A.

A. — Cette voyelle est souvent employée comme affixe au-devant de certains mots. Ainsi nos paysans disent : une Ajument, pour une jument: des Aliqueurs pour des liqueurs; j'ai de l'argent bien Aplacé, pour bien placé, etc.

Cet emploi de la lettre A se retrouve dans beaucoup de mots de l'ancien langage français. Ainsi on disait :

Acomparer pour Comparer.

Regnault, ami, pourrait-on mieulx
Acomparer
Deux loyaulx amis.

(Oeuvres du roi René, publiées par M. de Quatrebarbes, tome 2, page 126.

Aconter pour Conter.

Une noveles vos ving je Aconter.

(Roman de Girard de Viane, édit. Tarbé, page 34.)

Adompter pour Dompter.

On peult Adompter ung lion, tant soit-il sauvaige.

(Eclaircissement de la langue française en 1530, par l'Anglais Palsgrave.

— Edit. Génin, p. 605.)

Aguetter pour Guetter.

Je l'ai Aguayté ces dix nuits, pour lui faire quelque desplaysir.

(Id., ibidem. page 605)

Amesurer pour Mesurer.

Et toutes les griefs passions
C'om peut en ce ciècle endurer,
Ne se peuvent Amesurer.
(Le Miracle de saint Ignace.

— Théâtre français au Moyen-Age, publié par Fr. Michel, p. 282.)

Avision pour Vision.

En son dormant it une Avision

(Roman de Girard de Viane, page 113.)

Assavoir pour Savoir (Voyez ce mot). — Acousiner pour Cousiner, etc.

[...]

ABOMINER. — V. a., détester, avoir en aversion, en horreur.

L'Académie qui admet le substantif Abomination et l'adjectif Abominable, a laissé le verbe de côté, on ne sait trop pourquoi. Il semble cependant qu'avec une recommandation comme celle de Montaigne (fût-elle la seule!) un mot ne devrait pas, aussi longtemps, faire antichambre à la porte du dictionnaire.

Si les princes sont touchés de veoir le monde bénir la mémoire de Trajan et abominer celle de Néron...

(Montaigne. — Essais, livre II, chap. xvi)

ADRILLIER. — S. m. Alisier (Sorbus torminalis. — Crantz), arbre de la famille de pomacées.

Les paysans s'en servent pour faire des gaules à battre les noix, des aiguillons ou pique-boeufs, etc.

AFFILEE (D') — Loc. adv. De file, sans s'arrêter, tout d'une haleine. J'ai travaillé cinq heures d'affilée; faire trois lieues d'affilée.

[...]

AGOURER (S'). — V. pron. S'accroupir, s'acagnarder, s'asseoir sur les talons. — Cette femme est toujours à s'agourer près du feu.

On dit aussi : S'agrouer.

AGUAGE. — S. m. (du latin Aqua.) Barrage en maçonnerie avec porte mobile en bois pour arrêter l'eau dans les ruisseaux et la détourner vers les prairies riveraines.

On a aussi appelé Aiguage tantôt un droit que l'on payait afin d'avoir de l'eau pour l'arrosage des terres, tantôt le canal conducteur de ces eaux d'arrosage.

[....]

AMASSER. — V. n. Entrer en suppuration. Se dit par exemple, lorsque, par suite de l'introduction d'une épine dans un doigt, il s'établit sur ce doigt de petits abcès ou points purulents. On dit alors que le doigt amasse.

On dit aussi amasser chaud pour prendre chaud. En courant, j'ai amassé chaud et je suis tout en age. [1]

[...]

APPORT. — S. m. Nom donné aux fêtes de village, principalement dans les cantons de Pionsat, de Saint-Gervais et de Montaigut. C'est ce que dans le Midi on appelle une vogue.

Anciennement, le mot apport servait à désigner une grande affluence, un grand concours de personnes. Une fête était un apport; un marché était aussi un apport. Mais c'est surtout dans ce dernier sens, dans le sens de marché où l'on apporte des marchandises, que ce mot était usité généralement, et qu'il figure encore dans le Dictionnaire de l'Académie Française. Ainsi, Paris avait un marché ou apport qu'on appelait l'Apport de Paris près du Grand-Châtelet. Clermont avait aussi son apport dont la rue actuelle du Port indique évidemment par son nom le véritable emplacement.

[...]

ARBALAN. — S. m., se dit d'un homme vaniteux, hâbleur, plein de forfanterie grossière.

Peut-être est-ce le même mot qu'averlan que Rabelais (Livre 1, chap. xxv), emploie dans le sens de maquignon grossier et menteur?

[...]

ASSAVOIR. — V. a. Savoir. Il n'est pas une publication qui ne commence par ces mots de rigueur : On fait assavoir. Beaucoup de personnes, suivant en cela l'exemple de l'Académie écrivent : on fait à savoir, ce qui ne signifie rien.

Le verbe assavoir est la forme ancienne du verbe savoir qui nous est resté; et, c'est dans le sens de savoir qu'il est employé dans les vieux auteurs;

Et lettres d'or appertement
Qui faisaient assavoir
Que par ce signe il doit avoir
Victoire de ses ennemis.

(Oeuvres de Ph. de Vitry, page 131.

Que o faray assaber à la cort del senhor rey, et à vos senhors cossols.

(Le livre des Serments de Montpellier.
— Petit Thalamus, page 264).

L'ung des poursuivans de la compagnie du Roy d'armes... doibt crier... :
On fait assavoir à tous princes, seigneurs, barons, chevaliers, et escuiers...

(Traietié de la forme et devis d'ung tournoy.
Oeuvres du roi René, tome II, page 9.)

 

 

B.

BAABIE. — Sobriquet par lequel on désigne les habitants de Riom.

Ce mot paraît être une corruption du nom d'AMABLE que portent la plupart des habitants de Riom, en souvenir de saint Amable, patron de la ville. — Peut-être aussi la consonnance allongée de la première syllabe de ce sobriquet veut-elle rappeler l'accent traînard des Riomois?

[...]

BACHOLLE. — S. f. Vaisseau de bois presque ovale, à ouverture évasée, et à deux anses ou oreilles droites. On s'en sert principalement pour le transport de la vendange.

Et après mist les raisins en ses Bacholes

(Titre de 1415. — Ducange . au mot Bacholata.)

Ailleurs on appelle cet ustensile Tine, Gerle, ou Jarle, Cornue, en Dauphiné Benne, et, à Brives, Comporte. La Tine diffère de la Bacholle en ce qu'elle a deux oreilles de bois perpendiculaires qui ont trouées et dans lesquelles on passe un gros bâton ou levier pour porter la Tine sur les voitures et la décharger.

Bacholle vient peut-être du nom de Bacchus, le dieu du vin.

Les Bacholles employées à Clermont contiennent d'ordinaire 90 litres ou six pots. — Autrefois, elles contenaient jusqu'à 105 litres ou sept pots.

BANNE. — S. f. (du celtique Bann ; jet, pousse, drageon). Corne. — Ce mot, très-usité en patois dans son sens propre, n’est guère employé avec la forme française que dans un sens figuré. Il sert à désigner certaines montagnes à pointes angulaires et à sommets abruptes. Ainsi, il y a : la Banne d’Ordenche, dans les Mont-Dore, au-dessus de Laqueuille ; le puy de Banne, près de Lempdes ; la Banne de Boucaud, près d’Herment, etc.

Banne s’emploie encore dans le sens de tente destinée à préserver du soleil la devanture des magasins.

Il ne pourra être établi de bannes ou tentes au-devant des maisons bordant la voie publique, si ce n’est en vertu d’autorisations….

(Règlement de voirie de la ville de Clermont, du 25 novembre 1853, art. 19.)

BARAGNE. — S. f. N’est employé que dans cette locution : Courir les Baragnes; c’est-à-dire vagabonder, courir çà et là sans but déterminé; c’est à peu près le même sens que Courir la prétentaine

Peut-être est-ce le mot Brehaigne ou Baraigne, stérile, impuissant? Courir les Baragnes signifierait alors, en propre : Faire des courses inutiles, sans résultat fructueux.

[…]

BARCELLE. — S. f. Tombereau à deux roues dont on se sert dans la Limagne et qui est ordinairement traîné par des bœufs ou des vaches.

« Il est de ces tombereaux dont la caisse et le timon sont tout d’une pièce et que l’on ne peut renverser en arrière pour les décharger qu’après les avoir dételés. D’autres sont à timon mobile articulé avec la caisse et peuvent être aisément basculés. On pourrait considérer ce véhicule aussi bien comme un charrette que comme un tombereau ; il remplit en effet ce double office, les côtés antérieurs et postérieurs de la caisse pouvant être à volonté posés et déplacés. »

(Budet-Lafarge. — Agriculture du Puy-de-Dôme, page 48.)

[…]

BEAL. — S. m. Canal de dérivation qui conduit l’eau du ruisseau au moulin. — On appelle encore béal ou bief, le canal destiné à répartir dans les prés les eaux d’un ruisseau : c’est le canal d’où partent les rases d’irrigation.

Un pré…, contenant une œuvre de pré ou entour, jouxte le beyal du moulin…

(Titre de 1569, concernant la communauté des Monérias
de Peschadoires près Thiers, publié
par M. Doniol).

On dit aussi en Auvergne, dans le même sens, bellière. Ces mots viennent du latin vehere, transporter, par le changement du V en B.

BECHILLER. — V. a. Manger à petites bouchées, par petits morceaux, comme quelqu’un qui n’a pas faim ; becqueter pour ainsi dire.

C’est un diminutif de becquer ou plutôt becher ou béchier, synonymes de becqueter.

Ils voulayent toujours returner au nid, pensans que la mère les deust tousjours nourrir à la bechée.

(B. Desperiers. — Joyeux devis, Nouv. 87)

Gelines et… pocins
Ils me venaient pouiller
Et, entre les jambes, bechier.

(Roman du renart. — Vers 13021).

[…]

BERTAIRE. S. m. On appelle Bertaires les journaliers qui, à l’époque des vendanges, transportent les raisins dans les Bacholles à l’aide de Hottes ou Bertes.

BERTE. — S. f. Hotte ou panier en osier que les cultivateurs portent sur le dos, soit au moyen de bretelles passées sur le épaules, soit à l’aide de bras ou leviers en bois que les épaules supportent et que les mains retiennent.

Le mot roman Bers, qui signifiait claie d’osier, paraît être le radical de Berte, comme il l’est de Berceau.

[…]

BIAUDE. — S. f. Blouse, sorte de vêtement, de tunique. Se dit quelquefois aussi d’une redingote à longues basques.

J’aime mex voir sa belle taille
Sous la Biaude qui lui baille.

(Tabourot. — Bigarrures du Seigneur des Accords, liv. iv, ch. iii)

Jehan Gobin, couvert d’un ptit Byaut, ainsi comme tout nuz.

(Titre de 1384. — Ducange : Bialdum)

On disait plus souvent autrefois Bliaut (de la basse latinité Blialdus)

Vest un Blaut qui bellement li sied.

(Roman de Garin Le Loherain).

[…]

BOURRASSE. — S. f. Lange en laine dont on enveloppe les enfants nouveaux-nés.

Sau meilhour drapeaux son rou,
N’a ma una Bourasse
De quoque tro de bezasse.

(Noël patois. — Album auvergnat, p. 84)

On appelle aussi quelquefois bourrasses l’ensemble des langes qui servent à emmaillotter un enfant.

[…]

BRAYAUD. — S. m. BRAYAUDE. — S. f. On donne presque exclusivement ce nom aux habitants des communes voisines de Riom et de Combronde : Chatelguyon, Saint-Hippolyte, Saint-Bonnet, Davayat, Beauregard, etc., qui, les dernières en Auvergne, ont conservé les costumes primitifs : pour les hommes, la veste courte ; les longs cheveux, le chapeau à larges bords, et la braye ou culotte en laine blanche ; et, pour les femmes, la coiffe blanche qui leur donne l'aspect de religieuses. — Malheureusement pour ceux qui aiment la couleur locale, ces costumes disparaissent peu à peu tous les jours. Les brayauds s'en vont.

Brayaud veut dire proprement : vêtu de brayes ou espèce de culotte large qui couvre depuis la ceinture jusqu’aux genoux.

Le mot brayes, qui est peu usité, du reste, s’est maintenu dans une locution assez répandue. On dit de quelqu’un qui est sorti sans encombre d’une mauvaise affaire : Il en est sorti les brayes nettes.

Ils n’en ont pas tiré leurs brayes nettes : ils y ont laissé de leurs plumes.

(La Comédie des Proverbes. — Ancien Théâtre Français, tome IX, p. 80)

[…]

BUGHE. — S. f. Pacage, pâturage, situé souvent près de la maison d’habitation ; c’est presque toujours un lieu inculte où l’herbe a poussé naturellement. Bughe ou Bouge a même été employé autrefois comme synonyme de jachère.

Comme le suppliant accompaigné d’un varlet de son père, estait en une pièce de terre en bouge… pour icelle labourer.

(Titre de 1444. — Ducange au mot Boagium)

Quelquefois par Bughe on entend une prairie basse et humide. — Presque toutes les communes ont des terroirs ou lieux dits qui portent le nom de Bughe. Notons entr’autres, la prairie des Bughes, au nord de Clermont.

BURON. — S. m. On appelle ainsi une espèce de cabane ou de niche à moitié enfouie dans la terre, qui, dans nos montagnes, sert à la fois d’habitation aux pâtres chargés de la surveillance des troupeaux de vaches, de magasin pour le laitage et d’atelier pour la confection de ces énormes fromages, appelés Fourmes.

La dénomination de buron donnée à ces cabanes, n’est usitée que dans les cantons de Rochefort, Besse, Ardes, Champeix.

« Le buron est quelquefois assez solidement construit, mais il en est bon nombre dont les murs sont remplacés par des clayonnages en bois surmontés de toits couverts de plaques de gazon prises sur le pâturage même. »

(Budet-Lafarge, page 206)

« L’intérieur de ces huttes pastorales est divisé en trois loges ; la première est destinée à faire le feu, afin que la fumée trouve plus facilement la porte ; la seconde renferme les instruments nécessaires aux fonctions de vacher-fromager, et la troisième sert de logement aux pâtres qui couchent dans des espèces de boîtes ou tiroirs de sapin doublés en paille ou en bruyère. On dépose aussi les fromages nommés fourmes, quand ils sont à peu près finis. »

(Lecoq. — Le Mont-Dore et ses environs, page 178).

Nous ne connaissons pas d’un manière certaine l’origine et l’étymologie du mot Buron. On le trouve dans Rabelais et dans d’autres auteurs anciens avec la signification de petite maison, cabane, et, assez souvent, taverne.

Veu que je n’ay rente, maison ny buron..

(Ancien Théâtre français, tome vii, p. 258).

M. Jaubert (Glossaire du Centre de la France), le fait venir du mot bure, employé autrefois adjectivement dans le sens de sombre, noirâtre. « La couleur sombre, ajoute-t-il, du buron de l’Auvergne, le plus souvent construit de roches volcaniques, et, nous devons l’avouer, sa saleté habituelle, justifieraient cette étymologie. »

Cette origine attribuée au mot de buron n’est pas sérieuse ; nous avons déjà vu qu’il y avait des burons construits autrement qu’avec des roches volcaniques.

Si buron n’avait jamais eu que la signification qu’il a en Auvergne, il faudrait faire remonter son origine au mot bure employé dans le sens de beurre, comme dans ce passage :

Offrirent à David riches draps de lit…, e bure, e oeilles…

(Les Quatre Livres des Rois, publiés par Leroux de Lincy
dans la collection des documents inédits, page 185)

Mais en présence de la signification qu’on lui attribuait jadis, peut-être est-on plus fondé à faire dériver buron du mot bure, qui désignait (comme nous l’avons déjà dit au mot Buie), une cruche, un pot à vin ! — Les tavernes ayant presque toutes une cruche ou bure pour enseigne, on les appela buron ; de même qu’aujourd’hui on appelle bouchons certains cabarets indiqués au public par une poignée, un bouchon de feuillage.

BUVEE.— S. f. Espèce de pâtée ou de soupe que l’on donne aux vaches dans les pâturages des montagnes d’Ambert. La buvée se compose ordinairement de farine d’orge ou simplement de son mélangé avec des tourteaux de colza que l’on a fait bouillir dans de l’eau. On y fait aussi entrer du petit lait et des feuilles de chou.

(Voyez le Bulletin agricole du Puy-de-Dôme, année 1860, page 340).

 

 

C.

CAFINIOTER (se). — V. pron. Se blottir dans un petit coin, se rencogner dans un petit espace.

[…]

CHALAILLE. — S. f. Tige desséchée de pois et de fèves. — C’est un diminutif du mot challe, qui signifiait écorce et dont nous avons fait cale.

