Le Livre du Bon Langage

Les Omnibus

DU LANGAGE

Corrigé des locutions vicieuses
Employées journellement

Avec la signification de plusieurs termes
Qui présentent quelques difficultés
Renfermant une Théorie grammaticale, des tableaux de la prononciation des mots difficiles,
des noms propres, une liste complète des genres des noms, l’explication des mots étrangers

Pouvant servir de guide
Aux Français et aux étrangers

Par D. LEVY (ALVARES)

Chevalier de la Légion-d’honneur, membre de l’Institut historique et de l’Académie royale de Bordeaux
Professeur de Littérature, etc., etc.

Édition totalement refondue

Et dans laquelle on a introduit
Les Wallonismes et les Flandricismes

Bruxelles
Et dans les principales villes de l’étranger
Chez tous les libraires

1843


Quelques mots
Sur
Cette nouvelle édition

Voici un ouvrage dont l’utilité a été tellement appréciée, qu’il est devenu populaire, et que plusieurs éditions, tirées à un nombre considérable d’exemplaires, se sont écoulées avec une rapidité inouïe.

Tout le monde comprend l’utilité d’un ouvrage, qui, sans explications scientifiques, sans développements inutiles, éclairerait chacun sur l’emploi correct des locutions les plus usitées ; donnerait le sens précis des termes dont on se sert fréquemment dans les arts et dans les sciences ; fixerait, d’après les écrivains compétents et l’usage de la bonne société, la prononciation des mots et celle des noms propres sur lesquels le doute s’élève ; et aplanirait ainsi les difficultés du langage et du style ; c’est ce que nous avons essayé de faire, en publiant ce recueil.

Dans ce travail ingrat et souvent fastidieux, l’Académie, nos meilleurs dictionnaires, nos plus savants Grammairiens, ont été nos guides, nos autorités.

La nouvelle édition que nous offrons au public a été revue avec soin, et augmentée considérablement ; nous l’avons mise à la hauteur de l’époque. Si l’on voulait se convaincre des nombreuses améliorations que nous avons faites, il suffirait de jeter un coup d’œil sur notre dernière publication. Celle-ci est vraiment un nouvel ouvrage, tant par le format que par la direction utile que nous lui avons donnée. Nous avions à cœur de nous rendre digne de l’immense succès dont les Français et les étrangers même ont honoré ce petit livre, devenu désormais classique.

D. LEVI Alvarès


Petite Théorie Grammaticale

Notions générales

Organes. – Idées. – Pensées. – Jugement. – Propositions. – Phrases. – Périodes. – Discours. – Langage. – Langues. – Idiotismes. – Dialecte. – Patois. – Langue mère, dérivée, morte, vivante. – Philologie.

Les organes qui reçoivent nos impressions sont au nombre de cinq : l’œil, l’oreille, le nez, la main, le palais.

Ces cinq organes ont des facultés qui leur sont spéciales, celles de voir, d’entendre, d’odorer, de toucher, de goûter.

Chacune de ces facultés se nomme sens. Nous avons donc cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût.

L’impression reçue et sentie par le moyen des sens se nomme sensation ou sentiment.

Cette sensation reçue, sentie et conservée, se nomme idée, qui signifie image, représentation. L’idée est donc la connaissance que notre âme prend des objets. – L’idée est sensible quand elle nous vient d’un objet qui tombe sous nos sens, comme celle que donne un livre, un dessin ; l’idée est morale ou intellectuelle quand elle se forme par un acte de notre esprit : Dieu, le bonheur.

Le rapport de deux idées se nomme pensée, qui signifie comparaison, pondération, parce qu’en effet l’esprit pèse, compare les idées. – Le résultat de cette comparaison, l’opinion manifestée qui en résulte, c’est le jugement. – L’explication d’un jugement, c’est le raisonnement. – L’expression complète du jugement ou de la pensée se nomme proposition. C’est à la proposition que sont fixées les limites de la grammaire, et c’est dans l’analyse des parties de a proposition que l’on trouve tous les éléments de la science grammaticale.

Trois éléments sont nécessaires à la proposition :

L’être qui fait l’action (c’est le sujet ou nominatif) ; la qualité, la manière attribuée à cet être (c’est l’attribut) ; le lien qui unit l’être à l’attribut (c’est le verbe) : Dieu est grand. – Ces trois parties ne sont pas toujours distinctes ; le verbe et l’attribut peuvent être compris en un seul mot qu’il faut décomposer : Dieu aime, pour Dieu est aimant. Alors l’attribut se terminent [sic] toujours en ant.

Une ou plusieurs propositions parlées ou écrites se nomment phrases quand le sens est complet. Les phrases forment un tout plus complet qu’on appelle périodes.

L’ensemble des périodes se nomme discours, venu du latin discursus, qui signifie course, passage d’une chose à une autre, parce que le discours est le résultat des opérations de l’esprit qui a couru, passé d’un objet à un autre, d’une idée à une autre idée. Dans le sens rigoureux, un discours est une suite de mots qui expriment une pensée oralement ou par écrit. Dans un sens étendu, le discours est l’enchaînement de plusieurs périodes concourant à former un tout complet par la parole ou l’écriture.

Pour manifester ses pensées, l’homme emploie des signes ; la réunion de ces signes se nomme langage humain, ou simplement langage.

Ce langage est naturel quand il se compose des gestes, du jeu du visage, des cris ; il est artificiel quand il se compose d’emblêmes, de la parole, de l’écriture.

La parole et l’écriture emploient des mots comme signes des idées. – L’ensemble de ces mots, chez une nation, se nomme langue.

Les alliances particulières de mots se nomment idiotismes.

Chaque langue a ses idiotismes ; ceux de la langue française se nomment gallicismes.

Une langue qui en a formé une autre s’appelle langue mère ; celle qui est formée d’une autre langue, langue dérivée. Une langue morte est celle qui a été parlée par un peuple ancien (l’hébreu, le grec, le latin, le celtique).

Une langue vivante est celle qui est parlée par une nation encore existante.

Un dialecte est la manière différente de prononcer une langue. – Le patois est un langage particulier à un pays ; il est le plus souvent parlé par la classe la moins instruite du peuple.

On nomme linguistique la connaissance des langues, et linguiste celui qui s’occupe de la formation des langues.

La philologie est l’examen éclairé des langues. Un philologue est un savant dans l’examen, dans la critique des langues.

On compte aujourd’hui sur le globe plus de trois mille langues. – La langue française est, en Europe, la langue de la bonne compagnie et des relations politiques.

On donne le nom d’écriture à l’ensemble des signes visibles de la parole. – Quelques peuples ont des signes particuliers, comme les Allemands, les Russes, les Polonais, les Arabes, les Turcs. Ils emploient aussi les lettres de notre alphabet qu’ils prononcent cependant d’une manière particulière. L’écriture peut se diviser en :

Pasigraphie ou système d’écriture universelle ;

Tachygraphie, ou art d’écrire aussi vite que l’on parle ;

Sténographie, ou l’art de réduire l’écriture ;

Stéganographie, art d’écrire en chiffres de manière à n’être compris que de son correspondant ;

Télégraphie, ou art de transmettre au loin la pensée à l’aide d’une machine renouvelée des anciens par l’abbé Chappe [XVIIIe siècle] ;

Calligraphie, le moyen d’acquérir une belle écriture.

