fond ou fonds.
Le jeudy Sept. de l'an 1673. S'il faloit mettre une S
a fond, la
chose ayant esté bien discutée, on a trouvé que ce mot
avoit deux
significations. La première est de la partie ou espace qui est au bas
d'une chose laquelle a profondeur, comme le fond d'un tonneau,
au fond de la rivière, de l'abysme. Son
procès ne vaut rien
au fond.
La seconde signification est pour un héritage, ou pour une
certaine somme de deniers destinée à quelque chose: du bien
en
fonds de terre, on a fait un fonds pour le payeur des gents
de
guerre pour l'artillerie, etc. On est demeuré d'accord
qu'à l'une et à
l'autre signification on mettoit autrefois une S car on disoit
foncer et enfoncer qui viennent de fond dans la
première
signification; mais que depuis, l'usage l'en a ostée, et l'a
laissée
seulement à la seconde; De sorte qu'on dit le fond d'un
tonneau, de la
cour, et un fonds de terre.
Ayant esté demandé laquelle de ces deux façons de parler estoit la meilleure. La Compagnie a respondu tout d'une voix, qu'il est plus régulier de dire, cet homme, cete phrase est de dela la Loire. Que neantmoins en parlant on pouvoit bien supprimer l'article et dire cete phrase est de dela Loire.
La Compagnie au nombre de quinze consultée lequel de ces trois estoit
le bon, ou du moins le meilleur, si tous trois estoient bons, huit de
Messieurs, et deux autres encore survenus après l'heure, ont
esté pour
bienfacteur et ont exclus les deux autres. Sept ont opiné pour
bienfaicteur sans neantmoins condamner bienfacteur, pas un n'a
voulu
de bienfaiteur.
La Compagnie consultée sur ces phrases: Vostre Republique eust
elle
plus de forces, elle doit céder à nos armes, ou vostre
Republique eust elle
plus de forces, doit céder à nos armes, pour scavoir s'il
falloit repeter le pronom elle dans le second membre, ou bien l'obmettre,
on a trouvé à la pluralité des voix, que l'un et
l'autre estoit bon, mais que la phrase ou un pronom estoit repeté,
avoit plus de force. Quelques uns neantmoins ont
reclamé et dit que cette repetition estoit tout à fait contre
la
grammaire, d'autant qu'il s'ensuivoit ou que ce nom la Republique
demeuroit suspendu, et sans regime, ou que le verbe doit avoir deux
nominatifs, ce qui n'est non plus permis en grammaire, qu'en bonne
police d'avoir deux femmes.
Auparavant luy, auparavant vous. Ces phrases ont esté
condamnées absolument parce que auparavant est un adverbe, non pas
une
préposition, par conséquent il ne peut pas régir un
nom, et il ne le
faut mettre que relativement; par exemple en cete phrase, Il y alla trop
tard, j'y aurois esté auparavant. M. de Mezeray a dit que par la
mesme raison auparavant ne peut jamais estre suivy de qui et
d'un
verbe, parce que ce seroit lui attribuer un régime; Exemple on ne
peut
pas dire auparavant que fussiez né, mais il faut dire avant
que vous
fussiez né.
On a demandé si ces trois phrases suivantes estoient toutes trois
bonnes et si on les jugeoit telles, laquelle on trouvoit la meilleure:
1. C'est à vous à qui je veux parler. 2. C'est vous
à qui je veux parler. 3. C'est à vous que je veux
parler.
Ce lundy 2 d'Octobre a été proposé
Le lundy 29 Sept. M. l'abbé Talman l'aisné a
demandé si le mot de
desireux estoit encore du bel usage, et en a proposé cete
phrase: plus
desireux d'en voir la conclusion, qu'appliqué à trouver les
moyens
d'y parvenir. Sur cela la Compagnie a jugé que le mot de
desireux vieillit. Toutefois qu'on le peut encore employer
heureusement
dans quelques phrases, particulièrement dans ces deux Cestoit un
homme factieux-inquiet, toujours desireux de choses nouvelles. Il
est studieux, desireux d'apprendre.
Il y a eu six advis qui l'ont trouvé seulement masculin, deux qui
l'ont
cru seulement féminin et huit qui ont voulu qu'il fust de tous les
deux
genres.
