Un mot sur la synchronie 1815-1830 présentée ici, que d'aucuns estimeront trop calquée sur les découpages de l'histoire politique, mais qui, toutefois, comparativement aux sous-périodes utilisées pour décrire le XIXe siècle lors de l'élaboration des tables de variations de fréquences du Trésor de la Langue française(7), nous paraît pouvoir se définir intérieurement à son objet et se doter par là d'une cohérence et d'une consistance spécifiques : émergence progressive d'une norme du français cultivé", qui va servir à renforcer le dispositif sélectif que réalise, dans l'ordre social, la pratique quotidienne de la langue. Sélection, sériation, standardisation, scolarisation : un français de référence, idéologiquement marqué et culturellement imprimé par le modèle littéraire, se met dès lors en place. Certains autres jugeront, non sans quelque apparence de raison, que ces seize années constituent une extension de temps trop large et lâche pour que, même en cette fin de millénaire, l'observateur puisse la considérer comme un tout véritablement homogène. Et il est vrai que 1816, avec l'adaptation par Lanjuinais des idées de Court de Gébelin, qu'il relit à la lumière du Mithridates d'Adelung, puis 1820 et 1822, avec les travaux de Sauvages, de Raynouard, fracturent aisément du point de vue de l'épistémologie du langage cette apparente continuité. Aux uns et aux autres, rappelons que dans le domaine de l'histoire de la langue, comme dans la plupart de ceux que couvre l'étiquette de " sciences humaines ", il n'est point d'objet donné a priori. Ici aussi, comme le souligne fortement Saussure [Cours de Linguistique Générale, éd. 1968, p. 23] : " le point de vue crée l'objet ". Dans notre monde sublunaire, la chronologie la plus extérieure de l'histoire des sociétés peut bien quelquefois servir de support à l'évolution interne de son mode préférentiel de communication, puisque cette langue constitue pour sa plus grande partie le discours même de l'histoire. Mais elle n'en sera jamais que le support indistinct, le cadre général, nullement le moteur ; et elle n'en scandera jamais les rythmes organiques.
Une rapide évaluation montre que les 341 ouvrages recensés dans cette période se répartissent très inégalement entre les années du début, relativement peu fournies, et celles de l'extrême fin, qui, malgré une triple crise bancaire, industrielle et frumentaire affectant l'économie française à partir de 1827, voient une prolifération significative de publications, interprétable comme le signe d'un investissement social compensatoire dans la connaissance. Il faudrait en cela poursuivre l'investigation bien au-delà de 1830, car le processus engagé est destiné à exprimer toute sa puissance et tout son sens ultime dans la période ultérieure. Ce qui permettra de donner immédiatement une autre valeur à la célèbre expression que Guizot est amené à proférer, lorsque -- la grammaire étant devenue nationale [1834] sous l'impulsion d'un roi qui n'est plus de France, mais des Français -- l'enrichissement personnel sera explicitement à l'ordre du jour. On peut s'enrichir par la circulation des biens matériels et les bénéfices financiers qui en découlent ; mais on peut aussi s'enrichir en développant le capital symbolique des connaissances. Et, comme on a pu l'exprimer avec une naïve ou perverse simplicité, cette dernière forme d'enrichissement a au moins l'avantage de ne pas bouleverser les structures sociales grâce auxquelles la bourgeoisie a su tout à la fois prendre le pas sur l'aristocratie et s'imposer sur le prolétariat des ouvriers et des paysans : " Savoir sa langue et la bien parler devient une obligation impérieuse en France ; aux riches, pour consolider la prépondérance que leur donne leur position sociale ; aux classes moyennes, pour soutenir leurs droits et leur influence ; aux artisans, pour mériter la considération et répandre un certain lustre sur les professions industrielles ; à tout le monde, parce que parler est une nécessité de tous les instants, et que bien parler peut de venir une habitude sans déplacer les sources de la puissance, sans confondre les conditions " (JLF, t. VI, 1er janvier 1836, p. 2). Le tableau ci-dessous synthétise ces données en fonction de nos quatre clés de répartition des ouvrages recensés :
A | B | C | D | TOTAL | |
1815 | 0,14 | 2,67 | 8,02 | 1,16 | 12 |
1816 | 0,12 | 2,45 | 7,35 | 1,06 | 11 |
1817 | 0,12 | 2,45 | 7,35 | 1,06 | 11 |
1818 | 0,15 | 2,89 | 8,69 | 1,25 | 13 |
1819 | 0,22 | 4,23 | 12,70 | 1,83 | 19 |
1820 | 0,22 | 4,23 | 12,70 | 1,83 | 19 |
1821 | 0,21 | 4,01 | 12,03 | 1,74 | 18 |
1822 | 0,17 | 3,34 | 10,02 | 1,45 | 15 |
1823 | 0,16 | 3,12 | 9,36 | 1,35 | 14 |
1824 | 0,18 | 3,56 | 10,69 | 1,54 | 16 |
1825 | 0,57 | 6,24 | 18,72 | 2,70 | 28 |
1826 | 0,37 | 7,13 | 21,39 | 3,09 | 33 |
1827 | 0,19 | 3,78 | 11,36 | 1,64 | 17 |
1828 | 0,31 | 6,01 | 18,05 | 2,61 | 27 |
1829 | 0,66 | 12,70 | 38,11 | 5,51 | 57 |
1830 | 0,39 | 7,57 | 22,73 | 3,29 | 34 |
TOTAL | 4,00 | 76,00 | 228,00 | 33,00 | 341 |
Par où l'on voit l'extraordinaire primat des livres de doctrine grammaticale, le développement de la diffusion des dictionnaires, la stagnation des manuels de rhétorique, et l'effondrement des synthèses théoriques et philosophiques. Il conviendra de revenir sur les différents aspects de cette transformation du marché, et sur ses raisons (3). Pour l'heure rappelons transitoirement à l'existence ces manuels d'un autre temps qui contribuèrent édifier le mythe d'une langue unitaire.