 

 

 

ÉLÉMENTS DU LANGAGE

Mots. – Sons. – Voyelles. – Consonnes. –Alphabet. – Syllabes. – Diphtongues. – Mots primitifs, dérivés, composés. – Orthographe. – Accentuation. – Ponctuation.

Les mots sont les signes de nos pensées. – Ils se composent de sons dans le langage parlé, de lettres dans le la ngage écrit. – Le son, c’est l’air vocal rendu distinct.

Un son pur se nomme voyelle. – Un son modifié se nomme articulation ou consonne (sonne avec).

Les sons purs et les sons modifiés qui sortent de la bouche sont les éléments du langage parlé. On compte jusqu’à quatorze sons ou voyelles : a, è, é, ê, i, o, u, an, in, on, un, eu, ou.

On ne compte visiblement que cinq voyelles : a, e, i, o, u, (y). Quatorze articulations ou modifications de la voix : b, c, d, f, g, l, m, n, p, r, s, t, v, v, z. – Trois articulations manquent à la langue française, on les représente par plusieurs articulations. Ce sont ill (paille), gn (ognon), ch (châle). – On ajoute aux articulations h, qui est muet dans plusieurs mots (homme), et dur, âpre, aspiré, dans d’autres (héros) ; k et q, qui ont le son du c ; x qui représente tantôt cs, tantôt gz.

Ces voyelles et ces consonnes écrites sont les éléments du langage parlé.

Les cinq voyelles, les quatorze articulations et les signes supplémentaires se nomment lettres. –

Il y a vingt-cinq lettres, qui ont chacune une valeur relative et qui par conséquent pourraient être nommées sans rang particulier, mais on les nomme dans l’ordre suivant : a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, x, y, z. La réunion de ces lettres se nomme alphabet, de deux mots grecs : alpha, béta.

Une émission de voix qui fait entendre une ou plusieurs de ces lettres se nomme syllabe. – Un mot d’une seule syllabe est un monosyllabe ; de deux, un dissyllabe ; de plus de deux, un polysyllabe. On donne le nom de diphtongue à la réunion de deux sons dans une syllabe. On compte treize sons diphtongues.

Ia, ié, iè, io, ieu, ian, ien, ion, oi, oin, oui, ui, uin.

Ainsi les syllabes sont composées de sons rendus sensibles par des lettres ; et les mots sont composés de syllabes.

Mot signifie mouvement, parce que la pensée renfermée dans notre âme est mise en quelque sorte en mouvement, en circulation par le moyen des signes ou mots représentatifs de nos idées. – Il y a des mots qui sont la racine, l’origine des autres mots. – On les nomme primitifs. – Les mots qui en sont formés se nomment dérivés : pain, panetier. Quand plusieurs mots sont nécessaires à une seule idée, on les appelle composés : passe-partout.

La manière d’écrire les mots isolément ou relativement s’appelle orthographe. – Il y a donc deux sortes d’orthographe. L’orthographe absolue ou celle des mots employés seuls, et l’orthographe relative ou celle des mots mis en rapport avec d’autres mots.

Il y a des signes particuliers soit pour prononcer, soit pour lier certains mots ; on leur donne le nom d’accents, qui signifie chant. Nous en distinguerons cinq principaux.

1. Ceux que l’on place au-dessus des voyelles, l’aigu, le grave, le circonflexe, qui remplace le plus souvent un s, le tréma qui sépare deux voyelles. – 2. L’apostrophe, qui marque la suppression d’une voyelle. – 3. La cédille, qui donne au c le son de l’s. – Le trait d’union, qui joint plusieurs mots dans les mots composés. – 5. Le tiret, grand trait d’union qui sépare quelquefois les phrases ou évite la répétition de : il répond ou il répondit.

D’autres signes se placent près des mots ; ce sont les signes de ponctuation, au nombre de 8.

1. La virgule, qui marque un léger repos. – 2. Le point et virgule, qui indique que la pensée n’est pas tout à fait complète. – 3. Les deux points, qui précèdent ordinairement une explication ou des pensées rapportées. – 4. Le point d’exclamation, qui exprime un mouvement de l’âme. 5. Le point d’interrogation, qui se place à la fin d’une phrase interrogative. – 6. Les points suspensifs, qui indiquent une interruption dans le sens. – 7. Les guillemets, qui se placent avant et après des discours cités. – 8. La parenthèse, qui renferme une pensée interrompant une pensée.

 

DE LA GRAMMAIRE

Grammaire, - Classification, - Orthographe, - Syntaxe, - Prosodie, - Ponctuation, - Art, - Science, - Grammaire chez les anciens, - Classification, générale, - Observation sur la classification.

La grammaire est l’étude d’une langue : 1. Sous le rapport de la nature ou de la classification des mots ; cette classification se nomme ordinairement analyse. 2. Sous le rapport de la forme ou des changements graphiques des mots ; cette forme se nomme orthographe, qu’il serait mieux de nommer orthographie. 3. Sous le rapport de la combinaison ou de la concordance des mots ; cette concordance se nomme syntaxe. 4. Sous le rapport de la combinaison ou de la concordance des mots ; cette forme se nomme syntaxe. 4. Sous le rapport de la prononciation ; l’ensemble des lois de la prononciation se nomme prosodie (l’accentuation en dépend). 5. Sous le rapport du repos entre les mots, afin de rendre le discours plus intelligible ; on nomme les lois qui règlent les signes de ces repos, ponctuation.

Ainsi : classer, orthographier, coordonner, prononcer, ponctuer, voilà les cinq actions essentielles de l’art grammatical, c’est-à-dire de la pratique des principes d’une langue (grammaire particulière).

Cet art devient une science quand on peut s’élever à des considérations générales (grammaire générale).

Chez les anciens, le mot grammaire avait un sens moins restreint ; il signifiait la science du langage en général ; et cette science comprenait la grammaire proprement dite, qui a pour objet les règles relatives au matériel, à l’arrangement et à l’accord des mots dans le discours ; la logique, qui établit l’ordre des idées que les mots expriment ; la rhétorique, qui dispose les ornements dont l’expression est susceptible. (La poésie, ou l’art de cadencer ou d’harmoniser ses expressions, se trouve enfermée dans la rhétorique.) – La grammaire était donc chez les anciens l’art de s’exprimer correctement, éloquemment et poétiquement.

Classification des mots ou lexicologie

Les noms, avons-nous dit, sont les signes de nos pensées.

Les mots d’une langue sont en très-grand nombre. Il y en a près de 40,000 dans la langue française.

