Un brave bouddhiste en sa châsse,
C'est tout. À mon temple d'ascète
Soif d'infini martyre ? Extase en théorèmes,
Cathédrale anonyme ! en ce Paris, jardin
Paris qui, du plus bon bébé de la Nature,
Martyres, croix de l'Art, formules, fugues douces,
Je veux parler au Temps ! criais-je. Oh ! quelque engrais
Vermis sum, pulvis es ! où sont mes nerfs d'hier ?
Ô Robe aux cannelures à jamais doriques
En attendant la mort mortelle, sans mystère,
Maintenant, tu n'as pas cru devoir rester coi;
Aditi.
Ou que sur leur misère humaine je me vautre ?
Que votre inconsciente Volonté
Dans l'orgue qui par déchirements se châtie,
Que de votre communion, nous vienne
Ô croisés de mon sang ! transporter les cités !
Pardonnez-nous nos offenses, nos cris,
Crucifier l'infini dans des toiles comme
Non, rien; délivrez-nous de la Pensée,
Radeau du Mal et de l'Exil;
Si tu savais quelles boulettes,
Si tu savais, comme la Table
Si tu savais ! les fantaisies !
Lampes des mers ! blancs bizarrants ! mots à vertiges !
Eux sucent des plis dont le frou-frou les suffoque;
En voyage, sur les fugitives prairies,
Vos Rites, jalonnés de sales bibliothèques,
Ah ! ah !
La lune en son halo ravagé n'est qu'un œil
Vitraux mûrs, déshérités, flagellés d'aurores,
Les concetti du crépuscule
Des rêves engrappés se roulaient aux collines,
Cumulus, indolents roulis, qu'un vent tremblé
Ah ! ah !
Reviens, vagir parmi mes cheveux, mes cheveux
Entends partout les Encensoirs les plus célestes,
C'est le nid meublé
Quand on sait s'arranger.
Bestiole à chignon, Nécessaire divin
Ô femme, mammifère à chignon, ô fétiche,
Beau commis voyageur, d'une Maison là-haut,
Et tes pudeurs ne sont que des passes réflexes
Tu peux donc nous mener au Mirage béant,
Mais, fausse sœur, fausse humaine, fausse mortelle,
Et si ta dignité se cabre ? à deux genoux,
Vie ou Néant ! choisir. Ah quelle discipline !
Bon; que tes doigts sentimentals
Et qu'à jamais ainsi tu ailles,
Ah ! pour une âme trop tanguée,
Des ramiers
Défaillantes, les Étoiles que la lumière
Le ver luisant s'éteint à bout, l'Être pâmé
Et l'Idéal égrène en ses mains fugitives
Pauvres fous, vraiment pauvres fous !
On entend les étoiles :
Là, voyons, mam'zell' la Lune,
Mon Dieu, c'est à vous bien honnête,
Fi ! votre Terre est un suppôt
Merci, merci, j'n'ai que ma mie,
Vous vous trompez, C'est le soupir
Mauvaises langues, taisez-vous !
Va donc, rosière enfarinée !
Exeunt les étoiles. Silence et Lune. On entend.
Sous l'plafond
Ces enfants, à quoi rêvent-elles,
- " Préaux des soirs,
" Tu t'en vas et tu nous laisses,
Jolie ou vague ? triste ou sage ? encore pure ?
Mon Dieu, à quoi donc rêvent-elles ?
Fatales clés de l'être un beau jour apparues;
Allez, stériles ritournelles,
" Rideaux tirés,
" Tu t'en vas et tu nous laisses,
Il viendra ! Vous serez les pauvres cœurs en faute,
Mourir ? peut-être brodent-elles,
- " Jamais ! Jamais !
" Tu t'en vas et tu nous quittes,
Et c'est vrai ! l'Idéal les fait divaguer toutes,
Aussi, bientôt, se joueront-elles
" Seul oreiller !
" Tu t'en vas et tu nous laisses,
Je la suivis illuminé !
Yeux trop mûrs, mais bouche ingénue;
Gis, œillet, d'azur trop veiné,
Vrai, je ne l'ai jamais connue.
Hein, étés idiots,
" Quel silence, dans la forêt d'automne,
Gaz, haillons d'affiches,
" Déjà la nuit, qu'on surveille à peine
Romans pour les quais,
" Oh ! j'ai peur, nous avons perdu la route;
Végétal fidèle,
" Ô ballets corrosifs ! réel, le crime ?
Vêpres, Ostensoirs,
" Ils m'ont brûlée; et depuis, vagabonde
Et les vents s'engueulent,
" Je vais guérir, voyez la cicatrice,
Des berceaux fienteux
Orgue, orgue de Barbarie !
Elle ne concevait pas qu'aimer fût l'ennemi d'aimer.
Dans ce village en falaises, loin, vers les cloches,
Elle est partie hier. Suis-je pas triste d'elle ?
Que d'yeux, en éventail, en ogive, ou d'inceste,
Un couchant mal bâti suppurant du livide;
Puis les squelettes des glycines aux ficelles,
Ah ! qu'est-ce que je fais, ici, dans cette chambre !
Ce fut un bien au vent d'octobre paysage…
Chacun son tour, il est temps que je m'émancipe,
En avant !
À rêve que veux-tu, là-bas, je vivrai dupe
En avant !
Et je communierai, le front vers l'Orient,
En avant !
Vous, Madame, allaitez le plus longtemps possible
Mais, sot Éden de Florian,
À ces bergers peints de pommade
Sourds aux vanités de Paris,
Mais lui, cabré devant ces soirs accoutumés,
Maints ciboires
Ah ! l'enfant qui vit de ce nom, poète !
Offertoire,
Mon Dieu, que tout fait signe de se taire !
Pauvre histoire !
J'ai dit : mon Dieu. La terre est orpheline
Vomitoire
Ô ma côte en sanglots !
Aux cierges, au vitrail,
Un gros cœur tout en sang,
La retraite sonne au loin,
Un clavecin joue en face,
La province qui s'endort !
Le piano clôt sa fenêtre.
Calme Lune, quel exil !
Lune, ô dilettante Lune,
Tu vis hier le Missouri,
Les fiords bleus de la Norvège,
Lune heureuse ! ainsi tu vois,
De son voyage de noce !
Quel panneau, si, cet hiver,
Lune, vagabonde Lune,
Ô riches nuits ! je me meurs,
Et la Lune a, bonne vieille,
- Ce système, en effet, ramène le printemps,
Ôtez donc ces mitaines;
Ah! yeux bleus méditant sur l'ennui de leur art !
Du géant à la naine,
Mais vous saignez ainsi pour l'amour de l'exil !
T'ai-je fait de la peine ?
Pimbêche aux yeux vaincus, bellâtre aux beaux jarrets,
Voilà que son haleine
- Vierges d'hier, ce soir traîneuses de fœtus,
Nous n'irons plus aux bois,
Neiges des pâles mois,
Milieux aptères,
Le vent, la pluie, oh ! le vent, la pluie !
Amours, gibiers !
Plages, chemins de fer, ciels, bois morts,
De trop poignants cors
Meurtres, alertes,
Le soleil mort, tout nous abandonne.
Nuits sous-marines !
Allons, fumons une pipette de tabac,
En rêvant de la petite qui unirait
Où vont les gants d'avril, et les rames d'antan ?
Et vous, tendres
Le hoche-queue pépie aux écluses gelées;
Sais-tu bien, folle pure, où sans châle tu vas ?
En allées
Le long des marbriers (Encore un beau commerce !)
Un trou, qu'asperge un prêtre âgé qui se morfond,
Le déverse
Les moulins décharnés, ailes hier allègres,
Ci-git n'importe qui. Seras-tu différent,
Claque, ô maigre
Hurler avec les loups, aimer nos demoiselles,
Mon pauvre vieux, il le faut pourtant ! et puis, va,
Non ! vaisselles
Au-delà plus sûr que la Vérité ! des ailes
Quoi ? Ni Dieu, ni l'art, ni ma Sœur Fidèle; mais
Ah ! des ailes
Tant il est vrai que la saison dite d'automne
Échos des grands soirs primitifs !
Dégringolant une vallée,
Livrer aux langueurs des soirées
Un moment, béer, sans rien dire,
Et, nous délèvrant de l'extase,
La nuit bruine sur les villes :
- Voyons, qu'est-ce que je veux ?
Oui, les phares aspergent
- Après ? qu'est-ce qu'on y peut ?
Vous! fidèle madone,
- Eh bien! Aimerais-tu mieux...
Cultes, Littératures,
- Ah ! ça qu'est-ce que je veux ?
Bagnes des pauvres bêtes,
- Enfin ! quels sont donc tes vœux ?
La nuit monte, armistice
- Bien sûr. C'est ce que je veux.
Instincts-levants souriant par les fentes,
Oui, sans bruit, vous écarterez mes branches,
Puis, frêle mise au monde ! ô Toute Fine,
Nous organiserons de ces parties !
Tu t'abandonnes au Bon, moi j'abdique;
Puis j'ai des tas d'éternelles histoires,
Orage en deux cœurs, ou jets d'eau des siestes,
Mais j'ai beau parader, toutes s'en fichent !
Allons, vous prendrez froid.
ELLE
Non; je suis un peu lasse.
LUI
Dis, veux-tu te vêtir de mon Être éperdu ?
ELLE
Tu le sais; mais il fait si pur à la fenêtre...
LUI
Ah ! tes yeux m'ont trahi l'Idéal à connaître;
ELLE
Devant cet univers, aussi, je me veux femme;
LUI
Oui; mais l'Unique Loi veut que notre serment
Vous verrez mon palais ! vous verrez quelle vie !
De l'eau, des fruits, maints tabacs,
Vous verrez mes voiliers ! vous verrez mes jongleurs !
Vous verrez qu'il y en a plus que je n'en étale,
Et que mes yeux sont ces vases d'Élection
Des prairies adorables,
Dans les jardins
Cuirassés des calus de mainte expérience,
ELLE
Tu le sais; mais tout est si décevant ! ces choses
LUI
Tu verras, c'est un rêve. Et tu t'éveilleras
ELLE
Tu le sais. Ah ! - si tu savais ! car tu m'as prise !
LUI
Allons, endormez-vous, mortelle fiancée.
ELLE
Tiens, on n'entend plus ce cor; vous savez, ce cor…
LUI
L'Ange des Loyautés l'a baisée aux deux tempes;
Ô Nuit,
Ô défaillance universelle !
Alléluia !
L'orchestre du jardin jouait ce " si tu m'aimes "
Et toujours, ce refus si monstrueux m'effraie
Bien. Maintenant, voici ce que je vous souhaite,
Vieille et chauve à vingt ans, sois prise pour une autre,
Puis, passe à Charenton, parmi de vagues folles,
Et demande à manger, et qu'alors on confonde !
La sonde t'entre par le nez, Dieu vous bénisse !
Et qu'après bien des ans de cette facétie,
Et voilà ce que moi, guéri, je vous souhaite,
Quia voluit consolari.
Les Landes sans espoir de ses regards brûlés,
Oh ! qu'incultes, ses airs , rêvant dans la prison
Sa bouche ! à moi, ce pli pudiquement martyr
Mais, Tout va la reprendre ! Alors Tout m'en absout.
Le Génie avec moi, serf, a fait des manières;
Je veux être pendu, si tu n'es pas discrète
Mais l'Art, c'est l'Inconnu ! qu'on y dorme et s'y vautre,
Inconscient, descendez en nous par réflexes;
Tournons d'abord sur nous-même, comme un fakir !
