Conclusion

Il est désormais grand temps de conclure. Les principes et les exemples présentés ci-dessus ne sauraient en aucun cas constituer une grille de lecture stylistique des textes du XIXe siècle. Les auxiliaires invoqués n'ont été allégués que pour leur capacité à nous fournir une information rétrospective susceptible d'éclairer la nature, les transformations et le jeu des axiologies esthétiques que des temps révolus ont vu se réaliser. L'interprétation des effets stylistiques se joue constamment dans cette inter-relation des constituants variables de l'idéologie supportée par le texte et inscrite dans la nature de son matériau verbal. Chaque lecteur -- comme j'ai pu le montrer ailleurs(37) -- engage sa responsabilité dans l'acte de lecture, et le stylisticien plus qu'aucun autre. Tous les indices historiques susceptibles de contribuer à la production d'une intrigue plausible, sous réserve qu'ils soient envisagés sous l'angle de leur historicité même, sont ainsi à retenir. A défaut d'épuiser la signification des textes, et de saturer définitivement la conscience du lectorat, l'analyse du style d'une oeuvre, comme mise en perspective d'une certaine configuration de formes linguistiques et de valeurs esthétiques sous le regard d'un lecteur historiquement déterminé et subjectivement individualisé, se révèle donc toujours le moyen le plus sûr de pénétrer au coeur verbal du dispositif de la sémiose littéraire. C'est en ce lieu -- peut-être -- que la notion de Style sous l'espèce d'une forme-sens infrangible affirme sa puissance à dénoncer la métaphorisation excessive des rapports du langage à la pensée, laquelle figuralité tend toujours à placer le premier sous la subordination de la seconde. C'est en cette observation que se révèle la vie des oeuvres et la vie du regard qui les fait advenir.

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Notes

37. Jacques-Philippe Saint-Gérand, Morales du Style, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 1993.