Institut de France, Les Registres de l'Académie française, 1672-1793, t. IV: "1635-1793, documents et table analytique", Paris: Firmin-Didot, 1906, p. 91-8. [Note sur les notes.]


10. REGISTRE DE DECISIONS SUR LA LANGUE (1).

S'il faut escrire

fond ou fonds.

    Le jeudy     Sept. de l'an 1673. S'il faloit mettre une S a fond, la chose ayant esté bien discutée, on a trouvé que ce mot avoit deux significations. La première est de la partie ou espace qui est au bas d'une chose laquelle a profondeur, comme le fond d'un tonneau, au fond de la rivière, de l'abysme. Son procès ne vaut rien au fond.
    La seconde signification est pour un héritage, ou pour une certaine somme de deniers destinée à quelque chose: du bien en fonds de terre, on a fait un fonds pour le payeur des gents de guerre pour l'artillerie, etc. On est demeuré d'accord qu'à l'une et à l'autre signification on mettoit autrefois une S car on disoit foncer et enfoncer qui viennent de fond dans la première signification; mais que depuis, l'usage l'en a ostée, et l'a laissée seulement à la seconde; De sorte qu'on dit le fond d'un tonneau, de la cour, et un fonds de terre.

1674.

De dela la Loire.
ou
de dela Loire

    Ayant esté demandé laquelle de ces deux façons de parler estoit la meilleure. La Compagnie a respondu tout d'une voix, qu'il est plus régulier de dire, cet homme, cete phrase est de dela la Loire. Que neantmoins en parlant on pouvoit bien supprimer l'article et dire cete phrase est de dela Loire.

Bienfacteur, Bienfaicteur,
Bienfaiteur.

    La Compagnie au nombre de quinze consultée lequel de ces trois estoit le bon, ou du moins le meilleur, si tous trois estoient bons, huit de Messieurs, et deux autres encore survenus après l'heure, ont esté pour bienfacteur et ont exclus les deux autres. Sept ont opiné pour bienfaicteur sans neantmoins condamner bienfacteur, pas un n'a voulu de bienfaiteur.

Sur la repetition
du pronom Il, elle.

    La Compagnie consultée sur ces phrases: Vostre Republique eust elle plus de forces, elle doit céder à nos armes, ou vostre Republique eust elle plus de forces, doit céder à nos armes, pour scavoir s'il falloit repeter le pronom elle dans le second membre, ou bien l'obmettre, on a trouvé à la pluralité des voix, que l'un et l'autre estoit bon, mais que la phrase ou un pronom estoit repeté, avoit plus de force. Quelques uns neantmoins ont reclamé et dit que cette repetition estoit tout à fait contre la grammaire, d'autant qu'il s'ensuivoit ou que ce nom la Republique demeuroit suspendu, et sans regime, ou que le verbe doit avoir deux nominatifs, ce qui n'est non plus permis en grammaire, qu'en bonne police d'avoir deux femmes.

Auparavant luy.

    Auparavant luy, auparavant vous. Ces phrases ont esté condamnées absolument parce que auparavant est un adverbe, non pas une préposition, par conséquent il ne peut pas régir un nom, et il ne le faut mettre que relativement; par exemple en cete phrase, Il y alla trop tard, j'y aurois esté auparavant. M. de Mezeray a dit que par la mesme raison auparavant ne peut jamais estre suivy de qui et d'un verbe, parce que ce seroit lui attribuer un régime; Exemple on ne peut pas dire auparavant que fussiez né, mais il faut dire avant que vous fussiez né.

C'est à vous à qui je parle, c'est vous à qui je parle.

    On a demandé si ces trois phrases suivantes estoient toutes trois bonnes et si on les jugeoit telles, laquelle on trouvoit la meilleure: 1. C'est à vous à qui je veux parler. 2. C'est vous à qui je veux parler. 3. C'est à vous que je veux parler.
    On a jugé presque tout d'une voix que les deux dernières estoient les meilleures et les p]us grammaticales. La première a aussi esté receue par la pluralité des advis, mais elle a esté rebutée par quatre ou cinq comme mauvaise.