J'ai le cœur chaste et vrai comme une bonne lampe;
Vénus, énorme comme le Régent,
Jusqu'à ce que tournent tes yeux vitreux,
Tout cela vous honore,
Ah ! qu'une, d'elle-même, un beau soir sût venir,
Je serais, savez-vous, la plus noble conquête
D'ici là, qu'il me soit permis
Où commence, ou finit l'humaine
Laissez faire, laissez passer;
Et l'univers, c'est pas assez !
Tout cela vous honore,
Il faisait, ah ! si chaud si sec.
Oh! de moins en moins drôle;
J'ai le cœur triste comme un lampion forain...
Sûr d'aller, ma vie entière,
Et si ce cri lui part : " Dieu de Dieu, que je t'aime ! "
De tous ses yeux, alors ! se sentant trop banale :
" Jouons au plus fidèle ! " " À quoi bon, ô
Nature !
Enfin, si, par un soir, elle meurt dans mes livres,
"On voudrait s'avouer des choses,
On voudrait saigner le Silence,
Elles boudent là, l'air capable.
Justement, une nous appelle,
Ces êtres-là sont adorables !
Tes cils m'insinuent : c'en est trop;
Car cette fois, c'est pour de bon;
Ton tabernacle est dévasté ?
Ainsi, fustigeons ces airs plats
Introïbo, voici l'Époux !
Mon dieu, mon dieu ! je n'ai rien eu,
Ce qui fait que je l'aime,
Et qu'elle est même, vraiment,
Le vent assiège,
Ainsi, mon Idéal sans bride
Le vent assiège
Ô toi qu'un remords fait si morte,
Ô vent, allège
Voyez l'Homme, voyez !
Propre et correct en ses ressorts,
Et sa compagne ! allons,
Faudrait le voir, touchant et nu
Voyez l'Homme, voyez !
Les Vertus et les Voluptés
Et sa compagne ! allons,
Il se soutient de mets pleins d'art,
Oh ! ce couple, voyez !
Mais ce microbe subversif
Nature est sans pitié
Ses fleurs dormant, il s'en allait,
Quand le voile fut bien ourlé,
" Soleil-crevant, encore un jour,
" Et comme, devant la nuit fauve,
" Soleil ! Soleil ! moi je descends
Il dit, et, le Voile étendu,
Braves amants ! aux nuits de lait,
Allez, allez, gens de la noce,
Et comme le jour naît, que bientôt il faudra,
Allez, allez, gens que vous êtes,
Ce violon incompris pleure au pays natal,
Mais le flageolet les rappelle,
Un couple erre parmi les rêves des grillons,
Laissez, laissez, ô cors de chasse,
Les beaux cors se sont morts; mais cependant qu'au loin,
Pintez, dansez, gens de la Terre,
Ah ! le Premier que prit ce besoin insensé
Ô Terre, ô terre, ô race humaine,
Dimanche, à Liège.
Petits et gros, clochers en fête,
Bons vitraux, saignez impuissants
Voici les lentes oriflammes
Va, Globe aux studieux pourchas,
Édens mûrs, Unique Bohême !
Oui, les cloches viennent de loin !
Ah ! cœur battant, cogne à tue-tête
Bin bam, bin bam,
À Bade.
- Ah ! vous m'avez trop, trop vanné,
- Le vent jusqu'au matin n'a pas décoléré.
- Prés et bois vendus! Que de gens,
- Délayant en ciels bas ces paquets de bitume
- Elles, coudes nus dans les fruits,
- Oh ! ces quintes de toux d'un chaos bien posthume !
- Et moi, je suis dans ce lit cru
- Qui, consolant des vents les noirs Misérérés,
- Berthe aux sages yeux de lilas,
- Memnons, ventriloquons ! le cher astre a filtré
- Oh! quel vent! adieu tout sommeil;
- Il rompt ses digues ! vers les grands labours qui fument !
- Maintenant c'est comme une rade !
Passez, ô nuptials appels,
Je n'aurai jamais d'aventures;
- V'là l'fontainier ! il siffle l'air
- Le vent galope ventre à terre,
Le Soleil est mirobolant
Mais jugez si ça m'importune,
Vrai ! la vie est pour les badauds;
L'obélisque quadrangulaire
Sans trêve, aux spleens d'amour sonner des hallalis !
Certes, dès qu'aux rideaux aubadent tes fanfares,
Mais tu ne te dis pas que, là-bas, bon Soleil,
Or, à notre guichet, tu n'es pas mort encore,
Alcôve des Danaïdes, triste astre ! Et puis,
Entre nous donc, bien don Quichotte, et pas moins sale,
Les morts
Vous fumez dans vos bocks,
Grand-papa se penchait,
Les morts
Vous avez bien dîné,
Notez, d'un trait égal,
C'est gai,
Mesdames et Messieurs,
Si vous n'avez pitié,
Importun
Sur l'air populaire :
Quand ce jeune homm' rentra chez lui,
Quand ce jeune homm' rentra chez lui,
Âme,
Quand ce jeune homm' rentra chez lui,
Lors, ce jeune homme aux tels ennuis,
Quand les croq'morts vinrent chez lui,
Sur l'air populaire :
J'allais prier pour qu'un fils nous vienne,
Vous vous teniez dans un coin, debout,
Pas d'chaise économis' trois sous,
D'un Officier, j'ai vu la tournure,
C'était ce Christ grandeur nature,
Les Christs dont pas la croix d'honneur,
C'était la plaie du Calvaire, au cœur,
Les Christs n'ont qu'au flanc seul la plaie,
C'était une goutte envolée,
Aux Crucifix on n' parl' jamais,
C'était du trop d'amour qu' j'avais,
Et moi j'te brûl'rai la cervelle,
Lui, il aura mon âme immortelle,
Falot, falotte !
Falot, falotte !
Falot, falotte !
Falot, falotte !
Falot, falotte !
Falot, falotte !
Falot, falotte !
Elle est l'infini sans fin, je deviens le temps
Mais nous bâillons de toute la force de nos
Or, voilà des spleens infinis que je suis en
Et, par ce chant : Pensée, Objet, Identité !
Ô Source du Possible, alimente à jamais
Bonne gens qui m'écoutes, c'est Paris, Charenton compris. Maison fondée en...
à louer.
Médailles à toutes les expositions et des mentions. Bail immortel. Chantiers en gros
et en
détail de bonheurs sur mesure. Fournisseurs brevetés d'un tas de majestés.
Maison
recommandée. Prévient la chute des cheveux. En loteries ! Envoie en
province. Pas
de morte-saison. Abonnements. Dépôt, sans garantie de l'humanité, des ennuis
les plus comme il faut et
d'occasion. Facilités de paiement, mais de l'argent. De l'argent, bonne gens !
Et ça se ravitaille, import et export, par vingt gares et douanes. Que tristes, sous la pluie,
les trains de marchandise ! À vous, dieux, chasublerie, ameublements
d'église,
dragées pour
baptêmes, le culte est au troisième, clientèle ineffable ! Amour,
à toi,
des maisons d'or aux
hospices dont les langes et loques feront le papier des billets doux à monogrammes,
trousseaux et layettes, seules eaux alcalines reconstituantes, ô chlorose ! bijoux de
sérail,
falbalas, tramways, miroirs de poches, romances ! Et à l'antipode, qu'y
fait-on ? Ça
travaille,
pour que Paris se ravitaille…
D'ailleurs, des moindres pavés, monte le Lotus Tact. En bataille rangée, les deux
sexes,
toilettés à la mode des passants, mangeant dans le ruolz ! Aux commis, des
Niobides; des
faunesses aux Christs. Et sous les futaies seigneuriales des jardins très publics,
martyrsniaisant et vestales minaudières faisant d'un clin d'œil l'article pour l'Idéal
et Cie (Maison
vague, là-haut), mais d'elles-mêmes absentes, pour sûr. Ah ! l'Homme
est un
singulier
monsieur; et elle, sa voix de fausset, quel front désert ! D'ailleurs avec du tact…
Mais l'inextirpable élite, d'où ? pour où ? Maisons de
blanc : pompes
voluptiales; maisons
de deuil : spleenuosités, rancœurs à la carte. Et les banlieues adoptives,
humus
teigneux,
haridelles paissant bris de vaisselles, tessons, semelles, de profil sur l'horizon des remparts. Et
la pluie ! trois torchons à une claire-voie de mansarde. Un chien aboie à un
ballon
là-haut. Et
des coins claustrals, cloches exilescentes des dies iræmissibles. Couchants
d'aquarelliste
distinguée, ou de lapidaire en liquidation. Génie au prix de fabrique, et ces jeunes
gens
s'entraînent en auto-litanies et formules vaines, par vaines cigarettes. Que les vingt-quatre
heures vont vite à la discrète élite !…
Mais les cris publics reprennent. Avis important ! l'Amortissable a fléchi, ferme le
Panama. Enchères, experts. Avances sur titres cotés ou non cotés, achats
de nues-propriétés,
de viagers, d'usufruit; avances sur successions ouvertes et autres; indicateurs, annuaires,
étrennes. Voyages circulaires à prix réduits. Madame Ludovic prédit
l'avenir de 2 à 4. Jouets
Au Paradis des enfants et accessoires pour cotillons aux grandes personnes. Grand choix
de
principes à l'épreuve. Encore des cris ! Seul dépôt !
soupers de
centième ! Machines
cylindriques Marinoni ! Tout garanti, tout pour rien ! Ah ! la rapidité
de la vie aussi seul
dépôt…
Des mois, les ans, calendriers d'occasion. Et l'automne s'engrandeuille au bois de
Boulogne, l'hiver gèle les fricots des pauvres aux assiettes sans fleurs peintes, Mai purge,
la
canicule aux brises frivoles des plages fane les toilettes coûteuses. Puis, comme nous
existons
dans l'existence où l'on paie comptant, s'amènent ces messieurs courtois des
Pompes
Funèbres, autopsies et, convois salués sous la vieille Monotopaze du soleil. Et
l'histoire va
toujours dressant, raturant ses Tables criblées de piteux idem, ô
Bilan, va
quelconque ! ô
Bilan, va quelconque…
Un tic-tac froid rit en nos poches,
Voici le soir,
Dire que Tout est un Très Sourd Mystère;
Allez, coucous, réveils, pendules;
Sûrs, chaque soir,
Moucherons, valseurs d'un soir de soleil,
Triturant bien l'heure en secondes,
Sûrs, chaque soir,
Où le trouver, ce Temps, pour lui tout dire,
Ah ! plus d'heure ? fleurir sans âge ?
Voici le soir !
Mon Cœur est une urne où j'ai mis certains défunts,
Mon Cœur est un lexique où cent littératures
Mon Cœur est un désert altéré, bien que soûl
Mon Cœur est un Néron, enfant gâté d'Asie,
Mon Cœur est un noyé vidé d'âme et d'essors,
C'est un feu d'artifice, hélas ! qu'avant la fête,
Mon Cœur est le terrestre Histoire-Corbillard,
Mon Cœur est une horloge oubliée à demeure,
Mon aimée était là, toute à me consoler;
Mon Cœur, plongé au Styx de nos arts danaïdes,
Et toujours, mon Cœur, ayant ainsi déclamé,
On peut encore aimer, mais confier toute son
âme
Paissant des débris de vaisselle,
Qui m'aima jamais ? je m'entête
Je possède un propre physique,
Eh bien, ayant pleuré l'Histoire,
Ah ! tiens, mon cœur, de grâce, laisse !
