TRAITÉ
D’ANALYSE GRAMMATICALE
PRÉCÉDÉ
DE PLUSIEURS OBSERVATIONS
SUR
LES DIX PARTIES DU DISCOURS
ET
D’UNE DISCUSSION
SUR L’ANALYSE
Par
P
rre CESAR JOUANNETBachelier ès-lettres Professeur
« Un art est un collection de règles pour
faire bien ce qui peut être fait bien ou mal. »
(Le Batteux)
PARIS
Chez
Les principaux libraires.
Bordeaux
Chez Ch. Lawalle, Libraire,
Alées de Tourny, 52
Chez Chaumas-Gayet
Libraire
Fossés du Chapeau-Rouge, 34.
1843.
Pour paraître incessamment :
TRAITÉ DE LA CONJUGAISON
DES
VERBES ESPAGNOLS
PAR LE MÊME
Tout exemplaire non revêtu de la signature de l’Auteur,
sera réputé contrefait
.
PRÉFACE.
L’ouvrage que nous offrons au public, diffère essentiellement de tous ceux qui ont paru sur la même matière. Nous ne voulons pas entrer ici dans le détails nombreux qui constituent cette différence : nous serions obligés de toucher du doigt les contradictions, les erreurs qui fourmillent dans d prétendus modèles d’Analyse. Sans provoquer la discussion, nous sommes loin de la fuir. N’est-il pas temps d’en finir avec les routiniers, avec tous ceux en fin qui ne parlent que par la bouche des autres ?
Nous nous adressons aux personnes de bonne foi, aux professeurs de mérite, aux instituteurs intelligents et impartiaux ; nous leur disons : « Lisez, comparez et jugez. »
LISTE ET FIGURE DES ABRÉVIATIONS
EMPLOYÉES DANS CET OUVRAGE.
Figure Valeur
Art. s. m. s. ou sing. Article simple masculin singulier.
Art. s. f. p. Article simple féminin pluriel.
Art. compl. m. pl. Article composé masculin pluriel.
Adj. num. card. Adjectif numéral cardinal.
Adj. num. ord. Adjectif numéral cardinal.
Adj. pos. – dém. Adjectif possessif, démonstratif.
Adj. ind. Adjectif indéfini.
Adv. Adv.
Adv. de nég. Adverbe de négation.
Adv. de quan. Adverbe de quantité.
Adj. pris subs. Adjectif pris substantivement.
Coll. gén. Collectif général.
Coll. parti. Collectif partitif.
Conj. Conjonction.
Cond. Conditionnel.
Cond. 1. pas. Conditionnel premier passé.
Cond. 2. pas. Conditionnel deuxième passé.
1. c. – 2. c. – 3. c.- 4. c. Première, deuxième, troisième, quatrième conjugaison.
Déf. Défectif.
Dét. Détermine.
En apos. En apostrophe.
Fut. abs. Futur absolu.
Fut. ant. Futur antérieur.
Imp. Imparfait.
Ind. p. q. p. Indicatif-plus-que parfait.
Ind. Indicatif.
Impé. Impératif.
Inf. Infinitif.
Inter. interjection.
Irr. irrégulier.
Let. euph. lettre euphonique.
Loc. adv. locution adverbiale.
Loc. prép. locution prépositive.
Loc. conj. locution conjonctive.
Lie 2 prop. lie deux propositions.
Mod. modifie.
Mot euph; mot euphonique.
Pro. 1 pers. pronom première personne.
Pro. 2 pers. pronom deuxième personne.
Pro. 3 pers. pronom troisième personne.
Pro. rel. pronom relatif.
Part. prés. participe présent.
Part. pas. participe passé.
Pas. ind. passé indéfini.
Pas. ant. passé antérieur.
Pas. déf. passé défini.
Prés. présent.
1ère p. f. pl. première personne féminin pluriel;
2ème p. f. pl. deuxième personne féminin pluriel.
3ème p. m. s. troisième personne masculin singulier.
Prép. préposition.
Prop. proposition.
Qual. qualifie.
Rég. régime.
Rég. dir. régime direct.
Rég. ind. régime indirect.
Régr. régulier.
Subj. subjonctif.
Subj. p. q. p. Subjonctif plus-que-parfait.?
Suj. sujet.
Sous-ent. sous-entendu.
Subst. com. substantif commun.
Subst. pro. substantif propre.
Subst. com. comp. substantif commun composé.
Subst. pro. comp. substantif propre composé.
Subst. pris. adj. substantif pris adjectivement.
T. s. p. temps simple primitif;
T. s. d. temps simple dérivé.
T. c. temps composé.
Ver. verbe.
Ver. subst. verbe substantif;
Ver. aux. verbe auxiliaire.
Ver. act. verbe actif.
Ver. pas. verbe passif.
Ver. n. verbe neutre.
Ver. act. pris n. verbe actif pris neutralement.
Ver. n. pris act. verbe neutre pris activement.
Ver. act. acc. pron. verbe actif accidentellement pronominal.
Ver. n. acc. pron. verbe neutre accidentellement pronominal.
Ver. impl. verbe impersonnel.
Ver. pron. pas. verbe pronominal passif.
Ver. ess. pron. act. verbe essentiellement pronominal actif.
Ver. ess. pron. n. verbe essentiellement pronominal neutre.
INTRODUCTION
L'analyse grammaticale d'une phrase consiste dans la décomposition complète de cette phrase en toutes ses parties qui sont les mots dont elle est formée, pourvu que cette décomposition explique la nature, l'espèce, la fonction, les accidents ou diverses modifications de chaque mot.
Il résulte de cette définition qu'un mot quelconque sera bien analysé grammaticalement, s'il est impossible de rien ajouter ou de rien ôter à l'analyse de ce mot, c'est-à-dire s'il apparaît avec toutes ses formes, avec ses divers caractères, avec son emploi réel.
Au contraire, l'analyse d'un mot sera incomplète, quand elle ne comprendra pas toutes les propriétés, toutes les inflexions de ce mot, c.-à-d., que la présence de ce mot dans la phrase n'aura pas été clairement développée dans tous ses détails.
L'analyse d'un mot est fausse, quand on assigne à ce mot un caractère, une forme qui ne lui appartient pas, ou que le rôle qu'il remplit réellement n'est pas celui qu'on lui attribue.
L'analyse d'un mot sera incomplète et fausse, si elle présente à la fois une omission et une erreur.
Pour bien analyser grammaticalement, l'élève doit connaître parfaitement la conjugaison de tous les verbes, la formation des temps, les principes généraux de la Lexicologie, les règles particulières de la Syntaxe.
Réciproquement, l'analyse grammaticale facilite beaucoup l'étude de la grammaire, sert à l'intelligence de certaines constructions qui, toutes contraires qu'elles sont à l'ordre grammatical, sont généralement admises; les unes, parce qu'elles présentent quelque finesse, quelque singularité qui relève la pensée et le langage; les autres parce qu'elle prêtent à la phrase plus d'énergie, plus de rapidité.
Ainsi, dans une phrase, tous les mots, quels qu'ils soient, en subissant l'analyse, sont réels, c.-à.-d. nécessaires à l'expression de la pensée; ou bien quelques-uns sont nuls, accidentels, c.-à-d. employés par euphonie, par élégance, par gallicisme.
