NEF - Le Livre 010101 de Marie Lebert - De l'imprimé à Internet

De l'imprimé à Internet (1999)
3. Les cyberlibrairies

De nombreuses librairies dites "traditionnelles" - avec libraires, locaux, vitrines, livres en pile sur des présentoirs ou alignés sur des rayonnages - ont créé un site sur Internet. D'autres librairies n'ont ni murs, ni vitrine, ni enseigne sur la rue. Leur vitrine est leur site web, et toutes leurs transactions s'effectuent par le biais d'Internet. Dans les deux cas, les librairies en ligne sont souvent appelées librairies virtuelles par les francophones. Au terme de librairie virtuelle on préférera ici celui de cyberlibrairie parce que, bien que n'ayant ni murs, ni vitrine, ni enseigne sur la rue, une cyberlibrairie n'en est pas moins bien réelle.

L'internaute peut consulter le catalogue de la cyberlibrairie sur son écran et rechercher un livre par auteur, par titre ou par sujet. Sur l'écran, il peut également lire le résumé ou des extraits des livres qui l'intéressent, et se tenir informé de l'actualité du livre. Et surtout, qu'il cherche, consulte, lise ou commande, il n'a pas à se déplacer et à faire la queue. Il peut effectuer le paiement de sa commande au moyen de sa carte de crédit puisque les librairies sont maintenant pourvues d'un système de paiement sécurisé. Il peut aussi envoyer son paiement par chèque ou par virement s'il est réfractaire à l'envoi de son numéro de carte de crédit par Internet.

Voici quelques exemples de cyberlibrairies francophones, cyberlibrairies anglophones, librairies de livres anciens et fournisseurs de livres pour bibliothèques. Parallèlement on s'interrogera sur l'avenir des librairies en ligne et de la commercialisation des livres sur Internet.

3.1. Cyberlibrairies francophones
3.2. Cyberlibrairies non francophones
3.3. Librairies de livres anciens
3.4. Fournisseurs de livres pour bibliothèques
3.5. L'avenir des cyberlibrairies


3.1. Cyberlibrairies francophones

Le site de la FNAC ouvre sur le logo "fnac" blanc sur fond ocre bien connu. Présente en France, en Belgique et en Espagne, la FNAC se veut à la fois défricheur, agitateur culturel et commerçant. Elle définit sa politique commerciale comme "fondée sur l'alliance avec le consommateur, sa vocation culturelle et sa volonté de découvrir les nouvelles technologies". Outre un magazine littéraire en ligne, la FNAC a ouvert un secteur: commerce électronique, qui permet à chacun de commander les livres, disques, vidéos et CD-Rom de son choix. La commande s'effectue par Internet, Minitel ou téléphone. La livraison s'effectue en France comme à l'étranger. Les modes de paiement sont la carte de crédit ou le chèque à la commande. Ce service inclut également la réservation et le paiement de places de spectacles qui sont ensuite envoyées au domicile du client, et la réservation de voyages.

Le Furet du Nord est une chaîne de librairies françaises implantée dans le Nord de la France et dont le siège est à Lille. Son site permet de consulter une base de données répertoriant 250.000 ouvrages en langue française disponibles dans le monde entier et de commander instantanément ces ouvrages. Il propose aussi un suivi permanent de l'actualité littéraire. La vente à distance représente 15 à 20% du chiffre d'affaires total de la librairie, et les meilleurs clients sont les écoles, les universités, les comités d'entreprises et les ambassades.

En région Rhône-Alpes, la chaîne de librairies Decitre offre un site qui est un modèle de clarté. Ses neuf librairies sont particulièrement dynamiques dans le domaine du multimédia, avec un rayon très complet sur Internet et l'informatique. Elles organisent régulièrement des conférences et des initiations à Internet, et des démonstrations de CD-ROM.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Muriel Goiran expliquait que le site web, créé en 1996 et revu en décembre 1997, a été remanié à nouveau pour adopter une nouvelle présentation fin juillet 1998:

"C'est pour l'instant juste un moyen de communication de plus (mail) avec nos clients des magasins et nos clients bibliothèques et centres de documentation. Nous avons découvert son importance en organisant DOCForum, le premier forum de la documentation et de l'édition spécialisée, qui s'est tenu à Lyon en novembre 97 (la prochaine édition est fixée en novembre 99). Il nous est apparu clairement qu'en tant que libraires, nous devions avoir un pied dans le Net. Internet est très important pour notre avenir. Nous allons mettre en ligne notre base de 400.000 livres français à partir de fin juillet 98, et elle sera en accès gratuit pour des recherches bibliographiques (l'achat des livres sera payant bien sûr !). Ce ne sera pas une n-ième édition de la base de Planète Livre [...], mais notre propre base de gestion, que nous mettons sur Internet."