Le cœur me piaffe de génie
Eh va, pauvre âme véhémente !
Hélas, qui peut m'en répondre !
Ô Hélène, j'erre en ma chambre,
Tandis que, d'un autre côté…
Nous n'avons su toutes ces chosesqu'après sa mort.
Las de reconstituer dans l'art du jour baissant
Si la Mort, de son van, avait chose mon être,
Oh ! mort, tout mort ! au plus jamais, au vrai néant
Et voilà que mon Âme est tout hallucinée !
Ah ! que de soirs de mai pareils à celui-ci;
Je me sens fou d'un tas de petites misères.
Qui m'a jamais rêvé ? Je voudrais le savoir !
Ni vu ni connu. Et les voilà qui rebrodent
Fraîches à tous, et puis reprenant leur air sec
Et pourtant, le béni grand bol de lait de ferme
Je ne veux accuser personne, bien qu'on eût
N'est-ce-pas; nous savons ce qu'il nous reste à faire,
Et toi, cerveau confit dans l'alcool de l'Orgueil !
Primo : mes grandes angoisses métaphysiques
Deux ou trois spleens locaux. Ah ! pitié, voyager
Plonger mon front dans l'eau des mers, aux matinées
Compter les clochers, puis m'asseoir, ayant très chaud,
Dans les Indes du Rêve aux pacifiques Ganges,
Voici l'œuf à la coque et la lampe du soir.
Mais tu peux déguster, dans leurs jardins d'un jour,
Déguster, en menant les rites réciproques,
Soit en pontifiant, avec toute ta foi
Soit en vivisectant ces claviers anonymes,
Car, crois pas que l'hostie où dort ton paradis
Mais quoi, leurs yeux sont tout ! et puis la nappe est mise,
Et, sans noce, voyage, curieux, colis,
Mais pour avoir des vitraux fiers à domicile,
Vois-la donc, comme d'ailleurs, et loyalement,
Vendange chez les arts enfantins; sois en fête
La science, outre qu'elle ne peut rien savoir,
Ne force jamais tes pouvoirs de Créature,
Vivre et peser selon le Beau, le Bien, le Vrai ?
Mais, tel Brennus avec son épée, et d'avance,
Des casiers de bureau, le Beau, le Vrai, le Bien;
Ah ! démaillote-toi, mon enfant, de ces langes
La logique, la morale, c'est vite dit;
Nuit des hérédités et limbes des latences !
Tamis de pores ! Et les bas-fonds sous-marins,
Pour voir, jetez la sonde, ou plongez sous la cloche;
Les polypes sournois attendant l'hameçon,
Les guanos à geysers, les astres en syncope,
Une capsule éclate, un monde de facteurs
D'autres titubent sous les butins génitoires,
Allez ! laissez passer, laissez faire; l'Amour
Car la vie innombrable va, vannant les germes
Vivotez et passez, à la grâce de Tout;
L'Inconscient, c'est l'Éden-Levant que tout saigne;
C'est la grande Nounou où nous nous aimerions
C'est le Tout-Vrai, l'Omniversel Ombelliforme
(Nos découvertes scientifiques étant
Là, sur des oreillers d'étiquettes d'éthiques,
Sans songer : " Suis-je moi ? Tout est si compliqué !
Sans colère, rire, ou pathos, d'une foi pâle,
Mais sans rite emprunté, car c'est bien malséant,
Lavé comme une hostie, en quelconques costumes
- " Mais, tout est un rire à la Justice ! et d'où vient
- Du calme et des fleurs. Peu t'importe de connaître
Eh bien, que l'autre éternité qui, Très-Sans-Toi,
Quant à ta mort, l'éclair aveugle en est en route
- " Il rit d'oiseaux, le pin dont mon cercueil viendra ! "
Allons, tu m'as compris. Va, que ta seule étude
Lançant de front les cent pur-sang
De ses vingt ans tout hennissants,
Je vague, à jamais Innocent,
Par les blancs parcs ésotériques
De l'Armide Métaphysique.
Albe, oxydé, sans but, pervers,
Qui, du chalumeau de ses nerfs
Se souffle gravement des vers,
En astres riches, dont la trace
Ne trouble le Temps ni l'Espace.
Votre Nom de Lac est piqué :
Puissent mes feuilleteurs du quai,
En rentrant, se r'intoxiquer
De vos AVEUX, ô pur poète !
C'est la grâce que je m'souhaite.
Que la création est belle, tout de même !
Je me suis perdu par mes grands vingt ans, ce soir
De Noël gras.
Ah ! dérisoire créature !
Fleuve à reflets, où les deuils d'Unique ne durent
Pas plus que d'autres ! L'ai-je rêvé, ce Noël
Où je brûlais de pleurs noirs un mouchoir réel,
Parce que, débordant des chagrins de la Terre
Et des frères Soleils, et ne pouvant me faire
Aux monstruosités sans but et sans témoin
Du cher Tout, et bien las de me meurtrir les poings
Aux steppes du cobalt sourd, ivre mort de doute,
Je vivotais, altéré de Nihil de toutes
Les citernes de mon Amour ?
Seul, pur, songeur,
Me croyant hypertrophique! comme un plongeur
Aux mouvants bosquets des savanes sous-marines,
J'avais roulé par les livres, bon misogyne.
Obtus et chic, avec son bourgeois de Jourdain
À rêveurs; ses vitraux fardés, ses vieux dimanches
Dans les quartiers tannés où regardent des branches
Par-dessus les murs des pensionnats, et ses
Ciels trop poignants à qui l'Angélus fait : assez !
Instaure un lexicon mal cousu de ratures.
Bon Breton né sous les Tropiques, chaque soir
J'allais le long d'un quai bien nommé mon rêvoir,
Et buvant les étoiles à même : " ô Mystère!
Quel calme chez les astres ! ce train-train sur terre !
Est-il Quelqu'un, vers qui, à travers l'infini,
Clamer l'universel lammasabaktani ?
Voyons; les cercles du Cercle, en effets et causes,
Dans leurs incessants vortex de métamorphoses,
Sentent pourtant, abstrait, ou, ma foi, quelque part,
Battre un cœur ! un cœur simple; ou veiller un Regard !
Oh ! qu'il n'y ait personne et que Tout continue !
Alors géhenne à fous, sans raison, sans issue !
Et depuis les Toujours, et vers l'Éternité !
Comment donc quelque chose a-t-il jamais été !
Que Tout se sache seul au moins, pour qu'il se tue !
Draguant les chantiers d'étoiles, qu'un Cri se rue,
Mort ! emballant en ses linceuls aux clapotis
Irrévocables, ces sols d'impôts abrutis !
Que l'Espace ait un bon haut-le-cœur et vomisse
Le Temps nul, et ce Vin aux geysers de justice !
Lyres des nerfs, filles des Harpes d'Idéal
Qui vibriez, aux soirs d'exil, sans songer à mal,
Redevenez plasma ! Ni Témoin, ni spectacle !
Chut, ultime vibration de la Débâcle,
Et que Jamais soit Tout, bien intrinsèquement,
Très hermétiquement, primordialement ! "
Ah ! Le long des calvaires de la Conscience,
La Passion des mondes studieux t'encense,
Aux Orgues des Résignations, Idéal,
Ô Galatée aux pommiers de l'Éden-Natal !
Babels d'or où le vent soigne de bonnes mousses;
Mondes vivotant, vaguement étiquetés
De livres, sous la céleste Éternullité :
Vanité, vanité, vous dis-je ! Oh ! moi, J'existe,
Mais où sont, maintenant, les nerfs de ce Psalmiste ?
Minuit un quart; quels bords te voient passer, aux nuits
Anonymes, ô Nébuleuse-Mère ? Et puis,
Qu'il doit agoniser d'étoiles éprouvées,
À cette heure où Christ naît, sans feu pour leurs couvées,
Mais clamant : ô mon Dieu! tant que, vers leur ciel mort,
Une flèche de cathédrale pointe encor
Des polaires surplis ! Ces Terres se sont tues,
Et la création fonctionne têtue !
Sans issue, elle est Tout; et nulle autre, elle est Tout.
X en soi ? Soif à trucs ! Songe d'une nuit d'août ?
Sans le mot, nous serons revannés, ô ma Terre !
Puis tes sœurs. Et nunc et semper, Amen. Se taire.
Anonyme ! Moi ! mon Sacré-Cœur ! J'espérais
Qu'à ma mort tout frémirait, du cèdre à l'hysope;
Que ce Temps, déraillant, tomberait en syncope,
Que, pour venir jeter sur mes lèvres des fleurs,
Les Soleils très navrés détraqueraient leurs chœurs;
Qu'un soir, du moins, mon Cri me jaillissant des moelles,
On verrait, mon Dieu, des signaux dans les étoiles ?
Puis, fou devant ce ciel qui toujours nous bouda,
Je rêvais de prêcher la fin, nom d'un Bouddha !
Oh ! pâle mutilé, d'un : qui m'aime me suive !
Faisant de leurs cités une unique Ninive,
Mener ces chers bourgeois, fouettés d'alléluias,
Au Saint-Sépulcre maternel du Nirvâna !
Maintenant, je m'en lave les mains (concurrence
Vitale, l'argent, l'art, puis les lois de la France...)
Mes muscles de demain ? Et le terreau si fier
De Mon âme, où donc était-il, il y a mille
Siècles ? et comme, incessamment, il file, file !...
Anonyme ! et pour Quoi ? Pardon, Quelconque Loi !
L'être est forme, Brahma seul est Tout-Un en soi.
Où grimpent les Passions des grappes cosmiques;
Ô Robe de Maïa, ô jupe de Maman,
Je baise vos ourlets tombals éperdument !
Je sais ! la vie outrecuidante est une trêve
D'un jour au Bon Repos qui pas plus ne s'achève
Qu'il n'a commencé. Moi, ma trêve, confiant,
Je la veux cuver au sein de l'INCONSCIENT.
Dernière crise. Deux semaines errabundes,
En tout, sans que mon Ange Gardien me réponde.
Dilemme à deux sentiers vers l'Éden des Élus :
Me laisser éponger mon Moi par l'Absolu ?
Ou bien, élixirer l'Absolu en moi-même ?
C'est passé. J'aime tout, aimant mieux que Tout m'aime,
Donc Je m'en vais flottant aux orgues sous-marins,
Par les coraux, les œufs, les bras verts, les écrins,
Dans la tourbillonnante éternelle agonie
D'un Nirvâna des Danaïdes du génie !
Lacs de syncopes esthétiques ! Tunnels d'or !
Pastel défunt ! fondant sur une langue ! Mort
Mourante ivre morte ! Et la conscience unique
Que c'est dans la Sainte Piscine ésotérique
D'un lucus à huis clos, sans pape et sans laquais,
Que J'ouvre ainsi mes riches veines à Jamais.
Lors quoi l'usage veut qu'on nous cache sous terre.
Eh bien, un cri humain! s'il en reste un pour toi.
Que Votre Nom soit la Retraite !
Elles ! ramper vers elles d'adoration ?
Elle m'aime, infiniment ! Non, d'occasion !
Si non moi, ce serait infiniment un autre !
Soit faite dans l'Éternité !
Croupir, des étés, sous les vitraux, en langueur;
Mourir d'un attouchement de l'Eucharistie,
S'entrer un crucifix maigre et nu dans le cœur ?
Notre sagesse quotidienne !
Bénir la Pâque universelle, sans salaires !