Quelques Grammairiens et des professeurs prétendent que la langue française contient un infinité de constructions, de mots qui échappent à la rigueur de l'analyse. C'est une erreur grave. Ils devraient dire que ces locutions, ces mots semblent échapper à l'analyse, mais qu'ils n'y échappent point réellement. Je le prouve : dès que l'analyse nous aura montré qu'un de ces mots, quel qu'il soit, ne remplit dans la proposition où il se trouve, aucune des fonctions qui lui sont propres d'ordinaire, qu'il ne jouit d'aucune propriété, qu'il ne se présente sous aucune forme nécessaire, nous disons qu'il est nul, qu'il est euphonique; mais nous ne pouvons pas avancer une absurdité, pour éviter une difficulté.
En effet, l'analyse saisit, pour ainsi dire, ces mots, ces locutions, les étreint de telle sorte qu'ils expriment quelque chose ou rien du tout. Ils n'échappent donc jamais à l'analyse.
A l'appui de notre assertion, nous allons analyser les deux phrases suivantes :
1re — "C'est un grand écrivain que J.-J. Rousseau."
2e— "Votre mère a-t-elle écrit au ministre?"
Dans la première, le mot ce es-il pronom démonstratif, est-il sujet? A ces deux questions, je réponds négativement. — Est-il pronom personnel? — Non, car il ne peut se remplacer par le mot il. Donc ce n'est rien dans cette phrase.
Le mot est est vraiment ici le verbe substantif, puisque c mot exprime l'existence, l'affirmation.
Un grand écrivain, ces mots sont évidemment un qualificatif du subst. donc le mot Rousseau est le sujet de est. — Or, il reste le mot que. Sera-t-il pronom relatif? sera-t-il conjonction? Mais, dans ces deux cas, il faudrait une seconde proposition, laquelle le lierait à la première par ce mot que. Ainsi le mot que et le mot ce forment dans cette phrase un gallicisme. Ils sont donc nuls tous deux pour la traduction complète de la pensée.
L'analyse réduit conséquemment cette phrase à celle-ci : J.-J. Rousseau est un grand écrivain.
Dans la 2e phrase : Votre mère a-t-elle écrit au ministre? L'analyse prouve que elle n'est pas pronom sujet, puisque mère est le sujet de a écrit. — Mais, si elle n'est pas sujet, voyons si ce mot n'est pas régime. — Il ne l'est pas. Donc il est nul ou euphonique.
Les deux phrases que nous venons d'analyser prouvent la vérité de cette proposition : aucun mot n'échappe à l'analyse. Nous pourrions analyser plusieurs autres phrases, qui toutes fourniraient de nouvelles preuves de la même vérité. Mais, avant de pousser plus loin notre examen sur cette matière, nous croyons qu'il est indispensable d'entrer dans quelques détails sur chacune des dix parties du discours, de bien préciser les diverses fonctions d'un même mot, d'indiquer certains mots qui, sans changer d'orthographe, sont rangés sous diverses parties du discours, de déterminer enfin la nature et la signification des verbes.
TRAITE
D'ANALYSE GRAMMATICALE.
CHAPITRE PREMIER.
DU SUBSTANTIF.
Le Substantif ou nom désigne un être ou une chose quelconque.
Le substantif propre représente un être particulier, une chose particulière.
Le substantif commun désigne tous les individus ou tous les objets de la même espèce. — Parmi les Substantifs communs, il faut distinguer les collectifs. — Un substantif commun collectif est celui qui, quoique du nombre singulier, représente plusieurs personnes ou plusieurs choses. — Il y a deux sortes de collectifs : les coll. généraux et les coll. partitifs.
On appelle substantif composé deux ou plusieurs mots qui sont joints par le trait d'union, et ne désignent qu'un seul être, à moins que le Substantif composé ne soit collectif.
Un Substantif quelconque peut remplir trois rôles différents : il est sujet, ou régime, ou il est mis en apostrophe.
Exemple : 1° "Pierre est estimable; 2° Nous avons vu Pierre; 3° Pierre, fais tes devoirs."
Au chapitre du verbe, nous indiquerons le moyen de connaître quand un Substantif ou un pronom est sujet, quand il est rég. dir. et rég. ind.
Par le 3e ex., "Pierre, fais tes devoirs,", il est clair qu'on parle à Pierre; eh bien! ce mot est
dit en apostrophe
Remarque. — Les collectifs partitifs suivants : une foule, une troupe, une multitude, la plupart, une infinité, un grand nombre, une dizaine, une douzaine, une vingtaine, etc., suivis d'un Substantif pluriel, ne sont ni suj., ni rég. dir, ni rég. ind. du verbe qui les suit ou qui les précède. Les adverbes peu, beaucoup, assez, combien, etc. considérés comme coll. part. subissent la même exception. —Nous le prouverons dans la Discussion de l'Analyse.
CHAPITRE II
DE L'ARTICLE
L'article est un mot qui précède les substantifs communs, pour annoncer qu'ils sont employés dans un sens déterminé, c.-à-d. que ces substantifs sont connus, que la signification en st fixée ou restreinte par les mots qui les suivent.
On dit communément, dans l'analyse grammaticale, que l'Article détermine le substantif, mais ce n'est que par abréviation.
Toutefois, dans ces propositions : 1° L'homme est faible; 2° Les hommes sont mortels; 3° Les animaux sont privés de la raison, nous disons que l'Article détermine par lui-même les Substantifs hommes, animaux. En effet, on désigne ici tous les hommes, tous les animaux; donc ces substantifs ont une signification déterminée, et c'est l'Article qui opère cette détermination.
Une dame me prie de lui acheter un livre. Je m'acquitte de cette commission, je reviens auprès de cette dame, et je lui dis : voici LE livre, ou, j'ai acheté le livre". Elle me comprend parfaitement. Le mot livre est donc déterminé par l'Article le : car le équivaut ici à ce; il exprime les mots sous-entendus : que vous m'aviez chargé d'acheter.
Ces deux cas exceptés, l'Article annonce simplement la détermination du substantif.
Articles simples : LE, LA, LES.
Articles composés : DU, AU, DES, AUX (de la, à la).
Du, de la, des, son Articles composés, lorsqu'ils sont entre deux Substantifs, ou que la préposition qui est dans ces articles, forme avec le substantif suivant, le rég. ind. d'un verbe ou d'un adjectif.
Ex
.: "La lettre du ministre est longue. ""La bravoure des soldats français est connue dans le monde entier. "
"Les généraux de la république sont à jamais célèbres."
"Nous sommes satisfaits du gouverneur."
"La province est délivrée de la peste."
"Le général N.... a sauvé l'armée des plus grands dangers."
CHAPITRE III
DE L'ADJECTIF
L’Adjectif est un mot qui qualifie, détermine ou modifie un substantif. Il y a donc trois espèces d’Adjectifs : les qualificatifs, les déterminatifs, et les modificatifs ou indéfinis. (Les Grammairiens rangent à tort ces derniers parmi les déterminatifs).
Un Adjectif qualificatif peut être précédé d’un des adverbes plus, moins, trop, assez, aussi, etc. ; tel est le moyen de le connaître. – Un adjectif déterminatif ajoute au substantif une idée précise, une idée qui en diminue l’étendue, qui le fait distinguer de tout autre substantif de la même espèce. Les adjectifs déterminatifs ne sont susceptibles ni de plus ni de moins.
Les adjectifs indéfinis n’ajoutant aux substantifs qu’ils accompagnent, qu’une idée vague, incomplète, ne peuvent être appelés déterminatifs ; aussi les désignons-nous sous le nom de modificatifs, c.-à-d. que ces adjectifs modifient vaguement le substantif : car entre modifier et déterminer il existe une très grande différence.
Les Adjectifs déterminatifs comprennent : 1° Les Adjectifs numéraux cardinaux ; 2° les numéraux ordinaux ; 3° les adj. démonstratifs ; 4° les adj. possessifs.