CHALET. — S. m. Lampe commune qui se suspend soit à la muraille, soit à une tige de bois fixée au plafond. Presque tous les paysans se servent de cet ustensile. C’est à la lueur du chalet que, pendant l’hiver, les veillées se tiennent dans les étables.

Le baston à quoy l’on pend le chalail ou crasset, les soirs, pour alumer en la maison.

(Titre de 1475. — Ducange au mot Crassa).

CHARVAILLER. — V. a. Patouiller, manier salement, détériorer. — Un enfant qui fourre ses mains dans un panier de raisins, prend plaisir à les tripoter, à les margouiller, à les charvailler. Se dit à Riom.

CHAT. — S. m. Refus éprouvé par un jeune homme qui demande une jeune fille en mariage. — Il en est à son second chat, c’est-à-dire, voilà deux demoiselles dont la main lui a été refusée.

Il y a une grande analogie entre cette locution et celle d’emporter le chat que l’on emploie ailleurs dans le sens de s’en aller sans payer ou sans dire adieu. Un galant éconduit, en effet, ne perd pas ordinairement son temps en civilités et en politesses. — Quant à ceux qui s’en vont sans payer, on dit qu’ils mettent la clef sous la porte.

[…]

CHAUCHER. — V. a. (du latin calcare, fouler avec force.), inquiéter, tourmenter, vexer. — Voilà une affaire qui me chauche.

CHAUD ou CHAUX. — S. f. On désigne sous ce nom les plateaux ou montagnes à sommet aplati.

Parmi les principales hauteurs ainsi dénommées, nous citerons : La Chaud de Perrier près Issoire, célèbre par son gisement de fossiles ; La Chaud de Corent, au-dessus du village de ce nom, près les Martres de Veyre ; La Chaux-Montgros, près Vic-le-Comte ; le puy de Hautechaux, dans la chaîne du Mont-Dore, etc.

[…]

CHEIRE. — S. f. On appelle ainsi les champs de lave formée par la surface des coulées volcaniques modernes.

Il est à remarquer qu’en Sicile, on désigne ces mêmes coulées de lave sous le nom de Sciarra qui se rapproche beaucoup de l’expression auvergnate [2]

L’aspect des cheires est très-remarquable ; et, tout d’abord, on est saisi du caractère triste et désolé que présente leur surface inculte où quelques herbes maigres et chétives et des broussailles rabougries, ne peuvent parvenir à cacher entièrement la teinte grisâtre de la lave. Cette surface est loin d’être unie. Elle offre une succession de monticules et de dépressions ; elle est presque toujours hérissée de rocs bizarres, contournés et scorifiés, de pointes, de dents et de cornes, de telle sorte qu’elle donne l’idée d’une mer violemment agitée qu’un phénomène imprévu aurait congelée et pétrifiée subitement.

Les coulées ou cheires les plus remarquables du département du Puy-de-Dôme, sont : la coulée du Puy de la Vache, qui, en barrant le cours d’un ruisseau, a donné naissance au lac d’Aydat ; c’est cette coulée qui s’étendant jusqu’aux portes de Saint-Amand Tallende, avait valu à cette petite ville le nom qu’elle portait autrefois, celui de Saint-Amand la Cheire. — La cheire du Puy de Côme, un des plus grands volcans modernes de la contrée. Cette cheire est la plus étendue, la plus raboteuse, et, sans contredit, la plus curieuse de toutes. C’est sur un de ses points, non loin de Pontgibaud, que l’on rencontre les trous à glace, où la glace se forme au mois de juillet, d’autant plus abondamment que les chaleurs de l’été sont plus vives. C'est dans les mêmes parties de cette cheire que se trouvent aussi, près du domaine de Tournebise, les ruines ou vestiges de ce qu'on appelle les Chazalous ou le camp des Sarrasins. La tradition veut que ce lieu ait servi de refuge à une tribu de Sarrasins poursuivie et traquée par les troupes victorieuses de Charles-Martel.

Citons enfin la cheire non moins intéressante de Brulavé ou de Volvic, dont la lave sortie du cratère de Nugère, est activement exploitée et employée comme pierre de taille, sous le nom de pierre de Volvic.

[…]

CHEZAL. — Maison en ruines, masure, décombres.

Le suppliant et ses varlés se mirent en une vieille masure ou chasal, près dudit hostel.

(Titre de 1392. — Ducange au mot Casalenum).

Nous avons déjà parlé (Voyez Cheire), de vestiges d’un ancien campement désigné par le nom de chazalous ou petits chazaux.

Les noms de Chezal et Chazal sont aussi très-répandus comme noms de familles…

[…]

CHUQUET. — S. m. Diminutif de chuc, mais beaucoup plus employé que lui.

C’est un monticule, une butte, une hauteur moins élevée que celle que l’on nomme puy. — Parmi les hauteurs ainsi qualifiées, on peut citer le Chuquet Genestoux et le Chuquet Couleyre qui sont situés à peu de distance de la base orientale du puy de Dôme ; le Chuquet de Mouilleboux, butte basaltique située près du village de Chanat, commune de Nohanent ; le Chuquet du Son, non loin des mines d’Angle, canton de Rochefort, etc.

La signification conservée en Auvergne à ces deux mots chuc et chuquet, que l’on prononce souvent tsuc et tsuquet, est du reste en parfait accord avec celles attribuées aux mots suc et zuquet, dans les anciennes poésies romanes. Ces deux mots sont, en effet, mentionnés par Rochefort et Raynouard, comme voulant dire : chef, crâne, sommet de la tête. La seule différence entre le mot roman et l’expression auvergnate, c’est que l’un est employé dans son sens propre, tandis que l’autre n’est en usage qu’au figuré.

Del zuquet tro al talon
Li fai complida garnison.

(Deudes de Prades.
Poème manuscrit sur les vertus).

Traduction. — De la nuque jusqu’au talon, il lui fait complet équipement.

[…]

COIMBRE. — S. m. Petit morceau de cuivre. Les gamins appellent ainsi les débris de cuivre, les vieux clous et les épingles qu’ils ramassent dans les ruisseaux des rues.

L’usage de chercher dans les rigoles n’est du reste pas nouveau :

Je les veyz tous occupés à chercher des espingles rouillées et vieulx clous parmi les ruisseaux des rues, comme vous voyez que font les cocquins en ce monde.

(Rabelais. — Pantagruel, liv. II, chap. xxx)

[…]

COMBIEN. — Adv. Beaucoup. Ne se place qu’à la fin de la phrase : il est riche combien.

[…]

COMME. — Prop. Avec, en même temps que. Je suis venu comme lui.

COMME RIEN. — COMME TOUT. — Loc. Ces expressions sont fréquemment employées dans le sens de : aucunement, point du tout ; et de beaucoup, énormément. — Je m’amuse comme tout

[…].

COSSE. —COSSE — S. f. Tige, trognon de chou, de chou-fleur, de salade. — L'Académie n'admet ce mot qu'avec la signification de gousse, d'enveloppe de certains légumes, de certains fruits.

Un temps fu anciennement,
Que les gens savoureusement,
Sans char mangier, se nourrissaient
Des fruits, qui des arbres issaient,
De cos, et d'erbe et de racine.

(Oeuvres de Philippe de Vitry, p. 98)

On trouve, du reste, dans les anciennes poésies romanes, le mot cos employé avec le sens de col ou cou; ce qui est le sens propre du même mot que nous employons au figuré. (Voyez le Glossaire de Roquefort).

Cosse. — S. m. Nom que l'on donne aux percepteurs des contributions directes dans le canton de Saint-Germain-Lembron, près Issoire.

Sous l'ancien régime, l'office de collecteur des impôts était, comme on sait, rempli par des contribuables désignés ad hoc, dans chaque village. Or, les consuls des paroisses, considérés comme un peu moins ignorants que les autres habitants, étaient aussi, plus fréquemment que les autres, chargés de la collecte. C'est ce qui explique pourquoi l'on a conservé à Saint-Germain, l'habitude de désigner celui à qui l'on paye les impôts par le nom de consul, en patois cossul ou cossoul, et ensuite par abréviation cosse.

[...]

COUDER. — S. m. Petit vacant au devant d'une maison ou d'une ferme, où il croit de l'herbe et du gazon, pelouse, pâturage.

Ricasipsus totius plani et pratorum sive coder-corum.

(Histoire de Nîmes. — Preuves, tome iii).

On appelle aussi couder ou coudair, quelquefois, un petit jardin attenant à une maison de campagne; d'autres fois, le plus souvent, un pâturage communal où l'on fait pacager les moutons ou les chevaux.

[...]

COUETTE. — COITE. — S. f. Lit de plume (mentionné comme vieux par l'Académie). A Clermont, on emploie aussi coit dans le sens de taie d'oreiller.

Frère Jean… fendit la coitte et coissin en deux, et par les fenestres mettayt la plume au vent.

(Rabelais. — Pentagruel, Livre 5, chap. xvi.)

De chascune coite et de chascune toile.... un denier de leyde.

(Privilèges de Montferrand, art. 119)

De kuites pointes et moles.

(le Bel Inconnu. — Roman du XIIIe siècle, page 83, vers 2345).

COUFLOT. — Adj. Bouffi de graisse; informe à force d'être gras.

[...]

COURCIERE ou COURSIERE. — S. f. Chemin ou sentier par où passent les voyageurs non chargés lorsque la route principale fait des sinuosités. C'est surtout dans les parties montagneuses du Département que les coursières sont nombreuses et utiles.

Ce mot est employé dans le Berry avec la même signification.

Il connaissait si bien.... toutes les coursières.

(George Sand. — François le Champi.)

Autrefois, on appelait coursières des espèces de chemins de ronde ou chemins couverts, au moyen desquels, dans les villes fortifiées, on communiquait d'une tour ou d'un bastion à un autre.

COURNIOLE. — S. f. Gosier. — Une cuisinière qui veut tuer un poulet lui coupe la courniole.

[...]

CRAILLER. — V. n. Cracher salement.

CRAMER. — V. n. Roussir, brûler à demi. Le latin cremare, qui est le radical de notre mot, avait passé sans changement dans la langue romane.

Del foe difern cremaran veranien?

(P. Cardinal. — Cité par Raynouard.)

Traduction : Véritablement, ils brûleront du feu d'enfer.

On dit souvent chez nous : ça sent le cramé. — Votre robe est trop près du feu, elle va se cramer.

[...]

CREVAISON. S. f. Mort. — Faire sa crevaison. — Mourir.

On dit aussi c'est une crevaison, de quelqu'un dont la santé est mauvaise; ou du moins dont les apparences extérieures indiquent un état maladif.

CRIGNON. — S. m. Extrémité du pain; partie où la croûte est plus dure. — Ce mot vient probablement du mot carne qui, d'après M. Génin (Lexique de la langue de Molière), signifie angle, et dont le diminutif carreignon était fréquemment usité au moyen-âge.

CROCHE. — S. f. Coche, entaille. — On l'emploie aussi pour désigner le morceau de bois sur lequel on marque, au moyen de croches ou d'entailles, le nombre de choses dont on veut tenir compte.

Chez nous, presque tous les ménages ont leur croche chez le boulanger. Beaucoup comptent avec leur laitière, leur boucher, etc. au moyen de croches. — C'est identiquement ce que l'Académie  appelle coche ou hoche.

De bonna fe, soubre sa crocha,
Marqua chaqua sauma que sort.

(Laborieux. - Poème patois sur les vendanges.)

[...]

CROQUE. S. f. Meurtrissure, coup. En tombant, je me suis fait une croque à la tête.

[...]

CURE. S. m. — Ce qui reste d'un raisin après qu'on en a mangé les graines.

 

 

D.

DÉBAPTISER. V. a. Ce mot est employé dans le sens d'insulter, dans des phrases de ce genre : Si tu fais cela, je te débaptise.

Autrefois, quand on se faisait gloire d'être pieux, c'était une grave injure que d'appeler quelqu'un païen, mécréant. Or, débaptiser quelqu'un, ou, mot pour mot, lui enlever le baptême, c'est le ravaler parmi les mécréants; c'est donc l'insulter.

DÉCESSER. — V. n. Cesser, discontinuer. Cet enfant a crié deux heures sans décesser.

Decesser, dit Boiste, employé pour cesser, signifie tout le contraire de ce qu'on lui fait dire, le de étant un privatif.

Nous ne sommes pas de cet avis. La particule de n'est pas toujours privative; quelquefois même elle est augmentative; nous pouvons en citer plusieurs exemples, pris tant dans la langue française actuelle que dans les formes anciennes.

Ainsi, dans le mots Dérober, synonyme de l'ancien mot rober; Dénommer; Dénoncer, du latin nuntiare; Déchiqueter, qui ne fait guère que représenter l'ancien mot chicqueter, etc., etc., la particule de a plutôt un caractère augmentatif.

On verra bien par fringuerie,
Porter mains habits chicquetez,
Troués, percés....

(G. Coquillart, tome 1, page 86.)

Dans les exemples suivants, les mots Desrompre et Décasser ont à peu près le même sens que rompre et casser

Mon pourpoint est de vieille soye,
Desrompu et tout décassé.

(G. Coquillart, tome 1, page 147).

Mais quant li dux eit e entent,
Que sa gent est si dérompue.

(B. de Sainte-Maure. — Chroniques anglo-normandes.
Aux pièces justificatives de la conquête d'Angleterre d'Augustin Thierry, tome 1.)

On disait encore Déprier pour prier, du latin deprecari; Faillance pour défaillance.

Je prie la benoiste Marie,
Qu'elle vueille son fils déprier.

(Ancien Théâtre français, tome II, page 405.)

Et puis me prirent une faillance...

(Ibidem, tome I, page 115.)

On trouve aussi dans les mêmes auteurs le mot Démarcher, avec le sens de marcher, bouger. C'est le verbe du mot démarche, qui est encore français.

Cy gist Perrent le franc-archier,
Qui cy mourut sans desmarcher.

(Ancien Théâtre français, tome II, page 333.)

Citons enfin les mots Partement et Département, tous les deux employés dans le sens de départ (Voyez infra au mot département, les exemples cités)

En présence de tous les mots que nous venons de relater, on peut dire que la particule de n'a pas toujours et exclusivement un caractère privatif. Nous croyons que ce caractère ne se rencontre pas particulièrement dans notre mot décesser. Le mot n'est pas français, n'est pas utile, c'est possible; mais il est employé et il n'est pas aussi absurde qu'on veut bien le dire.

[...]

DÉGOUNELÉ. — Adj. Dévêtu, débraillé. — Peu usité. Ce mot veut proprement dire : privé de sa gonelle ou robe.

Fust abillée d'une gonelle de velous noir, et avait ung bas de taffetas blanc.

(Chronique de l'an 1502. — Petit Thalamus de Montpellier, page 482.)

[...]

DÉLURER. — V. a. Déniaiser. Rendre quelqu'un moins simple, moins gauche.

DÉPARLER. — V. n. Parler à tort et à travers. — L'Académie ne donne à ce mot que le sens de cesser de parler, inusité chez nous.

La grammaire anglo-française de Palsgrave, publiée par Génin, donne à ce mot une signification qui a plus de rapport avec la nôtre. Suivant Palsgrave, déparler au XVIe siècle, s'employait pour : Parler mal de (page 727.)

[...]

DÉTACHE-LARD. — S. m. Long, efflanqué, assez grand pour détacher, sans se hausser, le lard qui, chez les paysans, est habituellement pendu au plancher.

DÉTIRER. V. n. Mesurer avec les pieds, tirer au sort. — Très employé par les enfants. — Avant de commencer un jeu, ils détirent pour savoir qui jouera le premier. Deux enfants placés en face, se dirigent l'un vers l'autre en mettant, chacun à leur tour, un pied devant l'autre, de manière à ce que la pointe du pied posé le premier, touche le talon de l'autre pied. Quand les pieds des deux détireurs se sont rejoints, c'est celui dont le pied dépasse le point de jonction, qui a l'avantage.

[...]

DROGUER. — V. n. Attendre longtemps. — Il m'a fait droguer plus d'une heure.

DRÔLE. S. m. Petit garçon, dans un sens général. Ce terme n'a rien d'injurieux. — On dit aussi : ma drôle pour : ma fille. Dans ce dernier sens, ce mot se rencontre souvent dans les chants et noëls auvergnats.

Paubre garçons.
Embé ma drolle
Nous danserons.

(Montagnarde des environs de Thiers.
— Album auvergnat, page 42.)

 

 

E.

ÉCALACHE. — S. f. Nom que les enfants donnent aux racines de réglisse qu'ils achètent pour en extraire le jus en les mâchant.

Ce mot vient probablement, par corruption, du mot Recalecia qui désignait le réglisse dans la langue romane.