Mourir sur la Montagne, et que l'Humanité,
Aux âges d'or sans fin, me porte en scapulaires ?
Comme étant d'à jamais écrits !
Un mouchoir, et qu'on dise : " Oh ! l'Idéal s'est tu ! "
Formuler Tout ! En fugues sans fin dire l'Homme !
Être l'âme des arts à zones que veux-tu ?
Lèpre originelle, ivresse, insensée,
Ainsi soit-il.
Comme Je m'aime en tes ennuis,
Tu m'enverrais une enfant pure,
Chaste aux " et puis ? ".
Tes soleils de Panurge ! dis !
Tu mettrais le nôtre en miettes,
En plein midi.
De tes Matières est mon fort !
Tu me prendrais comme comptable,
Comptable à mort !
Dont Je puis être le ferment !
Tu ferais de moi ton Sosie,
Tout simplement.
Usine de sève aux lymphatiques parfums.
Mais les lacs éperdus des longs couchants défunts
Dorlotent mon voilier dans leurs plus riches rades,
Comme un ange malade...
Ô Notre-Dame des Soirs,
Que je vous aime sans espoir !
Axiomes in articulo mortis déduits !
Ciels vrais ! Lune aux échos dont communient les puits !
Yeux des portraits ! Soleil qui, saignant son quadrige,
Cabré, s'y crucifige !
Ô Notre-Dame des Soirs,
Certe, ils vont haut vos encensoirs !
Pour un regard, ils battraient du front les pavés;
Puis s'affligent sur maint sein creux, mal abreuvés;
Puis retournent à ces vendanges sexciproques.
Et moi, moi Je m'en moque !
Oui, Notre-Dame des Soirs,
J'en fais, paraît-il, peine à voir.
Vous me fuyez; ou du ciel des eaux m'invitez;
Ou m'agacez au tournant d'une vérité;
Or vous ai-je encore dit votre fait, je vous prie ?
Ah ! coquette Marie,
Ah ! Notre-Dame des Soirs,
C'est trop pour vos seuls Reposoirs !
Ont voûté mes vingt ans, m'ont tari de chers goûts.
Verrai-je l'oasis fondant au rendez-vous,
Où... vos lèvres (dit-on !) à jamais nous
dissèquent ?
Ô Lune sur La Mecque !
Notre-Dame, Notre-Dame des Soirs,
De vrais yeux m'ont dit : au revoir !
Il neige des hosties
De soie, anéanties
Ah ! Ah !
Alleluia !
LES VOLUPTANTES
Mangé de mouches, tout rayonnant des grands deuils.
Les Yeux Promis sont plus dans les grands deuils encore.
LES PARANYMPHES
Frisaient les bouquets de nos seins;
Son haleine encore y circule,
Et, leur félinant le satin,
Fait s'y pâmer deux renoncules.
Devant ce Maître Hypnotiseur,
Expirent leurs frou-frou poseurs;
Elles crispent leurs étamines,
Et se rinfiltrent leurs parfums
Avec des mines
D'œillets défunts.
LES JEUNES GENS
Feuilles mortes portant du sang des mousselines
Vint carder un beau soir de soifs de s'en aller !
LES COMMUNIANTES
Il neige des cœurs
Noués de faveurs,
Ah ! ah !
Alleluia !
LES VOLUPTANTES
Tièdes, je t'y ferai des bracelets d'aveux !
L'univers te garde une note unique ! reste...
LES PARANYMPHES
Par l'homme idolâtre;
Les vents déclassés
Des mois près de l'âtre;
Rien de passager,
Presque pas de scènes;
La vie est si saine,
Ô fiancé probe,
Commandons ma robe !
Hélas ! le bonheur est là, mais lui se dérobe.
LES JEUNES GENS
Os de chatte, corps de lierre, chef-d'œuvre vain !
On t'absout; c'est un Dieu qui par tes yeux nous triche.
Tes yeux mentent ! ils ne nous diront pas le Mot !
Dont joue un Dieu très fort (Ministère des sexes).
Feu follet connu, vertugadin du Néant;
Nous t'écartèlerons de hontes sangsuelles
Nous te fermerons la bouche avec des bijoux.
Que n'est-il un Éden entre ces deux usines ?
Aient pour nos fronts au teint d'épave
Des condoléances qui lavent
Et des trouvailles d'animal.
Le long des étouffants dortoirs,
Égrenant les bonnes semailles,
En inclinant ta chaste taille
Sur les sujets de tes devoirs.
Tes baisers sont des potions
Qui la laissent là, bien droguée,
Et s'oubliant à te voir gaie,
Accomplissant tes fonctions
En point narquoise Déléguée.
LES COMMUNIANTES
Familiers
Sous nos jupes palpitent !
Doux Çakya, venez vite
Les faire prisonniers !
LE FIGUIER
Épuisé, battent plus faiblement des paupières.
Agonise à tâtons et se meurt à jamais.
L'éternel chapelet des planètes plaintives.
Puis, quand on a fait la crapule,
On revient geindre au crépuscule,
Roulant son front dans les genoux
Des Saintes boudhiques Nounous.
Du Patron,
On y danse, on y danse,
Dans l'giron
Du Patron,
On y danse tous en rond.
Ne gardons pas ainsi rancune;
Entrez en danse, et vous aurez
Un collier de soleils dorés.
Pour une pauvre Cendrillon;
Mais, me suffit le médaillon
Que m'a donné ma sœur planète.
De la Pensée ! Entrez en fête;
Pour sûr, vous tournerez la tête
Aux astres les plus comme il faut.
Juste que je l'entends gémir !
Des universelles chimies !
Je dois veiller. Tas de traînées,
Allez courir vos guilledous !
Hé ! Notre-Dame des gens soûls,
Des filous et des loups-garous !
Metteuse en rut des vieux matous !
Coucou !
Sans fond,
On y danse, on y danse,
Sous l'plafond
Sans fond,
On y danse tous en rond.
Les pianos, les pianos, dans les quartiers aisés !
Premiers soirs, sans pardessus, chaste flânerie,
Aux complaintes des nerfs incompris ou brisés.
Dans les ennuis des ritournelles ?
Christs des dortoirs
Tu nous laiss's et tu t'en vas,
Défaire et refaire ses tresses,
Broder d'éternels canevas. "
Ô jours, tout m'est égal ? ou, monde, moi je veux ?
Et si vierge, du moins, de la bonne blessure,
Sachant quels gras couchants ont les plus blancs aveux ?
À des Roland, à des dentelles ?
" Cœurs en prison,
Lentes saisons !
" Tu t'en vas et tu nous quittes,
Tu nous quitt's et tu t'en vas
Couvents gris, chœurs de Sulamites,
Sur nos seins nuls croisons nos bras. "
Psitt ! aux hérédités en ponctuels ferments,
Dans le bal incessant de nos étranges rues;
Ah ! pensionnats, théâtres, journaux, romans !
La vie est vraie et criminelle.
Peut-on entrer ?
Tu nous laiss's et tu t'en vas,
La source des frais rosiers baisse,
Vraiment ! Et lui qui ne vient pas…
Fiancés au remords comme aux essais sans fond,
Et les suffisants cœurs cossus, n'ayant d'autre hôte
Qu'un train-train pavoisé d'estime et de chiffons.
Pour un oncle à dot, des bretelles ?
Si tu savais !
Tu nous quitt's et tu t'en vas,
Mais tu nous reviendras bien vite
Guérir mon beau mal, n'est-ce pas ? "
Vigne bohème, même en ces quartiers aisés.
La vie est là; le pur flacon des vives gouttes
Sera, comme il convient, d'eau propre baptisé.
De plus exactes ritournelles.
Mur familier !
Tu nous laiss's et tu t'en vas,
Que ne suis-je morte à la messe !
Ô mois, ô linges, ô repas " !
Je la suivais illuminé,
Ses yeux disaient : " J'ai deviné
Hélas ! que tu m'as reconnue ! "
Yeux désolés, bouche ingénue,
Pourquoi l'avais-je reconnue,
Elle, loyal rêve mort-né ?
Œillet blanc, d'azur trop veiné;
Oh! oui, rien qu'un rêve mort-né,
Car, défunte elle est devenue.
La vie humaine continue
Sans toi, défunte devenue.
Oh ! je rentrerai sans dîner !
Don Quichotte, Souffre-Douleur,
Vidasse, vidasse ton cœur,
Ma pauvre rosse endolorie.
Octobres malades,
Printemps, purges fades,
Hivers tout vieillots ?
Quand le soleil en son sang s'abandonne ! "
Feu les casinos,
Cercueils des pianos,
Ah! mortels postiches.
Le frou-frou de sa titubante traîne. "
Photos élégiaques,
Escarpins, vieux claques,
D'un coup de balai !
Paul, ce bois est mal famé ! chut, écoute…"
Ève aime toujours
LUI ! jamais pour
Nous, jamais pour elle.
La lune me pardonnait dans les cimes. "
Couchants! Sulamites
De province aux rites
Exilants des soirs !
Au fond des bois frais, j'implore le monde. "
Tout le long des nuits !
Qu'est-c'que moi j'y puis,
Qu'est-ce donc qu'ils veulent ?
Oh ! je ne veux pas aller à l'hospice ! "
Aux bières de même,
Bons couples sans gêne,
Tournez deux à deux.
Scie autant que Souffre-Douleur,
Vidasse, vidasse ton cœur,
Ma pauvre rosse endolorie.
(Sainte-Beuve. Volupté)
Ah ! fous dont au casino battent les talons,
Tout homme pleure un jour et toute femme est mère,
Nous sommes tous filials, allons !
Mais quoi ! les Destins ont des partis pris si tristes,
Qui font que, les uns loin des autres, l'on s'exile,
Qu'on se traite à tort et à travers d'égoïstes,
Et qu'on s'use à trouver quelque unique Évangile.
Ah jusqu'à ce que la nature soit bien bonne,
Moi je veux vivre monotone.
Je redescends dévisagé par les enfants
Qui s'en vont faire bénir de tièdes brioches ;
Et rentré, mon sacré-cœur se fend !
Les moineaux des vieux toits pépient à ma fenêtre,
Ils me regardent dîner, sans faim, à la carte :
Des âmes d'amis morts les habitent peut-être ?
Je leur jette du pain : comme blessés, ils partent !
Ah ! jusqu'à ce que la nature soit bien bonne,
Moi je veux vivre monotone.
Mais c'est vrai ! Voilà donc le fond de mon chagrin !
Oh ! ma vie est aux plis de ta jupe fidèle !
Son mouchoir me flottait sur le Rhin…
Seul. Le Couchant retient un moment son Quadrige
En rayons où le ballet des moucherons danse,
Puis, vers les toits fumants de la soupe, il s'afflige….
Et c'est le Soir, l'insaisissable confidence….
Ah ! jusqu'à ce que la nature soit bien bonne,
Faudra-t-il vivre monotone ?
Depuis que l'Être espère, ont réclamé leurs droits !
Ô ciels, les yeux pourrissent-ils comme le reste ?
Oh ! qu'il fait seul ! oh ! fait-il froid !
Oh ! que d'après-midi d'automne à vivre encore !
Le Spleen, eunuque à froid, sur nos rêves se vautre !
Or, ne pouvant revenir des madrépores,
Ô mes humains, consolons-nous les uns les autres.
Et jusqu'à ce que la nature soit bien bonne,
Tâchons de vivre monotone.
