Olivier Bogros (Lisieux), « bibliothécaire et amateur de brochures ».
Entretien du 23 juillet 2002.
Pouvez-vous vous présenter (en quelques lignes) ?
Olivier Bogros, 45 ans marié 4 enfants, conservateur en chef de la médiathèque André Malraux de Lisieux. Arrivé dans cette profession, après des études d'histoire, un peu par défaut d'autre chose et avec le recul pleinement satisfait de ce choix.
En quoi consiste votre activité liée à l'internet ? Comment y êtes-vous venu ?
Cela a débuté par hasard avec l'arrivée de l'informatique dans la bibliothèque en 1994, le souhait de ne pas voir limiter cet outil à une simple gestion de stocks, le désir de mettre la main à la pâte, la découverte des BBS (babillard) puis des projets Gutenberg et ABU [NDLR : http://www.gutenberg.net, et http://abu.cnam.fr ]. De là, la volonté de participer à un mouvement de mise à disposition de tous, sur le réseau, de ressources littéraires francophones, avec la conviction que les bibliothèques ont une place à occuper dans ce domaine, qui ne se limite pas seulement à la mise en ligne de leur catalogue ou la présentation des joyaux de leur collections. C'est le point de départ en juin 1996 de la « Bibliothèque électronique de Lisieux », expérience d'animation littéraire du web qui n'avait aucune raison de se prolonger.
Si vous exercez une profession, quel est l'impact de l'internet sur cette activité ?
L'internet occupe maintenant une place
importante dans les bibliothèques publiques
françaises, les ordinateurs connectés au
réseau sont très présents dans les
bibliothèques au sein des salles traditionnellement
réservées à l'imprimé et dans des
espaces multimédias nouvellement ouverts. Beaucoup
d'usagers franchissent d'ailleurs la porte de
l'établissement uniquement dans le but d'utiliser les
ordinateurs pour des pratiques qui n'ont qu'un rapport lointain
avec la documentation. Les bibliothèques sont
souvent dans des petites villes comme Lisieux le seul lieu
offrant un libre accès gratuit à l'internet.
C'est aussi un sujet qui occupe une place importante dans les
publications professionnelles autour de questions comme :
doit-on proposer le libre accès aux ressources du
réseau ou au contraire opérer un filtrage ?
Faut-il autoriser la pratique du courrier électronique
et du « chat » ? Comment intégrer les ressources en
lignes dans les collections ? Comment faire évoluer
nos formats de catalogage avec l'Xml ? Comment envisager
la construction de bibliothèques
numériques ?...
Comment voyez-vous l'avenir (pour vos activités et/ou pour l'internet en général) ?
Il convient de trouver un équilibre
entre tous les supports d'information disponibles dans la
médiathèque et de les rendre
complémentaires les uns des autres. Apprendre aux
usagers qu'avant de se lancer à l'aveuglette dans une
recherche sur le réseau ou même à partir
d'une sélection de liens proposée par la
médiathèque, il est souvent plus judicieux et
pertinent de commencer par épuiser les ressources
locales matériellement disponibles à
portée de main dans l'établissement.
Le développement du web, la profusion et
l'éparpillement des ressources documentaires qui
le caractérisent, ainsi que leur fort degré
d'obsolescence, ne peuvent que renforcer le rôle
des médiathèques comme lieux de médiation
entre l'information et le public. Les
bibliothécaires voient leur mission
s'élargir : à la constitution, la gestion et
la conservation de collections imprimées et
audiovisuelles, ils ajoutent la médiation et la
formation à la recherche des ressources documentaires
numériques.
Avez-vous des projets ?
La mise en ligne du catalogue de la bibliothèque, l'ouverture d'un site dédié aux ressources iconographiques de l'établissement. La refonte de la « Bibliothèque électronique de Lisieux ».
Consacrez-vous beaucoup de temps à l'internet (temps de loisirs, temps professionnel) ?
Encore beaucoup trop le soir et le week-end et trop peu pendant la journée de travail.
Êtes-vous responsable d'une publication en ligne ?
La bibliothèque électronique de Lisieux [NDLR : http://www.bmlisieux.com ]. Le site est ouvert depuis juin 1996. Il s'agit d'un simple réservoir de textes littéraires et documentaires du domaine public francophone.
Si oui, êtes-vous aidé dans cette activité ? Sous quelles formes (financement, aspects techniques, collaboration pour l'élaboration des contenus etc.) ?
Le site est réalisé en interne et sur le budget de l'établissement. Trois personnes participent à son élaboration pour le choix des textes, la saisie, la relecture et la mise en ligne, les réponses aux questions posées par courriel.
Comment choisissez-vous les ressources que vous mettez en ligne ?
Les textes proposés sont choisis parmi les exemplaires conservés dans les collections anciennes de l'établissement. Deux fois par an il est procédé à une sélection d'oeuvres littéraires et documentaires susceptibles d'être intégrées dans la bibliothèque électronique, soit 50 à 60 textes. Cette sélection s'effectue non à partir du catalogue mais par immersion dans les collections en magasins. Quelques documents proviennent aussi de collections privées. Ne sont retenus que des textes courts mais intégraux d'auteurs français réputés être du domaine public.
Pour qui publiez-vous ?
La question ne s'est pas posée ainsi. Il s'agissait d'abord de faire des propositions de lecture à partir d'un fonds imprimé existant avec le désir de mettre en ligne des ressources documentaires et littéraires originales et méconnues ou oubliées.
Savez-vous qui sont vos lecteurs ?
Réellement non. Je les suppose étudiants ou enseignants, francophones,amateurs de littérature et/ou d'histoire locale. Souvent arrivés sur le site après des questions posés dans un moteur de recherche généraliste.
Votre lectorat (réel ou potentiel) influe-t-il sur la conception ou l'orientation de vos publications en ligne ?
Non je ne le crois pas, par ailleurs le site étant fort peu interactif il n'incite pas l'internaute à communiquer avec nous.
Vos publications en ligne sont-elles interactives ? Sous quelle forme (forums, outils de travail collaboratif etc.) ?
En aucune façon : la bibliothèque électronique de Lisieux est un simple réservoir de textes dénué de toute interactivité et à l'hypertextualité très limitée.
Participez-vous à d'autres initiatives de publication sur le Web, en tant qu'usager/collaborateur ?
Miscellanées, une bibliothèque hétéroclite (http://www.miscellanees.com/) mise à jour irrégulièrement qui participe à la partie récréative du Net des Etudes Françaises.
Quelle est votre définition de l'interactivité ?
Je serais bien en peine. Pour les adolescents qui fréquentent la médiathèque c'est certainement le « chat » et tous les sites qui permettent de laisser une trace de son passage.
Quelles sont vos pratiques de lecture sur le Web (détente, recherche d'informations etc.) ?
Essentiellement professionelles et documentaires : recherche de références, identifications d'oeuvres ou d'auteurs, lecture de rapports professionnels...
Avez-vous des choses à ajouter après le colloque de Lisieux (commentaires, idées, projets etc.) ?
Poursuivre régulièrement ces rencontres au cours desquelles on peut échanger en toute amitié et en dehors de tout enjeu professionnel de pouvoir.
Dans quelle ville/région vivez-vous ?
A Lisieux en Pays d'Auge, ville natale d'Henri Beauclair, l'inoubliable co-auteur des « Déliquescences, poèmes décadents d'Adoré Floupette ».
Olivier Bogros
100346.471@compuserve.com