ÉCHANTILLER. — V. a. Marquer, estampiller des mesures après les avoir reconnues conformes à l'étalon de l'autorité. — Echantillonner.

Voulons et octroyons que les consuls et commune puissent avoir et tenir à toujours, mais en la maison du consulat, balances, marc, poids, livre, mesure et aulne, et mesures de vin bonnes et loyaux, pour maintenir droiture; et que les marchands et tous vendeurs desdites choses soient tenus d'eschantiller et prendre par les mains desdits consuls ou de leurs commis, lesdites mesures, etc.

(Coutumes d'Aigueperse. — Chabrol, t. IV, p. 29.)

[...]

EFFOULARE. — Adj. Extravagant dans ses gestes et dans sa tenue.

[...]

ÉMANDRONNER. — V. a. Enlever sur les ceps de vigne, avant la floraison, les bourgeons inutiles qui ne feraient qu'accaparer la sève pour ce qu'on appelle les branches gourmandes ou sans fruits. — Ébourgeonner.

Ce mot ne s'emploie guère qu'en parlant de la taille de la vigne et de l'osier.

[...]

EMBARRER. — V. a. Embarrer un lit, c'est faire rentrer sous le matelas les bords des draps et couvertures supérieurs, afin de concentrer d'avantage la chaleur, et d'empêcher l'air de pénétrer dans l'intérieur du lit. Par moyen, la personne couchée peut se croire comme dans un sac.

On trouve au moyen-âge embarrer dans le sens d'enfoncer.

Le fiert grant cop sour son heaume, si k'il li abati le ciercle, et li embara juskes en la coiffe de fier.

(Roman de Flore et Jeanne, cité dans Ducange.)

[...]

EMPATOUILLER 'S'). — V. pron. S'embarrasser; s'empêtrer, s'entraver. Je me suis empatouillé dans la boue.

ENGRABINE. — Adj. Endiablé; enragé (du latin rabies, rage.)

ENSEMBLE (par). — Loc. ensemble; de compagnie. — Autrefois, on mettait souvent la préposition par soit avant des adverbes, soit avant des conjonctions pour leur donner en quelque sorte plus de force. Ainsi, on disait : par ainsi, pour : ainsi donc; par après, pour ensuite; par exprès, pour exprès, à dessein.

J'ai peur, si le logis du roi fait ma demeure,
De me trouver si bien dès le premier quart-d'heure,
Que j'aye peine aussi d'en sortir par après.

(Molière. — L'Etourdi, acte III, scène v)

[…]

ENTER. — V. a. Enter un bas, c'est rajeunir un vieux bas en lui faisant un pied neuf. C'est par rapport aux bas comme le remontage pour les bottes.

L'Académie n'emploie guère ce mot que comme terme d'arboriculture.

[…]

ESSIR ou ECYRE. — S. m. Tempête de neige.

Il est extrêmement dangereux de se trouver au milieu de ces tourmentes d'hiver qui sévissent avec une violence extraordinaire dans les parties montagneuses et non abritées de l'Auvergne. La neige, chassée en tourbillons épais, aveugle le voyageur qui, quelle que soit sa connaissance des lieux ne peut plus reconnaître sa route, s'égare, et, une fois désorienté, s'arrête et finit par se laisser engourdir par le froid.

Un des endroits les plus tristement célèbres du Département du Puy-de-Dôme, pour accidents causés par les neiges, est le col ou plateau de la Croix-Morand, que traverse la route du Mont-Dore à Issoire. Un diction populaire, trop souvent réalisé, prétend qu'à la Croix-Morand, il faut un homme tous les ans. — On cite encore parmi les lieux visités par les essirs, la plaine de Laschamps, près le col de la Mort-Rayno, à la base méridionale du Puy-de-Dôme.

On appelle aussi Ventonge, les tempêtes de neige.

Le mot Ecir, Ecyre ou même essir, semble n'être qu'une corruption du vieux mot Essil qui signifiait ravage, destruction, ruine; d'où l'on avait fait le verbe Essilier, ravager, bouleverser.

… E l'Eissil e la rapine
Que fit la gent ultremarine.

(B. de Sainte-Maure. — Chronique des ducs de Normandie)

Là arrivèrent Sarrazin et Persant;
La terre essilent et arrière et avant.
A grant dolor i sont li peisant.

(Roman d'Aubery. — Edit. Tarbé, p. 25)

ESSOTI. — Adj. Ecervelé, étourdi, de venu sot. — Dans le Berry, on emploie encore le verbe essotir.

La Fadette ne se laissa pas essotir

(Georges Sand [sic]. — La Petite Fadette).

Le mot assoti se rencontre souvent dans les anciens auteurs avec la même signification :

Je ne scay pas
Que ce villain vieulx assoty
Si souvent cherche par icy.

(Ancien théâtre français, tome iii, p. 209)

[…]

ESTIVAGE. — ESTIVE. — S. m. (du latin Aestivus) C'est la saison pendant laquelle les vaches restent à pacager sur les pâturages des hautes montagnes. — L'estivage, ainsi que son nom l'indique, a lieu pendant l'été, il commence le 15 mai et finit à peu près au 15 octobre.

Prendre des vaches en estive, c'est louer des vaches à lait pour les faire pacager pendant la saison et pour profiter du laitage.

— "Celui qui prend des vaches à lait en estive paie une indemnité à leurs propriétaires. — Cette indemnité avait longtemps varié de vingt à trente francs et un kilogramme de beurre, selon la qualité de la bête. Depuis sept ou huit ans, il y a eu une augmentation sensible."

(Baudet-Lafarge. — Agriculture du Puy-de-Dôme, page 62)

[…] ÉVANLER (S'). — V. pron. S'étendre tout du long, s'allonger avec plaisir une fois couché.

Soubre la vigna yo s'évenla
Depeu le mati jusqu'au sei.

(Laborieux. — Poème patois sur les vendanges, 2e strophe.)

 

 

F.

FADA, FADAR. — S. m. Nigaud, niais.

Ta fâcha pas, fadas, le chat n'ot re tata.

(Faucon. — Les Perdrix de Malintrat, Album auvergnat
de Bouillet, page 95)

A qué daru, qué grand fadar
Qué fouei le meichant, le soudar.

(Laborieux. — Poème sur les vendanges,, ibidem, page 158).

FARINADE. — S. f. Espèce de galette frite au beurre ou à l'huile, que l'on fait dans le ménage. — C'est ce que dans le Midi on appelle matefan.

FESCELLE. — S. f. (Du latin Fiscella qui se trouve avec la même signification dans Virgile et dans Tibulle). — Vase à égoutter le fromage, qui sert en même temps de moule. On en fait soit en bois, soit en terre, soit en fer blanc.

… trois formages en fasselle

(Le tournoiement de l'Antechrist, roman du XIIIe siècle,
par Huron de Méry, p. 35.

[….]

FILLATRE. — S. m. et quelquefois s. f. Gendre, beau-fils, et quelquefois belle-fille.

Jehan du Crot, fillastre ou gendre du suppliant…

(Titre de 1419. — Ducange.)

On employait aussi autrefois ce mot dans le sens de : fils d'un premier lit.

Les marrastres aux durs corages
Font les envenimés bruvages
Aux fillastres….

(Philippe de Vitry. Edit Tarbé, page 30)

FIOLER. — V. n. S'enivrer légèrement (de fiole.)

Si le vi manqua quauq'annada,
Un obrei dau rang dau fiaulans,
Se foué sage durant qual an.

(Laborieux. — Poème sur les vendanges)

FOIE BLANC . — Loc. On dit qu'un homme a le foie blanc lorqu'il a enterré plusieurs femmes, c'est-à-dire lorsqu'il s'est remarié plusieurs fois.

Nous ignorons le pourquoi de cette locution.

FOUGEASSSOU. — S. m. Fouace; espèce de patisserie ordinairement en forme d'X, faite de farine, d'œufs, de sel et de laitage.

… Disnar d'un fogaol
E d'aigua…

(Roman de Gérard de Rossillon — Cité dans Raynouard.)

[Voyez pour plus de détails notre Essai sur les échaudés et les fougeassaoux.]

FOURME. — S. f. Gros fromage qui se fabrique dans les pâturage des montagnes. On l'appelle aussi : Cantal, du nom du département où il s'en fabrique le plus.

Ces gros fromages tirent leur nom de fourme, de la forme dans laquelle on place le lait caillé pour s'égoutter et se consolider. Le nom de fromage ou, comme on disait autrefois formage, a aussi la même origine.

… Totam insulam pervagantes, panes et formellas casei…. Diripuerunt.

(Martène. — Thesaurus anecdot., tome iv, col. 1127.)

La fourme se fait pendant toute l'année, dans les burons ou cabanes construits au milieu des pâturages. — Fourme est la tournure ancienne du mot forme. On pourrait en citer de nombreux exemples. En voici un entr'autres :

Et mourir est, par vérité,
Délaissier sa première fourme.

(Œuvres de Philippe de Vitry, page 109.)

Il est à croire qu'autrefois la voyelle o et le diphtongue ou se prononçaient de la même manière. Car dans la traduction de l'Andrienne de Térence, faite en vers français par Bonaventure Desperiers, on trouve le mot souche, rimant avec proche (acte IV, scène 6), et le mot chose avec épouse.

Charinus — N'est-ce pas huy que l'on t'espouse.
Pamphile — Le bruit en est.
Charinus — Las! Si c'est chose,
Certaine, par Dieu! J'en mourray.

(L'Andie. — Acte ii, scène 1)

Car je vous promets une chose,
Que meshuy n'aurez pour espouse
La fille de Chremes.

(Ibidem. — Acte ii, scène 2)

Quoi qu'il en soit de cette prononciation, dans beaucoup de mots la lettre o et la diphtongue ou étaient employées indifféremment. Pour ne parler que de ceux qui se rapprochent le plus de fourme, on disait fourment et forment pour : froment; fourmage et formage pour : fromage, etc.

Et nonobstant que force gras fourmage,
Ce feist tousiours en notre ingrat village.

(Clément Marot. — Première églogue de Virgile)

Citons enfin un mot que la langue française a conservé tel qu'on le prononçait et qu'on l'écrivait autrefois : fourmi, qui vient du latin formica, comme fourme vient de forma.

[…]

FOUTIMASSER. — V. a. Taquiner, tracasser, ravauder.

[…]

FRICASSEE. — S. f. On appelle fricassée de cochon, ou simplement fricassée, un plat de choix, composé des meilleurs morceaux du porc. Dans une fricassée, figurent ordinairement un morceau de filet, des boudins et un morceau de foie. — Il est d'usage qu'un paysan qui tue un porc offre une fricassée au curé de sa paroisse et au propriétaire des terres qu'il tient à ferme. S'il a un procès, son avocat reçoit aussi une fricassée.

[…]

FUTUREAU. — S. m. Petit bateau qu'on emploie sur l'Allier. — Futureau est un diminutif de fuste, nom qu'on donnait à un navire à voiles de petite dimension et que l'Académie mentionne comme vieux.

Pourquoi Larron me fait nommer?
Pour ce qu'on me voit escumer,
En une petite fuste?

(Villon. — Grand Testament, strophe xviii)

Dans le département de l'Ain, sur les bords du Rhône, on donne le nom de fustier aux constructeurs de bateaux.

La forme primitive et régulière du mot futureau est Fustereau.

Le suppliant et icellui Toutefoy entrèrent ensemble en certain vaisseau ou fustereau.

(Titre de 1459. — Ducange, au mot Fusta, 3).

 

 

G.

G. — La lettre G suivie des voyelles ui, se prononce souvent comme le D. — Ainsi il n'est pas rare d'entendre articuler : ditare, aidiser, pour : guitare, aiguiser, etc.

Citons à ce propos, une indication ou enseigne que l'on voyait il n'y a pas longtemps, inscrite sur le devant d'une maison du village de La Baraque, près Clermont : B….. Dide pour le Puy-de-Dôme.

[…]

GADAN. — S. m. Simple d'esprit, niais. On appelle plus spécialement gadan un individu doué d'un esprit étroit joint à une taille longue et efflanquée, qui a des prétentions aux belles manières, qui veut faire le faraud.

Cette expression est surtout usitée à Riom.

[…]

GALAPIAN. — S. m. Galopin, vaurien.

GALE-BON-TEMPS. — S. m. Flâneur, ami du plaisir, sans souci, qui aime à s'amuser. — Beaucoup disent : gagne bon temps. Nous croyons que l'expression primitive a été gale bon temps, du verbe galler, sauter, s'amuser, mener joyeuse vie, qui a fourni à la langue française le mot gala.

Je plaings le temps de ma jeunesse
Auquel j'ay, plus qu'autre, gallé.

(Villon. — Grand Testament, strophe xxii.)

[…]

GAPE. — S. f. Résidu de la crème du lait, lorsque le beurre en a été extrait. — On dit aussi au figuré : c'est de la gape, en parlant de personnes ou de choses de peu d'importance.

GAPERON. — S. m. Espèce de fromage grossier fait ordinairement en forme de boule et composé de gape que l'on pétrit avec du sel et quelquefois même avec du poivre, de l'ail et autres épices. Ce fromage est consommé à peu près exclusivement par les gens de la campagne. — On fait aussi des gaperons avec des fromages manqués qui se corrompraient s'ils n'étaient pas manipulés de nouveau avec une forte addition de sel et de poivre.

GAPIAN. — S. n. Nom sous lequel on désigne les employés de l'administration des contributions indirectes, mais plus spécialement les employés des octrois.

Ce mot vient peut-être du latin capere prendre.

[…]

GARDE-BOUSSET. — S. m. On donne le nom de garde-bousset ou celui de roquet à de petits chiens que les paysans emmènent avec eux lorsqu'ils vont travailler aux champs. Ces petits chiens sont chargés de la surveillance et de la garde des vêtements et du barlet ou bousset.

Depuis la loi qui a élevé les chiens au rang de contribuable, le nombre des garde-bousset a considérablement diminué.

GARLANDAGE. — S. m. Cloison, ordinairement en briques, au moyen de laquelle on sépare les différentes pièces ou chambres d'un appartement.

Ce mot, que Napoléon Landais écrit galandage et que d'autres prononcent garandage, et, selon nous, dérivé du mot garlanda, qui a signifié : couronne, guirlande; puis, au figuré : corniche d'un bâtiment, d'une tour, bordure, ceinture, etc.

On lit dans un poème du moyen-âge :
Belle fu et bien atornée,
D'un fil d'or était galendée (environnée)

(Ducange, aux mots Gallandus et Garlanda)

GARLHE. — Adj. Louche, bigle.

Dans les poésies et ouvrages en langue romane qui nous sont parvenus, on trouve le mot guerle avec la même signification :

Nafra…. Nelhs, é'ls ret torts o guerles

(Elucidari de las proprietaz de totas res naturals. — Cité par Raynouard.)

Traduction : Blesse… les yeux et les rend tors ou louches.

On appelle aussi viraloeil les gens atteints de cette infirmité.

[…]

GNOGNOTTE. — S. f. Niaiserie; chose de peu de valeur ou d'importance. — Tout cela, c'est de la gnognotte.

GOBILLE. — S. f. Bille; boulette de pierre, de marbre ou d'argile, dont les enfants se servent pour jouer à la fossette.

Dans d'autres pays, la gobille s'appelle chique.

GOGUE. — S. f. Boudin. — Au figuré, on dit d'une personne molle et sans énergie : c'est de la gogue.

[…]

GORME. — Adj. On dit qu'une poire ou une pomme est gorme, lorsqu'elle est arrivée à un degré extrême de maturité, au degré le plus voisin de la pourriture. Ce n'est plus l'âge mûr, c'est quelque chose comme la décrépitude du fruit.

Ce mot paraît être une corruption du mot corme qui est le nom du fruit d'un arbre connu sous le nom de Cormier ou Sorbier. (Voyez ci-après Gourmaine).

— Pour exprimer cette idée, le Dictionnaire de l'Académie n'offre que le mot blette, dont voici la définition : — "Il s'emploie le plus souvent dans cette locution : poire blette, poire molle qui n'est pas encore gâtée." — Ce mot, usité dans le Berry, ainsi que le verbe blettir, est à peu près inconnu chez nous.

GOUERAND. — Adj. Paresseux, lâche.

[…]

GOULE. — S. f. Gueule, gorge (du latin gula).

Un ors i vint corant goule baée.

(Aubéry le Bourgoing. — Roman du XIIIe siècle,
Edit Tarbé, page 87).

Ce mot ne s'emploie guère chez nous qu'au figuré et pour désigner un défilé, une gorge resserrée entre des montagnes. — On appelle plus spécialement : Les Goules un plateau resserré que traverse, non loin de la base du Puy-de-Dôme, la route impériale de Clermont à Limoges. Ce passage est très-dangereux en hiver à cause de la neige qui s'y amoncèle en grande quantité et empêche de reconnaître la Route.