B/. Dictionnaires et vocabulaires :
239. Nouveau vocabulaire ou Dictionnaire portatif de la langue française, avec la prononciation de chaque mot, 4e édition, augmentée d'un grand nombre d'acceptions de mots de tous genres, de plusieurs termes nouveaux de sciences et des arts, et de remarques et observations grammaticales sur les difficultés de la langue française, par J. F. Rolland, in-8° de 56 feuilles 1/2, à Lyon chez l'auteur, éditeur-imprimeur.
240. Petit vocabulaire à l'usage des Français et des Alliés, renfermant les noms d'une partie des choses les plus essentielles à la vie en plusieurs langues: français, latin, hébreu, hollandais, allemand, anglais, espagnol, italien, etc par M. Denys de Montfort; in-8° d'une feuille; Paris, imprimerie de Mme Vve Jeune-homme.
C/. Ouvrages de grammaire générale, française ou comparée :
241. Traité complet d'orthographe d'usage et de prononciation, suivi d'un Dictionnaire orthographique de 613 mots réunis, jugés tant au pluriel qu'au singulier, terminé par la 3e édition du Traité du genre des Substantifs, par P. A. Lemare, in-12 de 8 feuilles, à Paris, chez l'auteur, quai et place de l'École, n° 12.
242 Traité des participes avec de nouveaux développemens, et accompagné de 3 tableaux synoptiques, par Ch.-P. Girault-Duvivier; in-8° de 9 feuilles, à Paris, chez l'auteur, rue de Grammont n° 11.
243. Les participes français dévoilés en quelques minutes, par Melot, in-4° d'1/4 de feuille, à Paris, chez l'auteur, rue des Grès-Saint-Jacques, n° 10.
244. Manuel de la langue française par demandes et réponses, avec des exercices orthographiques à la suite de chaque leçon, par F. D. Aynès, in-12 de 7 feuilles, à Lyon, chez l'auteur, place et Clos des Minimes, n° l.
245. Nouvelle grammaire de l'enfance ou Méthode facile et agréable pour apprendre à lire, à écrire et à orthographier, imprimée sous les auspices de MM. les membres du bureau de bienfaisance de la division des Champs-Elysées, par P. F. Putot, professeur de langues et de mathématiques; in-12 de 7 feuilles, à Paris, chez l'auteur, rue des Batailles, n° 20.
246. Cours d'orthographe et de ponctuation, suivi des Élémens de la grammaire française, par Pompée, professeur de langues à Besançon, in-8°, de 10 feuilles 1/2, à Paris, chez Brunot-Labbé éd.
247. A Theoretical and Practical Grammar of the French Tongue, by M. de Lévizac, revised, carefully corrected and improved by J. E. S. Bayles, in-12, Paris, Brasseur aîné éd.
D/.. Manuels de rhétorique et de poétique
248. Principes généraux de Belles-Lettres, par M. Domairon, 4e édition revue, corrigée et augmentée; 3 volumes in-12, ensemble de 55 feuilles, à Paris, chez Deterville.
249. Abrégé des Tropes de Du Marsais, auquel on a joint des principes de narration, et un traité de ponctuation extrait de Beauzée; in-12 de 8 feuilles 1/3, Grenoble, Baratier frères éd.