Toy en parlant à Dieu

    Ce lundy 2 d'Octobre a été proposé par M. l'abbé Testu si en vers en parlant à Dieu, aux Rois, et autres grandes puissances, on peut dire toy. La chose mise en déliberation et toutes les raisons apportées et examinées de part et d'autre, Il a esté resolu d'un commun advis et sans que personne ayt reclamé au contraire, qu'en poesie le Toy estoit d'un tres bel usage et mesme plus noble et plus relevé que vous.

Desireux.

    Le lundy 29 Sept. M. l'abbé Talman l'aisné a demandé si le mot de desireux estoit encore du bel usage, et en a proposé cete phrase: plus desireux d'en voir la conclusion, qu'appliqué à trouver les moyens d'y parvenir. Sur cela la Compagnie a jugé que le mot de desireux vieillit. Toutefois qu'on le peut encore employer heureusement dans quelques phrases, particulièrement dans ces deux Cestoit un homme factieux-inquiet, toujours desireux de choses nouvelles. Il est studieux, desireux d'apprendre.

Insulte, de quel genre?

    Il y a eu six advis qui l'ont trouvé seulement masculin, deux qui l'ont cru seulement féminin et huit qui ont voulu qu'il fust de tous les deux genres.

Dialecte, de quel genre?

    Toute la Compagnie qui estoit au nombre de quinze, a prononcé que Dialecte est du genre masculin.

Sphinx, de quel genre?

    Le mesme jour on a demandé de quel genre estoit Sphinx, la question na pas esté trouvée sans difficulté, on a apporté entre autres raison pour le faire feminin qu'il estoit de ce genre là dans les langues grecque et latine et que ce monstre avoit un visage de femme. Néanmoins il a passé à la pluralité des voix qu'il estoit masculin. Et on a remarqué que quand il y avoit de ces figures dans des bastiments on les appelloit des sphinges.

Dancer, jouer, representer l'opera.

    M. Quinaud ayant demandé à la Compagnie, assemblée au nombre de seize, laquelle estoit la meilleure de ces trois façons de parler, dancer l'opera, jouer l'opera, representer l'opera. Elle a respondu que dancer et chanter l'opera estoit bien dit à l'esgard des danceurs et des musiciens, mais qu'à lesgard des spectateurs et du public il falloit dire jouer l'opera ou representer l'opera, et que le dernier estoit le plus noble. La raison de cela est que l'opera est un poëme dramatique, duquel la musique et la dance ne sont que les accompagnements, sans lesquels mesme il pourroit subsister tout seul. Ainsy le poeme estant le corps et le principal de cete action, laquelle conduit la dance et la musique, on luy doit appliquer les memes termes de jouer et de representer dont on se sert pour la Comedie.

Il a infiniment desprit ou infiniment de l'esprit.

    M. de Mezeray ayant rapporté à la Compagnie que quelques personnes de condition avaient gagé les uns pour cete phrase Infiniment d'esprit, les autres pour celle cy Infiniment de l'esprit, et qu'ils prenoient la Compagnie pour juge de leur différent, si elle vouloit bien faire cet honneur: La Compagnie sans hesiter a respondu que de dire il a infiniment d'esprit c'est parler gascon, et que pour parler françois il faut dire il a infiniment de l'esprit (2).

Puer ou Puir.

    Sur la question qu'a faite M. Charpentier, lequel de ces deux infinitifs estoit en usage, quatre voix ont esté à rejetter l'un et l'autre, disant que ce verbe estoit défectueux, et qu'il n'avait point d'infinitif, ny de preterit, ni d'aoriste à l'indicatif, parceque j'ai pué, tu as pué, je puay, tu puas, sont des monstres en nostre langue, sept voix ont choisy puer et cinq puir, mais presque tous ont esté d'advis qu'il faloit eviter l'un et l'autre.

Rebarbatif, Rebarbaratif.

