Il n'est plus nécessaire de démontrer l'intérêt d'un dictionnaire informatisé, géré par un logiciel de recherche le transformant en base de données textuelles qui associent la lecture en continu et la consultation en profondeur [3]. La "base Académie" ne se contentera pas d'affermir la diffusion du DAF [4] ni d'offrir une consultation exhaustive et enrichie de ses huit éditions, par la seule possibilité de les interroger simultanément [5]: elle présentera aussi l'intérêt majeur, d'abord pour les historiens de la langue et les historiens de la littérature, puis pour tout public, de comprendre des bases hypertextuelles associées, organisées, dans un premier temps du moins, en deux grands domaines, une base textuelle (BT) et une base critique (BC) [6]; ces bases hypertextuelles, conçues dans une perspective évolutive et dynamique seront régulièrement enrichies au gré des recherches menées dans le monde entier par les chercheurs soucieux de participer à la mise en oeuvre de la base [7].
L'objet de mon propos aujourd'hui est de vous présenter les spécificités de l'informatisation de la première édition du DAF (1694), avec la méthodologie d'élaboration de la base hypertextuelle associée à la base dictionnairique [8], puis des exemples concernant en particulier l'intérêt de la mise en oeuvre d'une base de textes littéraires (BTL), polémiques ou non, au coeur de la base textuelle associée (BT).
De fait, le temps de sa réalisation correspond à une synchronie épaisse et fluctuante, tirant vers la diachronie, et se présente alors à la fois le problème de la cohérence rédactionnelle - trois rédacteurs [10] ayant assuré la responsabilité de l'organisation et de l'harmonisation des articles - et celui de la réprésentativité réelle des usages linguistiques enregistrés dans le dictionnaire. En vertu des écarts chronologiques entre les usages de la première moitié du siècle (les années 1630-40 à 1650) et celui des années 1680-1690, on est conduit à s'interroger sur l'adéquation entre l'usage individuel des littéraires académiciens et l'usage présenté dans le DAF, notamment pour tous les auteurs élus avant les années 1680-90, a fortiori pour ceux de la décennie 1650/1660 ou d'avant: peut-on, grâce à une base hypertextuelle de textes littéraires, vérifier si l'usage littéraire individuel des écrivains académiciens est en accord avec l'usage retenu dans le DAF?
Sur la vaste question des conflits linguistiques implicitement liés aux générations d'académiciens qui ont contribué à la naissance du DAF, quelques rappels s'imposent.
Une soixantaine d'années séparent la naissance [11] du DAF de sa publication effective le 24 août 1694 [12] et aucun critique ne peut ignorer les difficultés d'appréciation des générations [13] d'Académiciens qui ont participé à l'élaboration du DAF, depuis ceux de la première Académie établie en 1634 [14], comme Saint-Amant, Guez de Balzac ou Voiture jusqu'à ceux de la décennie 1680-1690, comme Nicolas Boileau [15], Thomas Corneille [16] ou La Fontaine, à qui l'on peut encore associer les élus des années 1691-93 comme Fontenelle, élu en 1691 [17], ou Fénelon et La Bruyère élus en 1693.
Pour déterminer les générations d'auteurs académiciens qui ont pu exercer une influence dans le cadre de l'élaboration du DAF, il ne nous a pas paru pertinent de nous fonder ni sur les trois grandes périodes du siècle définies par l'histoire littéraire [18], ni sur la fameuse querelle des anciens et des modernes, ni enfin sur les repères temporels des trois rédacteurs successifs du DAF.
Pour les périodes littéraires, il suffit de rappeler que l'usage présenté dans le DAF est en grande partie fondé sur celui des meilleurs écrivains du siècle, sans distinction méthodologique précise entre ceux du début et ceux de la fin du siècle; d'autre part, en raison des dates butoirs de 1687 et de 1692, le DAF peut alors paraître surtout représentatif de la génération classique [19]. Pour la querelle des anciens et des modernes, il est impératif de distinguer la querelle officielle littéraire [20] déclenchée notamment par C. Perrault [21] et l'omniprésence d'une rivalité anciens~modernes par rapport à l'appréciation du bon usage dans le domaine de la langue; rappelons que la querelle linguistique entre usages concurrents, vieillis ou trop modernes, est mouvante, fluctuante et concerne toutes les générations du grand siècle; il ne faudrait donc pas y associer trop à la hâte la querelle littéraire. Enfin, les trois repères temporels précis dont nous disposons avec les trois rédacteurs successifs du DAF, Vaugelas de 1634 à 1650, Mézeray de 1650 à 1683, et Regnier de 1684 à 1692 puis 1694, permettent de définir une certaine hiérarchie dans la conscience linguistique des variations de l'usage, notamment avec Vaugelas, mais il paraît difficile d'affirmer qu'avec les trois dates de 1650, 1683 et 1687, les trois rédacteurs du DAF sont chacun représentatifs d'une génération d'auteurs ayant contribué à l'élaboration du DAF...
