D
D. Substantif.
1° Expression abrégée du mot don ou dom, en parlant d’un seigneur espagnol ou d’un moine de Saint-Benoît.
2° Expression abrégée du mot dame, dans l’abréviation N. D., pour Notre-Dame.
3° Signe de douceur, en caractères de musique.
4° Signe du dessus, à côté ou sur l’enveloppe d’une partie de chant.
5° Denier dans les anciens comptes.
Acceptions omises.
DAME. Interjection. C’est le vieux mot dam, damnation; Dieu me damne, god damn. Mais l’usage l’a restreint à des explosions moins violentes.
D’APRÉS. Les auteurs élémentaires et les lexicographes mettent ce mot sous la même rubrique que la préposition après. Il faut bien se garder de les confondre.
Caton parle après César dans Salluste; mais il est loin de parler d’après lui. Longè mihi alia mens est, etc.
Je conseille au premier écrivain qui voudra faire un Dictionnaire après tous ceux que nous avons, ou une grammaire après nos dix mille grammairiens, de ne pas écrire de confiance d’après ses prédécesseurs.
DÉBRIS. Il n’a jamais été employé qu’au pluriel par nos bons auteurs, si ce n’est par La Fontaine qui le prenoit alors dans le sens absolu de destruction, acception qu’il a perdue. Il ne seroit pas permis de dire le débris de Carthage, malgré l’exemple de M. Dellile :
Et ces deux grands débris se consoloient entr’eux.
Chamfort raconte qu’il s’étoit trouvé dans une société où ce vers occasionoit de vives contestations, quand le vieux bailli de R... entra, donnant la main à la comtesse de M.... " Ah! dit quelqu’un, le vers est bon. "S’il ne l’est pas, il faut le dire. Ce sont les grands talents qui fournissent les grandes autorités, et leurs fautes mêmes sont utiles, parceque celles de la médiocrité sont au-dessous de la critique.
DÉCAMÉRON. Ouvrage contenant les événements de dix jours. BOISTE. Ou des récits qui ont été faits en dix jours, comme le Décaméron de Boccace, qui a donné son nom aux autres.
DÉCEPTIF. Trompeur, séduisant. (Omis.)
Ce présent déceptif a bu toute leur force.
Corneille
.Déceptif n’est pas bon, mais il est là, et ce passage de Médée est remarquable par le style, comme une très-grande partie de cette tragédie si méprisée, et que Voltaire paroît à peine avoir lue. Elle offre au moins cela de singulier qu’elle est comme le point de départ entre le genre classique et le genre romantique.
Voici des vers où tout Shakspeare semble passer dans Corneille :
Ces herbes ne sont pas d’une vertu commune;
Moi même en les cueillant je fis pâlir la lune,
Quand les cheveux flottants, le bras et le pied nu,
J’en dépouillai jadis un climat inconnu.
Pope y auroit mis des guillemets.
DÉCILLER, DESSILLER. L’étymologie de ce mot, toujours figuré, est très-sensible; c’est ouvrir, séparer les cils. Son orthographe doit donc être une et conforme à cette racine; c’est donc déciller qu’il faut écrire.
DÉCOUVREUR. Celui qui a fait une découverte. Colomb fut le découvreur de l’Amérique. WAILLY. Si cette phrase se trouve dans un livre bien écrit, il faudra remercier celui qui en sera le découvreur, et laisser le mot dans le Dictionnaire; mais je ne sais ce qu’il y fait s’il n’est pas dans la langue.
DÉGUISER.
Je n’examine point si ce respect déguise;
Mais parlons une fois avec plus de franchise.
Corneille
.Ce verbe actif, dit un excellent critique dont j’ai souvent emprunté les judicieuses observations, devient ici verbe absolu, et est employé sans complément. C’est une ellipse poétique qui enrichit la langue en dépit des grammairiens.
J’ai donné un grand nombre d’exemples du même genre de licence, et j’avoue qu’ils me paroissent presque tous plus heureux que celui-ci.
DENRÉE. Denaria, ce qu’on pouvoit avoir pour un denier. Dans l’enfer d’Épistémon, Xerxès vend une denrée de moutarde à François Villon. Cette jolie étymologie est de Le Duchat.