    Pour scavoir lequel des deux il faut dire, quelques uns de MMrs ont voulu en chercher l'origine ou etimologie, croyant quelle pouroit leur donner quelques lumieres pour cete decision. L'un d'eux a dit quil pouroit venir de rubarbe et qu'on appelloit un homme rebutant et rude, Rebarbatif au lieu de Rubarbatif, parcequ'un homme qui prend de la Rubarbe, c'est à dire medecine est chagrin et de mauvaise humeur, un autre a dit que ce mot venoit de barbe c'est à dire de barbe sale et herissée, parce qu'en effet ceux qui la portent ainsy sont gents rudes, maussades, incivils; un troisieme a bien approuvé cete origine de barbe, mais il a dit que barbe alors ne se devoit pas prendre pour le poil seul qui est au menton et aux joues, mais pour tout le visage, et que rebarbatif veut dire un homme refrongné, et qui a un visage rude et rebutant. Personne n'ayant pu convenir d'aucune de ces etymologies, on a conclu qu'il faloit decider cete question par l'usage. M. Benserade, Directeur, a pris les voix. Il s'en est trouvé cinq pour rebarbaratif et dix pour rebarbatif.

De la prononciation de l'N finale.

    M. Quinauld a demandé à la Compagnie de quelle façon se prononçoit l'N finale des particules on et en lorsque le mot suivant commence par une voyelle; si on la prononce comme si elle estoit double ou si on laisse quelque espace entre cete consonne et la voyelle qui suit, en sorte quelles paroissent destachées. Par exemple si on prononce peut on avoir ou peut on navoir. La chose bien entendue on est premierement demeuré d'accord que l'N finale quand le mot suivant commence par une consone ne sonne pas fortement et est tout à fait simple; comme on dit que. Il en parla. En second lieu la pluralité des voix a esté que cette consone devant une voyelle suivante a le son d'une double N et pour ainsy dire influe sur cete voyelle et s'y attache, de sorte qu'on prononce peut on navoir, les choses qui sont en nestre.
    Mr de Mezeray demande s'il en est de mesme de tous les mots terminez en on et en, par exemple si l'on dit il est bonn et sage, la faconn et l'argent ou bon et sage communn à tout le monde, unn orme, chascunn a pris sa part. Il demande aussy si les mots terminez en on et en, ien sont de la mesme maniere, et si l'on prononce le trepann est un instrument de chirurgie, ou le trépan est etc., le mien et le tien, chrestien et catholique ou bien le mienn et le tien, chrestien et catholique. Il lui semble aussy que l'N finale des mots en ain et en in ne se double pas devant la voyelle suivante qu'on prononce pain et vin, le vin et l'eau, la fin et les moyens, le medecin y est venu, non pas: painn et vin etc.
    La Compagnie fera droit sur ces doutes quand il lui plaira.

S'il y a des participes actifs?

    La Compagnie estant au nombre de seize, Mons. Perrault a dit qu'il estoit necessaire de rechercher et examiner à fond les participes actifs parceque cete question s'estend dans tout le Dictionnaire (3). Les raisons de son doute estoient qu'il croyoit avoir trouvé des phrases où il y en avoit qui se declinoient et qui gardoient le regime de leur verbe comme les satyres portants un panier de fleurs. Les hoirs et ayants cause. Dailleurs qu'il se trouvoit des participes de quelques verbes qui se declinoient et avoient le regime de leur verbe par exemple une requeste tendante aux fins et une maison appartenante à un tel. La chose bien entendue et bien discutée on a recueilly les advis. Il y en a eu cinq du mesme sentiment que Mons. Perrault; Tous les autres ont esté d'une opinion contraire. Ils ont dit que tel avoit esté l'advis de nos anciens, pour lesquels nous devons avoir beaucoup de considération, car ils ont toujours posé pour une regle certaine que les verbes actifs n'ont point de vrais participes, mais seulement des gerondifs qui tiennent lieu de participes, gardant le regime de leur verbe et se joignant avec les noms masculins et féminins, singuliers et pluriels, sans estre declinables et sans estre d'aucun genre, par exemple l'homme craignant Dieu, les hommes craignant Dieu, la femme craignant Dieu, les femmes craignant Dieu, que s'il se trouve de ces noms emanez des verbes actifs ou neutres qui se declinent, ce sont des adjectifs verbaux, car ils n'ont point de regime, tel est courant, courante.
    Et quand aux exemples que Mons. Perrault a apportez on a respondu que quand mesme ils seroient tous vrais, ils sont en si petit nombre, que ce peu d'exceptions ne destruiroit pas la regle generale mais la confirmeroit et l'establiroit; que veritablement il n'y a pas de replique à l'exemple les hoirs et ayants cause, sinon que c'est une façon de parler purement de pratique. Et pour celuy des Satyres portant un panier de fleurs on a nié qu'il fust bon, et on a maintenu qu'en pareilles phrases il ne falloit point d'S et qu'on disoit portant et non pas portants. A l'esgard des exemples: requeste tendante, maison appartenante on a dit que c'estoient des adjectifs verbaux, et que s'ils avaient un regime ils ressembloient en cela à plusieurs autres adjectifs qui gouvernent aussy le datif (4), par exemple ces deux cy, juste, propre, car on dit juste au corps, propre à un tel.

