NEF - Le Livre 010101 de Marie Lebert - Articles
paru dans Edition-actu n° 72, 15 février 2003
A l'origine, le livre est un assemblage de feuilles imprimées formant un volume. De Johannes Gutenberg (inventeur de l'imprimerie) à Olivier Gainon (fondateur de CyLibris), tous les professionnels du livre vous le confirmeront. Les formats sont multiples: in-folio (feuille d'imprimerie entière), in-quarto (feuille d'imprimerie pliée en quatre), in-octavo (feuille d'imprimerie pliée en huit), à l'italienne (largeur supérieure à la hauteur), à la française (hauteur supérieure à la largeur), etc. Quant à la présentation, elle est tout aussi variée. Le livre peut être relié (couverture rigide), broché (couverture souple), cartonné (couverture en carton), plastifié (couverture recouverte d'une feuille plastique). Le livre peut encore être un livre de poche, un livre sous coffret, un livre sous jaquette, etc.
Les deux petits derniers sont le livre numérique (version numérisée d'un livre) et le livre électronique (appareil de lecture). Le livre étant à l'origine un ensemble de feuilles imprimées, coupler "livre" avec "numérique" et "électronique" relève bien sûr de l'hérésie si on s'en tient au livre en tant que support. Quelques professionnels du livre, professeurs et chercheurs ont très justement mis le doigt sur le problème. Mais, n'en déplaise aux puristes, ceci reste néanmoins tout à fait acceptable si on considère le livre dans sa dimension éditoriale.
C'est ce qu'explique Pierre Schweitzer, concepteur d'@folio. "Quand on dit 'livre', on voit un objet trivial en papier, tellement courant qu'il est devenu anodin et invisible... alors qu'il s'agit en fait d'un summum technologique à l'échelle d'une civilisation. Donc le terme 'livre' renvoie sans s'en rendre compte à la dimension éditoriale - le contenu -, puisque 'l'objet technique', génial, n'est pas vraiment vu, réalisé... Et de ce point de vue, cette dimension-là du livre, comme objet technique permettant la mise en page, le feuilletage, la conservation, la distribution, la commercialisation, la diffusion, l'échange, etc. des oeuvres et des savoirs, est absolument indépassable. Quand on lui colle 'électronique' ou 'numérique' derrière, cela renvoie à tout autre chose: il ne s'agit pas de la dimension indépassable du codex, mais de l'exploit inouï du flux qui permet de transmettre à distance, de recharger une mémoire, etc., et tout ça n'a rien à voir avec le génie originel du codex! C'est autre chose, autour d'internet, de l'histoire du télégraphe, du téléphone, des réseaux..." (extrait du Livre 010101, Introduction)
Pour finir, précisons pour les nombreux fans d'@folio que Pierre Schweitzer et son équipe travaillent d'arrache-pied à Strasbourg pour le commercialiser courant 2003.
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© 2003 Marie Lebert