F

F. substantif.

1º Caractère de musique qui indique le fa.

2º Nom de la plus basse des trois clés.

3º Signe de force au-dessus ou au-dessous d’une des lignes de la portée.

4º Doublé, en caractères majuscules, il indique une force beaucoup plus considérable.

5º Doublé, en caractères ordinaires, mais unis ou identifiés (ff), il désigne les Pandectes.

6º Il est aussi l’expression abrégée du mot frère, en parlant d’un moine.

Acceptions omises.

FABLIER. Fabuliste. WAILLY. Rendre fablier par fabuliste c’est détruire tout le charme de cette délicieuse expression faite pour La Fontaine, et qui n’est applicable qu’à La Fontaine. Un fabuliste fait des fables; le fablier en produit, comme sans le savoir. Les fables des imitateurs de La Fontaine sont à ses ouvrages ce que le stras est aux pierres précieuses.

FACTURE. Les lexicographes qui définissent facture, façon de faire ne doivent pas se croire incomplets en définition. Cela fait deux battologies sur une, et il y a superfluité.

FAINE. De fagina, féminin de faginus, ce qui appartient au hêtre.

Il est douteux que les hommes aient jamais vécu de gland, et même qu’ils aient jamais pu en vivre. On concevrait plus facilement qu’ils se fussent nourris du fruit du hêtre, qui est beaucoup plus agréable et qui n’est pas moins commun.

Les Grecs ont appelé le hêtre , et l’action de manger. Cette conformité de racines semble appuyer mon hypothèse.

Si cette étymologie étoit vraie, elle remonteroit certainement à la langue primitive. Je ne la donne pas pour bonne, mais elle vaut bien le , qui fit tant d’honneur aux Phrygiens avant d’être restitué aux chèvres.

FAINGALE ou FRINGALE. Mot usité en différents lieux pour exprimer une idée qui n’a, je crois, point de signe reçu dans la langue. C’est ainsi qu’on appelle une faim subite et inopinée qui saisit plus particulièrement les enfants et les femmes, hors de l’heure accoutumée des repas, et qui est quelquefois suivie de défaillance quand on ne trouve pas moyen d’y remédier à l’instant. L’étymologie de ce terme est assez difficile à trouver. Il faut peut-être la chercher dans cette vieille expression employée par Baïf, feuillet 22 des Mimes et enseignements.

Tout l’été chante la cigale :
Et l’hiver elle eust la faim vale.

Vale est ici adverbe, et vient de valdè; ou adjectif, et vient de valens ou de valida. M. Solvet, qui ne l’a point entendu, écrit la faim râle, mais c’est contre l’autorité de l’excellente édition de 1581, qui a été faite sous les yeux de Baïf.

La substitution du g au v, et la syncope des deux mots dans faingale, sont des particularités si communes en lexicologie qu’il seroit même superflu d’en rapporter des exemples.

FAIRE. Ce mot est difficile à définir exactement et complétement; mais c’est porter l’exactitude trop loin que de l’expliquer, comme M. Boiste, par près de quatre-vingts infinitifs. Une énonciation très-simple, et par conséquent très-claire, en peut tenir lieu. Dites par exemple :

Exécuter un ouvrage ou une action dont l’espèce est déterminée par les mots complétifs.

Dites mieux encore, ce qui n’est pas difficile; mais surtout ne dites pas tant, car l’abondance des mots nuit nécessairement à la clarté.

Que pensera l’étranger qui sera renvoyé, pour une seule définition, à cent définitions incohérentes, et qui les recueillera toutes sans pouvoir les rapporter à une définition commune, qui est précisément la seule qu’il cherche ?

FALBALA. On attribue à ce mot une singulière étymologie, qu’il faut recueillir pour éviter des tortures aux Ménages à venir. Un prince, étonné de l’assurance avec laquelle une marchande de modes se flattoit d’avoir dans son magasin tout ce qui peut servir à la parure des femmes, s’avisa de lui demander des falbalas, mariant au hasard les premières syllabes qui se présentèrent à son esprit. On lui apporta sans hésiter cette espèce d’ornement qui en a conservé le nom.

FALLACIEUX. Ce bel adjectif n’a pour lui que trois autorités, celles de Corneille, de Bossuet et de Voltaire. Il n’a pas celle des anciens Dictionnaires de l’Académie.