DÉRAISON. Ce mot a pu échapper à la facilité souvent incorrecte de Chaulieu, à la plume rapide et insouciante de madame de Sévigné, et Gresset lui-même peut l’avoir transporté du style des conversations de province dans des vers d’ailleurs aussi purs qu’élégants, sans qu’il ait acquis pour cela le droit de cité : c’est un barbarisme.
Déraisonner est un mot heureux, parcequ’il exprime vivement le défaut de logique d’un homme qui raisonne mal, comme détoner, le défaut d’oreille d’un chanteur qui sort du ton; mais on ne dit pas plus déraison que déton. L’opposé du ton c’est le faux; l’opposé de la raison c’est la folie, la sottise, l’absence du jugement.
DÉROCHER. Se précipiter d’un roc. Patois.
DÉSANIMÉ. Omis et inusité. Inanimé se dit de ce qui ne jouit pas d’existence réfléchie, de sensibilité. Désanimé se diroit de ce qui l’a perdue.
De sorte qu’à présent deux corps
désanimés
Termineront l’exploit de tant de gens armés.
Corneille
.DÉSAPOINTEMENT, DÉSAPOINTER.
Mots consacrés par Montaigne, par Amyot, et que les Anglois se sont bien gardés de perdre comme nous. Il faut remarquer, au reste, que tous ces anglicismes que la routine reproche à la néologie sont généralement d’excellents gallicismes tombés en désuétude, et que s’en ressaisir, c’est prendre son bien où on le trouve.
DÉSERTER. Abandonner un lieu. Ou bien, dans notre ancienne poésie, rendre un lieu désert ou abandonné.
Mars, qui met sa louange à déserter la terre,
Par des meurtres épais.....
Malherbe
.Quelle langue c’étoit alors que la nôtre! Quelle puissance d’expressions! quelle richesse de métonymies! Sa louange, pour sa gloire; déserter, pour dépeupler; épais, pour fréquents ou nombreux, le spesso des Italiens!
DÉSESPOIR. Nos anciens poètes l’ont souvent employé au pluriel, et Voltaire regrette qu’on n’ose plus en faire de même. Il pense que les désespoirs est une expression aussi naturelle que les espérances, et il en donne pour raison qu’on peut désespérer de plusieurs choses, comme on peut en espérer plusieurs. C’est donner au mot désespoir une acception qu’il n’a jamais eue, ce qui vient d’une petite confusion d’idées facile à éclaircir. Nous attribuons deux sens au mot espérance : celui d’un sentiment général qui embellit et charme la vie, et celui d’une attente particulière qui peut se multiplier à l’infini dans la pensée, et par conséquent se pluraliser dans l’expression. Le mot désespoir n’a d’autre sens que celui qui répond à la première de ces acceptions, c’est-à-dire celui d’un sentiment absolu; le second n’est pas françois. Corneille a donc eu tort de dire, selon moi :
Et par les désespoirs d’une chaste amitié.....
DESTRIER. Nous devons à la romance, et aux autres poésies de goût antique, la conservation de ce joli mot, qui ne vient pas à dexteritate, comme dit Ménage, mais à dexterâ, parcequ’on menoit le cheval de main de la droite, anciennement dite la dextre. Ce mot s’est conservé en françois dans ambidextre, latinisme très-singulièrement figuré, puisqu’il signifie deux mains droites. On disoit à Rivarol, pour excuser la maladresse d’une demoiselle, qu’elle étoit gauchère : Elle a donc deux mains droites, dit-il.
Je n’ai vu traiter nulle part cette intéressante question :"Quels motifs ont déterminé l’homme à l’emploi privilégié de la main droite ?" mais il est certain que toutes les langues s’accordent à désigner l’adresse, ou l’imperfection qui y est contraire, par des mots figurés de cette première acception. On est allé plus loin : l’idée de malheur s’est mêlée souvent à celle de gaucherie, comme dans le sinister des Latins; et cela n’est pas si mal trouvé.
DÉTONER. Sortir du ton.
DÉTONNER. Faire explosion.
Il n’est pas permis de confondre ces deux mots dans le même paragraphe, comme l’a fait M. Boiste. Ils n’ont aucune espèce de rapport, et nul exemple ne peut faire mieux sentir la nécessité de la lettre double, pour l’intelligence de la prononciation et de l’étymologie. Détoner appartient à ton, mode ou degré d’élévation du son. Détonner appartient à tonnerre.