Pour se reconnaître au milieu de tant de mots, on les distingue aujourd’hui en 8 classes : 1. Ceux qui désignent un être animé ou inanimé, réel ou idéal ; on les appelle noms ou substantifs. – 2. Ceux qui représentent les noms : les pronoms. – 3. Ceux qui modifient les noms, soit en les déterminant, soit en les qualifiant : les adjectifs. – 4. Ceux qui expriment l’existence ou l’action : les verbes. – 5. Ceux qui expriment les rapports des mots : les prépositions. 6. Ceux qui expriment la circonstance, la manière, le lieu, ou modifient un adjectif, un verbe, ou autre sous-modificatif : les adverbes. – 7. Ceux qui lient les mots et les phrases : les conjonctions. – 8. Ceux qui expriment quelques mouvements subits de l’âme : les exclamations.

Première observation

1. Les quatre premiers sont variables, les quatre autres invariables. – 2. Les grammairiens anciens comptaient dix parties du discours ; ils faisaient de l’article le, la, les et du participe deux classes à part ; comme ils déterminent ou qualifient le substantif, nous les avons confondus avec l’adjectif. – 3. Rigoureusement on pourrait abréger encore le nombre des parties du discours. Le pronom est un nom répété ; l’adverbe n’est qu’une préposition avec un substantif ; la conjonction n’est qu’un lien ; l’exclamation n’est tantôt qu’une répétition énergique, tantôt qu’une proposition. Il ne resterait donc que quatre parties du discours. – 4. Quelques grammairiens n’admettent même que trois choses dans les mots : des signes de substances ; des signes de modifications ; des signes de rapport. – 5. D’autres vont plus loin ; ils ne distinguent que des substances et des modifications. – 6. D’autres enfin ne voient que des modifications. – 7. Les éléments des mots sont composés de voyelles qui ne peuvent être entendues qu’avec le secours des voyelles ; il faudrait concevoir la même division dans les mots ; il y en a qui, comme les voyelles, ont un sens par eux-mêmes, et d’autres qui, semblables aux consonnes, n’ont par eux-mêmes aucune signification. Tels sont les articles, les prépositions, et les conjonctions ; ces mots ne sont les signes des idées que lorsqu’ils sont unis à d’autres parties du discours. – On pourrait donc diviser les mots en principaux, quand ils ont un sens absolu, et en accessoires, quand ils ont un sens relatif. Tous les êtres, quels qu’ils soient étant divisés logiquement en substances ou en attributs, il s’ensuivrait que les cinq mots principaux seraient nécessairement compris dans ces deux divisions. Comme le nom, le pronom, l’adjectif, le verbe et l’adverbe, les autres seraient classés dans les accessoires.

Deuxième observation ;

Les élèves ne doivent pas croire que ces diverses opinions soient futiles ; la classification étant l’instrument principal de la science grammaticale, l’art d’imposer les noms est d’une importance très-grande pour tous ceux qui ont médité sur les langues. – Tous les vrais grammairiens, anciens et modernes, se sont occupés sérieusement de cette nomenclature, que l’enfant répète machinalement sans la comprendre et sans se douter heureusement de la difficulté de faire une division logique.

D. Lévi Alvarès


Les

OMNIBUS DU LANGAGE

CORRIGÉ

Des locutions vicieuses

Et signification de plusieurs termes
Qui présentent quelques difficultés
.

A

A. – Faire un voyage A pied, non un voyage DE pied.

Abandon, abandonnement.Abandon est l’état dans lequel on est délaissé ; Abandonnement est l’action par laquelle on abandonne ses biens à quelqu’un.

Abbatial, qui appartient à une abbaye. – Dignité, maison abbatiale. Au pluriel, on dit : abbatiaux.

Aberration, éloignement, écart, changement. – Aberration de la lumière, Aberration de l’esprit.

Ab hoc et Ab hac. – Prononcez aboketabac, et non abokèabak.

Abhorrer, c’est avoir en horreur, en aversion.

Abîmer. – Ne dites pas : j’abîme ma robe, mon chapeau, mais : je froisse, je salis ma robe, etc.

Abject. – Prononcez : abjekt, et non : abjé.

A bonne heure : Dites : De bonne heure. On dit adverbialement : A la bonne heure, pour : éh bien ! soit ! voilà qui est bien.

A bon marché. – dites : J’ai acheté bon marché, et non : à bon marché.

Ablution, action d’ôter les taches, les souillures. Chez les anciens, action de se laver le corps avant d’aller au temple. – Dans la religion catholique, action de se laver les doigts après la communion.

Abolir, abroger. Abolir se dit des coutumes ; Abroger se dit des lois.

Aborigènes, indigènes, autochones, habitants naturels d’un pays.

Abréviations. – Il y a certains mots qu’on a coutume d’abréger et de représenter par des capitales, ainsi qu’il suit :

J. C. Jésus-Christ.

N. S. Notre Seigneur.

N. S. J. C. Notre Seigneur Jésus-Christ.

S. S. Sa Sainteté.

S. P. Saint Père.

S. M. Sa Majesté.

S. M. I. Sa Majesté impériale.

S. M. B. Sa Majesté britannique.

S. M. C. Sa Majesté catholique.

S. M. T. C. Sa Majesté très-chrétienne.

S. A. Son Altesse.

S. A. R. Son Altesse royale.

S. A. I. Son Altesse impériale.

S. A. S. Son Altesse sérénissime.

S. Exc. Son Excellence.

S. Em. Son Éminence.

Mgr. Monseigneur.

M. Monsieur.

MM. Messieurs.

Mme Madame.

Mlle Mademoiselle.

Md Marchand.

Mde Marchande.

Nt Négociant.

Voici les abréviations employées le plus ordinairement par les médecins :

ü . Prenez.

aa. De chaque.

F. S. A. Faites selon l’art.

M. Mêlez.

Q. S. Quantité suffisante.

P. Pincées.

P. E. Parties égales.

M. Manipule ou poignée.

N° Numéro.

1b. Livre

z. Once

Z. Gros.

E. Scrupule (24 grains) ;

Gutt. Gouttes

g. Grains.

h. Moitié.

Absoudre. – Dites : Nous absolvons les innocents avec plaisir, et non : Nous absoudons.

Abstrait, distrait. Abstrait, qui ne fait attention à rien de ce qui se passe autour de lui, parce qu’il est absorbé par ses réflexions ; Distrait, qui est détourné de ses pensées par des objets extérieurs.

Abusé. – Dites : Je me suis abusé, et non : Je m’ai abusé.

Acabit. – Ne dites pas : Ces poires sont d’une bonne acabit. Dites : Elles sont d’un bon acabit.

Académicien, homme qui fait partie d’un corps savant.

Académie. – On donne aujourd’hui ce nom aux assemblées des gens de lettres, où l’on cultive les sciences et les beaux arts. – Il se dit aussi des manèges où l’on apprend à monter à cheval ; — d’un lieu où l’on donne publiquement à jouer ; — d’une salle d’armes, de danse. En terme de peinture, il signifie l’imitation d’un modèle vivant, peint ou modelé.

Académiste, qui développe le corps part différents exercices.