250. Rhétorique française, basée sur les principes de l'analyse et de la composition, par Charles Chaisneau, in-12 de 15 feuilles, Paris, chez Blanchard, Delalain éd.
A/. Essais et ouvrages théoriques ou généraux :
251. Histoire naturelle de la parole, ou Grammaire universelle à l'usage des jeunes-gens, par Court de Gébelin, avec un Discours préliminaires et des notes par M. le Comte Lanjuinais(8), pair de France; 3 planches dont une augmentée par M. Rémusat, in-8° de 29 feuilles ½ à Paris, chez Plancher, Eymery, Delaunay.
252. Élémens de la grammaire de la langue romane avant l'an 1000 ; Recherches sur l'origine et la formation de cette langue, par M. Raynouard, membre de l'Institut Royal de France, in-8° de 7 feuilles ¼, Paris, Firmin Didot éd.
B/. Dictionnaires et vocabulaires :
253. Nouveau vocabulaire ou Dictionnaire portatif de la langue française, avec la prononciation à côté de chaque mot, in-8° de 51 feuilles ¼, à Avignon, chez Alphonse Berrenguier éditeur-libraire.
254. Le Jardin des Racines grecques mises en vers français, avec un traité des prépositions et autres particules indéclinables, et un recueil d'innombrables mots français tirés e la langue grecque, soit par allusion, soit par étymologie. Ouvrage composé par Claude Lancelot, publié pour la première fois en 1657 et connu sous la dénomination de Racines grecques de Port-Royal, et adopté depuis longtemps par l'Université de Paris. Nouvelle édition, revue et corrigée d'abord par feu M. de Lestrée, professeur en ladite université, et nouvellement par M. Janet, éditeur de la Grammaire grecque de Furgsult, des Synonymes latins de Gardin-Dumesnil, et d'autres ouvrages relatifs à l'étude des langues grecque et latine; in-12 de 16 feuilles, Paris, chez Mme Aumont, Vve Nyon.
C/. Ouvrages de grammaire générale, française ou comparée :
255. Manuel des Écoles primaires, dédié aux Frères des Écoles Chrétiennes, par F. D. Aynès, lère partie: Grammaire Française, in-12 de 7 feuilles, à Lyon, chez l'auteur, chez les Frères des écoles chrétiennes, et chez Th. Pitrat.
256. Élémens de la grammaire française à l'usage des élèves, par Louis-Marie-Barthélémy Monteuuis, bachelier ès-lettres et maître de pension à Marquise; in-12 de 10 feuilles 1/2, Boulogne, imprimerie de Leroy-Berger.
N.B. Cf. supra n° 208. Les annonces bibliographiques de l'époque ne sont pas exemptes du défaut de reprises approximatives, qui illustre les difficultés de recenser une telle production compilatoire, proliférante et répétitive.
257. Abrégé élémentaire de la grammaire française, rédigé d'après les auteurs les plus récents et les plus estimés, et enrichi de nouvelles notes par M. Marchal, professeur de latin et de français, bachelier ès-lettres. Première édition (sic), in-12 de 9 feuilles 1/2; à Metz, chez l'auteur, rue du Pont des Morts, n° 45, et chez Mme Vve Verronais, et chez Cunaire éditeurs-libraires.
258. Traité de la nouvelle orthographe française; Principes pour apprendre à lire et à écrire correctement, avec différents modèles de lettres, promesses et quittances, pour l'utilité de la jeunesse, par Petit; in-8°- de 5 feuilles 1/4; Épinal, Pellerin, imprimeur des célèbres images.
259. Méthode anglaise simplifiée, contenant des règles faciles de prononciation, et indiquant une marche nouvelle et certaine pour apprendre sans maître et en peu de jours, plusieurs milliers de mots anglais, à l'aide de leur dérivation et de rapprochemens entre la langue française et la langue anglaise, ainsi que les principes de cette dernière, présentés d'une manière claire et précise, par M. E. M. J . Lepau, auteur des Principes généraux de la langue française, en vers. Grand in-8° de 7 feuilles 3/4; à Paris, chez Delaunay et Mme Vve Perronneau, éd.
259 bis. Grammaire analytique et raisonnée de la langue françoise, présentée sous une forme entièrement neuve, et que l'Auteur n'a jugée digne du public qu'après trente années de réflexion, par M. François B***, Paris, Beaucé, Libraire et Éditeur de Musique, rue Guénégaud, n° 18, in-8° de 12 feuilles ½. La page de titre porte en exergue une citation de l'abbé d'Olivet : " Il faut passer au travers des épines pour arriver aux riantes prairies de l'éloquence ou sur les monts escarpés de la poésie ".