Virgin MegaWeb est le magazine électronique de la section française du célèbre mégastore, avec l'actualité de la musique, du livre, de la vidéo et des CD-Rom. Le site du club France Loisirs présente tout le catalogue: CD, vidéos, livres, magazines, tirages et appareils photo, etc. Il permet d'adhérer au club et de passer commande.

Située au coeur de Paris dans la rue Saint-Honoré, la Librairie Itinéraires rassemble tous les ouvrages permettant de préparer, accompagner et prolonger un voyage: guides, cartes, manuels de conversation, reportages, récits de voyage, livres de cuisine, livres d'art et de photographie, ouvrages d'histoire, de civilisation, d'ethnographie, de religion et de littérature étrangère, et cela pour plus de 160 pays, soit environ 250 destinations. "Le monde en mémoire", tel est le sous-titre de son site bilingue français-anglais.

Dès 1985, la librairie avait créé une base de données avec classement des ouvrages par pays et par thèmes. Dans son courrier électronique du 11 juin 1998, Hélène Larroche, fondatrice de la librairie, expliquait:

"Il y a un peu plus de trois ans, nous en avons rendu la consultation possible sur Minitel et effectuons aujourd'hui près de 10% de notre chiffre d'affaires avec la vente à distance. Passer du Minitel à Internet nous semblait intéressant pour atteindre la clientèle de l'étranger, les expatriés désireux de garder par les livres un contact avec la France et à la recherche d'une librairie qui 'livre à domicile' et bien sûr les 'surfeurs sur le net', non minitélistes.

La vente à distance est encore trop peu utilisée sur Internet pour avoir modifié notre chiffre d'affaires de façon significative. Internet a cependant eu une incidence sur le catalogue de notre librairie, avec la création d'une rubrique sur le Web, spécialement destinée aux expatriés, dans laquelle nous mettons des livres, tous sujets confondus, qui font partie des meilleures ventes du moment ou/et pour lesquels la critique s'emballe. Nous avons toutefois décidé de limiter cette rubrique à 60 titres quand notre base en compte 13.000. Un changement non négligeable, c'est le temps qu'il faut dégager ne serait-ce que pour répondre au courrier que génèrent les consultations du site. (...) Outre le bénéfice pour l'image de la librairie qu'Internet peut apporter (et dont nous ressentons déjà les effets), nous espérons pouvoir capter une nouvelle clientèle dans notre spécialité - la connaissance des pays étrangers -, atteindre et intéresser les expatriés ... et augmenter nos ventes à l'étranger."

Distributeur indépendant, la Société internationale de diffusion et d'édition (SIDE) est le spécialiste français de l'exportation des livres, périodiques et CD-ROM. La société regroupe et exporte à travers le monde les livres en langue française publiés en Europe et traite les abonnements de périodiques français. Son site bilingue français-anglais offre un plus à son activité.

Québécoise, la Librairie Garnau est la plus grande chaîne de librairies francophones en Amérique du Nord. Avec ses dix-sept points de vente à Montréal, Québec, Sherbrooke, Victoriaville, Saint-Jérôme, Laval, Sainte-Foy, Anjou, Gatineau, Sorel, Saint-Bruno et Chicoutimi, elle est également le plus gros réseau de distribution de livres au Québec.

Fondée en 1844 par le poète Octave Crémazie et son frère Joseph, la Librairie Garneau était un cercle littéraire fréquenté par des écrivains tels que François-Xavier Garneau ou Louis Fréchette. Elle eut aussi des hôtes illustres comme Sir Winston Churchill, Hervé Bazin, André Maurois, René Lévesque ou Lomer Gouin. En 1897, la librairie passa aux mains de Samuel Chaperon qui s'associa avec Pierre Garneau. Elle changea de propriétaires plusieurs fois pour être finalement rachetée en 1993 par Sogides, premier groupe d'édition, de diffusion et de distribution au Québec. Le 8 avril 1998, elle lance une cyberlibrairie de 250.000 titres basée sur la technologie IBM et le protocole SecurNat de la Banque nationale du Québec.

