University of Toronto at Mississauga
Résumé : Le Valéry cybernéticien va plus loin que le Valéry écrivain. A partir de la notion de "réfringence" avancée par Valéry et de son observation du fonctionnement des systèmes (le sien entre autres), on tentera de souligner la pertinence de l'usage de l'hypertexte pour la présentation de la somme des fragments des Cahiers dans un prototype d'édition électronique. Les multiples tentatives d'organisation et de redistribution des brouillons sur papier, en atelier ou en volumes constitués, montrent les propensions d'une fonctionnalité à dimension technologique à faire réaliser une version allographe du texte en accord avec les tentatives de l'auteur, et à y réussir par-delà les contraintes propres aux media disponibles de son vivant.
1. Historique du texte
Les brouillons des grands textes sont-ils bien servis par l'édition ? La question mérite d'être posée aujourd'hui que la nouvelle génétique française a obtenu ses lettres de noblesse et s'est imposée comme méthode autre de l'exploitation des manuscrits. Sous l'impulsion de Louis Hay et d'Almuth Grésillon, elle a heureusement déplacé les enjeux de la génèse vers la valorisation des étapes de la création plus que vers l'établissement d'un texte parfait. Ce recentrement de l'effort d'interprétation à étudier le « faire » du texte en devenir a toutefois apporté un gauchissement notable dans le traitement du « brouillon » : le travail sur les manuscrits vise des résultats autres que des éditions abordables, mais un indéniable gain de connaissance sans lequel l'édition est de toute façon inopérante. Le mandat est différent. Il s'agit moins de produire une version arrêtée d'un grand texte que d'isoler l'identité d'une création dynamique qui y donne lieu. Les brouillons des grands textes sont-ils pour autant bien servis par la génétique ? Dans plusieurs cas notables (Coleridge, Proust, Joyce, Valéry ), ces brouillons la dépassent, tout comme ils dépassent les ressources de l'édition qui en a le plus. Dans l'exemple de Joyce, on a pu parler d'un « scandale de la génétique » : Since 1950, half a million words of James Joyce's most intimate thinking about FW [Finnegans Wake] -- the fifty notebooks he kept during its composition -- have been available to scholars at the Lockwood Library of the University of Buffalo... but after some fifty years, they remain almost entirely unedited, untranscribed, and published only in expensive facsimile! And the leading Joycean journal, the James Joyce Quarterly, has barely acknowledged their existence. (In the last 1700 pages of JJQ, for example, there have been some four brief mentions). note 1
Il y a fort à parier que sur ces textes monstres, il n'y a pas de complot, non plus de loi du silence. Simplement un problème qui dépasse, et de loin, les entreprises individuelles et les ressources organisatrices d'une seule personne physique, voire celles d'équipes spécialisées qui y consacrent parfois des décennies. Les configurations tératologiques appellent des efforts démesurés, qu'il ne faut pas être surpris de voir tourner court, car les moyens sont par nature limités. Le vrai « scandale » serait que les brouillons et les manuscrits dorment, ce qui n'est pas le cas : dans bien des cas, il en existe déjà des versions éditées, certes inabordables note 2. Mais on peut se demander si la seule mise en valeur du texte final par les moyens de l'édition ordinaire est le meilleur placement : le produit qui en résulte vaut-il les trésors d'énergie et d'ingéniosité mis en uvre pour sa réalisation ? La seule application d'une génétique refuseuse de téléologie est-elle le meilleur investissement d'effort qui permette de valoriser les diverses dimensions du travail du texte ? Est-il possible de concevoir une entreprise qui ne fasse aucune concession à l'édition traditionnelle sans pour autant, par la clôture qu'elle impose, tourner le dos à l'exploitation génétique et la forclore ? Ce défi, l'édition électronique peut le relever. Elle seule paraît à même de rendre disponible un objet fidèle et pérenne, tout en restant ouverte à des parcours multiples permettant une meilleure compréhension de l'uvre en des termes qui n'ont pas été pré-programmés. L'édition électronique offre de surcroît des modalités de consultation et des fonctionnalités difficilement réalisables par d'autres voies. Ce travail propose de détailler ces derniers points à partir d'un cas notable : celui des fameux - et innombrables - Cahiers de Paul Valéry note 3.
On peut arrêter le nombre des Cahiers aux deux cent cinquante-neuf cahiers et registres que Celeyrette-Pietri recense sur la période 1894 et 1945 note 4. Dans une acception restreinte, c'est à ces documents que se limite le corpus, bien nommé car c'est ce qu'il est, des Cahiers. En y regardant de plus près, cette restriction est trompeuse, car le corpus déborde, même largement les limites de ces objets matériels. Il faut ajouter à cette quantité plusieurs milliers de feuillets volants ramassés en liasses, retranscrits sous les bons offices de leur auteur et qui, de ce fait, constituent des variantes chronologiquement ultimes, parfois expurgées, amendées ou refondues sans doute, des Cahiers réels. Ils en constituent un corpus parallèle mal nommé, puisqu'ils en présentent le texte, sans pour autant être des cahiers physiques. Ces quelque trente mille pages de manuscrit dactylographié restent inexploités, rarement mentionnés hors par une poignée d'articles pourtant capitaux auxquels personne n'a paru prêter grande attention à une époque où on avait déjà à se soucier du problème de taille que posaient les Cahiers. Si nous les considérons selon leur quantité, les grandes rubriques suivantes ressortent des liasses de feuillets :
Or, ces trente mille sept cents pages dactylographiées ont été complétées par trente mille autres, et quelque deux mille manuscrites, qui ont longtemps séjourné dans un grenier suite à leur déménagement du studio de l'avenue Foch après le décès de Valéry en 1945, et qui n'ont été découvertes que sur le tard, en septembre 1966, alors que l'édition à la Pléiade était bien engagée note 6. Le total de ces deux ensembles de feuillets se monte donc à plus de soixante-deux mille pages, à ajouter aux vingt-six mille six cents pages de cahiers physiques.. Les trente-cinq dossiers supplémentaires de ce second lot découvert tardivement ajoutent des rubriques supplémentaires à la première série : « Eros », « Soma », « CEM » Robinson fournit une table très utile des catégories de ce qu'elle appelle le deuxième classement (voir infra) -- en tout trente et une rubriques, et deux cent quinze sous-rubriques. Listées dans l'ordre de son propre classement pour l'édition à la Bibliothèque de la Pléiade, nous trouvons :
Ego
C'est autant dire que l'extension du corpus physique des Cahiers par l'objet matériel des feuillets qu'il convient de leur adjoindre constitue aussi un nouvel objet logique et noétique. Il ne s'agit plus d'une suite linéaire et chronologique de pages remplies successivement (quoique les divers cahiers portent des titres individuels), mais bien d'une sorte d'encyclopédie maison tabulée différemment.
