Le

 

LANGAGE VICIEUX

 

CORRIGÉ

 

ou

 

Liste alphabétique

 

des fautes les plus ordinaires dans la prononciation

l'écriture et la construction des phrases

 

 

Par

 

B. Jullien

Délégué pour l'un des arrondissements de Paris, docteur ès lettres

Licencié ès sciences, secrétaire de la Société des méthodes d'enseignement

 

Paris

 

Librairie de L. Hachette et Cie

 

Rue Pierre-Sarrazin, n° 14

(Près de l'Ecole de médecine)

 

1853

 

 

 


 

PRÉFACE

 

C'est une curieuse étude que celle du langage vicieux dans toutes les langues, et particulièrement en français. Qui voudrait remonter à la source des diverses fautes de langage, et reconnaître par quelles altérations subites ou successives les mots et les phrases ont quelquefois passé pour arriver au point où on les trouve chez ceux qui parlent mal, serait souvent bien étonné des découvertes qu'il ferait dans ce pays peu étudié et peu connu.

Tel n'est pas l'objet que nous nous proposons. Nous indiquerons sans doute, quand l'occasion s'en présentera, quelques-unes de ces origines dont l'histoire est si intéressante; mais, en général, c'est un ouvrage pratique, et non un ouvrage d'érudition que nous faisons ici. Il y a dans le langage usuel et commun une multitude de mots corrompus ou remplacés mal à propos par d'autres, une quantité de phrases mal construites ou même insensées. Quelle est la correction qu'il y faut faire pour que l'expression devienne irréprochable? C'est là le problème que nous avons voulu résoudre. Il a donc suffi, la plupart du temps, de mettre en regard la faute et son corrigé; et c'est, en effet, ce que l'on trouvera constamment dans ce livre, et ce qui fait que, malgré son peu d'étendue, il contient beaucoup plus de faits qu'aucun de ceux qui ont été publiés jusqu'ici, puisque nous réduisons tous les articles au petit nombre de lignes indispensables à chacun.

Nous ne prétendons pas dire, cependant, que cet ouvrage soit complet; loin de là : on peut assurer qu'il est impossible de faire un recueil de ce genre qui mérite ce titre, car les fautes faites ou à faire sur les mots et les phrases sont véritablement infinies en nombre.

Aujourd'hui principalement que la conversation embrasse tous les sujets et qu'il n'y a pas d'homme qui ne soit exposé à employer des mots qu'il n'a jamais vus écrits, il y a plus de cinquante à parier sur cent qu'autant de fois ces mots se produiront, autant de fois ils seront estropiés d'une manière plus ou moins inattendue, presque toujours fort maussade.

C'est une expérience que chacun de nous a pu faire sur soi-même. A qui n'est-il pas arrivé de trouver un jour écrit tel mot qu'il ne connaissait que pour l'avoir entendu, et de redresser par lui-même une idée fausse conçue à l'occasion d'un nom imaginaire? Supposons que, ne connaissant pas le laque, vernis de la Chine, nous entendions parler d'un beau brillant de laque : nous comprendrons nécessairement un brillant de lac; nous nous ferons l'idée d'un éclat semblable à celui des reflets de l'eau d'un bassin; et nous ne corrigerons notre erreur que quand, retrouvant le mot laque écrit comme il doit l'être, nous en apprendrons la signification exacte.

Cette erreur ou d'autres analogues se représentent, on peut en être certain, pour tous les mots inconnus dont l'étymologie, l'écriture ou la signification ne sont pas tout d'abord évidentes; et cette observation explique l'immense quantité de fautes de toute sorte que commettent partout ceux dont l'éducation a été négligée.

Quelques-unes de ces fautes se répandent et deviennent communes soit dans la France entière, soit dans quelques provinces ou dans quelques professions.

Ce sont surtout celles-là que nous avons tâché d'atteindre. Elles tendent de plus en plus à corrompre et à dénaturer notre idiome; elles se glissent partout, se répètent, augmentent de crédit et de puissance; et jusqu’ici, malheureusement, on n'a opposé à leur action dissolvante aucune digue solide ou inébranlable.

Il n'y a chez nous, on peut le dire, ni principes généraux de prononciation, ni lois rationnelles pour l'orthographe; si bien que nous ne savons souvent comment prononcer un mot que nous voyons écrit pour la première fois.

L'Académie française est, en fait de langage, la seule autorité reconnue. Il serait bien à désirer que ce corps savant posât lui-même quelques règles de prononciation et d'orthographe, et que, sans sortir de nos habitudes générales, il y conformât sa manière d'écrire les mots français. Malheureusement, l'Académie a jusqu'ici reculé devant cete responsabilité; elle a déclaré plusieurs fois qu'elle constatait l'usage et ne prétendait pas le régler. C'est une modération dont il faudrait assurément la louer, si l'usage n'introduisait pas incessamment chez nous des fautes grossières et honteuses. Mais il n'y a pas d'ignorance grossière, il n'y a pas de sottise absurde que l'usage ne puisse adopter; et l'Académie, donnant, après un certain temps, droit de cité à ces locutions barbares, contribue, par sa complaisance ou son abnégation, à corrompre la langue qu'elle est chargée de maintenir dans sa pureté.

 

On lit dans la dernière édition de son Dictionnaire beaucoup de ces mots ou de ces phrases qui ne sont fondés ni sur l'analogie, ni sur l'étymologie, ni sur les vieilles formes de notre langue, et dont le seul aspect eût fait frissonner nos pères. Nous en avons transcrit quelques exemples; ils prouveront, du moins, que, si l'on n'y prend garde, le Dictionnaire de l'Académie pourra, dans un temps donné, être le refuge de beaucoup de mots introduits par l'étourderie ou la présomption, et adoptés par les masses, c'est-à-dire par l'ignorance.

Dans cette conjoncture, quelques auteurs, malheureusement isolés, et avec une autorité bien limité et trop restreinte, se sont dévoués à recueillir les termes vicieux les plus répandus, afin de prémunir leurs lecteurs contre l'habitude qu'ils en pourraient prendre. Ces ouvrages, dont quelques-uns remontent au milieu du siècle dernier, dont d'autres appartiennent à celui-ci, sont souvent fort estimables; ils constatent ce que nous venons de dire, l'introduction successive de termes que l'on rejetait autrefois avec raison, et pour lesquels l'usage a fait abaisser les barrières qui les écartaient. Il résulte de là que ces ouvrages, déjà anciens, ne sont plus suffisants; qu'il faut, d'une part, les compléter; de l'autre, modifier quelques jugements vrais du temps des auteurs, et devenus faux depuis que les termes qu'ils déclaraient fautifs ont été admis.

Sans doute, un tel ouvrage ne vaudra jamais de bons principes sur la matière ni des règles philosophiques et solidement arrêtées; du moins contribuera-t-il, et c'est ce qu'on peut espérer de mieux, à arrêter la corruption des mots ou des phrases, et à maintenir quelque temps de plus la pureté de notre langue.

Il me reste à dire en quoi cet ouvrage diffère de ceux qui ont paru avant lui sur le même sujet, et le parti qu'on en peut tirer dans l'enseignement. La différence éclate d'abord dans le nombre des articles. Nous ne croyons pas exagérer en disant que ce livre renferme à lui seul plus de fautes indiquées et corrigés que les trois ou quatre ouvrages publiés avant lui n'en contiennent ensemble.

Les Considérations générales qui précèdent le dictionnaire de ces mauvaises locutions, et qui classent toutes les fautes en cinq ordres nettement caractérisés, sont encore une partie toute neuve; partout ailleurs, les mauvais mots et les phrases vicieuses sont rangés à la suite les uns des autres, sans qu'on apprenne aux lecteurs que ces fautes ne sont pas de la même nature, et qu'il y a un grand intérêt à les distinguer. Nous avons, pour nous, commencé par l'exposé de ces différences, qui ne laisseront ensuite aucune hésitation, aucune difficulté à nos lecteurs.

Nous avions même pensé à suivre dans la liste de ces fautes l'ordre même des différences que nous signalons entre elles; à mettre d'abord les barbarismes proprement dits, puis les locutions vicieuses, puis les paronymes confondus, puis les solécismes, et enfin les pléonasmes vicieux. Cela nous eût fait cinq dictionnaires. Nous avons craint que, par cette disposition, la recherche des mots ne devînt pénible pour le lecteur, et nous nous sommes contenté d'une seule liste alphabétique, où nous indiquons par des initiales, à propos de chaque article, le genre de fautes dont il s'agit.

La disposition typographique n'est pas moins remarquable. Les mots fautifs étant tous en lettres grasses, quand il y a avec eux quelques mots sur lesquels la faute ne tombe pas, et qui ne sont là que pour compléter la phrase, nous les laissons en petites capitales ordinaires.

Il est d'ailleurs entendu que, pour suivre l'ordre alphabétique, nous avons été souvent obligé de rejeter après le mot important ceux qui, dans la locution complète, doivent se trouver avant lui. Ces mots à reporter avant le premier sont mis entre parenthèses.

Enfin, pour ne pas perdre l’avantage de la division systématique que nous avions d'abord voulu suivre, nous reproduisons à la fin du volume, fans une table par ordre de fautes, toutes celles que nous avons précédemment consignées et expliquées dans la liste alphabétique.

Tel est le plan nouveau, à ce qu'il nous semble, et surtout commode, que nous avons suivi, comme devant présenter de nombreux avantages à tous les lecteurs indistinctement.

Mais nous avons eu particulièrement en vue l'utilité ds maîtres qui voudraient exercer leurs élèves soit à se reconnaître entre des paronymes donnés, soit à corriger les diverses fautes qu'on aurait laissées dans les phrases faites exprès. Rien n'est assurément plus intéressant et plus utile pour des élèves arrivés à une certaine force, que des devoirs de ce genre. Rien n'est aussi plus facile à composer, grâce surtout à la table des fautes séparées selon leurs espèces.

S'agit-il, par exemple, de faire distinguer les paronymes. Il suffit d'en dicter quelques-uns, pris soit dans la table que nous indiquons, soit dans la liste insérée dans la Grammaire (§§ 74, 75, 76), ou partout ailleurs; et les élèves auront à faire sur ces mots un petit article de la nature de ceux qu'on trouve dans notre livre, où ils donneront la définition de chacun.

S'agit-il de fautes à corriger?

Il n'y a qu'à composer des phrases où l'on met à la place d'un mot convenable un de ceux que nous signalons comme fautifs. Pour des solécismes, il suffit de changer le genre d'un nom, le nombre d'un adjectif, la personne d'un verbe. Pour une locution vicieuse, comme pour les barbarismes, il suffit de la faire entrer dans une phrase quelconque. Pour la confusion des paronymes, on n'a qu'à mettre l'un à la place de l'autre. La distribution de nos mots en classes particulières selon le genre de fautes auxquelles ils donnent lieu sera pour cela d'autant plus commode qu'il suffira, pour avoir la correction demandée, de chercher le mot donné dans la liste générale; et ainsi les maîtres ont dans ces deux listes la matière de quinze ou dix-huit cents devoirs nouveaux, avec les corrigés. Nous croyons que c'est pour eux, aussi bien que pour leurs élèves, un avantage considérable, qu'ils ne tarderont pas à apprécier comme nous.

 


 

LE

 

LANGAGE VICIEUX

Corrigé

 

 

Considérations générales.

 

Les fautes qui contribuent à rendre le langage vicieux sont, pour ainsi dire, innombrables; et il est à peu près impossible d'assigner d'avance toutes les façons dont les ignorants pourront violer les règles ou le bon usage.

Cependant, si l'on ne peut énumérer toutes ces fautes, il est facile au moins de les ramener à un certain nombre de classes établies d'après les diverses parties de la grammaire, ou la nature des préceptes auxquels on contrevient.