L’Adjectif qualificatif est employé comme substantif, s’il n’est précédé ni suivi d’aucun subst. Ex. : « Les lâches sont méprisés ». ― Les coquettes et les prudes sont ridiculisées par Molière. ― Les paresseux ne sortiront pas. ― Les savants de l’Institut ont fait un rapport sur ce mémoire. »
Lâches, coquettes, prudes, paresseux, savants, sont ici substantifs communs, parce qu’ils représentent des êtres.
Un substantif commun devient adj. qualificatif, quand il exprime une qualité plutôt qu’un individu. Ex. « Cicéron a été consul, avocat. ― Ma sur est mère. ― Napolιon a été empereur. ― Votre pθre est médecin. ― De Lalande ιtait astronome. »
Consul, avocat, mère, empereur, médecin, astronome, sont devenus adjectifs, attendu que ces mots ne désignent plus des êtres.
Les subst. propres sont quelquefois aussi adj. qual. Ex. « Cet auteur n’est pas un Virgile ; ― c’est un Pradon. ― Ce gιnéral n’est pas un Napoléon. »
Tel, adj. ind., est adj. qual. lorsqu’il signifie si grand. Ex. « Cet orateur a déployé un talent tel que ses adversaires n’ont pu lui répliquer.
Quel, adj. ind. est qual. s’il équivaut à quel grand, à quel petit.
Du, de la, des, de, sont adj. ind. quand ils équivalent à plusieurs, quelques, une certaine quantité ; alors ils modifient le subst. qui les suit. Ex. : « Prenez du pain. ― Mangez de la soupe. ― Cet homme a des enfants ; il n’a pas d’amis. »
CHAPITRE IV
DU PRONOM
Le Pronom est un mot qui tient la place du substantif afin d’en éviter la répétition. ― Il y a cinq sortes de pronoms : les personnels, les possessifs, les démonstratifs, les relatifs, et les indéfinis.
Fonctions des Pronoms.
1° Pronoms toujours sujets.
Je, tu, il, ils, on, quoi, qui (relatif) (le verbe étant exprimé).
2° Pronoms toujours régimes
.Me, te, se, le, la, les, que (relatif), leur, dont, en, y, où (relat. et ind.), lui (le verbe étant exprimé).
3° Pronoms tantôt sujets et tantôt rég. dir.
Moi, toi, lui, elle, eux, elles, nous, vous (le verbe n’étant pas exprimé), c.-à-d. quand ces pronoms expriment toute une proposition. ― Que (ind.), celui, celle, ceux, celles, ce, le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur (le verbe étant exprimé). ― Quelqu’un, rien, tout, personne, aucun, nul, plusieurs, aucuns (quelqu’un), qui (ind.) (le verbe exprimé ou non).
4° Pronoms tantôt sujets, tantôt rég. dir., et rég. ind.
Nous, vous (le verbe étant exprimé).
5° Pronoms touj. rég. dir.
Le, la, les, que, (rela.) (le verbe exprimé)
6° Pronoms touj. rég. ind.
Lui, leur, dont, en y, ou (avec un verbe exprimé).
(Dont, en, y, ou, de tout genre et de tout nombre).
7° Pronoms régimes tantôt directs, tantôt ind.
Me, te, se, nous, vous, se (le verbe exprimé)
(Rég. dir. quand ils se changent par moi, toi, lui, elle, nous, vous, eux, elles, après le verbe; rég. ind. s’ils se remplacent par les mêmes mots, précédés de à).
8° Quiconque est à la fois : 1° sujet de deux verbes. Ex. : « Quiconque le fera, sera puni. ». ― 2° Rιg. dir. d’un verbe qui le précède, et sujet du verbe qui le suit. Ex. : « Nous poursuivrons devant les tribunaux quiconque calomniera notre maison. ». ― 3° (Mais rarement) rιg. dir. de deux verbes entre lesquels il est placé. Ex. : « Nous récompenserons quiconque vous aurez trouvé digne d’un prix. ».
La raison de cette double fonction, dans le même moment, c’est que, dans les deux premiers cas, quiconque équivaut à celui qui, et, dans le troisième, il est mis pour celui que.
Ce est pronom démonstratif ou pronom personnel : pro dém. quand il signifie cela, la chose ; alors il est masc. sing. ; il est encore pro. dém. s’il se tourne par celui, celle, ceux, celles, il est alors attribut ; ― pro. personnel lorsqu’il se change par il, elle, ils, ils, elles, lui, eux. Dans ces deux derniers cas, il est de tout genre et de tout nombre ; mais pro. pers., il est toujours sujet.
Ce adj. dém. précède un Substantif. Ce est euphonique s’il n’est ni pro. dém. Ni pro. pers. Ni adj. dém.
Que
1° Ce mot est conjonction, quand il ne peut se tourner par aucun autre mot, la conj. pourquoi exceptée. Ex. : « Tu crois que je parle. – Que tardez-vous ? »
2° Il est pro. rel. quand il se remplace par lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. (Rég. dir. d’un verbe, ou rég. d’une proposition sous-ent.)
3° Pro. ind. s’il équivaut à quoi, quelle chose. (toujours masc. sing. suj. ou rég. dir.)
4° Que est adverbe de quantité, lorsqu’il signifie comme, combien. Il est encore, sous ce rapport, conjonction, puisqu’il lie deux propositions.
5° Enfin nous l’appelons euphonique, toutes les fois que l’analyse ne lui assigne aucune des quatre fonctions précédentes.
Qui, relatif ou indéfini
1° Il est pro. rel. s’il se change par lequel, laquelle, lesquelles, lesquelles (de tout genre et de tout nombre, et toujours suj. du verbe qui suit).
2° Pro. ind. quand il est mis pour qui est-ce qui ? ou pour quel est celui que ? Sujet dans le 1er cas, rég. dir. dans le 2e ; toujours masc. sing.
3° Euphonique, s’il n’est ni rel. ni ind.
Où, pro. rel. ou ind.
Les Grammairiens rangent ce mot parmi les adverbes. Un raisonnement très-simple va prouver que c’est une erreur, et que ce mot, avec l’accent grave, est toujours pronom.
Examinons les deux phrases suivantes :
1re « La chambre où je couche, est froide. »
2e « La chambre dont je parle, est froide. »
Que signifie le mot où dans la première ? Je réponds : dans laquelle. Et le mot dont, dans la seconde, pour quel mot est-il placé ? – pour de laquelle. Or, tous les grammairiens regardent ce dont comme rég. ind. du verbe ou de l’adjectif qui le suit. Donc, si le mot dont est pro. rel. composé, et rég. ind., le mot où équivalant à dans laquelle, est aussi pro. rel. composé et rég. ind. de l’adj. ou du verbe qui vient après lui : car on n’a jamais prétendu soutenir que, pour qu’un mot fût rég. ind., il devait dépendre de telle préposition plutôt que de telle autre ; ici, par ex., de la préposition de plutôt que de la préposition dans.
Où vas-tu ? Ici où est pronom indéfini. En effet, il tient la place de dans quel lieu. Or, le subst. lieu est indéterminé, et c’est l’adj. quel qui l’annonce ; de plus, ces mots quel lieu, précédés de dans, forment un rég. ind. ; et, puisque où se substitue littéralement à ces trois mots, je l’analyserai pro. ind. m. s. rég. ind. de vas. Autre preuve que où est nécessairement pronom dans cette dernière phrase et dans les semblables, exprimez la proposition sous-entendue, vous aurez : « Dis-moi le lieu où (dans lequel) tu vas. »
D’où et où, pro. rel. sont des deux genres et des deux nombres ; d’où et où, pro. Ind. Sont toujours masc. Sing.