Toute la Compagnie qui estoit au nombre de quinze, a prononcé que
Dialecte est du genre masculin.
Le mesme jour on a demandé de quel genre estoit Sphinx, la
question
na pas esté trouvée sans difficulté, on a
apporté entre autres raison
pour le faire feminin qu'il estoit de ce genre là dans les langues
grecque et latine et que ce monstre avoit un visage de femme.
Néanmoins il a passé à la pluralité des voix
qu'il estoit masculin. Et
on a remarqué que quand il y avoit de ces figures dans des bastiments
on les appelloit des sphinges.
M. Quinaud ayant demandé à la Compagnie, assemblée au
nombre de seize,
laquelle estoit la meilleure de ces trois façons de parler, dancer
l'opera, jouer l'opera, representer l'opera. Elle a respondu que
dancer et chanter l'opera estoit bien dit à l'esgard
des danceurs et
des musiciens, mais qu'à lesgard des spectateurs et du public il
falloit dire jouer l'opera ou representer l'opera, et que le
dernier
estoit le plus noble. La raison de cela est que l'opera est un poëme
dramatique, duquel la musique et la dance ne sont que les
accompagnements, sans lesquels mesme il pourroit subsister tout seul.
Ainsy le poeme estant le corps et le principal de cete action, laquelle
conduit la dance et la musique, on luy doit appliquer les memes
termes de jouer et de representer dont on se sert pour la
Comedie.
M. de Mezeray ayant rapporté à la Compagnie que quelques
personnes de
condition avaient gagé les uns pour cete phrase Infiniment
d'esprit, les autres pour celle cy Infiniment de l'esprit, et
qu'ils prenoient la Compagnie pour juge de leur différent, si elle
vouloit bien faire cet honneur: La Compagnie sans hesiter a respondu
que de dire il a infiniment d'esprit c'est parler gascon, et que
pour parler françois il faut dire il a infiniment de l'esprit
(2).
Sur la question qu'a faite M. Charpentier, lequel de ces deux infinitifs
estoit en usage, quatre voix ont esté à rejetter l'un et
l'autre, disant que ce verbe estoit défectueux, et qu'il n'avait
point d'infinitif, ny de preterit, ni d'aoriste à l'indicatif,
parceque j'ai pué, tu as pué, je puay, tu puas, sont
des monstres en nostre langue, sept voix ont choisy puer et cinq
puir, mais presque tous ont esté d'advis qu'il faloit eviter
l'un et l'autre.
Pour scavoir lequel des deux il faut dire, quelques uns de MMrs ont voulu
en chercher l'origine ou etimologie, croyant quelle pouroit leur donner
quelques lumieres pour cete decision. L'un d'eux a dit quil pouroit venir
de rubarbe et qu'on appelloit un homme rebutant et rude,
Rebarbatif au lieu de Rubarbatif, parcequ'un homme qui prend
de la Rubarbe, c'est à dire medecine est chagrin et de mauvaise
humeur, un autre a dit que ce mot venoit de barbe c'est à dire de
barbe sale et herissée, parce qu'en effet ceux qui la portent ainsy
sont gents rudes, maussades, incivils; un troisieme a bien approuvé
cete origine de barbe, mais il a dit que barbe alors ne se devoit pas
prendre pour le poil seul qui est au menton et aux joues, mais pour tout le
visage, et que rebarbatif veut dire un homme refrongné, et qui
a un visage rude et rebutant. Personne n'ayant pu convenir d'aucune de ces
etymologies, on a conclu qu'il faloit decider cete question par l'usage. M.
Benserade, Directeur, a pris les voix. Il s'en est trouvé cinq pour
rebarbaratif et dix pour rebarbatif.
M. Quinauld a demandé à la Compagnie de quelle façon
se prononçoit l'N finale des particules on et en
lorsque le mot suivant commence par une voyelle; si on la prononce comme si
elle estoit double ou si on laisse quelque espace entre cete consonne et la
voyelle qui suit, en sorte quelles paroissent destachées. Par exemple
si on prononce peut on avoir ou peut on navoir. La chose bien
entendue on est premierement demeuré d'accord que l'N finale
quand le mot suivant commence par une consone ne sonne pas fortement et est
tout à fait simple; comme on dit que. Il en parla. En second
lieu la pluralité des voix a esté que cette consone devant une
voyelle suivante a le son d'une double N et pour ainsy dire influe
sur cete voyelle et s'y attache, de sorte qu'on prononce peut on navoir,
les choses qui sont en nestre.