Les librairies spécialisées sont elles aussi présentes sur le Web, comme Le Monde en Tique qui offre un catalogue de 37.000 titres français et étrangers sur l'informatique, les nouvelles technologies, le multimédia et Internet, ou encore la Librairie Interférences, spécialisée en ouvrages scientifiques et étrangers, qui fut la première librairie française à ouvrir un site sur Internet en 1995. De nombreux autres sites de librairies spécialisées francophones sont accessibles grâce à la liste des librairies en ligne de Livre.net.

Avec l'essor du Web sont apparues les cyberlibrairies qui vendent des livres uniquement par le biais de leur site.

Alapage est une cyberlibrairie francophone qui propose tous les livres, disques et vidéos disponibles sur le marché français, soit 400.000 références, avec paiement sécurisé. Le site est bilingue français-anglais, et la recherche est possible par auteur, titre et éditeur. Le même service est également disponible sur Minitel (3615 Alapage).

Alapage travaille en partenariat avec Novalis, qui assure lui aussi la vente par correspondance de produits culturels: disques, livres, vidéos et multimédia. Les deux cyberlibrairies ont décidé en 1997 de créer le premier prix littéraire francophone sur Internet, non pas pour créer un prix litéraire de plus, mais pour constituer une "première".

Comme il était expliqué sur le site en octobre 1997,

"1) C'est la première fois que l'on utilise le support Internet pour organiser un vote autour d'un prix littéraire.

2) C'est la première fois qu'est constitué un jury littéraire composé d'un potentiel aussi important et diversifié de votants, fidèle reflet de la diffusion de la culture française. Ce vote est en effet ouvert à nos visiteurs de tous horizons, disséminés sur les cinq continents, qui pourront émettre leur avis sur l'ensemble des ouvrages concourant aux principaux prix littéraires de fin d'année.

3) C'est la première fois qu'est imaginé un instrument de mesure de la satisfaction du lecteur et du bonheur de la lecture, qui ne soit pas seulement un outil de mesure des ventes de livres, aussi fiable soit-il."

Un vote a donc été organisé du 20 octobre au 9 novembre 1997 auprès de tous les cybernautes. Afin d'éviter les votes multiples, chaque voix n'a été validée que si la fiche de vote était scrupuleusement remplie. Toute fiche double a été annulée. Ce premier Prix littéraire des internautes fut remporté par Marc Trillard pour son roman Coup de lame, paru aux éditions Phébus.

Chapitre.com est une cyberlibrairie de 350.000 titres, complétée par une bouquinerie, un choix d'éditeurs, des liens avec 1.000 sites littéraires et culturels, et une revue des littératures intitulée Tête de chapitre. Livre en ligne est une autre cyberlibrairie disposant d'un catalogue de 300.000 titres.


3.2. Cyberlibrairies non francophones

Basée au Royaume-Uni, Internet Bookshop, très connue aussi sous son sigle iBS, est la plus grande cyberlibrairie européenne avec 1,4 million de titres.

IBS a développé un nouveau système de partenariat sur le Web. Tout possesseur d'un site web peut devenir partenaire d'iBS en sélectionnant sur son propre site un certain nombre de titres présents dans le catalogue de la cyberlibrairie. IBS prend en charge toute la partie commerciale, à savoir les commandes, les envois et les factures. Le cybernaute partenaire reçoit 10% du prix des ventes. Suivie par Amazon.com, la grande cyberlibrairie américaine, Internet Bookshop a été la première librairie en ligne à proposer une part aux bénéfices exclusivement à travers le Web, ce qui a d'ailleurs démontré la nécessité d'une nouvelle réglementation dans ce domaine.

En octobre 1997, Internet Bookshop a débuté la vente de livres anglais avec des remises allant jusqu'à 45%, prenant le risque d'une guerre des prix et des droits avec les éditeurs anglais. Parallèlement, elle attendait la réaction des mêmes éditeurs à sa décision de vendre des livres provenant des Etats-Unis, vente débutée en septembre 1997 et pratiquée aussi par d'autres libraires spécialisés.

A la même époque, Waterstone's songeait également à introduire des titres américains dans son catalogue à partir de début 1998. De son côté, The Publishers Association, organisme représentant les éditeurs du Royaume-Uni, étudiait les propositions d'interdiction de vente de livres américains à des clients britanniques par des cyberlibrairies basées aux Etats-Unis.