Que découpe, aujourd'hui dimanche, la fenêtre,
Avec sa jalousie en travers, hors d'usage,
Où sèche, depuis quand ! une paire de guêtres
Tachant de deux mals blancs ce glabre paysage.
Le coin d'une buanderie aux tulles sales;
En plein, le Val-de-Grâce, comme un qui préside;
Cinq arbres en proie à de mesquines rafales
Qui marbrent ce ciel cru de bandages livides.
En proie à des rafales encor plus mesquines !
Ô lendemains de noce ! ô bribes de dentelles !
Montrent-elles assez la corde, ces glycines
Recroquevillant leur agonie aux ficelles !
Des vers. Et puis, après ? ô sordide limace !
Quoi ! la vie est unique, et toi, sous ce scaphandre,
Tu te racontes sans fin, et tu te ressasses !
Seras-tu donc toujours un qui garde la chambre ?
Déchirer la nuit gluante des racines,
À travers maman, amour tout d'albumine,
Vers le plus clair ! vers l'alme et riche étamine
D'un soleil levant !
Irradiant des Limbes mon inédit type !
Sauvé des steppes du mucus, à la nage
Téter soleil ! et soûl de lait d'or, bavant,
Dodo à les seins dorloteurs des nuages,
Voyageurs savants !
D'une âme en coup de vent dans la fraîcheur des jupes !
Dodo sur le lait caillé des bons nuages
Dans la main de Dieu, bleue, aux mille yeux vivants
Aux pays du vin viril faire naufrage !
Courage,
Là, là, je me dégage…
Sous les espèces des baisers inconscients !
Cogne, glas des nuits ! filtre, soleil solide !
Adieu, forêts d'aquarium qui, me couvant,
Avez mis ce levain dans ma chrysalide !
Mais j'ai froid ? En avant !
Ah ! Maman…
Et du plus Seul de vous ce pauvre enfant terrible.
Méditait sous la riche éternelle pendule,
Bon bouddha d'exilé qui trouve ridicule
Qu'on pleure vers les Nils des couchants d'Orient,
Quand bave notre crépuscule.
En un vase de Sèvres où de fins bergers fades
S'offrent des bouquets bleus et des moutons frisés,
Un œillet expirait ses pubères baisers
Sous la trompe sans flair de l'éléphant de jade.
Dans le lait, à ce couple impuissant d'opéra
Transi jusqu'au trépas en la pâte de Sèvres,
Un gros petit dieu Pan venu de Tanagra
Tendait ses bras tout inconscients et ses lèvres.
Les lauriers fanés des tentures,
Les mascarons d'or des lambris,
Les bouquins aux pâles reliures
Tournoyaient par la pièce obscure,
Chantant, sans orgueil, sans mépris :
" Tout est frais dès qu'on veut comprendre la Nature.
Où montait la gaieté des enfants de son âge,
Seul au balcon, disait, les yeux brûlés de rages
" J'ai du génie, enfin : nulle ne veut m'aimer ! "
Chassé des Simples qu'on peut reconnaître
Soignant, las, quelque œillet à leur fenêtre !
Passants, hâtifs passants,
Oh ! qui veut visiter les palais de mes sens ?
De déboires.
Un encor !
Il se rêvait, seul, pansant Philoctète
Aux nuits de Lemnos; ou, loin, grêle ascète.
Et des vers aux moineaux,
Par le lycée en vacances, sous les préaux !
En mémoire
D'un consort.
Mon Dieu, qu'on est follement solitaire !
Où sont tes yeux, premier dieu de la Terre
Qui ravala ce cri :
" Têtue Éternité ! je m'en vais incompris... " ?
Transitoire
Passeport ?
Aux ciels, parmi les séminaires des Routines.
Va, suis quelque robe de mousseline...
Inconsciente Loi,
Faites que ce crachoir s'éloigne un peu de moi !
De la Foire,
C'est la mort.
Chemine exactement,
Tinté de mers si bleues,
De cités tout en toits,
De réseaux de convois
Qui grignotent des lieues.
Pas loin de Saint-Malo,
Un bourg fumeux vivote,
Qui tient sous son clocher,
Où grince un coq perché,
L'ex-voto d'un pilote !
D'un autel en corail,
Une jeune Madone
Tend, d'un air ébaubi,
Un beau cœur de rubis
Qui se meurt et rayonne !
Un bon cœur ruisselant,
Qui, du soir à l'aurore,
Et de l'aurore au soir,
Se meurt, de ne pouvoir
Saigner, ah ! saigner plus encore !
Grosse comme une fortune !
Un passant, monsieur l'adjoint;
Un chat traverse la place :
Plaquant un dernier accord,
Quelle heure peut-il bien être ?
Faut-il dire : ainsi soit-il ?
À tous les climats commune,
Et les remparts de Paris,
Les pôles, les mers, que sais-je ?
À cette heure, le convoi
Ils sont partis pour l'Écosse.
Elle eût pris au mot mes vers !
Faisons cause et mœurs communes ?
La province dans le cœur !
Du coton dans les oreilles.
Voici que votre haleine
Embaume la verveine;
C'est l'printemps qui s'amène !
Avec son impudent cortège d'excitants.
Et n'ayez, inhumaine,
Que mes soupirs pour traîne :
Ous'qu'il y a de la gêne…
Et vous, jeunes divins, aux soirs crus de hasard !
Vois, tout bon sire entraîne
Quelque contemporaine,
Prendre l'air, par hygiène...
Pour l'amour de l'Amour ! D'ailleurs, ainsi soit-il...
Oh ! viens vers les fontaines
Où tournent les phalènes
Des Nuits Élyséennes !
Donnez votre fumier à la fleur du Regret.
N'embaum' plus la verveine !
Drôle de phénomène...
Hein, à l'année prochaine ?
À genoux ! voici l'heure où se plaint l'Angélus.
Les pins sont éternels,
Les cors ont des appels !…
Vous serez mon missel !
Jusqu'au jour de dégel.
La tisane bout, noyant mon feu;
Le vent s'époumonne
À reverdir la bûche où mon grand cœur tisonne.
Est-il de vrais yeux ?
Nulle ne songe à m'aimer un peu.
Ou sans divans;
Regards levants,
Deuils solitaires
Vers des Sectaires !
Antigone, écartez mon rideau;
Cet ex-ciel tout suie,
Fond-il decrescendo, statu quo, crescendo ?
Le vent qui s'ennuie,
Retourne-t-il bien les parapluies ?
Aux jours de givre,
Rêver sans livre,
Dans les terriers
Chauds de fumiers !
Bateaux croupis dans les feuilles d'or,
Le quart aux étoiles,
Paris grasseyant par chic aux prises de voiles :
M'ont hallalisé ces chers décors.
Rêves ingrats !
En croix, les bras;
Roses ouvertes,
Divines pertes !
Il se crut incompris. Qu'il est loin !
Vent pauvre, aiguillonne
Ces convois de martyrs se prenant à témoins !
La terre, si bonne,
S'en va, pour sûr, passer cet automne.
Pourpres forêts,
Torrents de frais,
Bancs en gésines,
Tout s'illumine !
En feuilletant un de ces si vieux almanachs,
Aux charmes de l'œillet ceux du chardonneret.
Vent esquinté de toux des paysages tendres !
L'âme des hérons fous sanglote sur l'étang.
D'antan ?
L'amante va, fouettée aux plaintes des allées.
Passant oublié des yeux gais, j'aime là-bas...
Là-bas !
Patauge aux défoncés un convoi, sous l'averse.
Bâille à ce libéré de l'être; et voici qu'on
Au fond.
Vois, s'en font les grands bras du haut des coteaux maigres !
Diaphane d'amour, ô Chevalier-Errant ?
Errant !
Serrer ces mains sauçant dans de vagues vaisselles !
Vivre est encor le meilleur parti ici-bas.
D'ici-bas !
D'Hostie ivre et ravie aux cités sensuelles !
Des ailes ! par le blanc suffoquant ! à jamais,
À jamais !
N'est aux cœurs mal fichus rien moins que folichonne.
Mal repu des gains machinals,
On dîne; et, gonflé d'idéal,
Chacun sirote son idylle,
Ou furtive, ou facile.
Couchants aux flambantes usines,
Rude paix des sols en gésine,
Cri jailli là-bas d'un massif,
Violuptés à vif !
Heurter, dans des coquelicots,
Une enfant bestiale et brûlée
Qui suce, en blaguant les échos,
De juteux abricots.
Sa toison où du cristal luit,
Pourlécher ses lèvres sucrées,
Nous barbouiller le corps de fruits
Et lutter comme essui !
Inquiets d'une étoile là-haut;
Puis, sans but, bien gentils satyres,
Nous prendre aux premiers sanglots
Fraternels des crapauds.
Oh ! devant la lune en son plein
Là-bas, comme un bloc de topaze,
Fous, nous renverser sur les reins,
Riant, battant des mains !
Se raser le masque, s'orner
D'un frac deuil, avec art dîner,
Puis, parmi des vierges débiles,
Prendre un air imbécile.
Le vent dolent des nuits
Rabâche ses ennuis,
Veut se pendre à la corde
Des puits ! et puis ?
Miséricorde !
Rien. Je suis-t-il malhûreux !
Les côtes en sanglots,
Mais les volets sont clos
Aux veilleuses des vierges,
Orgue au galop,
Larmes des cierges !
- Rien. Je suis-t-il malhûreux !
Laissez ! Ai-je assisté,
Moi, votre puberté ?
Ô jours où Dieu tâtonne,
Passants d'été,
Pistes d'automne !
- Rien. Je suis-t-il malhûreux !
Yeux chauds, lointains ou gais,
Infinis au rabais,
Tout train-train, rien qui dure,
Oh ! à jamais
Des créatures !
- Rien. Je suis-t-il malhûreux !
Tarifs d'alléluias,
Mortes aux camélias,
Oh ! lendemain de fête
Et paria,
Vrai, des planètes !
- Nuls. Je suis-t-il malhûreux !
Des cités, des labours.
Mais il n'est pas, bon sourd,
En ton digne exercice,
De raison pour
Que tu finisses ?
Ah ! je suis-t-il malhûreux !
Qui veut, enfin, des palais de mon âme ?
Perrons d'œillets blancs, escaliers de flamme,
Labyrinthes alanguis,
Édens qui
Sonneront, sous vos pas reconnus, des airs reconquis.
Méditations un doigt à la tempe,
Souvenirs clignotant comme des lampes,
Et, battant les corridors,
Vains essors,
Les Dilettantismes chargés de colliers de remords.
Et verrez comme, à votre mine franche,
Viendront à vous mes biches les plus blanches,
Mes ibis sacrés, mes chats,
Et, rachats !
Ma Vipère de Lettres aux bien effaçables crachats.
Ô ma Tout-universelle orpheline,
Au fond de chapelles de mousseline
Pâle, ou jonquille à pois noirs,
Dans les soirs,
Feu-d'artificeront envers vous mes sens encensoirs !
Mes caresses, naïvement serties,
Mourront, de ta gorge aux vierges hosties,
Aux amandes de tes seins !
Ô tocsins,
Des cœurs dans le roulis des empilements de coussins.
Nous nous comblons de nos deux Esthétiques;
Tu condimentes mes piments mystiques,
J'assaisonne tes saisons;
Nous blasons,
À force d'étapes sur nos collines, l'Horizon !
Ô mers, ô volières de ma Mémoire !
Sans compter les passes évocatoires !
Et quand tu t'endormiras,
Dans les draps
D'un somme, je t'éventerai de lointains opéras.