2. Tentatives de classement de l'auteur
L'objet de cette encyclopédie est de dégager l'identité des opérations intellectuelles discrètes qui font la connaissance et les relations qu'elles entretiennent. C'est ce que Valéry appelle le « Système ». Le modèle heuristique du cerveau comme machine y pressent les propositions les plus extrémistes des philosophes de la cognition. Dans une lettre inédite de 1893-1894, Valéry écrit :
L'esprit tel a donc la propriété de former des sortes de mécanismes dont le nom vague et commun est "analogie" (H2, 1436).
Dans cette lettre, comme en maints extraits des Cahiers, il justifie l'existence de telles opérations par la structure neuronale du cerveau : il évoque souvent l'anostomose, connexion nerveuse, dont dépendrait le nombre possible de combinaisons mentales chez un individu donné (CR1, 436n.51.3). René Thom a d'ailleurs eu l'occasion de critiquer cet « opérationalisme » qui peut tout justifier à moindres frais note 8. Pour découvrir les opérations dégagées par Valéry et saisir la nature de son grand propos, par contre, mieux vaut se tourner vers une des listes de sa main. On entre alors dans l'aspect indexical que les Cahiers apportent par devers eux : Valéry est féru de listes, qui surgissent et ressurgissent sous divers avatars. La permanence et la récurrence de ces listes montre en fait un souci constant d'en venir à une synthèse opératoire sous la forme d'un index du grand ensemble. Il ne faut pas croire que les tâtonnements vont seuls. A intervalles réguliers, Valéry s'arrête et embrasse d'un seul regard « tabulaire » le travail accompli. Un exemple précoce suffira à convaincre. La « Liste préparée par Valéry pour un index alphabétique de sa méthode », préparée dans les premiers jours de janvier 1898 (CR2, 319 [le titre est des éditrices]), constitue un inventaire des plus complets. Le titre autographe de cette liste donne « unités » et « opérations » en haut de page. L'annotation finale suggère un projet de récapitulation qui n'a, malheureusement comme beaucoup d'autres, pas été mené à bien note 9 : « Écrire sous chaque terme leurs diverses études et au cas où chacun aurait plus d'un sens dans ma langue les dédoubler etc. [ ] relations par opération » (CR2, 320). Entre ces deux « opérations », on rencontre quelque cent entrées en un terme -- abstraction, accord, addition, association, but -- qui constituent un fidèle dictionnaire du Système. La liste connaît des trous : irrationnel, mais pas rationnel ; substitution mais pas enchaînement ; successif mais pas succession -- ou langage, mais pas de figure de rhétorique ou de notion grammaticale en vue, par exemple. Ce qui se montre plus révélateur pour notre propos que la simple succession de modèles divers qui s'effacent les uns les autres comme les couches du palimpseste est que Valéry a tenté de mettre de l'ordre dans la masse de ses interrogations. Détaillons quelques-uns de ces moments de rétroaction sur le texte profus des Cahiers qui, il le sent bien, lui échappe à mesure qu'il s'étend. Si en 1897, dans une lettre à son ami Gide, Valéry avoue son ambition et son désarroi en déclarant vouloir « finir par écrire et publier carrément Le Système. [ ] Seulement je n'ai pas encore trouvé l'ordre exact de succession des thèses particulières » note 10, il est assez prompt à trouver une solution provisoire. En 1900, il commence à dicter des notes à Jeannie, son épouse, à partir des cahiers existants note 11. Cette première tentative de mise au propre s'organise autour d'un petit nombre de catégories : le Cahier 26, « Opérations (groupes, transformations) », les Cahiers 17 à 20, sont ainsi reventilés dans le Cahier 31 « Dicté à Jeannie » note 12. L'index autographe (CR3, 571-572) est très révélateur de l'état du système et des catégories sur lequel Valéry s'appuie à cette époque : le penseur se place délibérement au niveau métacritique, presque terminologique, en arrangeant sa pensée autour de processus (explication, calcul, mesure, compréhension, notation, idées, connaissance ), d'opérations logiques (relations symboliques, opérations, géométrie des images, relations rationnelles, suites infinies, continu, équivalences, répétitions, différence, variation, rapprochement ), voire ponctuellement autour de difficultés (temps, infini, sentiments ). Ce « premier classement » des notes individuelles ainsi mises au net est qualifié de « bien plus abstrait » que les suivants par Celeyrette-Pietri note13. Cette distribution rigoureuse fera long feu puisqu'à partir de 1908 note 14, quand Valéry dactylographie lui-même ses notes, en les rassemblant quelque peu, ou en en ébauchant une synthèse, il frappe une sélection de près d'un millier de fragments sur la période 1906-1911 et avoue très tôt son mécontentement :
Je t'écris sur un trop moderne papier de dactylographe, sentant la paresse d'en aller prendre un autre, tandis que ces feuillets sont sous mes bras, immédiats, attendant comme cochons à l'abattoir, le coup de plume qui, un à un, les immole à mainte sottise. Ils sont là pour recevoir chacun un morceau copié dans mes registres de notes. Et je les distribue ensuite entre une dizaine de chemises rouges ou jaunes, garibaldiens et pontificaux, dont l'une s'appelle au crayon "Mémoire", l'autre "Attention", l'autre "Rêves", etc. Division très bête mais provisoirement commode. note 15
