[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1835, tome I, page 581]

     DOUCE-AMÈRE. s. f. T. de Botan. Espèce de solanum à tige grimpante, qui est d'un grand usage en médecine, surtout comme antidartreux. Sirop de douce-amère.

     DOUCEÂTRE. adj. des deux genres. (On prononce Douçâtre.) Qui est d'une douceur fade. Cela a quelque chose de douceâtre. Un goût douceâtre. C'est une eau douceâtre.

     DOUCEMENT. adv. D'une manière douce. Cet adverbe a des acceptions très-variées, dont voici les principales et les plus usitées:
     ---- Lentement. Vous marchez bien doucement. Allez doucement. Le cocher allait doucement dans les mauvais chemins. La voiture allait si doucement, que nous fûmes deux heures à faire une lieue. Il faut rapporter à cette acception la phrase familière, Aller doucement en besogne, Travailler mollement, ne pas avancer son ouvrage autant qu'on le pourrait; ou Mener une affaire sagement, sans rien précipiter.
     ---- Avec ménagement, délicatement. Allez-y plus doucement. Poser une chose à terre doucement. Cette affaire veut être conduite doucement. Il faut s'y prendre doucement.
     ---- Légèrement, faiblement. Frapper doucement. Bercer doucement.
     ---- Sans bruit, avec peu de bruit. Il faut marcher doucement dans la chambre d'un malade. Entrez doucement. Je me glissai doucement auprès de lui.
     ---- À voix basse. Ils parlaient très-doucement, et je les entendais à peine.
     ---- Sourdement, sans éclat. C'est une chose qu'il faut faire doucement.
     ---- Sans éprouver d'agitation, avec calme. Sommeiller doucement. Vivre doucement dans la solitude. Mourir doucement au milieu de ses amis.
     ---- Paisiblement, sans qu'il y ait de trouble. On craignait qu'il n'arrivât quelque désordre dans l'assemblée, mais tout s'y est passé fort doucement.
     ---- Avec humanité, avec bonté. Un vainqueur généreux traite doucement les vaincus. Il en use doucement avec ses domestiques.
     ---- Sans sévérité, sans aigreur. Châtier doucement. Reprendre quelqu'un doucement de ses fautes. Je lui fis doucement la guerre sur sa négligence.
     ---- Sans emportement. Nous nous expliquâmes doucement, et il fut convenue que...
     ---- Dans une certaine aisance. On peut vivre assez doucement à la campagne avec peu de chose.
     ---- Commodément, agréablement. Passer le temps doucement dans son cabinet, avec ses livres, avec ses amis.
     ---- Médiocrement bien. Comment va le malade? Assez doucement, tout doucement, fort doucement. Cette affaire marche-t-elle? Tout doucement.
     DOUCEMENT, s'emploie d'une façon particulière, Lorsqu'on veut contenir ou réprimer la vivacité, la pétulance, l'impatience, l'emportement, etc., de quelqu'un. Doucement, monsieur; vous oubliez les égards qui sont dus à mon âge. Oh! doucement, il me reste encore des objections à vous faire. Doucement, doucement, ne nous échauffons point. Cet emploi est familier.

     DOUCEREUX, [DOUCER]EUSE. adj. Qui est doux sans être agréable, qui est d'une douceur fade. Vin doucereux. Liqueur doucereuse. Fruits doucereux.
     Il signifie figurément et familièrement, Qui paraît doux, complaisant, poli, bienveillant, soumis, mais avec affectation. C'est un homme doucereux. Il a l'air doucereux, la mine doucereuse, le ton doucereux. Dans un sens analogue: Des vers doucereux. Une lettre doucereuse. Dire des choses doucereuses.
     Il s'emploie aussi comme substantif, en parlant Des personnes. C'est un doucereux. Faire le doucereux auprès des femmes.

     DOUCET, [DOUC]ETTE. adj. et s. Diminutif de Doux. Il ne se dit que Des personnes. Elle semble doucette, mais c'est un petit démon. Air doucet. Mine doucette. Faire le doucet. Faire la doucette. C'est une petite doucette. Il est familier.

     DOUCETTE. s. f. Plante, sorte de mâche. Voyez MÂCHE.

     DOUCETTEMENT. adv. Il s'emploie populairement dans le même sens que Doucement. Il s'en allait tout doucettement.

     DOUCEUR. s. f. Qualité de ce qui est doux; et quelquefois, La chose même qui a cette qualité. Il s'emploie au propre et au figuré, dans la plupart des sens de Doux. La douceur du sucre, du lait, du miel, d'un fruit. Douceur exquise. Douceur fade. Cet enfant aime beaucoup les douceurs. La douceur de la peau. La douceur d'un parfum. La douceur de l'haleine. La douceur de la voix. Donner de la douceur à son chant. La douceur du style. La douceur du temps, de l'air. La douceur du sommeil, du repos. Douceur d'esprit, de moeurs, de caractère. Un naturel plein de douceur. Il est d'une douceur admirable. C'est la douceur même. Douceur affectée. La douceur des yeux, des regards. Une grande douceur de visage. Une physionomie pleine de douceur. Elle fut séduite par la douceur de son langage. Goûter la douceur, les douceurs de la vie. Les douceurs de la société. Les douceurs de la liberté. La douceur de commander. La douceur du commandement. Ces peines ne sont pas sans quelque douceur. C'est une grande douceur de vivre avec ses amis. La solitude a ses douceurs.
     Il se prend plus particulièrement, et d'une manière absolue, pour Façon d'agir douce et éloignée de toute sorte de violence.

[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1835, tome I, page 582]

Naturel enclin à la douceur. Tout par douceur, et rien par force. Gouverner les peuples avec douceur, avec un esprit de douceur. Prendre quelqu'un par la douceur.
     Prov., Plus fait douceur que violence.
     DOUCEURS, au pluriel, signifie quelquefois, Les choses flatteuses et galantes qu'un homme dit à une femme pour tâcher de lui plaire, de s'en faire aimer. Conter, dire des douceurs à une femme. Prêter l'oreille aux douceurs des galants.
     DOUCEUR, signifie encore, Profit, gratification, dédommagement. Cela lui a valu quelque douceur. Il en a eu quelque douceur. Les domestiques ont bien de la peine dans cette maison, mais ils y ont aussi beaucoup de douceurs.
     EN DOUCEUR. loc. adv. et fam. Doucement, lentement, avec ménagement, avec précaution. Quand vous soulèverez ce meuble, allez-y bien en douceur.
     Prendre les choses en douceur, Ne point se formaliser de ce qu'il peut y avoir de désobligeant dans les procédés ou les discours d'autrui.