[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie françoise 1798, tome II, page 42]

     LOUP. s. m. Quadrupède sauvage et carnassier, qui ressemble à un grand chien. Grand loup. Jeune loup. Vieux loup. Loup gris. Peau de loup. Un loup qui emporte une brebis. La chasse du loup. Loup ravissant.
     On dit proverbialement, que La faim chasse le loup hors du bois, fait sortir le loup du bois, pour dire, que La nécessité oblige à chercher de quoi vivre.
     On dit aussi proverbialement, Quand on parle du loup on en voit la queue; et cela se dit d'Un homme qui entre dans une compagnie au moment où l'on parle de lui.
     On dit encore proverbialem. qu'Un homme a vu le loup, pour dire, ou qu'Il s'est trouvé en plusieurs occasions de guerre, ou qu'il a fait beaucoup de voyages, et dans des Pays dangereux, ou qu'il est extrêmement rompu dans les affaires, dans le commerce du monde.
     On dit proverbialement d'Un homme qui est si enroué, qu'il ne peut presque parler, qu'Il a crié au loup. Et, qu'Il a vu le loup, Quand il ne peut parler.
     On dit aussi proverbialement, qu'Il faut hurler avec les loups, pour dire, que Quand on se trouve avec les autres, il faut quelquefois s'accommoder à leurs manières, à leurs moeurs, à leurs opinions, quoiqu'il puisse s'y trouver quelque chose qui nous répugne.
     On dit encore proverbialement, Le loup mourra dans sa peau, pour dire, qu'Il arrive rarement qu'un méchant homme s'amende.
     On dit proverbialement, Qui se fait brebis, le loup le mange, pour dire, que Ceux qui sont trop endurans, donnent lieu aux méchans de leur nuire; que la trop grande bonté, la trop grande douceur est souvent préjudiciable.
     On dit proverbialement, A brebis comptées, le loup en mange une, pour dire, que Quelque soin qu'on ait de bien garder ce qu'on a, et d'en savoir le compte, on ne laisse pas quelquefois d'être volé. On dit aussi à peu près dans le même sens, Brebis comptée, le loup la mange.
     On dit figurément et familièrement, Entre chien et loup, pour signifier La partie du crépuscule du soir ou du matin, pendant laquelle on ne fait qu'entrevoir les objets sans les pouvoir distinguer. Il étoit entre chien et loup, quand nous apperçûmes je ne sais quoi. Il se dit plus ordinairement du soir que du matin.
     On dit proverbialement, Mettre quelqu'un à la gueule du loup, pour dire, L'exposer à un péril évident.
     On dit proverbialement, qu'Un homme est connu comme le loup gris, pour dire, qu'Il est extrêmement connu; et cela ne se dit que d'Un homme de qui on peut se donner la liberté de parler familièrement.
     On dit proverbialement, Marcher à pas de loup, pour dire, Marcher sans bruit et à dessein de surprendre.
     On dit familièrement, Manger comme

[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie françoise 1798, tome II, page 43]

un loup, pour dire, Manger beaucoup.
     On dit proverbialement, Tenir le loup par les oreilles, pour dire, Ne savoir quel parti prendre, parce qu'il y a du péril de tous côtés.
     On dit proverbialement, Donner la brebis à garder au loup, pour dire, Donner à garder quelque chose à une personne qui en abusera et en fera son profit.
     On dit figurément et familièrement, Enfermer le loup dans la bergerie, pour dire, Mettre, laisser quelqu'un dans un lieu où il peut faire beaucoup de mal. Par application de ce proverbe, on dit aussi, Enfermer le loup dans la bergerie, pour dire, Laisser fermer une plaie ou une apostème avant qu'il en soit temps, ou faire rentrer au dedans un mal qu'il falloit attirer au dehors.
     On dit, Être enrhumé comme un loup, pour dire, Être fort enrhumé.
     On appelle Saut de loup, Un fossé assez large pour n'être pas franchi par un loup, et qu'on creuse au bout des allées d'un parc pour les fermer, sans ôter la vue de la campagne.
     On appelle Loup, Une sorte d'ulcère qui vient aux jambes, et on l'emploie plus ordinairement au pluriel. Il a un loup. Il a des loups aux jambes.
     On appeloit Loup, Une espèce de masque de velours noir que portoient les Dames pour se préserver du hâle, et qui leur couvroit tout le visage.
     Les Libraires nomment Loup, Un instrument de bois applati dont on se sert pour dresser les paquets, quand ils sont cordés.
     On appelle Le Loup, Une constellation de l'hémisphère austral.