Accéder, c’est entrer dans les engagements contractés déjà par d’autres.

Accent, espèce de chant qui consiste dans le ton plus ou moins élevé, plus ou moins aigu, avec lequel nous prononçons certains mots dans une phrase, ou certaines syllabes dans un même mot.

On appelle Accent pathétique ou oratoire celui qui convient à un orateur, pour exprimer ou exciter les affections de l’âme.

On entend aussi quelquefois par Accent le langage même : L’accent de la vérité.

Enfin il signifie les inflexions de voix particulières aux habitants de certaines provinces, aux personnes du peuple : Pour bien parler, il ne faut pas avoir d’accent.

Accident et incident. – Accident signifie événement nuisible.

Incident signifie : Evénement qui survient dans le cours d’une entreprise, d’une affaire.

Acculer, éculer. ? — Acculer, c’est pousser quelqu’un dans un endroit sans issue ; Éculer, c’est faire plier quelque chose par derrière. Dites : Nous avons acculé l’ennemi sous les murs de la place ; et : Cet enfant a éculé ses souliers.

A ce que. – Je m’arrangerai de manière que vous soyez content, et non : De manière à ce que.

Acolyte, clerc promu au premier des quatre ordres mineurs, il accompagne et sert les prêtres à l’autel.

Aconduire. – On dit : Je conduirai mon frère au collège, et non : J’aconduirai

Acoustique, théorie des sons et de leurs propriétés ; science qui traite de l’ouïe, de l’entendement.

Acrobate, danseur de corde. – Ce mot signifie : qui marche sur les extrémités.

Acrostiche. – Ne dites pas : Une acrostiche. Mais : Un acrostiche. L’acrostiche est une petite pièce de poësie dont chaque vers commence par une lettre du nom de la personne ou de la chose qui en fait le sujet.

Actions, œuvres. – Les Bonnes actions sont faites par un principe de vertu ; les Bonnes œuvres ont pour principe la charité envers le prochain. Toute bonne œuvre est une bonne action ; mais toute bonne action n’est pas une bonne œuvre.

Adage, proverbe. – Ne confondez pas ces deux mots : le proverbe est une sentence populaire ou un mot familier et plein de sens ; l’Adage est un proverbe piquant et plein de sel.

L’oisiveté est la mère de tous les vices : voilà un proverbe.

Ce que femme veut, Dieu le veut : voilà un adage.

Adepte, qui est initié dans les secrets d’une science ; d’un mot latin qui signifie j’obtiens.

A deux, à trois, à huit. – Ne dites pas : Qui de neuf ôte deux reste à sept. Dites avec le correct Boileau :

Cinq et quatre font neuf, ôtez deux, reste sept.

Ne dites pas : Il y avait sept à huit femmes dans cette assemblée, car cela signifierait de sept à huit, entre sept et huit, c’est-à-dire sept femmes 1/4, 1/2, 2/3, 3/4, etc. ; ce qui serait une pensée absurde. Il faut dire : Il y avait sept ou huit femmes dans cette assemblée.

Adjectif. – Plusieurs se placent après le substantif. On dit du linge propre et non du propre linge ; un habit neuf et non un neuf habit ; des bas fins ; du linge sale, et non du sale linge.

Adjectifs qui se placent après le substantif.

Règle Ière. Les adjectifs verbaux formés du participe présent ou du participe passé des verbes : Une personne séduisante, des fruits pendants, un objet aimé.

Règle II. 1° Les adjectifs qui désignent les impressions que les objets font sur nos sens : Du pain blanc, du drap rouge, une surface unie, raboteuse, molle, etc., un son aigre, une odeur forte, suave, etc.

2° Les adjectifs qui expriment la forme des objets : comme rond, carré, verre concave, convexe.

3° Les adjectifs qui expriment des rapports du substantif avec un second substantif employé adjectivement : un palais royal exprime un rapport entre un palais et un roi, et l’on ne peut pas dire un royal palais. On dit de même : tendresse paternelle, principe grammatical, bonté divine, opération algébrique, etc. pour tendresse d’un père, etc.

4° Les adjectifs qui n’expriment que des points de vue particuliers, sous lesquels nous considérons les objets : Une chose utile, une idée absurde, un homme dangereux, une place incommode, etc.

5° Les adjectifs qui expriment l’état, la situation des personnes ou des choses, ou les habitudes des personnes : un homme tranquille, un esprit content, un vieillard grondeur, une chambre froide, du poisson frais, du drap mince, etc.

6° Les adjectifs qui expriment quelque modification extérieure et accidentelle, soit des personnes, soit des choses : Un homme aveugle, bossu, etc., une bouteille étoilée, un bâton noueux.

7° Enfin, les adjectifs qui ne font que distinguer simplement les objets par des différences de genre, d’espèce ou de sorte : un animal raisonnable, un homme blanc, un arbre fruitier, une perdrix rouge, une mode française, un poëme épique, etc.

Adulte. – il se dit de celui qui est parvenu à l’adolescence. Il se dit aussi de tous les corps animés et des plantes dont toutes les parties touchent au dernier état de leur accroissement.

Aérolithes, pierres qui tombent de l’air ; elles sont presque toutes ferrugineuses.

Aéromètre, aréomètre. – Aéromètre, instrument qui indique la densité de l’air ; Aréomètre, pèse-liqueur qui fait connaître leur pesanteur.

Aéronaute, navigateur aérien, celui qui parcourt les airs dans un Aérostat ou ballon.

A faire. – On dit : C’est à moi de faire les cartes, et non : C’est à moi à faire les cartes.

Affaire. – Je n’ai pas d’Affaire avec vous; dites : Je n’ai pas Affaire avec vous.

Affiler, effiler. –Le premier terme signifie donner le fil à un tranchant ; le second, défaire un tissu fil à fil. Dites donc : J’ai affilé la lame de mon canif, et : J’ai effilé ma cravate.

Affinité, alliance, degré de proximité que la mariage produit entre des familles. - Les beaux-frères, les belles-sœurs sont dans le premier degré d'affinité collatérale.

Affinité exprime aussi le rapport, la convenance qu'il y a entre certaines choses. - Il y a de l'affinité entre la poésie et la peinture.

Agir. - Ne dites pas : Votre frère en a mal agi envers moi. Dites : Votre frère a mal agi envers moi.

Agrégé, nom qu'on donne à certains gradués de l'Université qui aspirent au professorat dans les collèges, et qui sont quelquefois chargés de suppléer les professeurs en titre.

Aider. - Aider quelqu'un, c'est simplement l'assister. J'ai aidé ce malheureux de ma bourse et de mes conseils.

Aider à quelqu'un, c'est l'assister en partagent ses efforts, sa fatigue.

Aigle. - Lorsqu'on veut désigner l'oiseau même qui porte le nom d'aigle, on dit : Un aigle. En parlant d'un homme de génie, on dit encore : C'est un aigle. Mais s'il s'agit d'un drapeau, d'une enseigne de guerre, on dit : "Une aigle. Ex. : L'aigle impériale, les aigles romaines.

