Onomatopées françaises (dictionnaire raisonné des), par Charles Nodier (1808, in-8°). Ce livre, adopté presque aussitôt par la commission d'instruction publique pour les bibliothèques et les lycées, est curieux et rempli d'érudition. On peut le regarder comme un petit chef d'œuvre de la linguistique moderne. La préface qui le précède a été écrite avec ce goût délicat et ce style charmant qui caractérisent le talent de Charles Nodier. Il faut avouer pourtant que l'auteur va un peu trop loin lorsqu'il considère l'onomatopée comme la source unique de toutes les langues ; il aurait pu se borner à induire d'une grande quantité de mots que ce fut, à l'origine, une des sources les plus abondantes, mais à l'origine seulement. " L'onomatopée, dit-il, est le type des langues prononcées comme l'hiéroglyphe est le type des langues écrites. " Ainsi, soit par des signes figurés, soit par des sons, l'homme en créant le langage a cherché " à donner une idée de l'objet qu'il avait en vue. Cette base est solide, à condition qu'on ne l'élargisse pas indéfiniment. L'ouvrage de Nodier est plein de recherches et d'observations fines. Non-seulement on y trouve toutes les onomatopées françaises, celles qui en ont le caractère indubitable, mais Nodier restitue ce caractère à une foule de mots qui l'avaient perdu par suite d'un long usage, et il le fait apercevoir dans une foule d'autres où il est moins marqué. Ainsi, il fait observer que les noms des principaux organes de la parole commencent en français par une articulation qui met en jeu l'organe même désigné : gosier commence par une gutturale, langue par une linguale, dent par une dentale, nez par une nasale, etc. ; il y a là, en effet, une tendance imitative qui tient de l'onomatopée. Une seconde édition du Dictionnaire des onomatopées françaises a paru en 1828 (in-8°) avec de nombreuses additions et des développements nouveaux. [G.D.U., tome 11, p. 1355 a]