En revanche, en vertu de la connaissance que nous avons de la genèse du texte du DAF, l'année 1650, date de la mort de Vaugelas, apparaît bien capitale puisqu'elle distingue deux grandes périodes autour de l'auteur des fameuses Remarques [22], texte pivot, indissociable de la genèse du DAF, puisque Vaugelas laissa à sa mort les manuscrits du Dictionnaire et le canevas principal jusqu'à la lettre I [23]: de fait, entre 1634 et les années 1687-1692, la décennie 1650-1660 marque un tournant dans l'étude de la langue et on peut nettement distinguer une première génération d'académiciens correspondant à la période Vaugelas, si l'on tient compte de la fréquence des rééditions et du nombre de contrefaçons des Remarques, preuve du crédit important dont elles jouissaient encore dans les années 1660. La période de l'après Vaugelas correspond à la génération des remarqueurs et observateurs, commentateurs, continuateurs et critiques des Remarques de Vaugelas: en révisant certains usages consacrés par Vaugelas, mais déjà percus comme vieillis, la génération des années 1660-1690 a exprimé une conscience linguistique fondée sur des repères beaucoup plus larges que ceux des Remarques, notamment avec les critères d'appréciations de concurrences d'usages (littéraires pour l'opposition poésie/prose, linguistiques avec les distinctions écrit/oral, Paris/la cour, Paris et la cour/Provinces, etc.). On ne saurait donc méconnaître le rôle essentiel de ces définitions d'usages concurrents dans l'élaboration du DAF, qu'il s'agisse des choix de vedettes simples ou doubles, alternatives ou non, des graphies dans les vedettes et sous-vedettes par opposition à celles du texte, ou encore des définitions et des exemples [24]. Dans cette seconde période, on pourra distinguer deux familles de remarqueurs, la première diffuse et associée à des rivalités d'auteurs, la seconde, marquée d'abord par Bouhours [25] et surtout liée à deux personnalités de l'Académie marquantes pour le DAF, Olivier Patru et Thomas Corneille qui, tout en partant des Remarques de Vaugelas, ont travaillé à mieux définir l'usage en cours à la fin des années 1680, et ce notamment, à l'usage de leurs collègues académiciens littéraires, en confrontant les différents commentaires donnés par des auteurs même non académiciens, comme Ménage: de fait, la réédition des Remarques de Vaugelas avec les notes de Thomas Corneille en 1687 constitue la base des Observations de l'Académie sur les Remarques de Vaugelas publiées en 1704 [26].
Ces quelques remarques suffisent à laisser entrevoir la complémentarité entre la base dictionnairique elle-même et tous les documents susceptibles d'être ajoutés dans l'hypertexte, qu'il s'agisse de textes relatifs à la genèse du dictionnaire lui-même, aux discussions sous-jacentes à la rédaction de certains articles, qu'il s'agisse de textes critiques, de textes littéraires ou plus largement de tout dossier ayant trait à l'univers socio-culturel contemporain du dictionnaire (reproduction d'images [27], incipit d'éditions rares [28], notes marginales apposées sur des imprimés, manuscrits, etc....). Comme le dictionnaire de 1694 comporte de nombreuses traces formelles de sa genèse, il nous paraît intéressant et même essentiel de le compléter par des documents qui se situent en amont et en aval du texte tel qu'il a été publié en 1694, par des commentaires liés au fonctionnement intra-textuel du DAF et des notes d'ordre extra-textuel. Ainsi, ce sont les caractéristiques mêmes du dictionnaire, indissociable de l'époque à laquelle il a été conçu, qui nous dictent les exigences de l'hypertexte: je donnerai donc ici une illustration des principes et de la méthodologie adoptées pour la mise en oeuvre des bases hypertextuelles associées autour des trois questions-clés de l'archéologie du texte, de sa réception et de sa représentativité des usages réels dans la littérature.