Ail, plante potagère; petit ognon d'une odeur très-forte qui vient par gousses. - Dites : Une gousse d'ail; aulx n'est pas usité.

Aimer de faire quelque chose, pour aimer à faire quelque chose. - Ne dites pas : J'aime de me promener. Mais : j'aime à me promener.

Ainsi que, etc. - Les expressions ainsi que, aussi bien que, de même que, comme, avec, non plus que, placées entre deux noms, ne les additionnent point, elles forment des phrases incidentes qui n'influent pas sur le verbe.

Le nourrisson du Pinde, ainsi que le guerrier,

A tout l'or du Pérou préfère un beau laurier.

Aristophane, aussi bien que Ménandre,

Charmait les Grecs assemblés pour l'entendre.

La force de l'âme, comme celle du corps, est le fruit de la tempérance.

Ce malheureux père, avec sa fille désolée, pleurait son épouse.

Son esprit, non plus que son corps, ne se pare jamais de vains ornements.

Air (avoir l'air). - On peut faire accorder l'adjectif avec le mot air, quand cette alliance n'est désagréable ni à l'oreille ni au bon goût. Ainsi l'on dit très-bien : Cette dame a l'air affligé; ces dames ont l'air prévenant, soumis, dédaigneux, méprisant, trompeur, etc. - Mais on ne dira pas : Ces jeunes personnes ont l'air contrefait, bossu; cette soupe a l'air bon, mauvais, etc. On doit alors employer une autre tournure et se servir des verbes sembler, paraître, avoir l'air d'être, etc.: Cette soupe paraît, à l'air d'être bonne.

Cependant l'Académie fait accorder l'adjectif avec le sujet de la proposition. Cette femme a l'air mécontente, bonne, mal faite, etc. Les bons grammairiens ne sont pas de cette opinion.

Airé pour aéré. - Dites : un appartement bien aéré, et non : airé.

Ajamber. - Dites : Enjamber.

Ajoute, pour allonge. - Il faut dire : coudre une allonge, ajouter un morceau; et non coudre une ajoute.

Al. - Dites : Des conseils amicals, et non amicaux, et suivez les mêmes principes pour les mots suivants :

Bal, glacial, pascal, théâtral, naval, matinal, filial, final, initial, médial, labial, nasal, bancal. Dites : Des devoirs sociaux, et prononcez de même pour la plupart des mots en al.

Alambiqué. - Discours alambiqué, c'est-à-dire trop subtil, trop raffiné. Alambiqué vient du mot alambic, vaisseau qui sert à distiller. De l'article arabe al, et d'ambicq, vase, pot.

Alargir. - Dites : Élargir.

Alcade, nom qu'on donne en Espagne aux officiers de judicature dans les tribunaux inférieurs.

Alcove. - Dites : une alcôve.

Alderman, échevin; officier municipal en Angleterre.

Alentour. - On disait autrefois : Alentour de la table, de la ville, etc.; on dit aujourd'hui : autour de la table, e la ville, etc.

A l'envie, pour à l'envi. - C'est une faute très-commune.

A l'honneur, Dites : on élève une statue en l'honneur de, etc.

Aliéner, c'est vendre, transférer la propriété; Aliéner les esprits, c'est faire perdre l'affection; Aliéner l'esprit, c'est faire devenir fou.

Aller. - Les personnes qui parlent correctement ne disent jamais Je vas. L'Académie elle-même, malgré Beauzée, s'est prononcée en faveur de Je vais.

Allai, Fus. Ne dites pas : Je Fus le voir, il Fut le trouver, car vous ne diriez pas au présent : Je Suis le voir, je Suis le trouver. Dites : Je M'en suis allé, il S'en est allé, et non : Je me suis en allé; il s'en est allé.

S'en va. Ne dites pas : Cette tache s'en va, mais : Cette tache disparaît.

Allé, été. Ne confondez pas Est allé avec A été. Dites : Est allé, toutes les fois que vous voulez exprimer l'action de se transporter d'un lieu à un autre. Dites : A été, lorsque votre intention est de marquer le séjour dans un lieu désigné. Il y a entre Aller et Être la même différence qu'entre le mouvement et le repos : Je sors; si l'on me demande, vous direz que je suis Allé me promener.

Aller avec, sans ajouter de régime. C'est un tort, il faut dire : Aller avec vous, avec eux, etc.

Alliance de mots. - On appelle ainsi le rapprochement de deux mots qui semblent s'exclure comme dans ce vers de Corneille :

Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre.

L'Alliance est plus ou moins bonne, plus ou moins heureuse, plus ou moins hasardée, plus ou moins justifiée ou justiciable; mais c'est un vice d'élocution quand l'Alliance des mots n'ajoute point à l'énergie de l'expression.

Allumer. - Ne dites pas : Allumer la lumière, mais allumer la chandelle, la bougie, etc.

Alluvion, accroissement qui se fait insensiblement sur les bords de la mer, des fleuves et des rivières, par les terres que l'eau y apporte.

Aloi, titre de l'or et de l'argent; qualité d'une chose. - Ce mot vient du latin ad legem.

Alors, pour ensuite. - Dites : J'ai bu du bordeaux, Ensuite du champagne, et non : Alors.

Amadou. - Ne dites pas : De la bonne amadou. Dites : De bon amadou.

Amancher. - Ecrivez : emmancher, et prononcez an-mancher.

Ambiant, qui entoure, qui enveloppe; il se dit en physique de l'atmosphère qui nous environne : L'air Ambiant.

Amelette. - Dites : Omelette.

Amman, titre de dignité qu'on donne en Suisse au chef de chaque canton catholique.

Amont, aval. - Amont est le côté d'où vient la rivière; il est l'opposé d'Aval, le côté vers lequel descend la rivière. Ces bateaux viennent d'Amont, viennent d'Aval.

Aval s'emploie aussi en terme de banque : Mettre son Aval, son engagement, au bas d'un billet. Mettre son aval sur une lettre de change.

Amortissement. - Ce mot signifie dans son acception générale : anéantissement d'une rente, d'un droit. La caisse d'Amortissement.

Amour. - au singulier, ce mot n'est plus que masculin; au pluriel, dans le sens de Passion, il est généralement des deux genres, mais plus souvent féminin.

Amphibologie, double sens, construction vicieuse qui rend le discours ambigu ou obscur, et qui peut le faire interpréter de deux manières différentes, et même contraires.

Angora. - Dites : Un chat d'Angora ou un Angora, et non : un Angola. Un Angola est un nègre de l'Afrique, de la province d'Angola.

Animaux. - Les mots qui expriment le cri des animaux et leurs parties communes sont essentiels à connaître.

Cris. On dit :

L'abeille, le bourdon et la mouche bourdonnent.

L'aigle trompette.

L'alouette grisolle, tirelire.

L'âne brait.

Le buffle souffle, beugle.

La caille carcaille, margotte.

Le canard nasille.

Les gros chiens aboient.

Les petits chiens jappent.