[…]

GOUNELLE. — S. f. Robe de femme. — Il n'y a pas bien longtemps que les contrats de mariage des paysans de nos montagnes portaient, entr'autres choses, que la future se constituait tant de gouniaux ou jupons, et tant de gounelles ou robes. Ces mots sont à peu près tombés en désuétude et ne se trouvent plus que dans le patois.

Autrefois on appelait gonnelle ou gonne, soit les robes et tuniques des femmes, soit les robes des moines.

GOUNET. — S. m. (Expression Riomoise). Dadais; benêt. — Ce nom s'applique de préférence à un jeune homme qui a grandi trop vite, et auquel de longues jambes, un corps efflanqué et des habits trop courts donnent un air guindé et une apparence ridicule. Toute la bêtise du gounet réside dans ses habits, qui sont étriqués et en disproportion flagrante avec sa aille démesurée. En un mot, un gounet n'est pas un imbécile.

Ce mot vient très-probablement du mot gounelle, mentionné ci-dessus. Il n'est pas rare, en effet, de rencontrer transformée par la langue populaire en une injure ou une épithète insultante ou ironique, une expression qui était autrefois le nom d'un objet d'habillement ou d'équipement.

— Ainsi, Garnement, qui veut dire maintenant, d'après l'Académie : mauvais sujet, libertin, vaurien, désignait autrefois, tantôt une fourrure ou une garniture d'habit, de robe, tantôt enfin l'ensemble des pièces constituant l'habillement.

Belle robe et beau garnement,
Amendent les gens durement.

(Roman de la Rose.)

Ses garnemans li fait apparillier;
El dos li vestent un blanc haubert doublier;
El chief li laçent un vert hiaume d'acier.

(Gérard de Viane.
— Roman du XIIIe siècle, p. 79)

…. Dist le preus Auberis,
Qu'aie mes armes et mes garnemens pris.

(Roman d'Aubéry le Bourgoing,
page 15)

Mantials vairs et gris peliçons,
Et maint bon autre garnement.

(Le Bel inconnu.
— Roman de Chevalerie
publié par Hippeau, vers 3421.)

E dona lor castels e casamens,
E chavals i ausberes e garnimens.

(Gérard de Roussillon.
— Roman en langue provençale
du XIIe siècle, page 112.)

Dans une traduction en langue vulgaire du Livre des Rois, publiée par M. Leroux de Lincy dans la collection des Documents inédits de l'histoire de France, se trouve (pages 107 et 364) le mot guarnemenz pour traduire le latin vestes, vêtements.

— Citons aussi Ganache, qui signifie actuellement, toujours d'après l'Académie : la mâchoire inférieure du cheval; et, au figuré, une personne dépourvue de talent, de capacité. Ce mot servait autrefois à désigner une sorte de pelisse, d'habillement de femme.

Que neguns hom non fassa a sa molher (femme), gatnacha de ceda o pelissa coberta de ceda.

(Titre de 1267. Petit Thalamus de Montpellier, page 144.)

— Citons encore Chabraque ou Schabraque, que l'Académie définit : Housse, couverture que l'on étend sur la selle des chevaux de cavalerie, et que, chez nous, on emploie ironiquement pour désigner une personne vêtue sans goût, longue et sans tournure. C'est souvent qu'en parlant d'une personne ainsi dégingandée, on dit c'est une grande chabraque.

— Rappelons enfin le mot Rocquet, qui était le nom d'un vêtement, ainsi que l'indique le vers suivant :

Tu n'avays vestu qu'un rocquet,
Encore estait-il à rebous.

(Ancien Théâtre français, tome ii, page 131.)

et qui, au figuré, d'après le Dictionnaire de l'Académie, st une épithète injurieuse par laquelle on désigne un homme méprisable et sans valeur qui use de paroles insultantes.

Qu'on vienne nous dire maintenant que l'habit ne fait pas le moine, lorsque notre langue nous est elle-même une preuve évidente que le ridicule de certains vêtements a tellement rejailli sur ceux qui les ont portés, que le nom des uns est devenu pour les autres une appellation dérisoire ou injurieuse.

GOUR. — S. m. Gouffre (du latin gurges). — On cite plus particulièrement, dans la Basse-Auvergne, le gour de Tazana, dans le canton de Manzat, près Riom. C'est un lac circulaire qui occupe l'emplacement d'un ancien cratère. Ce lac a une profondeur considérable, tellement que la tradition populaire le donne comme n'ayant pas de fond. Toutefois les sondages ont constaté une profondeur d'environ 200 mètres.

Le gour Saillant, à Thiers, gouffre formé par la Durolle, petite rivière qui en cet endroit tombe d'une hauteur de cinq à six mètres.

Le mot gour ou gord désignait autrefois soit un gouffre, soit une pêcherie ou gouffre artificiel formé par les pécheurs dans les rivières.

En vain fuions-nous les gords.

(Luc de la Porte. — Traduction d'Horace. — Cité par Raynouard.)

Por les gors qui en Loire sont.

(Roman de Parthenopeus de Blois. — Ibidem.)

Item appartient audit prieuré un gord… qui est une pescherie dans la rivière entre lesdeux isles.

(Charte citée dans Ducange au mot gordus.)

C'est avec ce dernier sens de pêcherie que le mot gord figure dans le Dictionnaire de l'Académie.

[…]

GOURLAUD — DE. — Adj. Gros, bouffi. — Ce mot n'est, à notre connaissance, usité que dans deux cas. On appelle ange gourlaud, un petit enfant gras et frais, aux joues roses et rebondies; et noix gourlaude, une noix de grosse espèce, d'un volume égal au moins à deux de nos noix ordinaires.

GOURLE. — S. f. Vieille savate. — Au figuré on appelle une gourle un homme sans capacité et sans énergie, qui a pu valoir quelque chose, mais dont le moral et le physique se sont amollis et affaissés de telle façon qu'il n'est bon à rien.

On dit presque toujours gourle; cependant le nom véritable est groule (voyez ce mot).

GOURMAINE. — S. f. Corme ou sorbe; fruit du cormier ou sorbier. — Ces fruits ne sont bons à manger que lorsqu'ils sont devenus gormes, ou pour nous servir du mot de l'Académie, lorsqu'ils sont blettes. (Voyez ci-dessus Gorme). — On dit aussi : groumaine.

[…]

GRELINGEON. — S. m. gland, pompon. — Cette dame a très-mauvais goût, elle se met toujours à la tête un tas de grelingeons.

GROULE. — S. f. Vieux soulier, savate. — Habituellement on dit gourle, mais c'est groule qui est le terme primitif; c'est du moins celui qui est usité dans la langue Romane.

On voit les savetiers appelés grouliers dans l'article 47 des statuts des cordonniers de Carcassonne, confirmés par Charles VI en janvier 1402.

Quod Grolerii dicti Burgi non sunt ac erunt comprehensi in privilegiis hujusmodi…

(Ordonnances des rois de France, tome viii, page 564.)

GUINCHE. — S. f. Femme mal bâtie, qui se tient mal ou qui se tient de côté. — Dérive probablement du verbe guenchir : détourner, incliner, pencher, aller de côté, esquiver, se détourner.

Marion vit Guiot venir,
S'est autre part tornée;
Et quand guiot la vit guenchir,
Si li dist sa pensée :

(Pastourelle du XIIIe siècle. — Théâtre français au Moyen-Age,
par Francisque Michel, page 35).

 

 

H.

HARIAS. — S. m. pl. Guenilles; vieilles hardes; oripeaux.

Vielz pourpoins, touillons, vielz haras,
Vielz lambeaux et haillonrie,
Chappeaulx pelés et bonnets gras
Seront pour nostre Seigneurie.

(G. Coquillart. — Tome 1, page 86.)

HOCHER. — V. a. Remuer. ce mot n'est guère plus employé en français que dans cette locution : hocher la tête.

En Auvergne, on emploie le verbe hocher pour dire : retourner dans la poêle ou la casserole les légumes ou aliments qui y cuisent, les faire sauter pour qu'ils cuisent également de tous les côtés.

Autrefois, le verbe hocher n'avait pas un sens si limité. On l'employait dans tous les cas.

Et cil (renart)
S'en monta sur un tas de fuerrre
Por les gelines aprouchier.
Les gelines sentent hochier
Le fuerre, si en tressaillirent.

(Le roman du renart. — Tome 1, vers 6582)

Et quand il le trouvait dormant, il lui hochait son oreiller.

(Froissard.)

 

 

I

IDÉE (une). — Loc. Un peu, presque pas. — Mon chapeau est une idée trop petit.

Avoir de l'idée. — Avoir de l'intelligence; avoir un esprit inventif.

INSOLENTER. — V. a. Insulter; dire des insolences. Je ne veux pas me laisser insolenter

ISSIS. — Impératif. Sors; va-t'en. — Pour renvoyer un chien, le chasser d'un appartement, on dit presque toujours, dans la Basse-Auvergne : Issis, non sans accompagner la parole de gestes plus expressifs.

Ce mot choque l'oreille lorsqu'on l'entend employer pour une expulsion; car il paraît être une appellation, une invitation à venir, à se rapprocher, et semble signifier : viens ici. Il est pourtant très-rationnel; et nous croyons qu'on doit le considérer comme l'impératif corrompu peut-être, mais très reconnaissable, de l'ancien verbe issir, sortir, dont le français actuel n'a conservé que le participe issu.

 

 

J.

JABIOLE. — S. f. (du latin caveola). Espèce de cage en osier, ayant à peu près la forme d'une crinoline sous laquelle on met les jeunes poulets pour les avoir sous la main et leur donner des soins plus facilement.

Le mot français geôle a la même origine.

Et se vendre ne le povait,
En jaiole l'enfermrait.

(Le lai de l'Oiselet. — Cité dans Roquefort.)

[...]

JALETTE. — S. f. Nom que l'on donne à une nouvelle accouchée.

Sarra l'artifé
Et le goune de la jaleita.

(Gabriel Pasturel. — Noël patois. — Album auvergnat, page 80.)

[...]

JARS. — S. m. Sur les bords de l'Allier, on appelle jars les rapides, les endroits de la rivière où l'eau se précipite avec force et forme comme des tourbillons.

JASSE. — S. f. Nom qu'on donne à la pie dans la Limagne. — Il y a aussi des vaches que l'on appelle jasses, sans doute à cause de leur robe bigarrée. Peut-être ce mot est-il le radical du mot jasserie, ci-après.

JASSERIE. S. f. On appelle ainsi dans l'arrondissement d'Ambert, soit l'ensemble des cabanes ou bâtiments servant à l'exploitation, pendant l'été, des pâturages situés dans les montagnes, soit ces pâturages eux-mêmes.

Dans les jasseries, on se libre à la fabrication du beurre et du fromage. Les jasseries diffèrent notablement des pâturages que  l'on désigne sous le nom de montagnes dans les arrondissements de Clermont et d'Issoire. Ainsi, dans les jasseries, on ne s'occupe pas de l'élevage et de l'engraissement des bestiaux comme dans les montagnes; et, autre différence, au lieu de coucher en plein air, comme dans les montagnes, les vaches des jasseries sont ramenées chaque soir dans les étables, où elles passent les nuits et reçoivent un complément de nourriture.

(Voyez Buron, Buvée, Cabane, Montagne, etc.)

[...]

JINGLER. — V. n. Pousser des cris plaintifs, pleurer bruyamment.

Il signifiait autrefois tout le contraire, et était ordinairement employé dans le sens de rire, ricaner, plaisanter, parler avec animation.

Ainsi : bourdaient et janglaient là les chevaliers l'un à l'autre...

(Froissard, tome 1, page 278)

JOURNAL. — S. m. Mesure de superficie, contenant ordinairement les trois-quarts de la septerée.

JOURNAU. — S. m. Journée d'homme ou de bestiaux qu'un fermier ou métayer doit au propriétaire du domaine qu'il cultive.

 

 

L.

LALURE. — S. m. Niais, dadais, benêt.

LECHOU. — S. m. Gourmand.

Des gloutons et des lecheours
Des yvroins et des beveours,
Qui, pour leur ventre saouler,
Veulent tout prendre et engouler.

(Philippe de Vitry, page 71, Edit. Tarbé).

Lècherie était autrefois le synonyme de gourmandise.

Qu'eles se soillent en l'ordure
De Lècherie et de luxure
Et des autre vilains péchiés.

(La voie du Paradis. — Poésie publiée par Jubinal
dans son édition de Rutebeuf, tome II, page 229).

LESSIF. — S. m. Mélange d'eau, de cendres et de chaux vive, dont on se sert pour faire la lessive.

LEVER UN MAL DE TETE. — Locut. Se lever avec un mal de tête.

[...]

LIARDE. — S. f. Avant le retrait des liards et l'émission de nouvelles monnaies de bronze, on appelait liarde, en Auvergne, les pièces de deux liards.

LIMAGNIER. — Adj. C'est le nom que donnent, non sans quelque dédain, les montagnards du Puy-de-Dôme, aux habitants de la plaine de la Limagne.

— On a beaucoup disserté sur l'étymologie du nom de Limagne. Les uns, sans rien décider, y voient la transformation du nom de Lemane sous lequel cette plaine est désignée dans Grégoire de Tours; d'autres font venir ce mot de limon, qui signifie terrain gras, très-productif; Belleforêt en fait remonter l'origine au nom de la rivière qui arrose St-Amand-Tallende, La Mone; d'autres enfin, plus hardis, prétendent que Limagne vient de Lis Magna à cause des guerres auxquelles la possession de ce pays a donné lieu.

En parcourant le Dictionnaire Bas-Breton de Legonidec et Lavillemarqué, dictionnaire d'une langue qui, comme on sait, n'est autre que la langue celtique parlée autrefois dans toute la Gaule, on trouve les mots : Leiz avec le sens d'humide, humecté; et Mann, lieu, endroit. — Leiz-Mann, lieu humide, marécageux. — Ne serait-ce pas là l'origine réelle du nom de Limagne?

LIONDAR. — S. m. Linteau; dessus d'une porte.

Le liondar s'entendait autrefois du bassoir, du seuil de la porte.

E per meia la porta van las lansas gitar,
Si quel dins el de fora contendon sul lumdar.
(Histoire de la croisade contre les Albigeois,

poème en vers provençaux publié et traduit par Fauriel, vers 3025).

Près de Clermont, sur la route de Beaumont, un terroir de vignoble porte le nom de liondar; nous ignorons pourquoi. Peut-être y avait-il près de là une porte de ville, lorsque Clermont avait une plus grande étendue?

LIPEUX. — Adj. Gras, visqueux, gluant, filandreux.

LITTE. — S. f. Bande de terre; champ plus long que large (du latin lista, bordure).

LOSSE. —S. f. Cuiller à potage. Ailleurs, on désigne ce genre de cuiller par les noms de louche et pochon. — Louche et losse appartiennent à la même famille. Le dictionnaire de Ducange (au mot Lochéa) indique qu'on disait autrefois indifféremment louche ou lousse et nous savons (voyez fourme) que la lettre o et la diphtongue ou sont souvent prises l'une pour l'autre.

Dessoubre un tranchadou en la quoua de la lossa,
Yo n'en tire un taillon.

(Joseph Pasturel. — L'homme content. Poème patois, strophe 16.)

Traduction : Sur une assiette, avec la queue de la losse, il en tire un morceau (hors de la marmite).

[...]

LOUE. — S. f. Réunion, marché où les domestiques et les journaliers se rendent pour se louer pendant la saison des grands travaux d'agriculture, tels que : la moisson, la fenaison, les vendanges, etc. La loue se tient ordinairement sur la place du village. — Pour les domestiques, qui se louent ordinairement à l'année, le marché ou foire de la loue a lieu, dans certaines localités, à la St-Jean, et dans d'autres, à la Noël.

LURE. — S. f. Fainéant, poltron, bon à rien. — Cet homme a une belle apparence, mais c'est une lure. (Voyez Délurer.)

 

 

M.

MACHARER. — V. a. Barbouiller, noircir, charbonner.

Tousiours se vautrayt par les fanges, se mascarayt le nez.

(Rabelais. — Gargantua, livre 1, chap. xi)

[...]

MAGNIFICAT (réformer ou corriger le). — Loc. On dit d'une personne qu'elle veut réformer le magnificat, lorsqu'elle trouve à redire à tout; qu'elle parle sans cesse de modifier les choses bien faites; qu'elle se plaint de ne rien voir marcher à sa guise.

Au cas que quelques docteurs de nouvelle impression, et de la dernière couvée... veuillent tondre sur un oeuf et corriger le magnificat à matines, nous leur riverons bien leur clou.