On note que ce classement porte maintenant sur des activités de l'esprit, plus sur des catégories transcendantes. Dans la même foulée, entre novembre 1911 et mai 1914, dans les quatorze cahiers roses de cette période, Valéry termine chacun par un index manuel partiel qui renvoie parfois à des domaines (Sensib., Observations, Moi, Polit. Rhétorique ), parfois à des mots-clés (l'anneau, Purezza, infini, rire ) note 16. Les fragments de « Litt. » sont de loin les plus nombreusement indexés. L'édition du CNRS en fac-similé ne donne pas les tables d'index pour les cahiers suivants ou précédents, alors que les tables commencent dans le Cahier nº 51 « F 11 » sous la lettre F et continuent jusqu'au cahier nº 64 « R 14 » à l'en-tête de la lettre R. Probablement mécontent de l'inefficace et du laborieux de cette méthode d'indexation, Valéry ouvre à cette même époque trois cahiers thématiques, conduits en parallèle, « [Sur le réel, le corps, la sensation, le sentiment] », « Somnia », « Langage » note 17. Par la suite, l'entreprise de regroupement thématique à la source n'est ni poursuivie ni reprise. En 1917, Valéry définit à Pierre Louÿs une règle de classement parfaite, qui s'avère aussi être un précis de composition : Voici le problème qui se retourne dans son lit d'ombres et de méninges : Cette prose rêvée, organisatrice par sa
forme et son style essentiels, ressemble étrangement
à ce dont est capable l'organisation
encyclopédique d'une part, et
l'hypertextualité d'autre part. Une
nécessité fonctionnelle inaliénable
rejaillit de la façon dont on place dans l'espace et
classe selon une logique les composantes, à la
manière d'un herbier, ou d'une classification
botanique. La volonté d'un réagencement
possible -- ne disons pas virtuel -- va de pair avec le
souci de composer autrement, en dehors de la
nécessité plate et linéaire de la prose
banale et du livre simplement fait, donc clos une fois pour
toutes. Les moyens disponibles et le papier ordinaire, bien
entendu, ne permettront jamais d'atteindre cette utopie du
livre. J'ai profité de ce départ de ma famille pour extraire de leurs sommeils tous mes papiers, notes, accumulés depuis 30 ans. Cette même année, Valéry confie ses Cahiers à Catherine Pozzi avec mandat d'y trouver un ordre. Pozzi les regroupe selon un troisième code d'indexation, un répertoire de signes et de couleurs : « psychologie sentimentale, système, psychologie physique, mathématique, gladiator [ ] » note 19. C'est à partir de là que Valéry semble avoir bien voulu se plier, dans ses propres tables et regroupements, à un emploi des termes qu'il avait si vivement critiqués comme abusifs dans le champ de l'analyse de l'esprit, tant philosophique que psychologique : conscience, sensibilité, imagination, mémoire note 20. En effet, en 1925, un Valéry résigné, à l'orée d'une assez longue période d'ennui et de « mal de mer » note 21 devant la profusion du « stock », avoue « Ma philosophie &emdash; Il faudra bien se résoudre à faire des Cahiers par sections et sujets » (avril-juin 1925. CNRS10, 776). Le point d'orgues de ces tentatives partielles se situe entre 1922 et 1945. Valéry emploie plusieurs dactylos, qui pendant vingt-trois ans retranscrivent l'intégralité des Cahiers postérieurs à 1911 en double exemplaire note 22. Pour mener le projet à bien, Valéry loue pendant ces deux décennies deux appartements successifs, l'un dans la rue des Sablons, puis plus tard un autre plus grand, au 46 de l'avenue Foch, qu'il fait même équiper de tréteaux, planches et casiers métalliques sur mesure (c'est un véritable atelier de travail, sans meubles et sans fenêtres). Pendant ces vingt années, Valéry classe patiemment ses innombrables fiches dans des dossiers thématiques note 23. Outre un effort financier donc, locations et embauches pendant plus de vingt ans, Valéry a payé de son temps et de son effort, dans une tentative concertée qui devrait attirer davantage l'attention note 24. Plusieurs choses ressortent de ces intentions de classement soutenues et répétées entre 1898 et 1945. Tout d'abord l'extension, la précision et l'imbrication des rubriques se sont faites plus précises, plus soigneuses et plus développées avec le temps. Cela donne une image des Cahiers sensiblement différente qu'en donne une édition seulement chronologique. Des index, des titres de rubrication, un classement ébauché par symboles note 25 et couleurs, un autre classement achevé dans des dossiers -- cela relève d'un système de poly-indexation puissant et complexe qui multiplie les recoupements et précise des parcours différents. Ajoutons sous ce chef que de nombreux fragments des Cahiers comportent aussi des titres en propre, parfois récurrents, et que bien entendu les mêmes concepts et mots clés sont réutilisés et précisés avec le temps, ce qui crée des nodosités remarquables dans le grain du texte linéaire. Si l'on tient compte par ailleurs du fait que nombre des propositions avancées dans ce texte rejaillissent de la projection d'un domaine sur un autre sur le modèle de l'analogie et par métaphore, et que les mêmes concepts sont réinjectés dans plusieurs domaines, on ne peut que commencer à douter que ces nombreux recoupements -- trop nombreux -- ne sont pas vraiment gratuits, et qu'au contraire le « dépouillement » auctorial de l'uvre favorise un lecture dans tous les sens. Une raison à ceci : une aversion naturelle pour les systèmes rigides et stériles qui ne sont que de grands cimetières de la pensée (R1, xiii) note 26. Tout cela contribue à donner des Cahiers comme objet logique une image multidimensionnelle que leur représentation en fac-similé ne donne pas du tout.
