[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1932-5, tome I, page 417]

     DOUBLAGE. n. m. T. de Marine. Revêtement de feuilles de cuivre, ou de planches, qu'on applique aux bâtiments destinés à des voyages de long cours.
     Il se dit aussi, en termes d'Arts, de l'Action de doubler. Le doublage des fils dans un tissage.
     Il se dit encore de l'Action de pourvoir d'une doublure. Le doublage d'un vêtement.

     DOUBLE. adj. des deux genres, Qui vaut, qui pèse, qui contient une fois autant. Double portion. Double dose. Double charge. Une valeur, une force double d'une autre. Celui qui néglige de faire enregistrer un acte dans le délai prescrit paie double droit. Double décime. Voyez DÉCIME. Payer double prix, ou elliptiquement Payer double.
     Il signifie par extension Qui est composée de deux autres choses pareilles, ou analogues entre elles, ou seulement de même nature, de même espèce. Feuillet double. Fruit double. Le calice de cette fleur est double. Les objets lui paraissent doubles. Un double rang de colonnes. Une double rangés d'arbres. Corps de logis double. Cette maison a une double entrée. Double porte. Double croisée. Double châssis. Double semelle. Une boîte à double fond. Nouer à double noeud. Fermer une porte à double tour. Il lui fallut répondre à cette double accusation. La double autorité qu'il exerce.
     Mot, phrase à double entente. Voyez ENTENTE.
     En termes de jeu de Domino, Double-as, double-deux, double-trois, etc., Dé sur lequel l'as, le point deux, etc., est répété.
     Acte double, Celui dont on fait deux originaux semblables, pour en laisser un entre les mains de chacune des parties intéressées. On met à la fin de pareils actes: Fait double entre nous.
     En termes de Commerce et de Banque, Tenue des livres en partie double Manière de tenir les livres qui consiste à reconnaître à la fois un débiteur et un créancier, dans la rédaction d'un article quelconque, soit de recette, soit de dépense. On dit dans le même sens Tenir les livres en partie double. Comptes en partie double.
     En termes de Comptabilité, Double emploi, Voyez EMPLOI.
     En termes de Botanique, Fleur double, Celle qui a acquis par la culture un plus grand nombre de pétales qu'elle n'en aurait eu dans l'état naturel. Un cerisier à fleurs doubles. Des jacinthes, des violettes doubles.
     En termes de Médecine, Fièvre double; Fièvre double-quarte; Fièvre double-tierce se disait autrefois de Certaines formes de la fièvre intermittente.
     En termes de Musique, Double croche, Note qui ne vaut que la moitié d'une croche et dont la queue porte deux barres ou crochets. Intervalle double, Intervalle qui excède l'étendue de l'octave.
     Faire coup double. Voyez COUP.
     Fam., Mettre les bouchées doubles, Manger à la hâte. Il signifie aussi figurément, Exécuter hâtivement, précipitamment une besogne urgente.
     Il se dit figurément Des choses plus fortes, de qualité supérieure, de vertu plus efficace que les autres choses de même nature. Encre double. Double bière. Eau de fleurs d'orange double.
     Fêtes doubles, se dit, dans les Rubriques ecclésiastiques, de Certaines fêtes dont l'office est plus solennel que celui des autres; et on appelle Fêtes semi-doubles Celles qui tiennent le milieu entre les fêtes doubles et les simples.
     Il signifie figurément Qui a de la duplicité. C'est un homme double. Méfiez-vous de cette

[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1932-5, tome I, page 418]

femme, c'est un caractère double. C'est une âme double. On dit dans le même sens, C'est un homme à double face. Il joue double jeu.
     Il est aussi nom masculin et signifie Toute chose qui équivaut à deux fois ce qu'elle était ou à deux fois une autre chose. Ce nombre est le double de tel autre. Sa fortune est augmentée du double. Plus du double. Gagner, perdre le double. Payer le double. Être condamné au double.
     Jouer quitte ou double. Voyez QUITTE.
     Il désigne aussi Une chose semblable, symétriquement pareille. Le double d'un acte, d'un traité, d'une note, etc. L'un des originaux, ou seulement La copie d'un acte, d'un traité, etc. Double de compte, Celui des originaux de compte que le comptable garde entre ses mains.
     Le double du Grand Livre de la Dette publique. On dit aussi DUPLICATA.
     Avoir des doubles dans sa bibliothèque, dans son herbier, etc., Avoir deux ou plusieurs exemplaires du même ouvrage, deux ou plusieurs échantillons d'une même plante, etc.
     Faire apprendre un rôle en double, Le faire apprendre à l'acteur qui doit le jouer et à un autre qui puisse le remplacer en cas de besoin.
     Mettre une chose en double, La replier sur elle-même. Mettre une serviette en double, du linge en plusieurs doubles.
     En termes d'Histoire ancienne, il désignait le Corps impalpable qui, selon la croyance des anciens Égyptiens, s'échappait du corps matériel au moment de la mort.
     Elliptiquement, AU DOUBLE, Une fois plus. Payer, acheter au double. Je vous le rendrai au double. On dit plutôt aujourd'hui Payer double. Voir double, Voir les objets comme s'ils étaient doubles.