La base critique comprend deux grandes séries de textes: des extraits de textes rédigés par des grammairiens, remarqueurs, théoriciens de l'Usage et des usages, et des notes d'experts destinées à guider le consultant des bases dans la confrontation des différents documents. L'intérêt de cette base critique est de mettre à la portée du public intéressé des documents jusqu'alors sous-exploités, parce que peu accessibles, parfois même méconnus ou inconnus comme la première version du libelle édité "aux despens de l'autheur" et de façon anonyme par G. de Scudéry sous le titre Les Fautes remarquées en la tragi-comédie du Cid (56 pages in-12) alors que la version plus connue du grand public, publiée la même année, en 1637, mais plus tard [29] sous l'intitulé plus bref Observations sur le Cid, (96 pages in-8) a été remaniée [30] et enrichie de quelques observations. Pour les textes critiques, nous retiendrons l'exemple du mot offenseur (transparent). Pour les notes d'experts associées aux textes critiques, nous nous donnerons l'exemple des mots galant et galantiser qui concernent à la fois une partie de la filiation des remarqueurs depuis Vaugelas et la pré-édition de 1687 [31], texte d'un intérêt capital pour comprendre outre la genèse du texte définitif de 1694, son fonctionnement; notre exemple est pris dans le corpus de la lettre G pour lequel nous avons mené une étude comparative systématique entre le texte de 1687 et celui de 1694 afin de définir et sélectionner les éléments les plus pertinents de cette pré-édition pour l'hypertexte critique, qu'il s'agisse des modifications affectant la macrostructure ou la microstructure: remaniements de la nomenclature, des définitions et des exemples, variantes graphiques dues aux hésitations des rédacteurs, aux fluctuations de l'usage ou au contraire à l'évolution de la langue, corrections affectant la ponctuation et les marques typographiques, ce qui confirme davantage les modalités du fonctionnement sémiotique de 1694, etc.... [32]. Bref, nous retrouverons en quelque sorte les exigences d'une édition critique de livres anciens avec un apparat critique [33].
La complémentarité entre notes d'experts et textes critiques peut encore être illustrée par des extraits de l'Enterrement du dictionnaire assortis de notes d'expert (transparents), mais trouve toute sa dimension avec un autre niveau de consultation, celui de la base textuelle associée, riche de textes littéraires, polémiques ou non.
La base textuelle doit regrouper deux séries de textes, des textes littéraires (= BTL) et des textes polémiques ( = BTP), courts de préférence pour éviter de fatiguer les machines... La base de textes littéraires réunira des oeuvres d'auteurs contemporains de l'ensemble de la période de préparation et de rédaction du DAF, académiciens ou non académiciens, prosateurs ou poètes: si le DAF ne cite pas les bons auteurs, "... parce que plusieurs de nos plus celebres Orateurs et de nos plus grands Poëtes y ont travaillé, et qu'on a creu s'en devoir tenir à leurs sentimens" (Préface du DAF, 1694), les écarts d'usage parfois importants entre la pratique d'un auteur académicien dans ses propres textes et l'usage recommandé par le DAF rendent indispensable une consultation contrastive pour mettre en évidence ces divergences. L'autre base textuelle sera consacrée à des textes polémiques, moins marqués comme littéraires que comme critiques, car publiés en relation avec l'élaboration du DAF, qu'il s'agisse de textes comme les Factums de Furetière et le Dictionnaire des Halles, ou qu'il s'agisse de libelles, d'opuscules souvent publiés anonymement, comme l'Apothéose du Dictionnaire de l'Académie ou L'Enterrement du Dictionnaire de l'Académie... qu'il s'agisse encore de lettres...
Il va de soi que tous les textes destinés à figurer dans ces deux bases seront donnés dans leur version originale avec renvoi à l'exemplaire de référence [34] puisque leur intérêt est d'abord lié à l'appréciation des usages selon les auteurs, à la confirmation des usages en voie de dispartion ou au contraire des usages dominants, le tout en comparaison avec l'usage présenté dans le DAF. Aux textes déjà accessibles à la consultation [35], nous ajouterons des textes saisis par nos soins (en priorité de Patru, les Plaidoyers, de Furetière les Factums, le premier libelle de Scudéry, la Requeste des Dictionnaires de Ménage, puis d'autres textes polémiques comme le Dictionnaire des Halles, l'Apothéose du Dictionaire et la Réponse à une critique intitulée l'Apothéose ou L'Enterrement du dictionnaire.