3. Historique et limites des éditions
En effet, il est très facile de noter que la reproduction physique du texte en donne une image fort lointaine de ce regroupement tabulaire auquel l'auteur a travaillé pendant le dernier tiers de sa vie. Le Centre national pour la Recherche scientifique a fourni la première édition sur papier du grand uvre de Valéry entre avril 1957 et 1962. Ce travail titanesque est l'une des plus grosses entreprises éditoriales françaises de l'après-guerre, mais le format en est fort peu maniable &emdash; vingt-neuf volumes, vingt-six mille six cents pages. Cette édition est aujourd'hui disponible dans un petit nombre de bibliothèques importantes et épuisée, puisque publiée à mille cent exemplaires seulement. Or, si elle est encore une référence, ce n'est pas dû à la qualité de sa présentation, mais plutôt qu'il n'y a pas encore d'édition concurrente exhaustive. Outre qu'elle est physiquement peu maniable, la version du CNRS ne comporte aucun index, ce à cause de quoi il est malaisé d'y localiser une information ou une citation ponctuelle, même en en sachant la date. Il est difficile d'y poursuivre chronologiquement les développements autour d'un concept intéressant : à moins d'être muni d'un mandat très étroit et de s'y tenir de façon draconienne, poussé par la curiosité et butinant de trouvaille en trouvaille, on se perd facilement et plusieurs fois pendant la même séance de consultation ; il est très difficile de se retrouver dans les mêmes préoccupations dans les séances multipliées que nécessite un dépouillement suivi. L'édition ne fournit aucun appareil critique ou diplomatique, par exemple pour expliquer les abréviations, symboles et codes typographiques complexes. C'est un simple fac-similé qui, certes avec un certain luxe, donne le goût de la plume de l'auteur avec ses ratures, ses non sequitur, ses reprises et ses annotations apparemment désordonnées sur la page. |
La fiabilité de ce fac-similé peut parfois être mise en doute, alors qu'il offre en surface toutes les garanties d'une fidélité sans faille puisqu'il présente la matérialité du texte sans intervention constatable. Cette édition opère des regroupements abusifs en supprimant les blancs, et en raccordant les fragments courts sur une page unique. Un petit nombre de passages contenant des allusions personnelles ont été caviardés. Il est certainement plus grave que la chronologie en est parfois douteuse et que la politique éditoriale en soit venue à complètement oblitérer le fait que les Cahiers sont par la suite constitués de fiches de travail individuelles destinées à être triées autrement que par leur espacement temporel. C'est afin de procurer une édition plus abordable et aussi plus fidèle à la nature du travail valéryen que Judith Robinson, dans la seconde édition sur papier des Cahiers, a adopté un classement premièrement thématique, celui auquel Valéry avait tant travaillé, sans pour autant négliger les questions de chronologie. Sortie à la fin 1972, la première édition chez Gallimard à la « Bibliothèque de la Pléiade » reproduit environ -- et seulement -- dix pour cent du texte total, soit deux mille neuf cents pages distribuées dans deux volumes . Elle répond, en un sens, infiniment mieux aux intentions de l'auteur, pour les raisons que nous venons d'exposer, et, même si elle biaise dans un autre sens, on y ressent une cohérence d'intentions toute différente, quoique les fragments rapprochés soient en fait éloignés de plusieurs dizaines de pages dans les cahiers physiques. La dernière édition en date est en cours, à partir des originaux remis par la famille à la Bibliothèque nationale en 1972 note 27. Il s'agit d'une édition intégrale -- elle inclut tous les Cahiers, avec de nombreux documents inédits -- mais partielle : le programme de publication cessera à 1914. C'est un travail d'une qualité exceptionnelle, servi par des retranscriptions qui veulent rendre justice aux idiosyncrasies de la main et de la pensée de Valéry, mais qui ne sacrifient rien à l'intelligibilité. Les notes et gloses sont nombreuses et éclairantes et permettent une compréhension intime du texte qu'aucun appareil critique n'avait permise jusqu'alors. Les datations sont claires et exactes et proposent une chronologie définitive. Enfin, la matérialité du texte est respectée, avec des descriptions physiques détaillées, des renvois systématiques, à partir du tome 5, aux pages du facsimilé, et même des échantillons de planches tirées des Cahiers. Elle présente pourtant à nos yeux deux défauts, qui sont liés à la masse de texte présentée et aux contraintes de la reproduction sur papier : son indexation est incomplète et malaisée à manipuler ; le jeu des renvois et de l'organisation interne complexe entre les cahiers (parfois parallèles), les concepts, les symboles récurrents, les tables et listes diverses, est perdu, par force, dans la représentation linéaire du texte. Ces deux aspects sont propres à ne pas faire progresser la connaissance de l'uvre autant qu'on pourrait le souhaiter. L'index traditionnel contraint à la navigation alternée entre sept volumes -- une quinzaine à la clôture de l'édition, qui s'arrête sur l'année 1914 -- et plusieurs documents, en provenance de sources diverses, distribués dans les sept volumes. Une intégrale vraiment « intégrale » semble vouée à multiplier les tomes : une estimation de l'édition de tous les Cahiers, dans le format couramment adopté par l'édition blanche, se monterait à quelque quarante volumes. La même édition blanche présente par ailleurs un index des noms propres et des tables de correspondance avec l'édition du CNRS dans chaque tome, et un index analytique tous les trois volumes. La consultation des index demande une grande table de travail, de nombreux signets et de la minutie (toujours en considérant les seuls sept tomes aujourd'hui parus). Or, on imagine quel effort leur constitution a demandé, non le moindre étant l'identification des concepts à y inclure, et sous quel pantonyme, sans pour autant atteindre un semblant d'exhaustivité. Ce n'est d'ailleurs pas qu'une question de lexique. Il est impossible, par exemple, de localiser tous les mots anglais, ou toutes les égalités mathématiques (alors que le mot égalité figure à l'index), ou tous les sigles de renvoi interne, ou même toutes les lemniscates, ou encore si tel ou tel concept apparaît plus fréquemment sur la page de droite ou sur celle de gauche. L'idée bienvenue d'un index des titres d'ouvrages dans le tome 3 (633-634) n'a malheureusement pas été poursuivie dans le tome 6. Les concepts d'acte et d'action fournissent par exemple, dans l'index du tome 3, cent renvois aux trois premiers volumes, alors que les mots clés acte, agir, action / réaction dirigent vers plus de deux cents renvois vers les tomes 4 à 6 dans l'index du tome 6.