Ainsi les fautes peuvent tomber sur la prononciation des syllabes, s'il y a des lettres (voix ou articulations) qui ne sont pas énoncées comme elles doivent l'être; sur l'accentuation, si l'on prononce forte une syllabe faible, ou réciproquement; sur la quantité, si l'on allonge une syllabe brève; sur la liaison des mots, si l'on fait entendre devant la voyelle initiale du second une consonne qui ne doit pas y être; sur l'énonciation des phrases, si on les accentue de travers; si l'on s'arrête où il ne faut pas s'arrêter, si l'on donne à une interrogation la même chute qu'à une affirmation; sur l'orthographe, si dans l'écriture on emploie des lettres que le bon usage n'admet pas, si l'on met sur ces lettre ou auprès d'elles des accents ou des signes qui n'y doivent pas être, ou si l'on oublie ceux qui sont nécessaires; sur la ponctuation, si l'on met d'autres signes que ceux que demande le sens précis du discours; sur les mots eux-mêmes, si l'on en emploie qui absolument ne soient pas français; sur l'étymologie, si l'on s'écarte de l'usage en n'observant pas les règles de dérivation ou de formation convenables; sur la construction des phrases, si l'on déplace mal à propos les mots qui y entrent; sur la syntaxe, si l'on n'observe pas les règles d'accord et de régimes établies par la coutume; sur les homonymes ou paronymes, si l'on confond ou qu'on prenne l'une pour l'autre des mots de son très-voisin; enfin sur l'élégance ou la propriété des termes, si l'on prend mal à propos des mots à la place desquels le bon usage voudrait un de leurs synonymes.

On reconnaît par cette énumération que l'ordre indiqué ici est précisément celui d'un cours de grammaire philosophique, où l'on s'occuperait d'abord des sons de la voix, puis des lettres, et de l'écriture en général; puis des espèces de mots, puis des familles de ces mots; enfin de leur syntaxe et de l'élégance ou des agréments du style.

Mais, par cela même que cet ordre est si exactement didactique, il n'est peut-être pas le plus avantageux dans la pratique. En effet, il y a plusieurs de ces fautes qui rentrent l'une dans l'autre, ou qui ne changent de nom que selon le point de vue. Que j'écrive et que je prononce un live au lieu d'un livre, c'est une faute de prononciation d'abord; c'est aussi une faute d'orthographe, puisque le mot est mal écrit; c'est encore un barbarisme, puisque le mot n'est pas français; c'est de plus une faute contre l'étymologie, puisque l'r y est une lettre essentielle. Or, tout le monde avouera qu'un étude si minutieuse sur un mot qui, en définitive, est à rejeter, exigerait un temps, et une attention qu'on fera beaucoup mieux de consacrer à des connaissances plus directement utiles.

On a donc cherché, et avec raison, une division plus pratique, et qui permît de réunir sous le même aspect les fautes de même nature, ou qui tombent sur des mots de même ordre, ou qui se retrouvent dans les mêmes occasions, sans qu'on fût obligé de ramener les mêmes quatre ou cinq fois, eu égard aux parties de la grammaire auxquelles la faute pouvait se rapporter.

Ce sont alors les fautes elles-mêmes qu'on a distinguées et classées d'après les caractères qui leur sont propres, et que nous expliquerons tout à l'heure avec détail; et l'on a ainsi formé des groupes plus ou moins nombreux sous les titres que voici : Barbarismes proprement dits, ou mots barbares; — Locutions vicieuses, ou barbarismes de phrases; — Confusion de paronymes, ou mots pris pour d'autres; — Solécismes, ou fautes contre la construction des phrases et la syntaxe; Pléonasmes vicieux, ou mauvaise répétition des mots, emploi des mots inutiles, etc.

On reconnaîtra par l'usage que si cette division n'est pas absolument complète; si même elle n'est la plus satisfaisante que l'on pût imaginer quant à la théorie grammaticale, elle est assurément la plus commode : elle atteint les fautes les plus communes, et, en les rangeant sous des caractères distincts et fort aisés à retenir, elle donne en même temps le meilleur moyen de les éviter.

 

§ 1er. BARBARISMES PROPREMENT DITS

 

Les barbarismes sont des mots qui ne sont pas français. On sait que les Grecs appelaient barbares tous les peuples qui ne parlaient pas leur langue : le barbarisme était donc originairement un mot, une locution étrangère à la langue grecque; l'on a depuis généralisé le sens de ce terme, et nous l'appliquons à toute expression ou toute locution qui n'est pas française.

Les barbarismes peuvent tomber sur le mot lui-même, si l'on prononce ou si l'on écrit un mot qui absolument n'est pas français, comme serait, par exemple, un cien pour un chien, un abre pour un arbre, un tablot pour un tableau; franchipane pour frangipane; gigier au lieu de gésier; airé au lieu d'aéré; ajamber au lieu d'enjamber; errhes pour arrhes; pantomine pour pantomime; rebiffade pour rebuffade; ce sont autant de barbarismes; on voit que chacun d'eux tombe sur le mot lui-même : on le appelle donc des barbarismes de mots, ou barbarismes proprement dits, quand on veut les distinguer de toute autre faute.

Quelques-uns de ces barbarismes se forment par une mauvaise dérivation es mots; ils ne sont pas moins condamnables que les précédents. Celui qui, ayant appris les temps primitifs de rendre, rendant, rendu, je rends, je rendis, conjuguerait de même prendre, prendant, prendu, je prends, je prendis, se tromperait dans les participes et dans le prétérit simple de l'indicatif. Il conjuguerait d'une manière barbare.

Celui qui, voyant que régir forme un régisseur, brunir un brunisseur, etc., croirait que courir forme un courisseur et acquérir un acquérisseur, ferait des barbarismes dans la dérivation des mots.

Les barbarismes peuvent exister dans la prononciation ou dans l'orthographe : écrire un haître pour un hêtre; plère pour plaire; j'ai u pour j'ai eu; c'est faire des barbarismes dont l'oreille ne nous avertit point, et qu'on range plus souvent parmi les fautes d'orthographe. Il faut les éviter avec le même soin que les barbarismes de prononciation.

On trouvera des barbarismes de ces différentes sortes dans la liste qui suit. Il sera intéressant d'y remarquer la connexion singulière qui existe entre les barbarismes de prononciation et les fautes d'orthographe: on verra que très-souvent ces fautes honteuses et qui influent avec une si déplorable énergie sur la corruption de la langue, dépendant de ce que des mots mal entendus ont été depuis mal écrits, comme de ce que des mots mal écrits ont été par suite mal prononcés.

 

§2. Locutions vicieuses.

 

Les locutions vicieuses ou les barbarismes de phrases consistent dans l'emploi ou la réunion des mots qui ne peuvent absolument marcher ensemble. Ces barbarismes viennent souvent d'une confusion de paronymes, de mots mal entendus ou répétés de travers, de termes employés conte le bon usage, et qui forment des locutions tout à fait fautives dans notre langue.

Combien de personnes disent de quelqu'un qui rejette leur demande à une époque éloignée ou incertaine : "Il m'a renvoyé au calendrier grec." C'est un barbarisme de phrase; il faut dire aux calendes grecques. En effet, les calendes, qui étaient le premier jour du mois chez les Romains, n'existaient pas ches les Grecs; renvoyer aux calendes grecques, c'est donc renvoyer à ce qui n'est pas, comme nous disons chez nous : renvoyer à la semaine des quatre jeudis, au trente-six du mois, etc. Le calendrier grec ne signifie rien du tout.

Remarquez bien qu'ici ce ne sont pas les mots qui sont barbares; ce seraient des barbarismes proprement dits. Ce ne sont pas, non plus, la construction ni la syntaxe : car nous rentrerions dans les solécismes. C'est la réunion, l'accouplement des mots, qui, en effet, ne peuvent pas marcher ensemble; le barbarisme tombe donc exactement sur la phrase, sur la locution; et c'est ce que signifie précisément le nom qu'on leur donne qui doit les faire bien distinguer des barbarismes de mots.

On remarque facilement que ces barbarismes appartiennent à une théorie plus élevée et sont plus difficiles à corriger que les précédens. Ceux-ci, en effet, consistent dans l'emploi de mots qui absolument ne sont pas français; par conséquent, le Dictionnaire de l'Académie peut être pris comme le régulateur suprême à cet égard; et quand il a prononcé, il n'y a plus de doute sur la qualité du mot employé.

Ici c'est autre chose : les mots sont presque tous français; mais la réunion qu'on en forme est-elle bonne ou mauvaise? Le goût, l'usage sont ici plus puissants que les règles de la grammaire; aussi plusieurs grammairiens

Ont-ils déclaré fautives des expressions qui sont, au contraire, très bonnes; et, réciproquement, ils ont donné comme bonnes des expressions qui sont souvent fautives.

Il serait assurément utile et curieux d'énumérer exactement les espèces auxquelles on peut rapporter les barbarismes de phrases : on verrait que ces fautes passent par tous les degrés possibles, depuis les fautes les plus légères jusqu'aux plus graves; et que les premières consistent souvent dans une figure jugée peu convenable en un moment donné, tandis que les autres contrarient les habitudes les plus générales de notre langue.

Comme nous avons pour objet ici les fautes véritables et réelles, nous parlerons surtout des barbarismes de phrases un peu important. Nous nous contenterons de citer quelques-uns des autres dans la liste qui va suivre. Montrons d'abord qu'il y en a de plusieurs sortes, et qu'on ne doit pas confondre :

1° C'est un barbarisme considérable quand on emploie quelque mot, quelque réunion ou combinaison de mots dans un sens qu'ils n'ont pas.

Nous lisons dans une traduction de Platon : "Je puis te donner de suite le remède." C'est tout de suite qu'il faudrait; de suite signifie consécutivement : Réciter cent vers de suite. Tout de suite veut dire aussitôt.

Fiévée dit dans sa Dot de Suzette : "Elle me demande excuse de s'habiller devant moi." On demande pardon et on fait ses excuses. Demander excuses est une locution vicieuse.

2° Il y a des mots qui ne peuvent pas marcher ensemble, sans qu'il y ait pour cela d'autre raison, sinon que ce n'est pas l'usage. Par exemple, on ne dit pas plus bon : ainsi, plus bon est un barbarisme. Il en est de même de en conséquent, de par conséquence, et de beaucoup d'autres mots.

Le pronom celui, par exemple, demande à être toujours suivi de la préposition de ou d'un conjonctif, qui, que, dont. Quand M. Berryer père dit dans ses Souvenirs : "Balancier plus conservateur que celui actuel du favoritisme ", il fait un barbarisme de phrase.

M. de Lamartine dit encore, dans son Voyage en Orient : "En multipliant cette scène et cette vue par cinq ou six cents maisons semblables…" On ne multiplie que par un nombre : multiplier quelque chose par des maisons n'est pas français.

3° C'est encore une grosse faute, et presque toujours un barbarisme formel que d'employer d'une manière absolue des mots qui ne sont que corrélatifs, ou de changer, de renverser la relation qu'ils expriment.

M. Quinet écrit dans son roman d'Ahasvérus : "Si vous saviez où mène votre longue route, plutôt que de commencer vous resteriez sur le seuil." Le seuil de quoi. Cela n'est pas dit : on est forcé d'entendre le seuil de la route; mais seuil ne se dit que d'une porte.

M. de Lamartine dit dans son poëme de la Chute d'un ange :

Heureux qui peut l'entendre en ces heures où dieu

Le rend contemporain et présent en tout lieu.

Contemporain de qui? Ou de quoi? On est le contemporain de quelqu'un; on n'est pas contemporain en général et absolument.

On trouvera dans la liste suivante des exemples de ceux de ces barbarismes qui se produisent le plus souvent, soit par l'inattention de ceux qui parlent, soit par la mauvaise habitude qu'il en ont prise avec ceux qui parlent mal. Il y en a sans doute une multitude d'autres; nous ne pouvons que recommander de les éviter avec le plus grand soin.

 

§ 3 Confusion des paronymes.

 

On entend par homonymes les mots qui se prononcent de la même manière, quoique signifiant des choses différentes, comme saint et ceint, sainte et la ville de Saintes.

On appelle paronymesles mots dont la prononciation, sans être absolument la même, est assez voisine pour que l'on soit exposé à les confondre, comme belle et bêle, dont la différence consiste dans le son long ou bref de la voyelle e.

Les homonymes et les paronymes sont dans toutes les langues, et particulièrement en français, une occasion de fautes aussi grossières que multipliées, pour ceux qui n'y font pas attention. Ils rendent justement ridicules ceux qui les confondent, et contribuent plus que toute autre chose à la corruption des langues par la confusion qu'ils amènent des mots essentiellement différents.

La confusion des homonymes exacts n'est pas ordinairement sensible dans le la ngage; elle entraîne seulement des fautes d'orthographe qu'on peut appeler honteuses. Celui qui écrirait qu'un roi a saint la couronne, au lieu de ceint, ou qu'un homme est sensé avoir rempli un devoir, au lieu de censé, serait justement regardé comme ignorant les premiers principes de sa langue, et donnerait de lui la plus mauvaise idée.