(Prologue de la Comédie des Proverbes. — Ancien Théâtre français, tome ix, page 12.)

C'est à cette locution que Rabelais fait allusion lorsqu'il dit que Gargantua :

"Faisayt chanter magnificat à matines et le trouvait bien à propos.

(Gargantua, livre 1, chap. xi.)

[...]

MAIL. — S. m. Espèce de peuplier (populus nigra. — Linné.)

Après avoir cité (au mot Mail) le passage suivant d'une charte de 1293, rapportée par Baluze :

Et prout molendina et li mail et omnes salices dictae priorissae tenent et comprehendunt.... (Baluze, tome ii, page 297.)

Ducange ne voit dans ces mots li mail qu'une faute, ou, si l'on veut, un mode d'écrire Limagne, dont il fait un nom générique, et qu'il traduit par champ plat et fertile. — Combattant cette tradition, le continuateur de Ducange pense que li mail signifie un lieu entouré d'une enceinte de pieux appelés mails

Ces deux opinions nous semblent erronées.

Si les savants auteurs du glossaire avaient connu la signification conservée dans notre département au mot mail, ils n'auraient pas pu voir dans li mail et salices du passage précité, autre chose que des mails ou peupliers, et des saules, comme on en plante si souvent auprès des moulins.

On le voit, la seule indication de l'existence des idiotismes ayant cours dans une province, quelle qu'elle soit, peut avoir une utilité générale en ce sens qu'elle peut aider à l'interprétation des textes anciens.

MAILLE. — S. f. Meule; tas de gerbes dans une grange.

MAILLER. — V. a. Presser, écraser, frapper. — Mailler du blé, c'est ranger en tas, mettre en une maille très-serrée des gerbes de blé.

Mailler du chanvre, c'est faire passer le chanvre sous une meule en pierre qui brise et broie les parties ligneuses et assouplit les filaments textiles.

Mailler vient du latin malleare, et signifie proprement : frapper

— Saillirent sur eulx bien armes et bien embastonnez, et espris d'yre et de maltalent, et commencèrent à férir et à maillier sur Le Cuer et ses gens de toutes leurs forces.

(Oeuvres du roi René, tome iii, page 191)

MAILLOT. — S. m. Marcotte; bouture de vigne, crossette.

— En la cartayrada plantad hy entron MDCCCXVI malhols.

(Vieux Traité d'Arpentage, cité par Raynouard.)

Traduction. — En la cartonnée plantée y entrent 1816 maillots.

Par extension, on appelait autrefois maillot une vigne nouvellement plantée; ce que nous appelons plantier (Voyez ce mot.)

— Le suppliant print... son fessouer... pour aler houyer ou fougier en ung mailhol ou vigne nouvellement plantée.

(Titre de 1458. — Ducange, au mot Maleollus.)

[...]

MANCHE. — S. f. Espèce d'entonnoir en bois de vaste dimension. Une manche se pose dans des soupiraux de cave placés au niveau du sol, et aboutit à la cuve. On y vide la vendange pour la faire arriver immédiatement des bacholles dans la cuve sans autre transport intermédiaire.

MANDRIN. — S. m. Quoique identique au nom du célèbre contrebandier Mandrin, ce mot, qu'on emploie comme injure, sans signification bien déterminée, nous semble avoir une origine plus ancienne, avec d'autant plus de raison que Mandrin, le contrebandier, était loin d'être impopulaire. — Mandrin, croyons-nous, dérive, par contraction, de Malandrins, nom par lequel on désignait, au moyen-âge, certaines compagnies de routiers qui pillaient et ravageaient les provinces du centre et du midi.

[...]

MARAIS. — S. m. C'est le nom générique par lequel on désigne, à Clermont et à Riom, la majeure partie de la plaine qui s'étend au levant de ces deux villes, dans les cantons de Riom, d'Aigueperse, d'Ennezat, de Maringues, de Pont-du-Chateau et de Clermont.

Cela tient sans doute à ce qu'une grande partie de cette plaine était, à une époque assez rapprochée de nous, envahie par les eaux qui y séjournaient et croupissaient, et s'opposaient à la culture. Ainsi, le marais Surat, le marais de Coeur, celui de Marmiliat, etc., n'ont été entièrement desséchés et rendus cultivables que dans le dernier siècle ou au commencement de celui-ci.

MARE. — S. f. Bruit, fracas, tapage.

Faire de la mare. Faire du tapage; faire des embarras.

Faire sa mare. Se dit de quelqu'un qui fait l'important, qui a l'air de vouloir éclabousser les autres par sa toilette, sa conversation ou de toute autre manière.

C'est probablement le même mot qui entre dans le mot français tintamarre.

[...]

MARGOUILLER. — V. a. Patauger, manier salement, barboter, patouiller.

[...]

MARTRES. — Nom de lieu.

Beaucoup de localités, dans la Basse-Auvergne, portent le nom de Martres. Le Dictionnaire des lieux habité, par M. Bouillet, nous en indique une dizaine. Nous citerons seulement : Les Martres de Veyre, sur la rivière appelée Mone, non loin de l'Allier; Les Martres d'Artières, sur le ruisseau d'Artier; Les Martres sur Morge.

Presque tous les villages ou lieux habités, appelés Martres, sont situés, soit près d'un cours d'eau, soit dans un bas fond, dans des trains humides au milieu de marécages. Cette particularité, d'un même nom appliqué à des localités éloignées les unes des autres, mais placées dans des conditions uniformes ou au moins analogues d'assiette et de position, cette particularité ne provient évidemment pas du hasard. Le nom doit tenir à la position topographique. Aussi sommes-nous très-portés à voir dans le mot Martres, la transformation du mot Maristus, qui, dans la basse latinité, signifiait :  Marais.

Quelques-uns font venir Martres d'un mot grec qui signifie Martyr. On rencontre, en effet, dans les anciens auteurs, le mot Martre dans le sens de martyr, et ce mot se retrouve avec la même acception dans le nom d'une localité des environs de Paris : Montmartre. Mais, comme rien dans l'histoire ne peut faire seulement supposer que tous les lieux du nom de Martres, qui sont parsemés sur divers points de notre département, aient été spécialement le théâtre de supplices infligés à des chrétiens, nous n'hésitons pas à rejeter cette interprétation.

Selon d'autres, c'est à la présence, autrefois très-fréquente en certains lieux de l'Auvergne, des fouines, putois, belettes, furets, etc., et autres animaux à fourrure connus sous le nom générique de Martres, qu'il faut attribuer le nom de Martres appliqué à un assez grand nombre de lieux habité de notre pays. — Cette seconde interprétation tombe d'elle-même, si l'on considère que la plupart des animaux appelés Martes, ont une prédilection assez marquée pour le séjour des forêts et surtout pour les forêts de pins et de sapins, et que, d'autre part, les lieux marécageux sont ordinairement peu boisés.

Nous nous en tiendrons donc, jusqu'à plus amples preuves, à l'étymologie que nous avons donnée tout d'abord.

MAS. — S. m. Nom de lieu (du latin manere, demeurer; d'où l'on avait fait mansio et puis maison). — Plus de soixante villages ou lieux habités dans le département du Puy-de-Dôme, ont conservé le nom de Mas, joint presque toujours à un autre mot. Ainsi : le Mas d'Argnat, près de Sayat.; le Mas d'Auteyrat, près de Billom; le Mas du Bost, près Cunlhat, etc., etc.

Autrefois, le nom de mas indiquait tantôt un tènement d'héritages, de propriétés de même nature, un enclos : tantôt une métairie avec ses dépendances; tantôt enfin la réunion des maisons des paysans tenanciers auxquels était affermé par parcelles l'ensemble des terres d'un même seigneur. Ainsi le Mas d'Auteyrat devait être un village formé par les habitations des tenanciers du seigneur d'Auteyrat.

MASTOC. — S. m. Homme lourd, massif.

MAYERE ou MADIERE. — S. f. Branches des saules. — S'applique quelquefois, mais plus rarement, aux branches des peupliers et des acacias.

Faire la mayère. — C'est tondre toute la ramure des saules. D'après les usages du pays, cette opération se fait tous les quatre ans vers la fin de l'hiver; les grosses branches sont fendues et converties en échalas, et les petites remplissent l'office de verges ou branches d'osier. (Voyez Plançon.)

De chascune charretée de madière, un denier de Leyde.

(Privilèges de Montferrand, art. 110.)

Une charreste de madière, un denier de Leyde.

(Privilèges d'Aigueperse.
— Chabrol, tome iv, page 22.)

Una charrada de madeira, un denier.

(Anciens privilèges de Besse.
— Chabrol, tome iv, page 95.)

Ducange (au mot Maeria, 3), s'écarte de la signification auvergnate lorsqu'il fait de la mayère une sorte de nom générique applicable à toute espèce de bois, soit de chauffage, soit de construction.

[...]

MEME CHOSE. — (Dans le sens de malgré.) — On le lui a défendu, il le fait la même chose, pour : il le fait malgré la défense.

 

MENETTE. — S. f. Dévote, bigotte.

"Il y avait autrefois à Tulle des menètes en titre. Les unes étaient attachées à l'ordre de saint François et les autres à l'ordre des Carmes. Elles avaient des statuts et un costume. Elles se réunissaient sous une supérieure et faisaient des actes secrets de religion."

(Béronie et Vialle. — Dictionnaire du patois Bas-Limousin)

MENOU. — S. m. Grosse poignée, gerbe de chanvre; ce qui peut tenir dans les mains

— Les pieds mâles (du chanvre) étant mûrs, des femmes en font la récolte par arrachement, et les réunissent par poignées dont plusieurs forment un menou.

(Francisque Jusseraud. — Statistique agricole de la commune de Vensat, page 53.)

Nous trouvons dans le Glossaire de la langue romane de Roquefort un mot qui a une évidente analogie avec menou :

[...]

MICHE. — S. f. L'Académie définit la Miche : Pain d'une grosseur médiocre pesant au moins une livre et quelquefois deux. Cette définition a pu être exacte dans d'autres provinces, l'exemple suivant en fait foi :

— Qu'ils aiment miex grant pain que miche.

(Rutebeuf. — Tome 1, page 192.)

Mais en Auvergne, le mot miche a un sens moins restreint. Les paysans appellent ainsi toute espèce de pain blanc, quelle que soit sa grosseur. Manger de la miche est pour eux un régal; c'est le pain des jours de fête.

Citons, à ce propos, un, usage qui subsistait encore il y a peu d'années à Clermont : Lors d'un enterrement, il était de règle qu'on offrît une miche ou pain blanc au sacristain de l'église où les funérailles avaient lieu. Cela se faisait aussi du temps de Villon; voici, en effet, ce qu'il dit dans son Grand Testament :

Les sonneurs auront quatre miches;
Si c'est trop peu, demy douzaine,
autant qu'en donnent les plus riches.

(Villon. — Grand Testament, strophe 167.)

Miche de corne. — On appelle plus spécialement miche de corne ou pain cordié, une espèce de pain qui ne diffère du pain ordinaire que par l'absence de levain et par la forme pointue ou en corde tressée qu'on lui donne.

[...]

MIEUX (de). — Locut. En plus, de plus, en outre. — Je lui offrais vingt francs de son agneau, un autre lui a donné vingt sous de mieux, et le marché a été fait.

MIEUX (des). — Locut. Très-bien, le mieux possible. Ainsi on dit : Nous sommes des mieux ensemble, pour indiquer un grand  degré d'intimité.

Enfermez-vous des mieux.

(Molière. — L'École des femmes, acte v, scène 4.)

MILLIARD. — S. m. Tarte aux cerises ou aux raisins. — Peut-être cette patisserie était elle, dans le principe, fait avec de la farine de millet ? Ducange, au mot Milhium, parle de pains de millet qu'on désignait par le nom de panis miliacius.

[...]

MINAUNE. — S. f. Fleur de noyer détachée de l'arbre. — On donne aussi ce nom de minaunes à ces petits rouleaux de crasse qui se forment sous les doigts, par exemple, lorsqu'après une sueur on se frotte la peau du visage, encore en moiteur.

[...]

MOITIE POUR AUTRE. — Locut. La moitié, à moitié prix. — Il s'est trop pressé pour vendre son blé, il l'a donné moitié pour autre, c'est-à-dire il l'a vendu la moitié moins cher qu'il ne l'eût fait, s'il s'était moins pressé; ou, pour expliquer textuellement, le vendeur a fait profiter l'autre, c'est-à-dire l'acquéreur, de la moitié du prix que sa marchandise aurait pu atteindre. Il y a donc eu réellement, moitié pour le vendeur et moitié pour l'autre."

MONTAGNARDE. — S. f. Espèce de danse au pas très-cadencé et très-lourd, qui, seule avec la bourrée, avait autrefois le privilège de mettre en mouvement les jambes des paysans de nos montagnes.

Aujourd'hui, la montagnarde et la bourrée deviennent de plus en plus des curiosités. La polka, la schotisch et les autres danses du jour ont envahi jusqu'au moindre village.

MONTAGNE. — S. f. Pâturage situé sur les montagnes élevées. — C'est ce qu'on appelle Jasserie dans les montagnes d'Ambert.

Toute cette contrée (les cantons de Besse, Ardes, Latour, Rochefort et partie de Saint-Amand-Tallende), à cause de sa configuration et de sa grande élévation au-dessus du niveau de la mer, doit être qualifiée de montagne; mais l'usage y a prévalu de donner aussi à ce mot une signification toute spéciale. Il y est devenu synonyme de pâturage, et s'applique à tout herbage situé sur les plateaux élevés ou formé de ces vastes proéminences ou puys qui dominent ceux-ci... Ces pâturages sont sans haies, ni arbres. Des bernes ou des fossés marquent seuls les limites des propriétés.

(Baudet-Lafarge. — Agriculture du département du Puy-de-Dôme, chap. xxii, page 160.)

MONTAGNIER. — RE. — Adj. Montagnard, habitant de la montagne.

Montagnier s'appliquait autrefois, dans tous les cas, comme adjectif, et ne désignait pas seulement les habitants.

Les sangliers, les lions, les ourses montagnères.

(Robert Garnier. — Hippolyte, acte 5.)

L'un fou dels montaniers le plus corren.

(Le Comte de Poitiers. — cité par Raynouard.)

On désigne aujourd'hui chez nous par le nom de montagnier, qu'on prononce souvent montagni, les habitants de la partie montagneuse du département. Les habitants de la plaine, les Limagnirs, y ajoutent souvent, par dérision, le sobriquet de mangerave, (montagnier mandzarabe), faisant allusion à une plante qui était jadis une des seules ressources alimentaires des pays froids et pauvres situés sur les limites de la Marche et du Limousin. — Au diable soit le mascherabe, disait déjà Pantagruel, à propos de l'étudiant limousin qu'il rencontra revenant de Paris. (Rabelais. Pantagruel, livre ii, chap. 6.)

MORAINE. — S. f. Faîte, partie supérieure d'un mur, arrondie en forme de dos d'âne. — Les moraines sont très souvent hérissées de tessons de verre pour empêcher les escalades.

On appelle aussi moraine, la bande de maçonnerie qui recouvre l'arête des toitures.

[...]

MOUILLARD. — S. m. Nom donné aux sources d'eaux vives qui naissent dans les pâturages de nos hautes montagnes.

L'observation a fait découvrir que les épizooties s'attaquent principalement aux animaux paissant dans les herbages où il existe des sources d'eaux vives appelées : mouillards

(Baudet-Lafarge. — Agriculture du Puy-de-Dôme, p. 165.)

Plusieurs familles et plusieurs localités de notre département portent le nom de Mouillard.

MOUILLE. — S. f. Endroit tranquille d'un rivière; lieu où l'eau coule si paisiblement qu'elle paraît dormante.

Cette expression semble avoir une origine commune avec le mot Mouillage.

[...]

MOYEN (tâcher). — Locut. Faire en sorte, tâcher.

Tâcher moyen de venir : tâcher de venir.

 

 

N.

NARSE. — S. f. Marécage. Lieu tourbeux pénétré d'eau, dont le sol mouvant tremble et cède sous les pieds.

Les narses, très-communes dans les pâturages qui environnent le Mont-Dore, ont une origine remarquable. Presque toutes ont été primitivement des lacs ou des amas d'eau plus ou moins étendus. Des plantes appartenant à la grande famille des mousses, des splaignes, envahissent ces amas d'eau et finissent après un temps plus ou moins long par les convertir en marais. Ces splaignes croissent et se développent à la surface des eaux. Elles forment sur les bords une sorte de ceinture flottante qui peu à peu gagne d'étendue en allant de la circonférence au centre. Mais, en même temps, la vie se déplace. Les plantes s'allongent et poussent continuellement du haut, tandis que la sève et la vie se retirent progressivement des parties inférieures. Surchargées alors par l'accroissement de l'extrémité supérieure, ces parties mortes se submergent et s'enfoncent insensiblement jusqu'à ce qu'enfin elles atteignent le fond du lac ou de la pièce d'eau. Le lac ainsi envahi n'est plus qu'une masse spongieuse toute imprégnée d'eau, qui va sans cesse s'épaississant et s'affermissant, et qui finit par se tasser de manière à former un sol résistant.