Il faut revenir aux quelque trois cents entrées individuelles pour voir comment elles se distribuent, dans quels contextes elles apparaissent et si elles évoluent qualitativement, ce qui n'est pas une mince affaire. Il convient par ailleurs, à travers ces trois-cents occurrences, de consulter les notes apportées par les éditrices en fin de volume et de suivre les renvois qui y sont faits vers d'autres points du texte, ou vers d'autres textes valéryens (parfois inédits et disponibles seulement à la Bibliothèque nationale). Le problème est similaire, quoique plus familier, dans le sens inverse. Le dépouillement d'une page exige de suivre des liens divers, ce qui comme dans toute multiplication de notes diffuse le sens au lieu de le concentrer. Comme par ailleurs l'équipe d'édition a produit un travail de très haute qualité, ces renvois abondent note 28.
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4. Affinité avec le génie du texte Qu'en est-il du second problème de l'édition blanche ? En fait les sympathies de l'uvre sont franchement dirigées vers des formes de textualité et d'organisation textuelle autres que le genre du journal auquel la présentation éditoriale la fait ressembler. Certes de très loin, et ni par le contenu ni par le ton. Tout d'abord parce que la normalisation et l'unification y sont refusées de fait et que l'éparpillement règne partout, comme dans un « monde préparatoire où tout se heurte à tout, et dans lequel le hasard temporise, s'oriente, et se cristallise enfin sur un modèle » (H1, 640). Ensuite parce que, comme on l'a vu, le déroulement chronologique ne paraissait pas assez essentiel à l'auteur pour qu'il s'en contentât. Les organisations tentées sont celles d'une vaste encyclopédie thématique, ou d'un immense tableau de problématiques entrecroisées au moyen d'outils conceptuels et analytiques appliqués transversalement, et d'une méthode de transposition des concepts d'un domaine dans un autre. Certes, on l'a dit, les Cahiers « ne répondent pas au rêve initial d'un système parfaitement clos sur lui-même, foyer lumineux de la réfringence absolue, où tout point répondrait symétriquement à tout autre dans une unité sans faille » note 29. Mais c'est au départ sur la base de l'estime pour Mallarmé que les premiers projets sont lancés. Nul doute qu'une entreprise aussi soutenue et ample que les Cahiers ne pouvait réussir à créer un Grand uvre ainsi « soustrait par un prodige de combinaisons réciproques à ces vagues velléités de retouche et de changements que l'esprit pendant ses lectures conçoit inconsciemment devant la plupart des textes » (H1, 639). Mais la notion d'une combinatoire riche en possibles s'est réalisée tout autrement. Peu à peu en fait, nous croyons que Valéry, sans rien perdre de son estime pour ce modèle parachevé, a pris conscience de son affinité instinctive pour des organisations plus souples, plus géométriques mais moins artistes. Précisément jusqu'à tenter une organisation rationnelle de la masse de ses écrits. Les propensions de l'hypertexte saisissent justement ces dimensions de façon frappante. Norbert Hillaire a très judicieusement étudié les affinités entre l'oeuvre de Valéry et la notion d'hypertexte note 30, dont les virtualités sémantiques sont en résonance étrange et anachronique avec sa pensée et sa réflexion esthétique : « Plus l'uvre est littéraire, plus les relations possibles des mots deviennent nombreuses » (CR2, 283). Hillaire souligne que c'est une « pensée qui brouillonne exactement dans l'éveil du possible », qui préfère l'indéterminé, l'ouvert, qui favorise la non-séquence et l'anacoluthe, la non-hiérarchie et les pensées éparses -- mentionnons l'horreur de Valéry pour la composition et le sacrifice à la forme, horreur bien ironique pour un prosateur de sa carrure. Mentionnons aussi le fait que ses plus grands poèmes sont faits de passages jointoyés. On sait par ailleurs que Valéry fut aussi durablement fasciné par l'aléatoire, les combinatoires et la stochastique : « La réflexion sur la littérature pure ou poésie m'a montré que toute la connaissance est un vaste groupe de combinaisons » (C6, 212). Sans ébaucher de théorie de l'idée que Vannevar Bush allait lancer en juillet 1945, la semaine de la mort de Valéry, sous le nom de Memex note 31, Valéry s'est dit séduit par les virtualités de l'uvre absolument « réfringente » que l'hypertexte offrira longtemps plus tard : « Peut-être serait-il intéressant de faire une fois une oeuvre qui montrerait à chacun de ses noeuds, la diversité qui s'y peut présenter à l'esprit, et parmi laquelle il choisit la suite unique qui sera donnée dans le texte » (H1, 1467). Son propre effort d'inventaire absolu à travers les Cahiers résulte en partie de ce pancalisme très personnel. Plus loin : « Et ce qui me vient à la pensée m'apparaît assez vite comme un "spécimen", un cas particulier, un élément d'une variété d'autres combinaisons également concevables [...], une facette d'un système d'entre ceux dont je suis capable » (H1, 1469) note 32. Et Hillaire de conclure : « Tel serait le Valéry hypertextuel : dans la volonté de manifester l'infinie variabilité des perspectives qui constituent la matière première des oeuvres et que leur apparence séquentielle et linéaire occulte dans leur manifestation finale ». note 33 Le lecteur, devant ce texte fracturé, est quant à lui poussé à adopter des stratégies de lecture différentes, allant vers ce que Serge Bourjea a fort justement nommé « comminution ». note 34 Pourquoi ne pas lui donner les moyens de suivre toutes les lignes de faille ?