Mais les fautes les plus graves faites à l'occasion des mots semblables sont, sans comparaison, celles que fait commettre l'ignorance du son et du sens de ces mots. Il est incroyable à quel excès des personnes, même instruites, peuvent quelquefois se laisser aller dans ce genre. Nous en donnerons des exemples curieux, et l'on verra qu'il n'y a pas de sottise absurde où l'on ne puisse être conduit quand on ne fait pas une rigoureuse attention à ce que l'on va prononcer.

Il n'est pas hors de propos, à ce sujet, de rappeler que tous les livres où sont recueillis et expliqués les homonymes ou paronymes ne sont pas également sûrs. Il arrive souvent que ceux qui veulent, à cet égard, instruire les autres, auraient besoin de s'instruire d'abord eux-mêmes. Il suffira, pour prouver cette vérité, de transcrire ici ce paragraphe d'un ouvrage qui a eu beaucoup de succès : "Emersion, immersion. — Emersion, action d'une planète qui sort des nuages; immersion, action d'une planète dont la lumière s'éteint dans les nuages." — Je ne relève pas cette impropriété de terme qui fait appeler action le passage d'une planète derrière des nuages; mais si l'on veut ouvrir le Dictionnaire de l'Académie aux mots émersion et immersion, on verra que les définitions données ici sont fantastiques, que les nuages ne sont pour rien du tout, ni dans l'émersion, ni dans l'immersion. Ce dernier mot se rapporte d'abord à immerger; il se dit au propre d'un corps qu'on enfonce tout entier dans un liquide, et qui y disparaît. Le mot émersion, s'il s'employait dans le sens propre, signifierait le mouvement contraire, celui d'un corps qui sort d'un liquide. Par analogie on a employé ces deux mots en astronomie, pour représenter la disparition d'une planète derrière une autre, et sa réapparition quand elle n'est plus cachée derrière un corps opaque. Ainsi, l'immersion des satellites de Jupiter a lieu quand ils disparaissent derrière leur planète; et leur émersion, lorsque, sortant de derrière cette planète, ils redeviennent visibles à nos yeux. Quant aux nuages, il est trop évident que ce sont eux qui viennent s'interposer entre nous et la planète et la dérober à notre vue, pour qu'on puisse attribuer ce phénomène au mouvement de l'astre : aussi n'a-t-on jamais dit l'immersion d'une planète dans une nuage, pas plus qu'on ne dit l'immersion de la lune ou l'émersion du soleil, lorsque les nuages nous les cachent ou les laissent reparaître : en un mot, émersion et immersion sont des termes d'astronomie, et l'astronomie n'a pas à s'occuper des nuages.

Cette faute considérable, et je pourrais en citer d'autres qui ne le sont pas moins, montre combien on risque de s'égarer en suivant un guide infidèle ou insuffisant.

Nous n'avons à faire ici la critique de personne; mais nous engageons tous ceux qui veulent acquérir une instruction solide à apporter le plus grand soin dans le choix des ouvrages qui doivent leur servir de guides.

 

§ 4 Solécisme.

 

On appelle solécismes les fautes contre l'accord ou le régime des mots. Si deux mots doivent s'accorder et qu'on ne les accorde pas, c'est un solécisme d'accord, ou une discordance : telle serait l'expression un joli bergère, puisque bergère étant du féminin, les adjectifs un et joli doivent être du même genre.

Il y a solécisme de régime quand on donne à un mot un complément qu'il ne peut recevoir. Ainsi digne demande la préposition de devant son complément : digne d'un prix. Ce serait un solécisme de régime d'employer la préposition pour, et de dire digne pour un prix.

Ces deux espèces de solécismes se subdivisent ensuite en plusieurs autres : par exemple, le solécisme d'accord peut tomber sur le genre quand on fait accorder un masculin avec un féminin, ou réciproquement. Celui qui dit de la belle ouvrage, un petit impasse, fait un solécisme.

Il y a le solécisme dans le nombre quand on met le singulier pour le pluriel, soit qu'on rapporte ainsi l'un à l'autre deux mots de nombre différent, soit que l'un des deux exigeant nécessairement l'un de ces nombres pour le déterminer, on mette l'autre mal à propos. Les paysans qui disent j'avons, j'étions, tombent dans ce vice de langage, puisqu'ils accouplent un sujet singulier et un verbe pluriel.

Il y a solécisme dans la personne quand le verbe ne s'accorde pas avec le pronom son sujet. Celui qui écrit tu aime sans s, ou il faisais, ou ils faisions, donne des exemples de cette faute.

C'est encore un solécisme d'accord quand on exprime un rapport entre des mots qui, grammaticalement, ne peuvent se rapporter l'un à l'autre. Ainsi : "Pensant mal de tout le monde, je n'en dis de personne", n'est pas une phrase correcte; en est un mot relatif invariable qui signifie de cela. Il ne peut se rapporter qu'à un substantif ou à une proposition complète, et ici il se rapporte à mal, qui est pris adverbialement dans la première phrase. Il fallait mettre : "Pensant du mal de tout le monde, je n'en dis de personne."

Des temps de verbes qui se contrarient, forment encore un solécisme d'accord assez commun chez les écrivains négligés, et qui dépend plus du défaut de logique que des règles de la syntaxe.

Les solécismes de régime ne sont pas moins variés que les solécismes d'accord; ils consistent surtout en ce qu'on a employé à tort une forme de nos mots variables, qu'on a retranché une préposition nécessaire, ajouté une préposition inutile, mis une préposition pour une autre, fait des fautes semblables sur des conjonctions, et admis un mode d'un verbe quand la syntaxe en demandait un autre. Exemple : "Donnez-lui tout ce qu'il a besoin;" avoir besoin ne peut régir que. La phrase est donc fautive.

Le livre à mon frère, pour le livre de mon frère; habile à la musique, pour habile dans la musique; curieux pour voir, au lieu de curieux de voir, nous donnent des exemples de prépositions mises pour d'autres, et, par conséquent, de solécismes de régime.

C'est encore une faute de régime de donner à un mot un complément qu'il ne peut avoir. "J'aime davantage le vin que la bière en offre un exemple. Davantage, depuis bien longtemps, ne sert plus pour premier terme d'une comparaison quand le second est exprimé. Il fallait dire j'aime plus.

Le juste emploi des modes et des temps de nos verbes est une des difficultés de notre langue. Les écrivains, même habiles, tombent souvent, à ce sujet, dans des fautes grossières, c'est-à-dire qu'ils font sans y penser de lourds solécismes; il en sera donné des exemples curieux.

Outre ces fautes, qui sont des solécismes formels, il y en a d'autres encore qui, bien qu'elles ne dépendent pas de la violation d'une règle absolue, ne sont pas moins considérables eu égard à l'ensemble de la phrase : ce sont les mauvaises inversions, les constructions embarrassées, équivoques, obscures, dans lesquelles le mot n'est pas vicieux lui-même; la phrase l'est assurément au plus haut degré. Telle est, par exemple, la locution : Une bonne santé je vous souhaite, au lieu de je vous souhaite un bonne santé; cette salle peut cent personnes, au lieu de peut contenir cent personnes. Il y a dans le premier exemple une inversion, dans le second une ellipse, ou retranchement que rien ne justifie; ce sont des fautes de construction très-grossières.

Nous n'avons pas de nom générique pour cette espèce de faute, et nous la désignerons par le terme de phrase vicieuse, phrase mal construite, ou par le nom même du vice qu'on y remarque, tel que mauvaise inversion, mauvaise ellipse, ambiguïté, obscurité, équivoque.

Pour ne pas multiplier inutilement les divisions, nous mettrons ensemble ces fautes et les solécismes, puisqu'ils ont tous pour caractère commun de gâter la phrase, en tant que phrase; tandis que les fautes contenues dans les sections précédentes tombaient, ou sur les mots eux-mêmes, ou sur les associations de mots formant une expression particulière à la langue française.

 

§ 5. Pléonasmes vicieux.

 

Le pléonasme consiste à ajouter dans la phrase quelque mot qui n'est pas nécessaire au sens, qui fait même double emploi avec un autre, comme quand on dit : Qu'est-ce que cela me fait à moi? Il est visible que à moi n'a pas d'autre sens que me placé devant fait; c'est un pléonasme.

Le pléonasme fait quelquefois un bon effet, comme dans la phrase citée ici, où il augmente la force de l'expression. Alors c'est une figure de construction qu'il peut être intéressant d'étudier, et dont les poëtes et les orateurs nous donnent de très-beaux exemples.

Mais, la plupart du temps, il n'ajoute aucune énergie à la phrase; il est alors tout à fait inutile, et c'est un vice d'élocution qu'il faut éviter avec le plus grand soin.

Nous avons réuni ici quelques exemples de ceux qui se rencontrent le plus souvent dans la conversation ou dans le langage écrit. On verra que presque tous sont au moins fastidieux, et méritent qu'on les évite avec beaucoup de soin; toutefois, il y en a quelques-uns qui sont plus tolérables que les autres, et qui sont en effet admis dans le la ngage négligé.

Quant à la forme de ces pléonasmes, il est assez difficile d'établir des classes bien nettes. Quelques-uns consistent en ce que l'on réunit plusieurs mots qui, rentrant l'un dans l'autre, ne signifient pas plus qu'un seul; comme quand on dit : une tempête orageuse, assez suffisant, donc par conséquent, etc. Pour d'autres le sens est moins évidemment le même; et pourtant on sent que le même sens est exprimé deux fois, comme dans : ils se sont entre-regardés l'un l'autre, ou nous nous sommes entretenus réciproquement; il est visible que la réciprocité exprimée par l'adverbe l'était déjà par le verbe s'entretenir, et que c'est un double emploi tout à fait blâmable.

Ailleurs, ce sont des expressions de rapports, c'est-à-dire des prépositions ou des conjonctions qui sont redoublées mal à propos, comme dans c'est à vous à qui je parle, c'est de lui dont je me plains. Ces pléonasmes sont de vrais solécismes.

Il y en a aussi qui consistent à déterminer une négation plus qu'il n convient, comme je n'ai pas rien fait, vous n'avez point rencontré personne, etc., tandis qu'ailleurs, comme dans on n'a jamais vu personne, aucun auteur n'a rien écrit de semblable, les deux mots qui déterminent la négation ne sont point surabondants.

Enfin, d'autres pléonasmes plus délicats et plus imperceptibles que les précédents, mais qui ne sont pas moins fâcheux, consistent dans le mauvais choix ou l'emploi mal motivé des adjectifs déterminatifs : comme j'ai mal à ma tête. Ici l'adjectif possessif ma exprime une relation de possession qu'on juge, avec raison, superflue, puisque celui qui souffre de la tête ne peut avoir mal qu'à la sienne. Le bon langage exige donc qu'on n'emploie pas ici l'adjectif possessif.

Cette faute, remarquée depuis longtemps par les grammairiens, n'est pas la seule de ce genre. Celui qui dit : j'ai une fièvre au lieu de j'ai la fièvre, j'ai le rhumatisme au lieu de j'ai un rhumatisme, tombe, quoiqu'on ne l'ait pas remarqué jusqu'à ce jour, dans ce même défaut du pléonasme vicieux. Pourquoi cela? Parce que, comme je l'expliquerai, ces adjectifs apportent à notre esprit une idée de trop, laquelle se trouve ensuite en contradiction avec le mot qu'ils accompagnent.

Je n'ai pas besoin de dire que cette partie de l'étude de la grammaire est déjà fort abstraite, et qu'elle ne peut convenir qu'aux maîtres ou aux élèves avancés, et qui savent bien tout ce qui précède. C'est la distinction que nous avons eue à faire jusqu'à présent dans toute la théorie et dans les applications de la grammaire, où nous avons trouvé une partie élémentaire, en quelque sorte matérielle, et à la portée de toutes les intelligences; et une autre beaucoup plus abstraite, que les esprits plus avancés pouvaient seuls étudier avec fruit. Notre travail sur les fautes du langage eût été nécessairement incomplet, si nous n'y avons pas aussi retrouvé ces différences.


 

LISTE ALPHABETIQUE

 

des fautes les plus ordinaires

 

Dans la prononciation, l'écriture ou la construction

des phrases.

 

Nota. Les différentes espèces de fautes sont désignées, dans le texte des articles, savoir : les barbarismes proprement dits, par la lettre B; les locutions vicieuses ou barbarismes de phrases, par L. v.; les paronymes, par les lettres Par.; les solécismes, par Sol.; les pléonasmes vicieux, par Pl..