Tout sera Bien, contre ou selon ton geste,
Afin qu'à peine un prétexte te reste
De froncer tes chers sourcils,
Ce souci :
" Ah suis-je née, infiniment, pour vivre par ici ? "
Et je repars avec ma folle affiche,
Boniment incompris, piteux sandwiche :
Au Bon Chevalier-Errant,
Restaurant,
Hôtel meublé, Cabinets de lecture, prix courants.
Je voudrais écouter toujours ce cor de chasse !
Et je le veux, de tout l'univers de mon être !
Dis, veux-tu ?
C'est pourquoi tu le sais. Mais quoi ! ne m'as-tu pas
Prise toute déjà ? par tes yeux, sans combats !
À la messe, au moment du grand Alleluia,
N'as-tu pas eu mon âme ?
Soit baptisé des roses de ta croix nouvelle;
Tes yeux se font mortels, mais ton destin m'appelle,
Car il sait que, pour naître aux moissons mutuelles,
Je dois te caresser bien singulièrement :
J'ai de gros lexicons et des photographies,
Moi, plus naïf qu'hypocondre,
Vibrant de tact à me fondre,
Trempé dans les célibats.
Bon et grand comme les bêtes,
Pointilleux mais emballé,
Inconscient mais esthète,
Oh! Veux-tu nous en aller
Vers les pôles dont vous êtes ?
Vous soignerez les fleurs de mon bateau de fleurs.
Et quels violets gros deuil sont ma couleur locale,
Des Danaïdes où sans fin nous puiserions !
Loin des mufles des gens;
Et, sous les ciels changeants,
Maints hamacs incassables
De nos instincts
Allons cueillir
De quoi guérir...
Ne mettant qu'en mes yeux leurs lettres de créance,
Les orgues de mes sens se feront vos martyrs
Vers des cieux sans échos étoilés à mourir !
Me poignent, après tout, d'un infaillible émoi !
Raconte-moi ta vie, ou bien étourdis-moi.
Car je me sens obscure, et, je ne sais pourquoi,
Je me compare aux fleurs injustement écloses...
Guérie enfin du mal de pousser solitaire.
Puis, ma fine convalescente du Mystère,
On vous soignera bien, nuit et jour, seuls sur terre.
Tu verras ?
Bien au-delà ! avec tes yeux, qui me suffisent.
Oui, tes yeux francs seront désormais mon église.
Avec nos regards seulement,
Alors, scellons notre serment ?
Là, dans mes bras loyaux, sur mon grand cœur bercée,
Suffoquez aux parfums de l'unique pensée
Que la vie est sincère et m'a fait le plus fort.
Elle dort maintenant dans l'angle de ma lampe.
Fais-toi lointaine
Avec ta traîne
Qui bruit !
Mon unique va naître aux moissons mutuelles !
Pour les fortes roses de l'amour
Elle va perdre, lis pubère,
Ses nuances si solitaires,
Pour être, à son tour,
Dame d'atour
De Maïa !
Vous savez où.
À vos genoux,
Je suffoquai, suintant de longues larmes blanches.
Que vous savez;
Et je m'en vais
Depuis, et pour toujours, m'exilant sur ce thème.
Et me confond
Pour vous au fond,
Si Regard Incarné ! si moi-même ! si vraie !
Puisque, après tout,
En ce soir d'août,
Vous avez craché vers l'Art, par-dessus ma tête.
Et sans raison,
Mise en prison,
Très loin, et qu'un geôlier, sur toi, des ans, se vautre.
Avec Paris
Là-bas, fleuri,
Ah ! rêve trop beau ! Paris où je me console.
Qu'on croie à ton
Refus ! et qu'on
Te nourrisse, horreur ! horreur ! horreur ! à la sonde.
À bas, les mains !
Et le bon vin,
Le lait, les ceufs te gavent par cet orifice.
Un interne (aux
Regards loyaux !)
Se trompe de conduit ! et verse, et t'asphyxie.
Cœur rose, pour
Avoir un jour
Craché sur l'Art ! l'Art pur ! sans compter le poète.
Elle m'a dit : " monsieur " en m'enterrant d'un geste;
Elle est Tout, l'univers moderne et le céleste.
Soit ! draguons donc Paris, et ravitaillons-nous,
Tant bien que mal, du reste.
Semblaient parfois des paons prêts à mettre à la voile...
Sans chercher à me consoler vers les étoiles,
Ah ! Je trouverai bien deux yeux aussi sans clés,
Au Louvre, en quelque toile !
D'un cant sur le qui-vive au travers de nos hontes !…
Mais, en m'appliquant bien, moi dont la foi démonte
Les jours, les ciels, les nuits, dans les quatre saisons
Je trouverai mon compte.
Où s'aigrissent des nostalgies de nostalgies !
Eh bien, j'irai parfois, très sincère vigie,
Du haut de Notre-Dame aider l'aube, au sortir,
De passables orgies.
Mais, Elle est ton bonheur ! Non ! je suis trop immense,
Trop chose. Comment donc ! mais ma seule présence
Ici-bas, vraie à s'y mirer, est l'air de Tout :
De la Femme au Silence !
Si ses labours sont fiers, que ses blés décevants !
Tiens, laisse-moi bêler tout aux plis de ta jupe
Qui fleure le couvent.
Toi, jupe, fais frou-frou, sans t'inquiéter pourquoi,
Sois l'œillet bleu de ciel de l'unique théière,
Sois toi-même, à part moi.
Et comme il faut, vraiment ! Et d'ailleurs tu m'es tout.
Tiens, j'aimerai les plissés de ta collerette
Sans en venir à bout.
On peut ne pas l'avoir constamment sur les bras !
Eh bien, ménage au vent ! Soyons Lui, Elle et l'Autre.
Et puis, n'insistons pas.
Mon ami Pierrot,
Filons, en costume,
Présider là-haut !
Ma cervelle est morte,
Que le Christ l'emporte !
Béons à la Lune,
La bouche en zéro.
Brouillez les cartes, les dictionnaires, les sexes.
(Agiter le pauvre être, avant de s'en servir.)
Oui, je suis en taille-douce, comme une estampe.
Déjà se pâme à l'horizon des grèves;
Et c'est l'heure, ô gens nés casés, bonnes gens,
De s'étourdir en longs trilles de rêves !
Corybante, aux quatre vents tous les draps !
Disloque tes pudeurs, à bas les lignes !
En costume blanc, je ferai le cygne,
Après nous le Déluge, ô ma Léda !
Que tu grelottes en rires affreux,
Hop ! enlevons sur les horizons fades
Les menuets de nos pantalonnades !
Tiens ! l'Univers
Est à l'envers...
Lord Pierrot, mais encore ?
Ne voyant que boire à mes lèvres, ou mourir !
Que femme, au plus ravi du Rêve, eût jamais faite !
De vivre de vieux compromis.
Ou la divine dignité ?
Jonglons avec les entités,
Pierrot s'agite et Tout le mène !
Laissez passer, et laissez faire :
Le semblable, c'est le contraire,
Et je me sens, ayant pour cible
Adopté la vie impossible,
De moins en moins localisé !
Lord Pierrot, mais encore ?
Voici qu'il pleut, qu'il pleut, bergères !
Les pauvres Vénus bocagères
Ont la roupie à leur nez grec !
Pierrot sait mal son rôle ?
Bah ! j'irai passer la nuit dans le premier train;
Malheureux comme les pierres. (Bis.)
Nous lui dirons d'abord, de mon air le moins froid :
" La somme des angles d'un triangle, chère âme,
Est égale à deux droits. "
" Dieu reconnaîtra les siens. " Ou piquée au vif :
" Mes claviers ont du cœur, tu seras mon seul thème ",
Moi : " Tout est relatif. "
" Ah ! tu ne m'aimes pas; tant d'autres sont jaloux ! "
Et moi, d'un œil qui vers l'Inconscient s'emballe :
" Merci, pas mal; et vous ? "
Autant à qui perd gagne ! " Alors, autre couplet :
" Ah ! tu te lasseras le premier, J'en suis sûre... "
" Après vous, s'il vous plaît. "
Douce; feignant de n'en pas croire encor mes yeux,
J'aurai un : " Ah ! ça, mais, nous avions De Quoi vivre !
C'était donc sérieux ? "
Ah ! que la Vie est quotidienne...
Et, du plus vrai qu'on se souvienne,
Comme on fut piètre et sans génie...
Dont on s'étonnerait en route,
me ",Qui feraient une fois pour toutes !
Qu'on s'entendrait à travers poses.
Secouer l'exil des causeries;
Et non ! ces dames sont aigries
Par des questions de préséance.
Et, sous le ciel, plus d'un s'explique,
Par quels gâchis suresthétiques
Ces êtres-là sont adorables.
Pour l'aider à chercher sa bague,
Perdue (où dans ce terrain vague ?)
Un souvenir D'AMOUR, dit-elle !
Ma provisoire corybante ?
Je sauce mon âme en tes yeux,
Je ceins ta beauté pénitente,
Où donc vis-tu ? Moi si pieux,
Que tu m'es lente, lente !
Et leurs calices vont se clore,
Sans me jeter leur dernier mot,
Et refouler mes métaphores,
De leur petit air comme il faut ?
Isis, levez le store !
Trop d'avrils, quittant la partie
Devant des charmes moribonds,
J'ai bâclé notre eucharistie
Sous les trépieds où ne répond
Qu'une aveugle Pythie !
Sois sage, distraite égoïste !
D'ailleurs, suppôt d'éternité,
Le spleen de tout ce qui s'existe
Veut qu'en ce blanc matin d'été,
Je sois ton exorciste !
Et ces dolentes pantomimes
Couvrant d'avance du vieux glas
Mes tocsins à l'hostie ultime !
Ah ! tu me comprends, n'est-ce pas,
Toi, ma moins pauvre rime ?
Hallali ! songe au pôle, aspire;
Je t'achèterai des bijoux,
Garde-moi ton ut de martyre...
Quoi ! bébé bercé, c'est donc tout ?
Tu n'as plus rien à dire ?
J'en suis encore aux poncifs thèmes !
Son teint me redevient connu,
Et, sur son front tout au baptême,
Aube déjà l'air ingénu !
L'air vrai ! l'air non mortel quand même !
La chapelle rose
Où parfois J'expose
Le Saint Sacrement
De mon humeur du moment.
Oh ! gardes-en encore un peu
La corolle qu'a compulsée
Un soir d'ennui trop studieux !
Le vent des toits qui pleure et rage,
Dans ses assauts et ses remords,
Sied au nostalgique naufrage
Où m'a jeté ta Toison d'Or.
Dans sa tour,
Le sortilège
De l'Amour;
Et, pris au piège,
Le sacrilège
Geint sans retour.
T'ubiquitait de ses sanglots,
Ô calice loyal mais vide
Qui jouais à me rester clos !
Ainsi dans la nuit investie,
Sur tes pétales décevants,
L'Ange fileur d'eucharisties
S'afflige tout le long du vent.
Dans sa tour,
Le sortilège
De l'Amour,
Et, pris au piège,
Le sacrilège
Geint sans retour.
Qu'il m'est incurable, en tes yeux,
D'écouter se morfondre aux portes
Le vent aux étendards de cieux !
Rideaux verts de notre hypogée,
Marbre banal du lavabo,
Votre hébétude ravagée
Est le miroir de mon tombeau.
Ton discours
Des vains cortèges
De l'humour;
je rentre au piège,
Peut-être y vais-je
Tuer l'Amour !