N.B. L'énoncé du titre de cet ouvrage indique assez les effets à cette époque d'une certaine rémanence méthodologique, et l'importance qu'il faut accorder aux temps de latence dans la transmission des modèles théoriques dominant une discipline.
D/.. Manuels de rhétorique et de poétique :
260. Rhétorique française composée pour l'instruction de la jeunesse, par M. Domairon; lère année du Cours de Belles-Lettres; in-12 de 19 feuilles; Paris, Deterville éd.
261. Traité classique de la littérature, contenant les Humanités et la Rhétorique, par C. L. Grandperret, professeur de rhétorique en l'Académie de Lyon; 2 volumes in-12 de 24 feuilles; à Paris, chez Brunot-Labbé éd., et à Lyon, chez Cabin libraire.
261 bis. Des Beautés poétiques de toutes les langues, considérées sous le rapport de l'accent et du rythme; ouvrage qui a été couronné par la Seconde Classe de l'Institut de France, dans la Séance publique du 6 avril 1815, par l'Abbé Ant. Scoppa, Sicilien, Employé extraordinaire à l'Université Royale de France, membre de l'Académie del Buon Gusto, de Palerme, de celle des Arcades ; membre correspondant de la société Philotechnique de Paris, de l'Académie Italienne, etc. À Paris, de l'imprimerie de Firmin Didot, imprimeur du Roi et de l'Institut, rue Jacob, n° 24.
B/. Dictionnaires et vocabulaires
262. Petit dictionnaire de l'Académie Française, ou abrégé de la cinquième édition du Dictionnaire de l'Académie; auquel on a joint la prononciation d'après les meilleures autorités; et en tête duquel ont été placés les Élémens de la grammaire française de Lhomond, par J. R. Masson; 2 volumes in-16 de 29 feuilles; à Paris, chez Bossange et Masson éditeurs.
N.B. Cf supra n° 202.
263. Prospectus et spécimen d'un Dictionnaire des Dictionnaires, car il n'y a point encore de dictionnaire de quelque étendue qui, à proprement parler, soit dans l'ordre alphabétique; in-8° d'1/2 feuille, par Lemare. Cet ouvrage sera in-8°; mais l'auteur ne dit ni combien il aura de volumes, ni quand le premier paraîtra, et déclare vouloir seulement aujourd'hui prendre date.
C/. Ouvrages de grammaire générale, française ou comparée :
264. Grammaire démonstrative par J. N. Blondin, secrétaire-interprète à la Bibliothèque du Roi sous Sa Majesté Louis XVI. 7e édition entièrement refondue, présentée en tableaux, offrant la solution des principales difficultés de la langue française et particulièrement celle des participes-passés résolus par antithèse en deux seules règles; in-8° de 9 feuilles; à Paris, chez l'auteur rue Saint-André des Arcs, n° 53; chez Arthus-Bertrand, Pélicier et Brunot-Labbe éd.
265. Petite grammaire française, in-18 d'une feuille plus une; imprimerie de Renaudin au Mans; au Mans chez l'auteur.
266. L'instruction des enfants ou leçons élémentaires de lecture et de grammaire à l'usage des maisons d'éducation de l'un et l'autre sexes, par M. Bordot, instituteur; 2 parties in-12, ensemble de 12 feuilles 1/2 plus douze gravures; à Paris, chez Leprieur éd.
267. Cours élémentaire de grammaire française fondé sur des principes qui conduisent d'eux-mêmes à la solution des principales difficultés de la langue, par P. d'Olivier, ancien professeur; in-8° de 20 feuilles 3/4; Dijon, imprimerie de J. B. T. R. Huart.
268. Manuel du jeune orthographiste, ou cours théorique et pratique d'orthographe, suivi d'un traité des participes et d'un recueil des principaux homonymes de la langue française, par F. Trémery; in-12 de 8 feuilles 1/2, à Paris, chez Caillot éd.
269. Concordance des tems des verbes, et particulièrement des tems du subjonctif, l'une des plus grandes difficultés de la langue française, analysée et mise à la portée de toutes les personnes qui désirent de parler et d'écrire correctement, par E. A. Lequien, 4e édition revue et corrigée; in-12 de 5 feuilles, à Paris, chez l'auteur, rue de la Tacherie, n° 5.
270. Vrais principes de la lecture, orthographe et de la prononciation française, par M. Viard; in-12 de 9 feuilles 1/2, à Avignon, chez Aubanel éd.