Quoi qu'il en soit, ces sortes de prairies sont dangereuses à traverser. On conçoit que les fondrières y abondent. Ce sont ces fondrières qu'on désigne plus particulièrement par ce nom de narse.

La narse d'Espinasse, près de Randanne, à peu de distance de la route de Clermont au Mont-Dore, est très-connue des botanistes, qui y récoltent des plantes de marais fort intéressantes. Elle occupe l'emplacement d'un lac qui s'était lui-même formé dans un ancien cratère, situé à la base méridionale d'un cône volcanique appelé le Puy-d'Enfer.

On trouvr dans le département du Puy-de-Dôme plusieurs habitations dénommées la Narse ou les Narses. Toutes occupent l'emplacement d'anciens étangs ou marécages desséchés par le temps ou l'industrie humaine.

NIAU. — S. f. Nichet. Oeuf qu'on laisse dans les nids pour appeler les poules et les engager à y pondre.

Au figure on dit : Faire son niau, c'est-à-dire mettre à part, serrer dans un coin quelques économies pour qu'elles en appellent d'autres et fassent la boule de neige.

NIAUGNE. — S. f. Femme à esprit étroit, à petites idées, sans décision dans l'esprit, n'ayant la tête occupée qu'à des fadaises, des riens.

NICODEME. — Nom propre devenu le synonyme de simple, niais.

NIGUEDOUILLE. — Nigaud.

NIOCS. — S. m. pl. Ecus, espèces. — Pour payer la terre que j'ai achetée, il faudra rassembler tous mes niocs. — Ce mot doit être à peu près la même chose que niau (voyez ce mot).

 

 

O.

ŒUVRE. — S. f. Mesure de superficie. Ne s'emploie ordinairement que pour les terrains plantés en vigne.

A proprement parler, cette mesure, désignée dans les titres latins du moyen-âge sous les noms d'obra, d'operata ou d'ovrata, n'est autre que l'étendue de vigne qu'un homme peut travailler (operare en un jour; ou, pour mieux faire ressortir l'origine du mot, c'est une pièce de vigne d'une étendue telle que sa culture, à chaque saison, est pour un vigneron l'œuvre d'une journée. On conçoit qu'avec le temps l'étendue de l'œuvre a pu varier et augmenter; aussi cette définition ne serait-elle pas toujours vraie partout où le mot est usité.

Dono vineam unam quae jacet in Girgoieta quae habet xxx obras.

(Cartulaire de Sauxillanges, chap. 229)

Le revenu de la vigne appellée La Royne, contenant soixante-dix œuvres en un tenant, dépendant de ladite terre et seigneurie de Cousdes et Montpeyroux, a été réglé à la quantité de trente-cinq poinçons de vin…

(Procès-verbal d'évaluation des terres
du comté d'Auvergne en 1674
, page 110).

En Bourgogne, au lieu d'œuvre on emploie le mot ouvrée.

Autrefois, l'œuvre n'était pas seulement, comme elle l'est généralement aujourd'hui dans la Basse-Auvergne, une mesure de superficie pour les vignobles, elle s'appliquait à tout espèce de terres.

Ung pré situé au tènement du Souldry, contenant ung quart d'œuvre ou entour.

OKA. — S. m. Mets composé d'abattis d'oie que l'on accommode avec du jus.

(Auca) dans le latin du moyen-âge et occa en italien signifient oie.)

Par extension, on appelle aussi oka un plat d'abattis de dinde.

 

 

P.

PADELLE. — S. f. Personne molle, sans décision, sans énergie. — Vient probablement du mot patois padella, poêle à frire. Un homme indécis et sans volonté subit en effet l'influence du dernier qui lui parle comme une poêle obéit à la main qui peut la saisir.

PAILLANCHE. — S. f. Toiture en chaume, en paille.

PAILLAS. — S. m. Espèce de natte grossière en paille ou en jonc, que l'on met à l'entrée des appartements pour y faire essuyer les pieds.

[…]

PAMOULE. S. f. Orge. — Dans la basse latinité, on disait : palmola. Ordinairement on ne fait aucune distinction entre la pamoule et la bréchère.

La censive en bréchère, dite pamoule, due à ladite terre et seigneurie de Vic-le-Comte, a été réglée à la quantité de trent-cinq septiers…

(Procès-verbal d'évaluation des terres
du comté d'Auvergne
en 1674, page 17.)

[…]

PANLEYE. — S. m. Benêt; homme dégingandé, à la démarche niaise et paresseuse.

Beaucoup de nos idiotismes expriment des idées analogues. Les différences qui existent entre eux sont plus faciles à saisir dans l'application, qu'à condenser dans une définition, tels sont, par exemple : panleye, lalure, niguedouille, galoye, gadan, etc. (Voyez tous ces mots.)

PAOUR. — S. m. On dit souvent en parlant d'un paysan : c'est un gros paour. — Ce mot, diminutif de paoureux, vient probablement de la poltronnerie (paour) des paysans vis-à-vis des chevaliers et hommes d'armes; ou peut-être encore, de leur état de misère. On trouve en effet les mots paours, poures avec le sens de pauvres.

PAPIER SUCRE. — S. m. Il est un régal inconnu de Brillat Savarin, mais bien en faveur parmi les gamins de Clermont. Ce régal n'est autre que la mastication et la succion par fragments des feuilles de papier gris, sur lesquelles les confiseurs et pâtissiers ont fait cuire leurs biscuits, et qui se sont pénétrées du sucre contenu dans lesdits biscuits. — Pour quelques sous on peut se passer cette gourmandise.

PAPOUE. — S. f. Bouillie, soupe pour les petits enfants.

PARBOUILLIR. — V. n. Bouillir vite; prendre un premier bouillon. — Cette signification est contraire aux usages. Parbouillir devrait rigoureusement se définir : bouillir à gros bouillons, cuire à fond. Habituellement, par, mis au devant d'un mot, ajoute à sa signification et lui donne de la force. Ainsi on dit : parfaire, parachever, pour : mettre la dernière main, terminer complètement. Autrefois on disait : parabattre pour : renverser de fond en comble. On disait aussi paraimer, pour aimer avec passion. (Glossaire de Roquefort).

Notre mot parbouillir avec la signification sus indiquée, est donc une exception. Mais il paraît que ce sens n'est pas particulier à l'Auvergne.

On le retrouve mentionné dans le Dictionnaire de Trévoux : "Parbouillir. Terme de médecine qui se dit des herbes qu'on fait bouillir peu de temps pour en tirer le premier suc, ou des liqueurs qu'on veut épaissir. Leviter ebullire. Ce mot ne se dit plus."

PARGE. — S. f. Enveloppe en papier, couverture dont on entoure un livre, pour le conserver propre tout en le lisant.

[..]

PATACHON. — S. m. Voiturier; conducteur d'une voiture appelée patache. — Aujourd'hui que les pataches ont presque entièrement disparu, beaucoup de personnes appellent patachons tous les voituriers qui conduisent une petite voiture à volonté.

PATAFIOLE (Le bon Dieu te). — Loc. Que le bon Dieu te confonde! — Le sens précis de cette expression n'est pas bien défini.

D'après le Magasin pittoresque, (année 1843, page 247), cette locution aurait une origine italienne et signifierait proprement : que Dieu te fasse une épitaphe! ou plutôt : te mette dans le cas d'en recevoir une! — C'est une étymologie que nous ne voudrions pas garantir.

PATOIS. — S. m. Langage auquel on ne comprend rien; et, par extension, discussion enchevêtrée, imbroglio à la suite de commérages.

PATOUILLAGE. — S. m. Gâchis. — S'emploie au figuré.

PATOUILLER. — V. a. Patauger; manier salement; patrouiller. — Le mot français est : patrouiller; mais ce mot est peu connu chez nous. Du reste, comme le fait observer M. Génin dans ses Récréations philologiques (tome 2, page 64), le nom propre Patouillet indique que la forme patouiller a été usitée.

PATREIS. — S. m. Terreau provenant du curage des fossés. — Dans la Limagne, les fossés se curent, ou, pour employer l'expression adoptée, se font tous les deux ou trois ans, lorsque, par suite de l'action incessante de la pluie et de la gelée, par suite aussi de la végétation et du passage des eaux, leur sol s'est exhaussé et que la pente nécessaire à l'égouttement des eaux a disparu.

Le patreis se rejette ordinairement des deux côtés du fossé, quand ce fossé est mitoyen. Lorsqu'il a passé quelques mois au grand air, il devient un excellent engrais.

On appelle aussi patreis les raclures de boue sur les chemins; c'est c qu'atteste le passage suivant de la Coutume d'Auvergne, où le patreis est appelé pourtrait

Si entre deux héritages circumvoisins y a une voie commune, le seigneur de l'héritage inférieur peut lever ledit chemin et mettre la terre et pourtrait en provenant dans son héritage.

Coutumes de la chatellenie de Buron, Busséol, etc. — Chabrol, Coutumes d'Auvergne, tome iv, page 145.)

Après cet article, Chabrol ajoute en note : Le pourtrait, dans l'idiôme auvergnat, est le rejet qu'on tire du fossé.

POTRON-JACQUET (Se lever dès). — Loc. Se lever dès l'aube, de grand matin. — A Riom, on dit aussi : se lever dès potron-minet.

On a beaucoup disserté sur l'origine de ce mot qu'on écrit ailleurs : potron Jacquet. (Voyez à ce sujet Génin. — Récréations philologiques, tome 1, page 247, et Quitard, — Dictionnaire des proverbes, page 609.)

[…]

PEGAND. — Adj. (Du latin piger). — Paresseux, fainéant.

[…]

PELAUD. — S. m. Homme lourd d'esprit et de corps, maladroit. — N'est peut-être que le mot plot (billot de bois) pris au figuré. Un plot est ordinairement très massif et sans élégance.

PELLIARAUD. — S. m. Chiffonnier, collecteur de peilles.

Le pelliaraud parcourt les rues des villes et des villages avec un sac sur son épaule, et une balance ou romaine à la main. Autrefois, il criait : pas de pillias, de bourras; ou bien : au pelliaraud (sous entendu : venez). Maintenant son cri professionnel est plus compliqué, il a voulu détailler ses attributions que chaque jour vient augmenter. Au commerce des chiffons, des haillons, des peilles, qui lui a valu son nom, il a joint celui de la ferraille, des os, des verres cassés, des peaux de lièvres et de lapins. Il demande même quelquefois si l'on a des bouteilles d'encre vides à vendre. Tous les débris lui passent entre les mains. Toutes les gloires passées et trépassées sont représentées dans son sac.

Remarquons bien que le pelliaraud n'est pas un chiffonnier de ceux qui vont à la curée dans les tas d'ordures déposés au milieu des rues; c'est un négociant qui rassemble, à prix d'argent, de côté et d'autre, des marchandises de tout genre, et qui les revend avec gros bénéfice, autant que possible, aux fabricants qui peuvent les utiliser dans leur industrie.

Bertignat, près d'Ambert, passe pour être le village du département du Puy-de-Dôme le plus fertile en pelliarauds. Constatons cependant que les habitants du canton d'Ardes (arrondissement d'Issoire), ont la spécialité du commerce des peaux de lapins, et que, dans ce commerce qu'ils von exercer au loin, ils réalisent des fortunes considérables.

PELLIERE. — S. f. Barrage, sorte d'écluse pour arrêter et exhausser les eaux d'une rivière ou d'un ruisseau, et les faire refluer dans des canaux de dérivation au service de moulins et autres usines.

Il y avait autrefois beaucoup de pellières sur l'Allier et la Sioule. La plus importante était à Pont-du-Château sur l'Allier.

Cette pellière sert à l'exploitation des moulins qui sont utiles et même nécessaires aux communautés voisines du Pont-du Château; elle sert aussi de pêcherie pour les saumons qui font un revenu considérable de cette terre.

(Mémoire de M. de Ballainvilliers, intendant d'Auvergne, sur l'état de cette province en 1765, page 16.)

PERCIERE. — S. f. Le Bail à percière était une espèce de bail à rente ou de bail emphytéotique en vertu duquel un propriétaire aliénait un immeuble, mais en se réservant un droit de propriété représenté par une quote-part des fruits de cet immeuble.

La Percière est la portion de fruits que le propriétaire perçoit pour son droit de propriété, l'autre portion restant au dernier détenteur du fonds. Cette portion varie de quotité suivant les lieux. A Châtaugay, par exemple, dans les vignobles, elle est ordinairement du quart, tandis qu'à Cébazat, elle est du huitième.

La percière se paie en nature, ainsi qu'autrefois la dîme, et dans le champ même. (Chabrol. — Coutumes d'Auvergne, t. iii, p. 23.)

Autrefois, on donnait toute espèce de terres en percière, surtout, comme le dit Chabrol (loco citato), des terres hermes ou charmes vacans que leur nature ingrate ne permettait pas de concéder à un cens annuel et fixe. — Aujourd'hui, on ne fait plus de baux à percière, et les anciens s'éteignent peu à peu par les remboursements que font les débiteurs.

Assignavimus… omnes percerias et decimas bladi, et vini, et feni pratorum de la Verneda, quas percerias et decimas habetatis… in praepositurâ vestrâ Cabaziaci.

(Charte auvergnate de 1305. — Ducange, Perceria.)

…. Toutes les dites terres à la percière dudit seigneur de Chabannes, à raison de la cinquième gerbe ou de la cinquième partie de fruits; laquelle percière sera perçue dans lesdites terres et autour du plongeon… et conduite aux frais desdits cultivateurs dans la grange dudit seigneur…

(Terrier des droits seigneuriaux de la terre
et baronie d'Aurières, près Rochefort
.
Cité dans une Dissertation sur les percières faite en 1808,
par M. Andraud, jurisconsulte.

Percière est une corruption du mot parcière dérivé du mot latin partiri, partager. Parcière est du reste employé dans la coutume :

Redevables en censive ou parcière ne se peuvent ayder de respits à un ou cinq ans, contre ceux auxquels lesdits cens ou parcières sont deues.

(Coutume d'Auvergne, chap. xix, art. vi)

La percière ou parcière était usitée dans d'autres provinces, mais sous d'autres noms, suivant les lieux et la nature des récoltes. Ainsi les mots terrage, agrier, champart, terceau, quart ou tiers raisin, vignage, bordelage, quarpot, cinquain, etc., etc. désignaient tous une redevance du même genre que la percière.

PETAS. — S. m. Chiffon, haillon, lambeau d'étoffe. — Ce mot entre dans la composition du mot français rapetasser, qui veut dire proprement poser un petas, un morceau d'étoffe.

PETITOU — NE. — Adj. Diminutif du mot petit. — Dans certaines localités, on dit petitounet. C'est un diminutif de diminutif.

Autrefois on disait : petitet

[...]

PETIT-VIN. — S. m. Piquette. Boisson qu'on obtient après le vin de pressoir ou travin (voyez ce mot), en replaçant le marc dans la cuve et jetant par dessus une certaine quantité d'eau.

Le petit-vin, d'après M. Baudet-Lafarge, est au vin dans la proportion de deux ou trois à huit.

PETRA. — S. m. Lourdaud, paysan.

PIAUX. — S. m. pl. Cheveux. — Les enfants jouent à tire-piaux, c'est-à-dire se poursuivent en cherchant à se tirer les cheveux.

Les mots peu et peuls (du latin pilli) étaient employés dans la langue romane et la langue française ancienne pour signifier : cheveux.

[...]

PIECE. — S. f. Pièce ou morceau d'étoffe que les femmes de la campagne portent sur la poitrine, au-dessus de leur tablier. — Ordinairement, la pièce est de même étoffe que le tablier; mais, dans certains villages, surtout aux environs de Riom, on en fait un objet de luxe. Les étoffes les plus riches sont employées, et on les rehausse encore avec des dentelles et des broderies d'or.

C'est d'une pièce de ce genre, sans doute, qu'il est parlé dans les vers suivants :

Une robe d'ung gris bien faicte,
D'ung fin gris changeant, bonne mine, La belle pièce à la poitrine,
Tissu cramoisi...

(Coquillart. — tome 1, page 190. Edit. Tarbé.)

[...]

PIETON. — S. m. Dans les campagnes on donne le nom de piéton au facteur rural.

[...]

PILIARAUD. — S. m. (Voyez Pelliaraud.)

