans les meilleurs écrivains français (Strasbourg, 1835, in-12) ; Lettres de Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre (Paris, 1841, in-8°) ; Nouvelles lettres de la reine de Navarre au roi François Ier (Paris, 1842, in-8°) ; les Actes des apôtres (Paris, 1842, 3 vol. in-32) ; Les Jésuites et l’université (Paris, 1844, in-8° et in-12) ; Des variations du langage français depuis le XIIe siècle (Paris, 1845, in-8°) ; Lettres sur quelques points de philologie française à Monsieur A.-Firmin-Didot (Paris, 1846, in-8°) ; Lexique comparé de la langue de Molière et des écrivains du XVIIe siècle (Paris, 1846, in-8°) ; Œuvres choisies de Diderot, précédées de sa vie (Paris, 1847, 2 vol. in-12) ; Ou l’Église ou l’État (Paris, 1847, in-8°) ; La Chanson de Roland, poëme de Théroulde, avec une introduction et des notes (Paris, 1850, in-8°) ; Lettre à M. Paulin Paris (Paris, 1851, in-8°) ; Lettre à un ami sur la lettre de M. Paulin Paris (Paris, 1851, in-8°) ; L’Eclaircissement de la langue française de J. Palsgrave, suivi de la Grammaire de Gilles du Guez, avec une introduction (Paris, 1852, in-4°) ; Maître Patelin, avec une introduction et des notes (Paris, 1854, in-8°) ; De la prononciation du vieux français, lettre à M. Littré de l’Institut (1856, in-8°) ; Récréations philologiques (1856, 2 vol. in-8°) ; Essai sur les Atellanes, publié dans les Mémoires de la Société d’agriculture du Bas-Rhin (1832-1833) ; Traduction des satires d’Horace, insérée dans la collection des classiques latins dirigée par M. D. Nisard ; elle est fort estimée ; des articles dans la Revue indépendante, la Revue de Paris, la Revue des Deux Mondes, l’Illustration, le Temps, etc. ; le Pamphlet d’un curé troubadour (Paris, 1845, in-8°) «M. Génin, dit M. B. Hauréau, était, en outre un musicien distingué : il a écrit la musique d’un ancien opéra de Sedaine : On ne s’avise jamais de tout, qui fut représenté en 1843, avec un poëme entièrement refait par M. Planard. Il a de plus, composé une messe en musique qui a été exécutée deux fois le jour de Noël, dans l’église de Saint-Leu, à Paris. »
[G.D.U., t. VIII, p. 1159 d - 1160 a]