D/. Manuels de rhétorique et de poétique :
271. Des Tropes ou les figures de mots, poème en 4 chants, avec des notes, un extrait de Denys d'Halicarnasse sur les tropes d'Homère, et des recherches sur les sources et l'influence du langage métaphorique; dédié la jeunesse studieuse, par M. L. C. François de Neufchâteau de l'Académie Française; in-12 de 7 feuilles 1/2, à Paris, chez Delaunay.
272. Nouveau cours de rhétorique contenant des versions grecques, latines, des matières de vers, et des amplifcations latines et françaises ; rédigé et mis en ordre par deux professeurs de l'Académie de Paris, avec les corrigés; 2 volumes in-12, ensemble de 45 feuilles; imprimerie d'Auguste Delalain éditeur à Paris.
B/. Dictionnaires et vocabulaires :
273. Nouveau Dictionnaire français, par M. le Comte de F. P., auteur des Conversations entre deux gobe-mouches, et de l'Examen de trois ouvrages sur la Russie, in-8°, Paris, Pélicier et Dentu éd.
274. Nouveau Dictionnaire de la langue française, le plus portatif et le plus complet, ou Manuel d'Orthographe et de prononciation, par M. Marguery, professeur de Belles-Lettres, éditeur de la grammaire de W. Coblett; in-18 de 15 feuilles 7/9, imprimé en mignonne à 2 colonnes; à Paris, chez Raynouard, rue de la Bibliothèque. "A la suite de l'avertissement, qui explique le plan de l'ouvrage, est un tableau des conjugaisons et da verbes irréguliers." (JLF p. 279)
275. Dictionnaire Raisonné des Difficultés grammaticales et littéraires de la langue française, par J. Ch. Thiébault de Laveaux; in-8° de 51 feuilles 3/4, Paris, chez Lefèvre, rue de l'Éperon, n° 13.
276. Dictionnaire des Méthaphores (sic) françaises extraites des meilleurs auteurs français, dans le style soutenu et même dans le style familier, par A. Varinot, ancien élève de l'École Polytechnique; in-8° de 17 feuilles; imprimerie de Poulet à Paris; chez Arthus-Bertrand éd.
C/. Ouvrages de grammaire générale, française ou comparée :
277. Supplément à la grammaire française de Lhomond, précédé de cette même grammaire, ou Abrégé complet de la grammaire française, tiré des meilleurs auteurs de nos jours, et principalement de Lévizac et de Wailly, par l'abbé Jager, maître de pension à Vic; in-12 de 7 feuilles 1/6; imprimerie de Gabriel à Vic.
278. Grammaire française, seconde partie: syntaxe; in-12 de 3 feuilles 1/2; imprimerie de Lamart à Metz.
N.B. Cet ouvrage semble être la suite de celui annoncé supra sous le n° 257.
279. Syntaxe française ou nouvelle grammaire simplifiée, par l'abbé Fabre; 4e édition revue, corrigée, et augmentée de notes et d'un petit traité de versification; in-12 de 16 feuilles 1/6; Paris, Delalain éd.
280. Les pronoms sortis du chaos, seconde édition revue avec soin et augmentée par Larcher; in-12 de 2/3 de feuille; chez l'auteur, rue des Mauvais Garçons, n° 8.
281. Vrai système du verbe français, par C. P. D. Michel; in-plano d'une feuille, imprimerie de Bailleul à Paris.
282. Règles infaillibles et inconnues jusqu'alors sur les infinitifs des verbes français; in 4° d'1/4 de feuille; imprimerie de Settier à Paris; chez Benoît, rue du Foin Saint-Jacques, n° 18.
283. Ponctuation, non plus assise sur l'arbitraire, mais bien graduée en conformité avec la raison ; ornée d'un nouveau signe commandé par la nécessité, et augmentée de l'accentuation; seconde édition revue avec soin et augmentée par Larcher; in-12 de 2/3 de feuille; à Paris, chez l'auteur, rue des Mauvais-Garçons n° 8.
284. Les Périgordinismes corrigés, par J. B. C.; in-8° de 4 feuilles de 1/4; imprimerie de Danède à Périgueux.
285. Annales de Grammaire, publiées par la Société Grammaticale de Paris; in-8°; d'1/4 de feuille; imprimerie de Poulet à Paris.
N.B. Prospectus rédigé par MM. Butet, Lemare, Perrier, Scott de Martinville et Vanier, d'une revue devant faire paraître "par mois un n° de 3 ou 4 feuilles in-8°".
D/. Manuels de rhétorique et de poétique :
285 bis. Des Tropes de Dumarsais, avec un volume de Commentaire raisonné, par Pierre Fontanier, Paris, Belin-Le Prieur, in-12 de 8 feuilles 1/3.