PIMPONNER (Se). — V. pr. S'attifer minutieusement, prendre un soin exagéré de sa personne.

[...]

PIOLE. — Adj. A Montaigut-en-Combrailles, on appelle avoine piolée celle dont les germes commencent à se montrer et forment sur les grains comme des taches et bigarrures.

Dans la Satire x de Marthurin Régnier, le mot piolé est employé dans le sens de bariolé, bigarré.

De rubans piolés s'agencent proprement.

PIONASSE. — S. f. Fiente de pigeon, colombine. — Se dit surtout dans les environs de Riom.

PIQUE. — S. f. Aller à la pique, c'est, dans le langage des habitants de plusieurs communes du canton de Saint-Dier, parcourir la France soit en mendiant ou en pélerin, soit avec une balle de colporteur, soit en se faisant, à l'aide de faux certificats, passer pour incendié, inondé, etc.

PIQUEUR. — Mendiant de profession; qui va à la pique. Cette expression est particulière au canton de Saint-Dier et notamment à la commune de Saint-Jean des Ollières.

[...]

PLANÇON. — S. m. Le Dictionnaire de l'Académie définit ce mot : Branche de saule, de peuplier, d'osier, etc., qu'on sépare du tronc pour la planter en terre et en former une bouture. C'est la signification donnée à ce mot par les vieux auteurs, qui en faisaient soit une bouture, ou seulement un bâton, soit une branche de toute espèce d'arbre.

Adonc Desir lui bailla en son poign un plançon de cyprès gros à merveilles et long à l'advenant.

(Oeuvres du roi René, tome iii, page 4.)

En Auvergne, le sens de ce mot est plus restreint. Il s'applique seulement aux boutures de saule et de peuplier. Ce sont les plus belles branches que l'on choisit pour faire des plançons, elles sont toujours âgées de quatre ou cinq ans. (Voyez Mayère).

[...]

PLATINE. — S. f. Langue. — Cette femme a une bonne platine, il ne faut pas s'attaquer à elle.

[...]

POMMAUQUART. — S. f. Balle, paume à jouer. — Originairement on appelait pomme au quart, une balle formée de quatre quartiers de cuir de couleurs diverses et remplie de son. Depuis, les balles en son ont disparu, mais le nom est resté et sert à désigner aussi les balles en caoutchouc dont les enfants se servent pour jouer.

Nous avons écrit pommauquart au lieu de paume au quart, pour mieux faire saisir la prononciation locale.

POMPE. — S. f. Tarte; et généralement, toute patisserie faite en ménage. —Il y a la pompe aux pommes, la pompe au fromage, la pompe aux cerises ou milliard (voyez ce mot), etc., etc.

Quelques auteurs, entr'autres M. Honnorat, dans son Dictionnaire de la Langue d'Oc, font venir pompe d'un mot grec qui désigne tout ce qui se fait avec solennité, avec pompe, parce qu'autrefois, disent-ils, on envoyait pour étrennes, le jour de l'an, des gâteaux en place de bonbons. Cette étymologie nous paraît aussi fondée que celle attribuée par Gabriel Siméoni aux noms d'Aubière et Romagnat, villages des environs de Gergovia (Romani hâé obiere. — Les Romains ici succombèrent.)

PORTALIER. — S. m. Commissionnaire d'un village. — Le portalier vient chaque semaine a la ville porter des menues denrées et faire les commissions de ses concitoyens, et il leur rapporte à son retour les objets dont ils ont besoin, et qu'ils ne peuvent se procurer chez eux.

Relativement aux grandes entreprises de messagerie ou de roulage qui sont les grands navires des routes de terre, le portalier n'est qu'une sorte de caboteur qui se contente d'un petit bénéfice.

POT. — S. m. Mesure vinaire. — Cette mesure variait beaucoup autrefois, presque dans chaque canton. Ainsi le pot de Clermont contenait 25 chopines et quelquefois 30; tandis que le pot de Thiers valait 18 litres et celui d'Ambert 20 litres. — Aujourd'hui le pot est habituellement compté pour quinze litres.

POUFFIASSE. — Personne massive, bouffie, joufflue.

[...]

POURETTE. — S. f. Jeunes plants d'arbres, plants de pépinière de un à deux ans.

— On appelle aussi Pourette, comme diminutif de poureau ou poireau, une plante de jardin qu'on emploie en cuisine en guise de condiment. C'est l'Allium Ampeloprasum de Linné.

Les omelettes à la pourette sont assez recherchées.

PRADER. — V. a. Mettre en pré. — Autrefois on disait : prader, apprader, appratir.

PUY. — S. m. On donne ce nom à toutes sortes de montagnes, de hauteurs, quelles que soient leur forme et leur dimension. Ainsi, le Puy-de-Dôme, le Puy-de-Pariou, le Puy-de-Crouel, le Puy-Chopine, le Puy-de-Sarcouy, le Puy-de-Saint-Romain, le Puy-de-Mur au-dessus de Dallet, etc. quoique ayant une même dénomination, sont des montagnes bien dissemblables dans leur aspect extérieur aussi bien que dans leur élévation et la nature de leur sol.

— Quand on dit : La chaîne des puys, ou simplement : Les Puys, on désigne spécialement la rangée des cônes volcaniques connue sous le nom de Monts-Dômes.

Cette dénomination dérivée du latin barbare podium, a été employée dès l'origine de la langue pour désigner des montagnes.

Rollans regard ens puit et ens valée. (Roman de Roncevaux)
On disait même autrefois puier pour : monter, gravir.
Il chercha montaignes et valées si hautes et si perilleuses que nus n'i peust puier.

(Chronique de St-Denis. — Recueil des historiens
de France, tome iii, page 312).

 

 

Q

Q. — Cette lettre, suivie de la diphtongue ui, prend souvent dans la prononciation la consonnance de T.

Ainsi on dit fréquemment : J'ai de l'intiétude, pour de l'inquiétude, — laissez-moi trantille, pour tranquille, etc.

[...]

QUE. — Conj. S'emploie seule après un verbe pour exprimer : seulement, il n'y a qu'un instant.

Il ne sort que, pour : il vient de sortir.

[...]

QUILLE-A-CAMP. — S. m. Espèce de jeu d'enfants. — Un enfant debout sur un point fixé d'avance, et tenant à la main un bâton de moins d'un mètre, cherche à chasser et renvoyer au loin, sans le laisser tomber à terre, un autre bâton beaucoup plus petit, de la grosseur et de la forme d'une estompe de dessin, qu'un autre joueur lui lance. Si le quille-à-camp tombe dans l'enceinte réservée, celui qui l'a lancé prend la place du maladroit qui n'a pas su parer le coup.

QUINQUENELLE (Faire). — Locut. Faire faillite, faire de mauvaises affaires. — Quinquenelle, (du latin quinquennium), désignait primitivement un délai ou répit de cinq ans, qu'on accordait à un débiteur au-dessous de ses affaires, pour lui donner le temps de réaliser ce qui lui était dû, et de pouvoir ainsi se libérer.

 

 

R.

RABLE. — Robuste, court, vigoureux, ramassé, qui a le râble épais, l'échine carrée.

Le Dictionnaire de l'Académie dit : Rablu.

RABUSER. — V. n. Radoter, dire des bêtises.

El comtessa m'en chastia....
Que ditz que vos rebuzas.

(Garins d'Apchier. — Raynouard, au mot Rebuzar.)

Traduction. — Et la comtesse m'en châtie.... Vu qu'elle dit que vous radotez.

 

RACE. — S. f. Mauvais sujet, vaurien, canaille. — Ne fréquentez pas cet homme, c'est de la race

[…]

RAISONS (Dire des). — Locut. Injurier, adresser des injures, des reproches; apostropher, vivement.

RAMEAU. — S. m. Outre sa signification ordinaire, ce mot en a une autre plus spéciale. On l'emploie pour désigner d'une manière toute particulière le buis sans doute parce qu'à la fête des Rameaux, les branches de buis sont presque les seules utilisées.

RANCHEAU. — S. m. Déversoir des eux qui coulent d'un toit. Tuyau de descente, ordinairement en fer blanc, qui mène dans le chemin ou dans la rue les eaux du toit réunies dans la gouttière ou chanau.

Rancheau vuent de l'ancien verbe rencheir ou rencheoir, retomber, rechuter.

Rencheus st en grant malage,
Qui moult le griève longuement.

(Gautier de Coinsi. — cité par Roquefort.)

[…]

RAQUER. — V. a. Couper. — Je me suis fait raquer les cheveux.

RARA. — S. m. Nom que l'on donne par onomatopée à un jouet d'enfant que l'on fait mouvoir comme un moulinet.

[…]

RATELEAU. — S. m. Grapilleur, glaneur. — Au figuré : ratisseur de petits profits, agent d'affaires de bas étage, praticien qui fait quelquefois l'usure, et surtout qui cherche à faire, aux dépens d'autrui, nombre de petits bénéfices plus ou moins honnêtes.

S'emploie surtout dans les environs de Riom.

RATES. — RATOUNES. — S. f. pl. Nom qu'on donne aux dents des enfants.

RASE. — S. f. Rigole, canal, fossé d'écoulement ou d'irrigation.

La ras…. Andrieu en amont.

(Cartulaire de Sauxillanges. Titre du xiie siècle)

Quant ils furent sur une rase ou fossé… icellui vincent getta le suppliant dedans le dit fossé.

(Lettres de rémission de 1442. — Ducange, Rasa 1)

Rase s'emploie ordinairement pour désigner les fossés de petite dimension. Cependant il y a des exceptions; ainsi, on dit : la rase de Sarliève, en parlant de la grande coupure faite au XVIIe siècle par les soins de l'ingénieur de Strada pour dessécher le lac ou marais de Sarliève, situé près de Clermont, à la base orientale de la montagne de Gergovia.

Rase vient du latin radere, qui signifie : gratter, racler, égratigner, couper, et, par extension, remuer la terre, labourer.

[…]

RECOLE. — S. f. Lanière de cuir passant sur le coude-pied et servant à fixer les sabots au pied. — Bride de sabots.

RECOQUET. — S. m. Dernier né de la couvée. Enfant venu longtemps après les autres.

REGOTI. — Adj. Ratatiné, ridé, racorni. — Voilà de vilains fruits, ils sont tout regotis.

[…]

RESSUIVRE. — V. a. Faire des reprises, raccommoder. Même signification que repriser.

RETINTON. — S. m. Un petit reste. — On trouve dans Rabelais le mot retaillons qui a un sens analogue.

RETROUBLE. — S. m. Champ récemment moissonné, où il ne reste des tiges de blé que les extrémités inférieures adhérentes aux racines. Chaume.

Dans le glossaire de Roquefort, on trouve le mot restouble avec le sens de chaume.

REVIURE. — S. m. (du latin revivere, revivre, renaître, ressusciter.) Regain, seconde herbe d'un pré.

Le pacage de la dernière herbe qui se fait après le premier foin et reviure, levée des prés et des vergers… a été réglé et évalué à la somme de deux cents livres…."

(Procès verbal d'Evaluation des terres
du Comté d'Auvergne
, en 1674, p. 54.)

Les prés portant reviures doivent être clos et germés; autrement si la clôture d'iceux n'est entretenue, le bétail trouvé en iceux en temps défensable, ne peut être prins ni baillé à justice.

(Coutume locale de Chanonat. — Chabrol, tome iv, pages 156.)

[…]

RIMÉ. — Partic. Roussi, à demi brûlé. — ça sent le rimé.

RIMER. — V. n. — SE RIMER. — V. pr. Prendre un goût, une odeur de brûlé. — On lit dans le glossaire de Roquefort : Rimer, brûler. Ne se dit que des viandes qui brûlent sur le feu.

Chez nous, ce mot ne s'applique guère à la viande. IL se dit surtout en parlant des plats préparés avec du lait. — Mon plat de riz a rimé ou s'est rimé? C'est-à-dire que le lait en cuisant a pris au pot, ce qui donne un goût de brûlé ou de roussi.

Quoy, dist Grandgousir, mon petit, as-tu prins au post, veu que tu rimes desjà?

(Rabelais. — Gargantua, livre i, chap. xiii.)

RIQUE. — S. f. Mauvais petit cheval, petite haridelle.

RIQUET. — Adj. Mesquin, piètre : elle avait un manteau tout riquet.

RIVAL. — S. m. Tertre en pente au bord d'un ruisseau ou d'un ravin. Rivage.

On dit aussi rivau.

ROCANTIN. — S. m. Vieille histoire; plaisanterie usée à force d'être connue; chose que l'on a entendue cent fois.

RODADE. — S. f. Nom sous lequel on désigne un marché de bestiaux qui se tient à Montferrand, près Clermont, tous les vendredis, sur une place appelée : Rodade.

Ce nom tire peut-être son origine de la forme de cette place, arrondie comme une roue roda. Le mot rodade, du reste, se retrouve dans les poésies romanes avec l'idée de rondeur, de forme circulaire.

Lhi filh Terric lui porten verguas peladas;
La mainada Boso, targuas rodadas.

(Gérard de Rossillon. — Roman en langue provençale,
édit. Francisque Michel, page 87.)

[…]

ROTIE. — S. f. Porter la rôtie. — Cette expression se rapporte à une mauvaise plaisanterie qui dégénérait quelquefois en querelle.

Les jours de noces, après les cérémonies d'usage, lorsque les nouveaux mariés étaient couchés, tous les jeunes gens invités se réunissaient et leur portaient en grande pompe soit un poulet rôti, soit un bouillon, soit un verre de vin chaud avec des tranches de pain grillé, soit même un simple verre d'eau.

Dans le midi, il existait un usage analogue. Le matin du lendemain des noces, on portait un bouillon aux nouveaux époux. C'est ce qu'on appelait le chaudeau (voyez ce mot dans le Glossaire de Roquefort).

Cette singulière cérémonie est encore pratiquée quelquefois dans nos campagnes.

ROUGNE. — S. f. Rogne; maladie de la peau.

[…]

ROUPE. — S. f. (de la basse latinité raupa, robe). Houppelande. Espèce de paletot sans taille, ou plutôt de manteau à manches et sans collet, que les ecclésiastiques portent par-dessus leur soutane.

 

 

S.

SACCARAUD. — S. m. Maussade, malpropre, négligé dans son habillement.

SACQUETER. — V. a. Secouer vivement, tirailler, agiter, bousculer. — Même sens que l'ancien mot saquer, dont il est un fréquentatif.

SAGOUILLER. — V. a. Barboter dans l'eau; troubler l'eau avec malpropreté.

SAIGNE. — S. f. Marais, terrain marécageux, couvert de joncs. — (Se prononce Sanïe ou Sagne.)

Ce mot, qui n'est guère plus usité dans le langage comme nom commun, s'est conservé dans certains noms de famille : Lassaigne, Dessigne, Chauvassaigne, Chassaign, Malassaigne, Grandsaigne, Saignol, etc., et surtout dans des noms de villages et de terroirs. Dans le Dictionnaire des lieux habités du département du Puy-de-Dôme, publié par M. Bouillet, on compte plus de soixante localités figurant sous le nom de Saigne ou de ses dérivés. Et, quant aux lieux dits et terroirs, il n'y est presque pas de commune qui n'ait son terroir des Saignes ou de la Saigne.

SAINFUSQUIN. — S. m. Fortune, avoir d'une personne. Tout ce qu'elle possède : — Il a mangé son sainfusquin.

L'Académie admet : frusquin et saint frusquin.

SANS COMPTER QUE. — Loc. Certainement : — Je veux demander ma retraite, ma profession me fatigue. — Sans compter que vous ferez bien!

SARPILLIERE. — S. f. Toile grossière, toile d'emballage, serpillière.

Ni que j'a'nport mas una sarpelheria.

(Pierre de La Mula. — Cité dans Raynouard.)

SAUPELETTE. — S. f. Culbute, cabriole, cul par dessus tête.

L'un fazio la soupelette
Soubre sau argo.

(Noëls en patois auvergnat, page 27).

[…]

SCHABRAQUE ou CHABRAQUE. — S. f. D'après le Dictionnaire de l'Académie, une schabraque est une housse, une sorte de couverture qu'on met sur les selles des chevaux de cavalerie.

Chez nous, ce mot n'est employé qu'au figuré et sert à désigner une personne grande, mais sans proportions, dégingandée, déhanchée, sans tournure.

(Voyez nos observations au mot Gounet.)

SEING. S. m. Signe à la figure. Petite tache ou verrue qu'on appelle aussi grain de beauté.

N'a-t-elle pas un petit sein en la joue gauche?

(Ancien Théâtre français, tome iii, page 319)

SELIN. — S. m. On appelle ainsi, dans certaines parties de la Limagne, notamment dans les communes de Châteaugay, Ménétrol, etc., une sorte de terrain dont la contexture argileuse et compacte est rebelle à la culture.