En, y pro. per. ou dém.
1° En, personnel, signifie : de lui, d’elle, deux, d’elles.
En, démonst., se tourne par : de cela, de ces objets-là, de cet endroit-là.
2° Y, personnel, signifie : à lui, à elle, à eux, à elles.
Y, démonst. : à cela, à cette chose-là, à ces choses-là, à cet endroit-là.
Ils sont alors de tout genre et de tout nombre, et rég. ind.
1re Remarque. – En se change souvent par cela, ceux-ci, quelques-uns, une certaine quantité ; il et, dans ce cas, ou sujet ou rég. dir., pro. pers. dém. ou ind.
2e Remarque. – En est prép. devant un subst. et un participe présent.
3e Remarque. – D’où est pro. dém. s’il équivaut à de cela.
Le est pro. dém. s’il équivaut à cela.
En et y sont euphoniques, lorsqu’ils ne sont employés avec aucune des significations ci-dessus.
Il, avec un verbe impers. ou pris impl., est nul.
Ne dites donc pas : il, — pro. 3e p. m. s., etc.
Mettez : il, — euph.
Observation
. – Rien, tout sont appelés dans les dictionnaires, subs. com. m. s. ; ces deux mots nous paraissent mieux classés parmi les pronoms indéfinis. – En effet, rien, soit négatif, soit positif, contient un adj. ind. Et le subs. chose. Il en est de même de tout, qui équivaut à toute chose. Cependant rien, au pluriel, est toujours subs ; Ex. : « Vous dites des riens. – Il s’amuse à des riens. »
Chapitre V.
DU VERBE
Le Verbe est un mot qui exprime une action ou un état quelconque. Sans verbe, point de proposition.
Le sujet du Verbe est la personne ou la chose qui fait ou reçoit l’action marquée par ce verbe. – Faites avant le Verbe, la question qui est-ce qui ? la réponse sera le sujet.
Les verbes ont deux régimes : le rég. direct. et le rég. indirect.
On appelle rég. direct d’un Verbe tout mot sur lequel tombe directement l’action de ce verbe. Ex. : « Les Grecs cultivaient les beaux-arts. » Placez après le Verbe la question qui ou quoi ? la réponse à cette question sera le rég. direct.
Au contraire, le rég. indirect d’un Verbe ou d’un adjectif est exprimé par un pronom composé, c.-à-d. par un pronom dans lequel entrent un préposition et un pronom simple ; mais la préposition ne paraît que par la décomposition.
Des Grammairiens appellent encore rég. ind. tout substantif ou pronom précédé d’une préposition. Dans cet ex. : « Les bons princes obéissent aux lois, à la loi, », on analyse ordinairement aux lois, à la loi, rég. ind. de obéissent, au lieu que nous analysons lois, rég. de à dans aux ; loi rég. de à. C’est au reste presque la même idée, rendue en des termes un peu différents ; termes dont on voit mieux la liaison dans notre analyse.
Le rég. indirect se connaît en faisant, après le Verbe, une des questions : de qui ? de quoi ? à qui ? à quoi ? pour qui ? pour quoi ? etc. Ex. : « Le consul d’Espagne nous communiquera ce soir un décret de son gouvernement. » Il communiquera, à qui ? – Rép . : à nous ; donc nous est rég. ind. de communiquera. – Dans la proposition qui suit : « Ces messieurs doivent écrire au préfet, au ministre », des Grammairiens analysent préfet, ministre, rég. id. de écrire. C’est faux ; on doit analyser : préfet, ministre, rég. de la prép. à ; ou, au préfet, au ministre, rég. ind. de écrire ; car un substantif seul ne peut être que sujet, ou rég. dir., ou en apostrophe. – Nous éclaircirons ces principes par plusieurs exemples, quand nous en serons aux divers exercices d’analyse.
Des espèces différentes de Verbes.
1° Le Verbe substantif ; 2° Le Verbes actifs ; 3° Les Verbes passifs ; 4° Les Verbes neutres ; 5° Les Verbes pronominaux ; 6° Les Verbes impersonnels.
1° Le Verbe substantif est le verbe être. Quelquefois le verbe avoir peut être considéré comme Verbe substantif. Dans ce cas, ils ne sont qualifiés ni modifiés par aucun adverbe, ni ne peuvent avoir de régime. – Ces deux verbes avoir, être sont dits auxiliaires quand ils aident à conjuguer les autres verbes. Avoir est quelquefois actif et impersonnel.
2° Le Verbe actif marque une action faite par le sujet ; il a toujours un rég. dir. ; si ce rég. n’existe pas, le Verbe est pris neutralement.
3° Le Verbe passif exprime une action reçue par le sujet ; il n’a que des rég. ind. – Les Verbes actifs seuls peuvent se conjuguer passivement.
4° Le Verbe neutre, comme l’actif, exprime l’action faite par le sujet, mais il n’a pas de rég. dir. – S’il a un régime de cette nature, ce Verbe est pris activement.
5° Le Verbe pronominal est celui qui se conjugue avec deux pronoms de la même personne dans tous ses temps ; mais à l’impératif, comme dans les autres Verbes, le sujet est sous-entendu.
Cette définition du Verbe pronominal ne parle que de la manière de le conjuguer ; elle n’explique rien sur le sujet, rien sur la signification de ce Verbe.
Toutes les Grammaires divisent les Verbes pronominaux en Verbes essentiellement pronominaux et en Verbes accidentellement pronominaux. Là encore nous trouvons un vide sur la fonction du sujet et sur la signification du Verbe. Tâchons de remplir ce vide :
1° Un Verbe pronominal est-il primitivement actif ou neutre ; alors nous l’analysons : Verbe actif accidentellement pronominal, ou verbe neutre accidentellement pronominal.
2° Un Verbe pronominal n’est-il primitivement ni actif ni neutre ; alors nous l’analysons : Verbe essentiellement pronominal actif, si le second pronom est rég. dir. ; ou Verbe essentiellement pronominal neutre, si le second pronom est rég. ind. Sans aucun rég. dir. exprimé.
3° Si le Verbe pronominal exprime une action que le sujet souffre, reçoit, au lieu de la faire, nous l’appelons pronominal passif, c.-à-d. Verbe conjugué pronominalement mais avec signification passive. Ce Verbe ne peut s’employer, dans tous les temps, qu’à la troisième pers. sing. Et à la troisième pers. Plur.
1° Exemples des verbes actifs ou neutres accidentellement pronominaux.
1° L’adulateur se trompe souvent en trompant les autres.
2° Nous nous promenons long-temps au jardin.
3° Plusieurs monarques se sont succédé sur le trône de France, depuis le commencement de ce siècle.
4° Elles se plairont ici ; elles se sont plu ici.
2° Exemples de verbes essentiellement pronominaux actifs ou neutres.
1° Nos troupes s’empareront de cette province.
2° Les courtisans se sont enorgueillis de leurs succès.
3° Ils s’arrogent des droits sur mon bien.
4° Vous vous repentirez de cette conduite.
5° Souvenons-nous des bienfaits.
3° Exemples de verbes pronominaux passifs.
1° Le blé se vend cher.
2° Les sucres se sont tenus à un prix élevé.
3° Ces maisons se loueront bien ; elles se sont bien louées.
4° Une baisse s’est opérée dans le prix des cotons.
5° La hausse s’est faite sur les fonds publics.
6° Les fonds portugais se donnent pour rien.