     DOUBLÉ. n. m. Soudure sur un métal commun d'une mince couche d'or, d'argent ou d'un autre métal précieux. Bague en doublé. Voyez PLAQUÉ.

     DOUBLEAU. n. m. T. de Charpenterie. Solive d'un plancher plus forte que les autres.

     DOUBLEMENT. adv. D'une manière double. Il est doublement coupable. Il en est doublement puni. Doublement obligé.

     DOUBLEMENT. n. m. Action de doubler. Doublement des consonnes.
     En termes militaires, il se dit de l'Action de doubler les rangs des soldats. Doublement des files.

     DOUBLER. v. tr. Rendre double; mettre le double, augmenter d'une fois autant, multiplier par deux. Doubler le nombre. Doubler la dépense. Doubler la somme. Doubler ses capitaux. Doubler la dose. Fig., Il double ses torts envers moi. Ce compliment se double d'une épigramme.
     En termes militaires, Doubler les rangs, Mettre sur deux rangs des soldats qui n'étaient que sur un seul, sur quatre ranges les soldats qui étaient sur deux.
     Doubler l'étape, Faire deux étapes au lieu d'une dans la même journée.
     En termes de Musique, Doubler les parties, Faire exécuter chacune des deux parties d'un morceau de musique par deux vois ou deux instruments à l'unisson ou à l'octave.
     En termes de jeu de Billard, Doubler la bande, Frapper la bande avant de frapper la bille. Dans cette acception, le participe passé s'emploie comme nom. Jouer au doublé.
     En termes de Chasse, Faire un doublé, se dit pour Tuer coup sur coup deux pièces de gibier.
     Doubler le pas, Marcher plus vite.
     En termes de Marine, Doubler le sillage, Faire plus de chemin. Doubler les manoeuvres, En augmenter le nombre, afin que, si l'une est rompue, une autre puisse la remplacer. Par extension, Doubler un cap, une pointe de terre, Passer au-delà d'un cap, d'une pointe de terre. Doubler un autre bâtiment, Le surpasser en vitesse, le devancer. Il se dit aussi de Tout véhicule qui en dépasse un autre.
     En termes de Théâtre, Doubler un rôle, un acteur, Jouer un rôle au défaut de l'acteur qui en est chargé en premier.
     Il signifie aussi Mettre double et Mettre en double. Doubler du fil, de la laine, de la soie.
     Il signifie aussi Appliquer une étoffe contre l'envers d'une autre. Doubler un manteau, une robe, une jupe. Doubler de soie, de toile, de taffetas.
     En termes de Marine, Doubler des voiles, Les fortifier par de nouveaux lés de toile cousus sur ceux dont elles sont déjà composées.
     DOUBLER, s'emploie aussi intransitivement, dans le sens de Devenir double. Leur nombre a plus que doublé.
     En termes d'Escrime, il signifie Après avoir dégagé, tromper la parade de contre.

     DOUBLET. n. m. Faux brillant formé de deux morceaux de cristal mis l'un sur l'autre, avec une feuille colorée entre-deux, pour imiter les émeraudes, les rubis, etc. Ce n'est pas une émeraude, c'est un doublet.
     En termes de Linguistique, il se dit de Mots ayant la même étymologie et ne différant que par quelques particularités d'orthographe et de prononciation, mais auxquels l'usage a donné des acceptions différentes. Les mots digital et dé, hôpital et hôtel, sacrement et serment, rédemption et rançon, captif et chétif, natif et naïf sont des doublets.

     DOUBLETTE. n. f. T. de Musique. Un des jeux de l'orgue, qui sonne l'octave au-dessus du diapason normal.

     DOUBLEUR, [DOUBL]EUSE. n. Celui, celle qui, dans les fabriques, double la laine, la soie, etc.
     Il se dit aussi de l'Ouvrier qui fabrique du doublé.

     DOUBLON. n. m. Monnaie d'or espagnole.

     DOUBLON. n. m. Terme d'Imprimerie, Faute qui consiste à composer deux fois de suite un ou plusieurs mots.
     Il se dit aussi d'une Feuille de tôle pliée en deux et d'une Double bande de métal qu'on fait passer au laminoir pour obtenir des lames très minces.

     DOUBLURE. n. f. Étoffe ou, par extension, Toute autre matière dont une autre est doublée. La doublure d'un manteau, d'une robe, d'une reliure, d'un coffret.
     En termes de Théâtre, il se dit des Acteurs et actrices qui remplacement les chefs d'emploies dans leurs rôles. Ce comédien est la doublure d'un tel. Le spectacle a été fort ennuyeux, nous n'avions que les doublures.
     Il s'emploie au figuré dans un sens défavorable. Cet homme n'est que la doublure de cet autre.