NEF - Le Livre 010101 de Marie Lebert - Articles
paru dans E-Doc n° 12, 31 août 2000
Le bibliothécaire/cyberthécaire va-t-il progressivement disparaître lorsque tous les documents seront disponibles en ligne? De l'avis général, ces craintes sont de moins en moins fondées. Au contraire, il aurait un rôle essentiel à jouer dans l'organisation de l'information et la formation des usagers.
Pour Peter Raggett, directeur du CDI (centre de documentation et d'information) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, Paris), la tâche du bibliothécaire est de "filtrer les informations" pour le public. "Je me vois devenir de plus en plus un 'bibliothécaire virtuel', dit-il. Mes 'clients' me contactent par mail ou par téléphone ou par fax, j'effectue la recherche et je leur envoie les résultats électroniquement."
Lui-même a sélectionné plusieurs centaines de sites pour en favoriser l'accès à partir de l'Intranet de l'OCDE, et cette sélection fait partie du "bureau de référence virtuel" proposé à l'ensemble du personnel de l'Organisation. Le site de la bibliothèque (qui n'est malheureusement pas disponible, même partiellement, sur Internet) comprend aussi le catalogue du CDI, des références aux articles, monographies et sites web correspondant aux différentes recherches en cours à l'OCDE, l'accès en réseau aux CD-Rom, la liste mensuelle des nouveaux titres, etc.
"Internet offre aux chercheurs un stock d'informations considérable. Le problème pour eux est de trouver ce qu'ils cherchent. Jamais auparavant on n'avait senti la surcharge d'informations qu'on sent maintenant quand on tente de trouver un renseignement sur un sujet précis en utilisant les moteurs de recherche disponibles. A mon avis, les bibliothécaires auraient un rôle important à jouer pour améliorer la recherche et l'organisation de l'information sur Internet."
En juillet 1997, la Bibliothèque de l'Office des Nations Unies à Genève (ONUG) a ouvert un cyberespace de vingt-quatre postes informatiques en libre accès pour ses lecteurs, avec connexion Internet et plusieurs dizaines de CD-Rom en réseau. Suite au succès rencontré, une deuxième salle de six postes a été ouverte en avril 1998, avec une vue imprenable sur le lac Léman et la chaîne des Alpes. Or "la consultation électronique induit une plus grande consultation imprimée et un renforcement de toutes les formes de recherche." Le personnel assure que ses prévisions les plus optimistes sont dépassées. Le cyberespace joue aussi une fonction de catalyseur puisqu'il amène "un nouveau public, jeune, varié et enthousiaste, à consulter les collections imprimées".
Bruno Didier, bibliothécaire, est le webmestre de la bibliothèque de l'Institut Pasteur (Paris). "Je développe et maintiens les pages du serveur, ce qui s'accompagne d'une activité de veille régulière, explique-t-il. Par ailleurs je suis responsable de la formation des usagers, ce qui se ressent dans mes pages..." Le site web de la bibliothèque est "le support d'applications devenues indispensables à la fonction documentaire dans un organisme de cette taille: bases de données bibliographiques, catalogue, commande de documents et bien entendu accès à des périodiques en ligne. C'est également une vitrine pour nos différents services, en interne mais aussi dans toute la France et à l'étranger."
C'est "à la fois dans les rapports avec l'information et avec les usagers" que les changements ont eu lieu. "Nous devenons de plus en plus des médiateurs, et peut-être un peu moins des conservateurs. Mon activité actuelle est typique de cette nouvelle situation: d'une part dégager des chemins d'accès rapides à l'information et mettre en place des moyens de communication efficaces, d'autre part former les utilisateurs à ces nouveaux outils."
Comment voit-il l'avenir de la profession? "Je crois que l'avenir de notre métier passe par la coopération et l'exploitation des ressources communes. C'est un vieux projet certainement, mais finalement c'est la première fois qu'on dispose enfin des moyens de le mettre en place."
Pour faciliter les échanges, les bibliothécaires-documentalistes ont à leur disposition deux listes de diffusion. Tout d'abord Biblio-fr (6.064 abonnés), modérée par Hervé Le Crosnier, qui "se fixe comme objectif d'assurer la présence sur le réseau informatique mondial d'un regard francophone." Et ensuite ADBS-info (4.264 abonnés), ouverte aux membres de l'ADBS (Association des professionnels de l'information et de la documentation). Avec plus de 5.800 adhérents, l'ADBS se place au premier rang européen des associations de spécialistes de l'information.
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