NEF - Le Livre 010101 de Marie Lebert - Articles
paru dans Edition-actu n° 67, 1er décembre 2002
L'écriture est l'activité à laquelle se livrent les écrivains et journalistes, grâce à laquelle nous pouvons lire moult livres et revues imprimés depuis que Gutenberg a inventé l'imprimerie (1455), et moult livres et revues électroniques depuis que Tim Bernes-Lee a inventé le web (1990).
Au début du 21e siècle, nombre d'auteurs luttent non sans mal contre Goliath, Goliath étant moins les multinationales que la coalition formée par l'Edition avec un grand E et l'Université avec un grand U. A l'heure de l'internet, Goliath vacille légèrement, dieu merci, grâce au travail de sape de maisons d'édition faisant enfin un véritable travail d'éditeur (oui, cela existe à nouveau) et de professeurs descendant de leur piédestal et prêts à échanger avec le grand public sans condescendance (une espèce qui a toujours existé, mais il y aurait recrudescence grâce au réseau). La partie est loin d'être gagnée, mais la connaissance et le savoir ne semblent plus immuables, et le livre en tant que véhicule de la vérité vraie non plus. L'enfermement dans une structure, une notion ou un support figés risque de devenir bientôt obsolète.
Le David des temps modernes pourrait bien être l'éditeur en ligne. L'édition électronique - commerciale et, plus encore, non commerciale - bouscule désormais une édition traditionnelle qui aurait fort besoin d'une cure de rajeunissement et d'une redéfinition de ses objectifs. La tâche d'un éditeur n'est-elle pas d'abord de découvrir des auteurs et de promouvoir leurs oeuvres? Les yeux des auteurs sont désormais rivés sur David, sur lequel ils fondent leurs espoirs pour les libérer de l'emprise des grosses sociétés d'édition et de presse qui leur accordent un petit 7 ou 10 % hors taxe sur les ventes. Dans quel autre secteur le créateur est-il aussi mal payé et, qui plus est, pour ne pas voir son oeuvre promue et diffusée, ou si peu, à moins que cet auteur ne soit déjà "connu"? On compte sur David pour nous changer tout cela. Certains éditeurs électroniques (non francophones) proposent désormais 15% sinon 25% de droits d'auteur sur les livres numériques. Pourvu que cela dure.
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