La Compagnie estant au nombre de seize, Mons. Perrault a dit qu'il estoit
necessaire de rechercher et examiner à fond les participes actifs
parceque cete question s'estend dans tout le Dictionnaire (3). Les raisons de son doute estoient qu'il croyoit avoir
trouvé des phrases où il y en avoit qui se declinoient et qui
gardoient le regime de leur verbe comme les satyres portants un panier
de fleurs. Les hoirs et ayants cause. Dailleurs qu'il se trouvoit des
participes de quelques verbes qui se declinoient et avoient le regime de
leur verbe par exemple une requeste tendante aux fins et une
maison appartenante à un tel. La chose bien entendue et bien
discutée on a recueilly les advis. Il y en a eu cinq du mesme
sentiment que Mons. Perrault; Tous les autres ont esté d'une opinion
contraire. Ils ont dit que tel avoit esté l'advis de nos anciens,
pour lesquels nous devons avoir beaucoup de considération, car ils
ont toujours posé pour une regle certaine que les verbes actifs n'ont
point de vrais participes, mais seulement des gerondifs qui tiennent lieu
de participes, gardant le regime de leur verbe et se joignant avec les noms
masculins et féminins, singuliers et pluriels, sans estre declinables
et sans estre d'aucun genre, par exemple l'homme craignant Dieu, les
hommes craignant Dieu, la femme craignant Dieu, les femmes craignant
Dieu, que s'il se trouve de ces noms emanez des verbes actifs ou neutres
qui se declinent, ce sont des adjectifs verbaux, car ils n'ont point de
regime, tel est courant, courante.
Six voix ont esté à trouver sous peine meilleur et plus
grammatical, à cause qu'il vient de la préposition latine
sub, non pas de supra, tous les autres au nombre de douze sont
bien demeurez d'accord que sous estoit bon et grammatical; mais que
le grand usage l'avoit emporté pour sur. Avec cela ils ont
marqué que l'R de sur ne se prononçoit point en
cete phrase et qu'en parlant on disoit su peine, non pas sur
peine, c'est le mesme dans tous les endroits ou cete preposition est
suivie d'un mot commençant par une consone on prononce su la
table, su la teste, non pas sur la table, etc.
Pas une de ces façons n'a esté trouvée bonne par la
Compagnie.
Homilie est le plus régulier, homélie et le plus
usité.
On l'a fait autrefois féminin et on disoit sur la minuict, vers
la minuict, mais maintenant on le fait masculin, en plein minuict,
sur le minuict.
Sur la question qui a esté faite s'il y a des Æ en
françois? on a résolu à la pluralité des voix
qu'on en pouvoit mettre aux noms propres et aux mots qui viennent du latin
quand ils n'ont guere esté maniez; Que neantmoins on les pouvoit
aussy escrire avec un E simple, par exemple Æole et Eole,
Ætherée et Etherée, Æquateur et Equateur.
On a jugé qu'hymne est des deux genres, et Horloge du
genre féminin.
Tous les deux sont bons.
Cete façon de parler a esté condamnée. Et on a
jugé qu'il faloit dire: Il a bien agy avec moy.
Le premier est assurement bon, et le plus grand nombre maintient que l'autre
ne vaut rien.
On a jugé que cela estoit bien dit, et qu'ainsy liguer est
actif.
Cete question s'est müe sur ce que quelcun a voulu donner le titre de
conquérant à Jules Cesar. On est demeuré d'accord que
pour le meriter, il ne suffisoit pas de conquerir, mais qu'il faloit que
celuy qui fait des conquestes, les fist de son chef, et pour soy, et hors
de son Estat et de son pays, or Jules Cesar conquit les Gaules estant sujet
de la Republique Romaine. Ce titre ne luy appartient donc pas, mais a Gingis
Cam, à Tamerlan, à Guillaume Duc de Normandie, à
Gustave Roy de Suede, etc.
Il a passé à la pluralité que Dormeje est le
meilleur et le plus en usage.
Il a passé à la pluralité qu'il n'est pas proprement
article, mais marque du datif. Comme aussy de n'est pas article.
