[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1878, tome II, page 136]

     LOUP. s. m. Quadrupède sauvage et carnassier, qui ressemble à un grand chien. Grand, jeune, vieux loup. Loup gris. Peau de loup. Un loup qui emporte une brebis. La chasse du loup, au loup. Loup ravissant.
     Fam., Il fait un froid de loup, Le temps est très-rigoureux.
     Fam., Être enrhumé comme un loup, Être fort enrhumé.
     Fam., Manger comme un loup, Manger beaucoup.
     Marcher à pas de loup, Marcher sans bruit et à dessein de surprendre.
     Fig. et fam., Être connu comme le loup blanc, Être extrêmement connu.
     Prov. et fig., La faim chasse le loup hors du bois, fait sortir le loup du bois, La nécessité détermine un homme à faire, même contre son inclination, beaucoup de choses pour se procurer de quoi vivre.
     Prov., fig. et pop., Quand on parle du loup on en voit la queue, se dit Lorsqu'un homme survient au moment où l'on parle de lui.
     Fig. et fam., Il a vu le loup, Il a vu le monde, il est aguerri et expérimenté.
     Pop., Elle a vu le loup, se dit D'une fille qui a eu des galanteries.
     Prov. et fig., Il faut hurler avec les loups, Il faut s'accommoder aux manières, aux moeurs, aux opinions de ceux avec qui l'on vit, ou avec qui l'on se trouve, quoiqu'on ne les approuve pas entièrement.
     Prov. et fig., Le loup mourra dans sa peau, Rarement un méchant s'amende.
     Prov. et fig., Qui se fait brebis, le loup le mange, Ceux qui ont trop de bonté, de douceur, encouragent les méchants à leur nuire.

[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1878, tome II, page 137]

     Prov. et fig., Brebis comptées, le loup les mange, Les precautions ne garantissent pas toujours d'être trompé; l'excès de précaution est dangereux.
     Prov. et fig., Les loups ne se mangent pas entre eux, Les méchants s'épargnent entre eux.
     Fig. et fam., Entre chien et loup, Le moment du crépuscule pendant lequel on entrevoit les objets, sans pouvoir les distinguer. Il était entre chien et loup, quand nous crûmes apercevoir plusieurs personnes.
     Fig. et fam., Se mettre à la gueule du loup, S'exposer à un péril évident qu'on pouvait éviter.
     Fig. et fam., Tenir le loup par les oreilles, Être dans une situation difficile, pressante, et ne savoir comment en sortir.
     Fig. et fam., Donner la brebis à garder au loup, Donner à garder quelque chose à une personne dont on devrait se défier.
     Fig. et fam., Enfermer le loup dans la bergerie, Mettre, laisser quelqu'un dans un lieu, dans un poste où il peut faire aisément beaucoup de mal. Il signifie aussi, Laisser fermer une plaie avant qu'il en soit temps, ou Faire rentrer un mal qu'il fallait attirer au dehors.
     Saut de loup, Fossé assez large pour n'être pas franchi par un loup, et qu'on creuse au bout des allées d'un parc pour les fermer sans ôter la vue de la campagne.
     Loup marin. Un des noms vulgaires du phoque. Une peau de loup marin.
     Loup de mer, se dit De plusieurs poissons dont l'un, le Bar, est estimé pour sa chair délicate.
     Fig. et fam., Loup de mer, Marin à qui un séjour constant sur mer a fait perdre tout usage du monde.
     Broderie, découpure à dents de loup, Broderie, découpure qui forme une suite d'angles aigus.
     En Astronomie, Le Loup, Constellation de l'hémisphère austral.
     LOUP, se dit aussi d'Une espèce de masque de velours noir, que les dames portaient autrefois pour garantir leur visage du hâle.

     LOUP-CERVIER. s. m. Quadrupède carnassier ressemblant à un grand chat, mais à queue courte, et avec des pinceaux de poils aux oreilles. Le loup-cervier est probablement le lynx des anciens. Manchon, fourrure de loup-cervier.

     LOUPE. s. f. T. de Médec. Tumeur enkystée qui vient sous la peau, qui s'élève en rond, et augmente quelquefois jusqu'à une grosseur prodigieuse. Il lui est venu une loupe à la tête, sous la gorge. Couper, extirper une loupe.
     Il se dit, par analogie, en Botanique, d'Une excroissance ligneuse qui vient aux troncs et aux branches de quelques arbres. Les loupes d'orme servent à faire de jolis ouvrages de tabletterie.
     LOUPE, se dit aussi d'Un verre convexe des deux côtés, qui grossit les objets à la vue, et qu'on appelle autrement Lentille. Se servir d'une loupe pour lire de très petits caractères.
     LOUPE, en termes de Joaillier, se dit d'Une pierre précieuse que la nature n'a pas achevée. Loupe de saphir, de rubis, etc.

     LOUPEUX, [LOUP]EUSE. adj. Qui a des loupes. Un arbre loupeux. Il est peu usité.

     LOUP-GAROU. s. m. Homme qui, au dire des gens superstitieux, erre la nuit, transformé en loup. On a tort de faire peur du loup-garou aux enfants.
     Il signifie aussi, figurément et familièrement, Un homme d'une humeur farouche, qui ne veut avoir de société avec personne. N'allons point chez cet homme- là, c'est un vrai loup-garou, un franc loup-garou.

[...]

     LOUVE. s. f. La femelle du loup. Rémus et Romulus furent, dit-on, allaités par une louve.
     Fig. et fam. C'est une louve, se dit D'une femme très adonnée à la débauche.

     LOUVE. s. f. Outil de fer qu'on place dans un trou fait exprès à une pierre, et qui sert à l'enlever.

     LOUVER. v. a. Faire un trou dans une pierre, pour y mettre la louve. Louver une pierre.
     LOUVÉ, [LOUV]ÉE. part. passé.

     LOUVET, [LOUV]ETTE. adj. Il ne se dit qu'en parlant De la couleur du poil d'un cheval, lorsqu'elle approche de la couleur du poil du loup. Cheval louvet. Jument louvette.

     LOUVETEAU. s. m. Petit loup qui est encore sous la mère. Prendre la louve et ses louveteaux.

     LOUVETER. v. n. Il se dit D'une louve qui fait ses petits.

     LOUVETERIE. s. f. Équipage pour la chasse du loup. Officier de la louveterie. Les capitaines de louveterie sont chargés de la destruction des loups.
     Il se dit aussi Du lieu destiné à loger cet équipage.

     LOUVETIER. s. m. Il ne s'employait guère autrefois que dans cette dénomination, Grand louvetier, Officier de la maison du roi, qui commandait l'équipage pour la chasse du loup.
     Il se dit, maintenant, d'Un propriétaire qui s'est engagé à entretenir un équipage pour chasser le loup.

     LOUVIERS. s. m. Sorte de drap fabriqué dans la ville de Louviers. Habit de louviers. Un beau louviers.

     LOUVOYER. v. n. T. de Mar. (Il se conjugue comme Employer.) Faire plusieurs routes en zigzag au plus près du vent, en lui présentant tantôt un côté du bâtiment, tantôt l'autre. Nous fûmes contraints de louvoyer. Notre vaisseau fut longtemps à louvoyer.
     Il signifie au figuré, dans le langage ordinaire, Prendre des détours pour arriver à son but, éviter de se prononcer. C'est une affaire difficile, on ne pourra réussir qu'en louvoyant. Il louvoya entre les différents partis.

     LOUVRE. s. m. Il se dit Des maisons superbes et magnifiques, par allusion au palais qui porte ce nom à Paris. Ce n'est pas la maison d'un particulier, c'est un Louvre.