Il va de soi qu'une entreprise d'une telle envergure ne saurait reposer sur le travail de quelques individus: bien au contraire, elle doit s'ouvrir à la collaboration de chercheurs susceptibles de proposer leur concours. Par exemple, Douglas Kibbee a fait saisir en saisie optique les Notes sur les Remarques de Vaugelas éditées par J. Streicher (1936) qu'il faut encore relire avant de les installer sur le site, dans la base critique, en ajoutant les liens qui s'imposent avec la base Académie 1694. Il en est de même, pour les textes de Scudéry et les Factums de Furetière. Ainsi, l'hypertexte se tissera-t-il au fil des années, au gré des compétences de chacun et en fonction des possibilités matérielles offertes par les institutions...
1. 1694, 1718, 1740, 1762, 1798, 1835, 1878 et 1932-5.
2. En collaboration avec Louise Dagenais (Montréal), j'ai
également la responsabilité de la huitième édition, L.
Biedermann-Pasques (HESO, Ivry-sur-Seine) prendra en charge la
troisième, T.R. Wooldridge (Toronto) s'occupe, en collaboration avec
J.-Ph. Saint-Gérand (Clermont-Ferrand), de la sixième et Jean
Pruvost (Cergy-Pontoise) de la septième. Restent la deuxième
qui peut être traitée à partir de la première et
la quatrième qui peut être traitée avec la
troisième.
3. Cf. tous les travaux de T.R. Wooldridge depuis l'informatisation du
Thresor de Nicot.
4. Les seize lourds volumes de l'édition imprimée in folio se
trouvent rarement réunis dans une même bibliothèque: ils
seront condensés sur un CD-ROM ou bien accessibles en ligne.
5. Cf. T.R. Wooldridge, "Projet d'informatisation du Dictionnaire de
l'Académie (1694-1935)", in Le Dictionnaire de l'Académie française et la lexicographie institutionnelle européenne (Actes du Colloque organisé pour
le troisième centenaire du Dictionnaire de l'Académie
française, Institut de France, novembre 1994; éd. B. Quemada & J. Pruvost), Paris: Champion, 1998: 309-20; version abrégée en ligne.
7. Même si les textes intégrés dans la base
hypertextuelle sont d'abord mis en oeuvre et conçus par un ou deux
auteurs, l'enrichissement ne saurait en aucun cas rester univoque ni se
limiter à une seule analyse critique.
8. Pour tout ce qui concerne les modalités de mise en oeuvre de la
seule base dictionnairique 1694, je renvoie aux travaux publiés ces
deux dernières années (cf. bibliographie ci-jointe).
9. Sa dimension européenne devait être à l'image du
rayonnement du Roi Soleil et son caractère de
représentativité absolue d'un état de langue, la langue
de la Cour, était déterminé par une élite; la
conscience politique était alors bien fondée sur la conscience
linguistique en vertu de la trilogie fondamentale, peuple/langue/culture.
10. Vaugelas jusqu'en 1650, Mézeray de 1651 à 1683 et
Régnier Desmarais.
11. L'idée de rédiger un dictionnaire est née dans les
années 1630 lors des fameuses réunions amicales
d'écrivains chez Valentin Conrart, mais la proposition officielle de
rédiger "un ample dictionnaire", qui revient à Chapelain, est
datée du 20 mars 1634: cf. les Statuts de l'Académie
française dans l'Histoire de l'Académie
française de Pelisson, et Leroy-Turcan 1995a.
12. Pour la période large allant de 1630 à 1694, ou 57 ans
pour une définition temporelle plus fine, si l'on tient compte de la
pré-édition de 1687; de même, si l'on tient compte de la
parution le 2 juillet 1692 de l'édition corrigée chez
Coignard, mais également passée au pilon (cf. les Registres
de l'Academie française, Paris, Firmin-Didot, t. 1, p. 315,
à cette date); il fallut attendre le 24 août 1694 pour
connaître l'édition définitive, avec les
rédactions de la Préface et de l'Epistre (cf.
Registres/, t. 1, au 2 juillet 1692: "... Il a esté
arresté que l'impression du Dictionnaire estant présentement
achevée, chacun des Académiciens s'appliqueroit avec soing a
revoir la feuille qui luy a esté donnée pour suppléer
aux omissions, faire l'errata..."; et au 16 mars 1693: "... Apres cela comme
on est sur le point de donner le Dictionnaire au public on a agité
ce qu'il y auroit a faire, tant pour l'examen de l'Epistre
dédicatoire que pour la Préface...").