B/. Dictionnaires et vocabulaires
286. Dictionnaire universel de la langue française, dans lequel se trouvent: 1) tous les mots consacrés par l'Académie Française; 2) les mots et les locutions omis dans son Dictionnaire, et employés par de bons auteurs; 3) les diverses acceptions de tous ces mots, justifiées par des exemples empruntés aux meilleurs écrivains des XVIIe , XVIIIe et XIXe siècles, avec l'étymologie de chaque mot, et tous les termes techniques et scientifiques qui ont passé dans la langue nouvelle; composé et publié par M. Raoul-Rochette, membre de l'Institut, et de l'Académie Royale des Inscriptions et des Belles-Lettres, d'après des matériaux recueillis en grande partie par M. Boissonade, de la même Académie; in-4°, spécimen de 4 feuilles, à Paris, chez H. Nicolle.
287. Dictionnaire universel de la langue française, avec la prononciation figurée, par C. M. Gattel, 3e édition revue et corrigée, augmentée : 1) des termes de tous les arts et de toutes les sciences, avec leurs définitions, 2) des étymologies de tous les mots dérivés des langues anciennes et modernes, puisées dans les meilleures sources, 3) d'un extrait des Synonymes français d'après Girard, Beauzée, Roubaud, etc., 4) des mots nouveaux et autres changements introduits dans la langue nouvelle, soit que l'usage les ait adoptés ou rejetés, 5) d'un relevé critique et raisonné des fautes échappées aux écrivains les plus célèbres et dont les noms peuvent faire autorité. Deux volumes in-8° de 111 feuilles 3/4, à Lyon, chez Mme Buymaud, née Bruyset.
288. Petit dictionnaire de la langue française, suivant l'orthographe de l'Académie, et contenant tous les mots qui se trouvent dans le Dictionnaire de l'Académie, et un nombre considérable des mots qu'on n'y trouve pas, avec la prononciation lorsqu'elle est irrégulière, par Hocquart, in-32 de 7 feuilles 11/16e; imprimerie de Boucher à Paris; chez Saintine libraire éditeur.
289. Le Trésor des Origines, dictionnaire grammatical raisonné de la langue française, par Charles Pougens, de l'Institut de France; spécimen in 4° de 58 feuilles 1/2, à Paris, Strasbourg et Londres, chez Treuttel et Würtz éd.
290. Dictionnaire français de la langue oratoire et poétique, suivi d'un Vocabulaire de tous les mots qui appartiennent au langage vulgaire, par J. Planche; in-8°, Paris, Gide fils éd.
N.B. Cet ouvrage, succédant aux classiques Gradus latin-français, et contemporain du Gradus de Carpentier (Cf. infra 1822), composé de 3 volumes; le premier, incluant les lettres A - E (904 p.), est publié en 1819, le second et le troisième, F - R, et Q - Z, ensemble de 1548 p., seront proposés en 1822.
C/. Ouvrages de grammaire générale, française ou comparée :
291. Principes de la langue française, traité de synonymes, par M. Macherez, bachelier ès-lettres; in-12 de 4 feuilles 3/4; à Metz, chez l'auteur, Quai Saint-Pierre, n° 15.
292. Grammaire générale et raisonnée, dédiée aux élèves de l'école de Sorèze, par M. J. B . Lavielle, élève de cette école; in-12 de 3 feuilles; imprimerie de Moreau à Bordeaux.
293. Précis de grammaire générale servant de base à l'analyse de chaque langue particulière et d'introduction à une grammaire allemande, par M. Simon; in-8° de 9 feuilles; à Paris, chez l'auteur, passage du Cour de Rohan n° 3; chez Eberhart; chez Théophile Barrois fils; et chez Treuttel et Würtz.
294. Cours de langue française en six parties: Idéologie, lexigraphie, prononciation, syntaxe, construction, ponctuation; où 5000 exemples pris dans Pascal, Bossuet, Fénelon, Racine, La Fontaine et autres classiques, servent à fonder les règles, et présentent des modèles de tous les genres et de tous les styles, par P A. Lemare. Seconde édition entièrement refondue et augmentée d'un Dictionnaire de prononciation, d'un traité complet d'orthographe d'usage, de plus de 4000 citations, et terminé par une table complètement alphabétique des plus de 15000 articles, en forme de dictionnaire grammatical; in-8° de 51 feuilles; à Paris, chez Grand, Bachelier, Béchet, Brunot-Labbé, Mme Auzard.
295. La clef des études: traité analytique de la langue française, contenant 1. la grammaire, 2. la rhétorique, 3. la logique, 4. un coup d'oeil sur la littérature, suivi d'une table de mytologie (sic) considérée métaphoriquement, le tout rédigé selon la méthode suivie dans toutes les maisons d'éducation; in-12 de 10 feuilles; imprimerie de Poisson à Laon.