La cigale craquette, chante.

Le cochon grogne.

La colombe et le ramier gémissent.

Le coq coqueline et chante.

Le corbeau coasse.

Le crocodile lamente.

Le dindon glougloute.

L'éléphant barète.

L'épervier, le lapin et le renard glapissent.

Le faon râle.

Le hibou hue.

L'hirondelle gazouille.

La huppe pupule.

Le lion rugit.

Le loriot, le merle et le serpent sifflent.

Le milan huit.

Le moineau pépie.

Le paon braille, criaille.

Le perroquet cause.

La pie jacasse.

Le pigeon roucoule.

La poule glousse.

Les petits poulets piaulent.

Le rossignol ramage.

Le sanglier gromelle.

Le taureau mugit et beugle.

Le tigre rauque.

Parties communes. On dit :

Le Pied d'un cheval, d'un bœuf, d'un veau, d'un cerf, d'un chameau, d'un éléphant, d'un, mouton, d'un cochon, d'une chèvre, et de tous les animaux chez lesquels cette partie est de corne.

La pate d'un chien, d'un chat, d'un lièvre, d'un lapin, d'un loup, d'un lion, d'un ours, d'un singe, d'un rat, d'une grenouille, d'un crapaud, d'un chardonneret, d'un pinson, de tous les oiseaux qui ne sont pas oiseaux de proie, et ne général de tous les animaux chez lesquels cette partie n'est pas de corne.

Les serres de l'aigle, du vautour, et de tous les oiseaux de proie.

La Bouche d'un cheval, d'un chameau, d'un âne, d'un mulet, d'un bœuf, d'un éléphant.

La Gueule d'un brochet, d'un crocodile, d'un lézard, d'une carpe, d'une truite, d'un serpent, d'une vipère, d'un lion, d'un tigre, d'un chien, d'un loup, d'un chat.

Le Bec d'un perroquet, d'une hirondelle, en un mot de tous les volatiles.

Le Groin d'un cochon.

Le Museau d'un renard, d'une belette.

Le Mufle d'un cerf, d'un taureau, d'un bœuf, d'un lion, d'un tigre, d'un léopard.

Les Défenses d'un éléphant, d'un sanglier.

La Tête d'un lion, d'un cheval, d'un mouton, d'un oiseau, d'un poisson, d'une mouche, d'un serpent.

La Hure d'un sanglier, d'un brochet, d'un saumon, d'un loup.

Le Bois d'un cerf.

La Corne d'un rhinocéros.

Les Os d'une baleine, d'une sèche.

Les Arêtes d'un brochet et de tout autre poisson.

Animosité. - Dites : Il travaille avec zèle, et non avec animosité.

Année. - Dites : à la Nouvelle année, non : à la Nouvelle an.

Anoblir, ennoblir. - On confond souvent ces deux verbes : Anoblir signifie donner à quelqu'un le titre et les droits de la noblesse; Ennoblir signifie donner de l'élévation, de la dignité.

Annexer veut dire Joindre, unir.

Anomalie, irrégularité. - Une femme ignorante est une anomalie dans le XIXe siècle.

Anonyme, qui est sans nom. - Pseudonyme, qui a pris un faux nom. - Synonymes, noms ou mots qui ont à peu près le même sens : chérir, aimer,. - Homonymes, noms ou mots qui sonnent de la même manière : thon, ton. - Paronymes, qui ont à peu près le même son : bayer, payer.

A nos. - Dites : A Notre âge on est prudent, et non : A Nos âges, etc.

Antépénultième se dit d'une syllabe qui précède l'avant-dernière.

Anthologie, collection de fleurs; au figuré, recueil de poésies.

Anthropologie, étude de l'homme considéré principalement sous le point de vue physique.

Antidote, contre-poison.

Antique est opposé à moderne; Ancien à nouveau; Vieux à neuf. Dans une chapelle antique, on voyait d'anciens réglements écrits sur de vieux parchemins.

Août. - Prononcez : ou et non : a-ou.

Aparté, ce qu'on dit à l'écart, sans qu'on l'entende.

Apathie, sympathie, antipathie. - Apathie, indolence, insensibilité de l'âme; sympathie, rapport de sentiments, de caractère; Antipathie, opposition de sentiments, de caractère, etc.

Aphélie, périhélie; apogée, périgée. - Aphélie se dit de la plus grande distance d'un corps au soleil; Périhélie de la plus petite distance; Apogée, de la plus grande distance d'un astre à la terre; Périgée, de la plus petite distance.

Aphorisme, proposition qui renferme en peu d mots une maxime générale.

Aphtes, petits ulcères qui viennent dans la bouche.

Apocryphe se dit des écrits dont l'autorité est suspecte ou douteuse. - Lettre Apocryphe.

Apophtegme, pensée courte, énergique et instructive; bon mot, parole excellente. Les Apophtegmes des sept sages.

L'exactitude est la politesse des rois, a dit Louis XVIII.

Apostasie, changement de la religion ou du parti qu'on avait embrassé.

Apparemment. - Prononcez : Aparaman.

Apparition. - Dites Apparition et non Apparution.

Appendice, ce qui est ajouté à la fin d'un ouvrage. Prononcez : Appeindice, et non : Appandice.

Apprendre. - Dites : J'apprends la musique à cet enfant; ou J'Enseigne la musique à cet enfant.

On apprend à quelqu'un la danse, la musique; on lui apprend une langue. Cette locution est admise, l'Académie la consacre.

J'adore le seigneur, on m'explique sa loi;

Dans son livre divin on m'Apprend à la lire.

Racine.

Apprenti. - Prononcez et écrivez : un Apprenti, une Apprentie, et non : un Apprentif, une apprentive.

Après. - Dites : La clef est A la porte, et non : La clef est Après la porte. Par après n'est pas français.

Aquatique. - Prononcez : Akouatique.

Arc-boutant, arctique. - Prononcez : Ar-boutant, Ar-tique.

Archaïsme, expressions anciennes, terme imité des anciens.

Archal. - Ne dites pas : Fil d'Archal, mais d'Archal; ou mieux encore Fil de fer.

Archéologie, science des objets matériels antiques, tels que monuments, statues, pierres gravées, ruines.

Archiépiscopal. - Prononcez : Arkiépiscopal.

Ardemment. - Prononcez : Ardaman.

Aréomètre. (Voyez Aéromètre.)

A revoir. - Dites Au revoir (adieu) en quittant quelqu'un; a revoir signifie examiner de nouveau.

Argile. - Dites : Une argile et non : un Argile. Ce mot signifie glaise ou terre grasse.

Arguties, vaine subtilité.

Arlequin, personnage comique de théâtre, portant un masque noir, un chapeau gris et un habit bigarré de pièces de rapport.

Armistice, suspension d'armes. - Ne confondez pas ce mot avec Amnistie qui signifie oubli des offenses passées, pardon que le souverain accorde, pour le crime de rébellion et de désertion. On dit : Amnistier quelqu'un.