13. Une génération s'étend sur une trentaine
d'années: cf. le TLF., s.v. GÉNÉRATION:
"Chaque degré de filiation; laps de temps qui sépare ces
degrés de filiation (environ trente ans). Conflit de
générations; choc des générations."
14. Avec notamment les deux disciples du sévère et puriste
Malherbe (1555-1628), le rigoureux François Maynard (1582-1646) et
l'élégiaque Honorat de Racan (1589-1670) qui ouvrent la voie
au pittoresque et dionysiaque Saint-Amant (1594-1661).
15. Gilles Boileau est entré à l'Académie en 1659.
16. Pierre Corneille est entré à l'Académie en 1647.
17. Élu contre La Bruyère, qui ne sera admis qu'en 1693.
18. La période du romanesque, baroque et précieuse jusqu'en
1661, la génération classique où la trilogie de
l'ordre, de la raison et du goût est reine de 1661 à 1685, et
la période ouverte à l'éveil de l'esprit philosophique
et à l'enrichissement du goût de 1685 à 1715.
19. Ce qui n'est pas parfaitement défendable, si l'on compare le
texte de la pré-édition de 1687 avec celui de 1694 pour le
corpus des lettres A-G où sont conservés de nombreux
archaïsmes.
20. Telle qu'elle s'est exprimée notamment à partir de 1687
avec l'ode à la gloire des modernes présentée à
l'Académie par Charles Perrault pour montrer la
supériorité du siècle de Louis XIV sur celui d'Auguste.
21. C. Perrault ouvrit la querelle en présentant son poème "Le
siècle de Louis le Grand" le 27 janvier 1687, donc peu de temps avant
la parution de la pré-édition; la fin provisoire de la querelle
serait marquée en 1714 par la Lettre à
l'Académie de Fénelon qui pacifia les ardeurs rivales en
louant les modernes et en admirant les anciens.
22. Dont on connaît l'objectif, étudier en priorité
l'usage de la partie la plus saine de la cour (cf. sa
Préface).
23. La discussion concernant la paternité effective du Dictionnaire,
Chapelain en ayant proposé dès 1634 un plan, nous paraît
secondaire.
24. On peut aussi affiner et proposer une période de transition
correspondant à l'influence qu'exerçaient encore les
Remarques de 1650 à 1660/5, l'après-Vaugelas pouvant
débuter avec les Remarques sur la Poésie de Malherbe
de G. Ménage en 1666.
25. Cf. F. Brunot, H.L.F.: "Avec Bouhours (Doutes, 1675) et
Ménage (ObLF, 1675-76) commence la seconde
génération des remarqueurs."; comprenons ici la seconde
génération après Vaugelas.
27. Du texte définitoire aux réalia, il y a parfois un tel
écart, qu'une illustration prise dans des ouvrages techniques
contemporains du dictionnaire peut être précieuse, entre autres
si l'on prend en compte la question difficile des sources utilisées
par les académiciens pour cette première édition.
28. Les deux gravures des textes polémiques que sont
l'Apothéose du Dictionnaire de l'Académie et
l'Enterrement du Dictionnaire de l'Académie sont
particulièrement révélatrices de l'esprit acerbe qui
a animé les détracteurs du DAF.
29. L'absence de privilège dans ce genre de libelle nous
empêche de connaître les dates exactes d'éditions et nous
devons nous contenter de la chronologie relative fondée sur la
logique d'appréciation des textes, complétée
éventuellement par des informations tirées d'autres documents
contemporains.
30. Texte, constructions des phrases, graphies, citations, etc....
31. La question de l'informatisation du premier tome de la
pré-édition de 1687 conservé à la
Bibliothèque de l'Arsenal (Fol. BL 270) ne se pose pas actuellement,
cet exemplaire "extremement défectueux" (Mézeray) n'ayant pas
été reconnu pas ses "pères" en raison du nombre de ses
imperfections signalées par les académiciens eux-mêmes,
utilisées par Furetière et d'autres critiques.
32. Les inévitables coquilles d'impression peuvent également
être prises en compte.
33. On peut donc ainsi envisager de traiter grâce à
l'hypertexte les différences de rédaction, de graphie,
d'organisation de la nomenclature entre 1687 et 1694 pour le corpus des
lettres A-G et, pour l'ensemble du dictionnaire l'ouverture vers la
prétendue seconde édition de 1695.