La pluralité des voix a esté que l'un et l'autre sont bons
quand on parle de celle des temps, mais qu'en parlant de la chaleur d'un
poesle, d'un lieu fermé, il seroit meilleur de dire chaleur
estouffée.
Les deux tiers des voix ont condamné porfil, les autres ont
dit que profil estoit pour les peintres et scavants en peinture, mais
que les autres prononçoient porfil. En un mot profil
a esté jugé le bon, et l'autre tolerable seulement par usage
qui devenoit commun.
L'un et l'autre a esté trouvé bon sans ne ou avec
ne, mais il y a eu quelques voix de plus pour l'affirmative, c'est
à dire sans ne.
Le premier est vieux, le second est de l'usage présent.
L'un et l'autre est bon.
On ne condamne pas le premier, mais le plus grand usage est pour vingt et
un chevaux (6).
Notes
(1) Dans son Second factum, daté de « Janvier 1685 »,
Furetière
s'exprime ainsi au sujet de ce recueil, avec le ton de dénigrement
qui lui est habituel: « Il y a un petit registre sur le bureau, où
sont écrites de la main du sieur Mezeray toutes les decisions de
l'Académie; ils ne pourront pas se défendre de representer
cette piece
en Justice, et alors on verra que toutes ces belles decisions, faites
depuis cinquante ans, qui ont chacune leur date, ne montent gueres
qu'à une douzaine; encore trouvera-t'on qu'elles ne sont ni
solides, ni certaines, ni nouvelles! (Recueil de factums d'Antoine
Furetière... édit. d'Asselineau, Paris l859, tome I, p.
186.
(2) Tallemant dans les Remarques et decisions de l'Académie
(1698), émet un avis tout différent. « Il est certain qu'on
dit Il a extremement
d'esprit, et non pas Il a extrêmement de l'esprit.
L'Académie
néanmoins se trouve partagée. L'usage et l'oreille feront
toujours
douter de beaucoup de façons de parler. »
se devoit mettre avec ou sans article. Il le fit Juge d'une gageure
considerable que l'on avoit faite à
Grenoble sur cela. M. de la Fontaine lui fit réponse, et
écrivit
les vers suivants au bas de sa Lettre.
Boileau, qui dédaignait ces menues questions, faisant, dans une
lettre à Brossette, du 18 janvier
1701, l'éloge de l'Académie de Lyon, lui dit: « je voy bien
qu'il s'y
agit d'autre chose que de savoir s'il faut dire: Il a
extrêmement d'esprit, ou il a extremement de l'esprit.
(3) On trouve dans les Opuscules sur la langue françoise. Par
divers Académiciens publiés par d'Olivet (Paris, B.
Brunet, 1754, in-12, p. 341), une rédaction plus complète
de cette discussion: « DES PARTICIPES ACTIFS. Extrait des registres de
l'Académie, du Samedi 3 Juin 1679. Aujourd'hui la Compagnie
assemblée au nombre de seize, a décidé que les rimes
de Mai et j'aimai, de geai et j'alleguai, sont
l'è ouvert et l'é fermé. Ensuite M. Perrault a dit
qu'il étoit nécessaire d'examiner à fond la question
des Participes actifs... »
(4) Dans les Opuscules... ce morceau se termine ainsi:
« inexorable à mes prieres, docile à mes leçons,
sourd à mes cris, etc. Ainsi la règle est faite qu'on ne
déclinera point les participes actifs.
Ici convenez que pesans est préférable à un
gérondif non décliné. Du moins, mes yeux y voient l'un
plus volontiers que l'autre. Ne point décliner est bien le plus
commode, mais ne cherchons-nous pas le meilleur? Tant y a que mon avis
auroit été de surseoir au jugement, et d'entendre un plus
grand nombre de témoins. Je ne vous dis pas, car vous le savez comme
moi, qu'il y a une Remarque de M. de Vaugelas, où cette question est
débrouillée. (Remarques. Des Participes actifs.)
(5) Correction. Le premier texte portait Orlogeur ou Orloger.
(6) Voy. VAUGELAS. Remarques. « Si après vint et vn, il faut
mettre vn pluriel ou vn singulier. »
Note sur les notes. La numérotation des notes se fait par page dans l'original (p. 91, n. 1; p. 93, n. 1; etc.); elle se fait en continu ici.