Dans l’analyse grammaticale des temps composés d’un Verbe actif ou neutre accident. Pronominal, il faut remplacer les temps simples de l’auxiliaire être, par les temps correspondants de l’auxiliaire avoir.
Dans un Verbe pronominal passif, vous remplacerez tous les temps simples ou composés par les temps correspondants du Verbe passif.
Exemples pour les verbes actifs ou neutres accidentellement pronominaux :
1° Vous vous êtes trompés ; mettez : vous vous avez trompés.
2° Elles se seraient adressées à moi, si… ; mettez : elles se auraient adressées à moi, si… — De même pour tous les temps composés.
Exemples pour les verbes pronominaux passifs.
1° Les chevaux se sont vendus cher.
2° Cette maison se loue bien.
3° Ces cotons se livreront demain.
Analysez ainsi : Les chevaux ont été vendus ; cette maison est louée ; ces cotons seront livrés.
La raison de ce changement, c’est que ni les chevaux, ni la maison, ni les cotons ne font l’action de vendre, de louer, de livrer.
Les Grammairiens admettent encore des Verbes pronominaux impersonnels. Mais, dans l’analyse, presque tous ces Verbes perdent la forme impersonnelle.
Ex
. : 1° Il s’est fait de grandes affaires à la bourse.2° Il s’exporte annuellement de France des tissus de toute nature pour plusieurs millions de francs.
3° Il s’opèrera des changements dans l’armée.
L’analyse dit : 1° de grandes affaires se sont faites (ont été faites), etc.
2° Des tissus, etc., s’exportent (sont exportés).
3° Des changements s’opèreront (seront opérés).
En effet, on ne peut pas faire il sujet ; de n’est pas préposition puisqu’il équivaut à des, quelques ; donc, le changement que nous indiquons est absolument le seul qui satisfasse l’esprit ; donc ces Verbes sont pronominaux passifs dans l’analyse.
Néanmoins dans les phrases suivantes :
1° Il s’agit de cela ; 2° Il s’en faut de beaucoup que, etc. 3° Peu s’en est fallu que ; etc. L’analyse considère les Verbes s’agit, s’en faut, etc., comme pronominaux impersonnels.
Le Verbe avoir précédé du mot euphonique y, est impersonnel : Il y a , il y aura, il y avait, etc.
Pourtant, si nous examinons cette phrase-ci :
« Il y a des enfants indociles dans cette classe. » Nous sommes forcés de faire le mot enfant sujet de a, ou se trouvent. Et, dans celle-ci : « Il y a eu cette semaine plusieurs naufrages sur les côtes de France. » Le mot naufrages est le sujet de il y a eu ou de sont arrivés. Ce qui prouve que l’analyse fait presque toujours disparaître la forme impersonnelle dans les Verbes qu'on dit impersonnels, ou employés comme tels.
Soient analysés les cinq exemples suivants : "Il est entré aujourd'hui quatre régiments dans nos murs. — Il sortira demain de notre port plusieurs navires pour aller à la pêche de la morue. — Il arrive chaque jour beaucoup de prisonniers allemands. Il y avait cinquante députés aux obsèques de ce grand comédien. — Il existe deux villes qui portent ce nom.
Tous les sujet sont du pluriel, les Verbes doivent être au pluriel; ces Verbes se changeront ainsi : 1° sont entrés; 2° sortiront; 3° arrivent; 4° se trouvaient ou étaient; 5° existent.
Le mot il est nul.
Un verbe est défectif lorsqu'il manque de certains temps ou de quelques personnes.
Un Verbe est plein ou complet s'il a tous ses temps, au nombre de vingt : huit dans le mode Indicatif; trois dans le mode Conditionnel; un seul à l'impératif; quatre dans le Subjonctif; quatre dans le mode Infinitif.
Ces temps sont simples ou composés; les temps simples n'ont qu'un mot; les temps composés en ont au moins deux, savoir : l'un des auxiliaires et le participe passé du Verbe que l'on conjugue.
Les temps simples sont ou primitifs ou dérivés; primitifs s'ils forment les autres temps soit simples, soit composés; dérivés, lorsqu'ils se forment des primitifs par un changement de terminaison dans ceux-ci.
Dans les Verbes passifs, tous les temps sont composés.
Un Verbe quelconque est régulier ou irrégulier : régulier, quand il conserve dans tous les temps ses lettres radicales du présent de l'infinitif, et qu'après ces lettres il prend les diverses terminaisons du verbe qui lui sert de modèle; — irrégulier, si l'une ou l'autre de ces deux conditions manque; et, à plus forte raison, si les deux manquent à la fois ;
Être et avoir et tous les autres Verbes de la 3e conj. sont irréguliers.
Remarque. — Le Verbe pouvoir n'a pas d'Impératif.
Le sujet d'un Verbe à l'Impératif est toujours sous-entendu : c'est l'un des pronoms, tu ou toi, nous, vous.
Pour analyser un Verbe, nous suivrons l'ordre suivant : 1° indiquer la nature, 2° la classe, 3°, la régularité ou l'irrégularité de ce verbe, 4° s'il est défectif ou plein, 5° le mode, 6° le temps, 7° le nombre, la personne et le genre s'il y a lieu, 8° la nature du temps.
EXEMPLES :
Accueillerait, — ver. act. 2. c. irr. cond. pré. 3. p. s. t. s. d.
Sera morte, ver. n. 2. c. irr. ind. fut. abs. 3. p. s. f. t. c.
CHAPITRE VI
DE L'ADVERBE, DE LA PREPOSITION, DE LA
CONJONCTION ET DE L'INTERJONCTION
§ Ier De l'Adverbe.
L'adverbe est un mot invariable qui qualifie, détermine ou modifie un verbe, un adjectif ou un autre Adverbe.
En partant de cette définition, il est évident qu les mots conformément, antérieurement, postérieurement, suivis de à et d'un substantif, ne peuvent être des Adverbes.
Les exemples suivants vont le prouver :
1° "Nous nous conduisons conformément à la loi du Christ."
2° "Ce fait est arrivé antérieurement à la naissance du Christ."
3° "L'Eglise a été établie, dans l'Occident, postérieurement au culte des faux-dieux."
Dans la première phrase, conformément à signifie : selon : —Dans la deuxième, antérieurement à, veut dire : avant. — Dans la troisième, postérieurement à le culte, signifie : après le culte.
On objectera peut-être que ces trois mots viennent des adjectifs conforme, antérieur, postérieur; mais l'objection n'est pas sérieuse : en effet, qu'importe de quels mots ils dérivent; ce qu'il faut constater, c'est leur fonction, c'est leur rapport avec tel ou tel autre mot. Or ils tiennent rigoureusement la place des trois prépositions selon, avant, après. Donc ils sont prépositions; donc ils ne peuvent être Adverbes.
Ils seraient Adverbes s'ils renfermaient en eux un préposition et un substantif.
On appelle locution adverbiale deux ou plusieurs mots qui font l'office d'un Adverbe. A contre-temps, sans cesse, mal à propos, à-peu-près, de suite, tout de suite, sur le champ, sont des locutions adverbiales.
§ 2me. — DE LA PREPOSITION.
La Préposition est un mot invariable qui sert à marquer le rapport qui existe entre deux mots.
La Préposition n'a par elle même qu'un sens incomplet, ou plutôt n'a aucun sens; elle doit toujours être suivie d'un mot qui en complète la signification. Ce mot s'appelle le régime de la Préposition. – Par locution prépositive on désigne deux ou plusieurs mots qui font le rôle d'une Préposition. — Et, vers, dès, avant, à, de, pour, contre, pendant, sont des Prépositions. — Avant de, à cause de, à 'égard de, auprès de, au prix de, cependant (pour pendant cela) à l'exception de, etc., etc., sont des locutions prépositives. — De est adj. ind. s'il se change par quelques, une certaine quantité. Avant est quelquefois adverbe; alors il est mis pour profondément, plus loin.