Sur le site, la rubrique iBS News permet de suivre le match engagé par les librairies en ligne contre les associations d'éditeurs ou contre les libraires traditionnels, afin de permettre la suppression des frontières dans la vente des livres.

Ailleurs en Europe, on peut citer par exemple les librairies en ligne allemandes Buch +Medien Online ou Lehmanns Online Bookshop, ou encore Alice.it, qui est la grande cyberlibrairie italienne.

Aux Etats-Unis, Amazon.com, créé en 1994, se présente comme la plus grande cyberlibrairie du monde avec ses 3 millions de livres, CD, DVD, jeux informatiques, etc., soit quatorze fois plus que les plus grandes chaînes de supermarchés, et ses 3 millions de clients dans 160 pays. Son catalogue permet de rechercher les livres par titre, auteur, sujet ou rubrique. Très attractif, le contenu éditorial du site change quotidiennement et forme un véritable magazine littéraire qui offre des extraits de livres, des entretiens avec des auteurs, des commentaires de lecteurs et des conseils de lecture.

Sur les traces d'Internet Bookshop, Amazon.com offre une part des bénéfices à ses associés en ligne. Depuis le printemps 1997, tous les possesseurs d'un site web peuvent vendre des livres appartenant au catalogue d'Amazon.com et toucher un pourcentage de 15% sur les ventes. Ces associés effectuent une sélection dans les titres du catalogue et rédigent leurs propres résumés. Amazon.com prend les commandes, expédie les livres, rédige les factures et leur envoie un rapport hebdomadaire d'activité. Au printemps 1998, son réseau comprenait plus de 30.000 sites affiliés.

"Introduit à la bourse de New York en mai 1997, Amazon.com a attiré 54 millions de dollars en ne cédant que 13% de son capital, une véritable performance pour une société dont le chiffre d'affaires était alors de 32 millions de dollars", expliquent Philip Wade et Didier Falkand dans Cyberplanète: notre vie en temps virtuel (Paris, Editions Autrement, 1998). Avec plus d'un million et demi de clients et une très bonne image de marque, elle est un symbole de réussite dans le cybercommerce. Sa cotation boursière est excellente, alors que la librairie est toujours déficitaire après deux ans d'existence. Fondateur et principal actionnaire d'Amazon.com, Jeff Bezos précise: "Nous générons des revenus de plus de 300.000 dollars [1 dollar = 6 FF environ] par an et par employé. Une librairie traditionnelle ne fait que 95.000 dollars par employé."

Les autres géants américains sont notamment Bookpage Online ou encore Buybooks.com avec un catalogue de 1,4 million de titres américains, 500.000 titres allemands, 500.000 titres français, 200.000 titres anglais, 100.000 titres suédois, 80.000 films en vidéo ou sur disque laser, et 10.000 jeux informatiques pour console ou sur CD-ROM. Le plus important libraire "traditionnel" des Etats-Unis, Barnes & Nobles, a également décidé de se lancer dans la vente des livres sur Internet en créant en mai 1997 son site barnesandnoble.com. Il a ainsi déclenché une guerre des prix en faisant directement concurrence à Amazon.com.


3.3. Librairies de livres anciens

Plusieurs libraires de livres anciens ont saisi l'opportunité que représentait Internet pour faire connaître leurs fonds.

Créé en novembre 1995 par Pascal Chartier, de la Librairie du Bât d'Argent (Lyon), Livre-rare-book est un site quadrilingue en français, anglais, italien et allemand. Il propose à la fois un catalogue de livres anciens regroupant les catalogues de plusieurs librairies de la région et un annuaire électronique international des librairies de livres d'occasion. Pascal Chartier considère que le Web lui a "ouvert une vaste porte", à la fois pour lui et pour ses clients. Comment voit-il son avenir professionnel avec Internet? Comme "peut-être la pire et la meilleure des choses, la pire parce qu'il peut générer un travail constant sans limite et la dépendance totale. Le meilleur parce qu'il peut s'élargir encore et permettre surtout un travail intelligent!", répondait-il dans son courrier électronique du 10 juin 1998.

