QUE. Pronom relatif servant de régime au verbe qui le suit. Celui
que vous avez vu. Les gens que vous avez obligés. La personne que
vous connoissez. Les espérances que vous lui avez données. Il
n'a rien fait de tout ce que je lui avois dit.
¶ QUE, s'emploie quelquefois pour marquer plus
particulierement la qualité des choses dont on parle. Tel que je
suis. Tout grand Seigneur qu'il est. Quelles qu'elles soient. Quelles que
soient vos promesses. Quelque grand Seigneur qu'il soit. Quelque soin que
j'en aye pris. De quelque nature que cela soit. Pour le peu qu'il m'en
faut.
Il se met quelquefois pour Quelle chose.
Que faites-vous la? Que vous en semble? Que vous en reviendra-t-il?
Voilà ce que c'est. Que pensez-vous faire? Je ne sai qu'en penser.
Il ne sait plus que faire ni que dire.
On dit dans le style familier, Je n'ai que
faire, pour dire, Je n'ai aucune affaire. Je n'ai que faire de
lui, pour dire, Je n'ai aucun besoin de lui. Je n'ai que faire de
vous dire, pour dire, Il n'est pas nécessaire de vous dire. Et,
Je n'ai que faire à cela, pour dire, Je n'ai aucun
intérêt à cela.
Il s'emploie aussi pour signifier, Que celui
que, que celle que; et alors il ne se met guère qu'avec une
négative. Il a bien trouvé un autre homme que vous ne
disiez. Il a bien d'autres vues que vous ne croyez.
¶ QUE, est aussi particule, et sert à
divers usages qui seront exprimés ci-dessous. Il s'emploie souvent
entre deux membres de phrase qui ont chacun leur verbe exprimé ou
sous-entendu, pour marquer que le dernier est régi par le premier.
Je trouve que vous avez raison. J'avoue que cela est surprenant. Je
crains qu'il ne s'en trouve mal.
Il est aussi particule d'admiration, d'ironie,
et d'indignation: alors il signifie Combien. Que Dieu est puissant! Que
je vous trouve plaisant! Que vous êtes importun!
Il est aussi particule de souhait,
d'imprécation, de commandement, de consentement, etc. Alors il
s'emploie par une manière d'ellipse, en sous-entendant les verbes
dont on se sert pour souhaiter, pour commander, pour consentir, etc. Que
je meure si cela n'est. Qu'il parte tout à l'heure. Qu'il fasse ce
qu'il lui plaira.
Il signifie aussi Pourquoi. Que ne se
corrige-t-il? Que ne demeurez-vous? Que n'attendez-vous? Que n'est-il plus
soigneux? Que n'avez-vous soin de vos affaires? En ce sens, il s'emploie
rarement sans la négative, excepté dans ces phrases, Que
tardez-vous? Que différez-vous? et quelques autres
semblables.
¶ QUE, se joint aussi avec plusieurs noms,
prépositions, conjonctions et adverbes, après lesquels il se
met; comme sont ces mots, Afin, avant, après, bien, dès,
depuis, encore, loin, plus, puis, sans, et quelques autres de même
nature, qui se peuvent voir à leur ordre.
Quelquefois il s'emploie seul à la
place de quelques adverbes et de quelques prépositions avec
lesquelles on a accoutumé de le joindre. Ainsi on dit, Approchez
que je vous parle, pour dire, Afin que je vous parle. Il ne fait
point de voyage qu'il ne lui arrive quelque chose, pour dire, Sans qu'il
lui arrive quelque chose. Je lui parlai qu'il étoit encore au
lit, pour dire, Lorsqu'il étoit encore au lit. Il étoit
à peine sorti, que la maison tomba, pour dire, qu'Aussi-tôt
qu'il fut sorti la maison tomba. Retirez-vous qu'il ne vous
maltraite, pour dire, De peur qu'il ne vous maltraite. Je n'irai
point là que tout ne soit prêt, pour dire, À moins
que tout ne soit prêt. On le régala que rien n'y
manquoit, pour dire, On le régala si bien, on le régala
de telle sorte, que rien n'y manquoit; et ainsi de plusieurs autres de
même nature. Il ne s'emploie guère que dans le style
familier.
On dit aussi, L'hiver qu'il fit si
froid, pour dire, Pendant lequel il fit si froid. Le jour que cela
arriva, pour dire, Dans lequel cela arriva. Où est-ce qu'on
trouve, où est-ce qu'on vend un tel livre? pour dire, Où
est l'endroit où l'on trouve, où l'on vend un tel livre?
C'est là qu'il demeure, pour dire, C'est là où
il demeure.
¶ QUE, s'emploie encore par ellipse en diverses
façons de parler. Ainsi on dit, Qu'il fasse le moindre
excès, il tombe malade, pour dire, S'il arrive qu'il fasse le
moindre excès. Qu'il perde ou qu'il gagne son procès, il
partira, pour dire, Soit qu'il gagne son procès, soit qu'il le
perde. Il ne dit autres choses que des sottises, pour dire, Il ne dit
rien que des sottises. Il ne parle que par sentences, pour dire, Il
ne parle point autrement que par sentences. Il ne fait que boire et
manger, pour dire, Il ne fait autre chose que boire et manger. Il ne
cherche que la vérité, pour dire, Il ne cherche autre
chose que la vérité.
Il s'emploie encore par ellipse et absolument
dans le titre des chapitres et des sections d'un livre, pour indiquer de
quelle matière on y traite. Que la vertu est le plus grand de tous
les biens. Que les Cieux sont d'une matière fluide.
¶ QUE, s'emploie aussi quelquefois par
rédondance. Ainsi on dit, Que s'il m'allègue, que si vous
m'objectez, pour dire simplement, S'il m'allègue, si vous
m'objectez.
Il s'emploie encore par énergie, et
pour donner plus de force à ce qu'on dit. C'est une belle chose
que de garder le secret. En ce sens, il s'emploie encore
élégamment avec les substantifs aussi bien qu'avec les verbes,
et même on ne le sauroit supprimer devant les substantifs qu'en
changeant toute la construction; comme dans cet exemple, C'est une
qualité nécessaire pour régner que la
dissimulation, dans lequel on ne peut ôter le que, à
moins que de changer toute la construction, et de dire, La dissimulation
est une qualité nécessaire pour régner.
¶ QUE, s'emploie aussi dans une signification
distributive, comme dans cette phrase, Il s'acquitte de son emploi que
bien que mal, qui signifie, En partie bien, en partie mal. Il est
fam.