§ 3me. — De la Conjonction
La Conjonction est un mot invariable qui sert à lier, à unir deux propositions. Une locution conjonctive est l'assemblage de deux ou plusieurs mots qui unissent deux propositions. De peur que, afin que, pendant que, pour peu que, parce que, bien que, tandis que, de même que, ainsi que, vu que, à moins que, etc., etc. sont des locutions conjonctives.
Souvent la conjonction commence la phrase ; c’est par inversion, mais cela ne change rien au rôle de la Conjonction.
Si est Conjonction quand il peut se changer par en cas que, pourvu que ; il est adverbe quand il est mis pour tellement, à un tel degré. Cependant est Conjonction, alors il signifie toutefois, néanmoins.
La Conjonction que n’annonce pas toujours une proposition incidente. Dans les phrases suivantes :
1° « Dussé-je périr dans cette entreprise, que je ne puis renoncer à mes droits, ou que je ne renoncerai pas à mes droit. »
2°Le prince lui accorderait les plus grandes dignités, que son ambition ne serait pas satisfaite. »
Le mot que n’est rien dans ces deux cas, et les propositions qu’il précède sont des propositions principales ; en effet, ces deux phrases reviennent à celles-ci :
1° « Quand je devrais périr dans cette entreprise, je ne puis, etc., etc. »
2° « Quand le prince lui accorderait les plus grandes dignités, son ambition, etc. »
Nous engageons le élèves à faire la plus grande attention à ces sortes de constructions, s’ils veulent se rendre compte du mécanisme, de la nature, et de la liaison des diverses propositions.
§ 4me. – De l’Interjection.
L’interjection est un mot invariable qui exprime les affections subites et violentes de l’âme. (Voyez la Grammaire).
DISCUSSION
DE L’ANALYSE GRAMMATICALE
Nous avons dit, à la fin de l’Introduction, que, pour rendre incontestable cette vérité : « Aucun mot n’échappe à l’analyse, » nous devions analyser plusieurs autres phrases. Prenons les suivants où il y a des difficultés qui peuvent arrêter les élèves :
1° « On ne doute point que ce ne soit vous qui ayez écrit cette lettre. – 2° « Le maire ne craint point que ce soit nous qui fassions cette démarche. » — 3° « Vous voulez que ce soit moi qui qui ramène votre nièce chez ses parents ? » — 4° « Veut-il que ce soit toi précisément qui écrives au ministre ? – 5° « Nous désirons que ce soit lui ou elle qui remette ces livres au libraire. » — 6° « Tu ne crois pas que ce soient eux ou elles qui aient pris cette somme. »
Analysons : Dans la première, le mot ce est-il pro. dém. c.-à-d. signifie-t-il cela ? Est-il sujet de soit ? Non ; est-il pronom personnel ? Non, il ne remplace pas le mot il. S’il n’est pas sujet, ne peut-il pas être régime direct. ? Or, le verbe être n’a jamais de régime ; donc ce n’est ni pro. dém. ni pro. pers. ; donc il est nul. Vous n’est ni suj. ni rég. de soit, ceci est évident ; ainsi le verbe soit n’a aucun sujet ; il est nul. Vous, ne se rapportant à aucun verbe qui précède, deviendra nul, si l’on fait qui sujet de ayez écrit. Mais il est absurde de supposer qui sujet de ayez écrit. Pourquoi ? Parce que ce, soit, vous, étant nuls, cette première phrase se résoudrait ainsi :
« On ne doute point que ne qui ayez écrit, » etc. ; c’est impossible. Le mot qui n’est rien ; en effet, il n’est ni relatif à vous, ni indéfini. Pour qu’il fût relatif, il faudrait que vous, fût sujet ou rég. d’un verbe quelconque autre que ayez écrit. Or le sens commun veut qu’on dise :
« On ne doute point que vous n’ayez écrit cette lettre. » Le mot ne aussi est euphonique, puisqu’il n’est pas adv. de nég. Voici le moyen de s’en assurer : faites la dernière proposition principale, d’incidente qu’elle est, rendez-la première incidente, vous aurez : « Vous avez écrit cette lettre, ce dont personne ne doute. » Ainsi, dans la 1re phrase, il y a quatre mots euphoniques : ce, ne soit, qui.
Pour la deuxième, la troisième, la quatrième, même raisonnement, même résultat : les mots ce, soit, qui, sont nuls pour la pensée. Ces phrase se résolvent en celles-ci :
2° « Le maire ne craint point que nous fassions cette démarche. » — 3° Vous voulez que je ramène votre nièce chez ses parents ? – 4° « Veut-il que toi précisément tu écrives au ministre ? »
Pour la 5e et la 6e, l’Analyse présente deux solutions satisfaisantes :
1° On peut, comme dans les précédentes, faire ce soit qui (dans la 5e), i (dans la 6e), purement euphoniques ;
2° Plus rigoureusement encore, l’on peut analyser ainsi la 5e : « Nous désirons qu’il ou elle soit la personne (celui ou celle) qui remette ces livres au libraire. »
Et la 6e : « Tu ne crois pas qu’eux ou elles soient les personnes (ceux ou celles) qui aient pris cette somme. »
7° — « On ne doute pas que ce ne soit vous que le prince choisisse pour ministre. »
8° — « Vous ne craignez pas que ce soit nous que le tribunal condamne. » En rapprochant ces deux phrases des n° 1er et 2e, l’analyse démontre que les mots ce, ne soit que (dans la 7e), sont nuls comme ce ne soit qui dans la 1ere, et que les mots ce soit que (dans la 8e) le sont également. La seule différence , c’est que, dans la 1re et la 2e, vous, nous, sont les sujets du verbe qui suit le mot qui, tandis que dans la 7e t la 8e, ces mêmes pronoms sont régimes du verbe qui suit le dernier que.
9° — « Nous ne craignons pas que ce soit à nous qu’on impute ce délit. »
10° — « Un tel s’est imaginé que c’était de toi que l’avocat parlait. »
Dans la 9e phrase, les mots ce soit que, ne signifient rien ; ils n’appartiennent ici à aucune partie du discours : car le raisonnement remplace cette phrase primitive par celle-ci : « Nous ne craignons point que à nous on impute ce délit. » Donc, ces trois mots ce soit que sont euphoniques. La 10e se change par cette autre : « Un tel s’est imaginé que de toi l’avocat parlait. »
Ainsi les mots ce était et le dernier que, sont encore euphoniques.
11° — « Est-ce contre Charles que vous vous fâchez ? »
12° — « Est-ce l’imprimeur que le tribunal a condamné aux dépens ?
13° — « Sont-ce mes enfants que vous osez calomnier ? »
La 11e phrase a trois mots euphoniques est, ce, que, puisqu’elle ne renferme qu’une idée.
La 12e et la 13e peuvent s’analyser avec deux propositions chacune, ou avec une seule proposition. Nous préférons la première analyse à la seconde.
La 12e devient : « L’imprimeur est-il celui que le tribunal, etc., etc. ?, » (le mot il, euphonique).
La 13e devient : « Mes enfants sont-ils ceux que, etc., etc. ?.. »
Dans ces deux phrases l’analyse prouve que le mot ce est pro. démonstratif et attribut.
14° — « Est-ce que c’est moi qui ai dit cela ? »
15° —« Est-ce que c’est vous que le témoin accuse ? »
16° — Est-ce que c’est pour toi que nous avons tant travaillé ?