 

A.

 

A répété mal à propos : Ce n'est qu'à sa mère à qui je dois parler (J.-B. Rousseau). C'est à sa table à qui l'on rend visite (Molière). C'est à vous à qui je veux parler (Boileau. Pl. v. ou Sol. — On reconnaît dans ces deux vers deux rapports d'attribution; c'était assez d'un, et la correction grammaticale voulait : C'est sa mère, c'est sa table, c'est vous à qui…; ou bien : C'est à sa mère, c'est à sa table, c'est à vous que

A et , Pl. v. Est-ce à la ville où vous allez? C'est à Paris où vous demeurez, etc.; dites : Est-ce à la ville, c'est à Paris que…; ou bien : Est-ce la ville, C'est Paris où

A aujourd'hui (On a remis l'affaire), Pl. v. L'Académie admet cette expression; mais elle n'est pas bonne : à ne peut pas se placer élégamment devant au, qui en est composé. Il faudrait dire : On a remis l'affaire au jour d'hui (en séparant les éléments), ou à ce jour, si l'on craint une équivoque. Voy. Jusqu'aujourd'hui.

A mon père (la maison), Sol. La possession après un substantif s'exprime par de et non par à. Dites : La maison de mon père, et non pas la maison à mon père.

A rien faire (Il est toujours, on le voit souvent), Sol. Dites : à ne rien faire, ou sans rien faire.

A langui et même tombé (le commerce) sous son administration, Sol. Dites : Le commerce a langui, il est même tombé, etc. Le verbe avoir ne peut se sous-entendre avec tombé.

Abajoue ou abat-joue. Partie de la tête du cochon qui s'étend depuis l'œil jusqu'à la mâchoire, B. Dites. La bajoue

Abîmer une robe, un chapeau. Dites plutôt froisser, salir, gâter une robe, un chapeau. Il ne faut pas croire toutefois qu'abîmer une robe soit un barbarisme, c'est seulement une expression trop forte et qui n'est pas justifiée par la chose dont il s'agit.

Acabit (Poires d'une bonne), Sol. Dites d'un bon acabit. Ce mot est du masculin.

Acculés (Des souliers), B. Dites des souliers éculés.

Aéromètre, s. m., Aréomètre, s. m., Par. L'aéromètre est un instrument pour mesurer la condensation ou la dilatation de l'air; l'aréomètre ou pèse-liqueur est un instrument pour déterminer la densité des liquides.

Affiler, v., Effiler, v., Par. Affiler, c'est donner le fil au tranchant d'un couteau; effiler, c'est défaire un tissu fil à fil.

Ages (on n'est pas heureux à nos), Sol. Dites : On n'est pas heureux à notre âge, et non pas à nos âges, quoique les âges puissent être fort différents. Le pluriel n'est pas usité dans cette locution.

Agiographe, B. Celui qui écrit la vie des saints. Ecrivez hagiographe.

Agir (en), L. v. Il en bien ou mal agi envers ou avec moi. Dites : Il a bien ou mal agi, ou il en a bien ou mal usé. On ne dit pas agir de quelque chose

Agoniser quelqu'un, L. v. Agoniser, c'est être à l'agonie. Ne dites pas il l'a agonisé d'injures, mais il l'a accablé.

Aides (Je connais les), L. v. ou barbarisme ridicule. Il faut dire je connais les êtres.

Aigledon, B. Duvet très-fin et très-léger; c'est édredon qu'il faut dire.

Ainsi par conséquent, Pl. v. Dites ainsi ou par conséquent. Un de ces termes suffit.

Air, s. m.; Aire, s. f.; ère, s. f.; erre, s. f. et v., Par. L'air est ce fluide au sein duquel nous vivons; une aire est une surface plane sur laquelle on bat le grain; en géométrie, c'est une surface surtout en ce sens qu'elle peut être mesurée. Une ère est une époque à partir de laquelle on compte les années : l'ère chrétienne; — erre est l'impératif du verbe errer; c'est aussi un substantif féminin signifiant marche, allure; suivre les erres de quelqu'un. On voit combien il importe de ne pas confondre ces différents mots.

Air (aller grand), L. v. Aller vite, aller bon train. Dites aller grand'erre. Erre est un nom féminin qui signifie train, allure. Pour grand’, Voy. Grand.

Aire. S. f. Voyez Air.

Airé, B. Qui a de l'air, exposé à l'air. Dites aéré : un lieu bien aéré, une chambre bien aérée.

Ajamber un ruisseau, B. Dites enjamber

A la noix (Cresson), L. v. cresson alénois.

Alargir, B. Rendre plus large. Dites élargir : élargir un corset, une manche de robe.

Alevin, s. m. Voy. Levain

Alentour de la ville, L. v. Dites autour de la ville. Alentour ne prend pas de complément.

Allé (je me suis en), Sol. Dites : J'ai à aller dans plusieurs endroits. Aller ne peut régir le complément direct plusieurs endroits.

Allocation, s. f., Allocution, s. f. Par. Allocation se dit, en terme de finances, d'une somme qu'on alloue; l'allocution est un discours adressé par un général à ses soldats, par un maître à ses élèves, etc.

Allocution, s. f. Voy. Allocation.

Allumer de la lumière, Pl. v. Dites allumer une bougie, une chandelle, ou donner, apporter de la lumière

Alluré C'est un jeune homme bien alluré, B. C'est-à-dire qui a de l'allure, qui va bien. Dites qu'il est bien dégourdi.

Amadoue, B. Ecrivez sans e à la fin et faites ce mot du masculin : du bon amadou

Amasser, v. Ramasser, v., Par. Amasser, c'est mettre en tas, en amas : amasser de l'argent; — ramasser, c'est prendre à terre ce qu'on a laissé tomber : j'ai ramassé mon gant, et non pas j'ai amassé mon gant.

Amende (Serge d'), L. v. Etoffe de laine qui se fabrique à Mende. Dites serge de Mende.

Amnistie, s. f., Armistice, s. m. Par. L'amnistie est l'oubli des crimes commis contre l'État; l'armistice est une suspension d'armes.

Anche, s. f., Hanche, s; f., Par. La hanche est la partie du corps humain où la cuisse s'emboîte dans le tronc; une anche est une lame de roseau que l'on presse entre les lèvres en soufflant dans le bec auquel elle s'adapte, et dont les vibrations déterminent le son musical dans le hautbois, le basson, la clarinette et autres instruments du même genre.

Âne, s. m., Anne, s. f., Par. L'âne est une bête de somme bien connue; l'â doit être prononcé long et fermé. — Anne est un nom de femme; l'a doit y être ouvert et bref comme dans Suzanne, dont l'orthographe est la même. C'est par une confusion très-fâcheuse qu'on s'est habitué à prononcer sainte Anne comme saint âne.

Angélus (sonner les), B. Dites sonner l'Angelus; dire l'Angelus. Ce mot ne se prend pas au pluriel.

Angoisses, B. Chagrin, serrement de cœur. Il faut dire angoisses.

Angola, s. m., Angora, s. m. Par. Angola est un royaume d'Afrique; Angora est une ville de l'Asie Mineure d'où sont venus les chats et les lapins dont le poil est soyeux, et qu'on nomme des angoras, et non pas des angolas.

Angora, s. m. Voy. Angola.

Anne, s. f. Voy. Ane.

Anoblir, v., Ennoblir, v., Par. Anoblir c'est conférer un titre de noblesse, créer quelqu'un comte ou baron, etc.; ennoblir, c'est donner de l'éclat, rendre plus distingué, plus illustre. La vertu ennoblit un homme, on s'anoblit quelquefois à prix d'argent.

Anormal, le, B.. C'est une situation anormale. Dites anomale — L'adjectif normal est français, il vient du latin normalis, qui veut dire fait à l'équerre, à la règle, régulier. On dit, en conséquence, qu'une situation est normale quand elle est régulière; mais anormal est un barbarisme, car il est formé de la lettre a qui n'a un sens privatif qu'en grec, et qu'on place ici devant un mot qui n'est pas grec du tout. Le véritable mot est anomal; il est tiré immédiatement du grec, et signifie qui ne ressemble à rien, qui n'a aucune analogie. C'est un sens à peu près équivalent, et c'est pour cela qu'à cause de la ressemblance du son, de prétendus beaux parleurs ont forgé ce barbarisme anormal; mais le substantif anomalie ne permet pas de s'y tromper.

Aparoi (L'). Dites la paroi, une paroi.

Apointer une boule, L. v. Dites pointer.

Apointeur (Un bon), B. Dites un bon pointeur.

Apparution, B. Dites apparition

Apprentisse (une), B. Dites une apprentie. Le masculin est un apprenti, qui ne saurait former son féminin en isse.

Après la porte (la clef est), L. v. Dites est à la porte; dites de même il est à lire et non il est après lire.

Apurer, v., épurer, v., Par. Apurer est un terme de finances : Apurer un compte, c'est s'assurer que toutes les parties en sont exactes, et que le comptable doit en être déclaré quitte; épurer, c'est rendre pur, au physique, et au moral.

Arche de triomphe, L. v. Dites un arc de triomphe

Aréchal (Fil d') B. dites fil d'archal

Aréole, s. f., Auréole, s. f. Par. L'aréole est une petite aire, une petite surface; l'auréole est ce cercle lumineux, cette gloire dont on entoure la tête des saints.

Aréolithe, B. Pierre qui tombe de l'air. Dites un aérolithe

Aréomètre, s.m. Voy. Aéromètre.

Aréonaute, B. Homme ou femme qui voyage dans l'air, c'est-à-dire en ballon. Dites aéronaute, m. et f.

Argot, s. m., Ergot, s. m., Ergo, adv., Par L'argot est un langage particulier aux gens de certains états vils, comme les gueux et les filous de toute espèce. Obligés de s'entendre entre eux sans être compris des gens honnêtes qui les approchent, ils conviennent du sens de certains mots qui reviennent fréquemment dans leur conversation, et se font ainsi une langue inintelligible pour tout autre. — L'ergot est une espèce d'ongle pointu qui vient derrière le pied de quelques animaux. — Ergo est un mot latin qui signifie donc, et dont on se sert dans le langage familier pour conclure un raisonnement.

Arguillon, B. Pointe de métal servant à fixer la courroie qu'on passe dans une boule. C'est un barbarisme : il faut dire un ardillon.

Aricot, B. Ecrivez haricot et aspire l'h.

Arjolet, B. Petit bouton qui vient aux paupières. Dites orgelet, c'est-à-dire grain d'irge, à cause de sa forme. Voy. Orgueilleux.

Armistice, s. m. Voy. Amnistie.

Arpent, s; m., empan, s. m; Par. L'arpent est une mesure agraire qui vaut cent perches carrées anciennes, environ un demi-hectare; l'empan est la longueur que l'on peut atteindre avec les doigts les plus écartés l'un de l'autre, c'est-à-dire environ deux décimètres.

Arquebusade, s. f., Arquebuse, s. f., Par. L'arquebuse est une arme à feu; l'arquebusade est un coup d'arquebuse. Il faut dire eau d'arquebusade, c'est-à-dire une eau composée pour guérir les blessures faites par un coup de feu, et non eau d'arquebuse, comme si cette arme exigeait l'emploi d'une eau particulière.

Arquebuse (Eau d'), L. v. Voy. Arquebusade.

Arrière grand-père, L. v. Dites bisaïeul. On peut dire arrière-petit-fils, parce que les fils et petits-fils viennent après le père; mais, le grand-père venant avant et le bisaïeul avant le grand-père, on voit que ce mot forme non seulement un barbarisme, mais un contre-sens.

Aspic, s; m. Voy. Spic.

Assassin (commettre un), L. v. Pour assassiner, tuer en trahison. Dites commettre un assassinat.

Assassineur, B., Celui qui assassine. Dites un assassin.

Assez satisfaisant (Son travail est), Pl. J'en suis assez satisfait. Dites est satisfaisant, j'en suis satisfait. — Le mot satis, qui commence ces mots, est un adverbe latin qui signifie assez; satisfaire signifie donc proprement faire assez, et assez satisfaisant, faisant assez assez. C'est évidemment un mauvais pléonasme.

Assez suffisantes (Ces preuves sont), Pl. Dites suffisantes ou assez fortes.

Autant pour lui comme pour moi, Pl. v. dites autant que pour moi. Autant indique l'égalité; il n'est pas nécessaire de l'indiquer de nouveau par comme.

Assis-toi, B. dites assieds-toi.