5. Edition électronique et génétique
L'édition électronique pourrait en fait heureusement répondre aux difficultés de l'édition traditionnelle, dans le cas de Valéry, et travailler dans le même esprit que le génie de l'uvre. Ce faisant, cette édition pourrait aussi dévoiler quelles forces uniques elle sait mobiliser. L'informatique a montré des apports inestimables dans le traitement des dictionnaires. Elle a révolutionné la philologie de grand papa en la mettant à la portée de tous les yeux et de toutes les cervelles. Qu'il s'agisse de grands corpora en espagnol dont il faut trier les variantes, d'une collation interrogeable de quelque quarante états d'un texte de Chaucer ou de sept d'un texte majeur de Chrétien de Troyes, l'adjonction des nouvelles technologies permet des fonctionnalités qui auraient fait rêver le Bénédictin proverbial note 35. Or qu'elles permettent des lectures d'expert, les ressources de l'informatique sont par contre mal adaptées ou mal exploitées dans la présentation des éditions des textes « à lire » note 36. Elle n'aident pas Monsieur tout le monde à mieux lire. Dans le cas du roman, la technologie n'a pas grand chose à apporter à l'approche d'un enchaînement narratif d'unités de sens regroupées en entités supérieures (épisodes, personnages, motifs, scènes, descriptions, dialogues ) -- tout au plus une agrémentation du dictionnaire ou de l'encyclopédie banale, ou un soutien visuel par le multimédia note 37. On pourrait en dire de même de la poésie -- penchant davantage vers une dimension tactique du sens, en vertu de laquelle la position du lexique importe dans le vers, et par rapport à la qualité de l'entourage sonore et sémantique. Ou du théâtre, dont le texte repose sur une interaction demande / réponse, dans un espace partiellement construit par la parole. L'édition électronique a justement à apporter ce qui est contraire à la séquentialité telle qu'elle est exploitée par ces trois genres. Elle tend vers les caractéristiques que souligne Jean-Pierre Balpé : « Dans la lecture numérique d'un document par la nature même de son affichage qui n'est que la réalisation momentanément visible et relativement instable d'un empilement de codages, sont inscrites, liées à la dynamicité, des possibilités nouvelles qui ne demandent qu'à être exploitées : impression, extraction de fragments, constitutions temporaires de sous-ensembles, interactions diverses, constructions de parcours analogiques, lectures hypertextuelles » note 38. D'un autre côté, les généticiens s'ouvrent maintenant à des potentiels infinis et à des perspectives chatoyantes, quand il s'agit de traiter des masses importantes de variantes et de matériaux interreliés note 39. Le travail sur les manuscrits de Flaubert, Céline ou Joyce, par exemple, et leur perception, ont été radicalement modifiés par l'apport de l'informatique note 40. Mais il n'y a guère que dans le cas de La Rochefoucauld que le travail électronique du texte a contribué à une édition plus lisible et plus étudiable des textes note 41. Justement parce qu'il s'agit d'une oeuvre en fragments ressemblant fort aux Cahiers. Il convient donc à notre sens de proposer un modèle afin de le discuter, même s'il paraît douteux que celui-ci soit réalisable dans l'immédiat.
La présentation que je ferai le 13 mai proposera un prototype d'édition pour les Cahiers à travers lequel elle abordera les problématiques suivantes : - choix d'une présentation pour faciliter la consultation, sans sacrifier aux possibilités d'indexation multiple et à l'interrogation sur mesure - représentation typographique et image - renvois aux textes imprimés (ceux que tout le monde cite) et navigation interne dans l'oeuvre Les questions de référence, d'organisation et de cohérence internes, ainsi que les possibilités de fidélité au manuscrit, seront traitées en considérant de façon critique les options offertes par la mise en valeur technologique du texte. Une citation de La Fontaine, que je voudrais mettre en regard de l'information d'arrière-plan par trop volumineuse présentée dans ce travail préliminaire, souligne les limites de l'entreprise dont j'espère avoir ici démontré la pertinence :
1. John Barger, « The Scandal of Joycean Genetics », en ligne à ftp://ftp.trentu.ca/pub/jjoyce/newgame/newgame.txt [Retour au texte] 2. Ce pour diverses raisons -- prix, inflation du format ou multiplication des volumes, illisibilité, accrue dans le cas des fac-similés, éditions limitées ou épuisées, étagement des livraisons sur plusieurs dizaines d'années. [Retour au texte] 3. Les conventions