17° — « Est-ce que ce serait de mon frère que vous vous plaindriez ?
Ces quatre phrases peuvent se résoudre chacune par une seule proposition : la 14e par : « Ai-je dit cela, moi ? » — La 15e par : « Le témoin vous accuse-t-il, vous ? » — La 16e par : « Pour toi avons-nous tant travaillé ? » —La 17e par : « Vous plaindriez-vous de mon frère ? » — Donc, dans la 14e, est, ce, que, c’est, qui n’ont aucune valeur ; dans la 15e et la 16e, est, ce, que, c’est que, sont nuls, et dans la 17e, est, ce, que, ce, serait que, sont également euphoniques.
18°.—« Est-ce que c’est l’imprimeur que le tribunal a condamné ? » Cette phrase revient à la 12e déjà analysée. Elle présente donc trois mots nuls : est, ce, que.
19°. – « Est-ce que ce sont mes enfants que vous osez calomnier ? » Cette phrase et celle du n° 13 sont identiques. Ainsi la 19e a les trois mêmes mots nuls : est, ce, que.
20°. – « C’était un crime que de prononcer le nom du tyran. » Quel est le sujet ? – prononcer. – Quel est le qualificatif de ce sujet ? – un crime. – Le verbe était lie ces deux mots, et la proposition réelle est : « Prononcer le nom du tyran était un crime. » — Nous n’avons rien dit des mots ce, que, de. Ce n’est ni pro. dém., ni pro. pers. ; car il ne signifie ni cela, ni celui, ni il ; — que n’est ni conjonction, ni adverbe, ni pronom : en effet, il ne lie pas deux propositions ; il ne qualifie ni un adjectif, ni un verbe, ni un autre adverbe ; il ne peut se changer ni par lequel ni par quelle chose. — De n’est pas préposition, car il lui faudrait un régime ; il n’est pas non plus adj. ind., puisqu’il ne peut se tourner par quelques, etc. – Donc ces trois mots sont euphoniques.
21° — « Il ne mange que des fruits et du pain. »
22°. – « Nous ne faisons que notre devoir en payant nos dettes. » — Analyse : Ne est-il négation ? Non ; et le mot que est-il conjonction ? – Non ; il n’est pas non plus pronom, et encore moins adverbe. Ces deux mots ne sont pourtant pas nuls, attendu qu’ils restreignent l’action exprimée par les Verbes manger, faire. Ensemble, ils équivalent à l’adverbe seulement. Dans l’analyse ils s’écriront à côté l’un de l’autre, et l’on dira : Ne que (seulement) adverbe de restriction modifie mange, faisons. »
23° — « La sotte raison que celle que cet enfant m’a donnée ! »
24° — « Bizarre assemblage que la religion des païens ! »
Dans la première de ces deux phrases, déterminons le rôle du substantif raison. Il est suj. ou rég. dir. d’un verbe sous-entendu. On peut, en effet, la résoudre en celle-ci : « La raison que cet enfant m’a donnée est très-sotte ; » ou en cette autre : «Écoutez la sotte raison que cet enfant m’a donnée. » Or, nous ne voyons ni dans l’un ni dans l’autre de ces changements, les deux mots : que celle, qui, dans la phrase primitive, sont après le mot raison. Pourquoi les supprimer ? – Parce qu’il sont tout-à-fait nuls. Supposez qu’ils ne le soient pas, le mot que sera conjonction ou pronom relatif ; s’il est conjonction, il faut trouver trois propositions dans cette phrase 23e, ce qui est absurde ; s’il est pronom relatif, il doit se remplacer par laquelle, et il faudra encore trois propositions ; autre absurdité. On aurait : « La sotte raison laquelle celle que (laquelle) cet enfant m’a donnée. » Ce que n’est pas non plus adverbe ni pronom indéf., car on ne peut le changer par combien ni par quelle chose. Le mot celle est sujet ou rég. dir. – De quel verbe le serait-il ici ? raison est sujet de est ou rég. dir. de écoutez ; le 2e que est rég. dir. de a donnée, et il n’y a que deux propositions. – Donc les mot que celle sont mis par euphonie. – La 24e phrase se réduit à : « La religion des païens était un bizarre assemblage. » Le mot que est nul.
25°. – « Est-il si pénible de me porter cette lettre à la poste ? » Il, de, me sont nuls. – Pourquoi ? C’est que porter est le sujet de est ; ce mot porter a pour rég. dir. cette lettre, pour rég. ind. à la poste, et pour attribut si pénible. Il n’y a pas d’autre verbe dont il soit sujet ; le de n’exprime aucun rapport entre deux mots ; me n’est ni régime direct ni rég. indir. – Ces mots il, de, me sont donc euphoniques.
26°. – Une foule de paysans sont entrés dans le château. » ― Une foule n’est pas sujet, car ce mot séparé de paysans ne signifie rien. Le sens indique clairement que les paysans font l’action, tandis que foule ne désigne qu’une idée accessoire, une idée de nombre indéterminé. Voici l’analyse de cette phrase : « Des paysans nombreux sont entrés dans le château. » ― Prouvons qu’on ne peut analyser autrement, et admettons d’abord que foule soit le sujet. Que devient le verbe avec la forme plurielle ? – De sera-t-il préposition ? et quel en est le régime ? est-ce le mot paysans. Mais nous avons vu qu’il est suj. de sont entrés. Ainsi foule n’est pas sujet, ni de prép. –Veut-on, analyser ensemble une foule de paysans et faire ces quatre mots sujets, en les considérant comme un subst. composé ? Nous répondrons alors que ce n’est plus une décomposition, et que la difficulté n’est pas résolue.
27°. – « Nous avons rencontré une foule de pauvres. » Le mot foule n’a pas ici une autre signification que dans le n° 26,et, s’il n’ajoute à pauvres qu’une idée de nombre, c’est un vrai modificatif qui ne complète pas l’action du verbe rencontrer. D’ailleurs la phrase proposée revient à celle-ci : « Nous avons rencontré des pauvres très-nombreux, » dans laquelle le mot pauvres est rég. dir. de rencontrer. – Donc foule n’est pas rég. dir.
28°. « Notre oncle a distribué des vêtements à une foule de pauvres. » Même raisonnement que dans les exemples 26 et 27, sur la valeur du mot foule : c’est aux pauvres que les vêtements ont été distribués ; ces pauvres font un nombre quelconque, une foule ; pauvres est le rég. indirect de a distribué, car nous obtenons par l’analyse : « Notre oncle a distribué des vêtements à des pauvres fort nombreux. » Donc le mot foule n’est pas rég. ind.
Nous avons raisonné sur le mot foule dans ces trois dernières phrases ; mais rien n’empêche de substituer à foule l’un des collectifs partitifs cités dans la remarque qui termine le chapitre du Substantif. Le résultat sera toujours le même, c’-à-d. que tous ces autres collectifs ne seront ni suj., ni rég. dir., ni rég. ind. Pourquoi ? Parce que le raisonnement ne peut attribuer aux uns (douzaine, vingtaine) qu’une idée de nombre déterminé, aux autres (multitude, la plupart, une infinité), qu’une idée de nombre indéfini, et que cette idée de nombre ne fera que modifier les substantifs paysans, pauvres.
Il en est de même pour les adverbes peu, beaucoup, plus, assez, combien, etc., employés comme collectifs parti. C’est toujours un subst. plur. sous-entendu qui est le sujet, le rég. dir. ou le rég. ind. du verbe précédé ou suivi de l’un de ces adverbes.