DÉTRIMENTS. s. pl. En termes d’histoire naturelle, débris. Mont formé de détriments de végétaux. WAILLY. On a peine à croire que des débris de végétaux puissent former un mont; quant à détriment, ce n’est point un terme d’histoire naturelle. Les débris d’animaux ou de végétaux, qui résultent d’un grand froissement, se nomment détritus. L’action d’opérer ce froissement se désigne par le verbe détriter, qui est très-usité en parlant des végétaux qui donnent de l’huile, et que presque tous les Dictionnaires ont omis.
Le mot détriment n’est françois qu’au figuré, et n’a point de pluriel.
DETTEUR. Ce mot de Rabelais est employé par La Fontaine : il est indispensable dans la langue; pourquoi n’y seroit-il pas admis ?
DEVOIR. verbe.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu’à mon père.
Corneille
.L’Académie trouve cette expression trop vague. Voltaire dit que l’usage s’est déclaré depuis pour Corneille, et il en apporte ce vers pour exemple :
Je dois à la nature encor plus qu’à l’amour.
Il se trompe, comme cela arrive toujours quand on écrit vite sur une matière qui intéresse peu. L’Académie a raison, car ce qu’il y a de vague dans le vers de Corneille, c’est le défaut de régime; et dans le vers que Voltaire rapporte, le verbe devoir en a un.
Cette liberté n’étoit pas rare toutefois dans notre ancien langage. Debvez-vous tousiours à quelcung ? dit Panurge. Par icelluy sera continuellement Dieu prié vous donner bonne, longue et heureuse vie.
Au reste, cet exemple se rapporte plutôt à une acception spéciale où devoir se prend sans régime : c’est le cas du detteur, de l’homme qui n’est point au courant de ses affaires. Il doit, signifie fort bien, il a des dettes, et cette manière convenue de parler n’excuse pas l’autre, dont au contraire elle augmente le louche. Le personnage de Corneille n’est, grammaticalement parlant, qu’un amoureux et un fils de famille fort embarrassé dans ses comptes : ce n’est pas ce qu’il a voulu dire.
DIALECTE. Il est indiqué dans quelques Dictionnaires comme un substantif de genre douteux. Danet, Richelet, le Novitius, le font féminin, et la méthode grecque de Port-Royal, masculin : préface de l’édition de 1695, p. 17, 28, etc., en quoi elle est suivie presque universellement. Il semble qu’on auroit dû se conformer au procédé des Latins, qui lui ont donné le même genre qu’en grec : tum ipsa habet eam jucunditatem ut latentes etiam numeros complexa videatur, dit Quintilien, Instit. Orat., lib IX, cap. IV.
DIAPRÉ. Voilà un participe charmant dont tout le monde connoît l’usage. Pourquoi ne pas admettre le verbe, qui ne seroit pas moins utile et moins agréable ?
DICTATEUR. Il a été employé pour celui qui dicte à un autre, par La Fontaine, Pélisson, Voltaire. Cela est très-bien dans les analogies de la langue, où l’on dit créateur, amateur, etc. ; mais il n’y a point de mot qui ne soit à préférer pour éviter l’équivoque.
DICTION. Les Dictionnaires ont oublié ce mot dans une acception très-commune et très-utile : manière de dire ou de prononcer le discours. Il y a plus : c’est qu’il ne devroit peut-être avoir que celle-là, élocution suffisant très-bien à l’autre.
La diction consisteroit donc dans l’énonciation matérielle du discours, dans le rapport de la prononciation avec la pensée; ce qui, comme on le voit, exige une assez longue périphrase.
L’élocution, dans le choix, dans l’ordre des mots.
Le style, dans l’effet général de l’élocution, dans la couleur commune d’un ouvrage d’esprit.
On diroit, la diction d’un acteur, d’un lecteur renommé; l’élocution d’un orateur; le style d’un écrivain.
Ces définitions sont en quelque sorte prescrites par l’étymologie : diction vient de dicere, dire; élocution, de loqui, parler, et style du nom de l’instrument avec lequel on écrit.
Talma disoit admirablement les vers; tel avocat parle bien; le style est autre chose.