Il se lit déjà dans Marot :

Je pense en vous et au fallacieux
Enfant Amour, qui par trop sottement
A fait mon cueur aimer si hautement.

FANFARES. Puisque les lexicographes citent fanfarer pour se panader, d’après l’autorité de Rabelais, ils devoient rapporter fanfares pour fanfaronnades, qui est encore plus commun, et qui se lit dans le vieux Dictionnaire de Nicod. Au reste, l’un et l’autre sont maintenant des antiquités de la langue, et ne conviennent plus qu’à un dictionnaire archaïque dont l’utilité se fait sentir tous les jours.

FANTOCCINI. Jeu théâtral exécuté par des marionnettes. BOISTE. Lisez : marionnettes qui exécutent un jeu théâtral.

Fantoccini est un nom honorifique des marionnettes. Il est presque du temps où les baladins se sont nommés artistes. Il n’y a rien qui enrichisse autant les langues que la vanité, et Brioché a la sienne.

FAQUIN. L’auteur du rare Dictionnaire étymologique, imprimé à Genève en 1666, petit in-12, dit que ce mot vient du grec faquinos, ce qui est venu d’une lentille, fort petit et vil légume; car faquin est un homme de peu. Je ne connois pas le grec faquinos, mais je suis persuadé que faquin vient du latin fascis, du françois faix, de l’italien fascio. En Italien, facchino signifie porte-faix, et par extension un homme de peu, comme chez nous.

FASCICULE. Ce qu’on peut porter d’herbe sous un bras. Et beaucoup plus communément une élucubration scientifique de peu d’étendue, qui paroît périodiquement.

Quelques Dictionnaires donnent ce mot, dans sa première acception, pour un terme de médecine. Ce seroit tout au plus un terme d’herboriste.

FASCINATION. Charme qui fascine les yeux, qui empêche de voir la réalité. C’est aussi l’action de certains animaux sur d’autres, comme du chien sur la perdrix, du tigre sur sa proie, et du serpent sur les oiseaux, si toutefois les oiseaux sont fascinés par les serpents, ce qui est possible.

FAUCHEUR. L’Académie écrit faucheux, qui est patois, et définit le faucheux une espèce d’araignée. C’est un insecte qui a fort peu de rapports avec l’araignée, et qu’on nomme faucheur à cause de ses longues pattes et de son allure.

FEMME. D’homo, homina, puis femina, par la substitution de la sifflante. On trouve encore foemina dans les manuscrits.

Je me rencontre dans cette observation avec Court de Gébelin, et je ne l’en consigne pas moins dans mes notes, parce que cette coïncidence me semble ajouter à la probabilité de l’hypothèse.

FERRIFICATION. Changement en fer. TREVOUX, GATTEL, BOISTE. Nul corps ne peut se changer en fer. Dans le cas contraire, il ne faudroit désespérer de rien pour les alchimistes.

FERTILE. En blé en vin, en expédients, en inventions. Pris de mauvaise part, et avec la préposition de :

On tient que ce plaisir est fertile de peines.

MALHERBE.

FERVEUR. Ardeur, zèle, sentiment vif et affectueux avec lequel on se porte aux choses de piété, de charité, etc. — A l’amitié, à l’amour, à tous les sentiments.

Entre tous ces rivaux dont la jeune ferveur
Adore votre fille…

CORNEILLE

L’Académie a décidé, dans ses Remarques sur le Cid, que ferveur ne pouvoit s’employer que dans le langage de la dévotion. Cette définition consacrée a passé dans tous les Dictionnaires; mais l’usage, qui les consulte peu, a beaucoup étendu l’acception de ce mot élégant et utile; et c’est ce qu’il faut dire quand l’occasion s’en présente, car les Dictionnaires sont l’expression et non la règle de l’usage.

FIXER. Pour regarder fixement. Employé en ce sens par J. J. Rousseau, Diderot, Delille, Anquetil, Rivarol, Thiébault, madame de Genlis, et cent autres. M. de Châteaubriand le condamne; mais il en use, et fait bien.

Je ne cite point ici M. Delille pour les deux vers rapportés par M. Carpentier dans son excellent Gradus françois :

Ah! quand pourra ton fils te presser sur son sein,
Mes yeux fixer tes yeux, ma main serrer ta main! …

Ici le mot fixer peut être pris dans un sens très-correct, pour attacher tes yeux sur les miens; et cette acception, qui l’emporte de beaucoup en énergie sur l’autre, est certainement celle du poète.