Assomption (L') de la sainte vierge, B. Ecrivez et prononcez l'assomption, en faisant sentir le p comme dans consomption, présomption. Le p ne se prononçait pas autrefois dans ces mots; de là vient l'habitude conservée par quelques-uns de ne le pas faire sonner.

Assurer quelqu'un que, Sol. dites assurer à quelqu'un que, etc. Assurer quelqu'un pour lui affirmer une chose est un solécisme. On dit bien tu m'assures, je t'assure, on nous assure, je vous assure, etc.; mais ici me, te, nous, vous sont compléments indirects; à la troisième personne on dirait je lui assure, je leur ai assuré, etc.

Astérisque, B. Petite étoile indiquant un renvoi dans un livre. Dites un astérisque.

Atmosphère (L') est pur, Sol. Dites est pure. Atmosphère est du féminin.

Atôme, B. Ecrivez et prononcez un atome comme dans cette épigramme de Piron :

Rousseau de Genève est un fou,

Rousseau de Paris un grand homme,

Rousseau de Toulouse un atome.

Atout (il a reçu un fameux atout), L. v. C'est-à-dire un fameux coup. Ce mot n'est pas français dans ce sens, quoiqu'il soit employé dans le langage populaire : l'atout est, aux jeux de cartes, une carte de la même couleur que la retourne, qui emporte toutes les autres, et qui, par conséquent, a tout. Il n'y a donc aucune analogie entre cette expression et ce que l'on veut dire; elle ne peut avoir été introduite que par une de ces confusions nombreuses et détestables qui déshonorent et corrompent notre langue.

Auban, s. m., Autan, s. m., Auvent, s. m., Haubans, s. m. Par. L'auban est un droit sur les boutiques; l'autant, le vent du midi; un auvent, un toit ou une saillie servant d'abri; les haubans sont les gros cordages attachés à la tête des mâts et qui les soutiennent contre la force des vents.

Aujourd'hui, B. Dites aujourd'hui, c'est-à-dire au jour d'hui. Si l'on n'avait pas pris l'habitude de réunir les éléments de ce mot, il n'y aurait aucun doute sur sa prononciation.

Auparavant lui, Sol. Dites avant lui. Auparavant ne prend pas de complément.

Auparavant de partir, Sol. Dites avant de partir.

Auprès de. Voy. Près de.

Auréole, s. f. Voy. Aréole.

Aurez besoin (Je donnerai ce que vous), Sol. Avoir besoin exige la préposition de : J'ai besoin d'un habit. Les mots relatifs en et dont sont bien régis par ce verbe : J'en ai besoin, je vous donnerai tout ce dont vous aurez besoin. Tout ce que vous aurez besoin est un grossier solécisme.

Aussi (je ne l'ai pas fait); L. v. Dites je ne l'ai pas fait non plus. Dans le sens de également, pareillement, on emploie aussi dans les propositions affirmatives, et non plus dans les propositions négatives. Aussi ente dans les phrases négatives, avec le sens de en conséquence, et alors il se met au commencement : Vous l'aviez défendu, aussi je ne l'ai pas fait.

Aussitôt vous (Il est parti), L. v. Dites il est parti aussitôt que vous et non aussitôt vous; aussitôt après votre départ et non pas aussitôt votre départ. Aussitôt ne prend pas de complément immédiat.

Autant, s. m. Voy. Auban.

Autographe, adj. Voy. Olographe.

Autrefois (vous n'écrivez pas si bien que les), L. v. Écrivez autres fois en deux mots. Autrefois, dans le sens adverbial, ne peut être précédé de l'article.

Auvent, s. m. Voy. Auban.

Avalange, B. Chute de neige durcie qui se détache en grandes masses du sommet des montagnes. Ce mot, usité autrefois, ne l'est plus aujourd'hui : on dit une avalanche

Avaloir (un), B. Grand gosier. Dites une belle avaloire. Ce mot est du style familier.

Avant, devant, Par. Ces deux prépositions expriment toutes les deux une idée d'antériorité; mais avant exprime un sens plus général, il se rapporte surtout au temps, et devant a rapport au lieu, à la situation : Il est arrivé avant vous; les hommes sont égaux devant Dieu.

Aveuglement, s. m. Aveuglément, adv. Par. Ce dernier est adverbe, il vient d'aveuglé; l'autre est substantif : il signifie, mais seulement au figuré, l'état de celui qui ne voit pas.

Aveuglément, adv. Voy. Aveuglement.

Avoir, impersonnel. Il n'y a qu'à pleuvoir, mauvaise expression. On dirait très-bien : Il n'y a qu'à faire une croix, il n'y a qu'à sauter, etc. Tous ces mots indiquant une action ou une qualité applicable au sujet il et possédée par lui, le verbe il y a s'emploie fort bien; mais l'idée d'avoir s'accorde mal avec un verbe impersonnel comme pleuvoir, neiger, falloir, etc. Dites donc s'il vient à pleuvoir, à neiger, etc.

Avoir, auxiliaire. J'ai été deux fois à Paris et vu toute la cour (Molière, La Comtesse d'Escarbagnas), L. v. One peut pas placer ainsi l'auxiliaire "avoir" devant deux verbes d'un sens si différent, il faut le répéter devant le second : J'ai été à Paris et j'ai vu; quoiqu'on pût ne le mettre qu'une fois devant deux verbes transitifs directs, comme j'ai vu votre père et reçu ses conseils.

B.

Babiches (les), B. La partie de la barbe qui s'étend des oreilles au menton. Le vrai nom est barbiches; mais ce mot n'est pas admis dans le Dictionnaire de l'Académie : il faut dire les favoris.

Babines, Babouine, Par. Les babines sont des lèvres; ce mot se dit surtout de celles de quelques animaux : un singe qui remue les babines. — Babouine est le féminin de babouin. Le babouin est proprement une espèce de gros singe; on applique ce nom à un jeune garçon badin et étourdi, et on appelle babouine une petite fille du même caractère.

Babouche. Voy. Bamboche.

Babouine. Voy. Babines.

Bacchanal (Quel)! B. Pour quel grand bruit, quelle orgie bruyante! Dites Quelle bacchanale! Ce nom vient des fêtes de Bacchus, qui se nommaient ainsi et se célébraient avec beaucoup de désordre.

Bâfrée, s. f. B. Terme populaire et peu relevé pour dire un repas abondant. Dites la bâfre.

Bague d'oreille, L. v. Dites une boucle d'oreille, un pendant d'oreille.

Baignoir (Un), B. Le vase où l'on se baigne. Dites une baignoire.

Bailler, v., Bâiller, v. Par. Bailler (a ouvert et bref), v. a., donner, livrer par convention ou par bail : bailler des fonds. — Vous me la baillez belle, expression proverbiale, pour dire vous m'en faites accroire. — Bâiller (â fermé et long), v. n., ouvrir involontairement la bouche par ennui, lassitude ou envie de dormir. Ne confondez pas ces deux mots, ni dans l'écriture, ni dans la prononciation.

Bâiller. Voy. Bailler.

Bâiller, v., Bayer, v. Par. Bâiller c'est ouvrir involontairement la bouche par ennui, lassitude ou envie de dormir; bayer, c'est regarder en tenant la bouche ouverte : il faut donc dire bayer aux corneilles et non bâillier.

Bailleur, Bâilleur, Par. Bailleur, celui qui donne à bail, qui prête : un bailleur de fonds, celui qui les avance. Prononcez l'a bref. Le bâilleur est celui qui bâille fréquemment, soit par habitude, soit par indisposition.

Balai, s. m. Balais, Ballet, s. m. Le balai est l'instrument qui sert à balayer; balais est un adjectif masculin qui ne s'applique qu'à une espèce de rubis : un rubis balais; le ballet est une pièce de théâtre où l'action et les divers sentiments sont exprimés par la danse.

Balais. Voy. Balai.

Balant (Être sur le), B. Mot mal prononcé et mal écrit : il faut dire être en balance, c'est à dire en suspens, hésiter sur ce qu'on veut faire.

Ballet. Voy. Balai.

Balyer, v. B. Nettoyer avec un balai. Dites balayer

Bamboche (il est en) Dites il est en débauche. Bamboche signifie proprement une grande marionnette; on a pris le même mot pour signifier des parties de plaisir immodérées, dans cette phrase populaire, faire ses bamboches, que l'Académie admet aujourd'hui probablement pour faire ses débauches). N'étendons ce mot qu'à une locution qui n'est pas usitée.

Bamboche, Babouche, Par. Une bamboche, s. f. est une marionnette, un pantin; les babouches, s. f. sont des pantoufles particulières qui nous sont venues du Levant. Dites donc : Donne-moi mes babouches, et non mes bamboches.

Bande, s. f. Barde, s. f., Par. La bande est une sorte de lien plat et large dont on enveloppe ou on serre quelque chose; la barde est une ancienne armure faite de lames de fer pour couvrir le poitrail et les flancs du cheval. Par analogie, on a nommé barde de lard, et non pas bande de lard, comme quelques personnes le disent mal à propos, une tranche de lard fort mince dont on enveloppe les chapons, gelinottes, cailles, etc., au lieu de les larder.

Baracan, s. m. B. Espèce de gros camelot. Dites bouracan : une veste de bouracan.

Barbouillon, s. m. B. Mauvais peintre. Dites un barbouilleur.

Bac (Passer le). Dites passer le bac. C'est une sorte de bateau large et plat pour passer une rivière.

Barde. Voy. Bande.

Baronnerie, s. f. B. Titre d'un baron ou l'étendue des terres sur lesquelles s'étendait sa juridiction. Dites baronnie.

Baselic, s. m. B. Sorte de plante. Dites basilic.

Baser, Basé, B. Sur quoi vous basez-vous? Ce raisonnement est basé sur le principe que…. Dites fonder, appuyer. Le mot baser n'est pas français, et il a absolument le même sens que fonder.

Basilic, s. m., Basilique, s. f. Par. Le basilic est une plante annuelle, et dans la Bible un serpent monstrueux. Une basilique était primitivement un palais de roi; aujourd'hui, c'est une église principale et magnifique.

Basilique. Voy. Basilic.

Basse (Cette femme est assise trop), L. v. Dites trop bas. L'adjectif bas est ici pris adverbialement; il s'applique au lieu et non à la personne.

Bassine, s. f., Bassinoire, s. f. Par. La bassine est un vase profond, dans lequel on fait des confitures, etc.; la bassinoire est une bassine avec un couvercle percé de trous, où l'on met du feu pour chauffer un lit.

Bassinoire. Voy. Bassine.

Baste (La) d'un habit, B. Dites la basque.

Batture, s. f., B. Querelle où il y a eu de grands coups donnés. Dites une batterie.

Bayer. Voy. Bâiller.

Becfi, s. m. B. Petit oiseau que l'on voit souvent becqueter les figues. Dites un becfigue.

Béchée, s. f. B. Ce qu'un oiseau prend avec son bec pour donner à ses petits. Dites une becquée.

Bége (Linge), B. Tirant sur le jaune. Dites linge bis.

Béguenauder, v., B. S'amuser à des riens. Dites baguenauder. — Le substantif est baguenaudier, et non pas baguenaudeur; et il se confond ainsi avec le nom de l'arbre qui produit les baguenaudes.

Béguer, v., B. Dites Bégayer. Parler en répétant ses syllabes, comme les bègues.

Belsamine, s. f. B. Ecrivez et prononcez balsamine.

Berdouiller, v. B. Ecrivez et prononcez bredouiller.

Bergère, s. f. Petit oiseau. L. v. Dites bergeronnette.

Berlan, s. m. B. jeu de cartes; et au pluriel, lieu où l'on joue aux jeux de hasard, maison de jeu. Dites brelan.

Berlandier, s. m. Celui qui hante les brelans, joueurs de profession. Dites brelandier.

Berloque, s. f. B. Bijou ou curiosité de peu de valeur. Dites une breloque, des breloques.

Bertrelles (Des), B. Dites des bretelles.

Besoin (Avoir de). Solécisme inexcusable. Dites avoir besoin. J'en ai de besoin, tout ce que vous aurez de besoin, sont des locutions très-vicieuses que ne sont en usage que chez ceux qui ignorent absolument le français.

Bête, s. f., Bette, s. f. Par. Bête est le nom générique de tous les animaux, l'homme excepté; la bette est une plante potagère. La prononciation de ces mots diffère autant que leur écriture.

Bette. Voy. Bête.