M. Delille réunissoit à un degré rare trois qualités fort rares, la diction, l’élocution, et le style.
DICTIONNAIRES SPÉCIAUX. Je parlerai souvent dans ces notes de la nécessité des Dictionnaires spéciaux, des nomenclatures techniques, et de l’impossibilité de les réunir avantageusement au Dictionnaire de la langue. Je veux en présenter un petit exemple qui prendra cependant quelque place; et, cet exemple, je ne le tirerai point des sciences en général, mais d’une science en particulier, l’Histoire Naturelle. Je ne le tirerai point de l’Histoire Naturelle, prise en entier; mais de celle de ses parties qui est peut-être la moins riche en nomenclature, la Zoologie. Je ne le tirerai point des livres françois qui traitent de la Zoologie, à les considérer en masse; mais de l’admirable et rapide analyse de M. Duméril; et, pour être encore plus exigu, je me bornerai à la lettre A, qui est bien loin d’être la plus riche. Il en résultera toutefois trente articles, qui sont à peu près aux articles omis comme un est à trois mille, et que j’offre à nos lexicographes universels pour leur prochaine édition, sauf à eux à se compléter dans la Table des Matières de la Zoologie analytique :
Abditolarves.
Acanthophis.
Acanthopomes.
Adélobranches.
Agathidie.
Agénéiose.
Akide.
Akyrode.
Alipèdes.
Alloptères.
Améiva.
Amic.
Anarnak.
Anatifier.
Angustipennes.
Ani.
Anomides.
Anoures.
Anthices.
Anthophiles.
Apale.
Apalytres.
Aphidie.
Aphyostomes.
Apiaires.
Aplocères.
Apterichte.
Argonautier.
Argule.
Arpenteuse.
Sur quoi je dois répéter qu’il est bien loin de mon intention de reprocher sérieusement cette défectuosité à un lexicographe; et que si je vois quelque chose à reprendre dans son système, c’est de s’être exposé à y tomber. Encore une fois, tout cela appartient à la langue des sciences et non à la langue françoise. Il ne faut pas défendre aux sciences, sous peine de borner leur essor, de s’enrichir d’expressions tirées des langues anciennes, dont le mécanisme favorisoit bien plus que dans la nôtre les compositions de mots; mais il est inutile et même dangereux de mêler cette inépuisable famille de mots techniques à ceux dont nos Dictionnaires se composent; autrement il en résultera que rien ne ressemblera moins à un Dictionnaire françois qu’un Dictionnaire françois, et que le meilleur de tous paroîtra écrit, sous la dictée de Ronsard, par l’écolier limousin.
DIEU. Il faut un article particulier pour le pluriel, qui a une acception différente.
Les Dieux n’étoient dans la Mythologie que des êtres intermédiaires entre la toute-puissance de la nature et le genre humain; ils y tenoient seulement la place de nos anges, et voilà pourquoi la dévotion, telle que nous la connoissons, étoit peu familière aux anciens. La cause première n’étoit connue que des sages, et les causes secondes ou intermédiaires n’étoient crues que du peuple; ce qui constitue une religion éminemment philosophique.
DIPHTONGUE. Diphtongue signifie proprement deux sons. Oi est une diphtongue dont les éléments expriment très-mal le son; mais ce son est réellement double, quoiqu’il n’en résulte qu’un monosyllabe. Ce qu’il y a de particulier, c’est que la lettre x est elle-même une diphtongue dans le sens le plus exact de ce mot. Quant aux sons eu, au et ou, il est très-inconvenant de les appeler diphtongues; ce sont des voyelles pures, fort ridiculement figurées dans notre langue. Le concours de deux voyelles ne peut pas plus produire une voyelle proprement dite, que le concours de deux substances une substance une et élémentaire. Il seroit peut-être à propos de se contenter de les appeler digrammes, en attendant que le temps et l’usage, deux puissances qui modifient à la longue les institutions et les alphabets, remplacent dans le nôtre ces signes équivoques et barbares par des signes propres et précis.
La diphtongue est encore mal définie, dans certains de nos Dictionnaires, une syllabe composée de différents sons. Il falloit dire, de deux différents sons. Toi, moi, loi, sont des syllabes composées de différents sons, et pourtant ce ne sont pas des diphtongues, puisqu’on y reconnoît trois sons différents.
DIPNOSOPHISTE. s. m. BOISTE. — Lisez Déipnosophistes, s. pl.
Livre grec, etc. BOISTE. — Et que fait là le titre d’un livre grec ? Déipnosophistes n’est pas plus françois que batrachomyomachie et cinquante mots de même espèce qu’on s’est obstiné à recueillir. Lexicon est un mot grec, mais il a reçu dans notre langue une application générale. Il n’en est pas de même de déipnosophistes qui est le titre exclusif d’un ouvrage d’Athénée; c’est faire entrer mal à propos la bibliographie dans le Dictionnaire.