bibliographiques suivantes sont adoptées : 4. Voir la description exhaustive dans C5, 467-488. On a cité le chiffre erroné de deux cent cinquante-sept (voir « Préface », R1, xi) et de deux cent soixante et un (Ibid.). Il s'avère que la critique valéryenne rapporte de temps en temps l'existence d'autres cahiers encore en possession de la famille. Par ailleurs, l'édition de Celeyrette-Pietri et Robinson-Valéry fournit régulièrement des cahiers ou liasses de feuilles inédites. Il existe aussi un nombre significatif de carnets de plus petit format (nombre inconnu de moi). [Retour au texte] 5. Ces fourchettes sont données d'après les indications fournies par Judith Robinson, « L'ordre interne des Cahiers de Valéry », dans Entretiens sur Paul Valéry, sous la direction d'Émilie Noulet-Carner, Paris, Mouton, 1968, p. 260-265. Une page porte des morceaux de texte de longueur fort inégale. Il serait plus exact de parler de fiche. [Retour au texte] 6. Judith Robinson, « New Light on Valéry », French Studies 22 : 1 (janvier 1968), p. 40. [Retour au texte] 7. Judith Robinson, « Liste des rubriques et sous-rubriques qui figurent dans le deuxième classement des cahiers » (R1, 1417-1425). [Retour au texte] 8. René Thom, « La modélisation des processus mentaux : le "Système" valéryen vu par un théoricien des catastrophes », dans Fonctions de l'esprit. Treize savants redécouvrent Paul Valéry, sous la dir. de Judith Robinson-Valéry, Paris, Hermann, coll. Savoir, 1983, p. 193-206 s'étend sur « l'exigence finitiste du jeune Valéry, fasciné par le logicisme hilbertien » (p. 202). [Retour au texte] 9. Dès 1898, Valéry avoue ne plus parvenir à mettre la main sur la feuille égarée dans ses notes selon une entrée du « Carnet R/122 bis » &emdash; « Il faut se retrouver dans cette foule de notes » (CR1, 427). [Retour au texte] 10. Lettre du 22 février 1897 à André Gide, André Gide &emdash; Paul Valéry. Correspondance 1890-1942, sous la dir. de Robert Mallet, Paris, Gallimard, 1951, p. 286. En rappel d'une autre lettre, de 1894 : « Hier, j'ai vomi tous mes papiers sur la table, hésitant entre deux propositions : 1º les mettre en boulettes ; 2º les classer. J'ai disuté sérieusement. J'ai voulu classer ! J'étais sûr de m'arrêter de suite, ce qui est arrivé » (H2, 1439). [Retour au texte] 11. Nicole Celeyrette-Piétri, « Histoire d'un texte : manuscrits et éditions », Nuova corrente 96 (juillet 1985, « "Cahiers" di Paul Valéry »), p. 293. Les remarques de fait suivantes s'appuient sur cet article. [Retour au texte] 12. Voir la table de correspondance : CR3, 623-627. [Retour au texte] 13. Nicole Celeyrette-Piétri, « Histoire d'un texte : manuscrits et éditions », Nuova corrente 96 (juillet 1985, « "Cahiers" di Paul Valéry »), p. 304n.15. [Retour au texte] 14. C'est ce que Judith Robinson appelle le premier classement. [Retour au texte] 15. Lettre de juin 1908 à André Lebey, dans Lettres à quelques-uns, Paris, Gallimard, 1952, p. 83. [Retour au texte] 16. CNRS4, 661, 701, 738, 814, 853, 889, 928. CNRS5, 35, 68, 103, 140, 176, 216, 252. [Retour au texte] 17. « Liste des cahiers originaux déposés au Fonds Valéry de la Bibliothèque nationale », dans C5, 467-489. [Retour au texte] 18. Lettre de 1921 à Pierre Féline, dans Lettres à quelques-uns, Paris, Gallimard, 1952, p. 134-135. [Retour au texte] 19. Nicole
Celeyrette-Piétri, « Histoire d'un texte :
manuscrits et éditions », Nuova corrente
96 (juillet 1985, « "Cahiers" di Paul Valéry
»), p. 296. 20. Nous reprenons la liste des termes confus de la vie mentale donnée par Judith Robinson, L'analyse de l'esprit dans les Cahiers de Valéry, Paris, Corti, 1963, p. 11. [Retour au texte] 21.Lettre de 1921 à Pierre Féline, dans Lettres à quelques-uns, Paris, Gallimard, 1952, p. 134. [Retour au texte] 22. Nicole Celeyrette-Piétri, « Histoire d'un texte : manuscrits et éditions », Nuova corrente 96 (juillet 1985, « "Cahiers" di Paul Valéry »), p. 297. Voir aussi R1, xv-xvii. [Retour au texte] 23. Judith Robinson, « L'ordre interne des Cahiers de Valéry », dans Entretiens sur Paul Valéry, sous la direction d'Émilie Noulet-Carner, Paris, Mouton, 1968, p. 260-265. [Retour au texte] 24. Voir la préface très éclairante dans CR1, 13-24. A l'issue de cet échec, les Cahiers sont « des contre-uvres, des contre-fini », « le lecteur est roi ». [Retour au texte] 25. En plus du symbole de renvoi interne de la main de l'auteur. [Retour au texte] 26. Cf. « Les oeuvres m'apparaissent comme les résidus morts des actes vitaux d'un créateur », cité dans Frédéric Lefèvre, Entretiens avec Paul Valéry, Paris, Le Livre, 1926, p. 107. [Retour au texte] 27. Paul Valéry. Cahiers 1894-1914. Édition intégrale, 7 vols., sous la dir. de Nicole Celeyrette-Pietri et Judith Robinson-Valéry, Paris, Gallimard, 1987-1997 (Tome 1, 1987, 489 p. ; tome 2, 1988, 382 p. ; tome 3, préface de Jean Starobinski, 1990, 668 p. ; sous la dir. de Nicole Celeyrette-Pietri, tome 4 [1900-1901], préface de Jean Bernard, 1992, 494 p. ; tome 5 [1902-1903], 1994, 493 p. ; tome 6 [1903-1904], 1997, 302 p. ; sous la dir. de Nicole Celeyrette-Pietri et Robert Pickering, tome 7 [1904-1905], 1999, 568 p.). [Retour au texte] 28. La figure suivante est un montage réalisé à partir de CR1, 290-292. [Retour au texte] 29. Ned Bastet, « Approche du système. Table ronde », dans Revue des lettres modernes 554-559 (1979), sous la direction de Huguette Laurenti, coll. Série Paul Valéry, nº 3, p. 177. [Retour au texte] 30. Norbert Hillaire, « Valéry et l'hypertexte : notes pour un essai à venir », texte téléchargé le 5 janvier 2000, 11 p. [Retour au texte] 31. Que Valéry n'aurait-il pensé de ce système ! « A memex is a device in which an individual stores all his books, records, and communications, and which is mechanized so that it may be consulted with exceeding speed and flexibility. It is an enlarged intimate supplement to his memory ». Voilà enfin de quoi organiser les essais, ébauches, tâtonnements et