     LOUP-CERVIER. s. m. Espèce de loup que quelques-uns croient être le même animal que le lynx, et qui ressemble à un grand chat sauvage. Manchon de loup-cervier. Fourrure de loup-cervier.

     LOUPE. s. f. Tumeur enkistée, qui vient sous la peau, qui s'élève en rond, et s'augmente quelquefois jusqu'à une grosseur prodigieuse. Il lui est venu une loupe à la tête, sous la gorge. Couper, extirper une loupe.
     LOUPE, se dit aussi d'Un verre convexe qui grossit les objets à la vue. On l'appelle autrement Une lentille. Se servir d'une loupe pour lire de très-petits caractères.
     LOUPE, en termes de Joaillier, se dit Des pierres précieuses que la nature n'a pas achevées. Loupe de saphirs, loupe de rubis, etc.

     LOUPEUX, [LOUP]EUSE. adj. Qui a des loupes. Un arbre loupeux.

     LOUP-GAROU. s. m. Homme que le peuple suppose être sorcier, et courir les rues et les champs transformé en loup. On fait peur du loup-garou à un enfant. On l'accuse d'être sorcier et de courir toutes les nuits en loup-garou.
     On appelle figurément et familièrement Loup-garou, Un homme d'une humeur farouche, qui ne veut avoir de société avec personne. N'allons point chez cet homme-là, c'est un vrai loup-garou, c'est un franc loup-garou.

     LOUP MARIN. s. mas. Espèce de poisson de mer. Couteau à manche de peau de loup marin.

[...]

     LOUVE. s. f. La femelle du loup. Remus et Romulus furent, dit-on, alaités par une louve.
     On disoit autrefois familièrement, d'Une femme abandonnée à la débauche, C'est une louve.
     LOUVE, se dit aussi d'un outil de fer qu'on place dans un trou fait exprès à une pierre qu'on veut élever. Cet outil est fait de façon que le poids de la pierre fait écarter en deux la partie qui est engagée dans le trou, au moyen de quoi la pierre se trouve soutenue sans pouvoir tomber.
     On dit aussi dans ce sens, Louver une pierre.

     LOUVET, [LOUV]ETTE. adj. Il ne se dit qu'en parlant De la couleur du poil d'un cheval. Cheval louvet, C'est un isabelle foncé, mêlé d'un isabelle roux, le tout approchant de la couleur du poil d'un loup.

     LOUVETEAU. s. m. Petit loup qui est encore sous la mère. Prendre la louve et les louveteaux.

     LOUVETER, se dit au neutre, d'Une louve qui fait ses petits.

     LOUVETERIE. s. fém. L'équipage pour la chasse du loup. Officier de la Louveterie. Il se dit aussi du lieu destiné dans quelques Maisons Royales, pour loger cet équipage.

     LOUVETIER. s. m. Il ne se dit guère qu'en cette phrase, Grand Louvetier. On appelle ainsi Un Officier de la maison du Roi, qui commande l'équipage pour la chasse du loup.

     LOUVOYER. v. n. Terme de Marine. Il se conjugue comme EMPLOYER. Faire plusieurs routes sur mer en portant le cap tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, pour mieux profiter du vent. Nous fûmes contraints de louvoyer. Notre vaisseau fut long-temps à louvoyer.

     LOUVRE. subst. masc. Palais des Rois de France à Paris. L'Académie Françoise tient ses assemblées au Louvre. Les Galeries du Louvre. L'Imprimerie du Louvre.
     LOUVRE, se dit quelquefois des maisons superbes et magnifiques. Ce n'est pas la maison d'un particulier, c'est un Louvre. C'est par abus que quelques-uns appellent Louvre, Toutes les maisons où le Roi logeoit.
     On appelle, Les honneurs du Louvre, Les distinctions attachées par le Roi à certaines dignités, comme d'entrer en carrosse dans la cour du Louvre, etc.