Arquebuse. - Ne dites pas : Eau d'Arquebuse, mais Eau d'Arquebusade. (Eau composée dont on se servait contre les coups de feu.)

Arrhes, argent donné pour assurance d'un achat ou d'un marché, est du féminin : De bonnes arrhes; ne le confondez pas avec Denier à Dieu, pièce que l'on donne pour arrêter un logement.

Arsenic. - Le C ne se prononce pas devant une consonne.

Art, méthode pour faire un ouvrage, pour exécuter ou opérer quelque chose, selon certaines règles.

On appelle Arts libéraux ceux où l'intelligence a le plus de part, et Arts mécaniques ceux qui exigent surtout le travail de la main ou l'emploi des machines.

Les Beaux-Arts sont ceux qui rappellent à nos sens ce qui est beau ou agréable. Les Beaux-arts comprennent : 1° L'esthétique, sentiment ou science du beau, qui se divise en élégant, joli, beau et sublime; 2° la littérature; 3° la peinture et la gravure; 4° la sculpture; 5° l'architecture; 6° la musique; 7° la danse; on joint quelquefois l'éloquence et la poésie.

Les Arts d'agrément sont le dessin, la danse, la musique, l'équitation, etc.

Artère, vaisseau qui porte le sang du cœur aux veines. Dites : De grandes Artères.

Aspirer après quelque chose, pour aspirer à quelque chose. - Dites : Il aspire Aux honneurs, et non après, etc.

Assainir, rendre sain, salubre.

Asseoir. - Dite : Je m'assieds, tu t'Assieds, il s'Assied, etc. au lieu de : Je M'assois, tu T'Assois, il S'Assoit.

Assister, pour aider quelqu'un à faire quelque chose. - Beaucoup de personnes disent : Assistez-moi, pour aidez-moi; c'est une lourde faute. Assistez-moi veut dire faites-moi l'aumône.

Astérisque. - Prononcez les deux S; et dites : Un Astérisque, au lieu de : Une astérisque.

Asthme, courte haleine. Obstruction de poumon qui produit une respiration fréquente et difficile. - Prononcez : Azme, azmatique.

A travers, au travers. - A travers désigne l'action de passer par un milieu; Au travers suppose de plus un obstacle vaincu. Un espion passe à travers l'armée ennemie; un soldat se jette au travers d'un bataillon.

Atteindre. - Atteindre à quelque chose suppose des obstacles à vaincre. Dîtes : J'atteins au but, j'atteins au faîte de la gloire.

Atteindre quelque chose ne suppose pas de difficultés, et se dit de ce qui arrive de soi-même; comme dans : Nous avons atteint le printemps, j'ai atteint ma douzième année.

On dit aussi : Atteindre le but, quand on y parvient en visant.

Atteindre, se disant des personnes, et signifiant égaler, ne doit pas non plus être suivi de à.

Exemple : il est difficile d'atteindre La Fontaine dans l'apologue.

Atténuer veut dire affaiblir, diminuer les forces.

Attention. - Dites : Faire, prêter attention, et non : Prendre attention.

Atticisme, finesse, délicatesse de génie, de goût, d'esprit particulier aux Athéniens.

Aubaine, succession aux biens des Aubains, des étrangers; au figuré, profit par hasard, avantage inattendu.

Aucun, signifiant Pas un, ne prend pas la marque du pluriel à moins qu'il ne se rapporte à un substantif qui ne s'emploie qu'au pluriel. - Aucunes funérailles ne furent plus solennelles que celles de Mirabeau.

Auparavant. - Dites : Avant vous, avant lui, et non : auparavant, etc.

Auprès de, au prix de. - Ces deux locutions ont ceci de commun qu'elles servent l'une et l'autre à faire une comparaison, et ceci de particulier, qu'Au prix de paraît devoir être préféré lorsqu'on compare des objets auxquels on attache un prix réel ou métaphorique : Le cuivre est Vil au prix de l'or. La richesse n'est rien au prix la vertu. Et l'on doit préférer Auprès de lorsque pour comparer deux objets, on les place à côté l'un de l'autre au propre ou au figuré. Cette femme si brune est blanche auprès d'une négresse. La terre n'est qu'un point auprès du reste de l'univers.

Au proche. - Placez-vous près de moi, et non : au proche de moi.

Au regret. - Je suis bien au regret de ne pas lui avoir dit ma façon de penser. Dites : Je regrette beaucoup, etc.

Au reste, du reste. - Au reste sert de transition d'une idée à une autre qui y a rapport. C'est ce qu'il y a de plus sage; Au reste, c'est aussi ce qu'il y a de plus juste. Du reste ne sert point de terme à une relation essentielle : Je crois qu'il est bon; Du reste je n'en réponds pas.

Auréole, aréole. - Auréole, cercle lumineux qui entoure la tête d'un saint; Aréole, cercle qui entoure une petite surface.

Auriculaire, qui a rapport, qui appartient à l'oreille, du latin auricula.

Aussi. - Il n'est pas aussi spirituel que vous le pensez. Dites : Il n'est pas si spirituel, etc.

Autochtone, habitant naturel d'un pays; du grec autos, soi-même, et de chtôn, pays, terre.

Autocrate, souverain absolu.

Auto-da-fé, mot espagnol qui signifie acte de foi. C'était un acte judiciaire de l'inquisition par lequel on brûlait ceux qu'on accusait d'hérésie.

Autographe, apographe. - Un autographe est un écrit de la main même de l'auteur; un apographe est la copie d'un écrit original.

Automne. - Le nom de cette saison signifie j'augmente, à cause de la quantité de fruits qu'elle produit. Ce mot est du masculin. Prononcez : Autonne.

Autopsie, ouverture qu'on fait d'un cadavre pour reconnaître la cause de la mort.

Auvent, auban, autan. - Auvent, toit ou saillie qui sert d'abri; Auban, droit sur les boutiques; Autan, vent du midi.

Avalanches, glaces et neiges qui se détachent du haut des montagnes, s'affaissent sur leurs flancs, ou tombent dans les vallées.

Avant-hier. - Beaucoup de personnes prononcent mal ce mot composé. L'H d'hier étant muette, on doit faire sonner le T, et prononcer Avant-tier.

Avare. - Femme avare. Ne dites pas : Avarde, Avarte.

Avec, pour par. - Ne dites pas : Vous vous ferez des ennemis avec vos calomnies; mais : Par vos calomnies, etc.

Avis. - Prononcez Avi, et non : avice.

Axiome, décision, proposition, maxime si claire, si évidente, qu'elle n'a pas besoin d'être démontrée pour être reçue.

Ayant. Prononcez ai-iant, et non a-ian. - La lettre y représentant deux ii on doit les faire sentir.

 

B

Babouines. - Dites : Les Babouines d'un singe, et non : Les Badines.

Baccalauréat, premier degré que l'on prend dans une Faculté pour parvenir au doctorat.

Bailler. - C'est à tort qu'on dit Bailler aux corneilles, c'est Bayer qu'il faut dire (regarder en l'ait niaisement.)

