14. Conclusion

Ainsi, lorsque s'achève le siècle, la naissance en langue française d'une linguistique scientifique à part entière ne peut empêcher que l'analyse métalinguistique das faits observés ne passe souvent encore par l'expression des intérêts épilinguistiques des grammairiens.... Lorsque le ministre Georges Leygues, le 26 février 1901, avec l'accord de l'Académie française, arrête une liste de tolérances orthographiques qui ne touchent en rien au statut et aux formes syntaxiques de la langue française, mais qui bouleversent les habitudes des usagers et le conformisme de grammairiens n'ayant su s'adapter aux exigences de l'objectivité linguistique; la timidité de critiques déléguant au style la responsabilité d'assurer leur subjectivité; alors une page de l'histoire de la langue française se tourne définitivement. Non que l'évolution insensible du français, à travers les modifications technologiques, les progrès scientifiques, les variations géographiques et les traumas historiques, les options politiques et idéologiques, les bouleversements culturels, ne cesse de se marquer et même de s'accélérer, mais parce que les procédures d'analyses accompagnant ces changements se doteront dès lors d'instruments de formalisations inconnus à nos usagers et théoriciens du siècle éclectique et syncrétique par excellence que fut successivement le XIXe siècle ; le siècle de Chateaubriand et de Proust, de Napoléon et de Joffre, de Girault-Duvivier et d'Antoine Meillet...

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