296. Première étude de la grammaire française, faisant partie du Cours élémentaire et du Cours de langue française, par Chemin-Dupontès; 14e édition corrigée et augmentée; in-12 de 3 feuilles ; à Paris, chez l'auteur, rue des Pélerins Saint-Jacques l'Hôpital, n° 5.
297. Grammaire française à l'usage des Lycées et des écoles secondaires, par P. C. B. Guéroult; in-12 de 7 feuilles 1/2, à Paris, chez Dabo éd.
298. Première année de grammaire française, ou Grammaire des commençans abrégée de la 5e édition de la Seconde année de Grammaire française, par J. J. F. Pilon; in-12 de 5 feuilles 1/6; imprimerie de V. Maugin à Nantes.
299. Méthode faite pour apprendre promptement l'orthographe et les premiers principes de la grammaire française, par Charles Guillon, maître de pension à Grenoble; in-8° de 9 feuilles 3/4; à Grenoble, chez Allier.
300. Orthographe simplifiée, ou l'écriture en harmonie avec la prononciation, à l'usage du peuple, par un amateur parisien; in-4° de 17 feuilles 1/2. Paris, Deterville éd.
301. Essai sur l'orthographe des sons applicable aux mots à difficultés de la langue française, par L. Auguste Wicard; in-12 de 6 feuilles; à Paris, chez Bailleul, à Gournay, chez Leroux, à Aumale, chez Hébert-Hue, à Neufchâtel, chez Bouvert, à Rouen, chez Frère.
N.B. On aura remarqué l'importance de la question de l'orthographe en ces années qui précèdent directement 1a tentative de réforme de Marle, dont le Journal Grammatical, entre autres, sera le propagandiste. Dans cette perspective, on peut citer quelques lignes de 1a Bibliographie de la France pour cette année 1819, rédigées par Beuchot, qui montrent bien quelle distance peut finalement s'instaurer entre le théorique et le pratique dès lors qu'orthographe et littérature interfèrent:
[à propos de Voltaire]
"Ce grand homme qui, dans son Dictionnaire Philosophique, au mot A, remarque que la coutume vicieuse de rimer pour les yeux et pour les oreilles s'était introduite dès longtems, et qui cite ces deux vers de Corneille:
Voltaire, dis-je, aurait pu lui-même fournir l'exemple. Dans de premières éditions de sa Henriade, il disait encore (Chant 1er):
Il changea depuis le dernier vers, et mit:
Dès 1748, au moins, il écrivait: Français, connaître, etc. Mais encore alors, il écrivait: bienfaisant, pouvoient, etc., comme l'atteste son Discours de réception à l'Académie Française (pp. 126-27 du t. VIII de l'édition de ses oeuvres, publiée à Dresde depuis 1748). Le tome IX de cette même édition, publiée en 1750, est imprimé avec la même orthographe. Mais dans le tome X, qui porte la date de 1754, les a sont admis aux imparfaits, tandis qu'on lit encore: faisait, faisons (v. p. 290), au lieu de fesait, fesons, que Voltaire a écrit depuis.
Ainsi donc, c'est de 1750 à 1754 que Voltaire a commencé à introduire la plus remarquable de ses innovations dans l'orthographe, et je crois pouvoir assigner pour époque précise l'année 1751. Dans l'édition du Siècle de Louis XIV faite à Berlin (2 petits volumes in-12) sous les yeux de l'auteur, par les soins de Francheville, les a remplacent non seulement les o aux imparfaits, mais encore dans le mot faible (t.I, p.145). Or cette édition était commencée dès le mois d'Auguste 1751; et l'on a vu qu'en 1750 le IXe volume de ses Oeuvres fut imprimé avec l'ancienne orthographe.
Je n'ai plus qu'un mot à dire. On aura peut-être été étonné de me voir citer l'édition de Dresde; c'est que, quoique donnée en pays étranger, elle fut imprimée par le célèbre Breitkopf, et n'est pas à dédaigner, ayant été entreprise pour le compte de G. C. Walter, dont Voltaire parle avec éloge, et qu'il appelle même son libraire ordinaire." (Bibliographie de la France, 1819, pp. 191-92).
D/. Ouvrages de rhétorique et de poétique :
302. Le Code des Rhétoriciens, ou choix des meilleurs préceptes d'éloquence et de style pour servir d'introduction aux Leçons de Morale et de Littérature par MM. Noël et De La Place, publié par J. Simonnin; in-12 de 12 feuilles; Paris, De Pélafol éd.