Bise, s. f., Brise, s. f. Par. La bise est un vent froid et sec qui vient du nord-est. La brise est un vent frais qui souffle le soir sur les côtes de la mer.

Blaguer, v. B. Dire des blagues, c'est-à-dire faire des plaisanteries de mauvais goût, se moquer de quelqu'un, hâbler, craquer. Ce mot est tiré du mot blague, qui signifie au propre un petit sachet de toile ou de peau où les fumeurs mettent leur tabac. On a pris ce mot, plus tard, dans le sens de moquerie, plaisanterie, bourde, qui n'est pas admis par l'Académie, et de ce dernier sens on a tiré blaguer, qui n'est ni français, ni, surtout, de bon ton.

Blagueur, s. m. B. Celui qui blague. Dites : un plaisant, un railleur, et quelquefois même un menteur.

Blanchirie, s. f. B. Lieu où l'on blanchit le linge. Dites blanchisserie.

Bleu, Dieu, Par. Nous ne réunissons ici ces deux paronymes que pour rendre compte de quelques formules anciennes de jurement ou de colère : morbleu, corbleu, sambleu, ventrebleu, vertubleu; ces mots sont pour la mort-Dieu, le corps-Dieu, le sang-Dieu, le ventre-Dieu, la vertu-Dieu. L'emploi de ces formules étant, avec raison, accusé d'irrévérence, on a voulu, si l'on ne pouvait en faire perdre absolument l'habitude, en modifier au moins la syllabe la plus importante. On a dit d'abord morbieu, corbieu, et puis morbleu, corbleu.

Bleuse, B. Féminin de bleu. Dites bleue.

Bleusir, v. B. Devenir bleu. Dites bleuir

Boire, emboire, Par. S'emboire est un terme de peinture; il se dit d'un tableau dont les couleurs deviennent mates et ne se discernent pas. Ce tableau s'emboit, ces couleurs s'emboivent. — Quand on parle du papier mal collé, que l'encre traverse, il faut dire ce papier boit et non s'emboit.

Bon marché. Locution signifiant un prix avantageux. Dites acheter, vendre à bon marché, et non pas acheter bon marché; la préposition est nécessaire.

Bonne heure (Il est venu à), L. v. Dites : Il est venu de bonne heure, pour venu tôt, et non pas venu à bonne heure. Au contraire, on dit à la bonne heure pour marquer que l'on consent à quelque chose.

Bonnette, s. f. B. Coiffe de nuit. Dites un bonnet de nuit.

Blocaille, s. f., Rocaille, s. f. Par. On appelle blocaille ou blocage, de menus moellons, de petites pierres qui servent à remplir les vides dans un ouvrage de maçonnerie. On nomme rocaille des cailloux qui servent à orner une grotte en imitant le roc.

Borborisme, s. m. B. Bruit causé dans les intestins par des gaz qui s'y développent. Ce mot, usité autrefois, ne l'est plus. On dit borborygme, conformément à l'étymologie du mot grec d'où il est tiré, et qui signifie murmure.

Bornes et Limites, Pl. Newton a reculé les bornes et les limites de la physique. Dites les bornes de la physique, ou les limites de la physique.

Bosseler, v. Bossuer, v., Par. Bossuer de l'argenterie, c'est y faire des bosses en la laissant tomber; bosseler, c'est travailler l'argenterie en bosse. Ne confondez pas ces mots qui ont un sens contraire.

Bossuer. Voy. Bosseler.

Bouliche, s. f., Bourriche, s. f., Pouliche, s. f. Par. Une bouliche est un vase dont on se sert dans les vaisseaux; mais ce mot n'est pas admis par l'Académie. Une bourriche est un panier long pour envoyer du gibier, du poisson, des huîtres. Une pouliche est une jeune cavale.

Boudinoir (Un), B. Entonnoir pour faire du boudin. Dites une boudinière.

Bouffer, v. B. Manger avec excès. Dites bâfrer.

Bouille (Le café), B. Dites Le café bout, le sang me bout dans les veines, etc.

Bouillu, B. Participe de Bouillir. Dites bouilli : des châtaignes bouillies et non bouillues.

Bouis, s. m. B. Ce mot, employé autrefois, n'est plus usité. On écrit et on prononce buis.

Boulvari, s. m. B.. Dites hourvari.

Bourrée, s. f., Brouée, s. f. Par. La bourrée désigne un fagot de menu bois : un feu de bourrée. C'est aussi une danse champêtre et l'air de cette danse : danser la bourrée. La brouée est un brouillard, une bruine : la brouée tombe.

Bourriche. Voy. Bouliche.

Brasse-corps (Prendre quelqu'un à), L. v. Dites : le prendre à bras-le-corps.

Bretonne (Cet arbre), B. Dites qu'il boutonne.

Brignon, s. m., B. Sorte de pêche plus petite, moins juteuse et d'une couleur plus brune que la pêche ordinaire. C'est un brugnon qu'il faut dire.

Brillant éclat (un), Pl.. Tout éclat est brillant.

Brise, Voy. Bise.

Brodure (La) d'une robe, d'un bonnet, B. Dites la broderie.

Brouée. Voy. Bourrée.

Brouillasse (Il) B. Dites il buine. Le verbe brouillasser, s'il était français, ne signifierait rien de plus que brouiller, ce qui n'est pas la même chose que faire du brouillard.

Brusse (Il) B. Dites il bruine

Brut, te est un adjectif dont le féminin brute se prend substantivement : une brute, c'est-à-dire une bête farouche. Mais le masculin ne doit pas prendre l'e muet, et Voltaire a fait un solécisme en nous appelant les brutes ouvrages de la Divinité.

Buche de bois, Pl. Dites une bûche. La bûche est naturellement de bois; c'est lorsqu'elle est d'une autre matière qu'on doit la désigner : une bûche de charbon de terre, de coke, de terre cuite.

Buée, s. f. Ancien mot français, aujourd'hui inusité. Dites la lessive.

Buffeteries, s. f. B. Tout ce qui, dans l'équipement, est fait d'une peau préparée à la manière de la peau de buffle. Dites buffleteries.

Busc, s; m. Busque, v., Buste, s. m., Par. Le busc est une espèce de lame d'ivoire, de bois, de baleine, d'acier, qui sert à maintenir le devant d'un corps de jupe, d'un corset; busque est un temps du verbe busquer, mettre un busc. Un buste est un ouvrage de sculpture représentant la tête, le cou, le haut de la poitrine et les épaules d'une personne. Dites donc le buste et non pas le busque du président.

But (Remplir son), L. v. On dit atteindre un but, atteindre son but, et non pas remplir son but.

Buyanderie, B. Lieu où l'on fait la buée (Voy. Ce mot), c'est-à-dire la lessive. Dites buanderie.

C.

Ça (Comme). Pléonasme aussi mauvais qu'il est insignifiant, et que beaucoup de personnes emploient dans le langage pour se donner le temps de chercher et de trouver ce qu'elles ont à dire : Il a dit, comme ça, que vous veniez… J'ai fait, comme ça, plusieurs traités… , etc. Ces mots n'ont aucun sens; retranchez-les donc absolument; ils ne font que gâter et dégrader le langage. — Voy. Comme.

Cacaphonie, s. f. B. Mauvais sons, mots ou phrases d'une prononciation dure et désagréable. Dites cacophonie

Cadavre inanimé (Un), Pl. Dites un cadavre. Tout cadavre est inanimé.

Caféière, s. f., Cafetière, s. f. Par. Une caféière est un endroit planté de cafiers ou arbres qui portent le café. Une cafetière est un pot pour faire ou pour mettre le café que l'on va servir.

Cafetière. Voy. Caféière.

Caffard, s; m. L. v. Insecte hideux qui se tient ordinairement dans la farine, et qui s'en nourrit. Dites une blatte.

Cahotement, s. m., B. Dites cahot.

Calendrier grec (Il m'a renvoyé au), L. v. Dites aux calendes grecques. — Voy. Ci-dessus, p. 5.

Calfater. Voy. Calfeutrer.

Calfeutrer, v. Calfater, v., Par. Calfeutrer, c'est boucher les fentes d'une porte, d'une fenêtre, soit avec du feutre, soit autrement; calfater, qui n'est peut-être qu'une corruption de calfeutrer, est un terme de marine : il signifie remplir de force les jointures des bordages avec une étoupe grossière qui, par son élasticité, empêche l'introduction d'un grande quantité d'eau dans le navire.

Calmandre, B. Sorte d'étoffe de laine. Dites calmande : un habit de calmande.

Calvi, Calvine (Pomme), B. Dites pomme calville ou de calville.

Cambuis, B. Écrivez et prononcez cambouis.

Campot (On nous a donné), B. Ecrivez campos. C'est un mot latin qui signifie les champs. Il désigne le congé qu'on donne à des écoliers, à qui l'on permet ainsi de courir les champs. On l'applique dans le sens familier à tous les congés : Nous avons campos aujourd'hui.

Canaux, s. m., Canots, s. m., Par. Canaux, pluriel de canal, doit s'écrire aux. Un canot est une sorte de petite embarcation à voiles et à rames; il fait au pluriel canots.

Cane, s. f., Canne, s. f. Par. La cane est la femelle du canard : œuf de cane, cane sauvage. La canne est le nom de diverses plantes analogues au roseau, et, par suite, le bâton sur lequel on s'appuie en marchant.

Caneçons, s. m., B. Sorte de culotte de toile ou de coton. Dites caleçons. Ce mot s'emploie surtout au pluriel.

Canne. Voy. Cane.

Canots. Voy. Canaux.

Capable, adj. Ce mot ne se dit des choses que dans le sens de la capacité physique, de la contenance matérielle : Une salle capable de contenir cinquante personnes. Dans les autres sens il ne se dit que des personnes. Ainsi ne dites pas : un propos capable de nuire, mais un propos qui peut nuire, ou susceptible de nuire.

Capot, adj., Capote, s. f. Par. Capot est un adjectif des deux genres; il s'applique au joueur (homme ou femme) qui, dans une partie, n'a fait aucune levée : cet homme est capot, cette femme est capot. Une capote est un manteau de soldat, une coiffure de femme, etc. Gardez-vous donc bien de dire qu'aux jeux de cartes, une femme est capote.

Capote. Voy. Capot.

Capriole (Faire la), B. Ce mot, conforme à l'étymologie latine (capra, qui veut dire chèvre) était usité autrefois; il ne l'est plus aujourd'hui. Il faut dire cabriole.

Capuche, s. m. B. Dites capuce ou capuchon.

Car en effet, Pl. Dites seulement car, ou bien en effet; les deux mots signifient la même chose.

Carats ou Karats (A trente-six), L. v. Cette expression, et quelques autres employées pour exprimer une qualité poussée très-haut, est un barbarisme et un non-sens. Le carat, qui était primitivement un petit poids, a été employé pour exprimer la pureté de l'or. Dans ce sens, il veut dire un vingt-quatrième. De l'or à vingt-deux carats est celui où il y a deux vingt-quatrièmes d'alliage; il n'y en a plus qu'un dans l'or à vingt-trois carats; enfin, l'or à vingt-quatre carats est l'or parfaitement pur. Par une assimilation naturelle, on dit de quelqu'un qu'il est bête, qu'il est pédant à vingt-deux, à vingt-trois carats, comme La Fontaine a écrit : "Quoique ignorante à vingt et trois carats." Mais, dès qu'on dépasse vingt-quatre carats, l'expression n'a plus aucune espèce de sens, et il est absurde de l'employer.

Carnier, s. m. Sac où l'on met le gibier que l'on a tué. Dites carnassière, s. f. — Il faut cependant remarquer sur ces deux mots que le premier est aussi bien composé et aussi juste que l'autre l'est peu. Le latin caro, carnis, d'où nous avons tiré notre mot chair, nous a donné aussi anciennement le mot carne (Voy. Roquefort, Glossaire de la langue romane), que nous retrouvons encore dans carnage, charnel, etc. Or, le carnier est essentiellement le sac où l'on met la carne (la chair), c'est-à-dire le gibier qu'on vient de prendre, comme l'aiguiller est l'étui où l'on met les aiguilles, le baguier le coffret à bagues, le brasier le vase où l'on met la braise, etc. La carnassière est loin d'avoir un sens aussi net. C'est le féminin de carnassier, qui s'applique aux animaux et signifie qui se repaît de chair crue, qui en est fort avide. C'est donc par une extension très-peu naturelle qu'on a appliqué à une sacoche un nom qui ne peut lui convenir, tandis que le mot carnier avait tout pour lui. C'est un exemple qui montre que le peuple est souvent guidé par l'analogie beaucoup mieux que les savants.