Sous peine. -- Sur peine.

    Six voix ont esté à trouver sous peine meilleur et plus grammatical, à cause qu'il vient de la préposition latine sub, non pas de supra, tous les autres au nombre de douze sont bien demeurez d'accord que sous estoit bon et grammatical; mais que le grand usage l'avoit emporté pour sur. Avec cela ils ont marqué que l'R de sur ne se prononçoit point en cete phrase et qu'en parlant on disoit su peine, non pas sur peine, c'est le mesme dans tous les endroits ou cete preposition est suivie d'un mot commençant par une consone on prononce su la table, su la teste, non pas sur la table, etc.

Capter la benevolence. -- Capter ou captiver la bienveillance.

    Pas une de ces façons n'a esté trouvée bonne par la Compagnie.

Homilie et Homélie.

    Homilie est le plus régulier, homélie et le plus usité.

Minuict est-il masculin ou féminin?

    On l'a fait autrefois féminin et on disoit sur la minuict, vers la minuict, mais maintenant on le fait masculin, en plein minuict, sur le minuict.

    Sur la question qui a esté faite s'il y a des Æ en françois? on a résolu à la pluralité des voix qu'on en pouvoit mettre aux noms propres et aux mots qui viennent du latin quand ils n'ont guere esté maniez; Que neantmoins on les pouvoit aussy escrire avec un E simple, par exemple Æole et Eole, Ætherée et Etherée, Æquateur et Equateur.

Hymne et Horloge,
de quel genre?

    On a jugé qu'hymne est des deux genres, et Horloge du genre féminin.

Ny lun ny lautre n'en profitera.
Ny lun ny lautre n'en profiteront.

    Tous les deux sont bons.

Il en a bien agy avec moy.

    Cete façon de parler a esté condamnée. Et on a jugé qu'il faloit dire: Il a bien agy avec moy.

Le 12 Sept. 1676. -- Ils se sont prevalus ou prevalu.

    Le premier est assurement bon, et le plus grand nombre maintient que l'autre ne vaut rien.

Liguer est-il actif?
C'est en vain que l'emir a ligué tant de Rois.

    On a jugé que cela estoit bien dit, et qu'ainsy liguer est actif.

Le 25 Dec. 1676. -- Conquerant, et sa propre signification.

    Cete question s'est müe sur ce que quelcun a voulu donner le titre de conquérant à Jules Cesar. On est demeuré d'accord que pour le meriter, il ne suffisoit pas de conquerir, mais qu'il faloit que celuy qui fait des conquestes, les fist de son chef, et pour soy, et hors de son Estat et de son pays, or Jules Cesar conquit les Gaules estant sujet de la Republique Romaine. Ce titre ne luy appartient donc pas, mais a Gingis Cam, à Tamerlan, à Guillaume Duc de Normandie, à Gustave Roy de Suede, etc.

Dormeje ou Dors-je.

    Il a passé à la pluralité que Dormeje est le meilleur et le plus en usage.

25 Fevrier 1677. -- Si à est article.

    Il a passé à la pluralité qu'il n'est pas proprement article, mais marque du datif. Comme aussy de n'est pas article.

Si chaleur estouffante et chaleur estouffée sont bons tous deux, et s'il y en a quelcun de meilleur que l'autre.