Classé en plusieurs rubriques (beaux-arts, cartes postales, collections, ésotérisme, femmes, histoire, jeux, jouets, littérature, livres anciens, Lyonnais, musique, régionalisme en France, religions, revues, sciences, sports et voyages), le catalogue de livres anciens est commun à la Librairie du Bât d'Argent (Lyon), la Librairie Devaux (Moulins), la Libreria A. Guida (Naples), la Librairie Heurtebise (Dijon), la Librairie Lucas et Vermorel (Lyon), la Librairie Miraglia (Lyon) et la Librairie du Verseau (Lyon).

Spécialiste d'antiquités et de livres anciens, France Antiques héberge plusieurs sites de librairies anciennes. Basé à Amboise (Loire), ce site bilingue français-anglais se veut celui de tous les professionnels du marché de l'art ancien français: antiquaires, libraires, commissaires-priseurs, éditeurs d'art, fournisseurs et artisans d'art, etc. Mis à jour quotidiennement, le site informe également des ventes publiques, expositions, salons et manifestations diverses. France Antiques comprend douze catalogues de librairies anciennes. Le site propose aussi un annuaire des libraires, une liste des librairies complétée par un classement géographique, et un index par spécialités (autographes, manuscrits - beaux-arts, architecture, arts décoratifs - bibliographie, histoire du livre - etc.).

Dans les sites non francophones consacrés aux livres anciens, le site Paulus Swaen Old Maps and Prints propose des enchères sur Internet de cartes anciennes du monde entier, gravures, imprimés, atlas, globes et manuscrits médiévaux.

Par ailleurs, toujours dans le domaine du livre ancien, comme on le verra plus loin dans les chapitres consacrés aux cyberbibliothèques et aux catalogues, toutes les cyberbibliothèques proposent des oeuvres anciennes en texte intégral. Des catalogues tels que celui de RLIN (Research Libraries Information Network) recensent les fonds anciens de nombreuses bibliothèques dans le monde.


3.4. Fournisseurs de livres pour bibliothèques

Outre les librairies accessibles aux particuliers comme aux collectivités, il existe des fournisseurs en livres et périodiques exclusivement pour les collectivités, par exemple Blackwell et Dawson. Ces fournisseurs centralisent toutes les demandes émises par ces collectivités, ce qui évite à celles-ci le casse-tête engendré par la gestion de bons de commandes et de factures multiples. De plus, les fournisseurs disposent d'un réseau international, c'est-à-dire qu'ils s'engagent à fournir un livre ou un périodique quelle que soit sa provenance. Là aussi, les collectivités n'ont plus à faire face au casse-tête représenté par l'achat de documents hors des frontières d'un pays donné.

Blackwell's Book Services est un fournisseur international de livres, abonnements, bases de données bibliographiques et contrôle d'autorités à destination des bibliothèques universitaires, bibliothèques de recherche et grandes bibliothèques publiques du monde entier. La société, qui a fêté son vingtième anniversaire en 1995, a une histoire intéressante puisque, anglaise à l'origine, elle a conquis le marché américain puis mondial.

A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, la société de Richard Abel, basée à Portland (Oregon, USA), dominait le marché universitaire américain. Elle vendait des livres aux bibliothèques et proposait un service de catalogage automatisé. Mise en vente en 1974, cette société fut rachetée par la librairie et l'éditeur britanniques B.H. Blackwell et Blackwell Scientific, qui cherchaient à s'étendre en Amérique du Nord et qui s'installèrent à Portland sous le nom de Blackwell North America (BNA). Blackwell était déjà connu à cette époque en tant que fournisseur étranger de livres et de périodiques. Son unique représentant aux Etats-Unis, Jack Walsdorf, entama son travail de prospection dans les universités américaines, et la vente des livres débuta en mars 1975.

En 1979, Blackwell North America débuta à la fois un service bibliographique sur microfiches (standing order microfiche service) et un service de commande électronique (EAOS : easy access order system). Puis furent ajoutés une messagerie électronique ainsi qu'un service de commande électronique beaucoup plus sophistiqué. Le service de contrôle d'autorités fut considérablement développé. 200 millions de notices furent traitées en 20 ans, entre 1975 et 1995, et l'accent fut mis sur l'expansion internationale.

Comme Blackwell, Dawson est spécialiste du traitement de l'information: abonnements, livres et nouvelles technologies, à destination des professionnels de la documentation. De par sa vocation internationale, il propose un site trilingue anglais-français-espagnol.

C'est en 1809 que William Dawson s'établit comme libraire et dépositaire de journaux à Cannon Street, dans Londres, et qu'il créa le premier service de livraison de journaux par diligence hors de Londres, indique le site web.