FLABELLE. Ce mot n’a été recueilli par aucun lexicographe. Il est très-usité en botanique, et surtout en entomologie, pour indiquer des dentelures profondes et légères, qui donnent au limbe d’une pétale ou au profil d’une antenne l’apparence d’un panache. Il n’a point d’équivalent.

FLATTER v. actif. Il a été substantif, et il est peut-être susceptible de l’être encore, comme la plupart des infinitifs. L'infinitif est le substantif du verbe.

Les Muses hautaines et braves
Tiennent le flatter odieux.

MALHERBE

On ne citeroit guère d’exemples à l’appui de cette expression. On en citeroit bien moins encore à l’appui de cette idée.

FLORE. s. m. Traité des plantes d’un pays. BOISTE. — Lisez : s. f. Description des plantes d’un pays. Et ajoutez au mot FAUNE : Description des animaux d’un pays : ou supprimez tous les deux, ce qui sera peut-être aussi plus convenable.

FLOU. adv. GATTEL. – Il est aussi substantif et même adjectif.

Vieux. BOISTE. – Pas si vieux. Du temps de Vatteau et de Boucher, qui l’ont effectivement renouvelé. On trouve floup dans Villon, peindre d’une manière tendre, légère, etc.

Dieu nous préserve de Dorat, des baisers musqués, des amours rouges, et des peintres qui peignent flou.

FLÛTISTE, et de même harpiste, violoniste, et le reste. Voilà des néologismes bien introduits dans l’usage, et qu’il est difficile d’en chasser.

Ne sont-ils pas aussi d’une invention très-naturelle, et d’un emploi très-utile ?

On a dit autrefois joueur de flûte, de violon, etc. ; mais ces périphrases sont devenues bien triviales pour nos artistes, et on ne voit pas d’ailleurs la nécessité d’employer une périphrase dans le cas où le sens ne demande qu’un mot.

FORCENEMENT. s. m. Qui paroît fait assez naturellement de forcené. Il faudroit lui laisser une place parmi les archaïsmes du Dictionnaire, au moins en faveur des étrangers qui lisent Corneille.

FORET. Instrument pour percer un tonneau; cheville pour en boucher le trou. – Deux acceptions, dont l’une appartient exclusivement à M. Boiste, au lieu de cinq au moins qu’il auroit fallu recueillir.

1º Outil d’acier, dont les arquebusiers, les orfèvres, les bijoutiers, les ouvriers en fer et en métal de toute espèce, se servent pour percer celui qu’ils mettent en œuvre.

2º Tablette à cellules, où les imprimeurs renferment les biseaux, les têtières, bois de fond, et autres garnitures de formes, pour l’imposition.

3º Ciseau de tondeur de draps, pour couper le superflu du poil qui se trouve sur les étoffes.

FORFANTE. Pour hableur, charlatan, fourbe.

Mot d’argot, dérobé à l’italien, et qu’il faut laisser à l’italien et à l’argot. L’usage a mieux consacré forfanterie, qui restera françois, en dépit de sa mauvaise origine, jusqu’à ce qu’il manque de sujets d’application, ce qui n’arrivera pas de sitôt, surtout en littérature.

FORJETER. ACADEMIE, TREVOUX, RESTAUT, WAILLY.

FORGETER. GATTEL, BOISTE. Terme d’architecture. Dans le cas d’équivoque entre deux orthographes données, il faut recourir à l’orthographe étymologique. Forjeter, de foris jacere, est la seule orthographe admissible.

FORT DE, etc. Locution emphatique, qui a passé du néologisme du barreau au néologisme des brochures, des journaux, et de la tribune. Notre temps est celui des discours forts de choses, et il n’est personne entre nous qui n’ait eu le bonheur d’entendre quelque part des avocats forts de la vérité de leurs moyens, et des orateurs forts de la pureté de leur conscience. Ce style n’est pas fort.

FORTUNE. Bien traité de la fortune ou du sort; et comme cela signifie riche, dans la logique du peuple, un homme fortuné signifie nécessairement un homme riche, dans sa grammaire. C’est un barbarisme très-commun dans la langue, et qui provient d’une erreur très-commune dans la morale.