    La pluralité des voix a esté que l'un et l'autre sont bons quand on parle de celle des temps, mais qu'en parlant de la chaleur d'un poesle, d'un lieu fermé, il seroit meilleur de dire chaleur estouffée.

Profil ou porfil, lequel se doit dire ou si les deux sont bons.

    Les deux tiers des voix ont condamné porfil, les autres ont dit que profil estoit pour les peintres et scavants en peinture, mais que les autres prononçoient porfil. En un mot profil a esté jugé le bon, et l'autre tolerable seulement par usage qui devenoit commun.

Il s'en faut bien que vous soyez aussi riche que luy, ou que vous ne soyez.

    L'un et l'autre a esté trouvé bon sans ne ou avec ne, mais il y a eu quelques voix de plus pour l'affirmative, c'est à dire sans ne.

Horlogeur ou horloger (5)

    Le premier est vieux, le second est de l'usage présent.

Cette hauteur commande à la ville ou commande la ville.

    L'un et l'autre est bon.

Acquerir et conquerir.

    L'E y est féminin et se prononce presque comme si on escrivoit acrir et concrir, hormis quils sont de trois syllabes. Mais oyez acquéreur et conquérant l'E est masculin et comme accentué.

    Les participes finissant en i comme fini, terni, banni, et les noms formés de ces participes, doivent s'escrire par un i non plus par un y cet usage doit s'observer dans la Compagnie.

Fait ce 29 Déc. 1678.

    En interprétation de ce que dessus a esté arresté qu'on osteroit l'y grec de tous les mots à l'exception de y adverbe, Il y a, de cy, cecy, icy, ny, des diphtongues finales comme Roy, loy, j'ay, j'aimay, je formay, j'ordonnay, et les diphtongues au milieu des mots où la diphtongue se rencontre au milieu des mots, comme loyal, voyez, essayez, et des mots qui viennent du grec comme sympathie, physique, Libye, etc.
    Ce 12e Janvier 1678. MEZERAY.

    On met ordinairement le T au pluriel des mots dont le singulier finit en Ent et en ant. Neantmoins on l'oste absolument a gents. Resolu apres une meure deliberation le 14 Janvier de l'an 1679.
COTIN Chancelier, MEZERAY Secretaire perpétuel.

    Il a esté resolu le 10e de Novembre 1679 qu'on suivroit l'ordre au commencement de chaque lettre qui a esté establi à l'A, sans y rien changer, et qu'ainsi on mettroit à l'E., E. la 5e lettre de l'alphabet, et la 2e des voyelles. Il est aussi substantif masculin, un grand E. un petit E. etc.
QUINAULT Directeur.

    23 de Juin, a esté resolu que lorsqu'une chose est imprimée, quand elle se trouve douteuse, il faudra les deux tiers des voix des assistants pour la changer ou pour l'oster.
MEZERAY.

Vingt et un cheval et vingt et un chevaux.

    On ne condamne pas le premier, mais le plus grand usage est pour vingt et un chevaux (6).


Notes

    (1) Dans son Second factum, daté de « Janvier 1685 », Furetière s'exprime ainsi au sujet de ce recueil, avec le ton de dénigrement qui lui est habituel: « Il y a un petit registre sur le bureau, où sont écrites de la main du sieur Mezeray toutes les decisions de l'Académie; ils ne pourront pas se défendre de representer cette piece en Justice, et alors on verra que toutes ces belles decisions, faites depuis cinquante ans, qui ont chacune leur date, ne montent gueres qu'à une douzaine; encore trouvera-t'on qu'elles ne sont ni solides, ni certaines, ni nouvelles! (Recueil de factums d'Antoine Furetière... édit. d'Asselineau, Paris l859, tome I, p. 186.