Carpot, s. m. B. Petite carpe. Ecrivez carpeau.

Carquelin, s. m. B. Espèce de gâteau. Dites craquelin.

Cartier, s; m. Quartier, s. m., Par. Le cartier est celui qui fait ou vend des cartes à jouer. Quartier est un mot dérivé de quart; il signifie, en général, une division dans un tout : quartier d'agneau, quartier de pomme; que se passe-t-il dans vos quartiers?

Cas (Faire du), L. v. On dit faire cas de quelqu'un, et non faire du cas. Toutefois, on dit bien j'en fais beaucoup de cas.

Castonade, s. f. B. Sucre non raffiné. Dites cassonade.

Castrole, s. f. B. Vase en cuivre étamé. Dites casserole.

Casuel (Objet), L. v. dites objet fragile, cassant. Casuel est un substantif; il signifie ce qui vient par cas, par accident : le casuel de cette place est de 500 fr.

Cataplame, s. m. B. Ecrivez et prononcez cataplasme. Autrefois l's ne se prononçait pas; aujourd'hui on la fait sonner fortement.

Catarate, s. f. B. Maladie de l'œil. dites cataracte.

Catéchisme, s. m., Catéchiste, s. m. Par. Le catéchisme est le livre qui contient les principales vérités de la religion. Le catéchiste est l'homme chargé de l'enseigner.

Catéchiste. Voy. Catéchisme.

Cayer, s. m. B. Ecrivez cahier

Ceinturonnier, s. m. B. Marchand de baudriers, de ceinturons. Dites ceinturier.

Centaure, s. m. Stentor, s. m. Par. Le centaure était un monstre fabuleux, moitié homme et moitié cheval; Stentor était un guerrier grec dont la voix, dit Homère, était aussi forte que celle cinquante hommes. Dites dons une voix de Stentor et non une voix de centaure.

Centime (Il ne me reste pas une), Sol. Dites un centime. Le centième est la centième partie du franc; il est du masculin, comme un centième, qu'il remplace, et comme toutes les subdivisions de nos mesures nouvelles.

Cercifi, s. m. B. racine potagère. Dites salsifis

C'est à vous à sortir, Sol. Dites C'est à vous de sortir, c'est à mon tour de parler, etc. Il arrive souvent qu'on redouble, dans ces locutions, la préposition à; c'est encore un solécisme produit par la rapidité du langage, et auquel on fait bien de prendre garde. Outre que ce redoublement amène une sorte d'obscurité dans la phrase, il est très-difficile de l'analyser d'une manière satisfaisante.

Chaillote, s. f. B. Espèce d'ail. Dites échalote.

Chaîne, s. f. Chaire, s. f. Cher, adj., Chère, s. f. Par. On appelle chair les parties molles des animaux, celles que l'on peut manger, et, par analogie, ce qu'on mange dans les fruits et les végétaux. La chaire est un siège élevé d'où l'on parle pour enseigner quelque chose. Cher est un adjectif qui s'applique à ce que nous aimons ou qui a un grand prix pour nous. Chère est un substantif féminin qui exprime surtout la manière de se nourrir : bonne chère, maigre chère.

Chaircuterie, s. m. B. Dites Charcuterie.

Chaircutier, s. m. B. dites Charcutier

Chaire. Voy. Chair.

Chambellan, s. m. Chambrelan, s. m. Par. Les chambellans sont des seigneurs qui servent un roi, un prince dans l'intérieur de son palais; le chambrelan est un ouvrier qui travaille en chambre. Le dernier terme est populaire et peu usité.

Chambrelan, B. Voy. Chambellan.

Changez-vous, L. v. Dites changez de linge, de vêtements On ne dit pas se changer de linge, et, par conséquent, il faut dire à quelqu'un dont le linge ou les vêtements sont mouillés : changez de linge, changez d'habit, et non pas changez-vous.

Chanvre (La), Sol. Ce mot, féminin autrefois, est aujourd'hui du masculin. Dites donc le chanvre, du chanvre et non la ou de la chanvre

Chaque. Cet adjectif veut son substantif après lui. Dites ces livres me coûtent cinq francs chacun, et non pas cinq francs chaque. Au contraire, vous direz bien chaque livre me coûte cinq francs.

Charbon de pierre, L. v. Dites houille ou charbon de terre.

Charbonnaille, s. f. B. Dites du poussier de charbon.

Charpi (Du), B. Dites de la charpie.

Chartier, B. Celui qui conduit une charrette. Ce mot n'est pas français quoique La Fontaine l'ait employé dans l'une de ses fables. Il faut dire charretier.

Chas. Voy. Chasse.

Chasse, s. f., Châsse, s. f., Chas, s. m., Par. La chasse est l'action de chasser. Une châsse est le coffre où l'on conserve des reliques. Le chas est le trou de l'aiguille. Ne dites donc pas la chasse ni la châsse d'une aiguille.

Châsse. Voy. Chasse.

Chaud, adj., Chaux, s. f. Par. Chaud est un adjectif dont le féminin est chaude. Chaux est un substantif, c'est le nom d'une substance très-répandue dans la nature, et fort employée dans le bâtiment.

Chaudier, s. m., B. Ouvrier qui fait la chaux. Dites chaufournier

Chaufferette. Voy. Chauffoir.

Chauffoir, s. m., Chaufferette, s. f. Par. La chaufferette est une sorte de réchaud dont se servent les femmes pour se chauffer les pieds. Un chauffoir est une salle chaude où l'on se réunit pour se réchauffer.

Chaux. Voy. Chaud.

Chêne. Voy. Chaîne.

Cher. Voy. Chair.

Chère. Voy. Chair.

Chèvrefeuil, B. Boileau a employé ce mot dans l'épitre à son jardinier. Écrivez chèvrefeuille

Chiffon de pain, L. v. C'est-à-dire un gros morceau. Dites un quignon de pain ou un grignon. Ce sont des termes populaires.

Chipoteur, euse, B. Dites chipotier, ière.

Chirugien, s. m. B. Dites chirurgien.

Chœur, s. m., cœur, s. m. Par. Le chœur est une réunion de personnes qui chantent ensemble; c'est aussi la partie de l'église où l'on chante l'officie divin. — Le cœur est cet organe musculaire, creux, placé dans la cité de la poitrine et qui chasse le sang dans tout le corps. La prononciation de ces mots est toujours la même; mais l'orthographe en doit rester très-différente.

Chou-croute (De la), B. Chou aigri et salé. Dites de la choucroute (sans trait d'union). On a remarqué que ce mot, venu de l'allemand, en avait été si mal tiré que le mot dont a fait chou signifie aigre, et que celui dont on a fait croute est justement celui qui veut dire chou. Enfin, quelle qu'en soit l'origine, le mot choucroute est devenu français : au moins ne faut-il pas indiquer par le trait d'union une composition qui n'a jamais été réelle et ne peut qu'induire en erreur.

Chrème, s. m., Crème, s. f. Par. Le chrême, ou le saint-chrême, est l'huile d'olive mêlée de baume et consacrée par l'évêque pour certains sacrements. La crème est la partie la plus substantielle et la plus savoureuse du lait.

Claie. Voy. Clef.

Chrysocale (Une montre en ). Dites chrysocalque. C'est un mot tiré du grec qui signifie or et bronze, c'est-à-dire cuivre doré, et s'applique à tout ce qui est cuivre doré ou cuivre très-brillant. L'Académie, toutefois, admet le mot chrysocale dans son Dictionnaire.

Cicatricée (Cette blessure est), B. Dites cicatrisée. On dit une cicatrice; mais le verbe et le participe adoucissent l'articulation finale : on dit cicatriser.

Cintième, adj. B. Celui qui vient après le quatrième. Il faut dire le cinquième.

Clairinette, s. f. B. Instrument de musique. Dites clarinette

Clairvoie, solécisme et mauvaise orthographe. Ecrivez claire-voie : Une partie des jardins est murée; le reste est entouré d'une claire-voie.

Clarteux, euse, B. Dites clair ou éclairé : Cette chambre est bien claire, et non pas clarteuse.

Clavelée, Gravelée, Par. La clavelée, ou le claveau, est une maladie contagieuse qui attaque surtout les brebis et les moutons; gravelée est un adjectif féminin qui n'est usité que dans cette locution : cendre gravelée. C'est de la cendre faite de lie de vin calciné. Ne dites donc pas cendre clavelée.

Clef, Claie, Par. Une clef ou clé est un instrument de fer ou d'acier qui sert à ouvrir ou fermer une serrure. Une claie est un ouvrage à claire-voie en forme de carré long et fait de brins d'osier ou de branches d'arbres entrelacés. Dites donc : traîner sur la claie et non pas sur la clé.

Clérinette (Une), B. Instrument de musique. Dites une clarinette. C'est le même mot que clairinette.

Climusette ou Crimusette, s. f. B. Jeu d'enfants où l'un ferme les yeux tandis que les autres se cachent pour qu'il les cherche. Dites jouer à cligne-mussette, à la cligne-mussette.

Clinquailler, s. m. B. Dites quincaillier.

Clinquettes (Des), s. f. B. Petit instrument de percussion qu'on tient entre les doigts. Dites des cliquettes.

Clou-à-porte, Clou-porte, s. m. L. v. Insecte. Dites cloporte

Coasser, v., Croasser, v., Par. Coasser exprime le cri de la grenouille, et croasser celui du corbeau. Ces deux mots ont été faits à l'imitation du son naturel.

Cochonnade (Manger de la), B. Dites du porc.

Cocodrille, s; m. B. Animal amphibie. Dites crocodile : Le Nil a beaucoup de crocodiles.

Cocombre, s; m. B. Sorte de citrouille allongée. Dites concombre, m.

Cœur. Voy. Chœur.

Cœur (Joli comme un). Mauvaise expression; un cœur n'a rien de joli. Dites joli tout simplement, ou ajoutez-y le nom d'un objet qui soit en effet un modèle de cete qualité : joli comme un amour, joli comme un ange.

Coigne du jambon (La), B. Dites la couenne, que l'on prononce aujourd'hui le plus souvent couane.

Coitre, s. f; B. Lit de plumes. Dites une couette.

Col. Aujourd'hui on prononce et on écrit cou; on dit col pour la partie du vêtement qui entoure le cou : un col de chemise, un faux-col.

Colaphane, s. f. B. sorte de résine pour frotter les archets. Le vrai nom serait colophone, puisque c'est de la ville de Colophon qu'on a d'abord apporté cette résine; mais l'usage a définitivement admis colophane.

Colidor, s.m., B. Long couloir sur lequel s'ouvrent les portes de plusieurs appartements. Dites corridor.

Colorer, v., Colorier, v., Par. Colorer, c'est donner de la couleur : le soleil colore les fruits. Colorier, c'est mettre de la couleur : un peintre colorie ses tableaux.

Colorier. Voy. Colorer ;

Combien du mois (le), L. v. Dites le quantième.

Combustible. Voy. Comestible.

Comestible, s. m. Combustible, s. m., Par. Comestible, c'est ce qu'on peut manger : Il y a à Paris des marchands de comestibles très-renommés. Combustible, c'est ce qui peut être brûlé : le bois, la houille, sont des combustibles.

Comme La conjonction comme est employée à tout instant chez nous dans ces comparaisons vives et rapides qui forment un des caractères les plus saillants et les plus précieux de notre style familier : il était comme une âme en peine, courir comme un lièvre, il travaille comme un cheval, etc. Mais ces comparaisons, dans la bouche des gens sans imagination ou dont l'esprit ne leur suggère pas à l'instant même la similitude dont ils ont besoin, dégénèrent promptement en phrases insignifiantes ou même contradictoires avec ce qu'ils veulent dire. L'un vous dit, par exemple, qu'on est heureux comme tout, pauvre comme tout. Le terme de la comparaison n'est-il pas bien choisis, et tout n'est-il pas un beau symbole de bonheur ou de pauvreté? Il faut dire heureux comme un roi, pauvre comme Job : l'un parce que, dans l'opinion du vulgaire, les rois, étant riches ou puissants, devaient se trouver fort heureux; le second, parce que Job fut en effet le plus pauvre de tous les hommes quand le Seigneur lui eût ôté ses biens. Toutes les fois que la comparaison n’a pas un sens bien net, c’est un déplorable pléonasme, qu’il vaut beaucoup mieux supprimer en disant seulement ce qu’on veut dire : il est heureux, il est pauvre, puisque les mots qu’on y ajoute n’ont pas de sens. — Voy. Ça, Cœur, Diable, Tout.