FORTUNE (BONNE— ). s. f. – Et non pas substantif avec l’attribut, dans le cas où ce mot signifie, les bonnes-graces d’une femme (définition reçue, et que je n’oserois retracer sans cela). Il en résulte qu’on ne peut jamais dire, comme nos petits-maîtres, avoir de bonnes-fortunes, mais des bonnes-fortunes; parceque bonnes-fortunes ne fait en cette acception qu’un seul mot. De même, on ne diroit pas qu’on a eu de bonnes-graces de madame telle; mais on pourroit dire qu’elle a accordé des bonnes-graces de bonne grace, ce qui arrive presque toujours, et certainement on feroit beaucoup mieux de ne dire ni l’un ni l’autre, même quand cela seroit, ce qui n’arrive pas si souvent. Dans tous les cas, c’est là une nuance très-difficile à établir pour les imprimeurs délicats, qui suppriment les tirets, vulgairement nommés traits d’union, et j’aurois essayé de le leur prouver par un exemple plus décent, si j’avois exclusivement écrit ad usum studiosœ juventutis.

FOUGERE. Plante qui sert à faire le verre. BOISTE. – Et vingt autres choses. Du pain en Auvergne, du vernis en Chine; à chauffer les fours en Saxe; à laver le linge en quelques parties du nord de l’Angleterre, etc.

Laissons ce fatras de propriétés aux naturalistes, aux économistes, et surtout aux monographes. Définissons les choses par des caractères sensibles et distinctifs.

FOURBE. s. f. Il falloit peut-être conserver ce vieux mot, qui n’a pas tout-à-fait le même sens que fourberie. Fourberie indique une action déterminée; et fourbe, un penchant ou vice habituel.

Ménage prétend qu’on a dit pour fourbe, adjectif, le vieux mot coz, qu’il fait dériver de cautus. Cautus n’a pas pu faire coz, et coz n’a jamais signifié fourbe, comme on peut le voir par la citation même de Ménage, qui allègue un Philippe de Beaumanoir, dont voici les termes : Il advint au temps le bon roi Philippes que un dict à un autre par maltalent, Vous êtes coz, et de moy-mesmes. Coz est ici dans un autre sens qu’il est inutile d’expliquer.

FOURCHETTE. Généralement, instrument en forme de fourche.

1º Instrument de métal ou de bois, qui sert à saisir les aliments.

2º Partie inférieure de la vulve.

3º Instrument qui sert à soutenir la langue des enfants quand on leur coupe le filet.

4º Portion conique élevée au milieu de la sole du cheval.

5º Endroit où les deux petites noues de la couverture d’une lucarne se joignent à celle d’un comble.

6º Pièce presque carrée, garnie de deux aiguilles qui servent aux cardeurs à percer le feuillet.

7º Pièce de charronnage composée de deux morceaux, et qui est enchassée dans le train de devant.

8º Autre pièce de charronnage également composée de deux bois enchassés dans les mortaises faites à la face de dessous du lissoir de devant, et communément nommée entre-deux de fourchette.

9° Instrument fourbisseur qui empêche que les dents de l'étau ne marquent sur la lame de l'épée quand on la monte.

10° Partie de l’horloge qui, recevant la verge du pendule dans une fente située à sa partie inférieure, recourbée à angle droit, lui transmet l'action de la roue de rencontre, et la fait mouvoir constamment dans un même plan vertical.

11° Bâtons de bois taillés à dents, que l'on enfonce autour des cloches de verre placées sur les couches pour les élever, afin de donner de l'air aux plantes.

12° Tringle de fer qui sert aux verriers à avancer ou reculer une barre de la grille. 13° Fourche à deux pointes, sur laquelle on posoit le mousquet pour tirer.

14° Morceau de bois armé de deux branches de fer, et qu'on attache à la flèche du carrosse.

15° Bandes de peau cousues le long des doigts gant.

16° Partie de la manchette qui garniture de la manche d'une chemise d'homme.

17° Le creux de l'estomac, etc. M. Gattel rapporte sept de ces acceptions, et M. Boiste deux. Il faut rapporter toutes les acceptions connues, ou s'en tenir à une acception générale, et laisser les autres aux dictionnaires spéciaux. On n'exige aucune méthode en particulier, mais on voudroit que les lexicographes en suivissent une.