De corps, tourbillonnants cloaques
Aux mailles de harpes de nerfs
Serves de tout et que détraque
Un fier répertoire d'attaques.
Si ça n'fait pas pitié !
S'assaisonnant de modes vaines,
Il s'admire, ce brave corps,
Et s'endimanche pour sa peine,
Quand il a bien sué la semaine.
Ma bell', nous nous valons.
Dans un décor d'oiseaux, de roses;
Ses tics réflexes d'ingénu,
Ses plis pris de mondaines poses;
Bref, sur beau fond vert, sa chlorose.
Si ça n'fait pas pitié !
Détraquant d'un rien sa machine,
Il ne vit que pour disputer
Ce domaine à rentes divines
Aux lois de mort qui le taquinent.
Ma bell', nous nous valons.
Se drogue, se tond, se parfume,
Se truffe tant, qu'il meurt trop tard;
Et la cuisine se résume
En mille infections posthumes.
Non; ça fait trop pitié.
Ne compte pas pour la Substance,
Dont les déluges corrosifs
Renoient vite pour l'Innocence
Ces fols germes de conscience.
Pour son petit dernier.
Immaculé,
Qui, loin des jupes et des choses,
Pleurait sur la métempsycose
Des lis en roses,
Et quel palais !
Traînant des clés,
Broder aux seuls yeux des étoiles,
Sur une tour, un certain Voile
De vive toile,
Aux nuits de lait !
Loin de Thulé,
Il rama fort sur les mers grises,
Vers le soleil qui s'agonise,
Féerique Église !
Il ululait :
Vous avez tendu votre phare
Aux holocaustes vivipares
Du culte qu'ils nomment l'Amour.
Vous vous sentiez défaillir,
D'un dernier flot d'un sang martyr
Vous lavez le seuil de l'Alcôve !
Vers vos navrants palais polaires,
Dorloter dans ce Saint Suaire
Votre cœur bien en sang,
En le berçant ! "
Tout éperdu,
Vers les coraux et les naufrages,
Le roi raillé des doux corsages,
Beau comme un Mage
Est descendu !
Tournez vos clés !
Une ombre, d'amour pur transie,
Viendrait vous gémir cette scie :
" Il était un roi de Thulé
Immaculé... "
Aux échos,
Quelques fusées reniflent s'étouffer là-haut !
Qu'on s'en donne une fière bosse !
À deux bras,
Peiner, se recrotter dans les labours ingrats,
C'est pas tous les jours jour de fête !
Loin du bal,
Et le piston risque un appel vers l'Idéal....
Et allez donc, mâl's et femelles !
Aux sillons;
La fille écoute en tourmentant son médaillon.
Puisque c'est le sort de la race.
Dans les foins,
Crèvent deux rêves niais, sans maire et sans adjoint.
Tout est un triste et vieux Mystère.
De danser
Sur ce monde enfantin dans l'Inconnu lancé !
Vous me faites bien de la peine.
Les cloches, les cloches,
Chansons en l'air, pauvres reproches !
Bin bam, bin bam,
Les cloches en Brabant !
De l'hôpital à l'Évêché,
Dans ce bon ciel endimanché,
Se carillonnent, et s entêtent,
À tue-tête ! à tue-tête !
Aux allégresses hosannahlles
Des orgues lâchant leurs pédales,
Les tuyaux bouchés par l'encens !
Car il descend ! il descend !
Où flottent la Vierge et les Saints !
Les cloches, leur battant des mains,
S'étourdissent en jeunes gammes
Hymniclames ! hymniclames !
Où Dieu à peine encore s'épelle !
Bondis, Jérusalem nouvelle,
Vers les nuits grosses de rachats,
Où les lis ! ne filent pas !
Nous, les beaux anges effrénés;
Elles, des Regards incarnés,
Pouvant nous chanter, sans blasphème :
Que je t'aime ! pour moi-même !
Oui, oui, l'Idéal les fit fondre
Pour rendre les gens hypocondres,
Vêtus de noir, tendant le poing
Vers un Témoin ! Un Témoin !
Vers ce ciel niais endimanché !
Clame, à jaillir de ton clocher,
Et nous retombe à jamais bête.
Quelle fête ! quelle fête !
Les cloches ! les cloches !
Chansons en l'air, pauvres reproches !
Bin bam, bin bam,
Les cloches en Brabant !
Le vent jusqu'au matin n'a pas décoléré,
Mais, nous point des coteaux là-bas, un œil sacré
Qui va vous bousculer ces paquets de bitume !
Bals de diamants, hanches roses;
Et, bien sûr, je n'étais pas né
Pour ces choses.
Oh ! ces quintes de toux d'un chaos bien posthume.
Qui me tenaient mes gants, serviles,
À cette heure, de mes argents,
Font des piles !
Qui grimpaient talonnés de noirs Misérérés !
Riant, changeant de doigts leurs bagues;
Comme nos plages et nos nuits
Leur sont vagues !
Chantons comme Memnon, le soleil a filtré,
De chambre d'hôtel, fade chambre,
Seul, battu dans les vents bourrus
De novembre.
Des nuages en fuite éponge au loin l'écume.
Qui priais Dieu que je revinsse,
Que fais-tu, mariée là-bas,
En province ?
Et le voilà qui tout authentique s'exhume !
Mon Dieu, que je suis bien malade !
Oh ! notre croisée au soleil
Bon, à Bade.
Saint Sacrement ! et Labarum des Nox iræ
Et bientôt, seul, je m'en irai,
À Montmartre, en cinquième classe,
Loin de père et mère, enterrés
En Alsace.
Comme un tablier de boucher;
Oh ! qui veut aussi m'écorcher !
Ça vous fait le cœur tout nomade,
À cingler vers mille Lusiades !
Vers les comptoirs, les Archipels
Où l'on mastique le bétel !
Qu'il est petit, dans la Nature,
Le chemin d'fer Paris-Ceinture !
(Connu) du bon roi Dagobert;
Oh ! ces matins d'avril en mer !
En vain voudrait-on le fair' taire !
Ah ! nom de Dieu, quelle misère !
Comme un poitrail de chambellan,
J'en demeure les bras ballants;
Je rêvais en plein de lagunes
De Venise au clair de la lune !
Quand on a du dieu sous la peau,
On cuve ça sans dire mot.
De mon spleen monte; j'y digère,
En stylite, ce gros Mystère.
Ta Police, ô Soleil ! malgré tes grands Levers,
Et tes couchants des beaux Sept Glaives abreuvés,
Rosaces en sang d'une aveugle Cathédrale !
Car, depuis que, majeur, ton fils calcule et pose,
Labarum des glaciers ! fais-tu donc autre chose
Que chasser devant toi des dupes de leurs lits ?
Ces piteux d'infini, clignant de gluants deuils,
Rhabillent leurs tombeaux, en se cachant de l'œil
Qui cautérise les citernes les plus rares !
L'autre moitié n'attendait que ta défaillance,
Et déjà se remet à ses expériences,
Alléguant quoi ? la nuit, l'usage, le sommeil...
Pour aller fustiger de rayons ces mortels,
Que nos bateaux sans fleurs rerâlent vers leurs ciels
D'où pleurent des remparts brodés contre l'aurore !
Ces jours où, tes fureurs ayant fait les nuages,
Tu vas, sans pouvoir les percer, blême de rage
De savoir seul et tout à ses aises l'Ennui !
Ta Police, ô Soleil,
malgré tes grands Levers,
Et tes couchants des beaux Sept Glaives abreuvés,
Rosaces en sang d'une aveugle Cathédrale !
Vous dont la mère est morte,
C'est le bon fossoyeux
Qui gratte à votre porte.
C'est sous terre;
Ça n'en sort
Guère.
Vous soldez quelque idylle,
Là-bas chante le coq,
Pauvres morts hors des villes !
Là, le doigt sur la tempe,
Sœur faisait du crochet,
Mère montait la lampe.
C'est discret,
Ça dort
Trop au frais.
Comment va cette affaire ?
Ah ! les petits mort-nés
Ne se dorlotent guère !
Au livre de la caisse,
Entre deux frais de bal :
Entretien tombe et messe.
Cette vie;
Hein, ma mie,
Ô gué ?
Vous dont la sœur est morte,
Ouvrez au fossoyeux
Qui claque à votre porte;
Il viendra (sans rancune)
Vous tirer par les pieds,
Une nuit de grand'lune !
Vent qui rage !
Les défunts ça voyage...
"Quand le bonhomm' revint du bois."
Quand ce jeune homm' rentra chez lui;
Il prit à deux mains son vieux crâne,
Qui de science était un puits !
Crâne,
Riche crâne,
Entends-tu la Folie qui plane ?
Et qui demande le cordon,
Digue dondaine, digue dondaine,
Et qui demande le cordon,
Digue dondaine, digue dondon !
Quand ce jeune homm' rentra chez lui;
Il entendit de tristes gammes,
Qu'un piano pleurait dans la nuit !
Gammes,
Vieilles gammes,
Ensemble, enfants, nous vous cherchâmes !
Son mari m'a fermé sa maison,
Digue dondaine, digue dondaine,
Son mari m'a fermé sa maison,
Digue dondaine, digue dondon !
Quand ce jeune homn' rentra chez lui;
Il mit le nez dans sa belle âme,
Où fermentaient des tas d'ennuis !
Ma belle âme,
Leur huile est trop sal' pour ta flamme !
Puis, nuit partout ! lors, à quoi bon ?
Digue dondaine, digue dondaine,
Puis, nuit partout ! lors, à quoi bon ?
Digue dondaine, digue dondon!
Quand ce jeune homm' rentra chez lui;
Il vit que sa charmante femme,
Avait déménagé sans lui !
Dame,
Notre-Dame,
Je n'aurai pas un mot de blâme !
Mais t'aurais pu m'laisser l'charbon
Digue dondaine, digue dondaine,
Mais t'aurais pu d'laisser l'charbon,
Digue dondaine, digue dondon.
Lors, ce jeune homme aux tels ennuis,
Alla décrocher une lame,
Qu'on lui avait fait cadeau avec l'étui !
Lame,
Fine lame,
Soyez plus droite que la femme !
Et vous, mon Dieu, pardon ! pardon !
Digue dondaine, digue dondaine,
Et vous, mon Dieu, pardon ! pardon !
Digue dondaine, digue dondon!
Quand les croq'morts vinrent chez lui;
Ils virent qu' c'était un' belle âme,
Comme on n'en fait plus aujourd'hui
Âme,
Dors, belle âme !
Quand on est mort c'est pour de bon,
Digue dondaine, digue dondaine,
Quand on est mort c'est pour de bon,
Digue dondaine, digue dondon !
"Qu'allais-tu faire à la fontaine ? "
Corbleu, ma moitié,
Qu'alliez-vous faire à la Mad'leine ?
Mon Dieu, mon ami;
J'allais prier pour qdun fils nous vienne.
Corbleu, ma moitié !
Vous vous teniez dans un coin debout.
Mon Dieu, mon ami;
Pas d'chaise économis' trois sous.
Corbleu, ma moitié !
D'un officier, j'ai vu la tournure.
Mon Dieu, mon ami;
C'était ce Christ grandeur nature.
Corbleu, ma moitié !
Les Christs n'ont pas la croix d'honneur.
Mon Dieu, mon ami;
C'était la plaie du Calvaire au cœur.
Corbleu, ma moitié !
Les Christs n'ont qu'au flanc seul la plaie !