Comme autant. Voy. Autant comme.

Comme de juste, L. v. L’Académie qui admet cette expression au mot de, ne la consigne pas au mot juste. Il est à croire que c’est par erreur qu’elle l’a admise : il faut dire comme de raison ou comme il est juste. La première expression a mené sans doute à la seconde; mais c'st à tort, car on comprend très-bien la phrase comme de raison, abrégée de comme il est de raison; tandis que comme il est de juste ne peut ni se dire ni se concevoir. On dira toujours comme il est juste.

Commode. Appliqué aux personnes, L. v. : Il n'est pas riche, mais il est commode; c'est un barbarisme. Dites il est à son aise.

Companie, s. f. B. Dites et écrivez compagnie

Comparition, B. Dites comparution, quoique l'on dise apparition et disparition.

Compendieusement, adv. Pour dire avec détail et d'une manière prolixe. C'est un mot pris à contre-sens, à cause de sa longueur, qui fait croire aux ignorants qu'il représente la longueur du discours; il veut, au contraire, dire en abrégé. Dans le sens qu'on lui donne à tort, il faut dire longuement, prolixement, etc.

Compère et compagnon, barbarisme dans la phrase. Dites pair et compagnon. Pair signifie proprement égal. On dit aussi traiter traiter quelqu'un de pair à compagnon, c'est-à-dire le traiter d'égal à égal.

Comptant, content. Par. Comptant est le participe du verbe compter; il est pris d'une manière absolue dans les locutions payer comptant, payer en argent comptant. — Content est un adjectif : il signifie joyeux, bien aise, satisfait. Ces deux mots se prononcent toujours de même; mais on voit que le sens est bien différent et qu'il faut se garder d'en confondre l'écriture.

Confle, s. f. B. Petite ampoule sur la peau : Sa brûlure lui fait venir une confle. Dites une cloche.

Confusionner, v. B. Dites confondre, rendre confus, couvrir de confusion.

Conjecture, s. f. Conjoncture, s. f. Par. Une conjecture est la supposition de ce qui arrivera plus tard : Votre conjecture s'est vérifiée. Une conjoncture, c'est l'ensemble des circonstances où l'on est placé : je ne savais trop que faire dans cette conjoncture

Conjoncture. Voy. Conjecture.

Conséquence (Par) L. v. Dites en conséquence. L'autre expression n'est pas admise en français, quoique assurément, il soit impossible d'en donner une bonne raison, sinon que c'est l’usage. — Voy. En conséquent.

Conséquent ainsi (par) Voy. Ainsi par conséquent.

Conséquent donc (par) Voy. Donc par conséquent.

Conséquent (en) Dites par conséquent Il est remarquable que l'usage exige avec chacun de ces mots une préposition qu'il rejette avec l'autre; il faut dire en conséquence, et on ne peut dire en conséquent; il faut dire par conséquent, et l'on ne peut dire par conséquence. L'usage a de singulières bizarreries.

Conséquente (Une somme) L. v. Dites une somme considérable. Conséquent signifie qui suit ou qui se suit; un raisonnement conséquent est un raisonnement qui se suit bien. Une somme conséquente est un barbarisme.

Consommer, v., Consumer, v. Par. Consommer, c'est achever, accomplir et détruire une chose par l'usage qu'on en fait : consommer un sacrifice. Consumer, c'est détruire par le feu, réduire à rien.

Consulte, s. f. B. Conférence pour délibérer sur quelque affaire. Dites consultation : Appeler plusieurs médecins en consultation.

Consumer. Voy. Consommer.

Content. Voy. Comptant.

Contenue, s. f. Cette terre est de la contenue de dix arpents. Dites de la contenance.

Contre quelqu’un (être assis). On est assis près ou auprès de quelqu'un, et non pas contre lui.

Contre quelqu’un (passer) L. v. Dites auprès de quelqu'un.

Contredire (sans) L. v. Certainement, indubitablement. Dites sans contredit. Sans contredire aurait un autre sens.

Contredites (vous me), B. Il faut dire vous me contredisez. Voy. Interdites.

Contravention s. f. B. Dites contravention, quoique l'on dise contrevenir et non pas contravenir.

Convoitiser, v; B. Désirer vivement une possession; dites convoiter. Le substantif convoitise vient de ce verbe; ce n'est pas le verbe qui vient du substantif.

Corbillonier, s. m. B. Ouvrier qui fait des vans et des corbeilles. Dites vannier.

Cordelage du bois, B. Dites le cordage; et de même corder le bois, et non le cordeler.

Cornent (Les oreilles me), L. v. Dites me tintent; c'est une expression proverbiale et familière. On dit, au contraire corner quelque chose aux oreilles de quelqu'un, pour le lui répéter sans cesse, l'en fatiguer.

Cornet de poële, L. v. Dites tuyau, s. m.

Corporé (cet homme est bien), B. Dites qu'il est corpulent.

Corporence, B., Dites corpulence.

Corps et à cris (à) Écrivez a cor et a cri. C'est une expression tirée de la vénerie : on chasse à cor et à cris, c'est-à-dire avec un grand bruit.

Corse s. f. Écorce, s. f. Par. La Corse est une île de la Méditerranée, et un département de la France. L'écorce est la peau qui enveloppe le tronc ou les branches d'un arbre, ou son fruit. Ne dites donc pas la corse d'une orange.

Corsonaire, s. m. B. Racine bonne à manger et qui approche du salsifis. Dites scorsonère.

Cosse, s. f. Écosse, s. f. Par. La cosse (s. f.) est l'enveloppe de certains légumes, comme les pois, les fèves. L'Écosse est un pays. Dites donc des cosses de pois, et non pas des écosses. Ce dernier mot, dans le sens qu'on lui donne ici, est tiré sans doute, mais mal à propos du verbe écosser, qui signifie ôter la cosse des pois, des fèves.

Cou. Voy. Col.

Cou-de-pied, s. m., Coude-pied, s. m., Coup de pied, Par. — Coude-pied et cou-de-pied sont deux orthographes également admises pour désigner la partie supérieure du pied, près de son articulation avec la jambe. Coup de pied exprime un coup donné avec le pied. Le son est absolument le même que celui des mots précédents; mais l'écriture diffère beaucoup, et il faut bien observer cette différence.

Coude-pied. Voy. Cou-de-pied.

Coup de pied Voy. Cou-de-pied

Couper pique, coeur etc. L. v. Aux jeux de cartes, couper, c'est donner de l'atout au lieu de la couleur qui est sur la table. Il faut probablement dire : couper de cœur, couper de pique, de trèfle, de carreau, et non couper cœur, pique, carreau. L'Académie n'admet ni l'une ni l'autre expression; mais il faut bien que l'une d'elles soit française, et la grammaire nous indique facilement la bonne.

Couperon, s. m. B. Sorte de couteau de boucher ou de cuisinier; dites couperet.

Courle, s. f. B. Sorte de citrouille. Dites courge.

Copule-bouteille, s. f. B. Ditres calebasse, s. f. ou gourde, s. f.

Court. C'est un adjectif pris d'une manière absolue. Il faut donc dire : Je suis court d'argent, et non je suis à court. Il est resté court, et non à court. Au contraire, quand on est pressé par le temps ou par quelqu'un, on dit qu'on est pris de court, et non pas qu'on est pris court.

Courterolle, s. f. B. Insecte qui mange les racines des laitues. Dites courtillière, s. f.

Couserai (Je) B. Futur de coudre. Dites je coudrai, suivant la règle générale. Je couserai, usité autrefois, ne l'est plus depuis longtemps.

Coutance, s. f. Coutanceux, adj. B. Dites coût ou dépense; coûteux ou dispendieux.

Coutumace, m. B. Accusé qui refuse de se présenter devant un tribunal. Dites un contumax.

Coutumace, s. f. Refus d'un accusé de se présenter en jugement. Dites contumace (la).

Couverte d’un lit (La) L. v. Dites la couverture. La couverte d'un vase. Dites le couvercle.

Couvis (Un oeuf) B. Œuf à demi couvé et gâté. Écrivez et prononcez un œuf couvi.

Crainte. Avec la préposition de et la conjonction que, on forme la locution conjonctive de crainte que : De crainte qu'il ne s'en aperçoive, de crainte qu'il ne se fâche. C'est un solécisme que de retrancher le de. On ne doit pas plus dire crainte qu'il ne se fâche que peur qu'il ne se fâche.

Craïon, B. Dites et écrivez crayon.

Cramail (Un), B. Dites une crémaillère.

Craque, s. f. B. Menterie, hâblerie, gasconnade renforcée. Dites une craquerie.

Crasser ses habits, y laisser ou y mettre de la crasse. B. Dites encrasser ses habits.

Crasserie, B. Vilaine et sordide avarice. Dites ladrerie ou crasse. Ce dernier mot, admis dans le sens d'une avarice qui va jusqu'à la malpropreté, n'a ce sens que par extension.

Crème. Voy Chrème.

Crépissage, B. L'action d'enduire une muraille de chaux et de mortier. Ce mot, quoique bien nécessaire, n'est pas admis; mais les grammairiens qui conseillent de dire crépissure se trompent. La crépissure ou, comme l'on dit plus ordinairement, le crépi, est l'enduit lui-même, et non l'acte dont il s'agit. L'entrepreneur de peinture fournit le crépi ou la crépissure. Mais que doit-il payer à son ouvrier, sinon le travail que celui-ci a donné, c'est à dire le crépissage ?

Cresane (Poire de). Dites poire de crassane. Cette recommandation n'est plus à faire, aujourd'hui que l'Académie admet cresane comme usité, bien qu'elle remarque que crassane est plus exact.

Creusane (De la) B. Sorte de poire. Dites crassane ou cresane.

Crimusette. Voy. Climusette.

Croasser. Voy. Coasser ;

Croc. L. v. C'est un croc, c'est-à-dire un voleur. Dites un escroc.

Cloche pied (A) L. v. Dites à cloche-pied, parce que l'on cloche (ou boite) sur un seul pied.

Croison, s. m. B. Le bras, le travers d'une croix. Dites croisillon.

Crue de la toile, L. v. Dite de la toile écrue.

Cueiller des fruits ou des fleurs, B. Ce verbe, usité dans l'ancien français, et dont il reste des traces au présent de l'indicatif, je cueille et au futur je cueillerai, n'est plus admis. Dites cueillir.

Cuiller (une) de confitures, L. v. Dites une cuillerée; cuiller est le nom de l'instrument; cuillerée ce qu'il contient.

Cuiller (donnez un), Sol. Dites une cuiller et prononcez cuillère. Ce mot est du féminin; ceux qui le font masculin prononcent ordinairement cuillé; mais c'est un barbarisme.

Cuirasseau, s. m. B. Ratafia d'écorces d'oranges amères; prononcez curaço; le mot est portugais et s'écrit curaçao. C'est contre toute analogie, et par suite de l'habitude des mots cuirasse et cuirassier, que l'on prononce ordinairement cuirasseau.

Cuison, s. f. Cuisage, s. m. B. Action de cuire ou de faire cuire. Ces deux mots ne sont pas français. Dites cuisson.

Cuit-pomme s. m. Ustensile de terre ou de métal destiné à faire cuire les pommes devant le feu. Cet instrument s'appelle aussi un pommier, et c'est le seul mot qu'admette l'Académie. M. Legoarand regrette à ce sujet que cuit-pomme ne soit pas inscrit dans le Dictionnaire; mais il n'a pas besoin d'y être : c'est un mot composé dont tout le monde peut employer à son gré les éléments, pourvu qu'il le fasse d'une manière conforme au bon usage. L'Académie n'admet pas non plus chauffe pied; cela n'empêche pas que le mot ne soit français et que tout le monde ne puisse s'en servir très-correctement.

Cure, v. Écurer, v. Par. Cure, c'est nettoyer : on dit curer un fossé, un puits, un égout. — Ecurer, c'est nettoyer en frottant pour rendre brillant : écurer la vaisselle, écurer une casserole

Cymbales, s. f. Timbales, s. f. Par. Les cymbales sont deux plats d'un alliage particulier qu'on tient à l'aide de courroies et qu'on frappe en mesure l'un contre l'autre. Les timbales sont deux hémisphères creux en bronze, fermés chacun par une peau tendue comme celle des tambours, et qu'on frappe avec des baguettes.