FOURMILLON. Insecte qui se nourrit de fourmis. GATTEL. Névroptère qui creuse une fosse, etc. BOISTE. – Ce n'est pas l'insecte qui se nourrit de fourmis; ce n'est pas le névroptère qui creuse une fosse; c'est la larve de l'insecte, du névroptère, et M. Gattel ne connoît pas bien cette dernière acception du mot larve, qui est cependant assez ancienne. Il en donne une définition vicieuse. L'état de larve est le premier que subisse un insecte en sortant de l'œuf.

FOURMIS. C'est ainsi que l'écrit La Fontaine dans une de ses fables :

Quand sur l'eau se penchant une fourmis y tombe.

Et plus loin :

Ce fût un promontoire où la fourmis arrive.

Cette licence n'est pas une règle.

FOURNÉE. Dictionnaire dit de l'ACADÉMIE, édition de 1811. – On n'ose pas transcrire ici la définition de ce mot, qu'il ne faudra pas oublier dans le dictionnaire des cannibales. Les bourreaux ont cinquante expressions plus décentes au service des lexicographes.

FOYERS. Rentrer dans ses foyers, locution néologique qui remonte à La Motte-Houdard, et dont les orateurs de la révolution ont fait un extrême abus. Elle n'a pas cependant le sens ridicule que l'abbé Desfontaines lui attribue en la traduisant par ces mots : rentrer dans sa cheminée. C'est là son acception propre, et non son acception figurée. Prise comme on le fait, elle ne s'emploie jamais qu'au pluriel. C'est une métonymie dont Cicéron même avoit donné l'exemple : Repetere focos.

FRANC-MAÇON. Il y a des volumes sur l'étymologie du nom de cette célèbre société. Le premier élément en est connu; d'où vient le second ? Tous les peuples ont attaché une prévention défavorable au nom des peuples qui les ont envahis, comme chez nous Goth et Sarrazin, et chez les Romains Gaulois et Barbare. Il n'est pas étonnant que les peuples de l'ancienne Gaule aient fait la même chose pour les Francs. Cette prévention s'est particulièrement attachée à certains états qui sont plus propres aux castes proscrites ou aux nations ennemies, comme de tanneur chez les Japonais, de tailleur à la Chine, de charpentier pour les cagots de Languedoc, de cordier pour les cagous de Bretagne, de maçons pour les Francs, etc. Le peuple de Londres est fort persuadé qu'une grande partie de la population de France est composée de perruquiers et de maîtres à danser. Les Francs ont pu conserver ce surnom d'état, par une cruelle ironie, comme les gueux des Pays-Bas et les sans-culottes de la révolution, et le retenir ensuite dans des sociétés secrètes qui se sont maintenues jusqu'à nous, institutions très-communes chez les peuples mêlés. Les affiliations de cette société aux templiers, et puis à quelques architectes d'Angleterre, peuvent être fort vraies, sans rien changer à mon hypothèse. Quant à ce qui concerne Adonhiram et le temple de Jérusalem, c'est une assez mauvaise plaisanterie.

FRÊLE. En quelques endroits, demoiselle, jeune fille; GATTEL, RESTAUT, BOISTE -– Ce n'est ni dans Racine, ni dans Molière, ni même dans La Fontaine. J'aime à croire que ce n'est nulle part, sinon par exception. En tout cas, c'est une homonymie fort impertinente, car il faut chercher quelque temps pour y trouver un germanisme.

FRéQUENTER. v. n. Il fréquente dans, ou chez, etc. Barbarisme.

FUIR. L'Académie, dans ses Observations sur le Cid, ne veut pas que meurtrier soit de trois syllabes; mais elle prétend que fuir est de deux. Ce sont les poètes qui font l'usage; ce sont les grammairiens qui l'écrivent.

FUNÉRAILLES. Obsèques et cérémonie qui se font aux enterrements. Poétiquement, morts violentes.

Je l'ai vu tout sanglant au milieu des batailles
Se faire un beau rempart de mille funérailles.

CORNEILLE.

L'Académie blâma cette expression dans ses Sentiments sur le Cid, et Corneille en fit le sacrifice. On peut ne pas approuver sa soumission. Un poète de notre temps, qu'il est déjà permis de citer après les classiques, a dit :

Et son orgueil rêvoit les funérailles
De nos bataillons indomptés.

BAOUR-LORMIAN.