Aujourd'hui, Dawson Holdings PLC est la plus grande société européenne d'abonnements et le plus grand fournisseur européen de livres pour les entreprises et les universités. La société est également un des grands groupes internationaux en services d'information. Elle procure des services d'acquisition et de gestion aux bibliothèques et centres de recherche du monde entier. En octobre 1997, pour mieux répondre à un marché en voie de mondialisation, Dawson a été réorganisé en deux grands secteurs, l'un gérant les abonnements, l'autre gérant les livres, ce indépendamment de la situation géographique de ses clients.


3.5. L'avenir des cyberlibrairies

Grâce au Web, les amoureux des livres disposent de catalogues en ligne répertoriant tous les titres disponibles. Ils ont la possibilité de passer commande immédiatement en utilisant le réseau Internet. Ils peuvent aussi suivre quotidiennement à l'écran l'actualité du livre. L'avenir des cyberlibrairies est très prometteur.

Chapters, le grand libraire canadien, et The Globe and Mail, quotidien de Toronto, se sont alliés pour créer une nouvelle cyberlibrairie canadienne, Chaptersglobe.com, ouverte à l'automne 1998. Le site comprend des critiques et recensions fournies par le journal, ses archives sur vingt ans, une liste de best-sellers et des forums de discussion.

Le groupe allemand Bertelsmann, qui a acquis au printemps 1998 Random House, la plus grande maison d'édition américaine, compte ouvrir prochainement une gigantesque cyberlibrairie proposant plusieurs millions de titres dans toutes les langues, avec livraison rapide dans le monde entier.

En France, la loi sur le prix unique du livre laisse peu de latitude sur les prix, contrairement aux possibilités qu'offre le prix libre du livre au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. En revanche, les libraires sont optimistes sur les perspectives d'un marché francophone. Un nombre significatif de commandes provient de l'étranger. Il représente par exemple un pourcentage de 10% des ventes pour la FNAC. Les clients sont des "Français et membres de la diaspora francophone, étrangers francophiles, universités ou écoles lointaines... soucieux de se procurer les derniers titres de l'édition parisienne ou simplement les livres qu'ils ne peuvent trouver à Kansas City ou à Kyoto", précisait Pierre Briançon dans le quotidien Libération du 14 novembre 1997.

Il faut également replacer le développement des cyberlibrairies françaises dans le contexte plus général du cybercommerce français. En mars 1998, le magazine Stratégies Internet a mené une étude sur le cybercommerce en France "auprès des 60 sites marchands les plus actifs en France, dressant ainsi l'état des lieux et donnant des pistes de réflexion aux entreprises françaises tentées par l'aventure du cybercommerce." La commande en ligne n'était possible qu'auprès d'une centaine de sites seulement. Le cybercommerce français représentait 40 millions de francs en 1997, avec une estimation de 160 millions de francs pour la fin de 1998. Le nombre d'acheteurs sur Internet étaient de 50.000 en mars 1998, avec une estimation de 400.000 pour mars 1999. L'étude indiquait que 25% des sites étaient considérés comme rentables dès 1997, alors que les autres envisageaient plutôt une rentabilité à moyen terme.

Même si la création d'une nouvelle législation s'avère difficile parce que freinée par la librairie "traditionnelle", l'abolition des frontières dans le marché du livre est inévitable, puisqu'elle est liée à fois à la structure même d'Internet, réseau des réseaux par-delà les frontières, et à la mondialisation de l'économie, phénomène économique bien réel. Dans la foulée d'Internet Bookshop, librairie en ligne britannique qui a décidé de vendre des livres publiés aux Etats-Unis, d'autres librairies suivent, et on pense à définir une nouvelle législation.

Les libraires ou les éditeurs vendront-ils bientôt à ceux qui le souhaitent le texte intégral des livres en version électronique? Dans ce cas, l'inévitable délai dû à l'envoi du livre par voie postale disparaîtra. On nous promet pour très bientôt les livres électroniques, ordinateurs de la taille d'un livre sur lesquels on pourra stocker des dizaines puis des centaines de textes électroniques. Si nombre de lecteurs actuels sont nés à l'ère du papier et préfèrent encore lire un roman de trois cents pages en version imprimée, ceci ne sera peut-être plus le cas pour les générations qui auront commencé à utiliser l'ordinateur dès l'âge de trois ans.


Chapitre 4: Les éditeurs
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