éternelles notules. Consultable sur le site de Denys Duchier, « As We May Think », University of Ottawa, April 1994, http://www.isg.sfu.ca/~duchier/misc/vbush/ [Retour au texte] 32. On relira avec profit, à la lumière de l'hypertexte, les quelques pages suivantes : Paul Valéry, « Fragments des mémoires d'un poème », dans Oeuvres, s. la dir. de Jean Hytier, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléïade, 1957-1960, p. 1464-1491. [Retour au texte] 33. Norbert Hillaire, « Valéry et l'hypertexte : notes pour un essai à venir », texte téléchargé le 5 janvier 2000, p. 10. [Retour au texte] 34. Serge Bourjea, « La comminution valéryenne », Poétique, vol. XVI, nº 62 (avril 1985), p. 159-178. [Retour au texte] 35. Voir le Proyecto Ensayo Hispánico à Rutgers (http://ensayo.rom.uga.edu/), le projet Charrette à Princeton (http://www.princeton.edu/~lancelot/), le Canterbury Tales Project à Leicester (http://www.cta.dmu.ac.uk/projects/ctp/) et certainement bien d'autres. [Retour au texte] 36. Voir le texte de
John Lavagnino, « Reading, Scholarship, and Hypertext
Editions », 37. Ce n'est pas là qu'est le texte. En plus que, bien souvent, il n'y a rien à voir. Je me rappelle un texte de Proust agrémenté d'une photo du château de Guermantes -- il existe ! Une riche iconographie des cathédrales de France aurait peut-être été plus appropriée, à la rigueur. [Retour au texte] 38. Jean-Pierre Balpé, « Technologies numériques et construction du savoir », 26 novembre 1997, http://hypermedia.univ-paris8.fr/Jean-Pierre/articles/Techno num.html [Retour au texte] 39. Voir le programme
du colloque Genèses, Deuxième
congrès international de critique
génétique, organisé par l'Institut
des Textes et Manuscrits modernes (ITEM/CNRS):
40. Légende
de Saint Julien l'Hospitalier de Flaubert dans le projet
Philectre, sous la direction de Pierre-Marc de Biasi
et Jean-Louis Lebrave, http://www.item.ens.fr/item/colloques/geneses/progdet.html#a
nchor817780 41. Roger Laufer. « Édition critique synoptique sur écran: l'exemple des Maximes de La Rochefoucauld », Les éditions critiques: Problèmes techniques et éditoriaux. Actes de la Table ronde internationale de 1984. Ed. Nina Catach. Paris: Les Belles Lettres, 1988, p. 115-125. [Retour au texte]
BALPE, Jean-Pierre. « Technologies numériques et construction du savoir », 26 novembre 1997, http://hypermedia.univ-paris8.fr/Jean-Pierre/articles/Technonum. html BARGER, John. « The Scandal of Joycean Genetics », en ligne à ftp://ftp.trentu.ca/pub/jjoyce/newgame/newgame.txt. BASTET, Ned. « Approche du système. Table ronde », dans Revue des lettres modernes 554-559 (1979), sous la direction de Huguette Laurenti, coll. Série Paul Valéry, nº 3, p. 177-206. BOURJEA, Serge. « La comminution valéryenne », Poétique, vol. XVI, nº 62 (avril 1985), p. 159-178. CELEYRETTE-PIETRI, Nicole. « Histoire d'un texte : manuscrits et éditions », Nuova corrente 96 (juillet 1985, « "Cahiers" di Paul Valéry »), p. 285-306. HILLAIRE, Norbert. « Valéry et l'hypertexte : notes pour un essai à venir », texte téléchargé le 5 janvier 2000, 11 p. KELLY, Brian Gordon, « Towards Revaluing Céline Studies in the 21st Century », dans Entretiens avec le professeur Y, en ligne à : http://www .webster.edu/~kennelbr/entretiensprofy.htm LAUFER, Roger. « Édition critique synoptique sur écran: l'exemple des Maximes de La Rochefoucauld », dans Les éditions critiques: problèmes techniques et éditoriaux. Actes de la table ronde internationale de 1984., s. la dir. de Nina Catach. Paris: Les Belles Lettres, 1988, p. 115-125. LAVAGNINO, John. « Reading, Scholarship, and Hypertext Editions », en ligne à : htt p://www.stg.brown.edu/resources/stg/monographs/rshe.html. LEFEVRE, Frédéric. Entretiens avec Paul Valéry, préface d'Henri Brémond, Paris, Le Livre, 1926, 376 p. ROBINSON, Judith. L'analyse de l'esprit dans les Cahiers de Valéry, Paris, Corti, 1963, 223 p. ROBINSON, Judith. « L'ordre interne des Cahiers de Valéry », dans Entretiens sur Paul Valéry, sous la direction d'Émilie Noulet-Carner, Paris, Mouton, 1968, p. 260-265. ROBINSON, Judith. « New Light on Valéry », French Studies 22 : 1 (janvier 1968), p. 40-50. THOM, René. « La modélisation des processus mentaux : le "Système" valéryen vu par un théoricien des catastrophes », dans Fonctions de l'esprit. Treize savants redécouvrent Paul Valéry, sous la dir. de Judith Robinson-Valéry, Paris, Hermann, coll. Savoir, 1983, p. 193-206. VALÉRY, Paul. Lettres à quelques-uns, Paris, Gallimard, 1952, 251 p. VALÉRY, Paul. Oeuvres, 2 vols., sous la dir. de Jean Hytier, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1957-1960. VALÉRY, Paul. Cahiers. Reproduction facsimilée des manuscrits, 29 vols., préface de Louis de Broglie, Paris, Centre national de la Recherche scientifique, 1957-1961. VALÉRY, Paul, et André GIDE. André Gide &emdash; Paul Valéry. Correspondance 1890-1942, sous la dir. de Robert Mallet, Paris, Gallimard, 1951. VALÉRY, Paul. Cahiers, 2 vols., sous la dir. de Judith Robinson, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1973-1974. VALÉRY, Paul. Cahiers 1894-1914. Édition intégrale, 7 vols., sous la dir. de Nicole Celeyrette-Pietri et Judith Robinson-Valéry, Paris, Gallimard, 1987-1999.
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