Baise. - On ne dit pas : Donner une Baise, mais : donner un baiser.

Balayer. - Prononcez balai-ier, et non balier.

Balsamine. - Prononcez balzamine, et non : belsamine.

Banal, au pluriel Banaux, se disait des choses à l'usage desquelles le seigneur de fief avait droit d'assujetir ses vassaux. - On appelle Banal, celui qui paraît aimer tout le monde; choses banales, les choses communes.

Barigoule, - Dites : Des artichauts à la Barigoule, et non : A la marigoule.

Baril, prononcez : bari.

Basalte, marbre noir fusible; lave très-dure.

Basilique, basilic. - Basilique, église remarquable par sa grandeur. Un Basilic était un serpent fabuleux dont le regard tuait.

Bastonnade, et non Batonnade.

Bataille, combat, escarmouche. - Le premier signifie engagement général entre deux armées; le deuxième, engagement particulier entre des portions d'armées; le troisième, petit engagement entre des soldats.

Battologie, redondance, répétition vicieuse de choses frivoles.

Battre, frapper. - Battre, c'est récidiver les coups; frapper, c'est donner un coup.

Battre du tambour et battre le tambour. - Battre du tambour, c'est s'amuser à frapper sur un tambour, seulement pour en tirer des sons. (voyez Toucher.)

Battre le tambour, c'est donner une annonce, un signal avec le tambour. On dit : J'étais à battre du tambour, quand j'ai entendu battre le tambour.

Beaucoup, de beaucoup. - Il s'en faut Beaucoup se dit pour marquer une grande différence; il s'en faut de beaucoup, pour exprimer le nombre, la quantité. Il s'en faut beaucoup que Corneille ait la sensibilité de Racine. Il s'en faut de beaucoup que cette porte soit assez grande. Beaucoup de peuple. Dites : Il y avait beaucoup de monde au concert du Parc. On dit pourtant : Il y a beaucoup de peuple dans Bruxelles, mais alors ce mot est pris pour populace.

Bègue. - Ne dites pas : Cet homme Bègue; mais Cet homme bégaie.

Beffroi, haut clocher où l'on fait le guet, où l'on sonne l'alarme.

Belvédère, espèce de pavillon d'où l'on découvre une grande étendue de pays.

Béni, bénit. - On écrit Béni, quand ce mot signifie que l'on a reçu une bénédiction; Bénit, quand il signifie consacré à Dieu. Après avoir Béni l'assemblée, le prêtre a offert le pain bénit.

Berce, pour berceau. - On dira bien qu'une mère berce son enfant; mais il ne fait pas dire Berce pour berceau.

Berlue. - Ne dites pas : Il a la brelue.

Bibliophile, bibliomane. - Bibliophile, ami, amateur de livres; bibliomane, celui qui a la passion des livres.

Bien, beaucoup. - Dans plusieurs phrases ces deux adverbes n'ont pas le même sens; Bien exprime la manière, Beaucoup la quantité. Il mange bien et il mange Beaucoup. Il amasse Bien de l'argent (d'une manière extraordinaire) et il amasse Beaucoup d'argent (en quantité considérable).

Biographe, auteur qui écrit la vie d'un individu.

Bilieux. - Prononcez : Bilieux; et non Bileux;

Bise, brise. - On dit : Bise, quand on veut désigner un vent froid et sec qui règne dans le fort de l'hiver, et qui souffle entre le midi et le nord.

On dit : Brise quand on veut désigner de petits vents frais qui règnent le soir sur la mer.

Bisque. - Ne dites pas : Je bisque; mais suis de mauvaise humeur, j'enrage.

Bissextile, année dans laquelle il y a un jour de plus, de bissexte, jour ajouté au mois de février tous les quatre ans.

Blanc. - Ne dites pas : Il est blanc comme un lait, comme un satin. Dites : Il est Blanc comme Le lait, comme Le satin.

Blanchierie. - Écrivez et prononcez : Blanchisserie.

Bologne, ville d'Italie; Boulogne ville de France. Ne pas confondre ces deux villes.

Boire. - On dit : Je prends du café, du thé, du chocolat, mais : Je bois du vin, de la bierre de l'eau, etc.

Bon pour. - Ne dites pas : bon pour manger; mais : Ce fruit est bon à manger.

Bonnet. - Dites : La Mitre d'un évêque, la Toque d'un juge, la Barrette d'un cardinal; et non : un Bonnet d'évêque, de juge, de cardinal, etc.

Bosseler. - Ne dites pas : J'ai Bosselé mon gobelet en le laissant tomber. Dites : j'ai Bossué mon gobelet, etc. Bossuer signifie faire des bosses à un métal. Bosseler signifie travailler en bosse.

Bouche. - Dites : Je lui dirai De vive voix, et non : Je le lui dirai de Bouche.

Bouliche, bourriche. - Le premier signifie vase de terre dont on se sert dans les vaisseaux; le second, panier ovale pour envoyer de la volaille, du gibier, etc.

Braire. - Dites : Cet âne Brait; ces ânes Braient; cet âne Brayait; il Braira; il faut qu'il Braie; Brayant si fort qu'il nous étourdit.

Bras. - Il a pris son Bras, sa Main, expressions ridicules. Il a pris sa main et lu donna un soufflet.

Brasse. - Ne dites pas : Il le prend à Brasse corps. Dites : Il le prend à Bras le corps.

Brouillamini. - Ce mot est reçu dans la langue, mais embroullamini n'est pas français.

Brouillasser. - Ne dites pas : il brouillasse. Dites : Il bruine.

Brou. Enveloppe verte des fruits à coquille. - Dites : Le Brou de la noix, de l'amande, etc. Écale signifie la même chose. Écale de noix, de fèves. J'ai brisé l'Écale, la coquille ou la coque de cet œuf. Mais cale n'est pas français.

Bruire. - Dites : Le vent Bruit; les flots Bruient; les insectes Bruissent sous l'herbe, les flots Bruyaient; Bruyant autour de nous.

Bruxelles. - Dites : Bruxellois, et prononcez Brussels.

Bucolique, poésie pastorale qui concerne les bergers et les troupeaux.

Buse. - Dites : Les Tuyaux du poèle, et non : les Buses. Quelques-uns disent le Crom-Bras pour le Coude du tuyau; c'est un tort.

But. - On ne Remplit pas un but comme on remplit un tonneau, on l'Atteint

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Comme on l'aura remarqué, cet ouvrage correctif n'est pas lui-même l'exemple parfait de la correction, typographique, orthographique, morpho-syntaxique et lexicale. Néanmoins, le témoignage de ces documents permet de se donner une représentation approchée de certains des états du français populaire pratiqué au XIXe siècle. Et, à ce titre au moins, ils méritent d'être encore compulsés. Pour une analyse plus détaillée de l'impact exercé par ces ouvrages sur la conscience métalinguistique et le sentiment épilinguistique des locuteurs de l'époque, on pourra se reporter à ''L'Étamine ds idéologies…", article disponible sur ce site sous sa forme éléctronique.