Il nous reste à parler des adverbes de quantité peu, un peu, que, ou combien, beaucoup, plus, moins, trop, assez, tant, autant, placés avant un subst. sing. ou plur. précédé du mot de ; que ce subst. soit sujet, rég. dir. ou rég. ind.
1° Sont-ils devant un subst. sing. masc. ou fém., l’analyse les fait précéder de un, une, et suivre de l’adj. grand, grande. Le mot de disparaît.
29°. – « Mon frère a montré plus de patience que vous. »
30°. – « Pausanias avait trop d’orgueil ».
Analyse. – L’idée marquée par plus, trop, modifie-t-elle les verbes montrer, avoir ? ou plutôt ne retombe-t-elle pas sur les subst. patience, orgueil ? Plus, trop n’ajoutent rien à la signification de montrer, avoir : ce sont les mots patience, orgueil, qui complètent cette signification. Cela est si vrai que, si l’on supprime patience et orgueil, les mots qui restent dans l’une et l’autre phrase, n’ont pas le sens commun. Il faut donc que l’idée de quantité contenue dans les mots plus de, trop de, qualifie nécessairement patience, orgueil. Mais un adverbe ne peut qualifier ou modifier un substantif. Donc la décomposition suivante : (29°) « Mon frère a montré une plus grande patience que vous ; » (30°) « Pausanias avait un orgueil trop grand, » est juste, et la seule vraiment rigoureuse .
Au contraire, dans les deux exemples suivants : « Mon frère a parlé plus que vous », « Cet enfant mange trop », les adverbes plus, trop, qualifient parler, manger, parce que ces adverbes complètent la signification de ces deux verbes.
2° Les adverbes de quantité sont-ils avant un subst. plur. masc. ou fém., on les fait précéder, dans l’analyse, des mots de, des (adj. ind.) et suivre de l’adjectif nombreux, nombreuses. Le mot de toujours nul.
31°. – « Ce professeur a plus de livres que moi ».
32°. – « Cet homme a fait autant de démarches que son compétiteur. »
Par le même raisonnement que ci-dessus, il est évident que plus de, autant de, impliquent une idée de nombre qui ne peut modifier les verbes avoir, faire, et que cette idée de nombre est relative au subst. livres, démarches. Ces deux phrases se résolvent donc par celles-ci : 31°) « Ce professeur a des livres plus nombreux que moi, etc. » (32°) « Cet homme a fait d’aussi nombreuses démarches que son compétiteur. » (Des, de, adj. ind.).
Remarque. – Lorsque les mêmes adverbes précèdent un des subst. sing. : « eau, vin, cidre, café, soupe, nourriture, viande, lait, etc., etc., argent, or, cuivre, plomb, etc., poison, arsenic, vitriol, manne, gomme, etc., etc., et tous ceux dans lesquels on considère la quantité plutôt que la qualité, analysez ces adverbes et le mot de ainsi qu’il suit :
peu de
Par une petite quantité de, etc.
Un peu de
que de, combien de quelle grande quantité de, etc.
beaucoup de une grande …………………
plus de une plus grande …………….
moins de une moins …………………..
trop de une trop …………………….
assez de une assez …………………...
tant de une si ……………………….
autant de une aussi ……………………
33°. – « Paul mange beaucoup de viande et peu de pain, c.-à-d. une assez grande quantité de viande et une petite quantité de pain. »
34°. – « Ni vous ni moi n’avons assez d’argent pour acheter cette maison, c.-à-d. une assez grande quantité ou somme d’argent pour, etc. »
35° ― « Ce malheureux a bu
tant de poison qu’il en mourra, c.-à-d., une si grande quantité de, etc.36°. – « Que de vin vous lui donnez ! c.-à-d. quelle grande quantité, etc. »
Or, par les divers changements indiqués dans la remarque ci-dessus, l’analyse, pour être stricte, devra considérer (ex. 33e, 34e, 35e, 36e) les mots : une grande quantité de viande, une assez grande quantité de viande, une assez grande quantité ou somme d’argent, etc., comme rég. dir. des verbes manger, avoir, etc., car, si l’on faisait une grande quantité rég. dir. de ces verbes, ce rég. dir. ne signifierait rien, le mot quantité n’ayant par lui-même qu’une idée vague, incomplète. C’est pour ce motif que nous adoptons les changements suivants :
Ex. 33 : « Paul mange de la viande en grande quantité, etc. »
Ex. 34°: « Ni vous ni moi n’avons d’argent en si grande quantité, etc. etc. »
Ex. 35° : « Ce malheureux a bu du poison en si grande quantité, etc., etc. »
Ex. 36 : « En quelle quantité vous lui donnez du vin ! »
Changements où l’on voit tout de suite les divers rég. directs.
37° : C’en est fait, mes amis, nous sommes ruinés ».
38° : « Il s’agit de votre avenir ».
39° : « Il y va de notre gloire »
40° : « N’est-il pas temps que cette plaisanterie cesse ? »
41° : « Le plaisant personnage ! »
42° : « Moi, le haïr ? »
43° : « A quoi bon se plaindre ? »
44° : « Est-ce à vous de me reprendre ? »
45° : « Misère que tout ceci. »
Ces phrases, qui sont très usitées, renferment les unes des gallicismes, les autres des constructions irrégulières et des lacunes. Nous les analyserons toutes dans les ex, les autres des constructions irrégulières et des lacunes. Nous les analyserons toutes dans les exercices.
Nous terminons ici la Discussion de l’Analyse. Les divers exemples que nous avons décomposés et discutés, indiquent assez jusqu’où nous pousserons l’exactitude de l’analyse grammaticale.
ANALYSE GRAMMATICALE
Première Analyse
La maison du voisin est belle. – Les élèves seront sages. – Le maître a été content. – Que les enfants soient dociles. – Ils seraient heureux, si j’étais riche.
La art. s. f. sing. dét. maison,
maison subs. com. f. s. sujet de est,
de, prép. régit voisin
du art. comp. m. s.
le, art. s. m. s. dét. voisin.
voisin subs. com. s. rég. de de dans du,
est verb. subs. 4. c. irr. Ind. prés. 3 p. s. (t. s. p.)
belle adj. f. s. qual. maison.
Les art. s. m. pl. dét. élèves.élèves subs. com. m. pl. suj. de seront,
seront ver. subs. 4. c. irr. Ind. fut. abs. 3. p. p. (t. s. d.)
sages. adj. m. pl. qual. élèves.
Le art. s. m. s. dét. maître.maître subs. com. m. s. suj. de a été,
a été ver. subs. 4. c. irr. Ind. pas. ind. 3. p. s. (t. c.)
content. adj. m. s. qualifie maître.
Que conj. lie 2 prop. (la 1ère est sous-ent.),les art. s. m. pl. dét. enfants.
enfants subs. com. m. pl. sujet de soient,
soient ver. subs. 4. c. irr. Subj. prés. 3. p. p. (t. s. d.),
dociles adj. m. pl. qual. enfants.
Ils pro. 3 pers. m. pl. suj. de seraient,seraient ver. subs. 4. c. irr. Cond. prés. 3. p. pl. (t. s. d.),
heureux. adj. m. pl. qual. ils,
si conj. lie 2 prop.
je pro. 1ère pers. m. s. suj. de étais,
étais ver. subs. 4. c. irr. Ind. imp. 1. p. s. (t. s. d.),
riche. adj. m s. qual. je.
[Sur les quatre vingt treize pages suivantes, sont alors développées par Jouannet quarante-neuf autres analyses grammaticales du même type que précédemment.]
ª ª ª ª ª ª ª ª ª ª ª ª ª