    (2) Tallemant dans les Remarques et decisions de l'Académie (1698), émet un avis tout différent. « Il est certain qu'on dit Il a extremement d'esprit, et non pas Il a extrêmement de l'esprit. L'Académie néanmoins se trouve partagée. L'usage et l'oreille feront toujours douter de beaucoup de façons de parler. »
    Une question analogue avait été proposée à La Fontaine. On lit dans Les œuvres postumes... (Paris, Pohier, M.D.C.XCVI, in-12, p. 66.) « Monsieur Girin, Controlleur des Finances à Grenoble, envoya un Rondeau à M. de la Fontaine, pour sçavoir de lui si le dernier vers qui estoit

Sans de l'esprit c'est peu de chose,
Que d'estre beau.

se devoit mettre avec ou sans article. Il le fit Juge d'une gageure considerable que l'on avoit faite à Grenoble sur cela. M. de la Fontaine lui fit réponse, et écrivit les vers suivants au bas de sa Lettre.

Sans esprit c'est la phrase, et non, sans de l'esprit,
Je tiens ce dernier condamnable... »

    Boileau, qui dédaignait ces menues questions, faisant, dans une lettre à Brossette, du 18 janvier 1701, l'éloge de l'Académie de Lyon, lui dit: « je voy bien qu'il s'y agit d'autre chose que de savoir s'il faut dire: Il a extrêmement d'esprit, ou il a extremement de l'esprit.

    (3) On trouve dans les Opuscules sur la langue françoise. Par divers Académiciens publiés par d'Olivet (Paris, B. Brunet, 1754, in-12, p. 341), une rédaction plus complète de cette discussion: « DES PARTICIPES ACTIFS. Extrait des registres de l'Académie, du Samedi 3 Juin 1679. Aujourd'hui la Compagnie assemblée au nombre de seize, a décidé que les rimes de Mai et j'aimai, de geai et j'alleguai, sont l'è ouvert et l'é fermé. Ensuite M. Perrault a dit qu'il étoit nécessaire d'examiner à fond la question des Participes actifs... »

    (4) Dans les Opuscules... ce morceau se termine ainsi: « inexorable à mes prieres, docile à mes leçons, sourd à mes cris, etc. Ainsi la règle est faite qu'on ne déclinera point les participes actifs.
Signé Mezeray. »
    Cette résolution souleva une assez vive opposition. On lit dans une lettre de M. Huet, Sous Précepteur de Monsieur le Dauphin, à M. Charpentier, publiée à la p. 314 des Opuscules: « Cette décision que vous m'alléguez, Monsieur, qui veut que dans cette phrase, je l'ai vu priant Dieu et autres pareilles, priant soit un gerondif, ne me paroît pas soutenable ». Charpentier ayant fait connaître à Patru ces observations de Huet, en reçut la réponse suivante: « Lettre de Monsieur Patru à Monsieur Charpentier (opuscules... p. 347). Vous m'avez fait plaisir, Monsieur, de me communiquer l'écrit de Monsieur Huet... Je ne vous dirai pas que je suis de son avis, puisque vous n'en êtes pas: mais ceci, à mon gré, mérite réflexion. Car la phrase citée par M. Perrault, les Satyres portant un panier de fleurs est d'Amyot, dans ses Amours de Daphnis et de Chloë, imprimés en 1599. Voyez cette édition, parce qu'aïant été faite sous les yeux de l'Auteur, elle prouve sa façon d'écrire... Un de mes bons amis et des vôtres m'apporta, il y a peu de jours, sa dernière production, où vous lisez:

Près du Mans, donc, pays de sapience,
Gens pesans l'air, fine fleur de Normand.
(La Fontaine, Le Remède, conte.)

    Ici convenez que pesans est préférable à un gérondif non décliné. Du moins, mes yeux y voient l'un plus volontiers que l'autre. Ne point décliner est bien le plus commode, mais ne cherchons-nous pas le meilleur? Tant y a que mon avis auroit été de surseoir au jugement, et d'entendre un plus grand nombre de témoins. Je ne vous dis pas, car vous le savez comme moi, qu'il y a une Remarque de M. de Vaugelas, où cette question est débrouillée. (Remarques. Des Participes actifs.)

    (5) Correction. Le premier texte portait Orlogeur ou Orloger.

    (6) Voy. VAUGELAS. Remarques. « Si après vint et vn, il faut mettre vn pluriel ou vn singulier. »


Note sur les notes. La numérotation des notes se fait par page dans l'original (p. 91, n. 1; p. 93, n. 1; etc.); elle se fait en continu ici.