Bienfaiteur.
du pronom Il, elle.
On a jugé presque tout d'une voix que les deux dernières
estoient les
meilleures et les p]us grammaticales. La première a aussi esté
receue
par la pluralité des advis, mais elle a esté rebutée
par quatre ou cinq
comme mauvaise.
Mr de Mezeray demande s'il en est de mesme de tous les mots terminez en
on et en, par exemple si l'on dit il est bonn et sage, la
faconn et l'argent ou bon et sage communn à tout le monde, unn
orme, chascunn a pris sa part. Il demande aussy si les mots terminez en
on et en, ien sont de la mesme maniere, et si l'on prononce
le trepann est un instrument de chirurgie, ou le trépan
est etc., le mien et le tien, chrestien et catholique ou bien
le mienn et le tien, chrestien et catholique. Il lui semble aussy que
l'N finale des mots en ain et en in ne se double pas
devant la voyelle suivante qu'on prononce pain et vin, le
vin et l'eau, la fin et les moyens, le medecin y est venu, non pas:
painn et vin etc.
La Compagnie fera droit sur ces doutes quand il lui plaira.
Et quand aux exemples que Mons. Perrault a apportez on a respondu que quand
mesme ils seroient tous vrais, ils sont en si petit nombre, que ce peu
d'exceptions ne destruiroit pas la regle generale mais la confirmeroit et
l'establiroit; que veritablement il n'y a pas de replique à l'exemple
les hoirs et ayants cause, sinon que c'est une façon de parler
purement de pratique. Et pour celuy des Satyres portant un panier de fleurs
on a nié qu'il fust bon, et on a maintenu qu'en pareilles phrases il
ne falloit point d'S et qu'on disoit portant et non pas
portants. A l'esgard des exemples: requeste tendante, maison
appartenante on a dit que c'estoient des adjectifs verbaux, et que s'ils
avaient un regime ils ressembloient en cela à plusieurs autres
adjectifs qui gouvernent aussy le datif (4), par
exemple ces deux cy, juste, propre, car on dit juste au corps,
propre à un tel.
de quel genre?
Ny lun ny lautre n'en profiteront.
C'est en vain que l'emir a ligué tant de Rois.
Ce 12e Janvier 1678. MEZERAY.
COTIN Chancelier, MEZERAY Secretaire perpétuel.
QUINAULT Directeur.
MEZERAY.
Une question analogue avait été proposée à La
Fontaine. On lit dans
Les œuvres postumes... (Paris, Pohier, M.D.C.XCVI, in-12, p.
66.) « Monsieur Girin, Controlleur des Finances à Grenoble, envoya
un Rondeau à M. de la Fontaine, pour sçavoir de lui si le
dernier vers qui estoit
Que d'estre beau.
Je tiens ce dernier condamnable... »
Cette résolution souleva une assez vive opposition. On lit dans une
lettre de M. Huet, Sous Précepteur de Monsieur le Dauphin,
à M. Charpentier, publiée à la p. 314 des
Opuscules: « Cette décision que vous m'alléguez,
Monsieur, qui veut que dans cette phrase, je l'ai vu priant Dieu et
autres pareilles, priant soit un gerondif, ne me paroît pas
soutenable ». Charpentier ayant fait connaître à Patru ces
observations de Huet, en reçut la réponse suivante:
« Lettre de Monsieur Patru à Monsieur Charpentier
(opuscules... p. 347). Vous m'avez fait plaisir, Monsieur, de me
communiquer l'écrit de Monsieur Huet... Je ne vous dirai pas que je
suis de son avis, puisque vous n'en êtes pas: mais ceci, à mon
gré, mérite réflexion. Car la phrase citée par
M. Perrault, les Satyres portant un panier de fleurs est d'Amyot,
dans ses Amours de Daphnis et de Chloë, imprimés en 1599. Voyez
cette édition, parce qu'aïant été faite sous les
yeux de l'Auteur, elle prouve sa façon d'écrire... Un de mes
bons amis et des vôtres m'apporta, il y a peu de jours, sa
dernière production, où vous lisez:
Signé Mezeray. »
Gens pesans l'air, fine fleur de Normand.
(La Fontaine, Le Remède, conte.)