303. Poétique française, ou Abrégé des préceptes que la poésie en général, et sur chaque espèce de poème en particulier, par un ancien professeur; in-12 de 6 feuilles; à Paris, chez Mme Aumont, Vve Nyon.
304. Petit Art Poétique en 636 vers, sous forme de placet sur les lois et le mécanisme des vers et de la césure; nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée de plus que du double, avec une préface en 58 vers, et des notes et remarques intéressantes par Cl. Roucher-Deratte; in-8° de 2 feuilles 1/4; imprimerie de Tournel à Montpellier.
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Notes
7 Soit les tranches: 1789-1815; 1816-1832; 1833-1841; 1842-1849; 1850-1859; 1860-1869 et 1870-1879.
8 Lanjuinais, Jean-Denis, Comte , publiciste et homme politique français, né à Rennes, en 1753, mort à Paris, en 1827.
De naissance honorable -- son père était avocat -- Lanjuinais montra précocement les signes d'une grande intelligence analytique et critique. Dès l'âge de seize ans, il seconda effectivement son père dans les matières de droit ecclésiastique, droit civil, histoire et philosophie, et devint lui-même avocat -- avec dispense d'âge -- et docteur en droit, en 1771. Lanjuinais, à l'issue d'un concours, obtint la chaire rennaise de droit ecclésiastique en 1775. C'est dans cette fonction que sa renommée commença à se développer, parfois sur un fond de contestation des valeurs sociales communément admises.
Acteur efficace de la Révolution de 1789, Lanjuinais se fit remarquer par ses prises de position en faveur d'une monarchie éclairée à l'écoute du peuple contre la noblesse. Conventionnel intègre, Lanjuinais fut constamment en butte à l'hostilité de Robespierre et de Marat, mais ne vota pas pour autant la condamnation à mort de Louis XVI. Cette attitude lui valut la suspicion de l'ensemble des Conventionnels montagnards; et il dut se réfugier en Bretagne, où il vécut dans l'incognito de juin 1793 à décembre 1794, continuant à animer dans le secret la résistance aux débordements sanguinaires, ce qui lui aliéna de nouveau la confiance des montagnards et des thermidoriens. Fréquentant la société de *Mme de Staël et de Mme de Beauharnais, des généraux Hoche et Moreau, Lanjuinais participa au Conseil des Anciens, et s'opposa en 1802 à la prolongation à vie du Consulat, puis, en 1804, à la nomination de Napoléon comme empereur. Nommé Comte en 1808, Lanjuinais, ami de *Volney, s'adonna avec impétuosité et succès à l'étude des antiquités orientales.
Se développa ainsi la part de l'homme qui nous reste aujourd'hui la plus intéressante: celle de l'érudit, du philologue, de l'archéologue. Non que l'homme politique s'ensommeillât; après la chute de Napoléon, Lanjuinais fut de la lutte contre les excès réactionnaires de la chambre introuvable, contre les jésuites et leur intolérance. Proche des idées de Port-Royal, Lanjuinais passa longtemps pour janséniste; sa philosophie était plutôt celle d'un catholicisme fondé sur l'analyse de ses sources. C'est alors qu'aux innombrables discours, libelles et mémoires justificatifs publiés par lui dans ses activités d'homme politique, vinrent s'ajouter ses oeuvres scientifiques, parmi lesquelles figurent de nombreux écrits littéraires et linguistiques sur les domaines français et étrangers: Notions générales sur la langue Chinoise, tirées de l'ouvrage allemand de Jean-Christophe Adelung, intitulé Mithridates, tome 1, pages 28-64, in Magasin encyclopédique ou Journal des sciences, des lettres et des arts, rédigé par A. L. Millin, Tome IIII, Paris, Juin 1807, pp. 333-369 ; Discours préliminaire sur la personne et les écrits de Court de Gébelin et les progrès de la grammaire générale, suivi de Notes en vue d'une nouvelle édition in Antoine Court de Gébelin, Histoire naturelle de la parole, p. i-lvii, Paris, 1816, Plancher-Eymery-Delaunay; Des langues et des Nations Celtiques extrait du Mithridates d'Adelung [1817]; Études biographiques et littéraires sur Antoine *Arnauld, Pierre *Nicole, et Jacques *Necker, avec une Notice sur Christophe Colomb [1823]. Quelques mois avant de mourir, Lanjuinais acheva enfin la traduction du poëme sanscrit du Baghavad gita [1827]. Le comte Lanjuinais laisse ainsi dans l'histoire le souvenir d'une intelligence et d'un courage constamment au service de la justice et de la vérité.