Mon Dieu, mon ami;
C'était une goutte envolée.
Corbleu, ma moitié !
Aux Crucifix on n' parl' jamais !
Mon Dieu, mon ami,
C'était du trop d'amour qu' j'avais !
Corbleu, ma moitié,
Et moi jte brûl'rai la cervelle !
Mon Dieu, mon ami,
Lui, il aura mon âme immortelle !
Sous l'aigre averse qui clapote,
Un chien aboie aux feux follets,
Et puis se noie, taïaut, taïaut !
La Lune, voyant ces ballets,
Rit à Pierrot !
Falot ! falot !
Un train perdu, dans la nuit, stoppe
Par les avalanches bloqué;
Il siffle au loin ! et les petiots
Croient ouïr les méchants hoquets
D'un grand crapaud !
Falot, falot !
La danse du bateau-pilote,
Sous l'œil d'or du phare, en péril !
Et sur les steamers, les galops
Des vents filtrant leurs longs exils
Par les hublots !
Falot, falot !
La petite vieille qui trotte,
Par les bois aux temps pluvieux,
Cassée en deux sous le fagot
Qui réchauffera de son mieux
Son vieux fricot !
Falot, falot !
Sous sa lanterne qui tremblotte,
Le fermier dans son potager
S'en vient cueillir des escargots,
Et c'est une étoile au berger
Rêvant là-haut !
Falot, falot !
Le lumignon au vent toussotte,
Dans son cornet de gras papier;
Mais le passant en son pal'tot
Ô mandarines des Janviers,
File au galop !
Falot, falot !
Un chiffonnier va sous sa hotte;
Un réverbère près d'un mur
Où se cogne un vague soulaud,
Qui l'embrasse comme un pur,
Avec des mots !
Falot, falot !
Et c'est ma belle âme en ribotte,
Qui se sirote et se fait mal,
Et fait avec ses grands sanglots,
Sur les beaux lacs de l'Idéal
Des ronds dans l'eau !
Falot, falot !
N'est le droit ou le gauche, et l'Espace, dans un
Va-et-vient giratoire, y détrame les toiles
D'azur pleines de cocons à fœtus d'Étoiles.
Et nous nous blasons tant, je ne sais où, les deux
Indissolubles nuits aux orgues vaniteux
De nos pores à Soleils, où toute cellule
Chante : Moi ! Moi ! puis s'éparpille, ridicule !
Infaillible. C'est pourquoi nous nous perdons tant.
Où sommes-nous ? Pourquoi ? Pour que Dieu s'accomplisse ?
Mais l'Éternité n'y a pas suffi ! Calice
Inconscient, où tout cœur crevé se résout,
Extrais-nous donc alors de ce néant trop tout !
Que tu fisses de nous seulement une flamme,
Un vrai sanglot mortel, la moindre goutte d'âme !
Tours, sûrs de la surdité des humains échos.
Que ne suis-je indivisible ! Et toi, douce Espace,
Où sont les steppes de tes seins, que j'y rêvasse ?
Quand t'ai-je fécondée à jamais ? Oh ! ce dut
Être un spasme intéressant ! Mais quel fut mon but ?
Je t'ai, tu m'as. Mais où ? Partout, toujours. Extase
Sur laquelle, quand on est le Temps, on se blase.
Voyage vers ta bouche, et pas plus à présent
Que toujours, je ne sens la fleur triomphatrice
Qui flotte, m'as-tu dit, au seuil de ta matrice.
Abstraites amours ! quel infini mitoyen
Tourne entre nos deux Tours ? Sommes-nous deux ? ou bien,
(Tais-toi si tu ne peux me prouver à outrance,
Illico, le fondement de la connaissance,
Souffler le Doute, songe d'un siècle d'été.)
Suis-je à jamais un solitaire Hermaphrodite,
Comme le Ver Solitaire, ô ma Sulamite ?
Ma complainte n'a pas eu de commencement,
Que je sache, et n'aura nulle fin; autrement,
Je serais l'anachronisme absolu. Pullule
Donc, azur possédé du mètre et du pendule !
Des pollens des soleils d'exil, et de l'engrais
Des chaotiques hécatombes, l'automate
Universel où pas une loi ne se hâte.
Nuls à tout, sauf aux rares mystiques éclairs
Des Élus, nous restons les deux miroirs d'éther
Réfléchissant, jusqu'à la mort de ces Mystères,
Leurs Nuits que l'Amour distrait de fleurs éphémères.
Un air divin, et qui veut que tout s'aime,
S'in-Pan-filtre, et sème
Ces vols d'oasis folles de blasphèmes
Vivant pour toucher quelque part un Cœur…
Chronomètres, réveils, coucous;
Faut remonter ces beaux joujoux,
Œufs à heures, mouches du coche,
Là-haut s'éparpillant en cloches...
Grince, musique
Hypertrophique
Des remontoirs !
Et que le Temps, qu'on ne sait où saisir,
Oui, pour l'avertir !
Sarcle à jamais les bons soleils martyrs,
Ô laps sans digues des nuits du Mystère !…
Escadrons d'insectes d'acier,
En un concert bien familier,
Jouez sans fin des mandibules,
L'Homme a besoin qu'on le stimule !
De la musique
Hypertrophique
Des remontoirs !
Vous, tout comme nous, nerfs de la nature,
Vous n'avez point cure
De ce que peut être cette aventure
Les mondes penseurs s'errant au Soleil !
En trois mil six cents coups de dents,
De nos parts au gâteau du Temps
Ne faites qu'un hâchis immonde
Devant lequel on se morfonde !
De la musique
Hypertrophique
Des remontoirs !
Lui mettre le nez dans son Œuvre, un peu !
Et cesser ce jeu !
C'est vrai, la Métaphysique de Dieu
Et ses amours sont infinis ! mais, dire…
Voir les tableaux lents des Saisons
Régir l'écran des horizons,
Comme autant de belles images
D'un même Aujourd'hui qui voyage ?
Grince, musique
Hypertrophique
Des remontoirs !
Mon Cœur, cancer sans cœur, se grignote lui-même.
Oh ! chut, refrains de leurs berceaux ! et vous, parfums…
Se lardent sans répit de divines ratures.
De ce vin revomi, l'universel dégoût.
Qui d'empires de rêve en vain se rassasie.
Qu'étreint la pieuvre Spleen en ses ventouses d'or.
A noyé sans retour l'averse qui s'embête.
Que traînent au néant l'instinct et le hasard.
Qui, me sachant défunt, s'obstine à sonner l'heure !
Je l'ai trop fait souffrir, ça ne peut plus aller.
Présente à tout baiser une armure de vide.
En revient à sa complainte : Aimer, être aimé !
est un bonheur qu'on ne retrouvera plus. (Corinne ou l'Italie.)
Une cloche angéluse en paix
L'air exilescent et marâtre
Qui ne pardonnera jamais.
Là-bas, au talus des remparts,
Se profile une haridelle
Convalescente; il se fait tard.
Sur ce refrain bien impuissant,
Sans songer que je suis bien bête
De me faire du mauvais sang.
Un cœur d'enfant bien élevé,
Et pour un cerveau magnifique
Le mien n'est pas mal, vous savez !
J'ai voulu vivre un brin heureux;
C'était trop demander, faut croire;
J'avais l'air de parler hébreu.
Lorsque j'y songe, en vérité,
J'en ai des sueurs de faiblesse,
À choir dans la malpropreté.
Éperdument pourtant, mon Dieu !
Et si quelqu'une veut ma vie,
Moi je ne demande pas mieux !
Plonge, être, en leurs Jourdains blasés,
Deux frictions de vie courante
T'auront bien vite exorcisé.
Tenez, peut-être savez-vous
Ce que c'est qu'une âme hypocondre ?
J'en suis une dans les prix doux.
Et tandis que tu prends le thé,
Là-bas, dans l'or d'un fier septembre,
Je frissonne de tous mes membres,
En m'inquiétant de ta santé.
(Vie de Pascal par Mme PÉRIER.)
Je me plains aux dessins bleus de ma couverture,
Cette dame d'en face auscultant les passants :
En serait-elle moins, ce soir, à sa fenêtre ?…
Des nuits où piaule en longs regrets le chat-huant !
Puis s'abat, sans avoir fixé sa destinée.
Que la vie est égale; et le cœur endurci !
Mais maintenant, je sais ce qu'il me reste à faire.
Elles vous sourient avec âme, et puis bonsoir,
Le canevas ingrat de leur âme à la mode;
Pour les christs déclassés et autres gens suspects.
Que me serait un baiser sur sa bouche ferme !
Pu, ce me semble, mon bon cœur étant connu…
Ô Cœur d'or pétri d'aromates littéraires,
Et qu'il faut procéder d'abord par demi-deuils…
Sont passées à l'état de chagrins domestiques;
Du moins, pendant un an ou deux à l'étranger…
Torrides, m'en aller à petites journées,
Aveuglé des maisons peintes au lait de chaux…
Que j'en ai des comptoirs, des hamacs de rechange !
Convalescence bien folle, comme on peut voir.
Autant dire aux soleils : fêtez vos centenaires.
Comme à cette dînette unique Tout concourt;
Les trucs Inconscients dans leur œuf, à la coque.
D'Exécuteur des hautes œuvres de la Loi;
Pour l'art, sans espérer leur ut d'hostie ultime.
Sera d'une farine aux levains inédits.
Et l'Orgue juvénile à l'aveugle improvise.
Cancans, et fadeur d'hôpital du même lit,
Vivre à deux seuls est encore le moins imbécile.
Les passants, les mots, les choses, les firmaments.
D'une fugue, d'un mot, d'un ton, d'un air de tête.
Trouve, tels les ballons, l'Irrespirable Noir.
Tout est écrit et vrai, rien n'est contre nature.
Ô parfums, ô regards, ô fois ! soit, j'essaierai;
Suis-je pas dans l'un des plateaux de la balance ?
Rime et sois grand, la Loi reconnaîtra les siens.
D'Occident ! va faire une pleine eau dans le Gange.
Mais ! gisements d'instincts, virtuels paradis,
Actif ? passif ? ô pelouses des Défaillances,
Infini sans foyer, forêt vierge à tous crins !
Oh ! les velléités, les anguilles sous roche,
Les vœux sans état civil, ni chair, ni poisson !
Et les métaux qui font loucher nos spectroscopes !
En prurit, s'éparpille assiéger les hauteurs;
Ou font un feu d'enfer dans leurs laboratoires !
Reconnaîtra les siens : il est aveugle et sourd.
Aux concurrences des êtres sans droits, sans terme.
Et voilà la piété, l'amour et le bon goût.
Si la Terre ne veut sécher, qu'elle s'y baigne !
À la grâce des divines sélections.
Mancenillier, sous qui, mes bébés, faut qu'on dorme !
Ses feuilles mortes, qui tombent de temps en temps.)
Lévite félin aux égaux ronrons lyriques,
Où serais-je à présent, pour tel coche manqué ? "
Aux riches flirtations des pompes argutiales,
Sirote chaque jour ta tasse de néant;
Blancs ou deuil, bref calice au vent qu'un rien parfume.
Mon cœur, ah ! mon sacré-cœur, s'il ne rime à rien ? "
Ce que tu fus, dans l'à jamais, avant de naître ?
Grouillera, te laisse aussi pieusement froid.
Qui saura te choser, va, sans que tu t'en doutes.
Mais ton cercueil sera sa mort ! et ctera.
Soit de vivre sans but, fou de mansuétude.