DIPTÈRE. adj. GATTEL. Et substantif masculin.
Il se dit des insectes à deux ailes. GATTEL. Sans étuis, avec un balancier à leur origine. Les coléoptères sont des insectes à deux ailes.
DISPENSÉ. Excepté de la règle ordinaire. Autorisé à quelque chose.
Quoi! s’il aimoit ailleurs, serois-je dispensée
A suivre, à son exemple, une ardeur
insensée ?
CORNEILLE
.DISSIDENT. Qui n’est pas de la religion dominante. WAILLY. ―Un dissident est presque toujours de la religion dominante; mais il est en opposition avec quelques idées reçues en matière de discipline. Si c’est en matière de dogme, il est hérétique; s’il est tout à fait étranger à cette religion, il est infidèle; s’il l’est à toutes les religions, il est déiste; s’il l’est à toutes les croyances, les philosophes lui donnent le nom d’athée, et le vulgaire, le nom de philosophe.
DIVERS. Il ne signifie pas seulement différent, il signifie encore varié, et les poètes l’ont employé bien heureusement dans ce sens. Quand M. Delille ou M. Le Brun en firent usage, M. Clément l’admira comme trouvé, en cette acception. Il n’avoit pas lu La Fontaine, qu’il a commenté.
DIVORCE. Rupture de mariage, dissensions dans le mariage ou entre les amis. Ajoutez : Dans les nations et parmi les citoyens.
Ils ont assez long-temps joui de nos divorces.
CORNEILLE
.Voltaire approuve ce mot comme juste et excellent.
DODELINER. Traiter mollement. WAILLY C’est le sens figuré; le sens propre est : balancer la tête comme un enfant que l’on berce, et il a été pris ainsi par Rabelais, ce qui est au reste de fort peu d’importance. Le Dictionnaire des grands écrivains n’est pas le même que celui du peuple.
DONNÉES. Ce mot est reçu en mathématiques pour quantités connues. Quel inconvénient y auroit-il à autoriser l’emploi dans des cas analogues, en métaphysique, en morale, et généralement dans l’usage des sciences ?
DONT. De unde, quoique les principaux éléments de cette racine aient disparu dans notre orthographe actuelle. Rabelais écrit : Je vous remets à la grande chronicque pantagrueline a congnoistre la généalogie et anticquité d’ond nous est venu Gargantua. Liv. I, chap. I. Cet archaïsme éclaircit très-bien la question.
DOUTE. Son ancienne orthographe étoit doubte, qui est évidemment fait de dubitatio et non de dubium, dans lequel le t n’entre pas en construction; aussi ce mot a-t-il été long-temps féminin.
Nos doutes seront éclaircies…..
C’est la doute que j’ai qu’un malheureux m’assaille…..
C’est la doute que j’ai que ce dernier effort…..
MALHERBE
.Ces exemples ne sont pas exclusivement propres à la langue poétique. Le même auteur écri-voit en prose : Je l’ai tiré d’ici pour la doute que j’avois que ses parties ne lui eussent tendu quelque piège.
DOUTEUX. On connoît son acception. La Fontaine lui en a donné une autre, qui revient à timide ou méfiant, (L. II, F. XIV.)
Il étoit douteux, inquiet.
Ce n’est pas une règle; mais c’est une exception qu’il faut recueillir.
DRAMATIQUE. Se dit d’un discours très-éloquent. BOISTE Dans lequel un mouvement dramatique est heureusement introduit, ce qui est extrêmement rare. L’oraison funèbre de Marc-Aurèle, dans Thomas, est placée dans un cadre fort dramatique; mais un discours n’est pas nécessairement dramatique pour être fort éloquent : ces deux idées n’ont point de rapport.
DRU. Fort, vigoureux, de , un chêne; et de la même manière, robuste, du latin robur. Belle chaîne de comparaisons communes à tous les peuples, qui nous ramène à l’institution des langues et à l’emploi primitif des figures.
DRYOPS. Coléoptère aquatique. BOISTE Coléoptère terrestre et silvain, comme son nom l’indique.
DUPE. s. f. La Fontaine l’a fait masculin par une licence qu’il est bon de signaler aux étrangers, mais qui n’a pas eu d’imitateurs.