On remarque sur les terres où le selin domine des sortes d'efflorescences blanches et d'apparence saline. De là sans doute le nom. — Ce qui, du reste, pourrait faire supposer que le sel se trouve en assez grande quantité dans les selins, c'est que les bestiaux qui sont, comme on sait, très friands de sel, préfèrent les maigres herbes qui croissent dans ces terrains à une nourriture plus copieuse; et que le lait semble être de meilleure qualité lorsque les vaches ont pacagé plusieurs jours dans les pâturages où le selin domine.

SEPTERÉE. — S. f. Mesure agraire. Étendue de terrain qui peut être ensemencée avec un septier de blé.

La septerée variait beaucoup. Ainsi à Chanonat, Aubière, Saint-Amant-Tallende, Chamalières, Vertaizon, etc., elle était de 800 toises, tandis qu'elle était de 900 toises à Maringues, de 1000 dans une grande partie de la Limagne, de 1,200 à Champeix, à Vic-le-Comte, Nohanent, etc., et de 1,800 dans les cantons de Viverols, de Saint-Gervais, etc.

Le système métrique a remédié à cet inconvénient. Mais, quoique connaissant les mesures nouvelles à l'usage desquelles ils sont assujettis dans les actes, nos paysans ne comptent que par septerées.

[…]

SERRÉE. — S. f. Ne s'emploie guère que dans un seule locution : une serrée de froid.

SERRE-MALICE. — S. m. Nom qu'on donne ironiquement à un cercle en laiton dont les femmes de Latour d'Auvergne s'entourent la tête pour retenir leur coiffure, composée d'un petit voile noir d'étoffe épaisse qui retombe sur la nuque.

Comme tous les anciens costumes d'Auvergne, cette coiffure tend à disparaître entièrement. Il n'y a plus que les femmes âgées qui la portent encore.

[…]

SIMEDIEUX. — S. m. pl. Simagrées; grimaces; protestations affectées.

Jadis ce mot était fréquemment employé dans la conversation comme un formule d'adjuration. Il signifiait proprement : Si Dieu m'aide, si Dieu m'assiste, si m'aist Dieu.

[…]

SOMME. — S. f. Une somme était autrefois la charge d'une bête de somme ou sommier. Au temps des vendanges, comme les chemins n'étaient pas carrossables, les raisins étaient transportés de la vigne à la cave à dos de cheval, d'âne ou de mulet, comme cela se pratique encore dans certains pays montueux du Bas-Dauphiné. Chaque bête portait sa charge ou somme composée de deux bacholles, une de chaque côté du bât.

De là l'usage, encore existant, d'appeler somme de vendange, ou simplement somme, le contenu de deux bacholles.

Autrefois, le mot somme ou sommade, avait un sens plus général et ne s'appliquait pas seulement à la charge de vendange.

Les preneurs s'engagent à payer chaque semaine… treize saulmes de charbon en cas qu'il se trouve une veine…

(Titre du 28 septembre 1659, portant bail d'une charbonnière
ou mine de charbon à Auzat-sur-Alier. Rapporté dans les
Etudes sur le Bassin houiller de Brassac, par M. Baudin, page 8.)

SOUE. — S. f. (du latin sus, porc.) Etable à porcs. — Dans la basse latinité, susis.

Le mot Souille que l'Académie définit : Lieu bourbeux où se vautre le sanglier, a la même origine et n'est vraisemblablement qu'une corruption de soue.

SOUILLARDE. — S. f. Partie d'une cuisine où on lave et où l'on nettoie la vaisselle, les casseroles, etc. Primitivement, lieu où se tenaient les marmitons, où valets de cuisine qu'on appelait soillards ou souillards.

[…]

SOUTRE. — S. m. On appelle soutres, les poutres sur lesquelles, dans les caves, on pose les tonneaux pour les élever au-dessus du sol.

[…] On appelle aussi Soutre une espèce de sous-main buvard ou portefeuille sur lequel les hommes d'affaire posent leurs papiers pour écrire, et dans lequel ils placent leurs notes.

 

 

T.

TABASER. — V. a. Tourmenter, tracasser, importuner; quelquefois frapper, faire du bruit.

[…]

TACHOIR. — TACHOU. S. m. Variété de raisins chargée de matière colorante, qui tache les mains ou la figure si on mange ou si on écrase des graines sans précautions. Ces raisins servent à donner de la couleur aux vins qui en manquent. Seuls, ils ne produisent qu'un vin plat et détestable. Le cep qui les porte est remarquable par la teinte rouge de ses feuilles et de son bois.

[…]

TANT PLUS. — Terme de comparaison. — Tant plus il y en aura, tant plus j'en mangerai.

[…]

TATE-POULE. — S. m. Se dit d'un homme excessivement minutieux; tâtillon, qui s'occupe de ces petits soins du ménage classés ordinairement dans le domaine des femmes.

TATOUILLE. — S. f. Coups. Série de coups : — Comme il m'avait agacé longtemps, je lui ai donné une tatouille dont il se souviendra.

TAUTICHE. — S. m. Méticuleux, d'un caractère indécis; tatillon.

TAUTOUNE. — S. m. Même signification que tautiche.

TAUTOUNER. — TAUTICHER. — V. n. Hésiter; toucher à tout; prendre des soins minutieux indignes d'un homme.

TAVELLE. — S. f. Bâton; morceau de bois de moins d'un mètre, au moyen duquel on enroule et on serre autour d'un rouleau mobile ad hoc, les cordes qui assujettissent et maintiennent les objets et les ballots chargés sur une charrette. Ce rouleau est ordinairement placé à l'arrière des voitures et des chars; quelquefois, cependant il se trouve sur le devant.

— Une tavelle de claye, ainsi nommée au païs (d'Auvergne), que l'on dist un baston long de demi-brassée.

(Titre de 1416. — Ducange. — Tavella.)

[…]

TERSONNE. — S. m. et f. Taureau ou génisse âgé de trois ans.

TIRE-LIARD. — S. m. Epithète donnée à un homme avare. — C'est le synonyme du vieux mot pincemaille. La maille était comme le liard une menue monnaie, dont le nom s'est conservé dans la locution : Sans sou ni maille.

TOMBEE. — S. f. Arrivée en masse. — On dit : Nous avons fait à l'improviste une tombée à sa campagne; nous étions au moins quinze.

On dit aussi en parlant d'un marché, d'une foire : il s'y fait beaucoup d'affaire, c'est une bonne tombée; pour indiquer que le lieu du marché est bien placé, soit dans une contrée riche ou populeuse, soit au débouché de plusieurs villages ou cantons, et que, par suite, il y vient beaucoup de monde.

Le mot tombée n'est français que dans cette locution : à la tombée de la nuit.

TOMME. — S. f. Lait coagulé par la presure. — Après avoir passé par plusieurs préparations, entr'autres : la fermentation et la salaison, la tomme se transforme en gros fromage, ou fourme. (Voyez ce mot).

Quelques personnes appellent tomme tous les fromages fabriqués dans la montagne.

[…]

TONNE. — S. f. Petite maison dans les jardins ou dans les vignes. Lieu de repos, abris contre le mauvais temps. C'est ce qu'on appelle, dans les environs de Paris, courtille; à Marseille, bastide; et ailleurs, vide-bouteilles.

Le français a conservé le diminutif tonnelle.

Depuis l'origine, les petits lieux de repos ménagés dans les vignes ne devaient être que des abris contre le soleil formés avec des branches courbées comme des cercles de tonneaux et recouvertes soit de pampre, soit de plantes grimpantes. Pour les yeux, ces abris avait alors l'aspect de la maison de Diogène. De là les noms de tonne ou de tonnelle qui servent à désigner les berceaux de feuillage et les maisonnettes parsemés dans tous les vignobles autour des villes.

TOPETE. — S. f. Fiole de verre, petite bouteille de forme allongée. — C'est surtout aux bouteilles contenant des médicaments que l'on donne le nom de topètes.

TORGNOLE. — S. f. Léger coup donné avec la main.

TOUPINER. — V. n. Tourner comme une toupie, hésiter, lambiner, être indécis.

L'Académie donne à peu près la même signification à toupiller.

D'après Mary-Lafon (Tableau de la langue du Midi de la France, page 31), le verbe toupiner a signifié aussi autrefois : faire le parasite, courir le pot. Dans la langue romane, comme dans notre patois, toupinou signifie pot.

TOURTE. — S. f. Dans la basse latinité, le mot torta signifiait une grosse miche ronde de pain ordinaire. Postérieurement, on nomma ainsi le pain noir à l'usage des paysans :

Le pain qui nous sert de nourriture est de la tourte, disent les statuts des Chartreux, car jamais nous ne mangeons e pain blanc."

(Legrand d'Aussy. — Vie privée des Français.)

Chez nous, on entend par tourte, tantôt un grand pain bis rond, tantôt une pâtisserie de forme arrondie. — Quand on dit simplement : la tourte, il s'agit de la tourte de pain bis; mais lorsqu'on veut parler d'une pâtisserie, on ajoute le nom de l'ingrédient principal qui entre dans la composition; ainsi : tourte aux œufs, tourte au fromage, etc.

Avant d'entamer une tourte, on ne manque jamais de faire avec le couteau le signe de la croix sur l'un des côtés.

Autrefois, ce qui prouve combien le mot tourte était usité, le métier des boulangers et de pâtissiers était quelquefois désigné par le nom de tourterie

TOURTIERE. — S. f. Plat, ordinairement en fer battu, sur lequel on met les tourtes de pâtisserie pour les faire cuire.

TOUT A L'HEURE. — Locut. Actuellement, maintenant, présentement, tout à l'instant. — Je ne peux pas dîner tout-à-l'heure, j'ai une note à terminer.

En français, ce mot n'a pas cette signification; il veut dire : dans un moment, ou il n'y a qu'un moment; le passé ou le futur, mais non le présent.

TOUT DE MEME. — Loc. Volontiers.

Voulez-vous faire ceci? — Tout de même.

Tout de même, exclamation approbative. — C'est bien fait, tout de même.

[…]

TRAMOIS. — S. m. Espèce de seigle très-utile aux pays de montagne, en ce qu'il ne lui faut guère que trois mois ou environ, pour naître, croître et mûrir. — On le sème en mars pour le cueillir en juin ou en juillet.

Tramois est très-usité dans les environs de Montaigut-en-Combrailles.

TRAVIN. — S. m. Lorsque le vin a été tiré, on porte le marc sous le pressoir, et on obtient un second vin, inférieur en qualité, qu'on appelle vin de pressoir ou travin.

Le vin de pressoir, d'après M. Baudet-Lafarge (Agriculture du Puy-de-Dôme), est au vin de premier jet dans un rapport de un à quatre.

[…]

TROP. — Adv. Beaucoup, extrêmement : — Je suis trop content, je l'aime trop, pour : je suis très-content; je l'aime excessivement.

Trop est aussi employé substantivement, soit seul, soit devant un mot auquel il se lie par la préposition de, pour exprimer l'idée de mauvais, bon à rien, de peu de valeur : C'est un trop d'ivrogne; on m'a donné un trop de chapeau.

Quelquefois, mais plus rarement, trop s'emploie seul. Ainsi on dit en parlant de quelqu'un de méprisable, d'un homme de rien : c'est un trop.

 

 

U.

UILHE ou EUILLE. — Adj. Des deux genres. Rempli, bourré jusqu'à l'œil ou bondon, comme un tonneau. — (Voyez Ouillier.) — Il a bien dîné, il est uilhe.

(Voyez aussi Enfle, Gonfle, etc.)

[…]

USETÉ. — S. f. Dépérissement des habits causé par un long usage.

USTACHE ou EUSTACHE. — S. m. Espèce de couteau commun à manche de buis, que l'on fabrique à Thiers et dans les environs, avec de vieilles faux.

 

 

V.

V. — Dans la prononciation de certains mots où plusieurs voyelles se suivent, la lettre V est quelquefois ajoutée par euphonie. Ainsi, on dit fréquemment : de la vouate, au lieu de ouate; le mois d'avout; la buvanderie, pour buanderie; là voù, pour là où, etc.

Dans d'autres mots, cette lettre est supprimée; ainsi, il n'est pas rare d'entendre : une hoûte (avec h aspirée), au lieu de une voûte.

[…]

VARENNE. — S. f. Terre sablonneuse et maigre. Ce mot est le radical du mot français Garenne. Mais Garenne ne désigne plus seulement la terre, et s'applique en même temps au sol et à la superficie.

La ville de Linières est assise en pays de Varenne et mesgre, néantmoins abondant en seigle, avoine, etc.

(Chauméau. — Histoire du Berri, Lyon, 1566.)

Plusieurs bourgs, villages ou hameaux, sans compter les terroirs ou lieux dits, ont conservé le nom de Varenne que leur a sans doute valu la nature du terrain qui les environne. Ainsi, pour ne citer que les principaux : Varennes-sur-Morges; Varennes, près Sauxillanges; Varennes, près Saint-Clément de Régnat; Varennes, près Chanonat; Charbonnières-lès-Varennes, près Riom, etc.

[…]

VENTONGE. — S. m. Ouragan, tourbillon de neige (voyez : Essir.)

VERSADIS. — S. m. Provin, rejeton de cep de vigne versé et couché en terre pour qu'il puisse prendre racine et former un autre cep.

Por rendre una vigna bien bouna,
Ou fau bina, terça, quarta.
La veursa bien, et …..
Foué ne sez quants de versadis.

(Laborieux. — Poème patois sur la culture des vignes, strophe 2.)

VEUBLE. — S. m. Petit trou pratiqué au-devant d'un colombier pour servir de porte et de lucarne aux pigeons

(Du vieux français véer, voir, dérivé lui-même du latin videre.)

N'est guère plus usité.

VIGE. — S. f. Osier ou saule viminal (Salix viminea. — Linné.)

VIGERIE. — S. f. Champ planté en osier ou vige.

[…]

VORME. — S. m. Morve, humeur qui s'échappe du nez. — Le mot français morve est surtout employé lorsqu'il s'agit des chevaux.

Escopen sus en sa fas
Ab salivas et ab vormas.

(Vie de saint Alexis. — Cité par Raynouard.)

Traduction : Crachant sus en sa face avec salive et morve.

 

VOYEZ-VOIR. — VOYONS-VOIR. — Loc. Allez voir, allons voir? Voyez, voyons. — Voici la seule explication vraisemblable qu'on ait donnée de cette locution :

"L'impératif voyez n'appartient pas au verbe voir qui le suit, mais au verbe voyer ou voier dont on se servait autrefois pour dire aller, et dont nous avons conservé les comoposés : Envoyer, renvoyer, convoyer, dévoyer, fourvoyer. C'est de ce verbe voyer (aller par voies et par chemins) qu'est dérivé le mot voyou, si usité aujourd'hui…"

(Quitard. – Études historiques sur les Proverbes français, page 168.)

 


 

ADDITIONS

 

AYARD. — S. m. Espèce de peuplier dont les branches s'étalent plus que celles du peuplier d'Italie.

Ce mot se dit surtout dans les parties de notre département voisines de la Creuse et du Bourbonnais.

CHANER (se faire). — Locut; se faire traîner par quelqu'un dans une voiture à bras, ou même à pied. — Ainsi, lorsqu'une personne qui se promène avec une autre pèse lourdement sur son bras en se faisant traîner comme à la remorque, on dit qu'elle se fait chaner.

Cette expression est surtout employée aux environs de Riom.

[…]

DÉTRAME. — S. f. Lieu, chambre où l'on dépose tous les objets qui ne font qu'embarrasser et encombrer les appartements, tels que les malles, les caisses, les meubles hors d'usage, etc. (Voyez Détramer.)

GEORGE. — S. m. On appelle ainsi, principalement à St-Amand-Tallende, une sorte de pâtisserie massive composée de plusieurs étages entremêlés de pâte et de cerises. — Le George diffère du Milliard par sa forme et par la contexture plus solide de sa pâte.

SARÇIS. — S. m. Reprise en couture faite grossièrement, sans goût, à la hâte.

SARÇINER. — V. a. Faire un Sarçis, faire une reprise ou une couture grossière à une étoffe, à un vêtement.

 

 

FIN


1. Nous ferons remarquer en passant que c'est à tort que l'Académie écrit être en nage. - Il faut écrire Être en age; car ici le mot age ou aige, comme on disait autrefois, n'est autre que la traduction du latin aqua, eau.

2. Autre rapprochement. En Espagne, les chaînes de montagne sont désignées par le nom de Sierra, Sierra Morena, Sierra Nevada, etc. En Auvergne, on trouve un long plateau situé parallèlement, à Gergovia, entre les vallées de Chanonat et de Saint-Amand Tallende, lequel porte le nom de : la Serre.